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PARTIE I : Prisonniers

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Prologue . "Il fait beau aujourd'hui, allons au cimetière."

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11 janvier 1998.

Une portière de voiture claqua dans le silence mortel de la rue. Elle cligna des yeux sous l'éclat du soleil, s'habituant à la clarté exceptionnelle du jour. Il avait neigé trois jours plus tôt, et l'immaculé blanche subsistait encore sur les bas-côtés et dans les champs des campagnes environnantes. Oui, il avait neigé quelques jours plus tôt. Mais aujourd'hui, le soleil avait décidé de s'imposer, rayonnant fièrement. Son reflet dans la neige ne rendait ce jour que plus brillant et ensoleillé.

Mais elle n'avait pas envie de sourire. Elle gardait un visage fermé, les yeux cachés par une paire de lunettes noires, qu'elle portait plus parce qu'elle craignait de pleurer que pour les rayons insolents de ce soleil provocant. Elle jeta un coup d'oeil machinal de chaque côté de la chaussée, et traversa la rue en quelques pas. Il n'y avait que cinq voitures garées le long du haut mur de pierres. Elle aurait aimé qu'il y ait plus de gens. Puis elle songea après une seconde qu'elle aurait préféré ne jamais avoir à venir ici.

La grande grille de métal était ouverte. Elle s'engagea dans l'allée, ses chaussures noires crissant sur le gravier. Au fond, un arrosoir en fer à moitié rouillé à la main, une petite vieille arrangeait trois roses en relevant régulièrement les yeux vers Elle. Elle rejoignit le petit groupe de quatre personnes qui se tenaient un peu plus loin sur la gauche, à l'ombre d'un haut saule tortueux. Une des personnes se retourna à son arrivée. C'était une jeune femme d'environ vingt-cinq ans, peut-être trente. Elle serrait contre elle son grand manteau noir, les mains blanches crispées sur le vêtement. C'était Suzanna Scott. Il lui en avait déjà parlé. Suzanna était près d'un grand homme brun qu'Elle identifia comme étant son mari. Suzanna lui adressa à peine un regard. Ses grands yeux noirs n'étaient masqués par aucune lunettes noires, pleurant ouvertement, sans gêne ni honte. Son mari posa une main réconfortante sur son épaule, et cette main, à la couleur chocolat, ne fit qu'accentuer la pâleur du visage de Suzanna, qui se retourna bien vite.

Elle sentit son coeur l'enserrer douloureusement. Elle se sentait coupable. Elle aurait put empêcher ça... non, rectifia-t-elle mentalement, elle aurait dût empêcher ça. Elle aurait dût trouver un moyen, une solution. Mais elle n'était pas assez forte. Ils l'avaient fait exprès, elle s'en doutait à présent. Elle n'avait jamais eut d'affaire sérieuse avant Lui. Et elle s'était attaché à lui. Elle avait appris à le connaître plus ou moins, à avoir sa confiance, et elle l'avait presque considéré comme un ami. Elle n'aurait pas dût. Pourtant elle savait... elle savait qu'Ils se trompaient. Elle savait qu'Il était droit et honnête. Si elle n'était pas logique et objective, elle pourrait presque croire à un coup monté, une machination. Mais Il n'avait pas d'ennemi. En vérité, Il n'avait personne.

Suzanna et son époux partirent peu après son arrivée. Puis un homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux légèrement cendrés, quitta à son tour l'ombre du grand saule tortueux. Elle resta seule avec le dernier jeune homme. Il devait avoir le même âge que Lui. Il portait un ensemble noir et un bonnet de la même couleur enfoncé sur ses cheveux d'un blond sombre, châtain peut-être, dont les pointes caressaient sa mâchoire. LE visage assez pâle, les lèvres pincées, de petits yeux bleu-verts pâles également.

Il renifla machinalement, mais lorsqu'il leva les yeux vers Elle, elle vit qu'il ne pleurait pas. Son visage restait pâle et ses lèvres étaient agitées d'un tic nerveux, mais il ne pleurait pas.

- Ce n'est pas vrai, vous savez, souffla-t-il.

Il lui semblait important de le dire. Ou peut-être de l'entendre dire. Elle nota que l'inconnu avait un léger accent irlandais.

- C'était un homme bien, affirma-t-il encore.

Elle hocha la tête, ne pouvant qu'approuver. Oui, c'était un homme bien. Peu de gens l'avait dis le 7 septembre. Il faudrait qu'elle lui parle à cet homme à l'accent irlandais. Il avait dût le connaître lorsqu'Il était plus jeune. Même si elle n'avait su le sauver, Lui, elle se devait de sauver sa mémoire. Oui, elle irait lui parler. Mais pas maintenant. Elle tourna les talons et retourna lentement dans la rue. Derrière elle, à l'ombre du haut saule tortueux, la pierre tombale, tout juste posée, annonçait deux dates extrêmes déterminant la vie et la mort d'un homme : 31/07/1970 . 05/01/1998.

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puis-je espérer une review de ta part, toi qui vient de lire ce prologue (certes court, mais ce n'est qu'un prologue) ?

à bientôt j'espère. Peace love and sex à tous.