Ce que Blaise découvrit en ouvrant la porte de la chambre de Drago le laissa sous le choc.
Le matelas était recouvert de rouge. Une scène des plus effroyables. On aurait pu croire qu'une tragédie avait eu lieu dans cette chambre. Un crime des plus affreux.
Son meilleur ami était recroquevillé sur lui-même dans un coin du lit et tremblait de tous ses membres. De nouveaux bandages avaient été placés sur son corps, mais tous baignaient dans le sang. Le spectacle n'en était pas moins sordide. Il se demanda comment il pouvait être encore en vie.
Il mit quelques secondes à se remettre de ce qu'il venait de découvrir avant de vivement dégainer sa baguette et d'accourir à ses côtés.
– Drago ! Drago ! s'exclama-t-il en nettoyant le sang avec des sorts pour y voir plus clair. Putain, dis-moi que tu es toujours en vie, vieux.
Des larmes se formèrent dans ses yeux, mais il s'efforça de les empêcher de couler. Il devait rester fort. Pour Drago.
Il tourna le corps de Drago aussi précautionneusement que possible pour l'allonger sur le ventre et pouvoir constater les dégâts. Il réalisa alors que ses plaies les plus récentes s'étaient rouvertes. Si certaines avaient été soignées, les plus fraîches restaient encore trop sensibles pour supporter un mouvement trop brusque.
Il posa une main sur sa jugulaire et attendit silencieusement de sentir un pouls.
Il s'imaginait déjà perdre son meilleur ami, seulement quelques jours après l'avoir retrouvé. Retrouver n'étant pas le verbe adapté, étant donné l'état dans lequel Drago était arrivé. Blaise n'avait aucunement pu renouer avec lui. Il s'était contenté de constater sa condition affreuse, suite à des années d'enfermement.
Et s'il mourrait maintenant ? Et si Blaise n'avait plus jamais l'occasion de le regarder dans les yeux ? De lui raconter ses mésaventures ? De l'entendre rire ou de le voir sourire ?
Ce n'était pas imaginable. Il ne pouvait pas envisager une telle issue.
Finalement, après ce qui lui parut être une éternité, Blaise laissa échapper un long soupir de soulagement en sentant un battement, bien qu'il soit particulièrement faible. Il était en vie, mais à l'agonie. Il fallait qu'il le sauve.
Il était en vie et c'était tout ce qui comptait. Peu importait tout ce qu'il aurait à faire pour le sauver, Blaise se raccrocherait à chaque signe de vie que Drago lui donnerait.
Il remonta les manches de sa chemise blanche – déjà partiellement tâchée de sang – et s'empressa de commencer les soins, malgré le peu de connaissances qu'il avait dans le domaine. Il donnerait tout.
Il suait à grosses gouttes, rendu anxieux par la situation. Il avait la vie de son meilleur ami entre les mains. Ses doigts tremblaient légèrement, amoindrissant l'efficacité des sorts, mais cela ne l'arrêta pas. Il devait concentrer sa magie et toutes ses pensées vers Drago. Il ne pouvait pas se permettre le moindre écart.
Il était déterminé à le sauver et ne s'arrêterait pas tant qu'il ne serait pas certain que l'état de Drago était stable. Il n'avait aucune potion à disposition et devrait donc se débrouiller uniquement avec des sortilèges. Cela ne rendait pas la tâche facile, mais il s'en contenterait. Il donnerait sa vie pour lui. Alors ce peu d'efforts ne valait rien face à cela.
Une demi-heure plus tard, la respiration du blond et son rythme cardiaque étaient réguliers. Son état était stable, ses blessures pratiquement résorbées et sa peau n'était plus aussi pâle. Blaise lâcha sa baguette et se laissa tomber sur le matelas, à côté de lui, en lâchant un soupir de soulagement.
Il n'aurait pas supporté de le perdre. C'était impossible. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Pas après tout ce que Drago avait vécu. Il ne méritait pas un destin aussi tragique. Il méritait bien mieux, bien plus.
Ils avaient grandi ensemble. Blaise ne se rappelait même pas de sa rencontre avec lui tant ils avaient été jeunes à cette époque. Il était son meilleur ami, son frère d'une autre mère.
Et c'était le cas de le dire. Sa propre mère n'ayant pas été très présente pour lui, Narcissa avait agi comme soutien considérable. Il avait passé pratiquement toute son enfance au manoir Malefoy.
Il n'avait jamais apprécié Lucius, notamment pour la mentalité qu'il avait inculquée à son fils – heureusement pour lui, il y avait échappé – et aussi pour sa froideur envers sa femme. Il ne l'avait jamais vu être violent physiquement, mais il avait réalisé au fil des années à quel point il l'était psychologiquement. Il avait endoctriné son fils pendant toute son enfance, empêchant sa femme d'intervenir dans son éducation, ou du moins en lui interdisant de le contredire.
Blaise avait échappé à tout cela, le couple Malefoy ne s'intéressant pas à lui au point de l'instruire comme ils le faisaient pour leur propre fils. Il n'était pas l'héritier Malefoy, et c'était très bien ainsi.
Blaise savait que Drago avait pu se faire sa propre identité plus tard, lorsqu'il avait été assez grand et mature pour différencier sa réalité de celle de ses parents. Il l'avait soutenu, imaginant parfaitement – après des années à vivre à leurs côtés – que se séparer des valeurs de ses parents n'était pas une tâche facile.
Bien qu'elle n'ait pas été très présente dans l'éducation de son propre fils, Blaise n'était pas naïf au point de penser que Narcissa avait des valeurs saines et similaires aux siennes. Elle n'était pas devenue amie avec les moldus pour défier son mari, ni même sa propre éducation. Elle restait fière fervente de la supériorité des sang-pur, sans pour autant vouloir les exterminer. Ce qui était… déjà bien, se répétait Blaise.
Il avait, lui-même, parfois été à la limite de tomber dans la vénération de cette idéologie. Lorsqu'il était gamin, que son seul ami était Drago et qu'il avait voulu s'en faire d'autres à Serpentard ou parmi les enfants d'autres familles de sang-pur, il n'avait pas eu beaucoup d'autres choix que de sembler en accord avec ces valeurs suprémacistes et réppressives. Que ne ferait-on pas pour gagner la confiance et l'amitié de son entourage ?
Il avait rapidement oublié cela et gagné en maturité. Bien avant son meilleur ami. Il s'était éloigné du couple Malefoy, gardant tout de même contact avec eux lors de quelques repas, plusieurs fois par an.
Ce n'était qu'à leur treize ans que Drago lui avait expliqué que ses parents avaient subi un mariage de convenance, ce qui avait répondu à beaucoup de ses questions. Narcissa n'avait pas eu son mot à dire, car Lucius avait tout pouvoir sur elle, sur sa vie, sur sa mort et sur sa liberté.
Elle n'était là que pour engendrer un héritier qui devrait recevoir l'éducation parfaite pour assurer la lignée de la famille Malefoy. De quoi donner envie de vomir à Blaise. Il n'avait jamais supporté cette idée, quoiqu'il puisse penser de Narcissa Malefoy en grandissant. Elle ne méritait pas cela. Personne ne le méritait.
Blaise n'avait pas eu de précepteur, mais avait suivi discrètement les cours de Drago, se cachant derrière les portes ou les rideaux lorsqu'il restait au manoir pour la semaine. Les bonnes manières, l'étiquette, le latin, le grec, l'italien et le français, l'équitation, le vol sur balai, l'art du duel… Il avait pu assister à des cours auxquels il n'aurait jamais eu accès sans les Malefoy. Il leur en était reconnaissant, d'une certaine manière. Il avait pu s'instruire sans que cela ne soit une obligation, ni même que cela ne nuise à sa perception des choses. Il s'était éduqué par lui-même, triant les informations qu'il recevait.
Sa mère n'avait pas voulu de lui. Elle était tombée enceinte après son deuxième mariage et avait fait regretter à son fils d'être né dès ses premiers jours de vie. Il n'avait pas été maltraité à proprement parler, mais n'avait pas reçu l'amour et l'éducation dont il aurait eu besoin. Il n'avait jamais vraiment regretté cela, n'ayant aucun exemple de ce à quoi une famille soudée et aimante pouvait ressembler. Les Malefoy étaient loin d'en être une, même si Narcissa montrait parfois quelques signes d'affection discrets à son fils.
Son père était mort deux mois après sa naissance, dans de mystérieuses circonstances. Il n'avait jamais voulu en savoir plus le concernant et n'en avait jamais ressenti le besoin. Il préférait ne pas avoir de père plutôt que risquer de subir l'éducation d'un homme tel que Lucius Malefoy.
Il avait été trimballé à chaque voyage de sa mère, parfois pendant plusieurs mois, ce qui l'empêchait alors de voir les Malefoy, et ce même après sa rentrée à Poudlard. Il l'accompagnait chaque été dans différents pays, souvent en compagnie de son mari de l'époque.
Il l'avait suivie pendant une année entière lorsque la guerre avait éclaté. Ils avaient résidé dans le nord de l'Afrique, puis en Turquie. Il s'était sauvé dès sa majorité, sautant sur l'occasion après que Pansy l'ait supplié de la rejoindre à Poudlard. Il n'avait pas revu sa mère depuis et c'était très bien ainsi.
Pansy avait été un soutien considérable, elle aussi. Ils s'étaient rencontrés à Poudlard, au départ par l'intervalle de Drago, qui avait attiré la jeune femme dans ses filets grâce à son "charme légendaire", comme il aimait s'en vanter à l'époque. Elle était complètement dingue de lui, à l'époque, prête à tout pour le satisfaire et qu'il n'ait que son visage en tête. Cela paraissait si loin…
Un petit groupe s'était formé dès leur première année : Pansy, Blaise, Drago, Goyle, Crabbe, mais aussi Daphné et Théo, qu'ils avaient rencontrés au début de leur scolarité. Millicent Bulstrode avait fait partie de leur petit groupe pendant les premières années, elle aussi, mais elle avait vite fini par s'éloigner – ou du moins être éloignée – notamment à cause de Pansy, après sa grande prise de poids. À cette époque, rares étaient les ouvertures d'esprits et fréquents étaient les jugements de valeur.
Pour ce qui était des autres, ils avaient été inséparables, de vraies terreurs pour tout Serpentard tentant de se mettre en travers de leur chemin. Les rois et reines de leur maison.
Drago et Blaise s'étaient particulièrement bien entendus avec Théo et étaient rapidement devenus inséparables. Goyle et Crabbe s'étaient bien vite retrouvés à l'écart, ne trouvant pas leur place dans leur trio. Ils restaient toujours près de Drago, après l'insistance de leurs paternels, mais cela n'allait pas plus loin.
Pansy avait fini par se lasser de Drago en comprenant que celui-ci ne lui portait de l'intérêt qu'amicalement. Blaise se rappelait encore parfaitement du froid que cela avait jeté sur leur groupe pendant quelques mois. Daphné et Pansy restaient dans leur coin et les garçons dans le leur. Il avait détesté cela.
Pansy avait attendu leur sixième année pour s'intéresser à Blaise. Si au départ, cela n'avait pas été réciproque, le jeune homme avait fini par succomber à son charme en la voyant grandir et prendre en maturité et en intelligence. Ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre, réalisant ce qu'ils avaient manqué les années précédentes. Ils se ressemblaient bien plus qu'ils ne l'auraient cru.
Ils ne s'étaient pas quittés depuis. Blaise l'avait demandée en mariage une semaine après la fin des procès mangemorts et elle avait accepté sans qu'aucun doute ne se lise dans son regard. C'était une évidence.
Blaise pouvait sans aucune hésitation prôner qu'il avait le meilleur entourage dont il pouvait rêver. Une femme sur qui il pouvait compter à tout instant et qu'il aimait plus que tout au monde, ainsi que des amis loyaux et qui le connaissaient depuis presque toujours.
Il y eut du mouvement sur sa droite et il tourna la tête, sortant de ses pensées.
Drago s'éveillait, il pouvait le voir aux mouvements presque imperceptibles de ses doigts. Ses sorts avaient donc fonctionné. Il avait réussi à le remettre sur pied.
Un élan de soulagement le traversa, tel un seau d'eau fraîche en plein milieu du désert. Drago était en vie.
Le blond battit des paupières et fronça les sourcils en affrontant la lumière de la pièce. Blaise se redressa sur le lit.
– Salut, vieux, murmura-t-il, incertain.
La dernière fois, Drago avait été incapable de lui répondre. Il avait dû le traîner jusqu'à Hermione, après avoir pris un portoloin avec lui, pour que la délégation anglaise puisse faire son travail. Il ne tenait même pas debout. Blaise aurait voulu effacer cet horrible souvenir de sa mémoire. Le simple fait d'y repenser lui brisait le cœur. Il ignorait si Drago s'en souvenait, lui qui avait semblé si misérable.
Il avait même dû retourner à Azkaban pour récupérer toutes les affaires personnelles de Drago, après avoir compris que le blond serait en incapacité de le faire de lui-même. Après tout, il avait voulu lui faire quitter la prison sorcière le plus vite possible, oubliant totalement les biens de son ami derrière lui.
Les gardes lui avaient semblé particulièrement désagréables et rebutants, mais il n'avait pas réagi. Il ne voulait pas avoir de problème. Il s'en occuperait plus tard, il se le promit.
Sa principale préoccupation était Drago. Il devait l'aider à remettre les pieds sur terre après toutes ces années confiné à Azkaban.
Drago tourna la tête pour regarder autour de lui, avant de focaliser à nouveau son regard sur Blaise. Il semblait perdu, perturbé, comme s'il n'avait aucune idée d'où il se trouvait. Peut-être était-ce le cas.
– Nous sommes chez Granger, en France, tu es en sécurité ici, lui dit-il à voix basse.
Il n'avait aucune idée de comment se comporter avec lui. Devait-il être précautionneux ? Agir normalement ? Le réconforter ? Il n'avait jamais fait ça. Personne n'avait jamais fait ça.
Drago hocha lentement la tête, assimilant doucement son environnement. Il observa ensuite ses bandages et ses mains, puis palpa son visage.
– Elle nous a appelés dès que tu t'es réveillé, lui expliqua alors Blaise en sortant du lit pour lui faire face.
Il en profita pour faire apparaître un bidet magique dans un coin de la pièce. Une idée de Pansy. Ne sachant pas quand le blond serait capable d'être autonome – considérant ses blessures – c'était le seul moyen pour qu'il puisse faire ses besoins seul et sans avoir à bouger.
Il conjura ensuite une chaise et s'y assit. Il réalisait qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il s'était passé avant que Granger ne les appelle, ou même si elle avait attendu avant de le faire. Elle avait paru si paniquée… Ils étaient venus aussi vite que possible, sans demander de plus d'explications. Cela concernait Drago, il n'avait pas besoin d'en savoir davantage.
Blaise avait retrouvé son meilleur ami dans un affreux état. Il peinait encore à y croire.
Drago semblait plus perturbé que tout. Il était muet comme un Focifère et ne cessait de s'examiner sous toutes les coutures. Blaise déglutit. Il ne savait pas comment agir, ni quoi dire. Drago ne semblait ni enclin, ni capable de parler. L'avait-il même écouté ? Il n'en était pas certain.
Il essayait de se mettre à sa place, de comprendre son état. Mais c'était trop difficile. Comment pourrait-il ne serait-ce qu'imaginer ce qu'il avait vécu ? Il ne pouvait pas savoir dans quel état d'esprit il était.
Il lui faudrait parler avec Granger. Comprendre ce qu'il s'était passé. Peut-être cela lui permettrait-il d'aider Drago. Il doutait que celui-ci se rappelle de quoi que ce soit. Il tremblait légèrement, comme paniqué.
Blaise s'avança jusqu'à la fenêtre de la chambre et colla son front contre la vitre froide. Il ne savait pas quoi faire. L'état de Granger faisait peur et celui de Drago n'était pas bien mieux. Il avait l'impression d'être dans une impasse, d'être incapable de faire un choix. Comment était-il censé en prendre une ? De quel droit devrait-il choisir pour Drago, comme s'il avait un droit de décision sur sa vie ?
Alors qu'il s'apprêtait à se tourner vers son ami, il vit sa femme traverser le jardin depuis la fenêtre. Elle semblait arriver des écuries, seule.
Il imagina qu'elle avait dû s'occuper de Granger, en vain. Encore. Personne n'arrivait à ramener la jeune femme à la raison, à lui faire comprendre qu'elle creusait sa propre tombe. Même Potter avait fini par abandonner, ne lui rendant visite que rarement. Blaise doutait que cela s'améliore maintenant que Théo était libre.
Il se passa une main sur le visage et se tourna vers Drago. Il était gêné. Il ne se sentait pas à l'aise, alors même qu'il était son meilleur ami. Les choses avaient changé. L'ambiance était lourde.
Le blond avait le regard dans le vide et fixait la porte de la chambre. Il avait l'air à peine vivant, comme si son âme lui avait été retirée, alors même qu'aucun détraqueur n'habitait la prison sorcière. C'était terrifiant.
– J'ai ramené tes affaires, elles sont en bas, lança-t-il au milieu du silence de la pièce. Il y a ta baguette, des vêtements, une paire de chaussures et la clé de ton coffre à Gringotts. Tout est dans un sac que j'ai laissé près de la cheminée.
Drago ne réagit pas pendant plusieurs secondes, si bien que Blaise s'apprêtait à quitter la pièce. Finalement, il hocha la tête et braqua son regard dans celui de son ami.
Celui-ci crut défaillir. Il y avait tellement d'émotions contradictoires dans ses yeux… Si quelques minutes auparavant, ils avaient eu l'air complètement vide, ils semblaient désormais être habités.
Il pouvait y lire de la colère, du soulagement, de la gratitude, mais aussi… Une forme de détermination. C'était si fort.
Il ne sut comment interpréter tout cela. C'était bien trop flou.
Il songea alors à la nouvelle qu'il devrait un jour lui annoncer, celle qui détruirait très probablement le cœur de son ami, mais préféra la ranger dans un coin de son esprit. Ce n'était pas le moment. Il n'était même pas certain qu'il aurait son entière attention.
Et puis, cela ne ferait qu'empirer les choses. Il devait patienter.
Drago détourna le regard après quelques secondes, se concentrant sur la porte de la pièce. Il était de nouveau parti. Loin dans son esprit.
Blaise aurait donné beaucoup pour savoir ce qu'il s'y tramait, pour comprendre ses tourments.
– Je… Je vais rejoindre les autres, finit-il par dire après s'être raclé la gorge.
Drago ne tourna pas la tête vers lui, pas plus qu'il ne répondit ou ne réagit. Blaise soupira discrètement et quitta la chambre. Il avait l'impression d'avoir perdu son meilleur ami.
oOo
"Potter,
Bien que je fasse cela à reculons et sans envie particulière, je pense ne pas avoir d'autre choix. Blaise et moi avons rendu visite à Granger et Drago hier et je dois avouer ne pas savoir quoi faire.
Granger est complètement détruite, elle ne va pas bien et je me demande réellement comment elle pourra un jour s'en sortir en restant renfermée ainsi. Elle sursaute au moindre bruit, au moindre mouvement et ne supporte pas la présence de qui que ce soit chez elle.
Elle nous a appelés, en panique, en voulant que nous récupérions Drago.
Je ne sais pas quoi faire, Potter. J'ai discuté avec elle et elle semble à peine encline à faire des efforts. Elle est complètement fermée à l'idée d'être aidée.
Elle et moi ne sommes pas proches, je ne suis pas la mieux placée pour l'aider ou la faire changer d'avis. Je pense sincèrement que tu devrais aller la voir pour en discuter. Elle ne va pas expulser Drago – je lui ai bien fait comprendre que cela n'était de toute façon pas possible – mais elle ne compte pas pour autant le fréquenter. Je pense que c'est une mauvaise chose. Et pour elle, et pour lui.
Je suis consciente que Théo et toi êtes en train de renouer et de rattraper le temps perdu, mais je pense qu'il est urgent que nous fassions quelque chose.
Drago est arrivé dans un état effrayant d'Azkaban et il aura lui aussi besoin d'aide. Si Granger passe son temps à le repousser – quel que soit leur passé en commun – et à rester sur la défensive en sa présence, tout en le tirant vers le bas à cause de son propre comportement, les choses se dégraderont.
Je peux t'accompagner, si tu le souhaites, ou bien rester avec Théo chez vous, si tu ne veux pas le laisser seul, mais je pense vraiment que nous devons faire quelque chose pour les aider. Tous les deux.
Blaise passe son temps à faire des allers-retours entre notre maison et le Ministère, pour tenter de faire bouger les choses. Il veut améliorer les qualités de vie des prisonniers, mais aussi les conditions de libération des Mangemorts. Je pense qu'il ne lâchera pas ce combat tant qu'il ne sera pas satisfait et je ne compte pas le pousser à le faire pour aider Drago, Granger ou même Théo. C'est à nous de le faire et je sais que tu ne lâcheras pas Granger, quelle que soit votre relation actuelle.
Il faut aussi assurer leurs arrières. Drago n'a pas encore appris le décès de sa mère, et Blaise et moi sommes parfaitement conscients que cela marquera un tournant dans son comportement. Plus tard nous le lui dirons et pires seront les conséquences.
De plus, même si je sais que tu n'es pas proche d'elle, Daphné est au plus bas ces derniers jours. Après la libération de certains prisonniers, son état s'est grandement dégradé et je crains qu'elle ne fasse une bêtise. Je passe la voir tous les jours, mais j'ai peur que ça ne soit pas suffisant. Je vais essayer de contacter sa sœur, mais considérant le fait qu'elle voyage beaucoup, je ne sais pas quand, et si, elle acceptera de se rendre en Angleterre.
Je passerai bientôt avec Blaise pour voir Théo. Nous pourrons discuter de tout ça de vive voix, si tu le souhaites.
J'espère que tu comprends ma situation.
Pansy Z."
La jeune femme déposa sa plume sur son bureau et plia le parchemin de sa lettre en trois. Elle l'enverrait plus tard dans la matinée.
Elle sortit un autre morceau de parchemin et plongea le bout de sa plume dans son petit pot d'encre.
"Astoria,
J'espère que tes voyages se passent bien. D'après ta dernière lettre, vous étiez en Islande, n'est-ce pas ? Un magnifique pays d'après tes descriptions. J'aimerais un jour m'y rendre, peut-être pourras-tu me conseiller quelques endroits à visiter ?
Comment va Weaslette ? Toujours pas de date de mariage prévue ? Comptez-vous rester fiancées pour toujours ?
Enfin, ce n'est pas pour cela que je te contacte, tu t'en doutes bien.
Je ne sais pas si Daphné et toi avez gardé contact ces derniers mois – je sais qu'après le passage de la loi, elle a coupé les ponts avec beaucoup de ses amis et proches – mais je pense qu'il est primordial que je t'en parle.
Je passe la voir pratiquement tous les jours ces temps-ci et je dois avouer m'inquiéter beaucoup pour elle. Je ne suis pas assez proche de votre père pour le contacter et lui en parler, d'autant que je sais qu'elle est en froid avec lui, j'ai donc pensé que tu serais la mieux placée pour pouvoir entendre ce que j'ai à dire.
Elle ne dort que très peu, elle a perdu énormément de poids et passe ses journées à rédiger des lettres pour Grégory. Son appartement est dans un désordre monstre et même si j'essaie de ranger quand je viens lui rendre visite, elle finit toujours par déranger à nouveau.
Mais ce qui m'inquiète le plus est la trouvaille que j'ai faite dans sa salle de bain il y a quelques jours. Elle collectionne des flacons de potion anti-douleur dans l'un de ses placards, qu'elle se fait prescrire par un Médicomage de Ste-Mangouste. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle compte en faire, mais mes suppositions ne sont pas très bon signe. Je te laisse imaginer.
Je ne sais plus quoi faire. J'ai essayé plusieurs fois de la pousser à aller voir un psychomage, ou au moins à en parler à son médicomage habituel, mais elle se contente de dire qu'elle ira mieux lorsque Greg sera là.
J'ai l'impression qu'elle a perdu la tête et qu'elle ne réalise pas qu'il ne sera pas libéré avant une dizaine d'années. Blaise essaie de trouver une solution pour qu'elle puisse lui faire parvenir du courrier, mais le Magenmagot résiste. Je crains que cela ne soit pas possible avant plusieurs années.
Mais aura-t-elle tenu jusque là ?
Je sais que tu voyages et que tu as souhaité le faire justement pour t'éloigner de tout cela, mais Astoria, j'ai peur pour elle. Vraiment.
Blaise et moi pourrons vous accueillir avec Weaslette, si vous ne voulez pas loger chez vos parents respectifs. Ce serait peut-être l'occasion pour elle d'aller voir Granger aussi, voire Potter ? Et, pour toi, de revoir Théo et Drago ?
Je n'ai pas d'autre solution, Astoria, tu es ma seule chance pour l'aider à se sortir de là…
Je t'embrasse et j'espère que tu comprendras ma position,
Pansy."
Elle lâcha sa plume et se prit la tête dans les mains. Elle était épuisée et perdue. Elle se démenait depuis tant d'années dans l'intérêt de ses amis, qu'elle se demandait parfois comment elle faisait pour encore réussir à se battre après tant d'échecs.
Elle scella les deux lettres avec un sceau de cire et quitta son bureau. Blaise ne rentrerait pas avant la tombée de la nuit, ce qui signifiait qu'elle aurait la journée pour elle.
Elle confia les lettres à sa chouette, qui s'envola aussitôt, avant d'enfiler son manteau pour rendre visite à Daphné. Elle se promit de prendre un long bain en rentrant. Elle le méritait bien.
Et voilà pour aujourd'hui !
Merci à Kat, Lyra, Damelith, BBTea, Genny et Akhmaleone pour leur aide et soutien !
On se retrouve lundi 21/11 pour la suite ! N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !
