Hugo
Par La Chimère
J'en étais à observer la forme des nuages lorsqu'un brusque mouvement de foule m'obligea à m'extirper très rapidement de mon fauteuil pour rejoindre mon planton pris à partie par un homme de haute taille. Je fus obligé de monter le ton pour me faire entendre.
« Silence !! Que se passe-t-il ici ? » dis-je en tournant le dos à l'excité.
« Ce fum... » éructa aussitôt le civil.
D'un ton sec et sans réplique, je le coupai aussitôt.
« Ce n'est pas à vous que je m'adresse ! Fermez-la ! »
L'homme se rembrunit mais voyant mes épaulettes devina sans peine que j'étais un officier et non un simple subalterne, il ravala sa réplique suivante. Mon planton me remercia du regard et d'une voix calme me rendit compte immédiatement de l'incident sans se soucier des grommellements jaillissant de la colonne.
«Conformément aux dernières directives, j'ai demandé à ce piéton de me fournir l'attestation l'autorisant à pénétrer dans le quartier dit propre. Il a refusé en prétextant qu'il en était dispensé.»
« Et c'est le cas !! Je bosse ici depuis six mois ! » coupa le malappris.
D'un regard meurtrier, je lui enjoignis à nouveau de se taire mais comprenant que j'avais véritablement affaire à une forte tête, je l'invitai à se décaler pour laisser passer les autres personnes. Il obtempéra non sans rouspéter sur la perte de temps engendrée par l'inertie d'incapables en treillis.
«Continuez ainsi et vous allez apprécier le confort et l'hospitalité des hommes en uniforme !» grinçai-je en réponse.
L'homme leva les yeux au ciel pour le prendre à témoin mais se tut. Je lui demandai son badge pour y lire son nom : Samy Fergusson.
« Quel est votre emploi ? Il n'est pas précisé là-dessus ! »
«Apprenti greffier. Je suis employé par le cabinet Pulzman & Associés depuis six mois. Ce n'est pas de ma faute si mon patron n'a pas fait le nécessaire pour mon attestation !»
«Les consignes doivent être appliquées pour éviter toute intrusion. Venez ici, j'ai un registre consignant toutes les personnes accréditées à travailler au Secteur Propre. Votre nom doit y être inscrit, n'est-ce pas ?»
Les yeux bruns de l'homme se mirent à briller et il hocha vigoureusement la tête de haut en bas. Rassuré devant mon intention à ne pas le bloquer inutilement, il m'emboîta le pas pour pénétrer à ma suite dans mon bureau.
«Cela aurait pris moins de temps avec l'informatique mais ... nous sommes hors créneau.» fis-je avec une grimace.
Et oui. En dépit de toutes les réclamations déposées par les diverses délégations en place, l'autorité en charge du dossier « Electricité de la Ville » n'était toujours pas fichue de faire alimenter Seattle 24/24 H, obligeant ainsi notre détachement à devoir jongler avec des créneaux horaires complètement farfelus. Tous les secteurs ne connaissaient pas ce type de vicissitudes ainsi le Secteur Propre ou certains « Gated Communities » ignoraient ces problèmes. Rageant si vous voulez mon avis
« Alors... Cabinet Pulzman.... »
Mon index descendit la longue colonne de noms associés à des chiffres correspondant à des numéros de badge. Sans le connaître, il était clair que ce cabinet embauchait moult personnels allant d'avocat à hôtesse d'accueil trilingue. Pulzman & Co n'était pas à Seattle pour défendre les droits de l'autochtone, loin de là. Aucun avocat en poste ne s'y serait risqué et puis question rentabilité, cela aurait frisé le bénévolat. Non, la majorité des groupes juridiques installés en ville ne se souciaient que de contrats à négocier et autre acquisition de biens immobiliers au profit des industriels logeant sur place.
« Fergusson S. ». Mon doigt se posa sur le nom et relevant le numéro du badge, constatai qu'il correspondait à celui inscrit sur le bout de plastique que j'avais conservé entre les mains.
Blond comme les blés malgré un dégarnissement notable sur les tempes, les yeux sombres, son sourire découvrit une rangée de dents mal entretenues. Ce type faisait partie de cette catégorie de « moutons » parvenus à grimper en grade. Fidèle à l'Ordre jusqu'à la dévotion, luttant farouchement contre tous ceux qui pourraient nuire à leur nouveau statut. Dans un autre temps, on les aurait appelés des « collabos ».
Tendant le badge, j'y joignis un certificat dûment tamponné l'autorisant à se déplacer sans se voir alpaguer par les milices patrouillant en Secteur Propre.
«Pour votre tranquillité, exigez le plus rapidement possible votre attestation.»
« J'y veillerai. »
Sans un remerciement, l'homme rangea son badge et me planta sans plus de cérémonie. J'eus presque envie de le rappeler pour le faire chier mais l'arrivée d'un véhicule estampillé « Taxi » troubla mes pensées.
Roulant sans un bruit, la voiture remonta la colonne de piétons et se gara non loin du poste de garde. Un homme en jaillit pour ouvrir la portière arrière passager avec déférence. Devinant que ledit passager n'était pas n'importe qui, je m'avançai à sa rencontre. En découvrant son identité, je restai pétrifié sur place, l'esprit en déroute.
Mais qu'est-ce qu'elle fichait là, elle ?!
Kali (Avertissement: Peut ne pas convenir aux âmes sensibles.)
Par Rayne
Une marée multicolore de corps luisants ondulait, comme en transe, sous l'envoûtant beat électronique. Des êtres qui pour la plupart, ne se connaissaient pas se frottaient les uns aux autres aidés à la fois de la musique transcendantale et d'une petite pilule de joie portant le nom d'Ecstasy, provoquant une accélération du rythme cardiaque et la contraction des muscles de la mâchoire ; la peau devenant moite, la bouche sèche. Suit une légère euphorie, une sensation de bien-être et de plaisir, une exacerbation des sens et d'une impression de comprendre et d'accepter les autres, libérant une partie plus.. primale.. d'eux-mêmes.
L'atmosphère électrique imprégnée à la fois de bestialité et de sensualité conférait à l'endroit une sensation d'irréalisme, ce qui n'était pas pour déplaire à une jeune femme athlétique, adossée au comptoir du bar, contemplant les spécimens femelles que recelait l'endroit.
Elle remarqua soudainement qu'une nouvelle venue venait de faire sont entrée : environ sa grandeur, brune et très mignonne bref, tout à fait son genre.
La brune passa devant Kali et s'assit au comptoir du bar; celle-ci se redressa et marcha jusqu'au comptoir, prenant place aux côtés de la brunette, qui se tourna vers elle.
La jeune femme blonde la scruta du regard pendant un moment, alors que la brunette faisait de même, puis lui sourit, se rapprochant ostensiblement.
« Oh bordel.. » songea Kali
Elle se pencha vers la brune, et lui glissa à l'oreille :
« Tu danses ? »
En réponse, la brune se leva et se dirigea vers la piste de danse, regardant ouvertement Kali, lui faisait signe de la suivre.
Quinze minutes plus tard.
Son corps n'était plus que sensations.. La sensation des mains de la brune qui la parcourait, tout en restant « neutres »; sensation des verres qu'elle avait bus lui parcourant les veines; sensation de ses sens plus aiguisés que jamais; sensation qu'elles étaient uniquement toutes les deux, isolées sur un îlot de plaisir; et la musique qui était passée à une chanson « trance » des plus... évocatrices..
Elle dansait avec la brune, dont elle ignorais toujours le nom.. non.. le bon mot serait.. ne faisait qu'un avec celle-ci.. elle se pressa davantage contre Kali et ses caresses se firent plus insistantes alors que le désir montait en elles...
« Tu veux aller.. ailleurs? » demanda Kali à la fille, ou plutôt hurla-t-elle à son oreille.
Elle acquiesça vivement puis pris la main de Kali, l'entraînant vers la sortie arrière de l'établissement.
Kali sortit la première, attendit que la brune ait passé la porte, puis la referma vivement et se tourna vers la jeune femme, la plaquant contre le mur, se penchant vers elle pour l'embrasser, mais elle la stoppa.
« Je m'appelles Jael.. » murmura-t-elle
« Quel importance ça a? » répondit Kali
« Bien, tu vas savoir quel nom crier quand je vais... » s'interrompit Jael
« Kali.. » fit-elle avant de se pencher vers Jael.
Kali explora ce corps si semblable au sien, et pourtant différent sans cesser d'embrasser Jael, tout d'abord sur la bouche, puis descendit progressivement, s'attaquant à sa mâchoire, puis son cou..
Bientôt, leurs vêtements leur fut une gêne, et Kali entreprit de détacher la fermeture éclair du pantalon de Jael pendant que la jeune femme faisait de même avec sa camisole..
Elles furent interrompues par le bruit de la porte qui s'ouvrit brusquement...
Deux jeunes femmes firent irruption dans la ruelle obscure.
« Kali ? » murmura l'une d'entre elles.
Kyle
Par Kina
Je regardai le jeune s'évanouir devant moi, persuadé d'avoir été abattu de sang froid. Décidément, on ne pouvait espérer plus crédible comme performance. En temps normal, j'aurais pu jurer qu'il s'agissait bien d'un impact mortel. Tel que prévu, une partie de l'audience se figea sur place, terrorisée, tandis que d'autres réussirent à gérer leurs nerfs et s'empressèrent de venir porter secours au malheureux. Les premiers arrivés se précipitèrent sur le blessé afin d'examiner l'ampleur des dégâts. Ils firent voler la chemise en éclat. L'une des demoiselles, les mains à présent couvertes de sang, essayait tant bien que mal de trouver le point d'entrée de la balle, mais sans succès. Quand elle déplaça le liquide visqueux, elle ne put découvrir que de la peau saine et je ne put retenir un rire à lire le sentiment de confusion sur son visage.
Matt vint me rejoindre entre-temps afin de profiter du spectacle lui aussi. Puis la jeune fille, ayant compris la supercherie, se releva en colère pour venir nous accuser d'avoir pété un plomb.
"Eh bien si vraiment il était cardiaque ma mignonne, il n'aurait jamais dû se pointer ici en premier lieu, ai-je failli lui répondre." Tout s'était déroulé à la perfection. Matt avait visé le cœur au moment où la classe s'y attendait le moins. Personne n'avait pu anticiper le coup et je suis certain que très peu d'entre eux ont pu identifier le tireur dans le feu de l'action, Matt s'étant empressé de cacher son arme.
Cependant cette fille semblait connaître le rôle de Matt dans l'histoire, car elle fulminait de rage et cette fureur était sans conteste dirigée vers mon complice. En voilà une surprise. En l'espace de quelques secondes, elle aurait su voir la scène, repérer le tireur, savoir qu'il n'y avait plus de danger, se précipiter pour aller porter secours et réaliser qu'on l'avait tromper. C'est qu'elle est pleine de surprises celle-là, mais d'où sort-elle ?
Crétin, marmonna-t-elle.
Ça je ne m'y attendais pas et faillit presque m'étouffer avec ma propre salive. Alors ça c'est la meilleure et je donnerais cher pour avoir une caméra afin d'immortaliser ce moment. Ah, mais je sens que je ne m'ennuierai pas avec elle dans les parages. Il y en a au moins une capable de tenir tête à Matt. Amen ! D'habitude, la plupart tombent soit gaga à ses pieds, ce qui l'exaspèrent au plus haut point, ou bien ont trop peur de son influence au sein de la rébellion pour oser l'attaquer.
Sur ce, elle s'en alla sans demander son reste et nous la regardâmes simplement franchir la porte.
Dis, tu la connais toi ? demandais-je.
Pas du tout. T'as vu comment elle m'a traité !
Ouaip, mais il faut se mettre à sa place, c'est peut-être mérité. Répondis-je en lui faisant un clin d'œil auquel il me répondit par une grimace.
Il faut avouer que je savoure le moment, car l'expression "crétin" m'est habituellement réservée alors pour une fois que Matt peut aussi y goûter, je me régale à voir sa tronche. C'est de sa faute aussi, il est beaucoup trop sage, il réfléchit trop. C'est bien de faire quelques bêtises de temps en temps ! C'est ça la vie, foncer tête baisser sans savoir sur quoi on peut tomber. D'accord, pour les missions, mieux vaut éviter, mais pour le reste ? Puis voyant son air songeur je lui demandai:
Ça te dérange tant que ça ce que cette fille peut bien penser ? fis-je curieux sur le ton de la taquinerie.
Je m'en fou. Ce qui me dérange, c'est plutôt sa conduite. Elle n'est pas comme les autres. Elle n'a rien d'un mouton, on le voit tout de suite à sa réaction. Rien en elle n'indique une quelconque crainte ou soumission. Elle a l'attitude, les réflexes, du répondant.
Ou bien du caractère tout simplement.
Non, il y a quelque chose de plus.
Tu ne crois quand même pas qu'elle est envoyée par l'Ordre. demandai-je.
Je ne sais pas... mais une chose est sûre, celle-là ne sort pas d'une entreprise... Je dois tirer ça au clair. Elle est ici pour une raison précise. Ce n'est peut-être pas une menace, mais je dois m'en assurer. Il faut la garder à l'œil.
Mouais, je te la laisse si ça t'amuse. lançai-je finalement ce qui me valut un regard noir de la part de Matt qui lui prenait la chose au sérieux. Bah, pour une fois qu'une fille attire son attention... on verra bien.
Cela dis, je me retournai à nouveau vers mes élèves. La plupart avaient quitté la salle sans demander leur reste. Quelques-uns étaient toujours cloué sur leur siège en train de digérer les derniers événements (Mais c'est qu'ils sont lents...) tandis qu'un petit groupe soulevaient notre inconscient national pour l'amener dans un lit où il pourra se réveiller plus tard. Au bout du compte, j'ai seulement pu repérer 3 ou 4 potentielles recrues pour l'entraînement. Il restera à voir ceux qui seront toujours intéressés. Pour les autres, il leur faudra un peu plus de temps. Ils ne sont visiblement pas encore mûrs.
Je quittai la salle avec Matt derrière les derniers retardataires. Lui s'en alla vers le quartier général tandis que moi j'en profitai pour me diriger vers les douches, histoire de me réveiller complètement étant donné que je ne pourrai plus me rendormir à présent que la journée était bien commencée.
Stuart
Par Chayenne
La fille me suivait sans rien dire, observant tout sur son passage (des couloirs, des tranchées, des couloirs et encore des couloirs) d'un air distant. Pas répugnée, mais pas flatteuse quand même. Il y avait même une lueur moqueuse dans son regard, mais ça, je crois que c'était davantage pour moi que pour le design.
Je reconnaissais sans peine que cette fille m'intriguait. Elle semblait se croire réellement au-dessus de nous, et ne cherchait pas à dissimuler son mépris. C'était suffisamment inhabituel pour qu'on le remarque. En plus, la façon dont elle avait réagi m'avait fait tiquer.
Dans un coin, j'observais, incognito ou presque, deux de mes éléments effectuer leur tri efficace et impitoyable parmi les jeunots. Et si, moi, je connaissais le modus operandi, j'avais été surpris de voir la vitesse d'analyse de cette fille, et je n'étais pas le seul. D'ordinaire, le tireur n'était jamais démasqué...
Enfin, ça et son attitude " rebelle " me donnait envie d'en savoir plus, et puis, même si j'avais le sentiment qu'elle n'était pas une espionne, je devais assurer notre sécurité. En fait, je ne savais pas pourquoi je m'en chargeais. Parce que ces raisons ne tenaient pas debout, ce n'était sûrement pas à moi de faire ça, et je ne pouvais même pas prétexter une disponibilité débordante.
Cependant je la conduisis dans une annexe où je savais trouver un bureau inoccupé. Tandis que je m'asseyais derrière la table, elle étudia avec attention les lieux, avant de se planter devant un plan du secteur d'il y a bien longtemps.
" Tu as l'intention de m'expliquer ce que tu fiches parmi nous ? finis-je par lui demander. "
" Non ! fit-elle sans se retourner, les yeux toujours fixés sur la carte. "
" Alors pourquoi es-tu dans ce bureau ? "
" Bah, je n'en sais rien. Disons que vous avez l'air moins con que les autres... "
" Merci... Et sur quoi te reposes-tu pour émettre un tel jugement ? "
" Les rebelles... Seattle, LA, New York, ce sont tous les mêmes. Non mais ils croient vraiment avoir une chance de réussir ? rit-elle, enfantine. "
" Et toi ? "
" Moi ? davantage. Je n'ai pas le même but, je n'ai pas une âme de Don Quichotte, les moulins à vents ce n'est pas trop mon truc. "
" Et c'est quoi, toi, ton truc ? "
" Bien essayé, ironisa-t-elle en m'adressant un sourire... Pré ou post massacre ? "
Elle désignait la carte.
" Pré-impulsion, je dirais... "
" Vous n'en avez pas une plus récente ? "
Quel intérêt ? Pour que les rats se repèrent plus facilement peut-être ?
" Non, mais dans les tiroirs de l'Ordre, qui sait ? "
La fille se mordit la lèvre pour ne pas me rire au nez.
" Je leur demanderai une copie quand j'y passerai. Vous n'avez rien besoin de particulier, pendant que j'y serais ? "
" Bah, non, je crois pas, continuai-je sur le même ton mordant d'ironie. Quoique leur planning à venir ne serait pas de refus... "
Son sourire faux-cul ne quitta pas ses lèvres quand elle prit congé.
" Non, ne vous dérangez pas, je trouverais bien la sortie... "
Dans une profonde révérence, aussi gracieuse qu'hypocrite, l'insolente disparut de ma vue. Drôle de fille... Et pourquoi étais-je sûr de la recroiser d'ici peu ?
Alex
Par Kina
J'avais les yeux fixés sur la porte maintenant close et n'osais trop me retourner vers la jeune fille du nom de Faline. Je dois avouer que sa réaction m'avait surpris sur le coup, mais ce n'était pas une raison pour profiter d'elle comme je l'ai fait. En d'autres temps, d'autres circonstances, je ne dis pas, mais là, c'est moi qui étais en tord. Elle était blessée, elle était sous médication et il était fort probable qu'elle n'arrivait pas à penser avec toute sa tête.
Mais qu'est-ce qui m'a prit d'embarquer dans son jeu, de répondre à son invitation ? Parce qu'elle me plaisait et m'attirait ? Soit je ne me le cache pas. Parce que j'en avais plus qu'envi moi aussi ? Ce n'est pas une raison valable. Parce que je me sentais bien auprès d'elle, que ses baisers étaient électrisants au point qu'ils me faisaient oublier tous ce qu'il y avait autour de moi, les raisons de ma visite, le but de mon voyage... Là ça devenait dangereux.
Elle me fait perdre la tête et je ne la connais même pas ! Oh combien j'aimerais la reprendre dans mes bras par contre, resserrer mon étreinte comme précédemment, m'enivrer de son parfum et retrouver la douceur de sa peau si douce sous mes doigts. Sa chaleur me manque déjà, tout comme le doux contact de ses lèvres sur les miennes. Mon corps en redemande, mais je sais que je n'ai pas le droit. Je risquerais de la blesser d'avantage, car je sais que si je recommence, je ne pourrai plus m'arrêter. Je dois sortir d'ici, éviter de croiser son regard auquel je ne saurais résister bien longtemps.
Je ramassai donc mon sac, demeuré depuis la veille au pied de son lit, puis relevai lentement la tête vers elle, esquissant un sourire.
Grave erreur de ma part, elle m'attirait comme un aimant. Je me perdrais dans ces yeux... Non ! Assez ! Je dois vraiment partir. Autant pour elle que pour moi. Je repris donc mes esprits et la salua une dernière fois.
- Bonne chance et euh... prends soin de toi surtout !
Je la vis une dernière fois, puis fonçai dans le corridor. Je devais m'éloigner le plus loin possible de cet endroit, faire le vide dans ma tête. Facile à dire n'est-ce pas. Je ralenti finalement le pas à la sorti de l'immeuble abritant l'infirmerie. Je sentais mon cœur battre la chamade, mais je savais très bine que ce n'était pas ma petite course qui en était la cause. Faline continuait d'envahir mon esprit. Je revivais les sensations de tout à l'heure, ses baisers, ses caresses à faire frissonner, ce sentiment de bien être...
" Ahhhh ! Ça ne m'aide pas du tout là !" Voilà que j'avais de plus en plus chaud et respirais plus rapidement. " Je suis mûr pour la douche froide moi" songeai-je, souriant face au ridicule de la situation. Je repartis donc en direction des douches les plus proches, vers le quartier général.
Je croisai peu de gens sur le chemin, tous des inconnus qui ne me prêtaient aucune attention. Je connaissais les voies d'accès et la route à suivre pour atteindre mon but. Une fois dans les vestiaires, je me dirigeai vers les cases. Comme j'avais vidé la mienne il y a belle lurette lors de mon départ précipité de Seattle, j'allai plutôt vers un casier voisin, mais familier. Fouillant dans mes souvenirs, j'en sortis la combinaison et soumit sans peine le cadenas à ma volonté. J'avais trouvé mon bonheur: serviette, savon et shampooing.
Rien n'avait changé ici depuis mon départ et les douches glacées ne faisaient pas exception. Quoique dans mon cas, c'était plutôt de circonstance. Je ne sais combien de temps j'étais resté là à laisser l'eau couler sur moi et à vrai dire, je m'en balançais. J'avais enfin réussi à me détendre. Je quittais la douche lorsque toutes les lumières s'éteignirent en même temps et apparemment le générateur n'avait pas pris le relais, car tout demeurait dans le noir. Ce genre de chose dérange souvent les gens, mais moi je voyais très bien où j'allais, ce qui ne semblait pas être le cas de quelqu'un d'autre que j'entendis buter contre une poubelle ou je ne sais quoi en maugréant.
J'étais de retour à la case pour me rhabiller quand je vis Kyle s'avancer lentement au bout de la rangée de casier.
- Attention au banc, lui rappelais-je justesse avant qu'il ne trébuche.
- Merci ! J'avais complètement oublié qu'il était là celui-là. Ces fichues pannes, mais qu'est-ce qu'ils attendent pour réparer le générateur comme du monde ?
- Que le grand Kyle se fracasse quelque chose et décide d'aller leur secouer les puces, fis-je du tact au tact.
Son regard se figea dans ma direction. Il ne pouvait me voir, mais je vis bien qu'il cherchait à identifier ma voix. Il semblait réfléchir, puis hésiter et moi je me marrais de la situation. Je venais tout juste d'enfiler mon pantalon quand l'électricité fut rétablie et Kyle légèrement aveuglé sur le cou put enfin me voir.
- Alex ! fit-il incrédule . "C'est vraiment toi ?"
- Non, c'est ta mère, répondis-je très sérieusement.
- Mamaaaan ! fit-il en tentant les bras vers moi pour venir m'enlacer ce qui me déclencha une crise de fou rire alors que je le repoussai.
- Toi alors tu ne changeras jamais, lui répondis-je.
- Et toi, fit-il en me regardant, j'ai presque cru voir un fantôme. Mais où est passé l'ados que je connais ?
Je me contentai de sourire à cette remarque. J'avoue que je ne devais pas avoir plus de 15-16 ans la dernière fois que je l'ai vu.
- Tu es arrivé quand, me demanda-t-il en ouvrant sa case à côté de "la mienne".
- Hier après-midi.
- Tu es allé chez toi ?
- Oui... tout est en ordre. Un bon dépoussiérage, un peu d'eau courante pour nettoyer la tuyauterie et ce sera de nouveau habitable lui répondis-je.
- Bien ! Tu as vu du monde que tu connaissais ?
- Juste Cassy, mais elle ne m'a pas reconnu on dirait. Lançai-je en passant un chandail.
Cette remarque le fit rire un peu puis il ajouta:
- Tu aurais dû l'enfermer dans un placard, là je suis sûr qu'elle t'aurait replacé.
Je ne pus m'empêcher de sourire à ce souvenir. Il est vrai que je ne lui ai pas toujours donné la vie facile la pauvre. J'ai voulu lui jouer un tour une fois avec Kyle et on l'avait enfermée dans un placard pour s'amuser. Le problème, c'est qu'on avait été appelé ailleurs entre-temps et qu'on l'avait complètement oubliée. C'est Matt qui l'avait finalement délivrée un peu plus tard, par pur hasard, alors qu'il cherchait un coffre à outils.
- Elle t'en a voulu pendant des semaines après ça enchaîna Kyle.
- Et pourquoi c'est moi qui a écopé au fait alors que tu étais là toi aussi ? C'était ton idée en plus !
- Mais c'est simple, moi j'ai le tour avec les demoiselles ! fit-il tout sourire alors que je le regardai sceptique. "C'est bon de te revoir en tout cas."
- Je ne suis pas revenu c'est ça le problème... je dois encore passer à Arlington.
- Tu en as encore pour longtemps ?
- Quelques jours, quelques semaines, qui sait ! Ça dépend des routes, de mon contact. Je suis déjà en retard sur mon horaire. Soupirai-je en prenant mon sac et refermant la case devant moi.
- Eh bien fait vite, qu'on aille fêter ça. Tu verras, il y a de jolies filles en ville." Fit-il avec un clin d'œil avant de prendre la direction des douches.
"Oh, même pas besoin d'aller en ville songeais-je à regret. Décidément, je suis bien chez moi. Mine de rien, mes amis me manquent, mais quand faut y aller..."
C'est ainsi que je repris la route du devoir.
À suivre...
