Chapitre 3 : Etre humain

« Professeur Snape ? »

Severus leva la tête du livre qu'il était en train de livre, énervé d'être interrompu. Cet énervement se transforma en suspicion quand il reconnut la voix. Il plissa les yeux et regarda l'homme qui se tenait devant l entrée de son bureau. «Drago Malfoy. »

« Puis-je entrer ? »

« Comme il s'agit de mes heures de bureau, je ne pense pas pouvoir vous renvoyer sans bonnes raisons. » Répondit Severus froidement.

« Je vais prendre ça pour un oui. » Marmonna Drago en entrant. Il ferma fermement la porte derrière lui. »

Que faites-vous ici ? Je ne suis pas Harry ; vous ne pouvez pas me duper pour gagner ma confiance. C'était en train de devenir l'un de ces jours et Severus savait qu'il aurait dû rester coucher. Le premier jour de classe n'était jamais drôle, surtout quand il devait s'occuper de premières années, super excités, regardant tout avec des yeux écarquillés et trop occupés à regarder bêtement autour d'eux pour vraiment faire attention aux cours. Une confrontation avec Drago se situait en bas de la liste des choses qu'il voulait faire dans sa journée, ou une autre, en fait.

« Est-ce que ça vous dérange si je m'assois ? » Lui demanda Drago. Il traversa la pièce et s'arrêta devant le bureau de Severus puis désigna une chaise devant lui.

« Est-ce que ça fait une différence, si c'est le cas ? »

Drago exhala un soupir. « Ca va être comma ça, je vois. »

« Dites ce que vous avez à dire et allez-vous en, j'ai du travail qui m'attend. »

Drago rit. « Oh, s'il vous plait c'est le premier jour, vos étudiants peut-être, mais certainement pas vous. Je me souviens très bien de votre première classe de l'année.

« Ne présumez pas savoir quoique ce soit à mon sujet. »Claqua Severus froidement.

L'amusement quitta les yeux pâles de Drago « Peut-être est-ce vous qui ne devriez pas présumer me connaître, Severus. » Il secoua la tête. « Je ne suis pas ici pour tuer Potter, vous savez. »

Si Severus avait pu plisser ses yeux davantage, il les aurait fermés. « Je suis sûr que vous nous le diriez, si c'était le cas. » Répondit Severus, sarcastique. Comment osez-vous prétendre me connaître, Drago Malfoy ? Vous ne savez rien à mon sujet.

« Bon Dieu, il avait raison. » Marmonna Drago. Il élabora quand Severus siffla quelque chose d'inintelligible. « J'ai rencontré la catastrophe ambulante un peu plus tôt aujourd'hui. » Si quelqu'un d'autre avait parlé ainsi de Harry, il aurait été amusé, mais comme il s'agissait de Drago, il empêcha le sourire d'apparaître sur son visage. « Et il m'a dit que vous étiez inquiet sur le pourquoi de ma présence ici. Ce qui me fait penser…Je suis sûr, que s'il m'a dit cela, c'est parce qu'il était inquiet soit à votre sujet soit au mien. » Drago jeta un œil en direction de Severus qui le regardait avec des yeux noirs.

« Pour quelle raison, serait-il inquiet pour vous ? » Gronda Severus. Maudit sois-tu, Potter. Même après m'avoir promis de faire attention…A quoi penses-tu ?

Drago haussa les épaules, « Oh, je ne sais pas. Le fait que vous soyez connu pour votre tempérament imprévisible et coléreux qui pourrait vous conduire à me tuer dans une crise de paranoïa, serait probablement une raison suffisante. » Drago leva une main quand Severus bougea pour parler, « La conversation n'a pas bien commencé. Ecoutez, je suis venu aujourd'hui pour vous expliquer les raisons de ma présence ici et vous allégez l'esprit, pas pour me battre avec vous.

« Pourquoi voulez-vous m'expliquer vos raisons ? » Lui demanda Severus froidement

« Parce que je vais travailler avec vous. Parce que les prochains mois, nous allons vivre ensemble dans un château plutôt grand qui peut sembler petit si nous nous disputons à longueur de journée. Nous devons nous habituer à nous entendre. » Drago jeta un coup d'œil vers lui et fit ce que l'on pourrait appeler un sourire hésitant.

Severus, le visage sans expression, le regarda simplement « Je crois que vous confondez amitié avec nécessité. J'avais un rôle à jouer quand vous étiez ici et je l'ai joué pour survivre et ne pas me faire repérer par des mangemorts ou par leurs enfants qui fréquentaient l'école. Mon amitié pour vous n'était rien d'autre qu'une comédie destinée à tromper les regards suspicieux.

« Et moi qui pensais que c'était dû à ma ressemblance avec mon père. » Railla Drago. Il semblait essayer de masquer sa douleur par la colère.

Si Severus avait été n'importe qui d'autre, il aurait tressailli. Comme c'était lui, il sentit à peine ses ongles s'enfoncer dans sa paume. Bravo, Monsieur Malfoy. Personne ne vous confondra jamais, vous êtes un Malfoy, vous venez de nous le prouver.

« Désolé, c'était déplacé. » Drago s'excusa un instant plus tard avec un soupir. « Ca ne va vraiment pas comme je l'avais espéré. »

« Et comment espériez-vous que notre conversation se déroulerait ? » Répondit Severus. Lui as-tu dit Lucius ? As-tu parlé de ton passé à ton fils ? Est-ce cela qu'il a voulu dire à l'instant ?

« Je voulais clarifier les choses et non les empirer. Puis-je simplement recommencer ? »

« Si ça peut vous faire partir hors de ma vue plus rapidement, alors recommencez.»

« Nous pourrions le faire sans nous battre. Pour le bien d'Harry, si ce n'est pas pour une autre raison, pouvons-nous simplement discuter ? »

En quoi vous intéressez-vous à Harry ? Severus savait que Drago le manipulait pour qu'il accepte de parler. Mais il savait aussi que le jeune homme avait raison, même si l'admettre l'exaspérer. Déterminer si Drago était ou non réellement après Harry empêcherait les nombreuses disputes que Severus voyaient se profiler à l'horizon. Oui, pour le bien d'Harry, je discuterai avec vous. Pourtant, je sais que vous ne comprendrez jamais les raisons qui me poussent à agir ainsi.

« Parlez, Monsieur Malfoy »

« Je ne pouvais pas rester à la maison. A la mort de mon père, les protections qu'il avait installées pour garder ses secrets sont tombées et le ministre de la magie n'a pas perdu de temps. L'occasion était trop belle de déterminer si mon père gardait ou non une trace de l'identité de tous les loyaux partisans de Voldemort, pour ne pas en profiter. En quelques semaines, la maison fut inondée d'aurors et d'officiers du ministère. Tous essayaient de découvrir les secrets gardés par mon père. J'ai pensé qu'il serait plus sage de ne pas me trouver sur leur chemin. Je n'appréciais pas non plus de les voir saccager la maison dans laquelle j'ai grandie. Il ne m'a pas fallu longtemps pour découvrir que le monde sorcier voulait autant de moi que de Voldemort. » Drago sourit amèrement à Severus.

« Partout où j'allais, on me regardait avec suspicion et colère. Je suis sûr que vous êtes familier avec ces sentiments. Que vous le vouliez ou non, vous, plus que quiconque de ma connaissance, pouvez comprendre ce que j'ai ressenti cette année. »

« Ne comparez pas votre situation à la mienne. »

« Pourquoi pas, Severus ? Elles sont remarquablement semblables. J'ai été maudit parce que je suis le fils d'un mangemort. Vous avez été maudit parce que vous avez vvécu comme l'un d'eux un temps. »

Le fait que Drago ait fourché la langue, n'échappa pas à Severus.

Vous savez quelque chose, pensa Severus avec surprise en le regardant fixement et avec attention. Ce n'est pas ce que vous alliez dire. Si j'en juge par votre expression, vous savez que je le sais aussi. Alors qu'est-ce donc ? Qu'alliez-vous dire ? Et pourquoi vous êtes-vous arrêté ?

« J'ai essayé différents endroits. » Continua Drago. La légère rougeur émanant de son précédant commentaire s'effaçait lentement. « J'ai toujours reçu le même accueil. Ils avaient peur de moi. Ils n'avaient pas confiance en moi. Je ne pouvais pas le leur reprocher, quand j'y pense. Comment pouvais-je leur expliquer que je ne suis pas mon père ? »

« J'ai donc fini par venir ici. Ne vous trompez pas ; je sais très bien de quelle manière je me suis comporté quand j'étais étudiant. Je ne m'attendais pas à autre chose qu'à une autre porte fermée. » Drago regarda Severus directement dans les yeux. Ce dernier vit une réelle surprise et de la perplexité dans ces yeux gris. « Mais ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé. Albus Dumbledore m'a lui-même ouvert la porte. Il ne m'a posé aucune question. Il m'a souri, m'a dit qu'il m'attendait, m'a demandé si je voulais rester et que je serais le bienvenu si je restais en tant que membre de la faculté. C'était il y a deux moi et je ne comprends pas plus aujourd'hui qu'alors. »

Drago secoua la tête. « Pourquoi l'a-t-il fait ? A ce moment là, j'ai pensé que c'était dû à son habitude de donner aux exclus de la société un endroit qu'ils peuvent appeler maison. Mais il ne peut pas être aussi confiant, si ? Pas une fois, depuis que je suis ici, je n'ai vu dans ses yeux ou dans ceux de MacGonagall une lueur de suspicion. Les deux personnes qui auraient le plus de raisons de se méfier de moi ! »

Une Brève seconde, Severus vit une image : deux personnes debout côte à côte dans une pièce qui ne pouvait être que le bureau d'Albus. Minerva MacGonagall tenait fermement dans sa main, dont les jointures étaient blanches, une liasse de papiers. Albus Dumbledore avait un regard triste. L'image disparut presque aussi vite qu'elle était apparue, mais elle s'était cristallisée dans l'esprit de Severus. Vous aussi Minerva ? Est-ce que tous les autres méritent plus votre confiance que moi, Albus ? Pourquoi ?

« Severus, vous allez bien ? »

Severus cligna des yeux et focalisa son regard sur le visage de Drago. Ce dernier l'observait avec un sentiment proche de l'inquiétude. « Ses mots exacts, Drago. Quels étaient ses mots exacts ? »

« Quoi ? » A son tour Drago cligna des yeux, apparemment surpris par le ton véhément de Severus.

« Le jour où vous êtes arrivé, quand il a ouvert la porte, que vous a dit Albus ? »

Drago secoua la tête, « Je ne sais pas si je peux vous répéter exactement ce qu'il a dit, Severus. Je ne m'attendais à être interrogé là-dessus des mois plus tard. Donnez-moi deux minutes et je ferai de mon mieux. »

Le fils d'un homme fou, Albus ? Que faites-vous ? Pensa Severus en attendant que Drago organise ses pensées. Je vous promets Albus, que s'il arrive quoi que ce soit à Harry à cause de vos magouilles, je vous jure que...d'une manière ou d'une autre, vous le paierez. Même si c'est la dernière chose que je fais.

« Il a ouvert la porte et m'a regardé comme s'il m'attendait depuis des jours. » Dit Drago soudainement en interrompant les pensées de Severus. « Je n'avais pas prononcé un mot qu'il me souriait déjà et me dit, 'Ah, Drago Malfoy, c'est un plaisir de vous voir enfin ici. Je vous attends depuis un certain temps maintenant. S'il vous plait, entrez et faites comme chez vous. Nous pouvons discuter des arrangements de votre séjour ici après dîner. Je suis sûr que vous devez avoir faim.' Il m'a ensuite conduit vers la Grande Salle. »

«En êtes-vous sûr ? Il n'a pas la moindre intention de faire du mal à Harry ? »

« Oui, j'en suis sûr »

« Qui a amené le sujet sur le poste de Défense Contre les Forces du Mal, Drago ? »

« Dumbledore. Je peux vous assurer que je n'ai rien à voir avec ça. »

Si je vous posais la question, vous me diriez simplement de vous faire confiance. Je ne peux plus faire cela Albus. Quelque que soit la toile que vous tissez, elle est trop emmêlée pour que j'ai foi en vous plus longtemps.

« Je sens que quelque chose ne va pas. » Observa Drago avec perspicacité. « Qu'est-ce qu'il y a ? Je sais que ça a un rapport avec moi. »

« Je ne sais pas quel rôle vous jouez là-dedans, Drago. » Répondit Severus calmement. « Vous n'êtes pas ici pour faire du mal à Harry ? »

« Non. » Répondit Drago avec gravité. « Vous êtes certainement la personne la plus douée du monde sorcier pour concocter des potions. Faites un flacon de veritaserum et donnez-la-moi si vous doutez de moi. Je la boirai si vous le souhaitez et je répondrai à vos questions. Si c'est ce qu'il faut, pour que vous me croyiez, je le ferai. »

Severus scruta Drago. Le fils de l'homme qui l'a trahi le regardait dans les yeux sans fléchir. Ce que vous me demandez de faire est pratiquement impossible pour moi. Et pourtant…Severus soupira intérieurement. Faire et donner à Drago du veritaserum pourrait être facile. Il risquait de provoquer la colère du ministère pour avoir utilisé une telle potion sans autorisation. Que Drago soit volontaire ne serait pas pris en ligne de compte, face aux objections du ministère. Mais ce serait un moyen infaillible de savoir avec une absolue certitude si Drago mettait ou non la vie de Harry en danger.

Il pouvait dire que Drago était sincère. Le jeune homme n'était pas son père, qui pouvait mentir et bluffer avec une facilité déconcertante et dont l'art était de décevoir. C'était pour lui une deuxième nature. Et parce que Drago n'était pas son père, à cet égard…Severus pouvait presque entendre la voix de Lucius le supplier de donner une chance à son fils pour prouver qu'il est tout ce que lui ne pouvait pas être. Tu es mort depuis près d'un an. Combien de temps faudra t'il pour que ton fantôme me laisse en paix ? Severus inspira profondément. C'est drôle, à quel point nous pouvons être fou. « Vous pouvez vous détendre Monsieur Malfoy. Je ne vous administrerai pas de veritaserum aujourd'hui. »

« Pourquoi ? » Laissa échappa Drago, surpris. « Je ne comprends pas. Si ça vous permet de me croire, faites-le. Je ne veux pas passer l'année à me disputer avec vous et à écouter Potter se plaindre et me raconter les prises de bec que vous aurez eues tous les deux par ma faute. »

« Je doute que vous compreniez mon raisonnement, Drago. Il suffit de dire que… je retourne une très vieille faveur. » Répondit Severus calmement.

Le regard de Drago s'aiguisa. « ¨Peut-être que je le comprends, Severus. Peut-être que je comprends mieux que vous ne le pensez. »


« Que veux-tu dire ? Tu t'en vas ? » Demanda Harry, « L'année vient tout juste de commencer et- »

« J'ai un travail Harry, contrairement à d'autres personnes, je ne peux jouer les pics assiettes du château plus longtemps. » Répondit Ron avec un sourire moqueur pour atténuer ses propos. « Je suis ici une semaine de plus que ce qui était prévu. J'étais censé retourner travailler le lendemain de la répartition, mais Dumbledore a tiré quelques ficelles et a réussi à convaincre le ministère de m'octroyer une semaine supplémentaire. »

« Mais il ne se passe rien dans le monde sorcier en ce moment. Pourquoi ont-ils besoin d'au autre auror ? » Lui demanda Harry avec humeur.

« Nous devons encore nous occuper de certaines choses au manoir Malfoy. Tu ne croirais pas tout ce que nous avons trouvé là bas. »

« Comme quoi ? » Harry se rappela une conversation qu'il avait eue avec Drago, quelques jours auparavant sur ce qui s'était passé pour lui à la mort de son père.

« Malfoy gardait toutes sortes de choses, certaines impliquent d'autres personnes, fidèles à Voldemort ou des mangemorts, que nous ne soupçonnions absolument pas. » Expliqua Ron. « Il y a également des documents sur certains crimes commis, des plans avaient été préparés mais pas encore terminés. C'est un gros travail, suivre certaines traces, en inspecter d'autres. On est peu à travailler dessus pour l'instant. Le ministère a tout enfermé quelque part. Je ne sais pas si beaucoup de choses ont été enlevées du Manoir Malfoy mais je ne pense pas qu'on ait tout inspecté pour l'instant. C'est pourquoi, je dois repartir demain. Nous avons beaucoup à faire. »

« J'avais juste espéré que tu puisses rester un peu plus longtemps. » Murmura Harry.

« Je serai encore ici, » Lui fit remarquer Hermione, un peu ennuyée, « Ou est-ce que je ne compte plus ? »

« Bien sûr que tu comptes ! » Protesta Harry, « Je ne vous ai pas vu pendant deux ans et maintenant que je suis rentré, Ron s'en va. »

« Nous ne pouvons pas revenir à l'époque où nous étions à l'école. » Lui dit Hermione gentiment. « Ces jours sont finis. »

Harry soupira misérablement. « Je sais. C'est juste…Je souhaiterais n'avoir jamais perdu la mémoire, vous savez, j'ai manqué tant de choses. J'ai l'impression que tout le monde fait quelque chose de sa vie, sauf moi. C'est comme si je ne faisais parti d'aucun monde. Je n'appartiens certainement pas au monde moldu. Cette chance a été détruite quand j'ai retrouvé la mémoire. Et c'est comme si je n'appartenais pas à celui-ci non plus. »

« Pourquoi dis-tu cela ? » Lui demanda Ron. L'inquiétude colorait sa voix.

« Parce que ! Regardes-toi, tu travailles au ministère ; Hermione enseigne ici. Vous faites quelque chose de votre vie et où suis-je ? Je prends de la place. Parfois, je me demande si le seul but de ma vie, n'était pas de tuer Voldemort et maintenant que c'est fait, on n'a plus besoin de moi. »

« De quoi parles-tu ? Est-ce moi ou Lucius Malfoy menaçait-il notre monde ? » Lui demanda Ron.

« Nous avions besoin de toi, alors. » Ajouta Hermione.

« Pourquoi avait-on besoin de moi ? Pour être épinglé à un mur pendant qu'un autre faisait ce que j'étais censé faire ? » Répliqua Harry amèrement. « Je n'étais même pas utile à ce moment là. Lucius n'était pas Voldemort. On n'avait pas besoin de moi pour ça. Que fait le 'Sauveur du Monde' quand il a déjà sauvé le monde ? »

Harry n'avait pas eu l'intention de déverser ses problèmes aux pieds de ses amis, quand la journée avait commencé. En fait, il n'avait pas prévu de parler de ce qu'il ressentait depuis son retour à Poudlard. Ca ne valait pas la peine de voir tout le monde s'inquiétait pour lui. Il avait décidé de ne rien dire de peur de devoir faire face à des gens venus pour 'l'aider', chaque fois qu'il se retournerait. De plus, maintenant, chacun avait sa propre vie et ses propres problèmes. La dernière chose qu'il souhaitait était de paraître ingrat. Il avait après tout un lieu où séjourner jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il fera de sa vie. Ce n'était la faute de personne, sauf la sienne, si depuis la chute de Voldemort, il était inutile.

« Harry… » Commença Hermione. Ron et elle échangèrent un regard inquiet qui n'échappa pas à Harry.

« Je suis frustré, c'est tout. » L'interrompit harry. Il prévoyait une discussion cœur à cœur dynamique, en voyant ses amis commençaient à s'animer. « Je suis ici depuis une semaine, et je n'ai toujours rien trouvé à faire. On n'a pas besoin d'un autre professeur et j'ai l'impression de profiter de la générosité d'Albus. Même Drago mérite d'être ici. » C'était un tir facile, mais il savait qu'il lui suffisait de mentionner Drago pour faire changer Ron de sujet et leur faire oublier qu'il se sous estime.

« Tu t'inquiètes à cause de Malfoy ? »

Harry remercia silencieusement Ron d'être si prévisible. « Il fait quelque chose de sa vie. Et moi ? J'ai un diplôme universitaire en philosophie. Même dans le monde moldu, ce genre de diplôme ne mène à rien. Quand j'ai commencé mes études, j'espérais devenir professeur, mais c'est simplement parce que j'aime la philosophie et que je n'avais aucune autre idée de carrière, une fois que j'aurais mon diplôme en poche. Donc, même sans mes souvenirs de Poudlard, je ne connaissais que l'école et j'aurais simplement tourné un peu, histoire de me trouver un endroit confortable où je puisse m'installer. Pouvez-vous me reprocher de ressentir ma vie comme un échec. »

« Tu ne devrais pas te comparer à Drago. » Lui conseiller Hermione. « C'est uniquement par chance, s'il est arrivé ici avant toi. Sinon, le poste d'enseignant aurait été ouvert pour toi. »

« Mais il est arrivé avant moi. Donc que suis-je censé faire ? » La mention de Drago avait fait dévier la conversation mais maintenant qu'ils n'étaient plus en guerre, Harry ne voulait pas que ses amis n'en veuillent davantage à Drago. »

« Je ne peux pas traîner par ici pour toujours. Je veux faire quelque chose. Je veux être autre chose qu'un symbole caché, attendant qu'il y ait une nouvelle menace sur le monde. »

« Je sais que tu ne veux pas entendre cela Harry, mais peut-être est-ce ton rôle. Peut-être ne dois-tu rien faire d'autre, qu'être. » Lui signala Hermione avec précaution. « N'est-ce pas un objectif suffisant de savoir que par ta simple présence, les gens se sentent en sécurité ? »

Harry soupira et enleva ses lunettes pour se frotter les yeux d'un air las. « C'est une vie bien solidaire que tu me réserves, Hermione. Et une bien inutile. » Il remit ses lunettes et vit Hermione et Ron échangeaient un autre regard entendu.

« Harry, » Commença Ron, « Est-ce que je peux te poser une question ? »

Oh non, ça ne peut pas être bon. « Tu l'as déjà fait. » Répondit Harry pince sans rire, en souriant pour lui-même. Il acquiesça ensuite à Ron, « Ouais, vas-y. »

« A part le fiasco avec Cho- »

« Ron ! » Le coupa Hermione. Elle était indignée par son manque de tact. Ron la fit taire et continua comme s'il n'avait pas été interrompu. « As-tu eu une vraie petite copine ? Ou un vrai petit copain ? Ou un vrai quelque chose ? »

Harry le dévisagea simplement, la bouche grande ouverte.

Hermione fit un son pour marquer son mécontentement. Harry savait depuis longtemps que cela voulait dire qu'elle avait levé les yeux au ciel, à l'adresse de Ron. « On ne t'accusera jamais d'avoir du tact, Ron, je te le promets. »

« A quoi ça sert de tourner autour du pot ? Mets les pieds dans le plat, c'est ce que je dis. » Répliqua Ron.

Harry referma la bouche et sentit un petit sourire s'étirait au coin de ses lèvres. Mets les pieds dans le plat, Ron ? Fais attention à ce que tu demandes, tu ne sais pas ce qu'il peut y avoir au fond. « Non, je n'en ai pas. Cette vie n'est pas faite pour moi. »

Ils le regardèrent avec surprise, « De quoi parles-tu ? » Lui demanda Ron en prenant Hermione de vitesse.

« Je ne peux choisir qu'entre deux mondes. » Répondit Harry.

« Anglais, mon ami. Parle anglais. » L'encouragea Ron.

« Dans le monde sorcier, je suis Harry Potter, Celui Qui a Survécu, celui qui a tué Voldemort. » Elabora Harry. Il se sentait énervé de devoir tout expliquer à nouveau, « Combien de personnes, à votre avis, s'intéressent-elles vraiment à moi ? Et maintenant combien veulent s'approcher de moi, uniquement pour la célébrité qu'ils auraient en étant vu en ma compagnie ? Très peu de personnes dans ce monde ne voient en moi qu'Harry. Et leur nombre diminue si on ne prend que ceux qui s'intéressent vraiment qu'à moi.

« Maintenant nous pouvons regarder dans le monde moldu, si vous voulez. Je pourrais choisir parmi une multitude de personnes qui ne verront en moi qu'Harry. Mais je vivrai dans un mensonge si je choisissais cette vie. Je sais, Hermione, tu viens d'une famille moldue. Mais il me faudrait mentir à mon futur compagnon assez longtemps pour découvrir s'il y a eu des sorciers ou sorciers dans sa famille pour ensuite déterminer si oui ou non, je serais accepté pour ce que je suis. Et je ne peux pas mentir à quelqu'un comme ça. Je suis ce que je suis, et je ne vais pas prétendre autre chose.

« Je ne peux donc faire mon choix qu'entre deux mondes : dans l'un je ne peux pas échapper à la célébrité et dans l'autre je ne peux pas être ce que je suis vraiment. » Résuma Harry, se sentant fatigué. « Donc vous voyez, si on regarde de près, je ne suis pas fait pour le genre de vie que vous avez. »

« Mais ce n'est pas vrai ! » S'exclama Hermione, « Il y a des tas de personnes qui regardent au-delà de ta cicatrice. Il te suffit de les trouver. Il n'en existe peut-être pas beaucoup mais ils existent. »

« Et ils sont trop effrayés par leur passé pour croire que je ne suis pas comme celui qui les a fait souffrir. » Marmonna Harry amèrement.

« Quoi ? »

Apparemment il n'avait pas marmonné assez silencieusement. Oh, Enfer. Nous y sommes. « Hm ? » Il regarda Ron d'un air coupable.

« Qu'étais-tu en train de marmonner ? Tu as rencontré quelqu'un, c'est ça ? »

Harry renifla, « Qui n'a pas eu un ou deux flirts dans sa vie ? » Leur demanda t'il d'un air dédaigneux.

« Que s'est-il passé, Harry ? » Lui demanda Hermione, curieuse. « Etait-ce quand tu étais avec les moldus ? »

Est-ce un mensonge si je ne réponds qu'aux questions qu'ils me posent et si j'ignore celles qu'elles impliquent ? Par amitié pour Ron et certainement aussi pour Hermione, il sut qu'il allait devoir esquiver les implications de la question. Que sa conscience soit maudite ! « Ouais. » Répondit-il brièvement.

« Alors, dis-nous tout. » Le pressa Ron.

Merci Ron, ça m'aide beaucoup. « Il n'y a pas beaucoup à dire. Rien ne s'est vraiment passé. » Répondit Harry évasivement.

« Et maintenant, tu abandonnes ? »

Harry regarda Hermione, « Quoi ? »

« Tu as eu une expérience peu agréable avec la dernière personne et maintenant tu baisses les bras, tu t'avoues vaincu sans jamais réessayer ? »

« Ce n'est pas aussi simple. »

« Non, c'est simple. » Le coupa Ron en reprenant l'argument, « Ton problème est que tu refuses de sortir et de regarder. »

« De quoi parles-tu ? »

« Tu sais que Mione et moi, nous t'aimons. Nous aimons passer du temps avec toi, mais tu dois sortir dans le monde et faire des trucs, te faire des amis. »

Harry lui envoya un regard noir, « J'ai des amis ! »

« Non, pas nous, pas ces abrutis qui pourraient ou non te donner un coup par derrière, pas un vieux et malheureux con qui pourrait être ton père. D'autres personnes avec qui tu pourrais avoir un rendez-vous. » Clarifia Ron. « Tu as besoin de t'entourer de personnes de notre âge parmi lesquelles tu pourrais trouver la personne faite pour toi. Tourner autour des cachots jusqu'à des heures indues du matin, à faire je ne sais quoi avec Snape ne convient pas à ton bien-être mental et social. Merde, ça ne convient même pas à ton bien-être physique s'il ne fait que grogner et essayer de te tuer. »

Harry ouvrit la bouche pour essayer de dire ce qu'il en pensait, mais Ron continua. « La seule autre personne avec qui tu passes du temps en dehors de Hermione et de moi, est Drago. Et il n'est pas non ce que je considère comme bien pour toi. Ce n'est certainement pas le genre de personne que tu veux, mais si c'est le cas, je n'essaierai certainement pas de m'interférer. Tu peux l'avoir. Mais vraiment, je ne qualifierai ce choix qu'avec un seul mot, 'beurk' »

« Ron, si tu pouvais simplement- »

« Tu ne veux pas être seul toute ta vie, n'est-ce pas Harry ? » Lui demanda Ron sérieusement.

« Non, je ne crois pas qu'une seule personne le souhaite, mais le problème n'est pas là. » Lui répondit Harry. « Le fait est que -»

« Le fait est que si tu ne veux pas finir seul, tu vas devoir sortir et faire quelque chose pour changer cet état de fait. Tu ne trouveras pas celui ou celle qui est fait pour toi dans un endroit où tes seules options sont les enfants et les adultes qui ont deux fois ton âge. Fais ce qui est bien, ce qui est le mieux pour toi, essayes au moins. Essayer ne te fera pas de mal. »

Harry secoua la tête, prit entre l'envie de rire et de soupirer, « Oh, Ron… »

« Veux-tu finir comme Snape ? »

Harry releva la tête brusquement, « Quoi ? »

« Parce que c'est ce que je vois se profiler pour toi. »

« Ron, » Le prévint Hermione.

Ron l'ignora et plongea, « Il vit en bas dans ses cachots froids, humides, noirs et défraîchis, haïssant tout et tout le monde. Il est amer, misérable et seul. Un jour, Harry, il va mourir là en bas, et personne ne s'en souciera. Est-ce le genre de vie que tu veux ? Tu passes déjà tant de temps avec lui que c'est ce qui est en train de t'arriver. Tu commences à devenir amer. Dans combien de temps, vas-tu détester chaque personne que tu rencontreras ? Jusqu'à ce que tu te fermes au monde, t'enterres dans un endroit sombre et vide et que tu meures seul et non aimé parce que tu auras gâché ton temps à essayer de te lier d'amitié avec des gens qui ne t'apprécient pas et qui finiront par te le jeter au visage. »

Harry ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises mais aucun son ne sortit. Les mots qu'il cherchait refuser de venir. Tu as tort ! Voulait-il crier. Tu ne sais pas de quoi tu parles ! Mais il ne pouvait pas. Parce que s'il le faisait, il devrait tout raconter à Ron et celui-ci le détesterait. Ron tolérait à peine son amitié avec Severus et s'empêchait de faire des commentaires désagréables au sujet du maître des potions quand Harry était là. Harry savait que ce refus d'entacher leur amitié ne s'étendrait pas à la totale vérité sur la nature de leurs relations, si on pouvait parler de relations entre lui et Severus. Je ne vais pas perdre le peu d'amis que j'ai pour ça. Non, un jour Ron, tu comprendras que Severus n'est pas aussi horrible que tu le penses et nous pourrons passer à autre chose. Mais jusque là, Ron, je suis désolé, je ne peux pas t'en parler.

« Je comprends ce que tu dis. » Répondit finalement Harry, ne sachant pas comment répondre aux arguments de Ron mais sachant qu'il devait le faire. « Et j'apprécie ce que tu essaies de faire. Mais Ron, je suis heureux. Ouais, je ne fais pas de plans de mariage comme Hermione et toi, mais je ne suis pas malheureux. Et tant que j'aurais des amis tels que vous, je ne serai jamais seul et malheureux. »

Un moment s'écoula. Les trois amis se regardaient. Finalement, Hermione se leva et leur fit signe de faire de même. « Bon, allez, venez. Je n'ai plus de classe aujourd'hui, alors pourquoi ne sortons-nous pas tous les trois, avant que Ron ne parte? »

« Et ne t'inquiètes pas Harry, comme Hermione peut l'attester, je reviens pendant les vacances et dès que j'ai quelques jours. » Ron lui sourit, « Ne penses pas être débarrassé de ma présence pendant longtemps. »

Harry lui retourna son sourire, content que la conversation sur sa vie soit finie. « Ouais, allons-y. Nous devons trouver quelque chose à faire pour terminer tes vacances comme il se doit. »

Ensemble ils sortirent de la pièce, chercher des ennuis. Tu vas devoir me faire confiance Ron, pensa Harry en riant à une blague de Ron. Tu vas devoir comprendre que je me connais suffisamment bien pour faire ce que je pense être le mieux pour moi, même si tu n'es pas d'accord.


« N'aime personne d'autre que moi. N'appartiens qu'à moi… »

Severus regardait fixement le miroir d'un air absent. Les mots de l'Imperium résonnaient dans sa tête. Peut-être aurais-je pu si tu avais essayé cette tactique un petit peu plus tôt. Mais alors, tu ne savais pas qu'il m'était impossible d'obéir. Tu ne savais pas que tant avait changé depuis les vieux jours. Un sourire amer et douloureux étira les lèvres de Severus. Je me demande ; es-tu simplement parti quand tu es mort ou es-tu dans un autre plan d'existence pour me surveiller ? Si c'est le cas, es-tu heureux de savoir qu'à la fin, c'est toi qui a gagné, même si ça n'a jamais la victoire à laquelle tu t'attendais ?

Severus ne croyait fermement ni en la chance ni dans les coïncidences. Il n'avait jamais vraiment cru que certains événements soient destinés à se passer, même si on essaye de les éviter. Mais de temps en temps il arrive quelque chose et il se pose des questions. Il se dit alors que peut-être que le destin existe. Que quelque part le destin rit à ses dépends.

Parfois je pense que toi et moi étions destinés à vouloir ce qui ne serait jamais à nous. Peut-être sommes-nous plus semblables que je ne l'avais imaginé. Severus soupira, appuya son front contre le verre froid et ferma les yeux.

Ca avait été une chose relativement innocente. Il marchait dans le couloir et réfléchissait au plan de ses leçons pour le lendemain, d'une humeur placide. En y repensant, il aurait dû réaliser que ça ne pouvait pas durer. Il passait devant une porte quand il entendit son nom prononcé par Ron Weasley. Une vaine curiosité le fit s'arrêter et écouter un instant. L'instant devint minutes quand il se rendit compte qu'il parlait à Harry. Et c'est là, à écouter aux portes qu'il se rendit compte que Weasley avait raison.

« Veux- tu finir comme Snape ? Parce que c'est ce que je vois se profiler pour toi. » Les mots de l'auror firent fuir Severus qui retourna dans ses cachots après avoir cesser d'écouter. » « Dans combien de temps, vas-tu détester chaque personne que tu rencontreras ? Jusqu'à ce que tu te fermes au monde, t'enterres dans un endroit sombre et vide et que tu meures seul et non aimé parce que tu auras gâché ton temps à essayer de te lier d'amitié avec des gens qui ne t'apprécient pas et qui finiront par te le jeter au visage. » Ce n'est que lorsqu'il se fut enfermé dans la sécurité de ses appartements qu'il réalisa que ses mains tremblaient. Il n'émergea pas de la journée. Weasley a raison, même si je déteste l'admettre, pensa Severus en ouvrant les yeux et en s'éloignant du miroir pour voir correctement. Combien de temps aurait-il fallu pour que tu deviennes moi sous mon influence ? Voir le regard mort et vide de Harry comme Severus voyait dans son propre reflet, il ne le pouvait pas, ne le voulait pas et ne le permettrait pas. Ton fils avait raison quand il a dit que j'étais maudit. Je viens seulement de comprendre ce que ça signifie.

Il savait qu'il était trop vieux pour Harry et l'avait compris pendant ce fatidique voyage à Baltimore. Les actions qu'il avait alors qualifiées comme n'étant rien d'autres qu'une grande tension s'étaient suffisamment répétées pendant ces quelques mois pour lui faire réaliser que malgré leur grande différence d'âge, Harry n'avait rien contre l'idée de tenter de se lier avec lui, si Severus abandonnait et le permettait.

Il y avait un tas d'autres raisons qui empêchaient Severus de reconnaître qu'il y avait quelque chose entre eux. Et maintenant, Weasley venait de lui en donner une autre, bien plus importante. Harry avait besoin d'être avec des jeunes de son âge. Severus le savait déjà, mais si ses proches amis avaient commencé à voir des signes de ressemblance avec Severus, celui-ci savait qu'il était temps de mettre un frein à toutes les illusions que lui ou Harry avaient pu nourrir.

« N'aime personne d'autre que moi. N'appartiens qu'à moi. »

Severus regarda fixement dans ses propres yeux, reflétés par le miroir. Le vide fut remplacé par une détermination qu'il n'avait pas vue depuis un certain temps. C'était trop tard pour nous, Lucius. Tu t'en aies chargé il y a longtemps. Et c'est à cause de ça que je ferai ce que tu n'as jamais été capable de faire. Tu n'as jamais compris ce que signifie aimer. Et donc, tu ne comprendras pas le mal que je vais me faire, volontairement pour empêcher celui à qui j'appartiens, de devenir ce que tu as fait de moi.

On frappa à la porte et Severus fut tiré de sa rêverie. « Qu'est-ce que c'est ? » Demanda t'il froidement en s'éloignant du miroir pour se diriger vers la porte.

« Eh, quelqu'un est d'humeur grincheuse aujourd'hui. C'est moi, laisse-moi entrer. »

Severus fléchit, juste cette fois…Ce sera beaucoup plus difficile, et beaucoup plus facile de faire ce qui doit être fait. Et à la fin, j'aurais quelque chose à me souvenir. Il se décida pour le meilleur ou pour le pire. Il avança vers la porte et d'un geste du poignet, la déverrouilla. Il a dû essayer de défoncer la porte, pensa Severus en voyant la porte s'ouvrir brusquement et Harry tomber.

« Un petit avertissement aurait été gentil. » Grommela Harry en se redressant.

Severus rit et obtint un regard choqué de la part de Harry, « Oui ? Qu'y a-t-il ? »

« Tu te sens bien ? »

« Oui. Pourquoi ? » Lui demanda Severus calmement.

« Parce que tu souris. » Harry le dévisagea comme s'il s'attendait à ce qu'il se transforme en monstre.

« Je peux hurler si tu veux. T'envoyer des insultes. Est-ce que tu te sentirais mieux ? »

« Euh…Et bien, non. » Répondit Harry.

« Je pensais abandonner et me laisser tenter, aujourd'hui. » Expliqua Severus vaguement.

« Tenter quoi ? » Lui demanda Harry avec curiosité en refermant la porte.

« Me laisser tenter à être humain. » Répondit-il tranquillement.

Une étrange expression traversa le visage de Harry. Ne me combats pas, Harry. Donne-moi cela. C'est la dernière chose que je te demande. Il y eut un moment de silence puis Harry sourit.

« Est-ce que cela veut dire que tu veux entendre le récit de ma journée pour une fois ? » Lui demanda t'il avec espoir.

« Si tu daignes écouter l'ennuyeux récit de mon après-midi moins que mouvementé. » Répondit Severus en permettant à Harry de le prendre par le bras pour le conduire à la table.

« As-tu mangé ? »

« Non, » Répondit Severus honnêtement.

« Bien, moi non plus, » S'amenda Harry en souriant d'un air gêné, « Du moins je n'ai pas mangé depuis quelques heures. »

« Je suppose donc que tu veux que je fasse quelque chose magiquement, c'est ça ? »

« Quelque chose comme ça, ouais. »

« Bien, alors assieds-toi, régales-moi avec les histoires de ta journée et je verrai ce que je peux faire. » Vingt autres années ou plus de damnation valent bien une simple nuit comme celle-ci. Il le faut.