Une fois dans le couloir, Gilda se dirigea vers les étages les plus bas du château, en direction des cachots. Elle n'avait qu'une vague idée de l'endroit où se trouvaient les appartements de Severus Rogue et dut demander son chemin aux deux préfets de Serpentard en septième année qui patrouillaient et qui la toisèrent avec condescendance. La jeune femme les ignora, l'heure n'était pas au scandale et de toute façon elle ne les avait même pas en classe.
Tout en marchant, elle essayait de formuler dans sa tête ce qu'elle pourrait bien dire à Severus Rogue, mais à part laisser ses états d'âme l'envahir un peu plus, cela n'avait guère l'effet souhaité. Elle se sentait toujours aussi démunie et anxieuse.
Pourtant, il fallait qu'elle aille le voir, là dessus elle n'avait aucun doute. Elle trouverait bien de quoi lui dire en arrivant, et même si elle redoutait un peu ses manières (qu'elle savait exécrables lorsqu'il était contrarié), elle avait bien l'intention de passer outre.
Pour dire vrai, elle n'eut pas besoin de chercher si longtemps que cela. En effet, elle se retrouva bientôt juste devant une grande porte de chêne peinte en noir, mauvais goût qui jurait prodigieusement avec le reste du château mais qui indiquait au moins qu'elle ne s'était pas trompée de propriétaire. Et autour d'elle, les lieux semblaient déserts. C'était parfait pour le moment.
Gilda n'était pas une esthète, loin s'en fallait mais tout de même... Quelle idée de peindre cette porte en noir!
Elle prit une grande inspiration et s'apprêtait à frapper lorsque, soudain, Sebastian passa devant elle.
Gilda sursauta de surprise mais n'eut pas le temps de l'arrêter. Il avait toqué, deux coups nets et précis sur le milieu de la porte.
Moon le suivait et Gilda, complètement catastrophée, l'attrapa instinctivement :
- Qu'est-ce que… Commença t-elle.
Mais la porte noire, en s'ouvrant au bout de quelques secondes, coupa net sa réprimande et le cœur de Gilda rata un battement, l'anxiété la rattrapait à présent.
Severus Rogue se tenait dans l'encadrement, plus revêche que jamais et sa mine encore moins engageante que d'habitude aurait fait fuir bon nombre de personnes courageuses. Mais pas Gilda qui s'était redressée, sa fille dans les bras et la main de son fils dans la sienne.
- Bonsoir, bredouilla t-elle cependant d'une voix tout de même peu assurée. Pardonnez-moi de vous déranger... Je suis désolée pour ce qui s'est passé tout-à-l'heure professeur Rogue... Je n'aurais pas dû...
La porte se referma avant qu'elle n'ait achevé sa phrase et elle soupira de déception.
- Ce n'est pas gagné... Marmonna Gilda sur un ton accablé. Bon... Il va falloir trouver autre chose… Mais déjà vous deux vous rentrez...
Déçue, elle commençait à rebrousser chemin mais Sebastian de son côté observait la porte fermée avec attention, soudain il lâcha sa main et toqua une deuxième fois:
- Sebastian non! Gronda t-elle. Cela ne se...
- Professeur Rogue! S'écria t-il.
Gilda sursauta sous l'effet de la stupéfaction et en oublia momentanément la porte ainsi que son collègue.
Cette voix... Cela faisait plus d'un an et demi qu'elle ne l'avait pas entendue! Mais comment était-ce possible par Merlin ?
- Que...? Murmura t-elle à son fils.
Elle hésitait à présent entre la surprise, l'effroi et l'émotion. Sebastian de son côté ne faisait pas mine de lui prêter attention et observait toujours la porte. Il ajouta après quelques secondes en articulant soigneusement :
- Nous sommes désolés !
- Tu parles ? Souffla Gilda qui menaçait à son tour de perdre la parole.
La voix de son fils, quoiqu'un peu rauque, était parfaitement audible et reconnaissable. La porte s'ouvrit alors que le gamin se tournait enfin vers elle, hochait la tête à l'affirmative et que la jeune femme le prenait dans ses bras, totalement bouleversée.
- Comment as-tu réussi à faire ça? Poursuivit-elle sans se soucier du professeur de potion qui sortait et les observait d'un air peu amène, mais aussi parfaitement interloqué.
- Je ne sais pas… Cela a commencé hier.
