Un très grand merci à Daalia, youpala, rayuroplanis et Shadox pour leurs reviews.
Disclaimer : Rien ni personne ne m'appartient dans ce qui suit, excepté l'histoire bien entendu. Merci à J.K. Rowling d'avoir créé ce magnifique univers.
Je n'ai pas voulu
Je n'ai jamais vu les choses dont elle m'assurait l'existence. Je ne suis même pas tout à fait sûr que je la croyais. Mais ce que je sais c'est qu'elle n'aurait jamais dû partir. Pas comme ça, pas aussi vite. Pas pour un sacrifice. Pas pour moi.
Je suis responsable de tant de malheurs, malgré moi je porte sur mes épaules tant de responsabilités, tant de morts. Trop peut-être. La sienne était de trop.
Je ne suis pas tout à fait sûr de ce qu'elle me faisait ressentir. Je n'ai pas voulu voir. Mais elle était la seule à me comprendre. La seule à ne pas me regarder avec ce regard plein de pitié ou de mépris. Elle semblait me voir moi, tel que je suis réellement. Pas un sauveur du monde ou même un détraqué dangereux. Juste moi.
J'aimais discuter avec elle. Elle ne me donnait pas de conseils dont je ne voulais pas de toute façons. Elle me parlait d'elle, de ce en quoi elle croyait. Elle parlais beaucoup et longtemps. Je me laissais souvent bercer par cette voix, je me laissais hypnotiser par ses yeux fous. Ses yeux si doux.
Je n'ai pas voulu qu'elle parte. Parfois je me déteste. Je me hais d'être le seul responsable de tant de peine, de tant de morts. Dans mes moments noirs, je voudrais ne jamais avoir existé. Alors, elle serait toujours vivante, elle ne se serait pas jetée devant moi pour cueillir le piège mortel qui m'était destiné.
Sur le coup, je crois que je n'ai pas réalisé ce qui se passait réellement. J'ai vu l'éclair vert et une fraction de seconde avant j'ai senti un souffle passer devant mes yeux, j'ai senti ses cheveux contre mon visage. Et j'ai su. Tout ce que j'avais raté en essayant de la protéger, de l'éloigner. En général les gens ne veulent pas être épargnés. Cela me rappelle une phrase que quelqu'un a dit un jour. Il y a des causes qui valent la peine qu'on meurt pour elles. Il me manque aussi.
Je me sens responsable, la culpabilité a fini par me ronger de l'intérieur, comme un monstre qui gagne chaque jour un peu plus de terrain sur mon âme. Un jour je finirais peut-être par me réveiller en ne ressentant plus rien.
Plus rien d'autre que ce vide intersidéral qui me remplit lorsque je repense à eux. Je regrette maintenant de ne pas avoir dit plus de choses, de ne pas avoir été plus présent, de ne pas avoir porté plus attention.
Mais il y a aussi ce regard. Son regard.
Elle ne semble même pas surprise. Comme si la mort elle-même n'étais pas un secret pour elle. Elle qui semblait tout connaître, tout savoir, pouvoir tout expliquer. Mais elle se trompait.
Elle n'a pas regardé au bon endroit. Elle n'a jamais vu ce que je ressentais pour elle. Je n'ai pas voulu le voir moi-même. Trop aveuglé par des choses qui semblent tellement immenses et insurmontables, comme la guerre et la désolation. Mais ce n'est pas ça le plus important.
Car, le jour où toute cette folie s'achèvera, d'une manière ou d'une autre. Je sais que je vais être passé à côté des choses qui comptent vraiment. Les autres.
Parce que l'on peut amasser autant de pouvoir, de richesses, de connaissances que l'on veut, il ne nous restera plus rien.
Rien que le sourire de ceux que l'on a aimé, les mots, si futiles soit-ils, que l'on a échangés, les gestes. Ces instants où l'âme semble être palpable tellement la réalité est loin. Mes instants avec elle.
Mais je sais qu'elle est heureuse. Elle me l'a dit un jour qu'elle n'avait pas peur de partir. Qu'elle aurait enfin une preuve de ce qu'elle affirmait depuis le début. Que c'était seulement dommage, qu'elle ne pourrait pas en faire profiter les autres. Mais elle se fichait bien qu'on la croit ou pas.
Maintenant que je la berce une dernière fois, la première fois, je vois sur son visage la résignation. Elle sourit même de son air absent, mais je sais que ce n'est qu'une image. Elle n'est déjà plus là.
Avec elle, elle a amené mon cœur, ma raison. Elle ne m'a laissé que ce sentiment de vide. Pourtant quelque part au fond de moi, je sens qu'il y a quelque choses de plus. Je sais que je vais gagner, je n'ai plus rien à perdre. Elle me disait que cela ne sert à rien de pleurer sur les disparus. Ils n'en ont pas besoin.
Il vaut mieux garder nos larmes pour nous-même. Les verser sur notre solitude, dans l'attente de les rejoindre. C'est ce que je vais faire alors. Je ravale mes larmes et je fonce en regardant en avant.
Parce que je veux croire qu'après ce sera plus facile. Que ce sera plus simple. Que je ne perdrai plus ceux que j'aime. Mais je me mens. Elle me manque déjà.
Questions, commentaires? Vous savez quoi faire.
