Chapitre 12 : le calme avant la tempête

Il avait froid. Extrêmement froid, effroyablement froid. Il n'y avait aucun son dans l'impénétrable obscurité, pas de sensation tactile, excepté le froid. Avec un vague détachement, il se demanda où il était et comment il était arrivé là. Mais il n'était pas inquiet, juste un peu curieux. Depuis combien de temps était-il retenu dans le vide, il ne le savait pas. Et il ne s'en souciait pas. Il avait la légère sensation qu'il devait se souvenir d'une chose importante, d'une chose qui s'était passée, qui était en train de se passer ou qui allait bientôt arriver, mais il se contenta de rester inconscient, quelqu'un d'autre s'en occuperait.

« Harry…. »

La voix murmura dans le vide. Elle essayait de l'atteindre et s'insinuait dans son esprit. Elle semblait familière, le mot était prononcé comme si c'était son dernier souffle. Où avait-il… ?

Le souvenir l'envahit, entra violemment dans son esprit embrumé et balaya la vague indifférence. Sa vision périphérique revint et le fit cligner des yeux. L'obscurité, Harry le réalisa soudain venait du capuchon du détraqueur, toujours penché sur lui. Et le froid ne venait pas des doigts noueux qui s'enfonçaient dans ses épaules, comme il l'avait d'abord cru, mais d'une part profonde de lui-même. Il avait l'impression d'être vidé et épuisé. Je pense que je me suis consumé. Il cligna des yeux une nouvelle fois, un sentiment d'agacement se mélangea à sa lassitude. D'accord mec. Retourne en enfer et pousse-toi de mon visage. Il grimaçait au détraqueur mais de cela, il en était à peine conscient.

Il se remit droit et sentit tous ses muscles protester avec colère à chaque mouvement. Harry s'éloigna du détraqueur qui n'arrêtait pas de le menacer et trébucha presque sur quelque chose derrière lui. Oh par tous les …

Il mit une main par terre pour se stabiliser, Harry toucha quelque chose de froid et de moite. Surpris, il la retira rapidement et regarda autour de lui. Toutes les personnes présentes dans la pièce le regardaient avec différents degrés d'inquiétude, de surprise et de choc. Enervé contre lui-même, il se battait contre l'épuisement qui le faisait chanceler comme un idiot sans cerveau. Harry envoya un regard noir au détraqueur qui était encore trop près de lui pour son propre confort.

Il chercha sa baguette, la sortit et fit un geste non convainquant en direction du détraqueur. « Spero Pa…, oh putain. » Je suis trop fatigué pour ce non-sens. Harry jeta sa baguette avec dégoût et prit un air renfrogné dirigé contre le monde en général.

« Que pensez-vous être en train de faire ? Vous êtes en train d'interférer dans un procès. » Lui dit une voix outragée à côté de lui. Harry se tourna et vit Fudge arriver à grandes enjambées vers lui, l'indignation peinte sur son visage. Harry plissa les yeux et fut traversée par une vague fraîche d'énergie qui balaya son épuisement.

« Vous ! » Le mot fut prononcé avec dégoût.

Harry avait deux options. Il pouvait s'époumoner à crier la vérité sur Fudge ou il pouvait conjurer l'image qu'il avait vue deux jours auparavant, pendant le dîner. Crier semblait un peu trop difficile pour l'instant. Et il ne lui était pas possible de rassembler suffisamment d'énergie magique et de concentration pour créer une telle vision.

Il y avait beaucoup d'avantages à faire parti du monde sorcier. La téléportation annule le temps imparti au voyage, les elfes de maison s'occupent des corvées, les sorts magiques rendent la plupart des autres tâches non nécessaires à effectuer et voler sur des balais est un sport impressionnant. Mais il y avait aussi un mauvais côté à faire partie de ce monde : la dépendance vis à vis de la magie, l'exclusion d'exercice physique et la complaisance que cette dépendance engendre. Pour le dire simplement, Fudge ne l'avait pas vu venir.

Avant de pouvoir réellement y penser, Harry plongea en avant et projeta le Ministre au sol. Pris par surprise, et momentanément paralysé par l'impact de sa tête contre le sol, Fudge gisait sur le sol. Harry monta par-dessus lui et commença à relever la manche de sa robe. Fudge ne put que regarder Harry, groggy. La réalisation de ce qu'Harry était en train de faire le réveilla de sa torpeur. Il commença à se débattre pour déloger Harry, qui serrait les dents et continuait. Oh, bon sang. Harry décida de relâcher sa poigne et de lui donner un coup de coude dans le menton. Il l'assomma.

La montée d'adrénaline reflua et l'épuisement le gagna comme une épaisse couverture. Il abandonna le sourire joyeux qui avait étiré ses lèvres quand il avait frappé le Ministre et lutta pour relever la manche dissimulatrice. Il leva le bras du Ministre devant les jurés et le reste du public pour que tout le monde puisse la voir, « Votre mangemort ! »

La pièce paralysée par le drame qui se déroulait devant elle, explosa quand Harry se mit sur ses pieds et reposa le bras de Fudge sur le sol. Il rajusta ses lunettes qui avaient reçu un coup quand il se battait avec Fudge, et se concentra sur la sorcière qui avait parlé au nom du jury.

« J'accuse Cornélius Fudge, non seulement d'être un mangemort mais d'avoir contrecarré les efforts d'Albus Dumbledore qui essayait de préparer le monde sorcier au retour de Voldemort. » Juste assez longtemps pour voir la fin, pensa Harry désespérément, en se battant contre son corps qui voulait succomber à la fatigue. Laisse-moi tenir assez longtemps pour voir Fudge enchaîné et Severus libéré. Après ça, je dormirai une année entière si c'est nécessaire. « J'accuse Cornélius Fudge d'avoir implanté de fausses preuves pour se venger de Severus Snape qui avait tourné le dos au Seigneur Noir et aidé Albus Dumbledore à vaincre Voldemort. »

« Quelle preuve avez-vous pour supporter vos affirmations ? » Lui demanda la sorcière non sans hésitation. Avez-vous peur de moi ?

« La marque noire sur son bras. Je demande que vous nous soumettiez lui, moi et Severus Snape au veritaserum. » Harry obligea ses yeux à rester ouverts, « Posez-nous la question. Demandez-nous tout ce que vous voulez. »

La sorcière le regarda un moment avant de discuter avec ses associés. Harry était conscient des yeux de Severus sur lui, il pouvait sentir la présence de l'autre homme mais refusait de se retourner et de regarder dans sa direction. Ta sécurité est prioritaire. Tout le reste peut attendre. Harry garda ses yeux sur le jury, fermement. Leur délibération fut rapide.

« Nous acceptons votre requête, Harry Potter, » Lui annonça la sorcière, « Du veritaserum sera administré à chacun de vous. » Elle descendit de son banc et s'avança jusqu'à Harry et Fudge, toujours inconscient. Elle pointa sa baguette sur Fudge et commanda, « Ennervate »

Le sort prit effet presque immédiatement. Avec un grognement, les yeux du Ministre s'ouvrirent et il regarda autour de lui avec confusion. Il se remit rapidement debout quand il se souvint de ce qui s'était passé. Il pointa une main tremblante vers Harry.

« Je vous arrête ! » Fudge hurla avec colère. « Pour avoir attaqué un représentant du Ministère, vous serez -»

« Il ne sera rien, Cornélius, jusqu'à ce que nous ayons enquêté. Il proclame que vous êtes un mangemort. » La sorcière l'interrompit et fit un geste en direction du détraqueur. Fudge pâlît et essaya de reculer, « Tenez-le. »

Le détraqueur glissa devant Harry sans un regard vers lui et encercla de sa main le bras de Fudge. Le Ministre pâlit et regarda la sorcière d'un air suppliant, « Morgan, s'il vous plait, vous ne pouvez pas le croire ! Vous me connaissez ! »

La sorcière, Morgan, regarda attentivement son bras puis rencontra ses yeux, « Je sais reconnaître la marque noire quand je la vois, Cornélius. Peut-être, que je ne vous connais pas du tout. »

Un sorcier s'approcha alors. Il avait dans sa main une grande fiole. Morgan le remercia, lui prit la fiole, et s'approcha du Ministre, « Ne me combattez pas, Cornélius. »

Fudge l'ignora et regarda Harry avec des yeux malveillants, « Ca ne durera pas, Potter, » Renifla-t'il vindicativement, ses mots n'étaient que pour la compréhension d'Harry.

Harry lui rendit son regard impassiblement, « Ca durera suffisamment longtemps. » Murmura-t-il doucement.


L'interrogatoire semblait ne pas se finir. La première question posée à Fudge devait valider l'accusation proférée par Harry que Fudge est un mangemort. Quand Fudge n'eut d'autre choix que de confirmer le fait, on lui demanda si les preuves retenues contre Severus étaient fausses. La question suivante était de savoir si Severus était ou non un mangemort. Severus fut relâché après cette admission et Fudge prit sa place sur la chaise. Satisfait de voir que Severus était libre, Harry s'assit par terre et somnola.

« Harry Potter ? »

Ce fut un combat qu'Harry faillit perdre. Il se reprit et essaya de rassembler suffisamment de lucidité pour ouvrir les yeux. Le visage de Morgan flottait devant sa vue. Ils doivent avoir fini avec Fudge. « Je vais le prendre maintenant, » Lui dit-il en pensant qu'elle allait lui demander de prendre le veritaserum.

« Ce ne sera pas nécessaire. » Elle lui sourit gentiment, un sourire encourageant. « Après avoir entendu le témoignage de Cornélius, nous sommes absolument convaincu de sa culpabilité. Nous voudrions simplement savoir comment vous l'avez su. »

Presque fini. Severus sera bientôt à la maison. Juste encore ce petit morceau. Il se stabilisa sur ses pieds et expliqua la vision qu'il avait eue la nuit où Severus a été emmené. Au début, ses paroles étaient hachées, il bafouillait sur chaque mot et se battait pour rester conscient. Mais au fur et à mesure de ses paroles, le sentiment de panique et d'inquiétude l'emporta sur l'épuisement une fois de plus.

« Fudge mentait. » Harry conclut finalement, « Je ne pouvais pas le laisser vous convaincre que Severus était coupable. »

« Vous avez démasqué un très dangereux traître qui avait une position de confiance. » Répondit Morgan. Le ton de sa voix, prouvait qu'elle se sentait trahi par un homme en qui elle avait confiance. « Vous avez les remerciements les plus sincères du Ministère. »

« Est-ce que Severus… »

La sorcière sourit et acquiesça. Elle se tourna ensuite vers le public. « Severus Snape est entièrement disculpé des charges qui pesaient contre lui par le traître Cornélius Fudge. Nous vous offrons, à vous, Severus les excuses les plus plates du Ministère. »

Harry risqua un coup d'œil en direction de Severus quand l'attention de l'homme fut concentrée sur le juré chargé de parler. Le visage de l'homme était terne et froid, mais Harry pouvait voir une multitude d'émotions faire rage derrière la mince couche de glace qui recouvrait les yeux noirs. J'ai des ennuis. Au bord de l'inconscience comme il l'était, Harry aurait dû être complètement mort pour ne pas réaliser ce que signifiait cette multitude d'émotions.

« J'espère que vous ne serez pas offensé si je vous dis que je ne souhaite jamais revoir cet endroit et les personnes qui s'y rassemblent. » Répondit Severus avec neutralité.

« Pas d'offense. » Morgan lui sourit avec compréhension. « La cour est ajournée. »

Harry regarda le détraqueur emmener Fudge; il ne détourna le regard que lorsque l'ancien Ministre eut quitté la pièce. Voilà, nous y sommes. Il prit une profonde inspiration, cligna des yeux à plusieurs reprises dans l'espoir, futile, de s'accorder un peu plus de temps dans le royaume conscient, et se tourna pour faire face à Severus, pour la première fois depuis qu'il avait interrompu le tribunal.

Le regarda brillant le soutint dès que leurs yeux se rencontrèrent. Après un examen de quelques minutes, le muscle de la mâchoire de Severus tressauta.

« Est-ce que tu vas bien ? » Lui demanda Harry. Il voulait connaître la réponse avant de se faire réprimander.

« Est-ce que je vais bien ? » Severus semblait juste un peu incrédule.

« Est-ce qu'il t'a blessé ? » Harry clarifia sa question patiemment. Il remarqua cependant que le sol commençait à s'incliner selon un angle étrange.

« Est-ce que… » Severus s'arrêta et étudia Harry un instant, apparemment inconscient que le sol était en train de prendre une pente vertical. « Non, il ne m'a pas blessé. »

Le soulagement le traversa. Severus allait bien. Après tout ce qui venait de se passer, Severus allait bien. Et il était libre ! Severus était libre de rentrer à la maison. Je l'ai fait. La pensée lui traversa l'esprit alors que le sol continuait son voyage. Il était inconscient avant de toucher le sol.


« Harry ? »

Harry cligna des yeux et la forme floue du visage de Severus se reforma alors qu'il reprenait lentement conscience. Severus ! Dois sauver…La panique momentanée qu'il avait ressentie s'apaisa quand les souvenirs du procès et le résultat final pénétrèrent son esprit embrouillé. Il éprouva des difficultés pour s'asseoir. « Où…Combien de temps… » Il avait l'impression qu'on lui avait mis du coton dans la gorge pendant qu'il ne faisait pas attention.

Severus leva une main pour l'empêcher de poser davantage de questions. « Tu es à l'infirmerie de Poudlard. Et tu as été parfaitement inconscient du reste du monde pendant trente deux heures. »

« De l'eau ? »

Severus grimaça, « Je ne suis pas votre infirmier, Monsieur Potter. » Malgré son ronchonnement, Severus conjura un verre d'eau et le tendit à Harry, sans se lever de la chaise sur laquelle il était assis. « Je pense que tu es capable d'accomplir une tache aussi simple que de boire, tout seul. »

Ca va être un de ceux là, je vois, pensa Harry avec résignation en prenant son verre. Il renversa presque toute l'eau sur lui. Malgré sa maladresse, Harry parvint à boire suffisamment pour enlever la sensation de sécheresse qui l'empêchait de parler correctement et le faisait coasser. Il plaça le verre vide sur la table et vit que ses lunettes étaient à portée de main. Il les mit.

« Tu es resté là tout le temps, n'est ce pas ? » C'était juste une supposition, mais l'air renfrogné de Severus s'approfondit et il sut que son assomption était correcte. « Severus, pourquoi -»

« Bon sang, que pensais-tu faire ? » Severus explosa. Il se pencha en avant et la grimace d'indifférence fut remplacée par la colère bouillonnante tapie sous le visage froid. « De toutes les choses irresponsables, stupides et débiles que tu as fait toutes ces années, cette petite démonstration d'idiotie les a toutes surpassées ! »

Harry ne pouvait que le regarder fixement avec ébahissement. Il s'était préparé à une morale sévère, mais il ne s'attendait pas à cela. C'était toujours mauvais signe quand Severus criait et jurait.

« Que pensais-tu faire en rassemblant toute cette magie ? As-tu une idée de ce que ça aurait pu provoqué ? Qu'as-tu dans ta petite tête ? » Espèce de fou ! » Severus continua de tempêter. Il avait l'air de vouloir étrangler Harry, « Et le détraqueur ! Tu aurais pu être dépouillé de ton âme avec ce stupide coup ! »

Comment est-ce que j'ai pu penser que tu aurais pu apprécier ce que j'ai fait pour toi ? Harry était fatigué, vidé et plus que légèrement fâché que Severus ne lui ait pas dit ne serait-ce qu'une chose gentille avant de déverser sa colère. « Severus… » Harry opta pour la diplomatie. L'espoir est un printemps éternel, c'est ce que j'ai entendu dire.

« Bon sang, que pensais-tu ? » Gronda Severus, « Est-ce que tu pensais ? Ou cette petite performance était-elle la preuve que tu ne sais pas ce que le monde signifie ? »

Comme c'était souvent le cas quand Severus était un connard irréaliste, le tempérament d'Harry explosa. « Ce n'était pas suffisant pour toi, hein ? » Demanda-t-il avec colère.

« De quoi parles-tu ? »

« Même une âme n'est pas un sacrifice suffisant pour toi ! »

« Quoi ? » Le murmure perfora la colère d'Harry.

« Je n'ai pas oublié ce que tu as dit cette nuit-là. » Dit calmement Harry à Severus en soutenant son regard, « Personne ne rend jamais ce qu'il a pris. Et personne ne s'en ai jamais vraiment soucié. » Comment puis-je le dire, Severus, pour que tu comprennes ? « Il n'y a pas grand chose en ce monde que je peux donner qui ne m'ait déjà été pris. Tout ce que j'ai vraiment, c'est moi-même. Mais je me donnerai volontiers pour toi. »

Severus devint livide et la glace dans ses yeux fondit. La main sur le bras de la chaise se serra convulsivement. Severus déglutit et essaya de former des mots qui ne sortaient pas.

« En un sens, tu as raison. » Poursuivit Harry en feignant de ne pas voir les émotions qui teintaient le visage de Severus pour lui donner le temps de reprendre contrôle de lui-même. « Je ne pensais, pas vraiment. J'ai conservé l'assurance d'Albus qu'il allait se passer quelque chose qui te sauverait, mais rien ne s'est passé et il n'était pas préparé à faire quoi que ce soit. Quand j'ai vu le détraqueur, j'ai juste craqué. »

« Qu'as-tu fait ? » Severus avait surmonté la bataille qu'il livrait et put poser sa question. « Le sort que tu as lancé ? Quel sort était-ce ? »

Harry haussa les épaules, « Ce n'était pas un sort. Je n'ai rien fait. J'ai simplement refusé d'accepter ce qui était en train de t'arriver. »

La frustration vainquit les résidus de résistance qui s'agrégeait encore près de son cœur, « Tu as dû faire quelque chose. La magie ne décide pas de tenir tout le monde immobile pendant qu'elle flotte autour de toi de sa propre volonté. »

« Si j'ai fait quelque chose, je ne sais pas ce que c'est. » Protesta Harry avec sincérité, « Je n'essayais pas de lancer un sort. Je n'essayais même pas d'inventer un nouveau sort. J'étais juste en colère, effrayé et déterminé à ce qu'il ne t'arrive rien. Tu étais innocent et je savais que si je pouvais montrer la vérité à tout le monde, ils te laisseraient partir. J'ai vu ce que Fudge t'a fait la nuit où il t'a conduit à Azkaban et je ne pouvais pas le laisser faire. Je savais que tu serais secouru, je croyais en Albus mais il n'allait rien faire et je ne pouvais pas rester là sans rien faire. J'ai simplement…Je voulais que ça s'arrête. Je voulais leur montrer. »

« C'est cela ? C'est ainsi que tu as survécu au Baiser du détraqueur ? »

Harry regarda Severus avec des yeux noirs, « Je ne te mens pas ! »

« Je ne t'ai pas accusé de me mentir, » Répondit Severus calmement, « Je ne vois simplement pas comment- »

« C'est magique ! » L'interrompit Harry avec contrariété, « Qu'as-tu besoin de savoir de plus ? »

« Je suis conscient que c'était magique ; » Severus lui parla comme s'il était un enfant lent d'esprit. « Cependant ce que je voudrais savoir c'est comment -»

« Mais c'est justement ça,» L'interrompit à nouveau Harry, « Tu ne m'écoutes pas. C'est magique, Severus ! Il n'est pas nécessaire que ça ait un sens ! Elle n'est pas censée se conformer à nos petites règles. C'est l'antithèse de ce qu'elle est ! C'est magique- l'interruption des règles, le pouvoir qui existe en dehors de tout ordre et de toutes les lois que nous essayons d'imposer à notre réalité ! »

« Tu veux me faire croire que la magie a par elle-même décidé de venir à notre aide ? »

« Je ne sais pas pourquoi ça arrive ainsi ! Mais je ne sais pas non plus pourquoi mon balai vole. Je ne sais pas pourquoi je peux pointer ma baguette sur quelqu'un est hurler, 'Avada Kedavra' et le regarder mourir, » Harry baissa les bras, « Je ne comprends pas pourquoi nous pouvons faire ce que d'autres ne peuvent pas. Tout ce que je sais c'est que c'est magique. Et toutes nos règles, lois, mots et baguettes ne peuvent pas vraiment la contenir. C'est magique. Toutes ces choses ne s'appliquent pas à elle, à la fin. »

Ils se regardèrent en silence. Harry voyait Severus pesait prudemment ses mots. Maudis sois-tu Severus. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je sais simplement que c'est arrivé. Et j'en suis reconnaissant. Quoi que ce soit.

« Peut-être, » Suggéra Severus après un temps, « qu'il serait préférable de limiter la connaissance de cette information à un petit nombre de personnes. Je ne pense pas qu'il soit sage que monde sorcier sache que parfois la magie 'fait des choses' sans qu'on en ait conscience. »

« Non, je pense que ce serait une mauvaise idée » Harry était d'accord avec lui. Il imagina le chaos et la confusion qu'une telle annonce pourrait provoquer.

« Pour l'instant -» Un bâillement soudain l'interrompit, « -nous devrions juste le faire passer sous le fait qu'Harry Potter est Harry Potter. »

Tout, bon ou mauvais, finit toujours, par « Harry est Harry ». Il avait appris depuis longtemps à ne pas le combattre. Malgré ce qu'il disait, tout ce qu'il faisait, prenait une signification particulière sans aucune autre raison que c'est l'œuvre de « Celui qui a Survécu ».

« As-tu dormi un peu ? » Lui demanda Harry. Il refusait de battre en retraite. Il voulait savoir si Severus était resté à l'infirmerie pendant qu'il dormait.

« Quelques brefs somes. » Lui concéda finalement Severus, « Rien de plus. Cette chaise n'est pas vraiment faite pour avoir un sommeil réparateur. »

« Qu'as-tu fait sur cette chaise tout ce temps ? Même si tu refusais de retourner dans tes quartiers, tu aurais au moins pu utiliser un des lits vides ici. » Même s'il le demandait, Harry connaissait la réponse. Tu ne voulais pas partir. Tu es resté sur cette chaise pour être sûr de ne pas t'endormir. Harry était profondément touché par ce geste. Tu n'as pas besoin de dire quoi que ce soit, Severus. Tes actions parlent plus que ta voix, de toute façon.

Severus lui lança un regard perçant, comme s'il savait ce qu'Harry pensait. Il étira le coin de ses lèvres en un demi-sourire, « En fait, il se trouve que je me suis habitué à dormir sur des chaises ces dernières années. »

Harry ne put s'empêcher de sourire au souvenir que la plaisanterie réveilla, « Merci, »Dit-il simplement, en sachant que Severus comprendrait tout ce qu'il ne disait pas. « Tu as besoin d'aller te coucher, Severus. Après tout ce qui vient de se passer, tu as plus besoin de te reposer que moi. »

Quelle que soit la protestation, et Harry savait qu'il allait y en avoir une puisqu'il y en avait toujours quand Severus était impliqué, fut coupée par un autre bâillement. Harry le regarda, avec un haussement de sourcils.

« Oui, oui, d'accord. » Marmonna Severus en se levant.

« Et ne mets pas ton réveil non plus. » L'enquiquina Harry en tentant de le regarder avec des yeux réprobateurs.

Severus s'arrêta et le regarda. De façon inattendu, il tendit une main et déposa le bout de ses doigts sur le bras d'Harry, « Reste, » implora-t-il doucement. Il frôla gentiment de ses doigts la peau d'Harry puis se tourna et partit.


« Harry ? »

Harry ouvrit les yeux et remit ses lunettes qui tombaient de son nez. Il vit Ron debout et incertain devant la porte de l'infirmerie. Curieux, de connaître la raison de la présence de l'auror, Harry s'assit et d'un geste lui fit signe de se rapprocher.

« Je ne voulais pas te réveiller. » commença Ron, en s'arrêtant à côté du lit. Il se gratta le front, ce qu'Harry savait être un geste de nervosité.

« Je ne m'étais pas encore totalement endormi. » Le commentaire qu'avait fait Severus en partant y avait veillé.

Ron hésita un moment, soupira et regarda Harry dans les yeux, « Je voulais m'excuser pour la part que j'ai joué dans ce qui s'est passé. J'ai simplement…Fudge m'a trompé moi aussi. »

« Pourquoi le hais-tu, Ron ? » Lui demanda calmement Harry.

Ron réfléchit à la question quelques instants, « C'est difficile d'être un Weasley, Harry. Nous sommes l'une des plus vieilles familles de sorciers et pourtant nous sommes encore la risée du monde sorcier. Tout ce qui leur faut est un regard sur les cheveux roux et les plaisanteries et les railleries commencent. 'Oh regarde, un autre Weasley'. Nous essayons avec tant d'ardeur et pourtant personne ne nous respecte. Personne n'essaie de voir au-delà de nos robes miteuses.

« L'école était suffisamment difficile. Entre Voldemort, la puberté, et les examens, nous avons eu la chance d'en réchapper. Et si tout cela était déjà difficile à porter, il venait et rendait les choses pires encore. Les potions étaient suffisamment difficiles, nous n'avions pas besoin qu'il nous fasse échouer par simple méchanceté. Ou essayer de nous renvoyer à chaque infraction : qu'elle soit réelle ou imaginaire.

« Même maintenant, après la guerre, nous avons essayé de reconstruire ce que nous avions presque perdu, il est toujours le même bâtard visqueux qu'il était à l'école. Peut-être que j'ai fait beaucoup l'imbécile à l'école, mais j'ai travaillé dur pour devenir auror. J'ai réussi à me rendre respectable. Mais est ce que ça l'empêche de me tourner en ridicule dés qu'il me voit dans un couloir. Est-ce que ça l'empêche de prononcer mon nom avec mépris ? Je pourrai être décoré de l'ordre de Merlin, qu'il me raillerait encore de dégoût. » Ron s'assit sur la chaise sur laquelle était Severus, un petit peu plus tôt.

« C'est difficile Harry d'être méprisé par tous. »

« Qu'est ce que ça fait d'être aimé par toutes les personnes que tu côtoies ? »

Entre l'énervement qu'avait ressenti Harry au procès et la sincérité avec laquelle parlait Ron, la colère s'effaça. A la place, il y avait une tristesse lasse et il regrettait les choses qui auraient pu être. Les choses qui devraient peut-être être. Qu'en penserais –tu Ron, si tu savais que toi et Severus avaient tant en commun ? Nous sommes tous pareils, Ron : toi, moi, Severus et même Drago. Ce que nous sommes a été perdu dans le regard des autres. Au final, nous voulons simplement être reconnu pour ce que nous sommes. La guerre est terminée. Il est temps que la haine et la colère qui l'ont provoqué s'en aillent aussi.

« Et toi ? » Lui demanda Ron aussi calmement qu'Harry l'avait fait. « Pourquoi as-tu arrêté ? »

« Parce que j'ai appris à le connaître, » Répondit Harry honnêtement. « Vivre dans une petite chambre pendant deux ans peut être une expérience enrichissante. Nous avons beaucoup parlé. Et même si ça se dégradait et se terminait en dispute et en cris, nous sommes parvenus à apprendre beaucoup l'un sur l'autre. En plus d'autres choses, j'ai appris que ce que tu vois en Severus, n'est pas nécessairement ce qu'il est sous le masque. »

« Tu as vraiment réussi à devenir ami avec lui, hein ? » Il y avait une réelle surprise dans la voix de Ron. Et il n'y avait pas le dédain présent à chaque fois qu'il mentionnait Severus.

Le moment de vérité était arrivé. Ron essayait, pour le bien d'Harry de comprendre et d'accepter les changements opérés dans sa vie. S'il y a un moment pour lui en parler, c'est maintenant. Quelque part, Harry savait que l'occasion pourrait ne jamais se présenter à nouveau, comme c'était le cas maintenant. Serait-il facile de jeter toutes ces années Ron ? Que représentent-elles pour toi ?

Il regarda le premier ami qu'il avait eu, et réalisa qu'il n'avait pas vraiment de choix à faire. « C'est plus que cela Ron. »

« Je ne comprends pas. »

Harry prit une profonde inspiration. Elles sont importantes pour moi. « Je ne suis pas vraiment sûr de ce dont il s'agit. » Harry commença doucement, « mais ça a commencé avant que je me souvienne de qui j'étais. » Il dévoila l'histoire comme si elle était en elle-même douée de sensation.

Ron parvint à demeurer silencieux pendant le récit. La seule indication de ce qu'il pensait, était les yeux écarquillés et l'affaissement de sa mâchoire. Quand Harry eut fini de parler, Ron siffla.

« Alors, c'est…Eh bien, ça explique certainement pourquoi …je veux dire… » Les mots jaillissaient en désordre et trébuchaient les uns sur les autres, « Je ne peux pas croire…N'aurais jamais cru…Tu as vraiment…. ? »

« Je… » Harry se tut, en essayant de déterminer ce que Ron voulait savoir, « Um… ? »

« Attends qu'Hermione entende celle-là, » Ron secoua la tête d'étonnement. Puis il vit Harry le regarder fixement, « Enfin…Je ne dirai rien à Hermione à moins que tu ne le veuilles.

« Trop peu de choses ont changé pour que je puisse penser que tu sois capable de lui cacher tout cela. » Répondit Harry sèchement, en souhaitant une fois de plus pouvoir hausser un sourcil en signe d'incrédulité. « Ca va. Ca ne me dérange pas que tu lui dises. Par contre, si tu pouvais faire en sorte que ça reste entre nous cinq, ce serait préférable. »

Ron haussa les sourcils.

Au moins, tu ne peux pas le faire non plus, Harry ne put s'empêcher de penser bêtement.

« Nous cinq ? » Répéta Ron « Quoi nous cinq ? Qui d'autre est au courant ? »

« Ca devrait être moi, Weasley. »

Harry et Ron se tournèrent avec surprise et virent Drago se détacher de la porte et marcher nonchalamment jusqu'à eux, un sourire satisfait de lui-même se mariait avec ses formes plaisantes. Depuis quand te tiens-tu là ? Et pourquoi es-tu là d'abord ?

« Malfoy. » Ron leva les yeux au ciel.

« Ca devrait être mon nom, oui, impressionnant, tu peux te souvenir de choses et parler en même temps. Tu t'es entraîné, hein ? »

« Je crois que j'ai manqué l'invitation qui requérait ta présence dans une affaire qui ne te regarde absolument pas. »Lui retourna Ron.

« Tout me regarde. »

« Non pas cela, dehors. »

Harry allait les interrompre quand Drago abandonna son sourire méprisant et fixa Ron avec un regard attentif. « Ca me regarde. » Dit-il doucement à Ron.

Ron fut momentanément pris par surprise par le changement d'attitude de Drago, mais se ressaisit rapidement, « Comment en es-tu venu à penser cela ? »

« Parce qu'il est mon ami. Dis-moi, Ron Weasley, l'es-tu ? »

Même Harry était étonné. Quand je crois que j'ai enfin découvert qui tu es, tu deviens quelqu'un d'autre.

Ron regarda le visage d'Harry puis regarda Drago avec méfiance. Le Serpentard lui rendit son regard, son expression ne changea pas, « Tu es celui qui demande, » Ron marmonna avec rébellion.

« Tu as raison, je le suis. »Drago agréa sérieusement, « L'es-tu maintenant que tu connais la vérité ? Te tiens-tu aux côtés de l'homme qui fut autrefois ton ami d'enfance ? Ou lui tournes-tu le dos de dégoût à cause des personnes qu'il côtoie ? »

Harry se tint rigide et immobile, apeuré que le moindre mouvement ne brise l'étrange silence qui était tombé. Il était étonné des questions de Drago mais il était extrêmement curieux de connaître la réponse de Ron. Meilleur ami et ennemi juré se faisait face entre le lit d'Harry et le silence devenait pesant.

« Il est mon ami. »

Un petit sourire joua sur les lèvres de Drago.

Ron se tourna vers Harry, « Tu es mon ami, Harry, » Déclara Ron sincèrement, « Mon meilleur ami. Je ne jetterais pas cela même si tu vois quelque chose dans ces deux-là que peut-être nous autre manquons. »

Du coin de l'œil, Harry vit les yeux de Drago s'écarquiller. Venant de Ron, c'était la parole la plus proche d'un compliment. Je t'ai mal jugé, mon vieil ami. Je ne le ferai plus. Même si j'ai peur et que je suis confus. « Est-ce que ça veut dire que nous pouvons avoir un double rendez-vous maintenant ? » Harry ne put pas s'empêcher de le taquiner. »

Drago ricana et Ron le regarda bouche bée, sans rien dire.

« Une blague ! » Lui assura Harry avant qu'il n'ait une crise cardiaque, « C'est juste une blague. »

« Je te remercierai de t'arrêter de rire, » Dit Ron hargneusement à Drago, « De toute façon, aussi, um…intéressant que ça puisse l'être… » Il regarda Harry dans les yeux avec honnêteté, « Je ne serai peut-être plus jamais sur la liste de tes meilleurs amis, mais j'essaierai d'être civil avec lui. Et Harry, j'étais là au procès. J'ai vu ce que tu as fait, et la manière dont tu as risqué ta vie pour lui. Je suis vraiment désolé de la part que j'ai joué là dedans. »

Harry haussa les épaules, il voulait oublier cela complètement, « Tu faisais ton travail, Ron. Comme je faisais le mien. »

Ron plissa le front, « Ton travail ? »

« Je suis Celui Qui a Survécu. Je ne peux pas vraiment vivre si je suis mort. »

Même Drago le regarda avec dégoût.

« Ce n'est même pas vaguement drôle, » Ron le critiqua.

« Pour toutes ces fois où j'ai combattu et où je suis presque mort pour une raison ou pour une autre, je pense avoir gagné le droit de m'amuser d'un titre dont je n'ai jamais voulu. »Les mots sortirent avec un peu plus de vigueur qu'il ne l'aurait voulu. « Désolé, je n'avais pas l'intention de t'agresser. »

Ron balaya l'excuse, « Je t'aurais agressé depuis longtemps. Tu as résisté à la plus grande arme d'un détraqueur récemment, Harry. »

« Peut-être devrions-nous te laisser te reposer » Suggéra Drago, en voyant le bâillement qu'Harry essayait de cacher.

Ron dut le voir aussi parce qu'il se dépêcha d'acquiescer, « Je suis désolé de t'avoir gardé éveillé, Harry. Je dois retourner au Ministère demain pour faire un rapport sur les actions de Fudge au manoir Malfoy. Mais je reviendrai à Poudlard le lendemain. Si tu es sorti de l'infirmerie, voudrais-tu aller faire un tour à Pré au Lard ? Ca pourra être comme au bon vieux temps. »

Harry sourit, réellement heureux, « J'aimerais bien. »

« Vas-y doucement, d'accord ? Plus de folles aventures. Au moins pas avant que je ne revienne. »

« Je te le promets Ron. Plus de folles aventures. »

Ron lui rendit son sourire, se tourna pour partir et s'arrêta pour saluer Malfoy, « Malfoy, », reconnut-il en signe d'en revoir. Sa voix n'était pas chaleureuse mais elle ne contenait pas la décennie d'inimitié qu'il y avait autrefois.

Un pâle et élégant sourcil se haussa, « Weasley. »

J'étais aveuglé par mes peurs, pensa Harry en regardant Drago suivre Ron. Et je m'en suis pris à toi quand je souffrais. Excuses-moi, vieil ami, « Drago, » L'appela Harry alors que le blond allait passer le pas de la porte.

Drago s'arrêta et le regarda.

« Pourquoi ? »

« Il avait besoin de savoir ce qu'il ressentait. » Drago pencha légèrement sa tête de travers, « je l'ai donc poussé à chercher avant que tes paroles aillent trop loin et ne mélangent ses sentiments. Il sait ce tu représentes pour lui. Maintenant il peut absorber ce que tu lui as dit, en étant sûr que malgré ce qu'il s'est passé, tu es toujours son meilleur ami. »

Harry secoua la tête, « Tu ne cesseras jamais de me surprendre. »

Drago lui fit un sourire énigmatique, « Dors un peu maintenant, veux-tu ? Tes gardiens pourront se reposer également un peu. » Puis il partit, la porte se ferma doucement derrière lui.

Pour la deuxième fois de la journée, Harry, était laissé seul, assis sur son lit, à réfléchir sur le sens d'un autre commentaire crypté. Serpentards. Il rit. Agaçants petits couillons. Mais je ne sais pas ce que je ferais sans eux maintenant. Il sentit ses yeux s'alourdir et se fermer tout seuls. Ce n'est plus noir et blanc. Juste un million de nuances de gris.


« Comment a-t-il fait, Albus ? »

Le directeur lui sourit platement, « Voulez-vous vous asseoir, Severus ? »

« Non, je ne veux pas m'asseoir. » Gronda Severus, même si son corps le trahit quand il s'affala dans ladite chaise, « Je veux des réponses. »

« Quelles réponses cherchez-vous ? » Albus le regarda avec exaspérant un regard innocent.

Severus sentit sa patience se désintégrer. « Je veux savoir ce qu'il a fait. Je veux savoir comment il a survécu au Baiser du détraqueur. »

« Lui avez-vous demandé ? »

« Bien entendu, je lui ai sacrément demandé ! » Dit Severus hargneusement, « Et il n'a aucune idée de ce qu'il s'est passé. Tout ce qu'il a dit et qu'il refusait de les laisser perpétrer ce jugement. Apparemment, la magie a simplement résolu son problème pour lui. »

« Peut-être a-t-il dit la vérité, Severus. »

« Je ne pense pas qu'il mente ! » Severus était vraiment très près de crier contre le vieux sorcier.

« Alors peut-être devriez-vous le croire. » Répondit Albus.

Les yeux de Severus se plissèrent et ils ne furent plus que deux perles noires et brillantes, « Vous lui avez promis qu'il se passerait quelque chose qui viendrait me sauver. Et quand il -»

Albus haussa les sourcils de surprise, « Mais il s'est passé quelque chose qui vous a sauvé, Severus. »

« Vous savez parfaitement bien, que ce n'est pas -» Severus referma rapidement la bouche et se mordit presque la langue. Au nom de tous les dieux, comment avez-vous pu lui laisser prendre un tel risque ? « Vous saviez ! » L'accusa-t-il dans un sifflement murmuré, « Vous saviez ce qui allait se passer ! »

Albus acquiesça, la fausse innocence fut remplacée par une sorte de fière tristesse, « Je n'ai pas menti à Harry, Severus. Je lui ai dit ce qu'il avait besoin de savoir. Il s'est effectivement passé quelque chose qui vous a sauvé, comme je le lui ai promis. Harry est arrivé. »

« Comment le saviez-vous ? » Lui demanda Severus avec colère, « Comment saviez-vous que vos machinations n'allaient pas le tuer ? »

« J'ai peur que vous deviez vous contenter de savoir que j'ai eu l'assurance de quelqu'un en qui je fais profondément confiance. » Lui répondit doucement Albus.

« Prendre toute cette magie aurait dû le tuer. Il aurait dû devenir une enveloppe vide, après avoir subi le Baiser du détraqueur. Et vous me dites maintenant que je dois faire confiance en un mystérieux messager qui vous a dit qu'il était juste de jouer avec la vie d'Harry ? »

« Me faites-vous confiance, Severus ? »

Comment osez-vous ! « Que voulez-vous que je vous dise ? »

« Je veux que vous me disiez la vérité. Me faites-vous confiance ? »

Est-ce que je vous fais confiance ? Après avoir altéré mes souvenirs, après m'avoir menti, après avoir jouer avec tout le monde autour de vous, après avoir risqué l'âme d'Harry, vous me demandez si je vous fais confiance ? Severus soupira, la colère et la confusion se peignaient sur son visage. « Après que Voldemort ait brisé mon corps, je vous ai fait confiance, alors que je ne pensais plus pouvoir le faire. » Sa voix ne portait pas plus qu'un murmure, quand il donna à Albus la vérité, « Même debout, à attendre que Fudge m'emmène à Azkaban, je vous ai fait confiance. Mais vous ne me demandez plus de vous faire confiance avec ma vie, Albus. Vous me demandez de vous faire confiance avec la vie d'Harry. »

« Non, Severus, » Albus secoua la tête, « Je ne vous demande pas de me faire confiance avec la vie d'Harry. Je vous demande simplement si vous me faites confiance. Si vous me faites confiance quand je vous dis que je vous révèle ce que je peux. Si vous me faites confiance quand je vous dis que je cherche ce qui est le mieux, pour tout le monde dans cette école, pour notre monde. »

Lui faisait-il confiance ? Faisait-il vraiment confiance à Albus Dumbledore ? La réponse flotta dans son esprit, « Oui. »

« Alors, je vous demanderai de me faire confiance quand je vous dis la vérité, sur ce que je vais vous dire. » Poursuivit Albus.

« Dites-moi. »

« Je connais très bien la personne qui m'a parlé des actions d'Harry au procès. Et je sais très bien qu'il n'y a personne dans ce monde qui l'aime plus que lui. »

Personne dans ce monde ? Que cela signifie-t-il ? Ses parents ? Sa mère lui a donné une protection contre Voldemort. Est-ce cela que vous voulez dire ? Lily Potter peut-elle encore atteindre son fils ? « Je ne comprends pas. »

« Vous comprendrez avec le temps, Severus. »

« Vous me l'avez déjà dit, je m'en rappelle très, Albus. »

« Vous vous en souviendrez à nouveau. » Albus le regardait étrangement. Il y avait dans sa voix un ton bizarre que Severus n'avait jamais entendu avant.

« Albus.. . »

« Parfois, Severus, il y a des choses que nous ne pouvons pas accepter. Et nous allons à grands pas voir ces choses qui n'arriveront jamais. »

« Est-ce ce qu'Harry a fait ? »

« C'est ce que nous faisons tous, quand il n'y a pas d'autre choix. »

Plus de charade. Je suis fatigue de ces charades. « Je veux juste de la tranquillité, Albus. Je veux arrêter de me battre. Je veux me réveiller le matin et ne pas m'inquiéter à l'idée qu'une chose terrible va arriver. Je suis si fatigué de la douleur et de la perte. »

« Il faut toujours passer par les moments les plus noirs avant l'aurore, Severus. Mais je n'ai jamais perdu ma foi en vous. » Il y avait tant de compassion et de compréhension dans les yeux brillants d'Albus que Severus sentit un frisson de malaise parcourir sa colonne vertébrale. Il ne parlait pas du passé. « L'aurore viendra, Severus. Il y aura un temps où vous en douterez. Mais je vous le promets ; par les paroles d'une personne en qui je fais bien plus confiance qu'en tout autre, elle viendra. Et ce sera un glorieux levé de soleil, l'un de ceux que vous n'avez jamais vu. »