Chapitre 6 : Deux mondes
Les trois amis s'étaient installés dans la chambre. Assis à même le sol, les têtes bien calées contre le mur, ils attendaient. De toute façon leur nuit était fichue, aucun d'entre eux ne parviendrait à se rendormir après la crise que leur avait faite Sanzo quand il avait crut voir son ami mourir. Sur son lit, Gojyo semblait s'être calmé. Ça aurait dut les rassurer de le voir dormir tranquillement, mais il n'en était rien en réalité. Au moins quand il faisait une de ses crises ils étaient sûrs qu'il était vivant.
Après plusieurs heures d'attente, le rouquin se bougea dans son lit. Mais ce n'était pas un de ces spasmes qui les effrayaient tant, il s'était tout simplement tourné dans son lit.
Hakkai se redressa d'un bond et courut à côté du lit. Il posa sa main sur le front de son ami avant de pousser un soupir de soulagement.
- Sa fièvre a chutée. Ça explique qu'il soit resté si calme ces dernières heures.
Il posa sa main sur l'épaule de son ami et commença à le secouer pour le réveiller.
- Gojyo, hé ! Gojyo debout, t'as assez dormit là !
Les deux autres se levèrent et s'approchèrent du lit en silence. C'était trop beau pour être vrai. Il ne pouvait pas être sur le point de se réveiller. Pas après les deux semaines d'angoisse qu'il leur avait fait vivre.
Le rouquin bougea une nouvelle fois dans son lit, leur tournant le dos. Le brun le secoua de nouveau, plus fort que la première fois.
- Mmm… Sanzo… J't'ai dit que je voulais dormir…
Hakkai se tourna vers le moine lui lançant une interrogation muette. Le sang monta au visage du bonze qui ne bougea pas de sa place, attendant la suite des événements.
Le kappa se redressa péniblement sur son lit et rouvrit les yeux. Quand il reconnut le visage de l'ancien humain au-dessus du sien il prit peur et se recula d'un bond.
- Qu'est ce que tu fais dans cette chambre ? Et pourquoi t'es plus dans mon lit toi ?
Sanzo se recula, de nouveau gêné. Voilà, leur ami avait définitivement perdu la tête.
- Ne prends pas tes rêves pour la réalité kappa, répondit violemment le moine tout en sortant une clope pour reprendre contenance.
- Tu m'as appelé « kappa » ? Depuis quand tu…
Gojyo s'assit totalement sur son lit et balaya sa chambre du regard. Ce n'était pas le dortoir de son lycée. Et les vêtements qu'il portait n'étaient pas les siens.
Goku lui sauta au cou avant de s'asseoir sur le lit. Il était heureux de le voir en vie, même s'il racontait des trucs bizarres.
- Tu t'es enfin réveillé ! On avait peur tu sais ? demanda Hakkai ayant retrouvé le sourire, des larmes roulant sur son visage.
- Je dormais ?
- En quelque sorte oui. Disons qu'on a bien crut que tu allais y passer…
- Alors, ce n'était qu'un rêve…
Il fit descendre Goku de son lit et voulu se lever pour se rendre à la fenêtre, mais Hakkai l'en empêcha. Il le força à se rallonger et le recouvrit de la couverture. Gojyo ferma les yeux. Ce n'était qu'un rêve. Un cauchemar oui… Non, le cauchemar c'était d'être de nouveau revenu dans ce monde. Il était bien mieux dans l'autre…
- Laissez-moi un peu. J'ai… Besoin de faire le point.
Hakkai approuva d'un signe de la tête. Il semblait sorti d'affaire, il n'y avait plus rien à craindre. Il attrapa le saru par le bras et se dirigea vers la sortit.
- Sanzo… Reste…
Sans un mot, le bonze s'installa sur le lit. Les deux autres sortirent de la pièce, le sourire aux lèvres.
- Dit Hakkai, j'ai faim.
- Mais bien sur Goku. Descendons à la cuisine.
La porte se referma, laissant le moine et le kappa seuls.
- C'était quoi ce rêve dont tu parlais ?
- C'était bizarre… Vraiment très étrange. Tu étais une espèce de monstre autoritaire, surveillant dans un pensionnat… En fait, t'avais un rôle qui te convenait à merveille, conclut le jeune homme en souriant.
Le silence s'installa. Sanzo repensait encore à ses lèvres sur les siennes… Mais Gojyo n'était pas réveillé à ce moment là, il ne pouvait tout de même pas se permettre de recommencer. Ce n'était pourtant pas l'envi qui lui manquait. Il n'avait jamais été aussi heureux de sa vie. Pour une fois on ne l'avait pas laissé. Il n'était pas mort.
Quant au rouquin, il revivait chacun des moments de son rêve. Il était si réel ! Chaque sentiment, chaque sensation qu'il avait éprouvée pendant son sommeil semblait bien là, gravé en lui.
- Tu t'es inquiété pour moi ?
- Non… Non ! Bien sur que non ! Pourquoi me serais-je inquiété pour toi ?
- Tu mens. Tu mentais déjà dans mon rêve et là tu mens encore.
Sanzo ne répondit rien. Il ne voyait pas ce qu'il pourrait lui répondre de toute façon, vu qu'il avait raison.
Ce n'était qu'un rêve. Mais dans un rêve on ne devait pas pouvoir ressentir de la douleur, dut à la fièvre par exemple, ou le bien être totale, dut à la présence de Sanzo dans son lit.
Le moine se leva et se dirigea vers la fenêtre, laissant Gojyo à ses songes. Sa cigarette était finie et il en ralluma une nouvelle. Il n'avait pas fumé depuis plusieurs jours et il était en manque cruel de nicotine. Gojyo se leva et s'approcha du bonze. Sanzo ne faisait plus du tout attention à lui, se concentrant uniquement sur son briquet qui refusait une nouvelle fois de marcher. Avant de quitter cette ville il fallait qu'il pense à acheter un paquet d'allumette. Gojyo était réveillé, il allait de nouveau pouvoir s'ignorer royalement et les choses allaient reprendre leurs places d'origine.
Profitant de l'absence d'attention du moine, le rouquin s'arrêta derrière lui et passa ses bras autour de cette taille si fine qu'il avait tenu contre lui dans son rêve. Il reconnut sans mal le parfum qui emmenait de ses cheveux. Son rêve n'avait plus été aussi près de lui depuis son réveil.
Sous l'effet de la surprise, Sanzo l'achat sa cigarette qui alla s'écraser par terre. Il fixa le mur fasse à lui tentant de faire le vide dans sa tête. Il fallait qu'il reste calme. Qu'il chasse tout doute de son esprit pour ce concentrer uniquement sur ce qu'il allait ce passer dans cette chambre.
- Qu'est ce que tu fais ? demanda le moine sans se débattre.
- Je revis mon rêve. Tu sais ce qui est phénoménal dans un rêve ? souffla le rouquin à l'oreille du blond. C'est qu'on peut vraiment y faire tout ce qu'on veut… Absolument tout.
Il se pencha en avant et cola ses lèvres contre le cou de son ami qui, à la plus grande surprise du kappa, se laissa faire.
- Tu… Tu es conscient de ce que tu fais là où c'est les restes de ta fièvre qui te fait agir de cette façon ? demanda le bonze en gémissant de ravissement.
- Tu préférerais quoi toi ?
Le moine se recula, se dégageant de l'étreinte de son ami. De nouveau face à lui, il put reprendre les choses en main. Il n'aimait pas quand elles lui échappaient. Il posa sa main sur le front de son ami comme pour prendre sa température. Son front était froid. Au moins il n'avait plus de fièvre. Ça voulait dire qu'il était conscient à cent pour cent ?
Il approcha son visage de celui du rouquin et reposa ses lèvres sur les siennes, comme lorsqu'il était inconscient.
- On va faire quoi maintenant ? demanda le moine.
- Je suis beaucoup moins fatigué que tout à l'heure…
- Hein ?
- Rien. Viens reste là c'est tout ce que je veux.
Samedi. Premier jour des premières vacances de l'année dans le lycée de Gojyo et des autres. Dans la 352 B, l'agitation était à son comble. Gojyo et Hakkai partaient, comme tous les ans, camper dans le sud du pays. Il y faisait encore très chaud en cette période. Et cette année pour la première fois ils emmenaient avec eux deux invités. Le petit Goku qui n'avait aucune envi de retourner à l'orphelinat et le pion Sanzo qui ne voulait pas voir sa tante. Il aurait fallu qu'il la remercie pour son travail et ça il n'y tentait pas vraiment.
Les garçons remplissaient leurs valises en riant et s'imaginant déjà sur la plage. Gojyo s'assit sur son lit et attrapa le pion par le bras pour qu'il vienne l'y rejoindre. Il passa une main dans les cheveux blonds.
- Alors ? demanda Hakkai. Plus de cauchemar ?
- Non plus un seul depuis des lustres… Enfin plus depuis que Sanzo et moi on…
Goku se jeta sur le lit entre les deux amis qui grognèrent de mécontentement.
- En tout cas tu ne nous réveille plus la nuit, répondit le môme en souriant.
- Toi le singe on t'as rien demandé.
Depuis le jour où Gojyo l'avait malencontreusement appelé saru alors qu'il était en pleine crise de fièvre le surnom lui était resté. D'après Sanzo ce nom lui correspondait à merveille.
- Tu avais raison Hakkai. Mes rêves devaient être dut à la fatigue. Il faut dire que beaucoup de choses me sont tombées dessus en même temps…
Il jeta un regard en coin au pion en souriant.
- T'as qu'à dire que je suis la cause de t'es cauchemar.
- Je ne dirais pas ça comme ça…
Les rêves n'étaient effectivement jamais revenus. Peut-être que tout ce qu'il avait besoin c'était d'une bonne journée de repose, rien de plus. Pourtant, leurs souvenirs restaient très vifs dans son esprit. Il se souvenait de chacun de leur moment comme des morceaux de sa propre vie.
Le gamin descendit du lit et retourna à sa valise. Gojyo regardait le vide. Sans ses rêves sa vie n'aurait peut-être pas prit ce tournant. Il n'aurait pas fait aussi attention au beau pion qui lui ne lui aurait jamais proposé sa chambre. Et aujourd'hui ils ne partiraient pas tous les quatre, ensembles, vers le sud à bord de la jeep qu'Hakkai s'était achetée deux jours après l'arrêt des rêves de Gojyo. Quand le rouquin avait vu la voiture il l'avait regardé sans rien dire pendant un instant avant d'y monter. Hakkai lui avait demandé pourquoi il ne montait pas à l'avant. Son ami avait répondu qu'il testait la banquette arrière. Il s'était bien gardé de lui dire qu'il avait tout simplement l'habitude de voyager à l'arrière, que la place du mort était réservée à Sanzo et que jamais il n'aurait eu l'idée de la lui prendre.
Deux mondes, deux réalités. Et pourtant aucun de ses deux occupants n'aurait put déclarer avec certitude que son monde était le meilleur. En fait, ils se complétaient, et aujourd'hui une partit d'eux le savait. La frontière entre ces mondes était mince. Mince comme une crise de fièvre ou un besoin d'aide pour réaliser ses rêves les mieux cachés…
FIN
Note : Bon et bien voilà c'est fini. Je sais pas trop ce que ça donne. Dite si vous aimez pour savoir si je dois continuer d'écrire ou jeter mon ordi par la fenêtre lol.
