Paroles de Filles

Relena

Scribouilleuse : Shakes Kinder Pinguy
Couples : R plus 1 ; 1 plus 2
Genre : POV de Gundam Girl
Rating : G
Résumé : L'une après l'autre, les Gundam Girls nous parlent de leur Boy préféré.
Disclaimer : M'appartiennent pas, yadda yadda.
Avertissements : Arc ; angst ; het ; shônen ai

Petite note : Relena est une fangirl comme une autre qui a le malheur de vouloir garder son petit préféré pour elle (et d'avoir un abruti fini comme frère, mais ça c'est un autre problème ! XD). Moi, je compatis… Je l'ai déjà dit et je le répèterai, Heero vaut bien d'aller jusqu'au Pôle Sud pour lui donner une lettre.

ooo

Tu es parti ce matin.

Dans quelques instants, Dorothy surgira dans ma chambre et viendra me le dire. Mais je le sais déjà. Tu ne m'en as pas parlé, tu savais que sinon j'aurais tenté de te retenir – non, que je te retiendrais. J'aurais trouvé quelque chose pour que tu restes près de moi, n'importe quoi. Je suis douée pour ça.

Après tout, j'ai bien réussi à te sortir de ta cachette alors qu'aucun de tes amis ne savait où tu étais. Ça a été facile. Un petit attentat, c'est tout ce qu'il a fallu pour que tu viennes vérifier et modifier le système de sécurité du palais pour l'améliorer. Sans le dire à personne, bien sûr ; tu comptais arriver et repartir en secret, mais je te connais.

Ils parlent tous de toi comme d'une personne incompréhensible, un bloc de pierre, un soldat… parfait. Ils ont tous tellement tort… Tu es si facile à lire, Heero. Il est si facile de comprendre ton comportement, de deviner comment tu vas réagir !

Tu veux me protéger. Il fut un temps où j'aurais pu me leurrer sur ton désir de me garder en vie, aujourd'hui je suis plus sage. Tu es quelqu'un d'égoïste, mon Heero. Ce n'est pas moi que tu protèges, c'est toi. Quand tu me regardes, ce n'est pas tout à fait moi que tu vois. Tes beaux yeux bleus – soit disant si froids, si impassibles – se perdent un instant dans un souvenir qui n'appartient qu'à toi et qui te fait du mal.

Je te l'ai dit : je te connais Heero. Je ne sais pas grand chose de toi, mais je te connais. En me gardant en sécurité, tu te protèges d'un souvenir douloureux, tu crois réparer une faute passée. Laquelle, je ne sais pas, et ce n'est pas vraiment important.

L'important, c'est que je te connais et que ce soir-là je savais que tu viendrais.

Alors je t'ai attendu.

Et quand tu es venu, j'ai joué la petite fille effrayée, oh Heero, j'ai peur, je n'ai confiance qu'en toi, reste avec moi…

Tu es si naïf. J'ai du mal à croire que j'aie pu être comme toi et je me sens si vieille, si usée. Deux ans de politique m'ont rendue presque cynique alors qu'après deux guerres, le rôle de la petite fille en danger te trompe toujours autant.

Bien sûr, je suis plus compétente, je peux tenir tête à n'importe quel politicien et aujourd'hui on ne prend pas une décision importante sans m'en parler d'abord, mais j'ai perdu tant d'illusions !

Il m'arrive de t'envier, mon Heero. Peut-être que finalement, malgré ce que tu dis, c'est toi le plus fort, toi qui as su rester toi-même jusqu'au bout, à travers deux guerres. Peut-être que quelque part, en te gardant près de moi, c'est la Relena d'autrefois que je préserve. Tu vois, moi aussi je suis égoïste.

Mais voilà, tu es parti ce matin.

Je sais que tu es parti parce que je le sens. Depuis plusieurs jours déjà j'avais peur de me réveiller un matin et d'apprendre que tu avais disparu. Rien ne te retient ici, à part moi. Tu n'es qu'un oiseau sauvage qui restait à mes côtés tant que l'appât fonctionnait.

Mais ces derniers temps, tu regardais beaucoup le ciel. La nuit, tes yeux se tournaient vers la Lune avec une émotion indéfinissable, la journée ton regard cherchait la position des Colonies sans même faire attention.

Mais je n'ai rien voulu faire, trop fière, trop sûre de moi et de mon emprise sur toi.

Ça m'apprendra.

Les draps de mon lit refroidissent, Dorothy ne va plus tarder.

J'ai souvent pensé à toi dans ce lit, à te toucher et à te posséder, à t'attacher à moi définitivement. Ç'aurait été si beau, l'ex-terroriste et la reine de la paix, la violence battue par l'amour, la victoire du pacifisme ! Les journaux en auraient parlé pendant des mois, ma cote de popularité aurait augmenté de manière radicale et je t'aurais eu à mon bras, dans mon lit, après toutes ces années à te poursuivre tu aurais enfin été mien !

Mais tu serais mort, mon bel oiseau sauvage. Cette cage dorée t'aurait tué. J'aime à penser que je te laisse partir pour te préserver, que je me sacrifie pour toi.

La vérité est tout autre.

Les temps ont changé, je ne peux plus quitter le palais sur un coup de tête pour te courir après. La politique est un jeu subtil qui demande toute mon attention si je ne veux pas perdre le dessus. Et tu es comme elle, tu exiges un soin constant. Je ne peux me concentrer sur vous deux en même temps. Je perdrai l'un des deux, et, que ce soit par force ou faiblesse, j'ai choisi le terrain glissant de la diplomatie pour protéger la paix et mes convictions.

Et où je règne en maîtresse.

Je n'ai pas le temps de me battre pour toi, pardonne-moi.

Oui, Heero, je sais où tu vas. Je te l'ai dit, je te connais, et tu es si facile à lire quand on fait attention. Ça fait mal, je suppose. Ma fierté plus que mes sentiments en souffre, je savais que tu partirais un jour, mais savoir que tu m'abandonnes pour quelqu'un d'autre est douloureux.

Je sais que maintenant, le coup de la petite fille effrayée ne fonctionnera plus. Tu as vérifié que j'étais en sécurité, et finalement en restant tu as juste satisfait un caprice d'enfant, une dernière faveur avant de me laisser derrière.

Peut-être m'aurais-tu prise plus au sérieux si j'avais été femme avec toi, mais tu ne réagis qu'à la petite fille. Aucun de mes rêves n'était possible, mon lit restera éternellement vide de toi.

La première navette pour Lagrange 2 partait à cinq heures et demi. Je me demande si c'est celle-là que tu as prise.

Tu es retourné dans les étoiles, mon petit prince tombé du ciel. Tu me laisses sur Terre et tu rentres chez toi, et tu emportes avec toi les derniers vestiges de l'enfant que j'étais. Je ne serais plus jamais cette petite fille naïve et amoureuse qui te poursuivait jusqu'au bout du monde.

J'entends les talons de Dorothy claquer sur le parquet, elle arrive, elle vient me dire que tu es parti, elle a sûrement préparé sa limousine pour que nous allions à ta poursuite.

Elle est comme toi, elle non plus n'a pas changé.

Mais notre conte de fée tordu s'arrête ici. Le beau chevalier s'est enfui avec le pauvre paysan et la princesse reste seule dans son grand château.

Sois heureux, Heero. C'est la fin que je te souhaite.

Sois heureux à tout jamais.

OWARI

Avril 2004

Next stage : Catherine, qui a l'air de vouloir faire un prix de gros et de parler des cinq. XD