Chapitre 8.
Snape était en train de courir comme un dératé dans les couloirs, son pantalon à moitié défait qu'il tenait dans une main pour ne pas qu'il lui retombe aux pieds.
Rien à foutre, il devait absolument retrouver cette… cette catin !
Comment avait-elle osé ? Comment avait-elle osé faire un truc aussi…
Soudain, il se figea et se retrouva de nouveau dans le corps de Granger, qui était assise sur le sol, les mains sur le visage, pas très loin de la salle commune des Gryffondor. Alors, il sursauta. Premièrement, parce qu'il était gelé, et parce qu'en plus, l'atterrissage avait été un peu brutal…
Snape tâta ainsi son buste en soupirant de soulagement. Au moins, ce corps, il le connaissait ! Mais alors qu'il se sentait calmé, le sorcier se secoua soudain la tête.
Non, mais qu'est-ce qu'il racontait ? Ça n'allait pas du tout ! Mais maintenant… oh oui, maintenant, il savait où était cette petite sotte !
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Hermione avait sursauté elle aussi, manquant de tomber avant. Elle était en train de marcher, alors que deux secondes avant, elle était assise par terre, les fesses gelées par le carrelage. Et voilà que maintenant, elle était debout, en plein milieu du couloir jouxtant la salle sur demande, le pantalon tenu par la main… Un pantalon qu'elle ne connaissait que trop bien.
« Merde. Merde, merde, merde ! »
La jeune femme tourna la tête dans tous les sens afin de retrouver ses marques et de comprendre où elle était. Il fallait qu'elle se casse d'ici le plus vite possible ! Ne surtout pas que Snape la trouve et l'éviter de mieux qu'elle le pouvait durant les trois prochaines semaines.
« Miss Granger ! »
Soudain, la jeune femme se figea. Son teint devint cramoisi, et elle se tourna afin de courir dans la direction opposée aux cris.
Sauf qu'elle manqua bel et bien une chose dans son mouvement… Sa main gauche, qui tenait son foutu froc. Forcément, celui-ci tomba par terre d'un coup d'un seul… Et forcément, Hermione se prit les pieds dedans et s'étala par terre comme une crêpe.
A son plus damn, elle entendit des petits pas courir vers elle, et se contenta alors de fermer les yeux avec dépit.
Lorsqu'elle trouva le courage de les rouvrir, elle monta peu à peu son regard le long de ces jambes sveltes, de son chemisier à moitié défait puis, du regard incendiaire que lui lançait ses pupilles noisettes.
Snape. Dans son corps. Il était là, et semblait sur le point de la tuer.
« Vous vous foutez de ma gueule ? se mit-il à hurler. »
La jeune femme déglutit, restant dans la même position, n'osant bouger ne serait-ce qu'un cil.
« Non mais c'est un comble ! Comment avez-vous pu faire un truc pareil hein ? Vous avez idée dans quelle position je me suis retrouvée quand on a échangé de nouveau nos corps ? »
Soudain, Hermione sembla retrouver ses esprits. Elle se redressa d'un seul coup, et se mit à hurler, elle aussi.
« Et moi alors ? Vous croyez que c'était chaste quand je me suis retrouvée la main fourrée dans ma culotte ?! »
Snape resta impassible. Intérieurement, il hurlait, de rage, d'agacement, de honte aussi il devait bien avouer. Hermione quant à elle, n'en mena pas plus large. C'était qu'à leur échange, elle s'était tellement senti au bord que… que elle avait terminé le travail déjà bien entamé par Snape, voilà tout !
Et ça avait été incroyable, surtout avec la pensée que les gestes qui l'avaient mis dans cet état avaient été entreprit par celui qui occupait ses fantasmes. Dire qu'en trois secondes, elle avait eu l'orgasme de sa vie ! Elle se demanda soudain si Snape avait fait pareil… Avant de se secouer la tête. Vu sa tronche, il n'avait pas l'air de sortir d'une excellente branlette, loin de là.
Elle aurait du la fermer et continuer de regarder le sol comme une gosse en attendant que l'orage s'éloigne au lieu d'expliciter ce qu'il avait fait. Maintenant, elle ne voyait même pas d'issue à leur situation sans mourir de honte !
« Remontez-moi mon pantalon avant qu'un imbécile ne décide de se pointer, finit-il par grogner en se tenant l'arête du nez. »
Hermione grimaça et se contorsionna pour se remettre sur ses pieds, mais se figea dans son mouvement. Elle arrondit le regard et se tourna vers Snape, de nouveau dans son corps de jeune femme, l'air grave.
« Quoi ? demanda-t-il, mi agacé, mi apeuré.
_ Je crois que je me suis pété la cheville.
_ Vous rigolez j'espère ?!
_ Figurez-vous que j'aurais bien aimé, oui ! »
Comme si ça ne pouvait pas être pire, lorsque Snape se tourna lentement, il fit face à nulle autre que…
« Miss Teigne, lança-t-il l'air grave. »
La chatte de Rusard s'apprêta à se sauver pour prévenir son maître avant que les deux sorciers ne réagissent.
« Ne la laissez pas partir ! s'exclama vivement Hermione.
_ Petrificus Totalus ! »
Hermione crut vraiment avoir une crise cardiaque en voyant la chatte s'écrouler sur le sol comme une statue.
« Merde merde merde, on est dans la merde ! s'affola-t-elle.
_ Prenez appui sur moi, on s'en va.
_ Vous rigolez, vous avez vu le poids que je fais ?!
_ Fermez-là et faites ce que je vous dis ! »
Snape s'agenouilla juste à côté d'Hermione et prit son bras pour le mettre autour de ses épaules. En une grimace de douleur, la jeune femme fut debout et son professeur l'aida même à remonter son pantalon à la hâte.
« Vous auriez pu au moins vous rhabiller, grogna Hermione.
_ Parce que vous pensez que c'était ma priorité ?!
_ De là à sortir débraillé, il y a un monde, marmonna la sorcière, qui ne pouvait même pas toucher le sol avec son pied tant la douleur lui parcourait la jambe.
_ On va où maintenant ? Vous et vos idées légendaires vont bien réussir à nous sortir de ce pétrin non ? Parce que Rusard sera là d'une minu… »
Snape se fit interrompre par une lueur au loin, signe d'une personne s'approchant, une torche à la main… Or, il n'y avait qu'un seul individu autorisé à errer dans Poudlard au beau milieu de la nuit.
« La salle sur demande, balança Hermione sans réfléchir. »
Dieu bénissait cette sorcière pour sa réactivité ! Dans la hâte, Snape l'aida à clopiner jusqu'à l'endroit prévu, avec difficulté néanmoins. La différence de corpulence était bien trop importante, et si elle avait réussi à lui péter la cheville, alors lui semblait à deux doigts de se casser en deux à chaque secousse sur ses maigres épaules.
« Je suis vraiment désolée, murmura-t-elle.
_ Vous pourrez l'être quand on sera à l'abri.
_ Je vous jure, je suis en train de tout gâcher, minauda la jeune femme.
_ Mais non, nous sommes deux à faire n'importe quoi, rassurez-vous. »
Soudain, les deux sorciers se figèrent en entendant le cri d'effroi de Rusard, qui venait sans doute de découvrir l'état pétrifié de sa chatte.
« On se grouille, murmura Snape en l'invitant à accélérer le pas. »
Alors que la porte de la salle sur demande se profilait, chacun de deux donnèrent tout ce qu'ils avaient en stock pour foncer, l'ouvrir, et s'y réfugier… Et ce fut enfin chose faite, au plus grand damn de Rusard qui vit la porte s'effacer avant même d'avoir mis la main sur ce… ce criminel !
Hermione comme Snape était si essoufflés et en nage qu'ils continuaient à reprendre leur souffle, adossés à la porte close.
« Ça va ? demanda le directeur de Serpentard avec difficulté.
_ J'ai connu mieux, répondit Hermione avec une cadence hachée.
_ Il faut qu'on comprenne pourquoi… Pourquoi on échange sans arrêt de corps de la sorte. »
Hermione se contenta d'hocher la tête avec vigueur, puis s'appuya sur ses genoux. Elle était à bout de souffle, elle était crevée, elle rêvait d'une putain de douche et de son lit douillet. Oh, pas celui du dortoir des Gryffondor, non. Celui de Snape. Au calme, avec un feu de cheminée et un bouquin inédit dénichée dans sa bibliothèque.
Mais non ! Il fallait qu'elle soit dans cette école de malheur ! Dans cette salle sur demande de merde, avec une cheville explosée et Snape qui faisait mine de rien. Il avait foutrement raison : sa vie était pire que la sienne.
Le professeur de potions quant à lui, avait enfin repris ses esprits, mais n'avait pas bougé pour autant. Il continuait de rester dans la même position, jetant des coups d'oeil discrets vers lui, enfin, elle.
Il n'avait jamais vu une mine si abattue sur son visage.
« Oublions toute cette histoire, lâcha-t-il d'un ton dur. »
Hermione garda cet air contrit sur le visage, avant que son regard ne commence à briller dans le vide.
« Vous n'allez quand même pas vous mettre à pleurer, rassurez-moi. »
Hermione renifla légèrement, avant de nier de la tête.
« Non. Non ça va, tenta-t-elle de se rassurer en essayant tant bien que mal de reprendre ses esprits. »
La jeune femme sentait bien cette boule dans sa gorge qui ne demandait qu'à être libérée par une bonne crise de larmes, mais elle voulait rester forte. Enfin quoi ! Elle n'allait pas se laisser abattre pour si peu.
Après tout, elle était juste dans la peau d'un agent double, elle se ferait juste sans doute appelée par Voldemort en personne d'une minute à l'autre, elle devait juste tenir cours à une école tout entière sans aucune formation, sans compter sur l'importance d'avancer sur une potion extrêmement complexe, et en plus, maintenant, elle devrait faire tout ça en clopinant à cause d'une cheville, foulée, dans le meilleur des cas.
Non, vraiment, tout baignait !
Snape lui, n'était pas bête. Il n'avait aucun mal à voir que la jeune femme était au fond du gouffre. Mais comment faire ? Il avait anticipé cette situation depuis le début. Il n'était pas dupe, il savait bien que sa vie était très peu enviable. Alors là, si on y ajoutait cette soirée catastrophique, il n'osait imaginer dans quel état elle devait être.
« Bon. Asseyez-vous… »
Snape se décida enfin à observer la salle et son contenu. Il vit alors un salon plutôt cosy, composé d'une longue table et même d'une pharmacie pas si loin de deux long sofa en tissu. D'ici, ils avaient l'air confortables.
« Là, compléta-t-elle avec lassitude en claudiquant jusqu'au canapé. »
Hermione s'y laissa tomber et se fourra le visage dans les mains en finissant par sangloter pour de bon. Puis elle se massa la cheville en se passant une main lasse dans les cheveux.
« J'en ai marre, finit-elle par chuchoter, juste pour elle-même. Je suis fatiguée, si fatiguée. »
Snape l'observa quelques secondes en se mordant l'intérieur de la bouche avant de se décider à venir à sa hauteur d'un pas précipité, s'agenouillant sur le sol, juste à côté d'elle.
Il ne ressentait pas souvent de la compassion pour quelqu'un, mais enfin… Se retrouver dans sa peau, il pouvait affirmer qu'il savait bel et bien ce que ça faisait par moment. Et il y a certains jours où il avait plongé lui aussi, dans les larmes, ou dans l'alcool.
« Miss Granger, commença-t-il.
_ Non, non, ça va, répondit-elle catégorique en se reculant de lui. Je veux être seule. »
Snape observa tout autour de lui, et fouilla soudain ses poches de pantalon d'où il ressortit un paquet de mouchoirs qui lui tendit en grimaçant.
« Merci, lui dit-elle en les acceptant sans le regarder, mais j'ai besoin de solitude. S'il vous plait. »
Snape soupira en laissant tomber ses bras… Avant de se lever et de farfouiller la grande pharmacie derrière eux.
« Arrêtez, répéta-t-elle d'un ton usé. »
Snape ne l'écouta pas. Il observa ainsi le contenu de cette armoire. Elle était vitrifiée et comportait des tas de fioles. Il en sortit ainsi une dizaine et commença à faire des mélanges douteux auxquels Hermione ne porta même pas attention, avant de verser une mixture verte dans un verre qu'il lui tendit à peine trois minutes plus tard.
« Qu'est-ce que vous faites, demanda-t-elle un brin agacé.
_ Laissez-moi juste… vous aider, grimaça-t-il en l'incitant à boire ce qu'il lui avait préparé. »
Hermione soupira, puis jeta un coup d'oeil vers le verre, pour revenir vers lui. Snape ne faisait jamais ce genre de choses d'ordinaire. Peut-être l'ignorait-elle, mais lui, aider quelqu'un ? Encore faudrait-il qu'il s'aide lui-même ! Mais quelque part ce soir, il avait un peu l'impression de le faire…
La voir dans cet état lui tordait les tripes. Il savait à quel point il était cassé, tant physiquement, que moralement. Ses articulations le faisaient souffrir, son quotidien était beaucoup trop intense, sa routine remplie d'incertitudes et de dangers imminents, et rester sur le qui vive en permanence ne pouvait que laisser des traces…
Il devait se soigner, pour adoucir un peu la peine de tous. C'était devenu indispensable.
« Vous m'aidez après ce que je vous ai fais subir tout à l'heure, minauda-t-elle en buvant la potion qui soulagea un peu sa douleur. »
Snape soupira en reprenant place à même le sol.
« C'est sans importance, marmonna-t-il. Et en plus, je suppose que ce qui vous ai arrivé est en partie ma faute… »
Hermione soupira. Snape se mordit la langue et se dirigea ainsi vers sa cheville endolorie sur laquelle il passa sa main. La jeune femme siffla de douleur en se crispant. La potion n'était pas assez efficace pour que ce genre de geste soit tout à fait indolore.
« Pourquoi vous dites ça, demanda-t-elle en grimaçant lorsqu'il porta ses deux mains autour de son pied afin de l'examiner.
_ Hé bien, je ne voyais pas l'interêt de prendre soin de ma petite personne avant que quelqu'un ne décide d'habiter dans mon corps décrépi. »
Lui, se redressa vers la jeune femme en un espace de rictus désolé.
« Sans compter ma proportion à me casser lamentablement la figure sans arrêt, ajouta-t-elle en pouffant un peu.
_ Un miracle que cette cheville ne se soit foulée que maintenant. »
Tous deux se regardèrent un moment… avant de finir par en rire. De nouveau, Snape sentit son ventre se tordre, mais ce n'était plus de l'excitation sexuelle. Il en prenait conscience maintenant qu'il « savait » ce que procurait le plaisir féminin.
Non, c'était autre chose… Et il ne préférait clairement pas y penser. Qui sait si tout cela ne lui avait pas simplement retourner l'estomac ? Ils étaient passés par tellement d'émotions différentes aujourd'hui !
« Enfin tout de même, pétrifier Miss Teigne ? demanda Hermione. Il fallait l'arrêter, mais pas à ce point !
_ J'ai paniqué ! Imaginez ce qu'aurait pensé Rusard s'ils nous avaient trouvés comme ça, vous en calbute allongée par terre, et moi en pleine nuit en train de vous passer un savon.
_ Vous auriez fini en retenu, moi à l'infirmerie, et on aurait du rendre des comptes à Dumbledore.
_ Exactement, lui glissa-t-il en haussant les sourcils. »
Hermione hocha la tête d'un air pensif. Snape constata que, fort heureusement, cette maladroite ne s'était rien cassé. En silence, il concocta alors un autre mélange, plus complexe et qui nécessitait donc de longues minutes de préparation. Elle l'observa faire, sans poser de questions.
« Je vais réajuster le dosage, vu que vous avez réussi l'exploit de me faire prendre au moins 3 ou 4 kilos en une semaine, accusa-t-il d'un regard réprobateur.
_ Vous êtes un véritable estomac sur pattes qui s'ignore, Severus Snape.
_ Pas du tout, lui répondit-il en levant un sourcil.
_ C'est parce que vous ne vous écoutez pas assez. Mais croyez-moi, dès que vous avez un morceau de chocolat dans la bouche, c'est encore mieux qu'un orgasme.
_ Voyez-vous cela. »
Hermione arrondit soudain le regard en devenant rouge pivoine.
« Non, enfin… Enfin je veux dire, c'est une image, bégaya-t-elle. Pas que je sache ce que...
_ Bien sûr, dit-il un brin amusé.
_ Vous vous moquez de moi c'est ça ? »
Snape manqua de pouffer de rire, mais garda un visage sérieux tant bien que mal. Sans un mot, il lui tendit un nouveau flacon et elle se confondu en embarras. Ce qui était encore plus drôle à regarder pour son interlocuteur.
« Vous savez, maintenant que vous abordez le sujet, entama-t-il.
_ Oh non, je vous assure. S'il vous plait, ne me parlez plus de ça, supplia-t-elle en se planquant le visage dans un coussin. Je vous jure, je suis une idiote finie, c'est juste que… que enfin merde ! Demandez à n'importe qui ce qu'il ferait s'il était dans le sexe opposé et vous verrez ce qu'il vous répondrez à coup sur !
_ Non, je ne parle pas de ça, grogna-t-il, mal à l'aise. J'aimerais qu'on reconstitue toutes les fois où nous avons de nouveau retrouvé nos corps.
_ C'est arrivé… quand je vous ai tapé le nez, se souvint Hermione. Puis, quand… enfin… Vous savez, marmonna-t-elle.
_ Je crois que c'est une histoire de lâcher prise, balança Snape de but en blanc.
_ Oh… Alors si c'est le cas, on est vraiment dans de beaux draps.
_ Comment ça ? demanda soudain Snape en fronçant les sourcils.
_ Vous, lâcher prise ? Et moi ? On est les deux sorciers les plus butés de cette école, voyez la réalité en face professeur. Il n'y a qu'à voir dans quelle situation désastreuse on se trouve et dans laquelle on s'enfonce par dessus le marché ! »
Snape soupira de lassitude. Sur cela, il ne pouvait lui donner tord.
« On ne tiendra jamais, murmura-t-elle.
_ On n'a pas le choix, trancha-t-il. Tenez, d'ailleurs, je vais raser cette barbe abominable que vous portez.
_ Moi je trouve qu'elle vous va bien, lâcha Hermione en se touchant la mâchoire, regardant dans le vide comme si elle s'observait dans le miroir.
_ Non mais ça va pas bien vous hein, faites vous soigner. »
Hermione ricana. Snape se leva avant de fouiller dans l'armoire et de trouver par miracle, un rasoir. Il prépara ainsi une petite bassine qu'il remplit d'eau à l'aide d'un sort et accompagna le tout d'une serviette qu'il jeta sur la jeune femme qui en sursauta de surprise avant de grogner contre ce manque de délicatesse.
« Asseyez-vous, votre cheville doit s'être remise, il ne suffira plus que d'une dose et ce sera bon. »
Hermione cligna des yeux avant de s'exécuter. Elle remua alors le pied droit, hypnotisée.
« C'est incroyable votre truc.
_ Miss Granger, vous croyez sincèrement que je suis devenu maître de potions par correspondance ? Bon, maintenant fermez-là et laissez-vous faire. »
Snape prit finalement place à sa droite et commença lentement à raser son visage d'un air concentré, trempant régulièrement son appareil dans la bassine avant de reprendre.
« Pourquoi est-ce que vous ne le faites pas ?
_ C'est barbant, je n'ai pas que ça à faire, entre la potion et vos cours. Surtout que je suis terrifiée à l'idée d'abimer votre visage.
_ N'importe quoi, grogna-t-il en passant la lame dans son cou.
_ Vous savez que vous savoir avec une lame de rasoir prés de la carotide n'a rien de rassurant ?
_ Ne me tentez pas. »
Hermione se retint d'en sourire. Si elle devait retenir une chose de cette aventure, c'était qu'au moins, Snape n'était pas aussi sérieux qu'elle se l'était imaginée.
Soudain, le changement de corps se fit de nouveau. Hermione sursauta en se retrouvant devant Snape, un rasoir contre sa joue. Alors, elle le coupa par inadvertance et il siffla de douleur.
« Oh non, pardon professeur. Excusez-moi, s'affola-t-elle en portant la serviette vers sa blessure.
_ C'est à n'y rien comprendre, perdit-il patience. »
Snape l'aida un peu à compresser sa blessure, et sa main sur la sienne rajouta à leur proximité déjà bien présente.
« D'ordinaire, je ne suis vraiment pas si maladroite, je vous assure.
_ Je le sais et c'est bien ça qui m'inquiète. Vous excellez en potion, alors ce n'est pas habituel chez vous. C'est bien pour ça d'ailleurs que Neville s'y prends comme un manche, et qu'il est si mauvais dans ma matière.
_ Neville hein ? Vous l'appelez par son prénom maintenant ?
_ Oh je vous en prie, soupira-t-il. »
Ils attendirent ainsi quelques minutes, mais restèrent dans leurs corps respectifs un petit moment.
« J'excelle en potion ? murmura-t-elle vers lui.
_ Taisez-vous, grogna-t-il. »
De nouveau, une ou deux minutes passèrent. Hermione soupira bruyamment en gigotant sur place.
« Peut-être qu'on a réussi, peut-être qu'il fallait qu'on passe une épreuve et qu'on a gagné.
_ Cette potion n'est pas une discipline olympique magique Hermione ! s'emporta Snape en grimaçant avant d'enlever la serviette de sa joue encore imbibée de sang et de la remettre aussi vite. »
La jeune Gryffondor se tourna vers lui de nouveau et l'incita à ôter le linge de sa blessure afin de prendre le relais. Ainsi, elle appuya dessus avec douceur et délicatesse. Lui, se rendit compte qu'il n'était pas bien habitué à bénéficier de ce genre d'attention… Et il ressentit cette même sensation dans le ventre de nouveau.
« Depuis quand vous m'appelez Hermione, lui souffla-t-elle alors que ses paroles se répercutait dans sa nuque.
_ Entendre votre prénom à longueur de journée dois avoir un impact je suppose. Hermione par ci, Hermione par là, Hermione Hermione Hermione, répéta-t-il. Ils ne vous foutent jamais la paix ? »
La jeune femme ricana avec douceur en tamponnant sa coupure.
« Je me demande combien de temps ça va durer cette fois, lui glissa-t-elle.
_ Longtemps, j'espère. Je ne vis pas très bien le fait de devoir porter des jupes. »
Hermione rit plus franchement, et Snape se tourna vers elle afin de lui prendre la serviette des mains d'un air agacé. Sauf qu'il se rendit alors compte d'à quel point elle était proche, à peine à quelques centimètres de son visage. Ils s'observèrent ainsi avec intensité, la jeune femme descendant son regard vers la bouche de son professeur. Maintenant, elle pouvait enfin l'observer de ses yeux, et le toucher sans que…
En un geste, elle osa porter ses doigts vers sa lèvre inférieure et n'y sentit aucune opposition. Snape ne l'arrêta pas, et continua de l'observer avec un certain magnétisme.
« Ça fait bizarre, vous ne trouvez pas ? murmura-t-elle.
_ Plutôt, oui, chuchota-t-il lui aussi. »
Machinalement, Snape leva sa main afin de passer le plat de celle-ci sur la joue de la jeune femme, puis il la caressa à l'aide de son pouce. Hermione déglutit, sentant son coeur battre plus fort encore. Elle n'avait jamais vu Snape regarder qui que ce soit avec tant d'intensité. Il n'était plus son professeur, plus depuis cette potion, plus depuis leurs échanges, depuis cette complicité nouée bien malgré eux.
Lui, la regarda comme si… c'était la première fois qu'il l'avait en face de lui. Et peut-être était-ce le cas quelque part ? Pensif, il continua de caresser la peau de son visage avant de tracer une ligne le long de sa mâchoire, jusqu'à son menton.
C'était bien différent de se regarder dans le miroir à travers ses yeux, et de l'observer véritablement. Ce qu'il voyait en étant en elle était simplement lui, dans le corps de quelqu'un d'autre. Mais lorsqu'elle l'observait réellement à travers son regard noisette, alors…
Hermione ignorait comment agir, se contentant d'observer Snape sous toutes ses coutures.
« J'ai envie de vous embrasser, balança-t-elle sans réfléchir.
_Quoi ? demanda Snape en fronçant les sourcils. »
Non mais elle ne pouvait pas se taire ?! Intérieurement, la jeune femme eut envie de se flageller.
« Non, je veux dire, tenta-t-elle de nier, les yeux fermés de honte. »
Hermione se confondit en explications plus ou moins alambiqués, des phrases aux mots mélangés qui n'avaient pas de fin et quelques bégaiements suivi d'un long silence.
« Je suis désolée, finit-elle par murmurer. Oubliez, oubliez ce que j'ai… »
Ses dernières excuses furent interrompu par un.. baiser.
Un baiser soudain, tremblant, hésitant, mais aussi franc d'une certaine façon. Il avait glissé sa main derrière sa tête afin de l'amener à lui, elle avait senti le premier tremblement porté sur elle et, passée la surprise, cet échange fort peu banal entre eux se transforma en la chose probablement la plus sensuelle qu'elle n'ait jamais connu. Elle sentit sa lèvre inférieure se faire choyer par cette bouche, et sa langue la caresser avec volupté avant que la sienne ne la rejoigne, dans ces mouvements lents et lascifs.
Leurs souffles se mélangeaient pour ne former qu'un, tous deux inspirant, expirant ensemble, et Hermione comme Snape furent surpris d'à quel point… cela marchait ! C'était même incroyable, intense, charnel, luxurieux sans pour autant tomber dans l'indécence. Leurs lèvres s'entrouvrirent pour mieux reprendre leur respiration, et ne surtout, surtout pas s'arrêter. Pour rien au monde ils ne voulaient stopper ce délice ! Snape considéra ce qu'il était en train de faire et du bien se rendre à l'évidence : jamais, au grand jamais il n'avait reçu ni donné même de baiser aussi naturel, mais bestial à la fois. Comment était-ce possible qu'une chose aussi banale soit aussi… magique ? Ces lèvres là, cette bouche, oh il n'avait jamais gouté de met aussi exquis que ce que lui offrait Hermione Granger en ce moment même !
Hermione songea, au même moment d'ailleurs, que c'était là le meilleur qu'un homme ait pu lui donner, que rien ne pourrait jamais égaler ça, pas même une partie de jambes en l'air avec le meilleur parti du monde sorcier. Elle tuerait même, pour continuer, encore et encore, jusqu'à en mourir.
Sentir sa langue contre la sienne lui arracha un gémissement, qui les firent se séparer tout à coup avec un peu trop de brutalité.
Ils avaient échangé de nouveau de corps. Depuis combien de temps d'ailleurs ? Depuis combien de temps s'embrassaient-ils avec tellement de plaisir, tellement d'appétence que la terre aurait bien pu s'arrêter de tourner qu'ils ne l'auraient même pas remarqué ?
Hermione tâta son visage, avant de toucher sa bouche enfin… Celle de son professeur, engourdi et encore humide de ce baiser impromptu. Elle sentait encore le contact de ses lèvres, et ce fourmillement sur cette partie du visage lui laissa à penser que de longues, très longues minutes avaient dues s'écouler.
Snape quant à lui, parut tout aussi déstabilisé. Il toucha ses cheveux longs et frisés. Ses mains étaient moites et son coeur tambourinait tellement à ses oreilles que tout bourdonnait autour de lui.
Hermione se racla la gorge, mal à l'aise et Snape n'osa se regarder lui-même tellement il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer. Qu'est ce qui lui avait pris ? Pourquoi l'avait-il embrassé après qu'elle ait avoué en avoir eu envie ? Etait-ce parce qu'il n'était pas habitué à faire face à ce genre d'aveux, ou autre chose ?
« Cette potion a de drôles d'effets, murmura-t-elle.
_ Mmmh, acquiesça Hermione, rougissante. Ne deviez-vous pas me donner le second antidote pour ma cheville ?
_ Oh… Si. Bien sûr. »
Snape farfouilla la table, avant de donner une autre mixture, bleu et à l'odeur peu appétissante à la jeune femme qui l'engloutit, cul sec.
« Oh bon sang, c'est immonde, grimaça-t-elle.
_ Ça vous apprendra, balança Snape en haussant les épaules.
_ Merci de votre soutien. »
Hermione se leva et sautilla sur place comme une abrutie. Snape leva les yeux au ciel, puis se redressa à son tour pour lui saisir les bras afin de la faire cesser.
« Vous me fatiguez, soupira-t-il. Et maintenant que j'ai suivi votre idée ingénieuse, je peux savoir comment vous pensez qu'on va réussir à sortir de là ? Connaissant Rusard, il doit encore être en train de poireauter devant la porte. Si je sors de là dans votre peau, je risque de passer un sale quart d'heure et j'y tiens moyennement.
_ C'est là toute la beauté de la chose : où qu'il puisse surveiller, la sortie ne se matérialisera pas devant lui, balança-t-elle avec fierté. »
Snape leva les sourcils, puis resta sans voix.
« Bien. Alors vu l'heure, vous devriez vous dépêcher, lança Snape en jetant un coup d'oeil vers sa propre montre.
_ Pour quoi faire ?
_ J'ai pu constater durant mon premier cours que mon stock d'ingrédients était presque à sec. Il fait nuit dans un peu moins d'une heure, cela vous laisse largement le temps de récolter ce qu'il vous faut. »
Alors c'était ça, sa vengeance ? Hermione leva les yeux au ciel. Quel coup bas.
« Bien, mais ne comptez pas sur moi pour vous raccompagner jusqu'à la salle commune.
_ Oh mais je connais le chemin, balança Snape d'un sourire fier. »
Définitivement un connard.
La panique, le bordel complet ! Hé oui j'ai réussi à publier la suite ce dimanche, je suis fière de moi.
A votre avis, pourquoi Snape a embrassé Hermione ? La potion ? Moi je pense que l'entendre avouer qu'elle en ait envie la fait céder, surtout après avoir vécu un instant de stress pareil. En tout cas, ces deux là sont très forts pour passer à autre chose histoire d'éviter à y faire face. Le déni dans toute sa splendeur !
