Chapitre 6 : Une répercussion, une fois commencée…

Harry regarda une dernière fois mais avec douleur, la lettre de ses amis lui annonçant le jour de leur arrivée et l'adresse de leur hôtel, puis la plia et la rangea dans le tiroir de sa table de nuit avec un soupir. J'ai vaincu Voldemort, je peux les empêcher d'être trop curieux pendant les cinq jours qu'ils passent ici. Harry sortit de sa chambre avec l'air d'un prisonnier marchant vers son exécution. Il s'arrêta pour prendre son manteau posé sur le dos d'une chaise et l'enfila. J'ai déjà menti auparavant. Je ne sais pas si j'étais vraiment convainquant, mais je peux mentir avec un peu de crédibilité. Je peux le faire à nouveau. Je vais dans une petite école privée où je prépare mon CAPES en philosophie. Harry rabâcha le mensonge dans sa tête dans l'espoir que s'il se familiarisait suffisamment avec, il deviendrait un peu plus crédible. C'est un long chemin pour venir à Londres, je suis venu en train, donc non, je ne pourrai pas vous montrer où je vis. Le répéter ne le rendit pas plus crédible et il se résigna à ce qu'on lui pose beaucoup de questions auxquelles il ne pourrait pas répondre. Il jeta un dernier coup d'œil à ses quartiers, ouvrit la porte et la referma derrière lui. Il avança de quelques pas et fonça dans quelqu'un.

« Et où t'éclipses-tu ? »

Harry regarda Drago avec des yeux noirs, « De quoi parles-tu ? Je ne m'éclipse nulle part. »

« Oh s'il te plaît Harry. J'ai été témoin trop souvent de tes escapades sans cervelles pour ne pas reconnaître cette expression qui dit, 'Je vais faire quelque chose qui pourrait bien me causer des ennuis, mais comme je manque de tout ce qui ressemble à de l'intelligence, j'y vais quand même.' Donc, accouche, Potter. »

« Pourquoi étais-tu tapi devant la porte de mes quartiers, d'abord ? » Lui demanda Harry en ignorant la question de Drago.

« A fil des ans, j'ai développé un sixième sens qui me prévient quand tu prépares quelque chose. » Répliqua Drago en arborant un air sarcastique. « J'étais en train de lire un livre quand tout à coup, une petite voix m'a dit 'Potter complote quelque chose.' Donc, naturellement je suis venu enquêter. »

« Tu devrais peut-être arrêter de vouloir conjurer des démons, Drago. Peut-être qu'ils arrêteraient de te parler. »

« Je pense que tu es un peu confus. Les mangemorts tuent simplement des gens. Nous ne faisons pas venir des démons. »

« Tu admets te sentir coupable ? Il était sacrément temps. »

« Je devrais probablement être content que nous soyons seuls, non ? » Lui demanda Drago en regardant autour de lui.

Harry acquiesça en souriant. « Oui, ils t'emmèneraient de force maintenant. »

« Merveilleux. » Drago leva les yeux au ciel puis abandonna son ton badin, « Alors, où vas-tu ? »

Harry prit un air renfrogné. Drago continua à le regarder d'un air d'attente. « Tu ne vas pas simplement attendre ta réponse et partir, hein ? »

« Aucune chance. »

Harry soupira. J'aurais dû savoir que rien ne serait facile. « Je vais voir des amis. » Répondit-il évasivement en sachant qu'il n'obtiendrait rien de bon en envoyant Drago sur les roses, mais essayant quand même.

« Tu as des amis ? »

« Content maintenant ? Vas-tu partir ? »

Drago haussa un sourcil, « Il y a plus que 'voir des amis'. Voir des amis ne veut pas dire rôder parmi les ombres. »

« Je ne rôde pas ! » Harry ferma les yeux un moment et compta jusqu'à dix. Quand il eut fini, il avait encore envi d'étrangler Drago. Il répéta le mantra, prit une profonde inspiration, ouvrit les yeux et essaya encore, « Ecoute, des amis de l'université viennent me rendre visite à Londres. Donc, j'y vais. »

Drago acquiesça sagement. « Des moldus. Tu vas voir des moldus. »

« Ben, ils ne peuvent pas venir ici. » Admit Harry en abandonnant toute prétention de faire quelque chose de douteux.

« Je ne fais rien pour l'instant. Je viens avec toi. » Annonça Drago l'air de dire qu'il s'agissait du meilleur des plans.

Harry le regarda bouche bée, « Quoi ? Non, tu ne viens pas ! »

« Bien sûr que si. »

« Diable que tu es. »

« Harry. » Le ton de Drago changea. Le ton un peu dingue, fut remplacé par le sérieux. « Ils vont te poser des questions auxquelles tu ne pourras pas répondre. »

« Parfois, Drago, tu me fais vraiment peur. »

Une expression indécise passa sur le visage de Drago. Harry sourit et fit un geste de la main pour qu'il parle librement. « Vas-y Drago, fais-moi part de ton élégante et idiote remarque. Je dois me gonfler de sérieux quelques temps. »

« Je ne sais pas si je dois être déçu ou non que tu aies appris à me connaître aussi bien. » Marmonna Drago dans sa barbe, mais assez fort pour qu'Harry puisse l'entendre.

Harry sourit, « Mes démons sont assez amis avec les tiens. Ils me relaient donc les derniers commérages. »

Drago fit semblant de sursauter et ricana. « Le secret est enfin découvert alors ? Les Gryffondors fréquentent les démons. Et voilà, tout le monde pensait que les mangemorts étaient mauvais simplement parce qu'ils tuent des gens. »

« Veux-tu vraiment venir ? »

« Veux-tu vraiment y aller seul ? »

« Tu te souviens que tu n'aimes pas les moldus, hein ? »

« Harry, tu me blesses. Je ne déteste pas les moldus. Je les hais. Je les méprise. » Il s'arrêta alors et se tourna pour regarder Harry droit dans les yeux. « J'ai grandi en apprenant à être un acteur. C'était un peu obligatoire. Je jouais ou je mourrais. Ils ne le sauront jamais. »

Un long moment de silence s'écoula pendant lequel ils se regardaient. C'est quand on en a le plus besoin que les personnes les plus inattendues te tendent la main. Es-tu assez bête pour refuser ?

« Merci. »

« Ah, voilà les mièvreries de Gryffondor qui me manquaient quand je n'en étais pas témoin. »

Harry leva les yeux au ciel. « Devons-nous partir rôder alors ? »

Drago fit un geste de la main en direction de l'entrée derrière eux, « Rôde, guide sans peur. »

« Reste à l'arrière. Es-tu prêt à avoir des pertes et à courir comme si le diable était à tes trousses si les choses tournent mal ? »

« Je vais devoir crier après mes démons pour avoir vendu mes secrets. Ca ne va pas du tout. »

« Content de savoir que je peux compter su toi Malfoy. »

« Ne le peux-tu pas toujours ? »

« Alors, qui sont ces gens ? » Lui demanda Drago avec curiosité alors qu'ils descendaient de l'ascenseur.

Harry lui lança un regard agacé. « Je croyais que tu avais fait attention. »

« Désolé, mais cette machine branlante a attiré toute mon attention. La mort serait soudaine et douloureuse si cette camelote dégringolait. Son poids et sa lenteur pesaient plus sur mon esprit que mourir entre les mains de tes ennuyeuses histoires.

« Pourquoi tout le monde est si terrifié par les ascenseurs ? »

« Certains d'entre nous aiment être en vie, Potter. Contrairement à toi. »

« Vas-tu coopérer ou dois-je te mettre dans l'ascenseur et te renvoyer à la maison ? »

Le sourire de Drago était prometteur d'une mort lente et douloureuse.

« Oh, tu es plus que bienvenu, si tu veux essayer, Potter. Mais je t'assure que tu ne me feras pas remonter là-dedans sans recevoir quelques blessures fatales. »

« Seulement quelques-unes ? Tu perds la main, Malfoy. »

« Vas-tu répondre à ma question, oui ou non ? »

Harry sourit malicieusement en désignant la porte et dit, « Non, trop tard. Nous y sommes déjà. »

Drago le regarda avec inquiétude. « Si je ne- »

« Tu es un acteur, tu te souviens ? Ca ne devrait pas être si difficile pour quelqu'un avec ton expérience. » Sourit Harry satisfait. Il frappa à la porte. Ca lui apprendra à faire attention quand j'essaie de lui dire quelque chose d'important. Il ignora le fait qu'à la fin, il se ferait plus de mal qu'à Drago. Presque aussitôt après avoir frappé, la porte s'ouvrit et la conversation qu'il venait d'avoir avec Drago s'envola de son esprit. Il ne répondit pas aux mots marmonnés avec rébellion derrière lui.

« Je vais te montrer ce que c'est que la comédie, Potter… »

« Harry ! » S'exclama Kevin en tirant Harry dans la pièce. Il le prit ensuite dans ses bras et le souleva dans une embrassade enthousiaste. « Mon ami, c'est bon de te revoir ! Comment vas-tu ? »

« Dois…respirer… » Siffla Harry pour se libérer de Kevin qui comprimait sa poitrine. « Parle plus fort Harry, je ne t'entends pas. Quoi ? »

Une voix froide parla derrière lui, « J'apprécierais que tu libères mon petit ami de ton étreinte mortelle. Je t'assure que je ne partage pas facilement. »

Le manque d'oxygène le faisait délirer. De cela, Harry en était sûr. Parce que si ce n'était pas le cas, ça voulait dire que Drago venait d'annoncer à ses amis de l'université qu'il était son petit ami et cela était grotesque. Et faux. Et simplement fou. Et …Oh bon sang. Pensa Harry agacé. Il prit conscience de présence derrière lui. Ca ne pouvait être que Ben et Cate et ils avaient dû entendre la déclaration de Drago.

Harry put respirer à nouveau et lança à Drago un regard meurtrier par-dessus la tête de Kevin. Les yeux bleus quittèrent Kevin pour rencontrer ceux de Harry. Son amusement triomphant irradiait pratiquement de lui. Alors que penses-tu de cette comédie ? Harry aurait pu être télépathe tant le message inscrit dans ces yeux était clair.

Tu vas le regretter, renvoya Harry au Serpentard. Il ne souhaitait qu'une chose : le frapper et lui arracher cet insupportable sourire satisfait de son visage. Parce qu'Harry savait que les choses allaient empirer. Les questions…Bon Dieu, les questions…Je n'aurais jamais dû accepter cela. Je n'aurais jamais dû venir, pensa Harry en paniquant inutilement. Il savait qu'il était coincé et devait se débattre de son mieux pour que la situation déjà mauvaise n'empire pas rapidement.

Drago marcha d'un pas nonchalant, rejoignit Harry et s'arrêta pour passer un bras par-dessus ses épaules. « As-tu oublié de parler de moi à tes amis, mon cœur ? » Lui demanda-t-il, en feignant d'être douloureusement surpris.

Harry le regarda fixement dans les yeux. Il aurait voulu posséder le pouvoir de télépathie. Quand nous retournerons à Poudlard, je te tuerai personnellement. Je veux que tu le saches. Le coin de sa lèvre s'étira : Drago avait bien compris le message. Et ça l'amusait d'autant plus. « Parfois Drago… » Il se tut. Les mots lui manquaient.

« Ce n'est rien. Tu es pardonné. » Drago sourit. Harry savait par expérience que la lueur qu'il voyait dans ses yeux était synonyme de problèmes à venir. Quoi maintenant ? Pensa-t-il d'un air las. Qu'est-ce qui pourrait m'énerver un peu plus ? Harry réalisa aussitôt que la pensée traversa son esprit, qu'il n'aurait pas dû douter de l'habileté de Drago à l'énerver. « Tu sais que je t'aime trop pour rester fâcher après toi. » Continua Drago en plantant un baiser sur les lèvres d'Harry. Ce dernier écarquilla les yeux et Drago le laissa partir. Il sourit aux moldus qui les regardaient avec surprise. « Alors quels sont vos noms ? Moi je suis Drago Malfoy. »

Kevin lui retourna son sourire, ferma la porte derrière lui et fit un geste en direction de ses amis. « Voici Ben Collins et Cate Taylor. Ben est mon petit ami. » Ajouta-t-il dans un murmure conspirateur en les entraînant dans la pièce. « Je suis Kevin Ramsey. Et tu connais Harry. »

« En effet, je le connais. » Répliqua Drago d'un ton si suggestif qu'Harry eu envi de le frapper pour la centième fois ce soir.

« S'il vous plaît, excusez-le les gars. » Harry parla finalement. « Ils viennent juste de le laisser sortir de l'asile. Il n'est pas encore habitué à voir du monde. Il est propre, donc je suppose que je ne peux pas trop me plaindre. »

Drago ouvrit la bouche, sans aucun doute pour lancer une remarque acerbe, mais Harry le devança. « Et aussi drôle que ça puisse être de savoir qui lancera la meilleure insulte, mes amis ne sont ici que quelques jours et j'aimerais avoir un peu de temps avec eux. » Tu me rends les choses assez difficiles comme ça, Drago. S'il te plait, tais-toi. »

Drago parut avoir bien déchiffré l'appel muet inscrit dans les yeux d'Harry. Il ferma la bouche, jeta un coup d'œil dans la pièce et trouva une chaise dans un coin et s'assit. Comme si cette action avait permit à tout le monde de se mettre à l'aise, chacun trouva un siège confortable.

« Alors Harry, que se passe-t-il dans ta vie ? Où vis-tu ? Que fais-tu ? » Lui demanda Ben, curieux.

« Et plus important, qu'est-il arrivé à Severus ? »L'interrompit Kevin en ignorant allégrement le regard de Ben qui le prévenait sans aucun doute, qu'ils ne devraient pas parler de potentiel ancien petit ami en présence du nouveau.

Drago eut un sourire en coin qui attira l'attention sur lui une nouvelle fois. Il sourit à Harry, « Je ne peux pas m'empêcher de me demander si le bâtard graisseux serait exaspéré de savoir que malgré tous ses efforts il ait pu devenir populaire. »

Une douleur aiguë et lancinante accompagna la mention du nom de Severus, un bref instant, avant qu'Harry ne l'étouffe. Il mit les souvenirs errants qui menaçaient de faire surface de côté et se força à rendre son sourire à Drago. Mais il fut coupé avant même de commencer, par Cate.

« Tu connais Severus ? » Lui demanda-t-elle, surprise.

Harry ne put s'empêcher de ressentir un regret doux amer en la regardant. Ils avaient été bons amis avant l'arrivée de Severus. Après ça, plus rien n'avait été pareil. La facilité qu'ils avaient à communiquer était devenue contrainte et tendue, plus que polie et chaleureuse. Et même maintenant, deux ans après, il était évident pour lui qu'elle était encore aussi folle amoureuse de Severus, qu'elle y était la première fois qu'elle l'avait vu.

« Bien sûr que je connais Severus. » Répliqua Drago. « Nous trois- »

« Fréquentons le même lieu. » Coupa Harry en sachant que Drago allait faire une erreur tactique. Sa propre admission, il le savait provoquerait presque autant d'intérêt. Mais il savait comment gérer la situation. S'il te plait Drago, tu ne m'aides pas du tout. Tu empires les choses. S'il te plait, tais-toi, pensa Harry en lui lançant un regard désespéré avant de se tourner à nouveau vers ses amis moldus.

« De façon assez surprenante, Drago et moi allions à l'école ensemble quand nous étions enfants. » Commença-t-il. L'inspiration vint en parlant, « Nous n'étions pas vraiment amis quand nous étions plus jeunes, mais quand je suis revenu après avoir eu mon diplôme, nous nous sommes rencontrés de façon inattendue dans notre ancienne école. Vous voyez, Severus est professeur là-bas et alors que j'allais y faire un tour, j'ai rencontré Drago, qui à ma grande surprise est aussi professeur là-bas. »

« Severus n'est pas aussi populaire auprès des étudiants. » Ajouta Drago en permettant à Harry de faire une pause et reprit l'histoire. « Si vous le rencontriez là, vous sauriez alors à quel point il est rigide et déplaisant la plupart du temps. »

« Et il enseigne à des enfants ? » Demanda Ben en écarquillant les yeux.

« Nous ne pourrions pas l'imaginer non plus. » Répliqua Drago. « Notre meilleure hypothèse est qu'un jour, au cours de sa vie, il a reçu un coup sur la tête. Dès lors, il a dû croire être le genre de personne sympathique et agréable avec les enfants. »

C'était difficile, plus difficile qu'Harry ne voulait l'admettre d'être assis et d'écouter quelqu'un parler de Severus. C'était plus facile pour eux, il le savait de discuter de connaissances mutuelles, au moins jusqu'à ce qu'ils soient plus familiers. Mais pour lui, c'était comme arracher la croûte d'une vilaine blessure. Je ne pourrais jamais l'expliquer, à aucun de vous, pensa Harry en les regardant un par un. Je ne pense pas que tu puisses comprendre totalement ce que je ressens, Drago. Et je doute que tu puisses comprendre à quel point c'est douloureux de t'entendre parler de la personne à qui tu associes cette douleur. Et vous autres, vous le connaissez de la faculté, vous le considérez comme un ami. Si vous le voyez dans la rue, vous avez la liberté de l'approcher et de lui parler. Aucun de vous ne réalise à quel point ce cadeau est précieux : être capable de dire simplement 'salut' à un autre être humain. Il les enviait et était assez honnête pour admettre qu'il était jaloux. Tu me manques Severus. Les conversations qui nous avions me manquent, les plaisanteries, Enfer, même les insultes que nous échangions me manquent. Plus j'essaie d'oublier, plus les souvenirs m'assaillent des moments où nous riions, des endroits où nous sommes allés, et soudain, c'est comme si je ne pouvais plus respirer. En deux ans tu es devenu le meilleur ami que j'ai jamais eu. Tu me connaissais d'une manière que personne d'autre ne connaissait. Tu me manques. Tu me manques tant que respirer est douloureux. Et je déteste cela. Je déteste ces murs de glace entre nous. Ils ne se soucient pas de toi et pourtant ils sont les bienvenus dans ta vie alors que moi, je suis rejeté. Je ne comprends pas. Quelque part, je crois que je ne comprendrais jamais.

« Harry ? Tu vas bien ? »

Harry cligna des yeux comme s'il se réveillait d'une transe. Les débuts de sa crise de panique commençaient à disparaître. « Quoi ? »

« Tu as été dans les nuages un certain temps. » Répondit Kevin un peu inquiet.

« Oh. » Harry secoua la tête d'un air dédaigneux, « Je réfléchissais, c'est tout. Il ne faut pas s'inquiéter. » Assis comme il l'était, Harry pouvait voir Drago le regarder de façon spéculative, un sourcil légèrement haussé en signe d'interrogation. Quand Harry rencontra son regard, il fut surpris d'y voir de la compréhension et quelque chose qui ressemblait à de la compassion dans ses yeux pâles. S'il sait ce que sait, pensa Harry peu charitable. Il se sentit légèrement coupable quand Drago changea soudain de sujet.

« Harry a été sous pression dernièrement dans son travail. » Il expliqua ainsi l'absence d'Harry.

« Vraiment ? En parlant de cela, Harry, tu ne nous as toujours pas dits ce que tu fais depuis que l'école est finie. » Dit Ben. Kevin et Cate murmurèrent leur accord.

« Eh bien.. » Je prépare mon CAPES en philosophie. Je vais dans une petite école privée. C'est un long chemin pour…Harry savait quand abandonner. « Pour être tout à fait franc, je ne fais pas grand-chose. C'est là que le bât blesse. J'ai encore de l'argent de mon héritage, donc je parviens à vivre correctement. Mais je ne sais pas quoi faire. Il n'y a pas grand-chose que je puisse faire avec ce diplôme, à moins de retourner à l'école et de continuer mes études. Et des talents, je n'en ai aucun, donc, je ne peux pas compter sue quelque chose comme ça. Je suis à la dérive. » Bien que ce ne soit pas toute la vérité, c'était assez proche pour que les moldus comprennent. Et Harry se sentait bien mieux en racontant une histoire proche de la vérité que d'inventer un mensonge. C'est une bonne chose que j'ai choisi Gryffondor, pensa-t-il d'un air narquois. Je n'aurais jamais été bien à Serpentard.

« Correction. » Lui dit Kevin après avoir jeté un coup d'œil vers Ben et Cate. « Tu étais à la dérive. »

« J'ai peur de ne pas comprendre ce que tu dis. »

« Nous ne restons que cinq jours, c'est vrai. Mais entre nous quatre, » Ben engloba d'un geste la pièce. Drago fut surpris d'être naturellement inclus dans le groupe, « Nous pouvons sûrement t'aider à décider ce que tu peux faire. »

« Et dans le pire des cas, tu peux retourner en Amérique avec nous. »L'interrompit Kevin.

Harry écarquilla les yeux, « Je ne pourrais pas revenir en Amérique avec vous. Je ne saurais pas quoi faire là-bas. »

«Un, c'est une place plus grande. »

Drago regarda Kevin douteusement, « En quoi, précisément, la taille du pays importe t-elle ? »

« Plus d'endroit où aller, des boulots différents, ce genre de chose. » Kevin fit un geste vague de la main.

Ben regarda Kevin d'un air absent un instant puis secoua légèrement la tête. « Dans le langage de Kevin, ça veut dire qu'il veut qu'Harry revienne aux Etats-Unis avec nous et il n'arrive pas à trouver une raison plausible de le lui demander. » Dit-il à Drago. Il fit semblant de donner un coup de poing à Kevin puis se tourna vers Harry, « Tu sais qu'il a quand même raison Harry. Si tu ne trouves rien qui t'intéresse en Angleterre, tu peux toujours chercher ailleurs. Tu as été en Amérique, c'est relativement semblable à l'Angleterre donc tu n'auras pas du mal à t'habituer si tu vas vivre là-bas. Et nous serions là, tu ne serais donc pas complètement seul dans un pays étranger. C'est juste une idée, nous n'essayons pas de te pousser. » Ben regarda Kevin, qui leva les bras en signe de capitulation.

Harry devait admettre qu'une partie de lui était tentée de réfléchir à cette idée. Il pourrait être à nouveau juste Harry et non pas une sorte d'icône du héros que les gens recherchent pour se rassurer. Il pourrait avoir un travail comme tous les autres au lieu de s'inquiéter de ce qu'il pourrait faire dans un monde où l'on a besoin de lui que pour quelque chose qu'il a déjà fait. Il pourrait quitter Poudlard, laisser les fantômes du passé derrière lui, laisser Hermione et Ron à leur vie sans être la troisième roue du carrosse, laisser derrière lui pour toujours, la chance de rencontrer Severus et de voir la haine dans ses yeux si l'homme daignait ne serait-ce que lever les yeux vers lui. Il pourrait laisser tout cela derrière lui et recommencer.

Il pourrait être seul le reste de sa vie, enfermé dans un isolement dont il ne pourrait jamais s'échapper. Il serait toujours déchiré entre deux mondes et n'appartenant à aucun ; incapable d'être lui-même : un sorcier, élevé par des moldus, destiné à être le Sauveur d'un monde dont la plupart des gens ne connaissent pas l'existence. Personne ne comprendrait. Personne ne le pourrait jamais.

Tu ne peux pas t'éloigner de ce que tu es, même si tu le souhaites de tout ton cœur.Les mots; prononcés deux ans plus tôt traversèrent tout un coup son esprit. Non, je ne peux pas m'éloigner. Répondit Harry au souvenir, mais je peux m'éloigner d'un endroit douloureux, d'un lieu auquel je n'appartiens plus. Pour un autre…auquel je n'appartiendrai jamais…

Drago regardait Harry, ce dernier pouvait sentir le poids de son regard. Quel que soit mon choix, je perds. « Redemande-le-moi avant de partir. » Demanda Harry à Ben. « Je pourrais bien accepter l'offre. »

« Vous savez ce qui pourrait être cool. » Demanda Kevin rhétoriquement, « Que nous allions chercher des pizzas et des bières et qu'on fasse une petite fête, comme nous le faisions à la fac. Nous pourrions rattraper le temps, balancer quelques idées, ce genre de choses. Qu'en pensez-vous ? » Il regarda autour de la table d'un air d'attente.

Harry sourit et acquiesça, reconnaissant qu'ils lui laissent un répit et qu'ils laissent les conversations dérangeantes et sérieuses de côté. Il jeta un coup d'œil à Drago, « Est-ce que ça te semble amusant ? »

Drago haussa un sourcil et le regarda platement, « Bières et pizzas? » Demanda t-il de façon neutre, « Ca me semble amusant. »

« Pourquoi n'y allons nous pas tous les trois pendant que tous les deux vous vous installez confortablement ? » Suggéra Ben.

« Vous ne voulez vraiment pas que l'on vous accompagne ? » Leur demanda Harry avec curiosité.

« Quel genre de fêtes de retrouvailles ferions-nous, si nous vous envoyions chercher le nécessaire ? » Remarqua Kevin, bien qu'Harry puisse voir un trou dans sa logique.

« De plus, nous pourrons jouer les touristes en attendant que les pizzas soient prêtes. » Ajouta Cate. « D'autre part, je ne pense pas que tu veuilles faire le tour des boutiques touristiques vu que tu vis ici, Harry. »

Harry pouvait voir la manœuvre et en jetant un coup d'œil vers Ben, il sut qu'ils se savaient très transparent. « Bien sûr, d'accord. » Il leur donna sa bénédiction. Il décida qu'il serait plus facile de jouer le jeu. « Allez chercher à manger, Drago et moi nous nous prélasserons ici et sèmerons la pagaille dans votre chambre d'hôtel. »

Après les au-revoir, les moldus partirent et Drago se tourna vers Harry, une expression d'incrédulité sur son visage.

« Sont-ils toujours comme ça ? »

« Comme quoi, exactement ? »

« C'est pathétiquement évident ! »

Un temps impliquant une chemise, un faux rendez-vous, et un micro-onde lui revint à l'esprit. Il le repoussa. « Non, pas tout le temps, non. Je pense que pour l'instant, ils n'ont pas eu assez de temps pour tout assimiler.

« Bon, allons-y, non ? Ils reviendront probablement avant que tu aies fini de me réprimander si tu ne commences pas bientôt. »

Harry grimaça. Tu es vraiment un insupportable bâtard. Et le plus odieux est que non seulement tu le sais mais qu'en plus, tu t'en délectes. « D'accord. Commençons par l'affaire du petit ami. Pourquoi as-tu fait cela ? »

Drago le regarda incrédule, « Je me souviens distinctement m'être fait engueuler pour ne pas avoir écouté tes assommantes histoires. Et quand je le fais, tu me cries après quand même. Tu as besoin de revoir tes priorités, Potter. »

« Arrête de tourner autour du pot et explique-toi. »

Avec un grand soupir, Drago commença, « M'as-tu oui ou non parlé de Cate ? »

Harry le dévisagea. « Je ne peux pas croire que tu m'aies écouté, mais oui, je l'ai fait. Et ? »

« Je commence à me demander pourquoi Voldemort s'est même inquiété de ton habileté à l'arrêter. » Marmonna le Serpentard dans sa barbe. Il leva les yeux au ciel, « Tu as un cerveau, Potter. Si tu n'en avais pas, tu serais mort. Fais un effort pour t'en servir, pour une fois. »

« Je ne- »

« Elle est jalouse de toi et de Severus ! » Drago cria pratiquement d'exaspération. Tu m'as dit que votre amitié était tombée en lambeaux parce qu'elle ne pouvait pas concevoir que tu sois plus proche de Severus qu'elle. »

Il le savait, c'était logique, mais Harry ne pouvait pas comprendre ce que Drago faisait. Je ne peux honnêtement pas penser qu'il soit suffisamment subtil ou qu'il s'en soucie suffisamment pour essayer d'améliorer mes relations avec Cate. Ca ne peut pas être cela,… si ?

Drago le regarda bouche bée, étonné, « Par le nom de tous les dieux auxquels on croit, j'essaie de faire quelque chose de gentil pour toi, sans aucune arrière-pensée et tu ne le vois même pas. Bon sang, comment as-tu réussi à survivre à Voldemort et à mon père. ? »

« Severus m'a aidé. » Répliqua Harry automatiquement, sa voix à peine plus forte qu'un murmure. Il secoua la tête, pour s'éclaircir les idées, « Tu essayais vraiment de nous réconcilier, n'est-ce pas ? »

« Oui ! »S'exclama Drago frustré puis regarda Harry attentivement, droit dans les yeux. « Est-il vraiment si difficile de croire qu'en fait, je puisse, même un tout petit peu, me soucier de toi ? »

Harry soupira, sachant, qu'il avait été un imbécile, « Je suis désolé de t'avoir sous-estimé. »

Un pâle sourcil s'arqua, « Est-ce que le proverbe s'est réalisé, l'Enfer a gelé ? Tu es en train de me présenter des excuses ? »

« Je sais admettre mes torts. » Répondit Harry en haussant les épaules. « Nous ne sommes plus des enfants, même si parfois je fais des hypothèses basées sur ce que nous étions. »

« Nous ne connaissons que ce que nous avons expérimenté. On ne peut pas te le reprocher. »

Un sourire esquissé joua sur les lèvres d'Harry, « Est-ce une remarque de mansuétude, Drago Malfoy ? »

Un sourire flottant apparut sur ses lèvres, « Difficile à croire, n'est-ce pas, Harry Potter ? »

Une pensée le frappa et Harry parut perplexe, « Ca n'explique pas pourquoi tu m'as embrassé. »

Drago sourit ouvertement et écarta le commentaire d'un geste de la main, « Je savais que ça t'emmerderait. Je ne pouvais pas résister. Les habitudes ont la peau dure. »

Harry leva les yeux au ciel, « Certaines choses ne changent pas, hein ? »

« Eh bien, ce n'était certainement pas pour tes phénoménaux baisers, c'est sûr. »

Harry prit une expression offusquée, « Qu'est-ce qu'ils ont mes baisers ? »

Drago le regarda, les sourcils arqués, mais ne dit rien.

« Eh bien, sérieusement, ce n'est pas comme si j'avais beaucoup de pratique. Et en plus, ce n'était pas un vrai baiser, d'abord. »

« Ah…Je vois. C'est une tactique pour m'obliger à t'embrasser à nouveau. Je sais qu'il est difficile de résister à un Malfoy. Mais je crois en toi, Harry Potter. Je sais que tu peux surmonter ta dépendance. » Drago sourit d'un air satisfait.

Harry leva les yeux au ciel, « Un jour, je vais te frapper et ce sera de ta faute. Tu le sais, n'est-ce pas ? »

« Penses-tu partir en Amérique ? »

« Une part de moi le voudrait, oui. » Répondit franchement Harry, « Il n'y a rien pour moi, ici. Tout ce que j'ai connu ce sont les Dursley et Poudlard et pour être honnête, je n'appartiens à ni l'un ni l'autre. »

« Simplement parce que certains d'entre nous ont fini à Poudlard ne veut pas dire que tu doives y rester le reste de ta vie. »

« Que puis-je faire d'autre ? Je n'ai aucun talent spécial, à moins que vaincre Voldemort soit une nouvelle fonction au ministère ? »

« Qui t'a parlé de travailler au ministère ? »

« Que peuvent faire les sorciers s'ils n'enseignent pas ou ne travaillent pas au ministère ? Je ne suis pas comme Fred et Georges, je n'ai aucun magasin à ouvrir. »

Drago le dévisagea. Alors que le silence s'étirait, Harry combattit le désir de se tortiller comme un petit garçon devant le regard particulièrement sévère d'un professeur.

« Quoi ? » Lui demanda-t-il enfin, exaspéré.

« Tu n'as pas de talent ? Tu n'es doué dans aucun domaine ? »

« Je ne vois pas où tu veux en venir. »

« C'est un idiot. » Marmonna Drago, « Un complet et parfait idiot. Encore que, il a réussi à devenir un héros. Eh bien, cerveau et muscles n'ont jamais été complémentaires, mais il n'a pas de muscles non plus. Je pense que nous avons eu de la chance. C'est tout. C'était une sacrée chance. Que les dieux empêchent l'apparition d'un nouveau Voldemort. »

« Drago… »

« Tu as été le meilleur attrapeur que Poudlard ait jamais eu ! » Explosa Drago, « Je sais, j'étais là, j'ai joué contre toi. Et crois-moi, j'étais très bon à ce jeu. Mais j'avais beau essayé, j'avais beau préparé des tactiques, tu m'as toujours battu. Voler est dans ton sang, Harry. »

Quidditch ? Pensa Harry avec surprise, en regardant Drago d'un air ébahi.

Drago secoua la tête, « Je ne peux y croire. Veux-tu me dire que tu n'as jamais songé à poursuivre une carrière en tant que joueur professionnel ? »

« Je…Non, c'est- ce que je veux dire, c'est que jusqu'à ce que j'ai mon diplôme, je ne pouvais penser qu'à ce que je faisais dans l'année et vaincre Voldemort. Après ça, je ne savais même plus ce qu'était le quidditcht jusqu'à ce que je retrouve la mémoire. Et à ce moment-là, je me concentrais surtout à vivre jusqu'à la fin de l'année. Je n'y ai jamais songé. Quidditcht… » Harry se tut, le regard plongé dans le vide devant lui. Il n'avait pas volé depuis longtemps et cela faisait plus longtemps encore qu'il n'avait pas poursuivi le vif d'or pour l'attraper dans les airs.

« Cela fait des années que je n'ai pas joué. » Dit finalement Harry. « Je ne saurais même pas par où commencer. »

Drago haussa un sourcil, « Tu es la personne la plus célèbre du monde sorcier et tu t'inquiètes de savoir si tu vas pouvoir essayer d'entrer dans une équipe de Quidditch. Et pour répondre à ta pathétique tentative de me faire croire que tu as perdu ton talent, tu as été capable de rattraper le Rappeltout de Neville, la première fois que tu es monté sur un balai. MacGonagall t'a fait entrer dans l'équipe sans même t'expliquer les règles. Et tu essaies de me convaincre que tu vas avoir dû mal à signer pour une équipe ? »

Harry n'était pas sûr de savoir ce qui était le plus surprenant : qu'il n'ait pas considéré le Quidditch comme choix de carrière ou l'incroyable réalité : Drago Malfoy, non seulement le complimentait mais lui redonnait suffisamment confiance en lui pour qu'il tente sa chance.

« Tu penses réellement que je peux le faire ? »

Drago soupira profondément puis acquiesça, « Oui, Potter. Oui. Combien de fois et en combien de langues différentes dois-je te le dire ? Si tu ne me prends pas au mot, vas voir Dumbledore. Il te confirmera ce que je te dis. Et il te donnera sûrement quelques idées, aussi bien que le nom des personnes que tu pourrais aller voir. Tu pourrais commencer par là. »

Je ne peux pas y croire…Qui aurait cru que tu avais tant changé ? Pensa Harry en regardant Drago à travers la pièce. « Tu as vraiment changé. » Dit-il tranquillement.

« Ca s'appelle le temps, Harry. Du temps et beaucoup de vécu. » Drago s'arrêta un instant, examina Harry avant de parler, « Pensais-tu vraiment à quitter l'Angleterre ? »

« C'était une idée tentante. » Répondit-il en haussant les épaules. « Tentante jusqu'à ce que j'y pense, au moins. La plupart du temps, j'ai l'impression de ne pas appartenir à ce monde. Mais si je pars, j'échangerai juste un monde pour un autre auquel je n'appartiens pas non plus. » Harry rit, un rire faible et pince sans rire qui ne cachait pas la douleur sous jacente qui menaçait de ressurgir. « Je parie que j'en serais réduit à ça, à la fin. Je n'appartiens à aucun monde. Il n'y a pas vraiment d'endroit où je puisse être moi. Dans leur monde je prétendrais être ce que je ne suis pas. Et dans le nôtre, qui je suis importe peu. Au moins, ici, je n'ai pas à mentir.

Il y eut un moment de silence entre les deux sorciers. Drago regardait à peine Harry qui regardait le vide devant lui comme s'il essayait de se trouver une place dans le monde.

« Harry- » Quand Drago prit finalement la parole, il fut coupé par des voix de l'autre côté de la porte. Elle s'ouvrit et les amis américains d'Harry entrèrent.

« Hé les gars ! » Les appela Kevin joyeusement alors que lui et les autres entraient dans la chambre, « Nous avons les pizzas. »

Il était minuit et demi. Toutes les pizzas et presque toutes les bières avaient disparu.

« Bon, les gars, c'était- » Cate fut coupée par un bâillement. « Amusant, mais je pense qu'il est temps que j'aille me coucher. »

« Si tôt ? » Demanda Ben.

« Aww, allons Cate. Il est seulement un peu plus de minuit, »Protesta Kevin, « Souviens-toi de toutes ces fois où nous restions debout jusqu'à trois heures du matin ? »

Elle se leva, vacilla à cause des quatre bières qu'elle avait bues dans la soirée et secoua la tête. « Nous ne sommes plus aussi jeunes et nous ne sommes plus à l'université, Kevin. »

« Nous avons eu notre diplôme il y a seulement quelques mois. Il n'y a pas très longtemps. »

« C'est suffisamment long et il est suffisamment tard pour moi. Je vous verrai plus tard sur le matin, les gars. C'était bon de te revoir Harry et de te rencontrer Drago. » Elle s'arrêta à la porte, « Hé Ben, appelle-moi quand vous serez levés et fais-moi savoir ce qu'on fait, d'accord ? »

« Bien sûr Cate. Dors bien, d'accord ? »

Avec un sourire et un geste de la main, elle quitta la chambre.

« Tu sais, Harry, nous devrions y aller nous-aussi. J'ai cours demain matin. » Lui rappela Drago.

Harry grimaça, « Désolé Drago. Je pense que nous devrions y aller. Oh hé, c'est le manteau de Cate. » Remarqua-t-il en désignant la veste en cuir posée sur le dos de la chaise. « Ne devrions-nous pas le lui ramener en partant ? »

Ben secoua la tête, « Ne t'inquiètes pas. Nous le lui rendrons dans la matinée. »

« Très bien. » Accorda Harry, « Je me suis bien amusé ce soir. Ca m'a fait vraiment plaisir de vous revoir les gars. »

« On ne peut pas dire mieux. » Lui répondit Kevin, « Que ferons-nous le reste de la journée, après avoir dormi un peu ? Pourrons-nous venir te voir cette fois ? »

« Ah, non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. » Répliqua Harry en jetant un coup d'œil vers Drago pour qu'il l'aide. « Vous voyez…En fait- »

« L'appartement est en plein désordre. » Compléta Drago doucement, « Nous venons d'emménager et toute est encore emballé ou traîne par terre. »

« Oh, Harry, on se fout de l'état de ton appartement. »Lui assura Ben, « Tu n'as pas à t'inquiéter de ce que nous pensons ou quelque chose d'aussi stupide que ça. Nous sommes venus te voir, voir à quoi ressemble ton monde. Pas pour voir ton merveilleux talent de décorateur. »

Vous ne pourrez jamais voir mon monde. C'était peut-être l'heure tardive. Peut être était-ce tout simplement dû aux conversations qu'ils avaient échangé cette nuit. Ca pouvait être le lien entre lui et ses amis qui s'était renoué. Ou cela était peut-être dû à l'alcool. Quoi qu'il en soit, Harry se sentait frustré, et le désespoir montait en lui.

Ce n'est pas juste. Ce sont mes amis. Ils se soucient de moi. Moi. Et peu de gens le font. Plus que tous les autres, ils méritent de connaître la vérité. Ils méritent de voir qui je suis. Je ne peux pas leur mentir. Ce n'est pas bien.

« Je ne pense vraiment pas que ce soit une bonne idée. » Disait Drago alors qu'Harry s'apprêtait à parler.

Je leur fais confiance. Après les quatre années que nous avons partagées ensemble, je leur fais autant confiance qu'en Hermione et Ron, peut-être même plus… Pensa Harry soudainement. Après tout, ils sont les seuls à savoir pour Severus, à part Drago. Ils connaissent une part de moi, que mes plus proches amis n'ont jamais vu. Je ne peux simplement pas…

« Je ne peux plus faire ça ! » S'exclama Harry en mettant fin aux arguments entre les moldus et Drago. Il attira les regards des trois jeunes gens. « Je suis désolé, mais je ne peux plus vous mentir. »

Drago le regarda avec horreur. « Harry ! »

Harry secoua désespérément la tête, « Ce n'est pas bien, Drago. Ce sont mes amis. Ils méritent de connaître la vérité. »

« C'est interdit. » Protesta Drago. « Tu voudrais consciemment nous mettre en danger ? »

« Je ne mettrais personne en danger. Je leur fais confiance, Drago. Je leur fais autant confiance qu'en Ron et Hermione. Autant qu'à toi. » Les mots qui lui avaient échappé le surprenaient et d'après le regard de Drago, lui aussi.

Les deux sorciers se dévisageaient en silence et le temps s'étira autour d'eux. Ni Ben, ni Kevin ne bougeaient. Ils les observaient confus.

Après quelques minutes, Harry dit doucement, « C'est trop tard de toute façon, ils savent déjà qu'il se passe quelque chose. »

« Je peux le leur faire oublier. » Sa voix était à peine plus forte qu'un murmure.

« Je ne peux pas leur faire ça Drago, s'il te plait. Je les connais. Ben et Kevin ne nous trahiraient pas. »

« Tu leur fais confiance, et tu es prêt à jouer avec notre monde ? Avec la vie de tout ceux qui y vivent ? »

« Ce n'est pas diffèrent de la confiance que nous plaçons dans des gens comme les parents d'Hermione. »

Drago soupira profondément, « J'espère que tu sais ce que tu fais, Harry. »

« Euh,…Les gars ? » Essaya Ben, « Que se passe-t-il ? »

« Je vous ai menti, » Admit Harry, « Je vous ai menti ces deux dernières années. »

Ben secoua la tête, « Je ne comprends pas. Mentir à quel sujet ? »

« Je ne suis pas la personne, que vous pensez que je suis. Je ne suis même pas ce que vous pensez que je suis. » Soupira Harry. Il prit une profonde inspiration, « Drago et moi ne sortons pas ensemble. C'était son idée, pour essayer d'être à nouveau dans les bonnes grâces de Cate. Nous avons été en classe ensemble quand nous étions enfants. Jusque là au moins, c'est vrai. Et nous nous détestions. Drago a passé plus de temps que je ne peux en compter à essayer de me faire renvoyer, ou à me tuer ou les deux. Et je ne faisais pas mieux. Severus travaille dans cette école, ça aussi c'est vrai, mais il y travaillait déjà avant ma naissance. »

« Quoi ! » S'exclama Kevin, « Comment est-ce …Alors pourquoi…Harry, je ne comprends pas. »

« Je suis devenu amnésique quand j'ai eu dix huit ans, peu de temps après avoir eu mon diplôme. J'ai été blessé je crois, les détails ne sont pas encore clairs. Mais après ça, j'ai été amnésique. Tout ce que je vous ai dit quand je vous ai rencontré était vrai. Sur ma famille, sur les raisons pour lesquelles je suis allé en Amérique. La seule différence est que je ne me souvenais pas de ce qui s'était passé à l'école. »

« Tu ne peux pas oublier des souvenirs précis qui ont été imprégnés dans ta vie alors que tu te souviens du reste. L'esprit ne fonctionne pas comme ça. » Objecta Ben.

« Ce n'était pas une blessure normale. Vous comprendrez plus tard. De toute façon, le directeur de l'école a découvert que j'étais en danger. Le père de Drago essayait de me retrouver; il voulait désespérément me tuer. Quand ce que-»

« Excuses-moi ? Harry, ça semble fou. » L'interrompit Kevin. Il se tourna vers Drago, incrédule. « Ton père a essayé de tuer Harry ? »

« Ce n'était pas très original de sa part, je dois l'admettre. Mais il était vieux, et perdait ses repères. Que pouvait-il faire sinon copier ce que d'autres avaient déjà tenté avant lui ? » Répondit cyniquement Drago.

« Est-ce que vous plaisantez ? »

Harry secoua la tête et Drago répondit, « J'ai bien peur que non. Il est vrai que j'aimerais contester l'histoire de cette révélation, mais, j'ai été dépassé par l'illustre Harry Potter, acclamé par tous, haut et fort comme quelqu'un qui fait ses propres règles. Oui, mon père a essayé de le tuer. En fait mon père m'entraînait pour que je le tue. Soyez content de ne pas être un Malfoy. L'équilibre mental de ma famille est à l'extrémité la moins profonde de la piscine génétique. »

« Le directeur a envoyé Severus pour me protéger. » Harry continua l'histoire. « Il savait de quoi Lucius était capable et il savait comment l'arrêter. Dumbledore espérait aussi que la présence familière de Severus me permettrait de retrouver la mémoire. Vous vous souvenez de notre voyage à Baltimore ? Vous vous souvenez à quel point j'étais bizarre ? C'est parce que je venais de retrouver la mémoire.

« Et le jour où l'école a pris feu ? Vous vous souvenez de ça ? C'était Lucius. Il était là pour me tuer ainsi que le plus de personnes possibles. Mais nous l'avons arrêté, Severus et moi. »

« Arrêté ? » Interjeta Ben suspicieusement.

« Ils l'ont tué, » Ajouta Drago « S'ils ne l'avaient pas fait, il vous aurait tous tués. »

« Tu as tué quelqu'un ? » Lui demanda Kevin d'une voix tremblante. « Tu as en fait tué quelqu'un ? »

Harry secoua la tête. « Non. J'étais trop faible pour l'arrêter. Il allait me tuer quand Severus est intervenu. C'est lui qui l'a tué. »

Kevin et Ben échangèrent un regard puis se tournèrent vers Harry et Drago. Ils secouèrent la tête. « Ce n'est pas rationnel. Ca n'a pas de sens. Pourquoi…Pourquoi est-ce que ça se serait passé ? » Pressa Ben.

« Laisse-moi finir. Après avoir reçu notre diplôme, Severus et moi sommes revenus en Angleterre, à l'école. Drago est vraiment enseignant là-bas. Et Severus y est encore. Et je vous ai dit la vérité. Je n'ai pas d'idée de carrière. Je ne fais rien, je vis juste dans une chambre de l'école. »

« Quelle sorte d'école est-ce ? Pourquoi te laissent t'ils y vivre ? »

« Parce que j'ai sauvé les vies de toutes les personnes là-bas. »

« Parce qu'il a sauvé les vies de toutes les personnes qui vivent dans notre monde. » Clarifia Drago

« C'est encore ce 'Notre monde'. Quel monde ? Vous vivez dans le même monde qu le reste d'entre nous. »

« Non. Ecoute, ce serait plus facile de vous montrer. Vous croirez le reste si vous pouvez voir. Si vous pouvez l'expérimenter. »

« Oh, pour l'amour de tous les dieux, Harry, tu ne peux pas honnêtement penser leur montrer ? Leur dire est une chose, mais il y a des règles qui nous interdisent de laisser voir aux moldus ce que nous sommes. » Protesta Drago.

« J'ai déjà brisé les lois. »

« C'est différent. En plus, que veux-tu leur montrer ? Il n'y a rien-Oh non. Oh non, Harry. Tu ne peux pas. S'il te plait, ne me dis pas que tu penses à ça ? » Drago n'avait jamais été aussi près de l'imploration. « Tu ne peux pas les emmener là-bas ! »

Harry se tourna vers les Américains, « Voulez-vous voir mon monde ? Voulez-vous comprendre de quoi je vous parle ? Le voir ? »

« Tu me fais peur, Harry. Je ne sais pas ce qui se passe. » Répondit Ben avec franchise. « Mais je veux comprendre. Pour l'instant tu as l'air d'un psychopathe et je ferai tout pour prouver que ma théorie est fausse. Oui, Harry. Montre-nous de quoi tu parles. Laisse Kevin et moi comprendre. »

« Vous devez me jurer de ne jamais parler à personne d'autre qu'à nous quatre ici présent, de ce que vous allez voir, de ce que je vais vous dire. Vous ne pourrez en parler à personne d'autre. Pas à vos parents, pas à vos autres amis, pas même à Cate. Ceci doit rester secret. Si vous ne pouvez pas jurer, nous vous ferons oublier. Ce sera comme si les dernières minutes n'avaient jamais eu lieu et nous continuerons comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant. » Leur dit Harry sérieusement. « Mais je voulais vous offrir cette chance. Vous méritez la vérité. Vous méritez de me connaître. »

« Nous sommes tes amis, Harry. Nous ne te trahirons jamais. Je te le promets. Peu importe ce qu'il se passe, tu peux nous faire confiance. » Répondit Ben solennellement.

« Malgré la façon dont j'agis, tu sais que je t'aime et que je ne te ferai jamais de mal. Après Ben tu es mon ami le plus proche. Je te promets de garder tes secrets. » Promit Kevin aussi sérieusement que l'avait fait Ben.

Harry se tourna vers Drago.

« Ce n'est même pas la peine d'ouvrir la bouche. » Lui dit Drago avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit. « Je sais exactement ce que tu vas dire. C'est fou. Ce que tu fais est illégal. Et dangereux. Mais je comprends pourquoi. Et seuls les dieux savent que j'ai fait bien plus d'actions illégales que toi dans ma vie. Oui, Harry. Je viens avec toi. Je ne sais pas quelles autres idioties tu commettrais si je te laissais faire cette stupidité seule et sans surveillance. Je t'aiderai, parce que tu auras certainement besoin du plus intelligent des Serpentards pour t'aider à te sortir de ce chantier. Enfer, c'est presque comme pendant les vieux jours. » Un sourire satisfait plissa le visage de Drago, « Je me demande si un jour ce sera inscrit dans les livres d'histoire, Drago Malfoy et Harry Potter travaillant ensemble pour faire quelque chose de stupide. En général, nous le faisons chacun de notre côté, sans que ce soit intentionnel. Donc c'est d'accord. »

« Merci. »

« Allons-y. Je pense que tu veux le faire ce soir et j'ai vraiment un cours demain. Je ne veux pas être complètement au bout du rouleau quand j'y serai. Je suis sûr que tu ne veux pas que les étudiants frappent à la porte de ta chambre en se plaignant qu'à cause de toi, j'ai été encore plus désagréable que d'habitude. »

Harry acquiesça, se leva et d'un geste invita les autres à faire de même. « Allons-y, pendant qu'il fait encore nuit et que tout le monde dort. Je veux vous montrer Poudlard. ».

Les ombres dansaient le long des murs dans le grand et désordonné bureau alors que les flammes des chandelles frémissaient au gré du changement des évènements. Mis à part les grincements du papier ou de la modification de poids, la pièce sombre était silencieuse. Deux yeux voyaient Albus Dumbledore remonter la tête après avoir lu les papiers posés sur son bureau. Fumseck était le seul à connaître complètement la vie du directeur. Et le phoenix observait son compagnon de toujours regarder le dispositif qui servirait d'horloge au monde sorcier.

Dans sa vie, il y eut des moments où Dumbledore s'était senti âgé, et pas seulement vieux. Quand le poids du monde, des deux, sur ses épaules menaçait de le briser et qu'il se demandait s'il avait encore la force de le porter. Ca a donc commencé, pensa-t-il en regardant la pile de papiers sur son bureau. Je te fais confiance mon ami. Puisses-tu nous guider à travers les ténèbres et nous ramener à la lumière.