Chapitre 10 : Avoir la foi

« Hé, Harry ! »

Harry s'arrêta au milieu des élèves qui quittaient la grande salle après le déjeuner. Il se retourna pour voir qui l'avait interpellé : Ron Weasley marchait rapidement pour le rattraper. Il lui faisait de grands signes de ses bras et sautait pour attirer son attention.

« Ron ? » Demanda Harry surpris. Il s'échappa de la foule et Ron le rejoignit. « Que fais-tu ici ? Je croyais que tu ne devais revenir que dans un mois, voir plus ! »

« C'est le cas, »Lui accorda Ron avec un sourire heureux, « Mais nous avons découvert des objets compromettants au Manoir Malfoy plus tôt que nous ne le pensions. »

« Alors tu es revenu pour un moment » L''interrogea Harry avec espoir.

« Non, pas encore »Ron se gratta la tête brutalement et admit, « Je suis ici officiellement, pour le travail. » Il s'illumina alors, apparemment peu inquiet de s'écarter du sujet de ce boulot. « Mais je crois que j'ai un peu de temps à passer avec toi et Hermione pendant que le chef est avec Dumbledore. »

Ce fut une nouvelle surprenante pour Harry, « Le Ministre de la Magie est ici ? »

Ron regarda d'un côté et de l'autre puis se détendit quand il vit que personne ne traînait autour d'eux et ne les écoutait. « Allez viens, » Suggéra-t-il en prenant Harry par le bras et en le tirant dans le couloir, « Allons retrouver Hermione. Je ne suis pas censé parler de cela à qui que ce soit, en tout cas, pas avant que ce soit terminé » Ajouta-t-il un peu plus bas.

Harry n'étant pas capable de hausser un sourcil comme le font Severus et Drago, il souleva les deux. Il suspectait secrètement cette habilité d'être un talent propre aux serpentards et qu'il n'était pas possible aux membres des autres maisons de le reproduire. C'est vraiment étrange. Je ne l'ai jamais vu aussi secret, songea Harry. Ca doit être vraiment important, si le Ministre est ici. Il vaut probablement mieux que je ne sache pas ce qui se passe.

Harry ne pouvait pas penser au Ministre de la Magie et à Poudlard sans ressentir un frisson de malaise, il avait alors, la certitude que rien de bien ne pouvait se produire. Il avait ce sentiment depuis qu'il était entré dans le monde sorcier, depuis son enfance, depuis qu'il avait vécu ces expériences. Il semblait toujours arriver d'horribles choses, chaque fois que Cornélius Fudge décidait d'honorer l'école de son auguste présence : que ce soit l'introduction d'un nouveau directeur pour remplacer Albus ou qu'il faille subir les détraqueurs.. Espérons qu'il n'a pas amené les détraqueurs avec lui cette fois, pensa Harry sèchement, en levant les yeux au ciel.

Les deux sorciers marchèrent dans un silence amical jusqu'à la classe d'Etudes Moldues. Même si Ron avait été indirectement responsable de sa rupture temporaire avec Severus, il était toujours son ami et n'avait pas intentionnellement fait souffrir Severus. Pour l'instant les choses étaient comme elles avaient toujours été entre eux, une situation qui Harry le savait provoquerait sa colère quand il lui dirait ce qu'il se passe vraiment. Il n'y a rien qu'il puisse faire à ce sujet de toute façon. Il devra s'y habituer, c'est tout. Je ne pense pas qu'il soit prêt à perdre un ami parce que je suis en compagnie, d'une personne qu'il n'aime pas.

« Sait-elle que tu viens ? » Lui demanda Harry quand ils arrivèrent doucement devant sa salle de classe.

Ron eut un sourire en coin, « Nan »

Harry ricana, fit une révérence et un grand geste en direction de la porte, « Après toi…»

Ron avança et frappa à la porte en jetant un coup d'œil vers Harry puis lui fit le clin d'œil du conspirateur. La porte s'ouvrit quelques instants après et une Troisième année regarda Ron avec des yeux écarquillés et curieux. Ron se pencha légèrement en avant pour pouvoir la regarder dans les yeux et murmura, « Pourrais-tu dire à ton professeur que j'aimerais avoir un mot avec elle ? »

La fille le dévisagea une seconde de plus et disparut dans la salle de classe, laissant la porte grande ouverte dans sa hâte. De la classe, ils entendirent la fille les annoncer dans un lourd murmure, « Professeur Granger ! Il y a un homme dehors qui veut vous voir. !»

Harry dut se mordre le coin des lèvres pour s'empêcher de rire. Il se souvenait très bien de ce qu'était être élève de cette école et il savait que dans quelques heures, l'école toute entière serait en émoi et des rumeurs et des hypothèses sur l'identité de cet homme et de ce qu'il voulait à l'un des professeurs, se propageraient dans toute l'école. Il savait que s'il y avait une description correcte de sa personne, on devinerait qui il est et les rumeurs en resteront là. Et comme avec toutes choses de cette nature, Harry ne pouvait qu'essayait d'imaginer Ron plus grand, plus musclé, plus beau, jusqu'à ce qu'il ne ressemble plus du tout à l'auror qu'il est actuellement. Je n'envie pas du tout Hermione, pensa Harry avec un sourire satisfait. Ce sera une histoire à raconter Severus et à Drago plus tard.

La porte s'ouvrit complètement, Hermione sortit sur le pas de la porte et regarda ses visiteurs avec incertitude. Ses yeux s'illuminèrent quand elle vit Ron. « Classe, » Elle se retourna pour s'adresser aux élèves, « Que penseriez-vous de finir le cours un peu plus tôt aujourd'hui ? »

Tu ne t'attends pas à ce qu'ils disent non, quand même, Hermione ?. Harry retint son sourire en regardant les élèves rassembler rapidement leurs affaires et pratiquement courir en sortant de la salle, comme s'ils avaient peur que s'ils traînaient trop, Hermione change d'avis.

Dès qu'ils furent partis, Hermione abandonna la retenue, qu'elle conservait par professionnalisme, et avec un whoop de joie, elle se jeta dans les bras de Ron qui chancela en arrière en riant. « Ca, ça veut dire que je t'ai manqué, hein ? »

« Oh, tais-toi, » Lui dit-elle en l'embrassant.

Un résidu de comportement juvénile d'adolescent, qui avait survécu à son enfance houleuse, le poussa puérilement à siffler, ou du moins à faire un commentaire odieux. Au lieu de cela, Harry sourit avec indulgence et se dirigea dans la salle de classe pour leur laisser un semblant d'intimité. Pouvez-vous imaginer la réaction de Severus si je l'accueillais de cette façon ? Cette pensée le divertit quelques instants. Il imagina plusieurs scenarii qui se terminaient tous ainsi: Harry était toujours en moins bonne santé qu'avant de le saluer. Il devait tout de même admettre que l'expression sur le visage de Severus vaudrait certainement le sacrifice d'un ou deux membres. J'aurais une intéressante histoire à raconter, en tout cas, se dit Harry avec optimisme.

« Qu'est ce qui t'amène aussi tôt ? »La voix d'Hermione le sortit de sa rêverie. Le couple entra dans la salle de classe et ferma la porte derrière lui.

« Nous avons terminé d'inspecter le manoir des Malfoy, un peu plus tôt que prévu. » Répondit Ron en prenant comme siège l'une des tables opposées à celle sur laquelle Harry s'était assis. Hermione s'assit à côté de lui. « Et toi ? Qu'as-tu fait depuis que je suis parti ? »

On aurait dit qu'Hermione voulait poser plus de questions, mais elle se contenta de raconter joyeusement à Ron comment se passaient ses cours et tout ce qui était arrivé d'intéressant pendant son absence. Fréquemment, Harry la coupait et rajoutait un élément particulièrement amusant qu'Hermione avait oublié de mentionner. Il était seulement vaguement conscient qu'il était plus à l'aise à parler de la vie d'Hermione que de la sienne. Il était donc plus que ravi de continuer à parler d'elle et de la laisser sous les projecteurs. Hermione termina et Ron se tourna vers lui. « Et toi ? Rien de nouveau dans ta vie ? »

Oh si, une tonne de choses. Drago et moi sommes devenus bons amis. Nous avons finalement mis de côté nos différences, et même s'il lui arrive encore d'être un imbécile, il est au moins supportable. La semaine dernière nous avons amené quelques moldus à Poudlard. Tu te souviens, je t'ai parlé d'eux ? Mes amis de l'université ? Ils sont venus me rendre visite et j'ai pensé leur montrer ma vie telle qu'elle est vraiment. Oh et Severus et moi nous nous sommes réconciliés…Appellerais-tu cela une relation ? Cela me rappelle certains gestes romantiques mais nous ne sommes pas vraiment si romantiques…Quoi ? Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Ne t' en ai-je pas parlé ? Ouais, ce serait épatant.

« Non. » Répondit finalement Harry en essayant de paraître aussi fatigué que possible ; « Toujours la même chose. Tu sais s'asseoir n'importe où, voler, se promener. » Je suis un piètre menteur. Peut-être devrais-je demander à Drago quelques leçons.

« Harry, » Ron le regardait avec inquiétude, « Ecoute, quand j'en aurais terminé avec cette mission nous irons quelques part, hors du château, te sortir de cet endroit quelques temps. Tout ce que tu voudras faire, nous le ferons. »

« Hé, tout va bien ! » Protesta Harry, « Vraiment, je vais bien. » Laisse tomber Ron. J'apprécie le fait que tu t'inquiètes, mais ce n'est pas nécessaire. Harry savait que le moment où il devrait être honnête approchait plus vite qu'il ne le souhaitait.

« Que veux-tu dire ? » L'interrompit Hermione, « Quand ce sera terminé ? Je pensais que tu en avais terminé avec cette enquête. »

Merci Hermione !

« Il doit probablement être avec Dumbledore en ce moment, » Ron marmonna pour lui-même. « Ca ne peut plus faire de mal. »

Harry était maintenant vraiment curieux. « Que se passes-t-il Ron ? »

Ron les regarda, puis fit le tour de la pièce des yeux pour s'assurer qu'il n'y avait vraiment personne d'autres. Voyant qu'ils étaient seuls, Ron commença à s'expliquer. « Je suis ici par ordre du Ministère. C'est une opération secrète. Si un mot est divulgué trop tôt, il y a des chances qu'il s'enfuit. Mais maintenant que le Ministre est avec Dumbledore, il ne peut plus rien faire. »

Harry et Hermione échangèrent un regard ébahi.

« Veux-tu commencer par le début ? » Lui suggéra Hermione sèchement. « Je sais que nous aimerions que tu commences ainsi. »

« Nous avons trouvé beaucoup de choses incriminentes au manoir Malfoy » Recommença Ron, « Beaucoup de documents qui avaient attrait aux activités des mangemorts : des listes des crimes commis ; les noms de certaines personnes qui soutenaient leurs causes même s'ils n'étaient vraiment des mangemorts ; des registres de ceux qui ont été mangemorts un temps mais qui pour de nombreuses raisons, ne le sont plus, et ceux qui sont encore des mangemorts actuellement. De toute façon, vous ne le croiriez pas. De toute évidence, ce sera beaucoup plus facile de prouver la culpabilité de ceux qui ont réussi à échapper à la justice tout ce temps.

« Pourquoi Lucius aurait-il laissé derrière lui toutes ces informations ? »Demanda Hermione d'un œil critique. « Les mangemorts ont toujours été mystérieux pendant le règne de Voldemort, ça ne lui ressemble pas de faire une telle chose, surtout pour une personne comme Lucius qui ne s'est jamais fait arrêter. »

« Ce n était pas simplement posé sur son bureau. » Protesta Ron, « C'était bien caché. »

« Oui, mais » Persista Hermione, absolument pas convaincu, « Lucius n'était pas un homme stupide. Je me serais davantage attendu à ce genre de chose de la part de Goyle par exemple, mais pas de Malfoy. »

« Qu'es-tu en train d'insinuer Hermione ? » Lui demanda Ron avec agacement, « Accuses-tu le Ministère d'avoir mis des preuves en évidence ? Ou défends-tu Malfoy ? »

« Je ne fais ni l'un ni l'autre ! Je dis simplement que c'est un peu étrange. »

« C'était un mangemort, Hermione » Souligna Ron comme si cela expliquait tout. « Qui sait pour quelles raisons il a fait ce qu'il a fait ? »

« Ca ne répond toujours pas à la question, pourquoi es-tu ici ? » Lui fit remarquer Harry. Il sentait grandir en lui un sentiment de malaise à parler de preuves et d'arrestations de mangemorts. Je le savais. Je savais que la présence de Fudge voulait dire que quelque chose d'horrible allait se produire.

« On a découvert que l'un d'eux était ici. » Ron fit un geste pour désigner Poudlard. En parlant, son ton se teinta de haine longuement entretenue. « Il se cache ici en prétendant être de notre côté, en profitant de la générosité de Dumbledore. Tout ce temps, il a été l'un d'eux , vendant aux enchères son temps, jusqu'à ce que nous soyons suffisamment confiant pendant cette période de paix. Il a toujours été l'un des préféré de Voldemort, après tout.

« Quand le Ministre a découvert cela, il a trouvé qu'il valait mieux qu'il vienne personnellement. » Poursuivit Ron, « Il avait besoin de l'aide d'un auror au cas où son arrestation tournerait mal. Et il m'a choisi. J'étais présent dès le début des recherches et j'ai de l'expérience avec le salaud qui nous a tous trompés. »

Le regard qu'échangea Harry et Hermione cette fois, montra toute leur horreur. Hermione à la pensée qu'un mangemort était parmi eux. L'image de Drago traversa soudain l'esprit d'Harry. Non, nia t-il violemment, je n'y crois pas ! Je ne crois pas qu'il se soit assis là tout ce temps en prétendant haïr son père et les choses qu'il a faites, si ce n'était pas vrai. Il doit y avoir une erreur. Il doit y en avoir une.

« Ron, qui pourrait-»

« Je n'y crois pas ! » Objecta Harry à voix haute, en interrompant Hermione et en se tournant vers Ron, furieux, « Je n'y crois pas Ron ! Drago ne pourrait jamais -»

Avec un bang, la porte de la salle de classe s'ouvrit en grand. Surpris, tous les trois se tournèrent vers Drago qui était arrivé à une toute allure, il dérapa en arrivant sur Harry. Ses yeux étaient écarquillés et légèrement agités, il respirait très vite et essayait de récupérer son souffle.

« Bien, bien, » Renifla Ron en regardant Drago avec mépris, « Quelle surprise, tu écoutais aux portes, non ? »

Drago l'ignora complètement et regarda seulement Harry, « Harry ! » Haleta Drago. Il ne pouvait en dire plus avant d'avoir repris son souffle. Ses yeux pourtant dirent tout ce que sa voix ne pouvait pas.

Le temps s'arrêta pendant qu'Harry regardait dans les yeux de Drago qui criaient l'urgence. Il avait froid, il était engourdi, son cœur s'était arrêté à la moitié d'un battement et le silence grondait dans ses oreilles. Le monde s'était restreint et il n'existait plus rien en dehors de ces yeux gris, froids et agités qui lui criaient de courir. Son cœur battait encore mais cette fois, il battait la chamade, le jetant dans un monde d'apparence, de son et de panique suffocante.

« Non… » Le mot sortit de sa bouche de sa propre volonté.

Il était debout, courait et courait plus vite qu'il n'avait couru de toute sa vie.


Il ne frappa pas. Il cogna simplement la porte dans sa course, son élan l'ouvrit et quand il entra dans le bureau, il courait encore. « Tu dois partir d'ici ! » Lui ordonna-t-il. Il était déjà derrière le bureau et agrippait le bras de Severus. Il tirait l'homme déconcerté pour qu'il se lève avant qu'il n'ait le temps de protester. « Bouge-toi Severus ! »

Harry avait réussi à le traîner au milieu de la pièce avant que Severus ne l'oblige à s'arrêter en enfonçant ses talons dans le sol.

« Harry, que -»

« On n'a pas le temps ! » Gronda-t-il en le regardant suffisamment longtemps pour lui envoyer un regard noir. « Bouge, c'est tout. Je te dirai tout plus tard. »

« Non, tu vas me le dire maintenant. » L'informa Severus fermement. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Fudge est là pour t'emmener à Azkaban. » Débita Harry, « C'est suffisant ? Allez bouge ! » Maudis sois-tu, Severus, nous pouvons parler de ça plus tard ! J'ai juste besoin que tu sois par ici plus tard pour que l'on puisse en discuter !

Severus était devenu mortellement pâle après la déclaration d'Harry mais ne bougeait toujours pas.

« Severus, s'il te plait ! »

« Azkaban ? » Répéta Severus d'une manière caverneuse. « Pourquoi ? Pour quelles raisons m'enverrait-il là-bas ? »

Harry grogna, il se sentait vaincu. Severus ne bougerait pas à moins de l'avoir décidé. Et il ne déciderait rien avant d'avoir les réponses qu'il voulait. Il jura contre l'entêtement de Severus et lui raconta les dernières minutes aussi vite qu'il le pouvait, en commençant par la manière dont il avait vu Ron dans le couloir et conclut par sa course folle à travers les corridors pour parvenir aux cachots.

« Nous devons te sortir d'ici. Il est avec le directeur pour l'instant, mais je ne sais pas combien de temps Albus va le retenir » Qu'Albus soit d'accord avec les accusations de Fudge ne vint même pas à l'esprit d'Harry. Albus dirait au Ministre avec autant de diplomatie que possible, d'aller au diable. Et si ça ne marchait pas, Albus retiendrait Fudge aussi longtemps que possible et enverrait quelqu'un pour prévenir Severus et le faire sortir sain et sauf.

Sa peau était encore couleur cendre, mais ses yeux s'étaient durcis pendant qu'Harry lui racontait ce qu'il se passait et son visage avait pris une expression déterminée qui alarma Harry, « Je ne vais nulle part. »

Harry le regarda bouche bée, momentanément muet, « Il va t'emmener à Azkaban ! » Harry cria presque d'exaspération. Il se demandait si Severus niait ce qui était en train de se passer ou s'il était trop choqué pour comprendre la situation.

« Je sais, » Severus répondit doucement, en essayant de rencontrer las yeux d'Harry, mais sans y parvenir. Le gryffondor faisait exprès de regarder ailleurs,« Harry, regarde-moi. »

Incapable de résister à la requête de Severus, Harry le regarda dans les yeux. « J'ai peur Severus, » Admit-il doucement, en essayant de le faire comprendre à l'autre homme, « J'ai peur qu'il t'emmène loin d'ici et que je te perde dans cette prison, comme j'ai presque perdu Sirius. Je ne veux pas te perdre. »

« Suis-je un mangemort, Harry ? » Lui demanda Severus sérieusement, « Suis-je d'accord avec ce qu'ils font ? »

Harry ne voyez pas où il voulait en venir, « Non. »

« Alors tu comprends la raison pour laquelle je ne m'enfuirai pas. »

« Non, je ne comprends pas. »

Un triste sourire étira les lèvres de Severus. « J'ai craint Azkaban depuis le jour où j'ai rompu mes liens avec Voldemort. Pour les crimes que j'ai commis en son nom, il est compréhensible que le monde sorcier aurait préféré me voir incarcéré que d'accepter l'aide que j'offrais volontiers pour l'arrêter. Cette peur a été utilisée pour me faire faire des choses que beaucoup auraient refusé de faire si on le leur avait demandé. Ce n'était pas vraiment parce que j'étais déjà l'une des personnes en qui Voldemort faisait confiance que j'ai été désigné comme espion.

« J'étais redevable. Et beaucoup espérait que je mourrais dans ces années. Ainsi, je leur évitais l'ennui de décider de ce qu'ils devraient faire de moi plus tard. Cornelius Fudge était, parmi eux, le plus désireux de me voir enfermer. Il m'a traqué depuis le jour où j'ai abandonné la magie noire. Il espérait trouver une excuse pour m'enfermer à Azkaban.

« Je ne peux imaginer quelles preuves Fudge a rassemblé contre moi cette fois. Mais il sait, aussi bien que moi, qu'elles sont fausses. Et peut-être que ceux qui s'assiéront avec lui lors de mon jugement, les prendront également pour vraies. »

Harry ne trouvait pas de mots pour répondre à ce que Severus était en train de lui dire. Il n'avait jamais entendu Severus confesser sa peur avant, et parfois, il s'était même demandé si l'homme avait peur de quoi que ce soit. Pourquoi me dis-tu cela Severus ? Soudain, il comprit, et cette compréhension, le secoua jusqu'aux tréfonds de son âme. Tu es en train de me dire en revoir. Tu ne penses pas t'en sortir et tu me dis adieu ! Harry secoua la tête pour nier tout cela. Non, non, je ne permettrai pas que ça arrive.

Severus savait qu'il avait compris son message. C'était dans ses yeux, dans sa lassitude, dans sa tristesse, dans son souhait que ça n'arrive pas, dans la force tranquille qui lui promettait qu'il endurerait tout ce qui lui arriverait. « Je ne m'enfuirai pas parce que j'ai peur. »

« Severus -»

« Ecoute-moi Harry. Malgré tout ce qui peut se passer dans les prochains jours, » Dans ces mots, Harry entendit le murmure terrifiant du baiser du détraqueur, « Tu dois seulement te souvenir que…tu dois seulement te souvenir que je -»

La porte s'ouvrit à nouveau, dans un bruit sourd. Elle frappa le mur et les deux hommes se retournèrent pour faire face à l'homme qui traversa en grandes enjambées le pas de la porte, un sourire dédaigneux sur le visage.

« Fudge, » Harry reconnut à peine le grognement qui venait de lui et ne remarqua pas que ses poings étaient si serrés que ses ongles mordaient profondément la chair.

« Salut, à nouveau, Severus ! » Fudge salua l'ancien mangemort et ignora complètement Harry. Une expression de feinte tristesse se peignit sur son visage. « Pensiez-vous vraiment que nous ne le découvrions jamais, Severus ? Pensiez-vous vraiment pouvoir vous échapper ? »

Severus ne dit rien et regarda simplement Fudge avec mépris.

Harry détourna le regard du ministre, un mouvement avait attiré son attention derrière lui. Albus ! Albus l'arrêterait. Albus ne laisserait pas Fudge emmener Severus à Azkaban.

Albus ne regarda pas non plus Harry et entra dans la pièce. Ses yeux étaient seulement sur Severus. « Mon vieil ami. »

Severus pouvait maintenant parler, « Albus. »

« Le Ministre est venu me voir avec un mandat pour vous arrêter, Severus. Il m'a cité des preuves glanées au manoir Malfoy indiquant que vous participiez toujours aux réunions de mangemorts et que vous souteniez toujours la magie noire. »

Albus ne peut pas croire en ces charges ! Pensa Harry désespérément, en regardant Albus fixement et avec horreur. Il ne peut pas.

« Il sait pourquoi je suis ici, Monsieur le directeur, » L'interrompit Fudge abruptement en empêchant Harry d'entendre ce que Albus allait dire d'autre. « Vous pouvez venir avec moi tranquillement, Severus. Je me suis fait accompagner d'un auror qui n'hésitera pas à vous rendre inconscient si vous essayez de me blesser ou de blesser quelqu'un d'autre. Et avant de penser à vous échapper, vous devriez savoir que j'ai un contingent de détraqueurs qui m'attend en dehors de Poudlard et qui vous escortera à Azkaban. »

Une troisième personne entra dans la pièce, baguette en main et regarda sombrement Severus, « J'ai toujours su que vous étiez encore l'un d'entre eux, Snape. Oh, j'ai entendu la même histoire que tous les autres, mais je ne l'ai jamais cru. Vous favorisiez Malfoy un peu trop, le couvriez trop de louanges et excusiez bien trop souvent ses actions alors que vous auriez puni n'importe qui d'autre. Et vous nous harceliez, nous autres, Gryffondor, surtout Harry, et vous étiez toujours à essayer de nous faire renvoyer et à nous réprimander quand nous n'avions rien fait de mal. Mais je savais que l'on vous attraperait un jour Snape. »

Ron ? Non ! Ca ne peut pas se passer !

Mais c'était ce qui était en train de se passer. Une journée s'était écoulée depuis la promesse d'espoir et ça devenait de plus en plus cauchemardesque. Un terrible désespoir l'envahit et l'obligea à regarder avec une horreur muette deux des personnes en qui ils avaient toujours fait le plus confiance se retourner contre lui. Ce n'était pas un rêve et il ne pouvait pas se réveiller. Il était énervé contre le Ministre de la Magie, le directeur de Poudlard et son meilleur ami. Il ne pouvait rien faire pour les arrêter. Malade, il avait l'impression qu'il allait s'évanouir. Il chancela.

Severus le vit chanceler et avança immédiatement une main pour le stabiliser.

« Lâchez-le immédiatement, Snape ! » Aboya durement Ron en levant sa baguette d'un geste menaçant. « Baissez votre main et laissez-le partir. »

Harry dévisagea, incrédule, la personne en qui il avait toujours cru. Il sentait les liens de l'amitié se désagréger. Je ne te ferai plus jamais confiance, Ron. Tout ce temps, tu complotais contre Severus. Tu essayais de trouver une raison, tout comme Fudge de l'envoyer à Azkaban. Et te voici aujourd'hui avec ton sourire et tes plaisanteries à agir comme si tu n'allais pas m'enlever la personne la plus importante de ma vie !

« On a suffisamment traîné par ici, de toute façon, » Interjeta Fudge, « Allons-y, Severus. »

« J'aimerais vous demander une faveur, Cornelius, » Demanda Albus avec douceur.

Fudge cligna des yeux de surprise puis acquiesça, « Bien sûr, Albus. Que puis-je faire pour vous ? »

« Accordez-moi quelques minutes seuls pour discuter avec Severus. »

Cette requête surpris Harry qui regarda Albus suspicieusement. Qu'êtes6vous en train de faire ? Il voulait si désespérément croire au vieux sorcier, croire qu'il fallait remettre les choses dans le droit chemin, comme il l'avait toujours fait. Le désespoir l'avertit contre un tel optimisme, mais une lueur d'espoir s'était déjà allumée.

Fudge paraissait mal à l'aise. « Ah, Albus…Je…Vous comprendrez sûrement que je ne peux pas simplement… »

« Vous pouvez sûrement comprendre que Severus a été mon employé ces dernières années et en tant que tel, j'aimerais quelques minutes pour discuter avec l'homme qui m'a convaincu être mon allié. »

S'il dit non, ce serait comme s'il accusait Albus d'être de mèche avec les mangemorts. Et s'il dit oui, Albus pourrait laisser Severus s'échapper. Qu'allez6vous faire Fudge ? Risquer d'offenser le sorcier vivant le plus puissant de notre monde ? Ou risquer de perdre votre faux mangemort ?

« Je crois que vous avez mentionné des menottes enchantées quand vous êtes venu me voir cet après-midi. » Albus le regarda par-dessus ces lunettes en demi-lune. « Si vous craignez que Severus ne s'échappe une fois qu'il sera sous mon regard attentif, faites usage des chaînes que vous avez apporté avec vous. »

L'espoir s'enfuit. Albus pouvait-il briser l'enchantement ? Ou croyait-il en l'accusation et se sentait-il obligé de se protéger lui-même contre Severus ? Autrefois, il savait pourtant avec évidence qui allait chercher quand il en avait besoin et qui étaient ceux qui pouvaient vous blesser. Maintenant tout semblait noyé dans un épais brouillard : les amis sont devenus des ennemis et les ennemis ont prouvé qu'il pouvait être de loyaux alliés.

« Une excellente idée Albus ! » Fudge avait trouvé un moyen de se sortir de cette situation et qu'un geste de sa baguette, il fit venir à lui les menottes. « Prenez autant de temps qu'il vous sera nécessaire. Nous vous attendrons dehors. »

Harry jeta un coup d'œil vers Severus, qui n'avait pas dit un mot depuis qu'il avait prononcé le nom d'Albus. Pendant tout l'échange, Severus n'avait pas bougé, seuls ses yeux vacillés entre Albus, Ron et Fudge. Harry ne pouvait s'empêcher de se demander si Severus retenait son souffle. Il était si immobile que les mouvements que faisait sa poitrine quand il respirait n'étaient pas visibles.

« Vous avez mes remerciements, Cornélius. »

Fudge retourna son attention vers Severus et lui dit avec dédain, « Vous l'avez entendu Severus. Le directeur veut vous dire un mot. Tendez les mains vers moi et ne faites pas de folies. » Malgré ses paroles d'avertissement, il y avait une lueur d'anticipation dans ses yeux qui montrait à quel point il avait envi que Severus fasse une folie pour qu'il ait une raison de mettre sa menace à exécution.

Severus resserra imperceptiblement les lèvres pendant qu'il tendait les poignets. Harry fut le seul à remarquer cette indication de peur et d'angoisse. Harry savait qu'Albus devait avoir un plan et c'est tout ce qui le retint de ne pas sortir sa baguette ici et maintenant, alors que le métal se refermait autour des frêles poignets de Severus.

« Nous attendrons juste dehors. » Dit Fudge à Albus. Il fit ensuite un geste en direction de Ron et d'Harry.

« Je reste. » Harry regarda le Ministre et l'auror avec des yeux noirs et méprisant qui auraient rendu Drago fier de lui.

« Harry ? » Lui demanda Ron avec confusion.

« Tout va bien. » Albus l'interrompit doucement, « Comme Monsieur Weasley l'a mentionné tout à l'heure, Severus a effectivement rendu Monsieur Potter mal à l'aise tout au long de ses études, qu'il a passée, je vous rappelle à lutter contre Voldemort et ses partisans. Monsieur Potter, peut-être plus que tout autre, mérite d'être ici lui aussi. En fait, Monsieur Potter peut me servir de garde, juste au cas où les choses tourneraient mal. » Etait-ce une étincelle d'humour qui brilla dans les yeux bleus d'Albus ? Harry n'en était pas sûr ; le visage du directeur était toujours grave et sérieux.

Fudge regarda une dernière fois Harry et acquiesça, « Un très bon plan, Monsieur le directeur. Si vous avez besoin de nous, appelez-nous. Venez, Ron. »

Albus attendit que le porte se referme derrière le Ministre et l'auror avant de faire un geste de la main, en direction de la porte. « Ca devrait nous laisser un peu d'intimité, » Murmura-t-il en se tournant vers Severus et Harry. « Maintenant -»

« Monsieur le directeur ! Vous ne croyez sûrement que -»

« Je ne suis pas un mangemort, Albus. »

Albus leva une main. Il réduisit ainsi Severus et Harry au silence et évita toute autre protestation. « Non, Severus, je n'ai pas cru pas aux revendications outrageuses du Ministre une seule seconde. »

Harry fut surpris de voir Severus soupirer de soulagement. Je n'ai jamais pensé que l'opinion du directeur était aussi importante pour lui. Harry se demanda brièvement comment était Severus enfant et ce qui s'était passé entre lui et Albus pour que son opinion soit si importante pour lui, « Qu'allons-nous faire, Monsieur le directeur ? » Lui demanda-t-il en attirant leur attention sur lui.

Il regarda attentivement Albus dans les yeux et y vit de la tristesse. Non, non pas ça, Albus. Nous ne pouvons pas simplement abandonner comme ça. « Il n'y a rien que nous puissions faire pour l'instant, Harry. » Il se tourna vers Severus, « Je suis désolé, Severus. »

Le Serpentard haussa les épaules. Le mouvement fit fortement grincer les chaînes dans le calme bureau. Puis Severus tressaillit et si c'était possible, son visage devint encore plus blanc. Sans réfléchir, Harry s'approcha de lui et posa une main sur son bras, et fut choqué de sentir l'homme trembler. Il le cachait décidément très bien. Severus Snape, qui n'était jamais perturbé, jamais affecté, tremblait.

« Severus… »

Il y avait de la compassion dans les yeux d'Albus quand il vit les petits gestes qui parlaient bien plus que tous les mots.

« De quoi vouliez-vous me parler, Albus ? » Severus faisait un vaillant effort pour reprendre contrôle de lui-même.

« Je ne voulais pas que vous alliez à Azkaban en croyant que je vous condamne. » Répondit Albus en les étudiant tous les deux attentivement, avant de poursuivre, « Et je souhaite que vous partiez avec un peu d'espoir. »

« Où est l'espoir là-dedans ? » Demanda Harry amèrement, « Severus ne partirait pas si nous pouvions lui enlever ces choses et que l'on puisse distraire Fudge suffisamment longtemps pour qu'il puisse s'échapper. Et je sais que nous ne pouvons pas convaincre Fudge de laisser tomber ce non-sens. »

« Il n'y a rien que nous puissions faire maintenant, Harry. Mais dans deux jours, il y aura un procès. » Le directeur se tourna vers Severus, « Pouvez-vous trouver la force de tenir deux jours à Azkaban, Severus ? »

« Que se passera-t-il dans deux jours, Albus ? »

« Votre foi sera récompensée. » Répondit Albus, ses yeux fouillaient profondément ceux de Severus, comme s'il cherchait son âme.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? » Murmura Severus en rencontrant le regard perçant du vieil homme.

« Faites-moi confiance un petit plus longtemps, Severus. »

« Je n'ai pas vraiment le choix. » Severus, leva les poignets, « Très bien Albus. Je vous ferai confiance une fois de plus. Et j'aurai foi…en quoi précisément, suis-je censé avoir la foi ? »

« Une chose à laquelle vous avez arrêté de croire, il y a longtemps. » La compassion pesait lourdement dans la voix d'Albus mais Severus recula comme s'il avait été frappé. Le regard d'Harry vacilla de l'un à l'autre, mais il avait le sentiment, peu importe de quoi ils parlaient, qu'ils poursuivaient une conversation qu'ils avaient eue avant sa naissance.

Le silence se prolongea entre eux et Harry préférait ne pas intervenir. Quelque chose de capital se mettait en place, de cela, il en était certain, même s'il n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait. Le moment prit fin quand Severus se tourna vers lui. Harry se demanda si cela avait été résolu.

« Harry, » Severus allait lui demander quelque chose et il n'allait pas aimer. C'était dans le sérieux de sa voix, dans le ton suppliant qu'il eut spontanément, « Je veux que tu quittes cette pièce et que tu retournes dans tes quartiers. »

Je le savais, « Quoi ? Pourquoi ? » Demanda Harry avec colère.

« Il a emmené des détraqueurs, Harry. »

« Et ? »

« Ce qu'ils te font, » Dit Severus patiemment, « Je n'aurais pas -»

« Je m'en fiche ! » Cria Harry, « Je ne te quitterai pas. »

« Harry.. »

« Non, je ne vais pas m'enfuir et te laisser faire face à ça tout seul. J'irais à Azkaban avec toi si je le pouvais mais, puisque je ne peux pas, j'irai avec toi jusqu'à ce que Fudge t'emmène et que je ne puisse plus t'atteindre. » Harry regarda Severus en le défiant de s'opposer à lui. A sa surprise, une expression qui ressemblait à de la gratitude traversa le regard de Severus. « Je te l'ai déjà dit, » Lui rappela Harry doucement, « Je me tiendrai à tes côtés quand ton tour viendra. Si tu n'as pas besoin qu'une personne se tienne à tes côtés maintenant, Severus, je ne pense pas que tu en aies un jour besoin. »

Les yeux noirs se fissurèrent et pendant l'espace d'une seconde, Harry vit au-delà de la glace et il eut le souffle coupé. Pendant cette seconde, il vit ce qui aurait pu se passer si Cornélius Fudge n'était pas venu à Poudlard.

Severus jeta un coup d'œil vers Albus et le regarda avec méfiance, « Foi Albus ? »Répéta-t-il en écho dans un murmure.

« Foi, Severus. »

Harry vit Severus prendre une profonde inspiration, se calmer, et se redresser. Il regarda une fois de plus Harry puis acquiesça en regardant Albus, « Je suis prêt. »

« Deux jours, Severus. »

« Deux jours, Albus. »

Albus se retourna vers la porte et d'un geste de la main, enleva le sort qu'il avait placé et qui empêchaient les mots d'atteindre les oreilles indiscrètes de ceux qui attendaient dehors, « Cornelius ? » Appela-t-il, « Nous sommes prêts. »

Harry regarda le visage de Severus se durcir en un masque de froideur et de mépris quand le Ministre et Ron entrèrent dans la pièce. Cornelius fit le tour de la pièce des yeux et acquiesça pour lui-même. « Très bien, Severus, » Dit-il sans préambule, « Allons-y. »

La tête haute, Severus passa devant le Ministre. Albus et Harry le suivirent en dehors du bureau, puis se placèrent à ses côtés. Harry refusa de regarder dans la direction de Ron, même si l'auror essaya de rencontrer son regard quand il passa à côté de lui.

Fudge et Ron traînaient derrière eux. Ils sortirent des cachots et se dirigèrent vers la partie centrale du château. Le dos d'Harry le picotait comme s'il s'attendait à ce que Fudge réduise la distance qui les séparait et lui donne un coup de couteau, alors qu'il ne pouvait pas le voir venir. Harry essaya de l'ignorer et se concentra sur la présence de Severus à ses côtés. Il avait l'impression, malgré les paroles d'Albus, que c'était la dernière fois qu'il le verrait. Bientôt, ils passèrent devant les élèves et Harry oublia le picotement dans son dos.

Le visage de Severus ne reflétait rien de ses sentiments alors qu'il marchait dans le couloir, et regardait droit devant lui. Harry, par contre, ne pouvait empêcher sa propre colère de se peindre sur son visage. Aurait-il était si difficile d'empêcher les étudiants de venir dans le couloir ? Harry fulminait silencieusement. Mais non, il fallait l'emmener avec l'humiliation que vous essayez de lui infliger. Vous préfériez qu'on vous voit l'emmener avec les chaînes, hein Fudge ? Le grand héros, attrape le mauvais mangemort. Profitez de ce moment de triomphe, espèce de maudit connard, parce qu'il prendra bientôt fin. J'y veillerai moi-même si Albus ne le peut pas. Je vous le promets.

La vue des portes du château rendit Harry malade. Bien que ce soit la fin de la parade de Severus, exhibé comme une sorte de représentation amusante, il n'y aurait plus non plus de Severus, une fois qu'il serait emmené à Azkaban. Il était en face de l'immédiate réalité, Severus allait partir à Azkaban. Les portes s'ouvrirent et ils sortirent sous le soleil brûlant. La lueur d'espoir semblait terriblement petite. Il devrait pleuvoir. Harry grimaça à la luminosité qui l'entourait, comme si le temps conspirait avec Fudge pour s'ajouter à l'insulte de la blessure.

« Regardez bien vos nouveaux amis, Severus, » Dit Fudge vindicatif, en lui montrant les détraqueurs, rassemblés aux pieds des escaliers. Un instant de folie s'empara soudain d'Harry alors qu'il descendait les escaliers et se rapprochait des monstruosités qui les attendaient en bas. Le frisson de peur s'empara de son âme et descendit le long de sa colonne vertébrale. Il allait succomber aux terrifiants murmures. Harry grogna silencieusement et se protégea grâce à un bouclier de colère et de détermination : il voulait suivre Severus n'importe où, où l'homme irait. Il parvint à se détacher des détraqueurs.

Quand ils atteignirent les escaliers, les détraqueurs se mirent en rang derrière Fudge et Ron. Ils suivirent le groupe jusqu'aux carrosses qui les conduiraient au-delà de la limite de non transplanage, à la limite de l'école. De là, ils utiliseraient un des porte-au-loin que Fudge avait emmenés avec lui et qui les conduiraient à la prison.

« Entrez, » Fudge fit un geste en direction de l'un des carrosse.

Obéissant, l'un des détraqueur se détacha du groupe et entra dans le carrosse.

« Maintenant à vous Severus. Entrez. »

Les yeux d'Harry ne quittèrent pas l'autre sorcier qui obéit mais refusa de montrer à quel point les détraqueur l'affectait. Harry savait pourtant et se promit de chercher vengeance auprès de Fudge pour chaque instant que Severus a souffert, mentalement ou physiquement. Vous souhaiterez ne jamais avoir mis les pieds à Poudlard, Cornélius Fudge.

« J'ai apprécié votre aide, dans ces malheureuses circonstances. » La voix de Fudge qui remerciait Albus sortit Harry de son rêve éveillé, de ce qu'il ferait à Fudge si jamais un jour, il mettait la main sur lui.

Ron s'arrêta à côté de Harry et le regarda avec inquiétude, « Harry, que se passe –t-il ? Je ne comprends pas pourquoi tu -»

Les yeux d'Harry étaient froids quand il regarda sans mot dire, dans les yeux de celui en qui il avait eu confiance plus qu'en tout autre. Plus jamais. Il se fit ce serment alors que Ron se tut incertain. Plus jamais je ne te ferai confiance.

Ron soupira, confus, tourna les talons et s'assit à côté de Severus. Fudge s'excusa une fois de plus de si bon cœur auprès d'Albus et tardivement auprès d'Harry comme s'il venait seulement de remarquer sa présence. Il s'excusa d'avoir dérangé leur tranquillité avec des choses aussi désagréables et Fudge monta lui aussi dans le carrosse. Le reste des détraqueurs montèrent dans des carrosses séparés.

Une fois tout le monde installé, le cortège avança. Personne ne se retourna.

Albus se rapprocha d'Harry et plaça une main réconfortante sur son épaule.

« Je peux sauver le monde, Albus, » Murmura Harry. Ses yeux n'avaient pas quitté les carrosses qui se rétrécissaient avec la distance, « Pourquoi ne puis-je pas sauver la personne qui représente le monde pour moi ? »

« Ce qui se passe dans l'instant n'est jamais la fin, Harry, » Lui dit Albus gentiment, « A moins que tu ne le permettes. Severus sera sauvé dans deux jours. »

« Le sera-t-il, Albus ? »

Harry sentit les yeux bleus le scrutER attentivement. Immobile il ne se retourna pas pour faire face au directeur.

« Oui, Harry, » Dit-il avec assurance. « Il le sera. »

« Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? »

« Parce que j'ai foi en lui. »

Il pressa gentiment l'épaule d'Harry, se détourna et remonta tranquillement vers le château.

Parce que j'ai foi en lui. La réponse n'avait aucun sens pour Harry. Il se leva et ressassa la réponse dans sa tête, les yeux toujours portés sur l'horizon. Il est en train de me dire que Severus trouvera un moyen de se libérer tout seul ? Ca ne peut pas être cela. Albus avait dit à Severus d'avoir foi en quelque chose et même si ce n'était pas clair pour Harry, ce quelque chose n'était pas Severus lui-même. Il essayait de comprendre, mais les mots n'avaient pas de sens. Et après un moment, il abandonna.

Peu importe ce qu'il avait voulu dire par cette étrange déclaration, Albus avait donné à Harry l'espoir que Severus sortirait d'Azkaban. Pour Harry, le comment n'avait pas d'importance. Aussi longtemps que Severus était libre, Harry ne se souciait pas de la manière dont ça arriverait. Perdu dans ses pensées, Harry demeura dehors à regarder fixement dans la direction qu'avait suivi les carrosses, longtemps après qu'ils ne soient plus visibles.

Drago se tenait au pas de la porte du château et regarda Dumbledore se détourner d'Harry et remonter les escaliers. Quand Dumbledore passa la porte, Drago lui emboîta le pas. Après avoir marché un moment en silence, Drago marmonna doucement, « Pardonnez-moi. »

« Pour quoi ? » Dumbledore le regarda avec surprise.

« Pour avoir échouer. » Elabora Drago. « J'ai essayé de faire ce que vous m'aviez dit. Dès que j'ai vu le Ministre s'approcher de vous, j'ai couru pour trouver la salle de classe dans laquelle vous m'avez dit que je trouverai Harry. Il a compris presque tout de suite quand je suis entré dans la salle et il était dehors quelques secondes après m'avoir vu. »

« Si vous avez suivi mes instructions, de quoi vous excusez-vous ? » Lui demanda Dumbledore, curieux.

« Parce que ce n'était pas suffisant. Fudge l'a emmené. J'aurais dû aller plus vite. » Drago se dégoûtait. Aussi stupide que ça l'était, il voulait faire quelque chose de bien pour une fois, quelque chose qui n'apporte pas la douleur et la souffrance. Quelque chose pour remercier Dumbledore de lui avoir donné la chance de travailler à Poudlard quand personne d'autre ne voulait de lui.

« Non, Drago, » Le corrigea Dumbledore gentiment, ce qui lui valu un regard étonné, « Vous avez suivi mes instructions à la lettre. »

« Mais il est parti ! J'ai échoué ! »

« Non, vous n'avez pas échoué, » Dumbledore le regarda avec fierté. « Vous avez fait exactement ce que vous deviez faire. »