Sephora
Par Percolator

Par la fenêtre de mon bureau, je regardais Seattle. Et le Spectacle me ravissait ! Les Gated Communities et leurs aspects neufs, pimpants ressortaient, donnant vraiment l'impression que ce cloaque renaissait. Mais, si on regardait un peu plus loin, on voyait les ruines de l'ancien Seattle, ce bidonville miteux et malsain où vivaient nos "chers" protégés, et ça me mettait du baume au coeur. Ces idiots, que nous avions conditionnés dès leur enfance, nous obéïssaient au doigt et à l'oeil. Nous les exploitions encore et encore, et ils ne disaient rien. Mais pourquoi auraient-ils dit quelque chose ?

Depuis toujours, ils nous prenaient pour leurs sauveurs. Alors que nous étions leurs cauchemars officiels et légaux. L'ONU ne se doutait de rien ! Ou voulait bien dormir. Nous l'endormions avec des rapports truqués et mensongers, et nous avions même réussi à leur faire croire que les rebelles étaient de redoutables terroristes !

Je me déplaçai à mon bureau où je terminais justement un rapport, toujours les mêmes banalités ! Production en hausse, satisfaction du peuple, investisseurs contents et menace terroriste stabilisée. J'imprimais le rapport et le mis dans l'enveloppe prévue à cet effet. Je me dirigeai ensuite vers Fang, mon python royal, ouvris la vitre et me mis à lui parler.

"Alors mon beau trésor, tu ne t'ennuis pas trop ? Tu veux sans doute manger, oui tu as faim mon joli, et maman va te donner à manger. Comme d'habitude faudra que tu l'attrapes ton diner."

J'ouvris une trappe et Fang se glissa vers l'entrée du labyrinthe. Je pris une souris blanche dans un bocal et la mis à l'autre extrémité. Puis je le regardai chasser cette souris, la capturer et la dévorer entièrement. Je m'imaginais à chaque fois que c'était un rebelle qui mourrait étouffé par Fang et j'en ressentais des frissons de plaisir.

Puis j'ouvris une autre trappe et il descendit lentement sur le sol et se mit à se ballader dans le bureau. Mon bébé aimait faire peur aux visiteurs qui y venaient.

Je m'assis à mon bureau, mis un cd de Bettoven et attendis que le coursier vienne chercher l'enveloppe. La dernière fois, il avait failli s'évanouir ! C'était plaisant comme spectacle, et j'espérais que ça serait plus drôle cette fois-ci !


Lokie
Par Percolator

Je me dirigeais vers la demeure de ma prochaine cliente, le coeur léger, en sifflotant un air de mon écosse natal. Comme tous les matins, il y avait du monde au point de contrôle, mais un marchand de ma renommé et de ma classe ne faisait pas la queue. Surtout au prix où je payais mon passe droit ! Je passais donc par un autre point réservé aux véhicules non motorisés et, quelques minutes plus tard, j'arrivai au lieu de rendez-vous.

Je sonnai à la porte et attendis que le pingouin veuille bien m'ouvrir. Je n'eu pas longtemps à attendre avant que l'on ne me reçoive. Le Valet en costume de soirée ouvrit doucement et me dit de sa voix calme et monotone :

" Bonjour Monsieur, Madame vous attends dans le grand salon."

"Et bah dis donc constatai-je, il respire la joie de vivre le loufiat ! J'ai vu des enterrement plus gais que ce type. Mais bon, ne faisons pas attendre Madame."

Je dépliai un diable, posait la caisse dessus et suivis frère souriant jusq'au grand salon où une vision d'horreur, pire que ma tante sortant de son bain, me fit sursauter !

Ma Cliente était encore plus mal sapé que les moutons qui trainait dehors ! Je pensais que je devrais peut être lui trouver des fringues un peu plus classe que celles qu'elle portait, car si elle s'était baladé avec ça en écosse, on l'aurait prit pour le monstre du Loch Ness !

Me voyant avec mon colis, elle me demanda : " C'est ce que je crois, c'est mon champagne ?"

"Ça dépend si vous avez la somme convenue ! " lui répliquais-je.

Elle fit un signe de la main et "joyeux" et "gait" s'avancèrent en portant la marchandise qu'ils posèrent devant moi. Ils l'ouvrirent et je vis l'intérieur de la caverne d'Ali Baba ! Des conserves diverses et variés de nourriture ! Il y en avait pour une fortune !

Je posais la caisse devant elle et lui montrai les bouteilles de champagnes. Son visage s'illumina et elle me dit : " Merci Monsieur Lokie, merci mille fois ! Maintenant je saurai à qui faire appel en cas de besoin. Mes domestiques vont vous raccompagnez."

"Tout le plaisir était pour moi Gente Dame !" Je repartis donc vers la porte de sortie et chargeai le précieux butin dans mon pousse-pousse. Je me dirigeai ensuite vers un bar pour fêter cette affaire !

Une fois dans le bar, un contact de ma connaissance me transmis que Cloé, une personne avec qui je faisais quelque fois affaire me cherchait. Elle prétendait avoir des choses intéressantes pour moi. J'acceptai donc de quitter les lieux pour lui donner rendez-vous au coin habituel. Cloé ne me faisait jamais déplacé pour rien, donc elle devait avoir de quoi de se payez mes services.


Gabrielle
Par Chayenne

L'avion se posait sur la piste et je soupirais de soulagement, c'était le pire vol qu'il m'ait été donné de faire. J'aurais presque applaudi. En quelques minutes, les rares passagers s'étaient précipités sur le tarmac où nous attendait un bus de la compagnie. En tout et pour tout, nous devions être une quarantaine, l'avion avait été affrété à vide. Mais un coup d'œil au paysage alentour expliquait cette aberration économique ; on ne se bousculait pas pour visiter l'ex-puissance mondiale, et Seattle, sa pluie, ses ruines post-modernes et ses moustiques n'étaient pas la destination préférée des jeunes mariés...

Une fois la douane passée, le douanier sommeillait en nous regardant de ses yeux amorphes, nous fûmes escortés jusqu'à un immense hall désert. Cet aéroport " international " ne voyait plus qu'un vol par jour et cela ne lui permettait pas de survivre. C'était vide, froid et le ton du sous-lieutenant qui nous accueillait claquait à nos oreilles. On nous invitait à faire très attention à nos passeports, à ne pas traîner dans certains quartiers sauf sous bonne escorte, à nous méfier des autochtones et à respecter le couvre-feu. Et dire que c'était nous les étrangers, qu'est-ce que ça devait être pour les fameux " autochtones ". Ils y avaient droit, eux, à l'escorte policière ?

Alors que je suivais docilement le troupeau, composé d'hommes d'affaire et de leurs épouses, bourgeoises sur le retour, vers la sortie, l'officier se décala pour marcher à ma hauteur.

" Bonjour, fit-il. "

Je lui souris, peu encline à engager la conversation.

" Vous venez pour affaire ? "

Non, pour voir ma mère-grand qui est malade... Me rappelant de justesse l'intitulé de mon visa, je répondis sèchement.

" Oui... "

De toute façon, il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire ici. Enfin, sauf pour moi, je devais mettre la main sur mon adorable demi-sœur, afin de faire plaisir à mon cher papa. Lui s'inquiétait pour elle, et moi, je cherchais désespérément à me faire bien voir, donc, l'un dans l'autre... Enfin, ce n'était pas ce genre de réponse que j'avais intérêt à donner. Il valait mieux rentrer dans le moule, afin de garder une certaine liberté dans mes déplacements.

" Vous êtes française ? "

Non, martienne, ça ne s'entend pas. Je soupirai ostensiblement et acquiesçai. Il comptait me courir longtemps avec ses questions débiles, lui ?

Le militaire sembla déçu du peu de cas que je faisais de ces sourires et après m'avoir saluée, reprit sa place en tête de colonne.

" Bêcheuse, l'entendis-je murmurer. "

Je me mordis la lèvre afin de ne pas rire. Où que je sois, lorsque je n'accordais pas immédiatement toute mon attention à un type qui me faisait l'honneur de me trouver à son goût, je récoltais ce genre de compliments. Et le pire dans l'histoire, c'est que j'allais finir par le croire...

Un taxi s'arrêta enfin devant moi et un soldat s'empressa de m'ouvrir la porte. Je le remerciai d'un sourire, ils n'étaient pas tout aussi impolis que leur chef.

" Je vous dépose où ? "

" Au détachement français... "

Bon, ce n'était sûrement pas là que j'allais trouver ma chipie de frangine, mais bon, on ne sait jamais. Et puis, j'y avais une connaissance... Enfin, peut-être un peu plus qu'une connaissance. J'avais dû suffisamment le faire chier quelques années auparavant pour avoir le droit de le considérer autrement qu'une vague relation. J'avais même été de sa famille un bref moment, le temps de briser le cœur de son frère... Ce qui n'était pas, tout bien réfléchi, un super sésame, mais on verrait bien...


Kyle
Par Kina

L'auditorium était comble à notre arrivé. Toute cette chair fraîche, mais surtout insouciante des réels danger que représente la vie d'un rebelle de l'autre côté des lignes ennemies. Ils croient pouvoir changer le monde en une seule journée alors que cela fait des années que nous luttons. Ils veulent tous faire dès le premier soir. Ah ! ce que c'est beau cette énergie. Comme un enfant qui veut s'empiffrer de tous les gâteaux, mais ne s'attend pas à souffrir d'une indigestion plus tard, à la différence que cette fois-ci, c'est leur vie qu'ils mettent en jeu. Ça se croit capable de sauver le monde ! La belle affaire. Si seulement c'était aussi simple, je serais retraité depuis longtemps.

Voilà pourquoi nous avons créer ce programme de formation il y a déjà quelques années. S'ils ont des doutes quant à leur participation, c'est maintenant qu'il faut les convaincre d'abandonner. Hier, ils étaient moutons, aujourd'hui, ils en savent un peu plus, mais l'on ne peut pas renier tout ce que l'on croyait savoir et connaître du jour au lendemain. Le but est de conscientiser ces jeunes têtes brûlées de la triste réalité. Il arrive parfois que certains esprits soient assez fort, mais ça nous le voyons tout de suite après la première séance.

Dommage, il y a un joli petit lot de demoiselles aujourd'hui. Enfin, quand faut y aller....

Je montai sur la petite estrade aménagée à l'avant, balayai la salle du regard afin de m'assurer d'attirer leur attention, jetai un bref regard en direction de Matt afin de m'assurer qu'il était bien en place et débutai le fameux programme:

- Alors bonjour à tous, je suis content de vous voir aussi nombreux ce matin. Je m'appelle Kyle et serai votre instructeur pour aujourd'hui.

" Si vous êtes tous réunis dans cette salle, c'est que vous avez manifesté, au cours des derniers jours, le désir de prendre une part active à ce que nous appelons: les missions terrain. Le but de la rencontre d'aujourd'hui est de vous préparer à cela et vous exposer les prochaines étapes de votre entraînement si vous êtes choisis."

Un jeune coq au troisième rang fit craquer ses doigts et son cou avant de passer un commentaire.

- Et quelles sont les modalités pour être choisi? Avant d'ajouter à l'intention de son voisin: " S'il faut coucher avec le recruteur..."

N'y prêtant pas attention, j'enchaînai avec la suite de mon discours.

- Ce n'est pas donné à tout le monde que de participer à ce genre de missions. Il faut avoir une excellente forme physique. Vous devez savoir vous défendre, repérer facilement les voies d'accès, être patient, savoir supporter la pression, et surtout... vous montrer très solide psychologiquement, car c'est le dernier endroit où il faudrait craquer et céder à la panique.

Ceci dit, la plupart des nouveaux se dévisagèrent, ne comprenant pas encore la portée de ces paroles tandis que mon jeune coq de tout à l'heure se pavanait en bandant ses muscles. "Ouais, il peut toujours courir celui-là. " songeai-je.

J'allais poursuivre quand j'aperçut que le regard d'une des demoiselles se concentrait plutôt vers l'arrière, là où se tenait Matt que sur moi à l'avant. "Ma pauvre, si jamais tu réussis à l'avoir comme ça, je te passe mon chapeau. " Je la rappelai donc à l'ordre.

- Mademoiselle ! Oui, vous avec le chandail rouge. Je vous prierais d'être un peu plus attentive à l'avant s'il vous plaît.

" Tsssst celui là, toujours à attirer les regards. Et comment il fait pour avoir l'air aussi frais alors qu'il a moins dormi que moi. Que d'injustices en ce monde !"

- Si jamais vous ne vous sentez pas à l'aise, vous êtes libre de partir. Les autres qui se rendront jusqu'au bout passeront quelques tests.

" Il n'y a pas que les expéditions qui sont importantes, il nous faut des gens partout, incluant aux services d'approvisionnement, de cafétéria, d'entretien ou autres selon vos capacités."

- Les nanas, à la bouffe..." lança un joyeux luron sur ma gauche, ce qui lui valut des regards noirs de la part des principales concernées.

- Oh, c'est bon, si on ne peut plus faire d'humour. conclut-il.

- Mais c'est quand qu'on va pouvoir aller leur péter la gueule à ces salauds de militaires ? demanda un autre.

Je me retournai dans sa direction pour lui répondre: " Quand nous jugerons que vous serrez prêt !"

- Eh bien, si c'est toi qui juge... Tu m'as l'air tellement vif d'esprit, fit-il en faisant allusion à mon manque de sommeil. "On n'est pas prêt de faire autre chose que des parties de tarot."

Cette remarque ne méritait pas que je prenne la peine d'y répondre alors je repris là où j'en étais.

- Tout d'abord l'Ordre. Ils cherchent à exploiter la population. Dans certaines entreprises, les employés sont maltraités, sous-payés comme partout ailleurs. Les enfants travaillent pendant des heures pour une bouchée de pain. L'éducation est réduite à son minimum. La machine en place se consacre aux mots d'ordre: Production, Efficacité , Rentabilité.

- Et oui, et même que le père Noël n'existerait pas, ajouta un autre.

" Décidément, Marco ne doit jamais s'ennuyer avec les recrues. Je paris qu'il en aurais des vertes et des pas mûres à nous raconter."

- Tout ça se fait bien entendu avec la bénédiction de l'ONU. Vous le savez, vous l'avez vécu ! L'Ordre cache bien son jeu à la communauté internationale. Toutes les frontières sont fermées. Les rapports falsifiés. Nous sommes prisonniers de ce cycle infernal.

Les gens qui commencent à se poser des questions sont réaffectés ou bien disparaissent sans laisser de traces. La plupart du temps, nous les retrouvons en dehors de la ville "en mauvais état. Ça bien sûr, c'est si l'on reconnaît les corps.

Nous essayons de mettre un terme à tout ça. Il faut dénoncer les traitements imposés aux Américains. Il faut prouver au monde entier que l'Ordre est loin d'effectuer son mandat premier : Nous aider à rebâtir le pays.

Il faut s'infiltrer dans leur rang, récupérer des documents compromettants, les faire tomber et mettre à jour la vérité.

Les dirigeants connaissent notre existence. Ils nous traquent sans cesse. Nous devons également prévoir leurs attaques et nous défendre, toutefois sans que ceci ne se fasse au détriment de la population.

- Il faut, il faut, il faut, c'est bien beau tout ça et quand est-ce qu'on agit ? demanda l'un d'eux.

- C'est un processus long. Il faut d'abord semer les doutes dans l'esprit, répondis-je. Il faut réveiller les gens. Ceux qui sont nés dans ce système pourris. Ils doivent réaliser qu'ils sont exploités, mais ne se réveillent pas qui veut. Voir son monde s'écrouler devant soi, découvrir les mensonges, réaliser qu'il est possible de s'en sortir si l'on se serre les coudes.

Si l'Ordre prévoit un assaut contre nous. Que fait-on ?

- On les devance et on les écrabouille !

- Dans tes rêves plutôt ! Les missions sont loin d'être faciles. Il faut savoir se glisser en terrain ennemi sans se faire prendre. Vous ne pouvez d'abord compter que sur vous-même.

Une fois dehors, vous êtes seul. Il arrive souvent que tous ne reviennent pas, alors que d'autres sont parfois très amochés. La fuite peut n'être que la seule solution et parfois vous êtes portés à devoir vous battre. Mais il faut avoir quelque chose à l'esprit: l'atteinte de l'objectif et la sécurité des autres.

Les missions peuvent être organisées en petits groupes, ou en solo. En tout temps vous pourrez être séparé de votre groupe. Vous devrez vous débrouiller et agir de par vous-même. Il est impossible de prévoir les obstacles et les pièges de l'Ordre. Vous devez savoir improviser, car si jamais vous êtes capturés, nous ne pourrons pas toujours venir vous chercher.

On ne parle pas ici d'une promenade au parc. L'Ordre va vous traquer, vous menacer, vous martyriser s'ils vous voient et vous attrapent.

À titre d'exemple, nous avons récupérer jadis les bandes vidéo de surveillance d'une mission qui a mal tourné il y a dix ans et nous avons fait ces captures. "

D'abord l'objectif de mission, un truc banal. Il suffisait de récupérer un rapport original sur les conditions de travail des employés d'une manufacture à grande échelle.

Voici le mur par lesquels les rebelles ont pu pénétrer dans les bâtiments. Comme vous pouvez le constater, les obstacles physiques ne sont pas négligeables et vous disposez de très peu de temps pour vous mettre en lieu sûr avant le retour de la garde. Si vous n'êtes pas en mesure d'escalader un mur ou bien de réagir assez rapidement, vous êtes cuits.

Tous se déroulait bien jusqu'à ce stade. Vous voyez ce corridor... eh bien l'on nous y attendait de pied ferme.

- C'était des débiles saouls ou quoi ? Il y a un type en haut sur les tuyaux, ils sont aveugles ? lança un mec.

- Ouais et regarde là, il aurait dû fuir de l'autre côté. Lança un autre.

- C'est simple de critiquer n'est-ce pas ? repris-je. N'oubliez pas que vous avez l'angle de vue de la caméra. Rien au sol ne pouvait indiquer à l'équipe qu'il y avait un tireur embusqué.

- Vous n'avez qu'une fraction de seconde pour vous mettre à l'abris et prendre la fuite. Vous n'avez pas le temps comme vous d'explorer les possibilités. Vous devez parfois foncer tête baissée et prier d'avoir fait le bon choix.

Avec un peu de chance, vous arriverez à vous en tirer. Cette mission fut la plus désastreuse de notre histoire. Sur une équipe de six, deux y sont restés sur place, un troisième est mort suite à ses blessures et les deux autres n'ont jamais pu remettre les pieds en ville une fois de retour à la centrale.

Tout en expliquant ceci, je montrais les photos des cadavres et des blessés. Ce n'est pas le plus joli à voir, mais c'est une réalité qui existe et qu'ils doivent être prêts à faire face si jamais ils y sont confrontés. La méthode est un peu radicale je l'avoue, mais nous n'avons d'autres choix. Mieux vaut avoir des jeunes qui craquent maintenant que sur le terrain, car là l'indice de nos pertes humaines monterait en flèche.

- C'est dégueulasse tout ça, cria soudain mon jeune écervelé du début tout en se levant de sa chaise pour s'adresser à l'assistance. Ils n'étaient pas assez nombreux voilà tout. Ce qu'il faut c'est une sortie massive en force. Là où ils ne pourront rien faire fasse au nombre.

Cette intervention soudaine me fit presque sourire, mais je me gardai bien de le montrai. J'aperçut Matt du coin de l'oeil qui lui aussi me semblait ravi. Malgré son visage impassible, je le connaissais assez pour reconnaître cette petite lueur dans son regard lorsqu'il avait trouvé ce qu'il cherchait. J'avais réussi à le provoquer. Matt lui, avait enfin trouvé son poisson. Le plouc continuait son discours causant des remous dans l'audience.

- Et ils devront se plier fasse à nos exigences. L'Amérique est notre pays. C'est à nous d'y faire la loi.

- Je t'arrête tout de suite, lançai-je à l'attention du meneur de foule qui se tenait à présent sur l'estrade devant la classe. Tu as oublier un détail important.

Mon intervention surprise avait ramené un calme plat. Chacun se demandant ce qui n'allait pas dans ce plan si simple et si parfait alors j'expliquai.

- Vous ne pensez pas que des gens se sont essayés avant vous ? Mais que leur est-il arrivés ? Pourquoi sommes-nous toujours au point de départ ? La réponse est simple. L'Ordre dispose d'une armée. Ils ont des armes capables de faire des milliers de morts alors que vous n'avez que vos outils et vos poings. Pensez-vous vraiment faire le poids face à une mitrailleuse ou un char d'assaut ?

Maintenant j'avais toute leur attention.

- Vous devez toujours garder à l'esprit que vous n'êtes jamais en sécurité. L'Ordre ne fera pas la distinction entre mouton ou ennemi. Ils sont sans pitié pour les opposants. L'on peut vous surprendre au moment où vous vous y attendez le moins, sans que vous ne puissiez y changer quoique ce soit.

J'achevais à peine ma phrase qu'un coup de feu étouffé retentit. Je regardai alors le pauvre coq qui se tenait les mains sur la poitrine, les yeux pétrifiés. Le souffle haletant et court, il regarda alors ses mains couvertes de sang. Il se retourna vers moi et regarda l'assistance bouche bée devant ce spectacle. Il respirait de plus en plus fort, puis paniqué et sous le choc, il s'effondra sur le sol, inerte.


Shanee
Par Chayenne

Mais il était complètement cinglé ou quoi, ce type ?

Je bousculai les jeunes recrues figées et me précipitai auprès du gars, qui gisait par terre. Alors que je cherchais le point d'impact de la balle, le rire du brun me parvint aux oreilles et je regardai mes mains. Elles étaient pleines de peinture. Ah d'accord, ils avaient osé !

Furieuse, je me relevai et fusillai du regard le brun hilare et le blond, encore lui, qui avait tiré et qui, parvenu à notre hauteur, observait le spectacle, amusé.

" Vous êtes complètement disjonctés dans vos têtes vous ? Et s'il était cardiaque ? Un coup pareil, et vous avez un cadavre sur les bras. "

Le dénommé Matt haussa les épaules et se détourna sciemment, me montrant qu'il n'avait rien à faire de mes critiques et avait visiblement autre chose au programme. Je fulminais.

Non, mais il se prenait pour qui ? Je détestais ce genre de type, ils se croyaient tout permis, sous prétexte de quoi ? Qu'ils étaient mignons ? Ça c'était à voir. Intelligents ? Encore à prouver. Rebelles ? Probablement, mais être un rebelle n'empêchait pas d'être con, c'était même, dans la majorité des cas, une caractéristique fondamentale de leur statut. Et ce mec n'en était que la plus parfaite illustration. Un être inconscient qui prenait les autres pour des pions maniables à sa guise, selon ses désirs, afin de titiller les nerfs de l'Ordre. Je trouvais ça pitoyable. Si ce genre de crétin voulait provoquer l'Ordre, grand bien lui fasse, mais qu'il n'y entraîne pas des plus faibles que lui. On aurait dit des marchands de canons, pour qui les hommes n'étaient bon qu'en chair à pâté...

C'était l'une des raisons qui me faisaient détester les Rebelles, ces individus qui se croyaient au-dessus de tout. Pourtant, quand ils étaient dans la merde, ils avaient bien besoin des autres. Mais jamais ils ne l'auraient reconnus. Ils étaient pitoyables. Trop occupés à faire les mariolles...

" Crétin ! marmonnai-je. "

Le blond parut surpris, tandis que le dénommé Kyle s'étouffait, il semblait trouvé la situation désopilante. Ce n'était pas mon cas, et puis je n'avais pas la patience de supporter ces homos erectus davantage. Et alors qu'ils s'apprêtaient à poursuivre, je quittai la salle. Je ne m'en cachais pas et me fichais qu'ils s'en rendent compte, qu'ils viennent me dire quelque chose et leurs oreilles allaient chauffer.

Mais soit, ils devaient s'en ficher, puisque aucun des deux ne vint me remettre dans le troupeau.

Je me dirigeai vers la sortie, enfin, l'une des sorties, prête à continuer mon exploration personnelle, quand un homme s'interposa. Surprise, j'affrontai son regard et ça me déstabilisa. Il n'y avait aucune fierté déplacée, ni provocation ni supériorité affichée, non, cet homme m'observait avec attention.

" Que cherches-tu ici ? me demanda-t-il. "

Je ne répondis rien, déjà parce que ça ne se formulait pas en trois mots et ensuite, parce que je n'avais nullement l'intention de le dire à qui que ce soit.

" Tu n'es pas comme les autres, toi. Qui t'as recruté ? "

" Personne. "

" Et qui me dit que tu n'es pas une espionne de l'Ordre ? "

" Personne. "

Il sourit et me fit signe de le suivre. Bah, après tout...


À suivre...