Chapitre 9 : Juste cette fois
On frappait avec insistance à la porte de ses quartiers. Depuis combien de temps, Harry n'en avait aucune idée. Il n'était sûr que d'une chose : il allait ignorer cette personne et se rendormir.
« Maudis sois-tu Potter ! Ouvre cette satanée porte ! »
Malfoy. Il aurait dû s'en douter. Harry se retourna et enfouit son visage sous l'oreiller. Quel était le dicton, si vous l'ignorez, il partira ? Il semblait approprié aux enquiquineurs. Drago était un enquiquineur. Ca devait donc certainement s'appliquer à lui aussi. Mm…dormir.
« Je n'ai pas passé une heure à discuter avec Snape en ton nom pour que tu m'ignores ! » Protesta Drago très indigné, de l'autre côté de la porte.
Je ne lui ai jamais demandé d'aller parler à Severus…Soudain les implications de ce que disait Drago atteignirent le cerveau fatigué et confus d'Harry. Il se leva en sursaut ; s'emmêla les pieds dans les draps avant même que ses yeux ne s'ouvrent. Harry apparut à la porte sans trébucher davantage, ouvrit brusquement la porte et loucha sur l'image pâle et floue de Drago Malfoy.
« Il t'en a fallu un temps. Je ne crois pas que le château entier ait comprit ce que je faisais. » Grogna Drago. Harry assuma que Drago lui envoyait un regard noir.
« Sev -» Parvint à dire Harry de sa bouche pâteuse. Il espérait que Drago comprendrait ce qu'il essayait de demander et lui éviterait l'ennui d'essayer de reconnecter sa bouche et son cerveau.
« Oui, oui, laisse-moi entrer, veux-tu ? » Drago le poussa, entra et ferma la porte derrière lui. Harry était conscient des yeux de Drago sur lui. « Bien que je sois sûr que certaines personnes fantasmeraient sur la vision d'Harry Potter presque nu avec les cheveux ébouriffés, je trouve cela perturbant. Donc si tu voulais bien enfiler quelques vêtements et mettre une paire de lunettes. Ainsi tu arrêteras peut-être de me regarder en louchant comme un complet idiot et nous pourrons parler de nos affaires. »
Il avait été trop vite pour qu'Harry comprenne totalement. Son esprit endormi n'assimilait pas d'autres mots que 'Severus' et rejetait comme non important tout le reste, « Quoi- »
« Vêtements, Potter. » Lui ordonna Drago, « Et un semblant de lucidité. Je ne parlerais pas à une espèce de zombie-somnabule. »
Lentement Harry commença à comprendre les mots, il chancela jusqu'à sa chambre, prit des vêtements et ses lunettes. Après le petit déjeuner, il était retourné à ses quartiers en sachant qu'il avait besoin de dormir. Il espérait que le sommeil viendrait rapidement, ainsi quand Drago viendrait lui apporter les réponses de Severus et de ce qui était arrivé, il serait réveillé. Il n'avait pas réussi à trouver le sommeil tout de suite. Il était trop anxieux pour se détendre suffisamment pour que son corps fatigué succombe à l'inconscience. Finalement le sommeil le submergea et il ne fut plus conscient du temps écoulé jusqu'à ce que le vacarme fait par Drago le réveille brutalement.
Il n'était jamais complètement alerte quand il était réveillé brutalement par des faits inattendus comme le téléphone ou la porte. Cependant bouger et renouer avec l'anxiété lui permit de chasser le brouillard de son esprit.
« Très bien, je suis réveillé maintenant. » L'informa Harry en mettant ses lunettes et en essayant d'aplatir ses cheveux qui se dressaient un peu partout au-dessus de sa tête. « Maintenant dis-moi ce qu'il s'est passé ! Est-ce qu'il va bien ? »
« Il va bien. » Répondit Drago. Il s'affala sur le canapé et se frotta le visage. Harry remarqua que contrairement à lui, Drago n'avait pas eu le temps de rattraper son sommeil.
« Bien ? Mais… »
« Ton entendement est aussi bon que le mien. Pourquoi ne t'assis-tu pas pendant que je te raconte ce qu'il s'est passé. »
« Je…oui, en fait ce serait bien. »
Harry fit apparaître un verre de cidre et le tendit au Serpentard avant de s'asseoir à côté de lui.
« Très bien. » Commença Drago après avoir but une gorgée. « Alors quand je suis descendu aux cachots… »
L'écho de la voix de Drago s'effaça. Harry ne pouvait que le dévisager, la bouche entrouverte, incapable de cerner suffisamment ses pensées débridées pour former une phrase cohérente. Il rencontra les yeux glacials au-dessus du verre que Drago était en train de boire. C'était la seule chose dont il était capable.
« Je ne m'étais vraiment pas attendu à cela. » Admit Drago en renvoyant le verre à la cuisine d'un geste de la main.
« Quoi… » Harry se tut à nouveau. Il va bien ? Comment est-ce possible ? Je sais ce que j'ai vu. Ce n'était pas un épouvantard ni une illusion, c'était Severus. Il va me parler ? Il essayait de me protéger ? Il ne me déteste pas ? Pourrait-il…Est-ce possible que…Drago lui a dit que je l'aimais ! Il repoussa les pensées qui virevoltaient dans sa tête et rendaient impossible la tache d'en saisir une suffisamment longtemps pour en parler avec Drago.
« Dès que je le verrai, je prendrai rendez-vous avec Dumbledore pour discuter avec lui des possibilités. » Offrit Drago. Il avait apparemment vu que Harry ne pouvait pas participer à la conversation. « Je sais que nous étions fatigués, mais nous l'avons vu tous les deux, et ni l'un ni l'autre n'avons eu d'hallucination. Et maintenant que j'en ai parlé à Snape et vu que ça l'inquiétait, je ne vais pas laisser tomber et oublier. »
« Severus… »
« Non, Snape n'a aucune idée de ce que c'était. » Répondit Drago. Il ne paraissait pas se soucier que ce soit ce qu'Harry avait voulu ou non dire. « Il n'est pas sûr que parler à Dumbledore nous aidera, mais il me souhaite bonne chance, si je veux essayer. »
« …ne me déteste pas… »
« Quoi ? Bon sang, est-ce que tu parles encore de ça ? » Drago leva les yeux au ciel, « Non, Potter il ne te déteste pas. Je parierais même qu'en fait il t'aime, si j'en juge par ce que j'ai vu dans ses yeux quand je lui ai dit ce que tu ressentais. »
Là. Il y avait quelque chose à laquelle Harry pouvait s'accrocher. « Par l'enfer pourquoi lui as-tu dit ça ? C'est suffisamment mal qu'il pense si peu de moi ? »
« Il pense que…Est-ce que tu m'écoutes au moins ? »
« Est-ce qu'il m'a écouté ? » Lui retourna Harry, « J'ai perdu le compte du nombre de fois où nous avons parlé de mes sentiments pour le monde sorcier et de la place qu'est la mienne. »
« Je ne sais pas. » Marmonna l'autre sorcier entre ses dents. Il gagna un regard noir de la part d'Harry.
« Comment pouvait-il croire que ce qu'ils pensent est important pour moi ? »
Drago baissa les bras en signe de défaite, « Je ne sais pas ! C'est la raison pour laquelle, tu vas aller lui parler. Nous ne sommes plus des enfants. Si tu veux savoir, vas lui parler, et ne m'envoie pas le faire ! »
Harry cligna des yeux en regardant Drago avec surprise, « Je ne… Je pensais que tu voulais lui parler. Je n'essayais pas de te l'imposer. »
« Non, c'est… » Drago secoua la tête et passa une main dans ses cheveux. « Je suis juste fatigué, c'est tout. Lui parler a fait remonter des choses auxquelles je n'avais pas envi de penser. »
Maintenant que la clameur de ses pensées s'était éteinte, Harry repensa à ce que Drago venait de lui raconter et se souvint de la comparaison que Drago avait peinte entre lui et Severus pour que l'homme plus âgé comprenne. « Non, je comprends. Je suis désolé. »
Drago haussa un sourcil, « Harry Potter s'excuse à nouveau ? Est-ce que l'enfer moldu a gelé une nouvelle fois ? »
« Je le pensais, Drago » Insista Harry, « Je voulais savoir s'il était blessé. Je n'avais pas l'intention de te blesser dans le même temps. »
« Je n'étais pas blessé. J'ai…dû regarder à nouveau dans le miroir. C'est une chose que j'essaie d'éviter. »
Harry voulut mettre une main sur son bras, mais repoussa l'idée. Il ne pensait pas que Drago apprécierait l'invasion de son espace personnel. Il déteste probablement d'avoir dû s'ouvrir à moi comme il l'a fait en me racontant la conversation qu'il a eue avec Severus. « Tu m'as. » Offrit-il doucement.
« Bien ! » S'exclama Drago sarcastique. « C'est tout ce que j'ai toujours désiré ! Comment ai-je pu t'oublier ? »
« D'accord, d'accord. Tu as le point. »
« Oh pour l'amour de l'enfer. » Drago regarda Harry avec méfiance, « J'apprécie tout ce que tu as fait. Tu as été la première personne qui m'ait donné une chance et tu es peut-être la seule qui n'aurait pas dû. »
Harry cligna des yeux. Il n'aurait jamais pensé que Drago puisse admettre une telle chose. Il s'est passé quelque chose en bas, réalisa-t-il. Cette conversation l'a changé, pourquoi ? Il étudia les souvenirs qu'il avait accumulés depuis qu'il était revenu à Poudlard et réévalua ses observations. Il change. C'est juste plus prononcé maintenant.
« Je suis content de l'avoir fait. » Lui dit Harry franchement, « J'aime penser que nous sommes devenus de bons amis. »
« Amis… »Harry voyait Drago ressassait le terme et prendre une décision, « Oui, je suppose que c'est ce que nous sommes. Nous sommes trop proches pour être autre chose. »
« Essaie de m'embrasser encore une fois et je pense que ce sera fini. » Harry lui sourit.
« Harry Potter, je suis choqué ! » Drago prit une expression blessée, « Et voilà, moi qui pensais te faire une faveur : te donner un avant goût de ce que c'est que d'embrasser quelqu'un de doué. »
« Ce n'était pas un bon baiser, Drago. »
« C'est parce que tu ne participais pas. »
« Et j'aurais dû ? »
Drago haussa les épaules, « Je ne pense pas, en tout cas si tu te satisfais de la médiocrité. »
« Médiocrité ! Mes baisers ne sont pas médiocres. »
« Tu veux parier ? »
« Eh bien, c'est le moment où jamais de le découvrir. Techniquement Severus et moi ne sommes pas ensemble pour l'instant. C'est le moment parfait pour avoir une brève et impétueuse liaison dont nous pourrons nous souvenir plus tard, quand nous ne serons plus ensemble. »
« Tu as raison ! Allez, enlève tes vêtements que nous puissions commencer ! »
Harry verrouilla ses yeux dans ceux de Drago quelques instants. Aucun des deux ne bougea. Ils éclatèrent de rire au même moment.
« Je ne peux pas croire que je suis assis là à flirter avec Drago Malfoy. » Dit Harry en riant.
« Tout le monde flirte avec moi. Personnellement je ne peux pas croire que je flirte avec toi. » Parvint à dire Drago entre deux crises de fou rire. Ses yeux se remplirent de larmes tant il riait.
Ils se regardèrent les yeux brouillés.
« Nous sommes pathétiques, non ? »
« Extrêmement. » Lui assura Drago.
« J'ai oublié de quoi nous étions en train de parler. » Admit Harry en cherchant de quoi ils parlaient avant leur crise de fou rire. Tu ne broies plus de noir, n'est ce pas Drago ? Je ne suis pas aussi inconscient que tu le penses. « Ah ouais, on parlait de Severus. Penses-tu vraiment que je devrais ? »
« Pas maintenant, évidemment. »
« Je ne veux pas dire maintenant. » Gronda Harry entre ses dents.
Drago sourit satisfait et continua plus sérieusement, « Donnes toi plusieurs jours. Accordez-vous, à toi et à lui le temps de réfléchir. Il a besoin de temps pour savoir ce qu'il ressent et bien qu'il est assez évident que tu sais ce que tu ressens, tu as besoin de temps pour comprendre pourquoi il t'a repoussé et ce que cela signifie. »
« Donc … ? »
« Tes moldus sont ici jusqu'à la fin de la semaine, c'est ça ? Pourquoi n'attends-tu pas jusqu'à ce qu'ils partent. » Suggéra-t-il, « Ainsi vous aurez tous les deux du temps et tu pourras consacrer toute ton attention à ce que tu auras besoin de lui dire, au lieu de t'inquiéter de ne pas te faire arrêter alors que toi et les moldus courez comme des fous. »
« Tu… » Harry s'indigna, « Tu me surprends vraiment quelques fois, tu le sais, ça ? »
« Pourquoi ? Parce que je réfléchis ? »
Harry lui sourit, « Ouais, c'est pour ça. »
Il passa le reste de la semaine dans une sorte de brouillard. Il était retourné à Londres pour voir ses amis après la conversation qu'il avait eue avec Drago. Kevin et Ben le persuadèrent de rester avec eux à l'hôtel le reste de la semaine. Il avait protesté au début, mais s'était souvenu du conseil de Drago et réalisa qu'il n'avait aucune raison de retourner à Poudlard. Il accepta donc. Je me concentre sur eux pour l'instant. Et une fois partis, je me concentrerai entièrement sur Severus, décida-t-il.
Lui, Kevin et Ben passèrent les deux jours suivants à faire du tourisme. Ils auraient volontiers invité Cate, mais ils ne l'avaient pas revu depuis la nuit où Drago et Harry étaient venus les voir à l'hôtel. Elle ne répondait pas à la porte quand ils frappaient, ni au téléphone quand ils appelaient dans sa chambre. Harry détestait l'exclure mais devait admettre qu'il appréciait le temps qu'il passait avec Kevin et Ben, sans la tension omniprésente, qu'il y avait à présent entre lui et Cate depuis l'arrivée de Severus à l'université.
Il fallut attendre le quatrième jour pour la revoir. Elle s'excusa de son absence et leur dit qu'elle avait été malade et ne pouvait pas quitter sa chambre sans être malade. Elle leur expliqua qu'elle avait passé la plupart du temps à dormir et qu'elle se sentait en général maussade, sans quoi elle aurait répondu à leurs appels ou à la porte. Heureux d'être à nouveau ensemble et s'étant amusés pendant leurs vacances, les trois hommes laissèrent tomber ses excuses et l'accueillirent à nouveau dans leur groupe.
La semaine se termina bien et Harry fut désolé de voir ses amis rentrer chez eux. Pendant un moment où ils furent seuls, Harry avait dit à Kevin et à Ben de continuer à envoyer les lettres à son parrain. Sirius les recevrait et les renverrait à Poudlard.
« Je vous tiendrai informé de tout ce qui se passe. » Leur promit Harry. Il ajouta que s'il trouvait quelques babioles aussi intéressantes que d'innocents objets sorciers, tels que des photos, journaux et autres, il leur enverrait des copies, pour qu'ils restent au courant de ce qu'il se passe dans sa vie. De leur côté, Kevin et Ben lui réitérèrent leur promesse de garder son secret et de ne rien laisser de ce qu'il leur enverra, tomber entre de mauvaises mains.
Harry resta à Londres pour voir l'avion de ses amis décoller puis retourna à Poudlard quand leur avion fut hors de vue. C'était le milieu de l'après-midi quand il revint dans ses quartiers et il ne bougea pas du reste de la journée, plongé dans ses pensées. Il repensa à tout ce que Drago lui avait dit sur la conversation qu'il avait eue avec Severus et réfléchit à tout ce qui était ressorti de sa propre discussion avec le jeune Serpentard et surtout, à ce qu'il allait dire à cet homme, maintenant qu'il n'avait plus rien à perdre.
Le lendemain matin, Harry se leva tôt, repensa une nouvelle fois, à tout ce qu'il avait décidé de dire, prit une douche, enfila une robe propre et descendit aux cachots. Il avait attendu suffisamment longtemps. D'une manière u d'une autre, il résoudrait les choses avec Severus, avant la fin de la journée.
« Comment puis-je vous aider, Drago ? »
Vous m'avez certainement fait attendre suffisamment longtemps, pensa Drago, énervé. Il résista à l'envi de lui faire une grimace. Il entra dans le bureau et s'assit en face d'Albus Dumbledore. Je ne sais pas ce qui peut se passer dans le monde sorcier en cette période relativement calme et en paix qui vous empêchez de me consacrer un peu de votre temps.
« Je veux vous parler d'une chose qui s'est passée la semaine dernière. » Répondit-il en essayant de cacher son énervement le pus possible et de faire en sorte qu'il ne s'entende pas dans le ton de sa voix.
« Voulez-vous un bonbon ? » Lui proposa Dumbledore en sortant une boite de chocolat qu'il lui tendit.
« Ah, non merci. Ca va. » Drago refusa le bonbon. Au moins ce n'était pas du thé, pensa-t-il avec soulagement. J'ai entendu des histoires sur ce qu'il se passait quand il en proposait.
Dumbledore sourit, ses yeux blues brillaient malicieusement et mit la boite de chocolats sur son bureau. Drago eut l'impression en voyant l'expression du directeur qu'il avait lu dans ses pensées. « Un de mes amis me les a envoyés des Etats-Unis. » Lui dit Dumbledore sur le ton de la conversation.
Drago supprima une grimace. Dumbledore savait. Il ne savait pas comment c'était possible. La seule raison est qu'il était Albus Dumbledore après tout. Mais il savait sans l'ombre d'un doute que, bien que lui et Harry aient fait très attention quand ils avaient amené les moldus au château, ils n'avaient pas été suffisamment vigilants. Vais-je être viré ? Envoyé à Azkaban ? Oh merde.
« Alors que puis-je faire pour vous ? » Dumbledore interrompit ses pensées et lui sourit plaisamment en s'adossant contre le dossier de sa chaise.
Espèce de… La pensée s'arrêta nette. On n'appelait pas le directeur de Poudlard un bâtard. Vous l'avez fait exprès. Snape avait raison. Je n'aurais pas dû venir ici. Il était trop tard maintenant pour tourner le dos et partir. Quand Dumbledore regardait quelqu'un en attendant une réponse, on ne lui tournait pas le dos et on ne partait pas.
Il ne lui restait rien d'autre à faire. Il était énervé, mal à l'aise, sentiment qu'il expérimentait beaucoup trop ces jours-ci. Il se lança une deuxième fois dans l'histoire de sa rencontre avec Snape dans le couloir. Drago ne croyait plus que Dumbledore serait capable de l'aider ou serait même désireux de l'aider. Mais il garda tout de même ses yeux rivés sur le vieux sorcier pour voir s'il y avait des traces du jeu auquel il jouait, ou de manipulation comme Snape l'avait sous-entendu. Il fit attention à ne pas lui accorder une trop grande confiance. Mais rien d'incriminant ne fut visible sur son visage, sauf un intérêt qui se changea en inquiétude quand Drago lui parla de l'apparence de Snape.
« J'ai discuté de ce que ça pouvait être avec Potter et Snape. » Conclut Drago, « Mais ni l'un ni l'autre ne le savent. »
« Qu 'en pensez-vous ? » Lui demanda Dumbledore, ses yeux un peu trop vifs étudiaient Drago avec curiosité.
C'est comme s'il savait, réalisa Drago brusquement. C'est comme et s'il voulait savoir si moi aussi j'avais découvert ce que c'était. La situation était déjà assez compliquée et troublée. Elle le devint soudain encore plus.
Il avait l'impression que le contrôle de la situation lui glissait entre les doigts et Drago se demanda s'il avait eu ce contrôle. Il commençait à voir qu'il ne l'avait jamais eu. Il haussa les épaules, « En toute honnêteté, je ne sais pas. Je sais c'est que ce n'était pas quelqu'un ou quelque chose qui se faisait passer pour Snape. C'était Snape. Et c'est ce qui m'inquiète. Il m'a dit qu'il n'avait pas quitté les cachots ce matin-là, et je le crois. Je ne vois pas de raisons plausibles pour laquelle il m'aurait menti. Et s'il ne ment pas, ça me conduit à penser qu'on a voulu nous jouer un tour. »
Il y avait une grande tristesse dans les yeux de Dumbledore. Il regardait Drago sérieusement. L'amusement présent dans ses yeux au début de la conversation avait disparu. Il frissonna de peur malgré lui. C'est ridicule, se réprimanda-t-il. Il n'y a pas de quoi être effrayé. Dumbledore est probablement conscient de ce qu'il s'agit. Et si c'était si terrible, il aurait fait quelque chose. Trop enveloppé dans l'ici et maintenant, Drago ne se rendit pas compte qu'il faisait comme beaucoup d'autres avant lui : il avait placé une foi inébranlable dans le vieux sorcier. Si son alter ego plus jeune en avait été témoin, il ne l'aurait jamais cru.
« Severus n'a pas menti. » Lui dit Dumbledore. « Et ce que vous avez vu n'était pas une plaisanterie. »
Là, il avait raison. Dumbledore avait tout sous son contrôle. Alors pourquoi la peur ne le quittait-elle pas ? « Vous savez ce que c'était ? »
« Oui, Drago. Je sais ce que vous avez vu dans ce couloir. »
La peur s'accentua. Drago eut l'impression de suffoquer comme si une main froide et squelettique s'était enroulée autour de sa gorge et empêchée l'air de passer. Le fait qu'il ne puisse pas comprendre l'origine de cette peur, la renforça.
Les deux sorciers se regardèrent fixement, le silence qui s'installa était lourd et oppressant. Drago essayait de ne pas trembler et était perturbé et énervé d'une telle faiblesse. Je suis plus fort que ça, s'admonesta-t-il. J'ai vu pire que ce que Dumbledore sait. Mon père était un mangemort, l'un des pires. Et ça ne peut pas être aussi terrible que les choses qu'il m'a montrées. Ca ne peut pas.
Dumbledore soupira, Drago sursauta. Etait-ce parce que Dumbledore savait ce qu'il pensait ou était-ce l'idée qu'il pouvait y avoir pire que ce que son père avait fait. Drago n'en était pas sûr. « Que… » Il essaya à nouveau, « Qu'était-ce ? » Il ne voulait pas savoir. Il savait qu'il ne voulait pas. Pas vraiment. Mais il ne pouvait pas arrêter les mots qui s'échappaient de sa bouche.
Albus Dumbledore, directeur de Poudlard, renommé pour être le plus puissant sorcier du monde, le seul craint par Voldemort, soupira désemparé. « Je ne peux pas vous le dire. » Répondit-il tristement.
Drago écarquilla les yeux. Peu importe ce qu'il se passait, peu importe à quel point ça pouvait mal tourner, Albus Dumbledore, était là à rassembler ses troupes. Quand tous étaient confus et apeurés, Albus était là avec sa calme assurance. Parfois triste, parfois déçu, Albus n'était jamais désemparé. On pouvait toujours compter sur lui. Il savait toujours quoi faire, toujours quoi dire, comment rendre les choses meilleures. Mais l'affaissement de ses épaules, le ton de sa voix, la lueur dans ses yeux, disaient à Drago qu'il n'avait pas de réponse à donner, pas de force à prêter, pas de moyen de rendre les choses meilleures.
« Monsieur le directeur… » Quand Drago tombait dans le formalisme, c'était mauvais signe.
Les yeux bleus ne scintillaient pas quand Dumbledore lui sourit gravement, « J'ai peur que vous ne compreniez que lorsque le temps viendra. » Répondit-il à la question que Drago n'avait pas posée. « Si j'avais pu faire quelque chose pour vous éviter de voir ce que vous avez vu ce jour-là, je vous assure que je l'aurais fait. Pour cet échec, je suis profondément désolé, Drago. »
Drago baissa le regard sur ses mains et vit qu'elles tremblaient. Il plissa le front et joignit ses mains, « Je ne comprends pas. » Confessa-t-il. Sa voix était à peine plus forte qu'un murmure.
« Je sais. Mais il y a des règles que je ne peux pas briser, surtout maintenant. » La tristesse dans ses yeux s'approfondit et il dit, « Parfois Drago, nous devons placer notre foi dans quelqu'un d'autre que nous même. Et nous devons le suivre, même si c'est douloureux, même si nous sommes effrayés. Parfois, nous devons faire des sacrifices pour quelque chose de plus important que soi. »
Drago ne pouvait pas regarder ailleurs et il pouvait à peine respirer. Il ne comprenait pas pourquoi Dumbledore lui disait tout cela mais il avait la désagréable impression qu'il le saurait plus tôt qu'il ne l'aurait souhaité. Je n'aurais jamais dû venir ici. Il avait espéré obtenir des réponses, il s'attendait à ce qu'il lui dise qu'il ne savait pas. Il ne s'attendait pas à cela.
« Je sais que ce n'est pas ce à quoi vous vous attendiez. » Dumbledore faisait écho à ses pensées, « Je vous donnerais les réponses si je le pouvais, Drago. Je le ferais vraiment. »
Drago passa une main tremblante dans ses cheveux. Je dois me reprendre. C'était plus facile à dire qu'à faire, malheureusement. La prochaine fois, je suivrai les conseils de Snape. S'il n'était pas venu, il n'aurait pas reçu le vague avertissement de Dumbledore, celui-ci ne résonnerait pas dans sa tête et il n'aurait pas eu l'ombre d'une vision qu'il ne pouvait pas comprendre. S'il n'était pas venu, il n'aurait jamais su. Et ça, lui fit remarque la part rebelle de lui-même, est précisément la raison pour laquelle tu es là. Tu ne t'es jamais protégé de la connaissance. Arrête de pleurer comme un veau et écoute.
« Il y a une chose que je peux vous dire. » Ajouta Dumbledore, « si vous êtes intéressé de l'entendre. »
Il me donne le choix. Il sait ce que je ressens et il me donne le choix de refuser d'entendre plus de nouvelles dont je ne veux rien as savoir. Il avait fait son choix. Il connaissait déjà sa décision.
« Oui. »
Dumbledore approuva. « Les aurors ont terminé leurs recherches dans la maison de votre père. »
C'était tangible. C'était quelque chose qu'il pouvait comprendre. Il mit sa peur et sa confusion de côté momentanément et haussa un sourcil, « Il leur a fallu suffisamment longtemps. Ont-ils trouvé ce qu'ils cherchaient ? Leur 'liste' de complices ? » Il renifla de dégoût.
« En effet, Drago. »
La mâchoire de Drago s'affaissa. Il ne peut pas être sérieux. Mon père n'aurait jamais fait quelque chose de si stupide que de faire un joli rapport sur les secrets de chaque mangemort. Une autre pensée s'imposa. Pourquoi me dit-il cela ? Il ne veut sûrement pas dire que je suis…La peur revint à grands pas, comme une vengeance.
« Cornélius Fudge sera là demain pour arrêter celui qu'il proclame être un mangemort et qui n'aurait pas été capturé quand Voldemort a été tué. »
Ce n'est pas moi ! Voulut crier Drago. Je ne suis pas un mangemort ! Paralysé Drago ne pouvait rein dire. Il regarda le directeur, muet.
« Demain Drago, j'aurai besoin de votre aide. »
Cette déclaration le réveilla de sa torpeur. « Quoi ? »
« Je…Je ne comprends pas. » Il ne voulait pas poser la question. Il avait peur de la réponse, mais il devait savoir, « Ne viennent-ils pas pour moi ? »
« Non, Drago. Ils ne viennent pas pour vous »
« Mais…Ca n'a aucun sens ! » Tais-toi ! Pourquoi discutes-tu, espèce de maudit fou ? Ce n'est pas toi ! Tais-toi ! « Qui cela pourrait-il… » Soudain, il sut, Oh non.
Il regarda désespérément Dumbledore, il voulait qu'il lui dise qu'il avait tort. Au lieu de cela, il vit la vérité dans les yeux d Dumbledore, « Pourquoi me dites-vous cela ? »
« Le timing Drago. » Répliqua le directeur, le regard aussi aiguisé qu'un rasoir. « N'oubliez pas l'importance du timing. Tout peut être perdu ou gagné avec le bon timing. »
Quoi ?
« Vous devez écouter Drago, je vais vous dire ce que vous devez faire. C'est très important. Plus important que vous ne le pensez. » Drago n'avait pas vu une telle ferveur dans l'attitude généralement douce et légèrement embrouillée du directeur.
« Dites-moi ce que je dois faire. »
« Qu'est-ce que c'est ? »
Harry avala nerveusement. Ca y est. Il regrettait juste que Severus ne paraisse pas un peu plus..et bien, amical. Rien de ce qui ne vaut vraiment la peine, n'est facile, se rappela-t-il. Dans le même temps, il maudit le bâtard masochiste qui avait dit une phrase aussi stupide. Il prit une profonde inspiration, rassembla sa confiance et poussa la porte pour l'ouvrir.
Il entra dans le bureau du maître des potions et Harry vit Severus penché au-dessus d'une sorte de breuvage expérimental ou peut-être faisait-il une potion. Harry n'en était pas sûr.
« Dépêchez-vous, je suis très occupé. » Claqua Severus, énervé quand il entendit la porte se fermer derrière Harry. Il n'avait pas encore levé les yeux.
« Je peux revenir plus tard. » Lui proposa doucement Harry. Etait-ce soin imagination ou les mots avaient-ils vraiment résonnés dans la pièce ?
Severus leva rapidement les yeux, ses mains immobiles, il fit tomber sur le bureau les outils servant au mélange, oubliés. Il n'y avait aucun signe de ce qu'il ressentait sur son visage, mais il y avait quelque chose d'indiscernable dans ses yeux.
« Si tu es occupé, je peux -» Harry se remit à parler, mais Severus le coupa d'une voix tranchante.
« Ca peut attendre. »
Oh, le silence s'installa. Aucun des deux ne parla, ni ne raccourcit la distance qui les séparait. Le bureau de Severus n'avait jamais paru aussi grand à Harry et paradoxalement aussi petit.
C'est beaucoup plus difficile que je l'avais pensé, pensa Harry d'un air désespéré. Il se débattait, coulait dans les yeux de Severus. Et si tu avais tort, Drago ? Et s'il me détestait vraiment ?
« J'ai parlé à Drago. » C'était la seule chose qu'il put dire.
Severus inclina brièvement la tête en signe d'acquiescement.
« Je… » Dis quelque chose, maudit sois-tu. Donne-moi un indice. Dis-moi quelque chose qui me prouve que je ne vais pas à nouveau être brisé. Il ne pouvait rien dire à ce stade, sauf, « Que veux-tu, Severus ? »
« Peut-être devrais-je vous poser cette question, Monsieur Potter. » Ce n'était pas sarcastique. Ce n'était pas amical. Ce n'était rien. Juste froid et sans émotion.
« Tu rends les choses si difficiles. » Murmura Harry, inconscient d'avoir effectivement parlé.
« Ce n'est pas une chose facile » Répondit Severus. Sa voix, même si elle n'était pas un murmure était basse et calme.
Harry regarda dans ses yeux insondables. Jute un indice, Severus. C'est tout ce que je demande.
« Que t-a dit Monsieur Malfoy ? »
Il ne put s'empêcher de sourire légèrement en se rappelant ce que Drago lui avait dit, « De 'bon sang, que se passe-t-il ?' à la 'décision de parler à Albus' »Répondit Harry.
« Il a été minutieux, je dois le reconnaître » Marmonna Severus dans sa barbe, mais suffisamment fort pour qu'Harry puisse l'entendre. « Comprends-tu ? »
« Je…non. »
Severus soupira.
« Comment peux-tu penser aussi peu de moi ? » Lui demanda alors Harry.
« De quoi parles-tu ? »
« L'opinion du monde sorcier, Severus. » Il y avait de la colère cachée derrière ces mots. « Tu penses que le monde sorcier est si important que je te jetterais gaiement dès qu'on me posera des questions ? » Harry lui envoya un regard noir, inconscient qu'il couvrait doucement la distance qui les séparait. « Ils m'interrogent depuis que je suis arrivé à Poudlard. Souviens-toi de Rita Skeeter ? Tout ce que je fais, paraît dans cette maudite gazette du sorcier. Des accusations, des mensonges, des vérités ignorées effrontément, des histoires fabriquées, et la liste continue. Toute ma vie, il y a eu des spéculations, des interrogations, des accusations sur ce que je fais et ce que je pense. »
« C'est précisément la raison ! » Severus parla finalement et paraissait exaspéré. Harry s'arrêta devant lui. « Peux-tu imaginer ce qu'ils diraient s'ils savaient à mon sujet ? »
« Qu'est-ce qu'il y a à savoir à ton sujet ? Que diraient-ils Severus ? » Interrogea Harry avec colère. « 'Severus Snape a été vu en train de discuter avec Harry Potter' ? 'Severus Snape enseigne à une autre classe ?' 'Severus Snape est aussi désagréable que d'habitude ?' Par l'enfer que diraient-ils, Severus ? Ils n'auraient rien à écrire parce qu'ils n'auraient rien à raconter ! »
Severus plissa les yeux, « Tu sais sacrément bien -»
« Non Severus, je ne sacrément pas. Ce n'est pas comme si nous nous promenions en public en nous tenant par la main ou si nous sortions dîner en toute intimité dans des restaurants romantiques. Rien de ce que nous faisons, n'est même vaguement douteux. Rien ne renseigne sur la nature de notre relation. » Commença Harry. Il commençait sérieusement à se demander pour quelle raison exactement il était en colère. « Il n'y a rien eu dans les journaux sur mon amitié avec Drago. Je doute qu'ils disent quoi que ce soit à ton sujet. »
Quelque chose vacilla dans les yeux de Severus. « Alors c'est ça la vérité. »
« Alors comment peux- Vérité à quel propos ? » Harry s'interrompit à mi-phrase et regarda Severus avec confusion.
Severus l'étudia un moment puis haussa les épaules et retourna à la potion sur son bureau, « Bonne journée, Monsieur Potter. »
Harry le regarda bouche bée. Est-ce que tu te moques de moi ? Oh non, tu ne vas pas partir loin de moi aussi facilement, espèce d'épineux bâtard.
« C'est ça ? » Commença Harry avec incrédulité, il fit un pas en avant, attrapa le bras de Severus et le poussa pour qu'il lui fasse face, il ignora le grondement de l'autre homme. « Bonne journée, Monsieur Potter ? C'est ce que tu as à me dire, après tout ? Oh non, je ne pense pas. Et tu peux arrêter de siffler comme si j'étais une espèce de serpent. Je ne le suis pas. » Harry lui donna une secousse, « Je te laisserai partir quand tu arrêteras d'agir comme un connard et me dira ce qui se passe, bon sang ! » Plus tard Harry sera muet quand il repensera à la manière dont il a malmené Severus. Il n'aurait pas eu le courage de le faire s'il n'avait pas été aveuglé par la frustration et la colère.
« Etait-ce un acte oui ou non ? » Poursuivit Harry en rencontrant les yeux remplis de colère de Severus. « Et tu as intérêt à me dire la vérité » Harry aurait été criblé d balles si le regard pouvait tuer. « Je suis malade à en mourir des demi-vérités et des mensonges. Si tu le pensais, bien. Je partirai dès maintenant et tu n'auras plus jamais besoin d'avoir à faire à moi. Mais sinon… » La colère s'effaça soudainement et laissa Harry fatigué et triste. « Si ce n'était pas ça alors… » Mais ça l'était. Ce n'était que ça. Ce n'était qu'un acte. J'abandonne.
Il relâcha Severus et se dirigea vers la porte. « Oublie ça, Severus. Je suis fatigué de me battre. » Tu as essayé Drago, et je t'en remercie. Certaines choses ne marchent pas, à la fin. Tu avais raison sur une chose, la vie n'est pas un conte de fées. Il est temps que j'arrête d'agir comme si s'en était un. Il ne devait pas souffrir davantage la deuxième fois. De cela Harry en était raisonnablement certain. Mais apparemment la raison l'avait abandonné depuis longtemps.
« Ca ne l'était pas. »
La main trembla sur la poignée de la porte quand les mots murmurés atteignirent ses oreilles.
« Ce n'était pas un acte. » Répéta Severus, légèrement plus fort.
Harry se tourna lentement, plus qu'un peu effrayé qu'il ait été victime d'une hallucination et qu'il ne voit dans les yeux de Severus rien d'autre que du mépris. Mais il n'y en avait pas. Simplement un mélange d'émotions qu'Harry ne parvenait pas démêler.
« Alors pourquoi ? »
« Parce que je ne veux pas qu'ils m'utilisent pour te faire souffrir. »
« Severus… »
« Je ne veux pas voir tes amis te tourner le dos, ni voir les journaux trouver quelque chose de nouveau pour te harceler. Tu es encore jeune et même i ça fait cliché, tu as encore une grande partie de ta vie devant toi. Je ne veux pas la voir ruiner et je ne veux pas te voir rater les opportunités que tu pourrais avoir parce que tu es d'une certaine façon attachée à moi. »
C'était honnête, ça venait du cœur et plus important, c'était la vérité. Harry ne savait pas s'il voulait l'embrasser ou l'étrangler. Les décisions prises dans les meilleures intentions semblent toujours être mauvaises.
« Je m'en fiche. » Lui dit Harry en se rapprochant de lui. « Il y aura toujours une chose qui ne va pas et ils trouveront toujours une raison de placarder mon visage sur les journaux. Je n'ai jamais voulu être célèbre. Je ne me soucie certainement pas qu'ils perdent soudain intérêt en ma personne. Et pour mes amis, ce ne seront pas de vrais amis s'ils ne peuvent pas respecter les choix que j'ai fait et qui me rendent heureux. Et pour les opportunités qui s'y intéressent si ceux que tu aimes ne sont pas présents pour les apprécier avec toi. » Il s'arrêta devant Severus et frappa sa poitrine pour renforcer ses paroles puis demanda sans ironie, « Est-ce que tu comprends ? »
« Si je disais non ? »
Harry cligna des yeux, il ne savait pas s'il plaisantait ou non, « Alors je te frapperais probablement. » Répondit-il sincèrement.
Le fantôme d'un sourire apparut sur le visage de Severus, « Alors je devrais dire oui. »
Nous sommes presque en terrain amical. Prends ça et sois satisfais, ne presse pas les choses, laisse faire ! Harry n'avait jamais écouté la voix qui lui conseillait la prudence, la voix que d'autres comme Drago aurait appelé du sens commun. Il ne voyait aucune raison de commencer maintenant. « Où nous tenons-nous Severus ? » Si tu dis 'dans mon bureau', je te frapperai vraiment.
« Où veux-tu que nous nous tenions ? »
« Ensemble. »
Rien ne se vit sur le visage de Severus quand il regarda dans les yeux d'Harry. Je ne sais pas ce que tu espères trouver là, Severus, une sortie peut-être ? Mais tu ne la trouveras pas. Le silence sembla durer à l'infini. Harry avait envoyé la balle dans le terrain de Severus et il attendrait pour toujours si nécessaire, jusqu'à ce qu'il ait une réponse.
Finalement après ce qui lui parut des heures, Severus parla. Il fit un petit geste qui les entourait eux et la pièce en général, « Nous y sommes déjà. »
L'air qu'il n'avait pas conscience de retenir s'échappa soudain. Severus le remarqua et se permit un petit sourire, « Combien de temps comptiez-vous retenir votre souffle, Monsieur Potter ? »
« Jusqu'à ce que je m'évanouisse. » Il ne plaisantait qu'à moitié.
« C'est bien ce que je me disais. »
« Tu promets de ne plus jamais recommencer cela ? » Interrogea Harry en sachant que Severus comprendrait sans besoin de clarification.
« Oui, Monsieur Potter. Je jure solennellement -» Severus sourit satisfait. Il laissa les mots en suspens. Harry plissa les yeux, « Dis-le et je te frapperai. »
« -Je ne ferai plus jamais cela. » Conclut son aîné. Son sourire satisfait était toujours sur son visage.
« C'est la dernière fois que je te parle de mes secrets. » Marmonna Harry en feignant l'ennui. La vérité était qu'il ne pouvait pas être plus heureux. Il avait raison. Je serai maudit. Drago avait vraiment raison après tout.
« Eh oui, avant que tu ne poses la question, que je vois crier dans te yeux et qui demande attention, je suis moi aussi content de la fin de cette conversation. » Lui assura Severus sans ironie. « Ne t'attends pas à me voir verser des larmes de joie ou te le montrer avec quelques baisers sentimentaux comme un abruti fou amoureux. »
Harry sourit. Je n'ai pas besoin de cela. Et tu le sais. J'ai juste besoin de toi. « Sincèrement Severus, je serais aussi heureux avec une insulte coupante et bien placée. » Lui dit Harry honnêtement. « Elles m'on manqué, tu sais. »
Le commentaire dut prendre Severus par surprise. Les yeux du maître des potions s'écarquillèrent puis ils se plissèrent pour scruter Harry avec attention. Harry n'était pas certain de savoir ce qu'ils cherchaient ou même s'ils l'avaient trouvé. Mais apparemment il avait pris une décision parce qu'il fit un bruit étrange bas dans sa gorge et monta la main pour toucher le menton de Harry du bout de ses doigts froids.
Harry se demanda avec un curieux détachement ce que Severus faisait. Harry permit à sa tête d'être penchée légèrement vers l'arrière. Si c'était quelqu'un d'autre, je penserais… Mais non, c'est Severus. Il ne …
Harry écarquilla les yeux. Severus approcha ses lèvres de celles d'Harry. Il était à quelques centimètres d'elles, quand il murmura, « Juste cette fois. ». Son souffle effleura les lèvres d'Harry et il se pencha pour toucher ses lèvres.
Ouais je pensais bien qu'il le ferait, pensa t'il de façon idiote et spontanée.
Harry sentit la main de Severus remonter le long de son menton jusqu'à ses cheveux. Ses doigts s'emmêlaient dans de petites mèches et son bras s'enroula autour de sa taille pour le rapprocher de lui. Harry hésitait, il ne croyait pas à ce qui était en train d'arriver et avait peur que s'il bougeait, Severus réalise soudainement ce qu'il était en train de faire et ne s'arrête. Harry monta ses mains pour qu'elles reposent légèrement sur le dos de Severus.
Et le baiser s'approfondit, ces doigts s'enfonçaient dans le dos de son ancien professeur. Harry n'avait pas l'intention de laisser le baiser se terminer si Severus changeait soudain d'avis. Et pour la première fois dans leur bizarre relation, ils s'embrassaient en sachant très bien qui était l'autre et en étant sobre. Harry était déterminé à ce que le baiser dure aussi longtemps que c'était humainement possible.
Malheureusement le besoin d'air les força finalement à se séparer. De façon surprenante, Severus ne recula pas immédiatement, au contraire, il laissa son front appuyé gentiment contre celui d'Harry. « Harry -» Sa voix, un peu essoufflée était toujours sérieuse.
C'est bon. Je sais. Harry sourit tristement. « Ca ne s'est jamais passé, c'est ça ? »
« Je -» Severus cligna des yeux puis renifla, se redressa et s'écarta d'Harry. Ce dernier résista à la tentation d'étendre le bras et de le ramener vers lui. Un pas à la fois. Un jour, Severus, tu ne ressentiras plus le besoin de te cacher et tu resteras de ta propre volonté.
Severus lui sourit et avec un sourire plein d'humour, il frôla de sa main, la joue d'Harry en une caresse fugace. « Non Harry, cette fois ça s'est passé. »
