Voici donc la suite de Shadow. Merci à ceux qui prennent la peine de laisser des commentaires !

Comme d'habitude, les personnages et autres situations faisant références à l'univers de Dark Angel ne nous appartiennent pas, nous ne faisons que les emprunter et n'en tirons aucun profit.


Cloé
Par La Chimère

Je traînais singulièrement des pieds sur le chemin du retour. Je passais en revue tout mon entretien avec les époux Dumenil, tentant d'y découvrir la confirmation d'un échec certain. En désespoir de cause, je poussai un profond soupir de renoncement et me mis en tête d'imaginer tous les scénario catastrophes envisageables lorsque j'annoncerai la nouvelle à mon jumeau unique et préféré.

Respirant à pleins poumons, je songeai que l'heure de déjeuner était bien passée, confirmée par mon estomac me rappelant bruyamment qu'il était vide et désireux de se remplir. Beuh…

M'éloignant de l'artère principale, j'enjambai d'un pas alerte les immondices diverses et variées qui encombraient le chemin que j'empruntai. Cette rue servait de refuge à plusieurs « moutons » en trop mauvais état pour être employés par les grandes compagnies qui géraient les immenses terres arables au dehors de la ville. Malades, très âgés pour certains, ils avaient érigé une sorte de cité en cartons, tôles et vivotaient grâce aux dons de certaines organisations humanitaires émues par leur sort déplorable.

Même s'il s'agissait d'un raccourci, je devais bien avouer que je n'étais pas du tout rassurée car c'était aussi un véritable coupe-gorge et je frémissais lorsque je sentais glisser sur moi des regards malveillants.

Surgissant à l'autre bout, je parvins à un parc relativement bien entretenu. Sous l'ombre de ses arbres (enfin quand il y avait du soleil hein !), on pouvait trouver quelques bancs servant de pistes d'atterrissage pour pigeons égarés et plus loin, des joueurs d'échecs se réunissaient autour de tables en pierre prévues pour laisser libre cours à leur passion.

Me dirigeant vers elles, je constatai une fois encore qu'elles étaient en majorité toutes occupées, souvent par des vieillards qui, tout en avançant ou reculant leurs pièces en bois, ressassaient interminablement leurs souvenirs d'avant. D'avant la grande épidémie déclenchée par les Familiers.. Ces fameux Familiers dont j'avais hérité les gènes.

Remarquant un banc déserté et pas trop décoré de chiures de piafs trop bien nourris, je me recroquevillai dessus tout en furetant dans mon sac à la recherche de quoi me nourrir. Avec satisfaction, je caressai le renflement des boites données par Lokie. Ceci serait pour plus tard. Plongeant la main, je sentis du bout des doigts le papier d'une ration et tirai dessus pour faire surgir la barre totalement écrasée.

Croisant les jambes et me servant de ma jupe comme d'un tablier, je déchiquetai l'emballage et entrepris de picorer les morceaux éparpillés sur le tissu tout en surveillant du coin de l'œil les oiseaux qui s'avançaient en tournicotant la tête de tout côté et les joueurs impassibles, concentrés sur les pions blancs et noirs. Tendant l'oreille, je tentais de capter les bribes de leurs souvenirs.


Shanee
Par Chayenne

Je regardais toujours par la fenêtre, dissimulée d'un côté par le rideau en dentelle, et de l'autre par la carte du pub, et constatais avec soulagement que la Plaie ne m'avait pas suivie. C'était déjà ça. Mais qu'est-ce qu'elle fichait là ? Je la croyais encore sur la côte d'azur, à se faire bronzer les titis et allumer tous les chromosomes Y des alentours. Quelle plaie ! Elle portait vraiment bien son surnom celle-là.

Un bruit de pas dans mon dos ainsi qu'un raclement de gorge attira mon attention, et je me tournai, sourire diplomate sorti, sur un pingouin en service.

" Ceci est un club privé, mademoiselle, avez-vous votre carte de membre ? "

" Ah non, on fait comment pour en avoir une ? "

Le serveur parut surpris de ma question, d'autant plus que j'avais ressorti mon accent d'étrangère.

" Heu, hésita-t-il. Il faut être parrainé. "

" Oh, c'est dommage, j'aimais bien la déco. Tant pis, un regret de plus à ma liste. "

Je me levai et m'apprêtai à quitter les lieux quand une tête connue émergea d'un box. Tiens mon revendeur. M'excusant auprès du pingouin, je gagnai la table et me laissai glisser dans un fauteuil.

" Salut. "

" Comment tu m'as trouvé ? marmonna-t-il. "

" Un pur hasard, mais ça tombe bien, j'ai justement un paiement pour toi. "

Le blond haussa un sourcil et tenta d'afficher une mine blasée. C'est pas la peine, ça ne marche pas avec moi, ça. Discrètement, je sortis les costumes de mon sac et les lui glissa à portée de main.

" Ils sont un peu froissés, mais je pense que leur valeur sur le marché te dédommagera amplement, non ? "

D'un œil expert et surpris, il étudia attentivement les griffes, les coutures et l'état du tissu.

" C'est un peu passé de mode ? marmonna-t-il. "

" Le luxe ne se démode jamais, c'est comme une rivière de diamant ou une charrette de lingot, ça fait tout de suite bien dans le beau monde. "

" Tu as l'air de t'y connaître… Tu en as d'autres dans le même genre ? "

" Je peux en trouver. "

" Alors on pourra refaire affaires. "

" J'en suis ravie… À un de ces quatre… "

Au grand soulagement du serveur, je quittai le club et me retrouvai de nouveau sous cette pluie insidieuse.

Allez, on rentre à la maison, avant de se transformer en éponge.


Eléanore
Par Chayenne

Fier de son coup d'éclat, Gonzague affichait son sourire sardonique. De mon côté, je ne pus m'empêcher de le fusiller du regard, il faisait ça avec toutes les postulantes et nous n'en gardions jamais aucune. Il les terrifiait en une minute et par la suite, elles obéissaient comme des toutous, mais en apparence seulement. Dès qu'on avait le dos tourné, elles se vengeaient de leurs frayeurs, et ne nous accordaient qu'un respect fielleux. Et moi, j'en avais assez d'être toujours sur mes gardes, de devoir surveiller leurs moindres faits et gestes. La dernière avait réussi à me dérober un collier de perles, que je n'avais jamais revu, et je ne tenais pas à réitérer l'expérience.

" Tu es impossible, ce n'est pas comme ça qu'on trouvera la perle rare. "

" Ne sois pas idiote, El', ils n'en ont pas en stock sur le continent. Au mieux, on en trouvera une moins pire, qui se contentera de faire nos poubelles et de voler le papier toilettes. Et encore je n'y crois pas trop. "

Je soupirai de lassitude, et d'un geste de tendresse mécanique, il posa ses mains sur mes épaules.

" Maria est débordée, glissai-je, exténuée. Et elle ne peut assurer un service impeccable dans ses conditions. "

" Je sais, chérie, et je t'assure que j'y réfléchis. Je suis même prêt à faire un effort. Cette jeune fille, là, elle est différente des précédentes, et je ne suis pas certain que ça joue en sa faveur, mais bon, si elle te plaît, on peut faire un essai. Qu'en penses-tu ? "

" Au moins, elle n'a pas l'air aussi bête qu'une oie, ça nous changera. Et puis, elle semble avoir des capacités et de la volonté. Elle me plait assez. "

" Alors, on lui laisse une chance, mais ne vient pas te plaindre au bout de vingt-quatre heures. J'en ai assez de fournir les centres de reformation. "

" Je te l'ai dit, elle ne me semble pas stupide, elle saura où est son intérêt. "

" Très bien… Maria ! appela-t-il. "

" Oui monsieur ? "

" Contactez-la, et dites-lui de se présenter à 8h demain matin, et je ne tolèrerai aucun retard. "

" Très bien Monsieur. "

La gouvernante partie, Gonzague m'abandonna pour regagner son bureau. En silence, je me tournai vers la cheminée et me saisissant d'un magazine, je tentai d'oublier mon profond désœuvrement en rêvant aux mondanités parisiennes dont j'étais sevrée.


Smarty
par Chayenne

De gros nuages se massaient au-dessus de nos têtes, et l'on n'aurait pas vu un tank à deux mètres. Malgré cette obscurité façon purée de pois et la pluie qui tombait sans discontinuer, mon adversaire tenait à son billet. Il n'allait pas abandonner la partie.

Sans être un très bon joueur, Sharif réussissait de temps à autre à me battre. Il savait profiter de mes moments d'inattention. Mais aujourd'hui, ça ne se passerait pas comme ça, j'avais besoin de cet argent si je voulais survivre une semaine de plus.

Traîtreusement, Sharif démarra la discussion en maugréant sur le prix des vêtements d'hivers et sur la flambée du coût de la vie. C'était évident qu'on allait reparler du bon vieux temps, enfin " on ", disons plutôt moi. Sharif était trop jeune pour que ses souvenirs vaillent quelque chose. Avec ses cheveux gris, sa barbe coupée au couteau et les profondes rides qui creusaient son front, on lui aurait donné vingt ans de plus qu'il n'en avait réellement. Il n'avait pourtant que 50 ans.

" Tout n'était pas parfait à l'époque non plus, chevrotai-je. "

" Peut-être, mais au moins, on mangeait à notre faim. "

" À condition de traficoter de tous les côtés. Et puis ce n'était pas l'honnêteté qui nous étouffait. Pour vivre décemment, il fallait manger à tous les râteliers. "

Je me concentrai sur le déplacement d'un pion, tandis que Sharif attendait avec impatience que je poursuive. On aurait dit un gosse à la lecture d'un livre de contes.

" Bon, soupirai-je, conciliant. Je t'ai déjà raconté la fois où je devais un paquet de billets à l'adjoint du maire, chef d'une des mafias locales ? "

" Humm, je ne crois pas, mais tu connais ma mémoire… "

Ouais, c'est ça. Même si elle fonctionnait bien, il voudrait quand même l'entendre de nouveau.

" J'avais prévu de me servir dans le coffre d'une jolie propriété, du secteur 10 de l'époque, mais ce à quoi je ne m'attendais pas, c'était que dans le coffre il y avait aussi des photos compromettantes de l'ex-femme du propriétaire. Et ravi de l'aubaine, j'ai remboursé l'adjoint et en plus, la femme m'a acheté un très bon prix les négatifs. Et dans l'histoire, tout le monde a été content, l'adjoint, moi et la femme qui a enfin pu réclamer une copieuse pension alimentaire. "

" Et le propriétaire du coffre ? "

" Oh, bah, il a dû tirer la gueule, mais il avait une jeune grue comme nouvelle épouse, et je suis sûr qu'il s'en est très bien remis. "

Sharif gloussa et un petit rire étouffé me fit tourner la tête sur une jolie brunette. La gamine, d'une vingtaine d'années, nous écoutait vraisemblablement et je lui souris en guise de salutations. Elle me rendit mon sourire et se replongea dans la dégustation de sa ration.

Un coup d'œil au plateau de jeu et je compris que Sharif m'avait mis en difficulté. Mais j'étais trop bon à ce jeu pour me laisser avoir aussi bêtement. En quatre coups, je repris l'avantage et m'assurai la victoire, ainsi que le gain du billet mis en jeu.

Sharif soupira et me le tendit à contrecœur. En temps normal, je l'aurais pris sans remords, n'étant pas plus riche que lui, mais sans savoir pourquoi, je me sentis malhonnête. Pourtant nous avions joué dans les règles de l'art et je ne l'avais pas pris en traître.

" Je n'ai pas de poche où le mettre, tu peux me le garder jusqu'à une prochaine fois ? marmonnai-je. "

" Heu… oui, fit-il, surpris. "

Il me salua et quitta la table, tandis que je cherchais à comprendre ma subite générosité. Un jeune corps prit alors place en face de moi. Je souris sans lever les yeux, je connaissais cette démarche.

" Salut gamin, marmonnai-je. Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Prendre une douche acide gratuite ? "

" Mettre une raclée à mon vieux Smarty, fit la voix grave. "

Amusé, je levais les yeux sur mon jeune adversaire. Il souriait, fier de lui, comme s'il m'avait raconté une bonne blague. C'était vrai qu'il me battait rarement, mais je le soupçonnais de le faire exprès. Tandis que je me résignais à installer les pièces, je le vis sortir une enveloppe dont je pouvais deviner sans peine le contenu.

" Tu sais bien que je ne peux pas jouer une somme pareille, grognai-je. "

" Dis-toi que je t'achète un souvenir. Si tu gagnes, tu empoches la pochette surprise, si je gagne, tu me racontes une histoire. "

" Milan, tu devrais grandir un peu. Mets tes sous de côté, trouve-toi une jolie femme, et quittez le pays. "

" Tu sais bien que je ne quitterai jamais cette ville. "

" Et c'est un tort, tu es un garçon brillant, tu vaux cent fois mieux que ce pays. "

" Tout comme toi, et toi tu restes bien. "

" Moi, ce n'est pas pareil, je suis un vieillard. Et puis, je me dois de rester. "

" Arrête tes conneries Smarty, avoir survécu ne te rend pas redevable de quoi que ce soit. "

Je souris, il finissait par trop bien me connaître.

" Bon allez, parle-moi un peu de toi. Y a-t-il quelque chose d'intéressant dans ta vie ? "

" Non, c'est le même train-train quotidien… Ah si, aujourd'hui, j'ai rencontré une fille. "

" Non ? Bravo, et qu'a-t-elle de si particulier pour que tu l'aies remarquée ? "

" Je ne sais pas, elle est… différente. J'ai l'impression de la connaître, elle me fait penser à quelqu'un, mais je ne sais même pas qui. Elle est étrange, c'est troublant. "

Je ne pus m'empêcher de rire à ce portrait. Milan n'avait pas l'habitude de se rendre compte de l'existence des filles, et celle-ci semblait l'avoir marqué.

" Effectivement, elle doit être particulière cette fille. Il faudra que tu me la présentes. "

" Je ne pense pas la revoir, elle n'est pas d'ici. "

" Tout dépend de ce que tu fais. "

Le gamin leva les yeux au ciel. Et oui, je suis un vieux ronchon radoteur qui a toujours raison, mais à force, il devrait me connaître. Comme vengeance, je lui ébouriffai les cheveux et une plainte scandalisée se fit entendre. Na !


Katherene Mac Hoot
par Percolator

"Kat ma fille, tu as été nulle ! Tu as avais une chance de lui dire enfin ce que tu ressentais et tu restes la bouche ouverte comme carpe sans rien dire ! En plus, le caniche de concours essaye de te le piquer sous ton nez, faut que tu réagisses ma fille ! Ce soir faut que tu trouves une occasion pour lui dire. Et que le chef se magne de me dicter les consignes, car j'ai ma culotte qui me rentre dans le derrière, c'est désagréable comme pas possible. Dès qu'il a fini de déverser son baratin habituel, j'aimerais aller mettre des fringues confortables pour la patrouille de ce soir. Patrouiller de nuit je veux bien, mais pas dans une tenue, où je ne suis pas à l'aise, qui va me bousiller les pieds et va en plus m'empêcher de m'asseoir pendant un p'tit moment. Abrégez chef, je commence à avoir très mal aux fesses."

- Mac Hoot !

- Oui mon Colonel ? répondis-je par réflexe.

- Veuillez cesser de vous trémoussez sur votre chaise comme s'il y avait un oursin dessus. Bon je termine et après vous pourrez disposer.

- Bien Mon colonel ! Il en a de bonne lui, j'ai ma culotte qu'est entrain de se changer en string, ça me fait pas du bien, et il voudrait que je ne bouge pas ! C'est décidé après je passe au boxer, mais d'abord les toilettes !

- Vous pouvez disposer sergent. lança le colonel Marboeuf.

- Bien Mon colonel ! Enfin ! Vite les toilettes !

- Une dernière chose…

NON !

- Dites à Saint-Just, que je veux le voir avant que vous ne partiez pour votre ronde ! Je veux savoir qui était cette civile qui s'est introduit dans le camp !

- Bien mon colonel.

Je sortis du bureau et pour me précipiter vers l'une des cabines de toilettes chimiques dans le camp.

" Génial il pleut, bon dépêchons, car n'étant un homme, je crois que je ne pourrais me retenir plus longtemps. Enfin les voilà sauvée. "

Quelque instant plus tard, je me retrouvais penchée vers le sol, le dos face à la porte, le pantalon sur les chevilles.

" Saleté de ceinture, ce n'est pas le moment de te coincer, je vais être en retard. Qui a eu l'idée géniale d'intégrer la ceinture au futal ! Allez, je tire un bon coup sec, je me rhabille et je file prévenir Hugo que le colonel veut le voir. "

Tirant un grand coup sur ma ceinture, celle-ci se décoinça enfin, mais emportée par mon élan, je tombai en arrière, heurtant la porte qui s'ouvrit toute grande. Dans ma chute, je descendit le marchepied sur le dos et atterris les fesses dans une flaque boueuse.

" Ouch ! Ça ne pouvait pas être pire. "

Un homme s'approcha de moi et dit : Ça va Sergent ?

Je me redressai, tout en restant assise dans la flaque et me tournai vers l'homme en question: Merci ça…

Je ne pus terminer ma phrase en découvrant l'identité de mon interlocuteur. En effet, devant moi se tenait un Hugo ayant bien du mal à se retenir d'éclater de rire.

" Je veux mourir !"


Matt
par Kina

Je demeurai avec Shawn une bonne heure à prendre des nouvelles et échanger quelques souvenirs, puis son patron commençant à faire une ronde parmi les mécaniciens, je dus mettre un terme à ma visite. Je devais déjà me trouver chanceux d'avoir pu le voir aussi longtemps et en ce lieu surtout.

Je lui disais justement au revoir et m'apprêtais à me retourner vers la sortie quand le patron en question m'apostropha.

- Hé vous !

- Oui monsieur ? fis-je le plus normalement possible

- Qu'est-ce que vous faites ici ? C'est réservé aux travailleurs.

Je dois bien avouer qu'étant habillé en civil et non dans la tenue bleue des autres mécanos, je devais plutôt être facile à repérer.

- Bonjour monsieur Moss, je vous présente mon frère Matt. J'avais oublié mon lunch ce midi alors il est passé me l'apporter. Il s'en allait justement.

- Je croyais pourtant que vous viviez seul ? lança-t-il.

" Et merde, il n'était pas bête celui là. "

- C'est exact, mais j'ai passé la nuit chez lui hier soir parce qu'ils ont instauré un couvre-feu de secteur après une altercation de gang de rue.

" Bien joué Shawn, songeais-je. Simple et efficace, car l'Ordre effectue souvent ce genre de manœuvre en ville. "

- Vraiment ! fit-il sans être convaincu tout en nous détaillant de la tête aux pieds à la recherche d'un quelconque air de famille. Alors on va jouer à un petit jeu. Je vous pose une question simple et vous devez me répondre immédiatement et en même temps.

" Voilà qui s'annonce mauvais, me dis-je tout en me préparant mentalement à prendre la poudre d'escampette. "

- Quel est le prénom de votre père ?

- Mark ! avons-nous répondus à l'unisson. Puis me tournant vers Shawn, je haussai les épaules comme si je n'avais pas vu le but de la question.

" N'empêche que j'avais eut chaud quand même là. Tout se déroulait trop bien depuis le début, il fallait bien tomber sur un pépin. Il est trop méfiant celui-là. Quoique, il avait bien raison cette fois. Si seulement il savait à qui il avait à faire exactement. J'aimerais bien voir sa tête s'il apprenait qu'un rebelle avait réussi à le berner pendant des mois en travaillant juste sous son nez. Cette fois, il s'était attaqué à plus fort que lui. "

- Précautions obligent, dit-il en me tendant un bout de papier et un stylo. Vous aller m'écrire sa date de naissance ainsi que la vôtre.

- D'accord répondis-je avant de m'exécuter alors que monsieur Moss s'assurait que Shawn ne regardait pas. Celui-ci, loin d'être inquiet et voyant déjà venir la prochaine question mettait un peu d'ordre dans ses pièces.

- Très bien fit-il lorsque je lui remis le bout de papier. Alors… Shawn demanda-t-il en regardant le nom sur son uniforme. Quelle est votre date de naissance ?

- Le 6 juin 2049.

- Et la sienne

- Le 11 janvier... 2047, dit-il en souriant fier de sa réponse.

- C'est bon. Je vous conseille de ne pas traîner ici me dit-il en maugréant tout en prenant congé de nous pour se diriger vers ses autres travailleurs.

- Je n'en reviens pas. commença Shawn dès que le boss fut assez loin. Déjà que je le trouvais bizarre ce patron là, mais là il vient vraiment de battre tous les records. Il se prend toujours pour un autre comme s'il avait le poste le plus haut placé.

- Moi j'aimais bien ses questions ! me contentai-je de répondre ce qui nous fit éclater de rire.

- Il ne sait sûrement pas qu'il n'est pas le seul à y avoir pensé.

- Et le priver de ce plaisir ?

- Bah, pour une fois qu'on sort cette excuse et qu'elle est vraie, il aurait pu pousser l'interrogatoire !

- J'avoue que ça change de ne pas avoir à réfléchir à la réponse.

- Quel est le nom de ton père ? fis-je en imitant le patron.

- Je n'en sais rien, je n'ai pas de chef de mission. Parfois c'est toi !

- Ah ! Non-merci, j'en ai marre de la chaise du superviseur ! Ça fait presque une semaine que c'est moi.

Un regard du patron à l'autre bout de la pièce me signala clairement qu'il était temps pour moi de laisser son homme travailler. C'est donc à regret que je quittai mon frère qui dû retourner à son casse-tête.

Je resaluai les gardes au passage en leur disant que je l'avais trouvé et les remerciais de leur compréhension, mais c'est à peine s'ils me prêtèrent une vague attention. Je haussai donc les épaules et sorti sous les quelques gouttes de pluie qui commençaient à tomber.

" Génial, il ne manquait plus que ça ! " pensais-je en relevant le capuchon de mon chandail sur ma tête.

Les gros nuages gris qui se pointaient à l'horizon m'encourageaient à ne pas trop traîner, même si je savais pertinemment que la douche était inévitable.

Je ne mis que deux heures à traverser la ville. L'avantage quand il pleuvait, c'est bien qu'on pouvait courir sans même paraître suspect, tant que la vitesse semblait raisonnable. Même les gardes vous fichaient la paix aux frontières en abrégeant l'interrogatoire question d'éviter les émeutes afin de ne pas être obligé de sortir de leurs abris.

De retour dans les parages du bâtiment de la garde française, je fis une pause dans un petit restaurant que je connaissais bien afin de me mettre quelque chose sous la dent en attendant que l'averse cesse de fouetter les derniers passants courant se mettre à l'abri.

Profitant d'une accalmie de Dame Nature et l'estomac rassasié, je repris la route vers la zone de non-droit. Là, la partie intéressante du voyage m'attendait, car cette portion de la ville n'étant pas entretenue depuis des années, le terrain y était beaucoup plus accidenté, surtout après la pluie.

Des torrents de boues dévalaient encore à certains endroits et il fallait faire drôlement attention de ne pas perdre l'équilibre, quoique la rumeur voulait que les bains de boues soient excellents pour la santé, je n'avais pas trop envie d'aller patauger. Puis, au moment où je m'apprêtais à descendre une colline de débris, reste d'un vieil immeuble effondré, je glissai sur la tôle mouillée et faillit perdre pied. C'est tout juste si je pus reprendre mon équilibre, par réflexe plus que réflexion, et arrêtai ma course en attrapant un vieux lampadaire se tenant couché à 2 mètres du sol.

" C'est qui le brillant qui a eut l'idée de faire des recouvrements extérieurs en tôle pour les immeubles ? "

Évidemment à l'époque l'on imaginait mal que les murs de ces bâtiments allaient bientôt servir de plancher dans un décor apocalyptique. Pour couronner le tout, une nouvelle averse décidait de faire son entrée en scène. C'est donc avec empressement que je dévalai le long du lampadaire pour rejoindre la terre ferme, enfin tout étant relatif, et reparti au pas de course un peu à l'aveuglette étant donné qu'on n'y voyait pas à 10 mètres, ce qui dans mon cas était extrêmement rare.

" Ce n'est pas aujourd'hui que je battrai mon records de vitesse ! Il n'y a pas à dire, je suis plus lent que Kyle. "

J'arrivai finalement à l'une des entrées du quartier général, trempé jusqu'aux os. J'enlevai mon capuchon, qui de toute façon ne servait à rien si ce n'était que de servir de visière improvisée, et me secouai légèrement question de moins dégouliner.

- Tu sais Matt, d'habitude on évite de prendre une douche tout habillé, me lança le garde à la porte d'entrée, visiblement amusé de me voir.

- Eh bien tu devrais essayer, c'est drôlement rafraîchissant tu sauras. Répondis-je en tordant mes vêtements.

- Tu m'étonnes !

Je le regardai du coin de l'œil, puis le salua tout en me dirigeant vers le quartier général où je pourrai trouver quelques vêtements secs.

Quelques vêtements de rechange en main, je pris la direction du vestiaire de la salle d'entraînement. Là je pus enfin me sécher avant d'enfiler mon kimono et rejoindre les autres dans le dojo. J'arrivais juste à temps pour le salut et le début de l'échauffement.

Les exercices d'étirement de routine terminés, l'instructeur commença à décrire le premier atelier.

- Mick… euh non… Max… Mark ! lança l'instructeur qui semblait s'adresser à moi !

" Décidément, il ne retiendra jamais les noms celui-là " songeais-je.

Il eut un soupir d'agacement puis réussit enfin à m'appeler :

- Ryan !

- Hai ! fis-je en m'approchant de lui.

Je saisis le professeur au poignet afin qu'il fasse la démonstration des prises de base à pratiquer pour le moment. Il suffisait ensuite de se mettre en équipe de deux avec un partenaire que chacun puisse essayer la technique. Je me trouvai donc à faire équipe avec mon voisin de droite, le seul autre de mon calibre, Raven, que je n'avais pas vu depuis quelques jours.

- Tu crois qu'un jour il saura ton nom sans se tromper ? demanda-t-il à la blague.

- Tu parles, voilà qu'on me prend pour mon père maintenant…

- Faut voir du bon côté, cette fois il n'était pas très loin.

- Je préférais quand même quand il se trompait avec mon frère.

- Faut pas t'en faire, il fait le coup à tout le monde.

- Alors pourquoi tu es le seul épargné ?

Je n'eut malheureusement pas de réponse autre qu'un koshi nague sur saisi qui m'envoya au tapis.

- Raven ! sermonna le maître. Ok ça suffit. Maritza dit-il en faisant signe à Maryka d'approcher. Comme prochain exercice...

Il enchaîna la démonstration en saisissant sa partenaire par le kimono au niveau du coude pour se retourner rapidement dos à elle et la faire basculer devant lui au tapis.

- O goshi.

" C'est parfois étrange qu'il se souvienne parfaitement du nom de toutes les techniques, mais jamais de ceux de ses élèves. "

- Maintenant vous le pratiquez, mais vous m'équilibrez les forces.

Ça c'était un message pour me séparer de mon partenaire actuel et nous mettre avec les moins avancés. Je me retrouvai donc avec une nouvelle dans la classe que je ne connaissais pas. Comme il s'agissait d'un cours avancé, je supposais donc qu'elle avait fait ses preuves auparavant.

Je fus donc le premier à commencer et l'envoyai facilement au tapis. Ne connaissant pas son niveau, j'avais effectué le premier mouvement plus doucement question de voir si elle savait bien tomber, mais il ne semblait pas y avoir de problèmes alors j'enchaînai tant de la gauche que de la droite. Ensuite le signal fut donné de passer au tour de l'autre.

" Comment avais-je fait pour ne pas l'avoir vu venir ? " Voilà qu'elle me disait ne pas bien connaître la technique alors elle faisait le tout très lentement, bloquant toujours sur le point d'appui sur mes hanches ou devrais-je plutôt dire l'entrejambe…

Le premier coup, je n'y avais pas trop prêté attention quand elle avait dit vouloir recommencer du début. Puis elle refit le même scénario, ajoutant quelques subtils petits coups de bassins. Là ses intentions devenaient claires comme de l'eau de roche. Elle le faisait exprès et cette façon qu'elle avait de se frotter sur moi et de me caresser ensuite tout en faisant mine de faire l'exercice demandé…

" Ahhh, mais c'est qu'elle sait bien cacher son jeu en plus. Misère ! "

Apparemment je dus faire une drôle de tête à un moment donné, car Raven me dévisagea soudain comme s'il cherchait à savoir quel était mon problème.

" Je suis tombé sur une nympho en manque, voilà le problème. Et je ne suis pas intéressé. "

Ma patience ayant des limites, je mis ma main libre sur sa hanche pour l'empêcher de bouger, mais malheureusement, elle vit cela comme une invitation et reprit de plus belle. Je la mis donc en garde à deux reprises :

- Arrête !

La première fois, elle réussit à perdre l'équilibre et me faire tomber au sol en même temps qu'elle. Comme par hasard, j'atterris évidemment sur elle.

" Mais bien sûr. "

La deuxième fois, elle ne l'entendit pas non plus de cette oreille et reprit son petit jeu que de se frotter sur moi. Ayant donc passé le stade de la gentillesse, je la repris donc sur sa prochaine technique et lui envoyai un superbe koshi nague qui la laissa perplexe alors que moi j'en étais ravi.

" Tu veux y aller au tapis, eh bien ce sera sans moi ma jolie. " songeais-je en lui souriant.

Je devais quand même lui donner un certain mérite. Ce n'était pas donné à toutes les filles que de savoir allumer un gars sous le nez des autres sans pourtant que ceux-ci ne puissent se douter de quoique ce soit. Elle savait ce qu'elle faisait et était même très douée. Elle aurait même pu réussir éventuellement, après tout je n'étais pas de marbre, mais je ne comptais sûrement pas lui faire ce plaisir.

C'est à ce moment que la porte du dojo s'ouvrit.

" Oh non ! "


Shanee
par Chayenne

Bon, ce n'était toujours pas ça. Mais comment ils faisaient pour se repérer là-dedans ? Et moi, j'étais capable de trouver mon chemin dans les locaux de l'Ordre, mais pas dans le monde désorganisé des petits rebelles, il y avait quelque chose de pas net, là. Enfin, toujours était-il que cette porte ne donnait pas sur leur QG (il était bien caché, mine de rien), mais sur un dojo érotique.

C'était l'impression que m'avait toujours donné le judo et ce type d'art martial, des lithographies de la fornication… Ce qui ne m'avait jamais empêchée de les pratiquer, même si ce n'était pas mon fantasme numéro 1.

Enfin, bon, maintenant que la porte avait bien crissé pour révéler ma présence, j'avais intérêt à me volatiliser au plus vite. Arf, raté. Le type en kimono noir, d'après mes connaissances ça devait être le maître, se tourna vers moi et son regard agacé s'éclaira à ma vue. Quoi, il est en manque à ce point ? Je grimaçai et m'apprêtai à tourner les talons, quand il me fit signe d'attendre.

Après avoir donné une autre consigne à son groupe de porno-stars, il se dirigea vers moi.

" Le cours pour débutant est à 18h, m'informa-t-il. "

Je levai les yeux au ciel.

" Je m'en passerai… "

" Ah bon ? Tu te crois au-dessus de ça ? "

Ah d'accord, c'était le genre de type à ne vivre que pour ce plaisir de coincer quelqu'un sous ses cuisses, et qui ne pouvait concevoir qu'on ne partage pas son fantasme. Je reniflai avec mépris :

" Sans aucun doute. "

" Et comment tu survis ? "

" Je me débrouille. "

" Tu ne veux pas nous faire partager ? Nous enseigner tes techniques de … quoi d'ailleurs ? Comment prendre la fuite ? "

Mon mépris pour ce genre d'imbécile grandit encore plus, et je mis tout mon dédain en stock dans mon regard.

" Parlez pas de ce que vous ignorez ! La dernière fois que vous avez dû mettre un pied dehors, ça devait être à l'occasion de votre puberté. "

Un murmure amusé parcourut le troupeau de rebelles et le prof me jeta un regard noir.

" Prouvez-moi que j'ai tort. Allez passer un kimono dans le vestiaire et rejoignez-nous ! "

Je n'avais rien à lui prouver, mais pourtant j'acceptai. Et quelques minutes plus tard, flottant dans un kimono un peu trop grand, les cheveux attachés n'importe comment, je venais sur le tatami saluer le psychopathe. Il me jugea rapidement, puis se tourna vers ses disciples, à la recherche d'un infortuné cobaye.

" Rom…, Ty…, Brian, ? oh merde, TRUC !! beugla-t-il. "

Le claquement sonore d'un corps sur le sol lui répondit aussitôt, et je me retournai pour voir le bellâtre de la réunion afficher un sourire d'intense satisfaction perverse. Sa jolie partenaire essayait péniblement de se relever et tirait une mine déconfite, surprise et vexée. Cependant, le susnommé " Truc " ne semblait pas enchanté de devoir faire équipe avec moi, et je répondis à son enthousiasme par le regard réservé d'ordinaire aux mouches à purin.

" Ryan, tu feras équipe avec heu… tu t'appelles comment déjà ? "

" Je m'appelle pas. "

" Avec Pat, alors. "

Je levai les yeux au ciel, consternée de la densité de boulets au mètre carré, et suivis le blond prétentieux et misogyne jusqu'à un espace dégagé.

" Hajime, cria le prof. "

Aussitôt, les combats reprirent et mon galant adversaire me saisit par le kimono pour m'envoyer embrasser le tapis. Pestant contre mon inattention de débutante, je me jurai que c'était la dernière fois qu'il se permettrait un coup pareil.

Bondissant sur mes pieds avant qu'il ait eu la possibilité de m'immobiliser, je le saisis par le bras et le fis rouler à terre. S'ensuivit une série de prises au sol, tantôt j'étais en position de force, tantôt c'était lui. Et je n'aimais pas ces moments-là, donc je m'efforçais pour les faire durer le moins possible.

Il était doué le mufle, mais j'étais loin d'être impotente non plus. Mine de rien, j'avais quelques ressources et sûrement plus que ce à quoi il s'était attendu. Il n'avait plus son regard de mâle dominant, assuré de sa victoire, du début. Il prenait conscience qu'il aurait du mal à me faire lâcher prise. Je l'avais bien jaugé par contre. Il était vif, rapide, puissant, mais j'avais une souplesse et une agilité supérieure, et probablement plus d'expérience. En tout cas, je connaissais toutes les parades à ses prises, ce qui nous mettait à égalité. Mais à force, ça perdait tout son charme. On devait ressembler à un de ces balanciers, vu qu'on ne cessait de perdre et reprendre le contrôle sur l'autre. On jouait à pile ou face sans discontinuer. Et à la fin, ça donnait limite le mal de mer.

Et ça commençait à me gonfler, je n'avais pas que ça à faire. D'autant plus, qu'au calme ambiant, je pouvais aisément deviner qui était l'attraction du cours. Génial, moi qui rêvais de passer inaperçue, j'étais servie.

Une nouvelle fois, je fis basculer mon adversaire sous moi, et me retrouvai bien vite assise dans une position dont la représentation aurait été interdite aux mineurs dans d'autres circonstances. Et le gougnafier en rajouta une couche en bloquant mes jambes avec les siennes.

" Tu t'y connais, il semblerait, me souffla-t-il. "

Oh, ce que je n'aimais pas ce ton. Je suis parano, ou il est lourd de sous-entendus ?

" Tu n'en verras jamais la confirmation ! persiflai-je, sourdement. "

" Non ? dommage. "

L'ironie était perceptible, la voix mordante. Nous en avions autant assez l'un que l'autre et vu qu'aucun de nous n'avait la décence de se faire battre, l'énervement se faisait de plus en plus sentir. J'étais concentrée, les muscles tendus au maximum, afin de lui faire abandonner au plus vite. La tension était palpable et nos prises se multiplièrent, nos forces s'intensifièrent et notre détermination à sortir, chacun, vainqueur de cette joute semblait à son paroxysme.

Sans hésitation ni scrupule, je l'envoyais mordre la poussière aussi souvent que possible et lui sortais les prises les plus tordues, les bottes les plus secrètes, les coups les moins délicats. Et comme le galant homme qu'il semblait être, il me rendait la pareille. Des sourires vachards illuminaient nos visages concentrés et déterminés. Je n'allais pas le laisser gagner, et il le savait.

Mais je pense que le spectacle devait être marrant, ou aussi passionnant qu'une demi-finale de Roland-Garros pour des fans de la petite balle jaune. D'ailleurs, notre public poussait les mêmes sortes d'exclamations étouffées et, du fait de l'ampleur de nos ripostes, se dévissait le cou de la même manière. Le show était parti pour continuer indéfiniment ou jusqu'à que je gagne, vu qu'il hors de question que je perde, mais le prof psychopathe finit par juger qu'il était temps d'éteindre les projos.

" Marcel et Sam, ça suffit pour aujourd'hui. "

Ni " Marcel ", ni moi, ne nous sentîmes concernés. Et puis le premier à céder aurait reconnu sa défaite, en quelque sorte.

" Bon, Adam et Ève, vous m'écoutez ? "

Alors là, il pouvait se brosser…

Une nouvelle prise me fit voler à travers la pièce, mais je revins à la charge et le play-boy se trouva à son tour en position délicate. Ça ne ressemblait plus vraiment à du judo, notre truc là. On mélangeait, proprement, mais sûrement, tous les arts martiaux du nos répertoires respectifs. Soudain une main se saisit de mon épaule et me déstabilisa. Après m'être débarrassé de l'inconvenant, en l'occurrence le prof, je réalisai que mon adversaire avait lui aussi été stoppé dans son élan par un brun. Il n'en semblait pas davantage ravi et fulminait.

Nous étions semblables à deux taureaux furieux, prêts à se lancer, cornes contre cornes, l'écume aux lèvres, dans un combat sans fin. Mais le prof, qui avait apprécié moyen son câlin avec le ficus, revint à la charge et en l'occurrence, entre nous.

" Black et Decker, ça suffit maintenant ! rugit-il. "

Nous levâmes les yeux au ciel d'un même mouvement. Décidément, je ne savais pas ce qu'il y avait de pire, la mémoire défaillante de ce prof, ou son goût calamiteux pour les " couples " célèbres. Sans lui accorder un autre regard, je quittais le dojo, sous les airs impressionnés du reste des moutons. Oh, c'est bon, j'avais rien fait d'extraordinaire, me regardez pas comme le Messie.

À ma sortie du vestiaire, après un silence religieux sur mon passage, je croisai de nouveau le bellâtre. Je grimaçai mon mépris.

" Tu ne m'as pas battu, ironisa-t-il. "

" Toi non plus… "

Et sans lui accorder plus d'attention, je tournai les talons et me décidai à remettre mon exploration à une autre fois. Là, je voulais vérifier la théorie de Noa sur l'étanchéité de la baignoire.


À suivre...