Chapitre 02 : Au chemin de Traverse

L'attitude de Sirius lui valut d'être enfermé dans sa chambre pendant cinq longues journées, sans rien à manger. Sa coupure à la tempe s'estompait rapidement, mais sa lèvre était toujours tuméfiée et douloureuse. A cause de son manque de nourriture, il devait sortir de sa chambre en cachette, sur la pointe des pieds. Non content de devoir éviter de réveiller ses parents, il devait également faire attention à ne pas croiser Kreattur, qui aurait été ravi de prendre son fameux air faussement désolé en disant (d'une voix masquant difficilement sa jubilation) qu'il était vraiment navré mais qu'il devait rapporter les actes du 'jeune maître' à sa 'maîtresse'. Et ce soir-là, après cinq jours de séquestration, ne faisait pas exception à la règle.

A pas de loup, Sirius sortit de sa chambre en faisant bien attention à ce que sa porte de grince pas. Il traversa lentement le couloir, jetant des coups d'œil devant et derrière lui à intervalle régulier pour vérifier que Kreattur ne le suivait pas. Ce qui n'était apparemment pas le cas. Sur la pointe des pieds, il descendit les escaliers qui, contrairement à la porte bien docile, se faisaient un plaisir à laisser échapper des horribles gémissements susceptibles de réveiller tous les habitants du Square Grimmaurd, et peut-être même de tout Londres. Et pour la première fois en cinq jours (ou en cinq nuits, selon le point de vue) la chance de Sirius tourna – si tant est qu'être enfermé dans sa chambre sans avoir de nourriture par une bande de fans de Voldemort puisse être une chance. L'horreur absolue, le mal incarné. Kreattur avait entendu le grincement et il semblait très heureux.

'Qu'est-ce dont ce bruit que Kreattur vient d'entendre ? Quelqu'un ne serait-il pas dans sa chambre ?'

Bien sûr, l'affreuse petite bestiole savait pertinemment que si l'un des parents Black, ou même Regulus, se promenait dans la maison, cette personne aurait allumé, ou tout du moins ne ferait rien pour être discret. Une seule personne dans la maison avait de bonnes raisons de ne pas vouloir être entendu. Et cette personne ne pouvait être que Sirius.

Le jeune garçon dévala peu gracieusement les escaliers restants en manquant se retrouver sur les fesses, et se retrouva nez à nez avec un elfe de maison. Mais ce n'était pas Kreattur. C'était Miladjy, une elfe que Sirius aimait par-dessus tout. La sage et douce Miladjy était la seule personne (car Sirius la considérait comme une personne, contrairement à Kreattur) de la maison qu'il adorait. La petite elfe, comprenant la situation, saisit Sirius par la manche pour le cacher dans un placard situé à proximité des escaliers que Sirius avait descendu avec, il faut le dire, un manque de classe effroyable.

Kreattur fit son apparition tandis que Miladjy refermait la porte.

'Kreattur a entendu quelqu'un dans les escaliers.'

La jeune elfe était douée pour mentir, mais elle avait toujours cet air gêné quand elle le faisait. Si un elfe pouvait rougir, elle serait rouge vif en racontant son mensonge. Heureusement, il faisait noir.

'C'était Miladjy' dit-elle. 'Miladjy est tombée dans les escaliers'

Kreattur avait l'air déçu.

'Kreattur pensait au jeune maître. Tant pis.'

Et il s'éloigna sans demander son reste. Une minute plus tard, elle rouvrit la porte.

'Que fait le jeune maître hors de sa chambre ?'

Elle savait que Sirius ne s'offusquait jamais qu'elle lui parle sèchement. Il était plus son ami que son maître.

'J'avais faim. J'allais me chercher à manger.'

Miladjy soupira.

'Pourquoi le jeune maître n'a pas demandé à Miladjy ? Miladjy aurait été heureuse d'apporter de la nourriture au jeune maître !'

Se fut au tour de Sirius de soupirer.

'Si ma mère t'avait questionnée, tu aurais été obligée de dire la vérité et tu aurais eu des ennuis.'

'Oui, en effet' admit l'elfe. 'Mais restez là, Miladjy apporte ses vivres au jeune maître.'

Sans attendre la réponse, elle se retourna et disparut dans la cuisine.

Sirius eut un sourire tendre. Elle était vraiment sa seule amie. Comme lui peu partisane des massacres. Comme lui détestant les Black. Mais elle n'avait d'autre choix que d'obéir, puisque étant rattachée à la famille Black par sa condition d'elfe de maison. Bien que Sirius lui ait gentiment ordonné de le considérer comme un ami, elle avait du mal à laisser de côté les 'jeune maître'.

Dix minutes plus tard, elle réapparut avec un énorme sac de nourriture. Après lui avoir formellement interdit de répéter ça à un autre Black ou de s'auto-punir pour ce qu'elle avait fait (de temps en temps, ça aidait que l'elfe soit obligée d'obéir à Sirius), le jeune garçon retourna s'enfermer dans sa chambre pour manger doucement et silencieusement la nourriture exquise que Miladjy lui avait donné.

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Le lendemain fut un jour plus (moins ?) heureux car Sirius fut autorisé à sortir de sa chambre. Il profita de cet opportunité pour demander de l'or, afin d'aller acheter ses affaires de classe au chemin de Traverse. Après avoir longtemps bougonné au sujet de ce gosse qui lui piquait tout son argent, Mrs Black consentit à lui donner ce qu'elle appelait 'un peu d'or, pas trop mais juste assez'. Bien évidement, pour un Black, donner un peu d'argent signifiait que le jeune garçon pourrait s'acheter à peu près tout le chemin de Traverse. Avoir trop d'argent rendait aveugle, Mrs Black était convaincue que ce qu'elle lui avait donné serait tout juste, et Sirius se garda de lui dire qu'il ne voulait pas acheter 'le chemin de Sirius' (nom qu'il donnerait au chemin s'il lui appartenait, ce dont il avait les moyens) mais simplement ses affaires de classe. Il pourrait garder l'excédant pour le mettre dans ses économies, économies qu'il faisait soit pour avoir les moyens de s'enfuir de chez lui, soit pour acheter une moto (un objet de transport moldu dont il était particulièrement accro). Il ne savait pas encore dans quel ordre il devait mettre ses deux plus grandes envies.

A dix heures du matin donc, il sortit de sa maison pour se rendre à pied faire ses courses ('Tu ne vas pas prendre la poudre de cheminette, tu risques de casser la cheminée ou de te perdre', avait dit sa mère pour le plaisir de le voir se débrouiller seul).

Une fois à l'extérieur, il se sentit d'humeur plus joviale. Sa maison derrière lui, la journée devant lui ! Il allait pouvoir s'amuser comme le fait tout enfant de onze ans digne de ce nom, c'est-à-dire avec une grande puérilité.

Il se mit donc à sautiller gaiement, sa bourse remplie de Gallions d'or tintant tout aussi joyeusement dans sa poche. Pour s'enfoncer encore plus dans l'enfantillage, il se mit à chantonner furieusement une musique totalement inventée par lui-même. Des moldus passants par là le regardaient soit avec une expression amusée et attendrie, soit avec une expression furieuse pour d'autres personnes moins sympathiques ('Non mais qu'est-ce qu'il a ce sale gosse à se comporter comme un imbécile ?').

Et oui, mais il s'en fichait ! Loin de ses parents, vive les attitudes de gamin ! Après tout, n'en était-il pas un ?

Il se calma tout de même, se lassant vite de tant de futilités, et termina la route avec un peu moins d'entrain, mais avec un large sourire toujours figé sur son visage. Une heure plus tard il entra dans le Chaudron Baveur, un pub (plutôt miteux il faut l'admettre) donnant accès au chemin de Traverse.

Le barman, nommé Allan, lui lança un grand 'salut !' amical, auquel Sirius répondit par son éternel sourire. Comprenant son travail, Allan se dirigea vers Sirius et l'accompagna derrière le pub pour lui ouvrir le passage. Trois personnes s'y trouvaient déjà, et chacune d'entre elles affichait une expression perplexe. De toute évidence des moldus, pour deux d'entre eux du moins. Le couple devait l'être, mais pas leur fille d'environ onze ans. Très mignonne d'ailleurs, rousse, les cheveux légèrement ondulés cascadant sur ses épaules et des magnifiques yeux verts en amende. Sa mère lui ressemblait beaucoup, mais son père blond aux yeux noir pas du tout. Du coin de l'œil, Sirius remarqua que le regard de l'homme se fixait sur sa lèvre inférieure tuméfiée, puis sur sa tempe. D'un geste presque innocent, Sirius passa la main dans ses cheveux pour que des mèches cachent sa blessure. Bien sûr, à moins de dissimuler son visage sous un rideau de cheveux, il ne pouvait pas masquer sa lèvre.

'Ho, suis-je bête !' s'exclama Allan. 'Vous êtes des Moldus ! Vous ne savez pas ouvrir le passage ! Heureusement que je savais que Sirius (il tapa le jeune garçon dans le dos) avait besoin d'aide pour l'ouvrir sinon vous seriez encore ici !'.

Sirius se racla la gorge pour rappeler à Allan qu'il devait toujours ouvrir le passage.

'Oh bien sûr, Sirius, j'allais oublier encore avec tout ça !'

Il sortit sa baguette magique et frappa une brique. Le chemin de Traverse apparut alors devant leurs yeux. Sur la droite de Sirius, la jeune fille semblait ébahie et en même temps très excitée de visiter les lieux.

Il se sépara alors de la petite famille, chacun allant de son côté.

Le premier endroit où Sirius s'arrêta fut la boutique de Quidditch. Il voulais admirer le nouveau modèle tout juste sorti, le Brossdur. Bien sûr, il savait qu'en tant que première année il ne serait pas autorisé à avoir son balai, mais de toute façon il s'en fichait. Il adorait le Quidditch et était passionné par les balais, vraiment tous superbes à ses yeux, mais il ne voulait pas y jouer. Il ne l'aurait jamais avoué, même sous la torture, mais il avait le vertige. Il se dit que si plus tard on lui demandait pourquoi il ne se présentait pas aux sélections pour l'équipe de l'école, il répondrait qu'il volait très mal et que de toute manière les balais ne l'aimaient pas, contrairement aux Cognards (ce qui était une réponse tout à fait acceptable). Tout le monde pourrait comprendre qu'il ne veuille pas se faire casser le nez par un Cognard furieux pendant que son balai ferait tout pour le désarçonner.

Donc bref, après avoir longuement admiré la superbe ligne aérodynamique du manche, il se décida à quitter la boutique, se faisant bousculer au passage par un garçon de petite taille, avec des lunettes et des hérissons sur la tête ('Mais non pas des hérissons, pauvre abruti congénital ! Ce sont ses cheveux !').

'Désolé'

'Désolé'

Ils s'excusèrent en même temps et disparurent chacun de leur côté.

Deuxième arrêt pour Sirius, le magasin de chaudrons, d'où il ressortit vite, un chaudron en main, en marmonnant des vagues 'oui, oui' au vendeur qui semblait vouloir lui vendre la moitié des articles de sa boutique.

Bon, il lui fallait encore des articles pour les potions. Cette fois, la vendeuse, une vieille sorcière toute fripée et malodorante, ne le harcela pas. Il put donc acheter ses affaires en toute tranquillité et ressortit quelques minutes plus tard en posant soigneusement ses fournitures dans son chaudron.

Petit à petit, son chaudron se fit plus lourd. Il y entreposait ses plumes, ses boites d'encres, sa balance, son télescope. Le pauvre chaudron n'eut d'ailleurs bientôt plus de place pour y déposer quoi que se soit.

Il se dirigea alors chez Ollivander pour acheter (enfin !) sa baguette magique. Il en était très excité. Sa première baguette ! Depuis le temps qu'il attendait ce moment !

Il y avait déjà un jeune garçon, qui attendait patiemment que le vendeur daigne se montrer. Il se rappela qu'il avait déjà vu ce garçon aux cheveux noirs (très) ébouriffés au magasin d'accessoire de Quidditch. Ce dernier semblait s'en rappelait aussi.

'Salut !' lui dit-il. 'On ne s'est pas déjà vus à la boutique de Quidditch ?'

Sirius lui sourit.

'Si, c'était moi.'

Le garçon sembla alors très agité.

'Tu es fan de Quidditch ? Moi j'adore ! J'espère être pris dans l'équipe de ma maison l'année prochaine ! Tu as vu le dernier balai ? Le Brossdur ? Il est super pas vrai ? Tu joues dans l'équipe ? Tu comptes y jouer ? Comme tu t'appelles ? Moi c'est James Potter' il lui tendit la main.

Sirius était surpris. James avait sorti tout ça sans même s'arrêter pour respirer ! Il n'avait jamais vu un tel fan de Quidditch. Il rigola et décida de répondre à toutes ses questions.

'Oui. Oui. Il est super. Je ne joue pas, je rentre en première année. Non. Sirius Black'.

Et il lui sera la main. Mais il remarqua que James avait tiqué en entendant son nom de famille. Ce qui voulait dire que non content de connaître la terrible famille des Black, il avait de toute évidence un gros à priori. Et, bon point pour lui, il ne s'en cacha pas. Il retira vivement sa main en grimaçant, toute gentillesse envolée. Si Sirius n'avait pas eu honte de sa famille, il aurait très mal pris l'attaque de James. Mais il ne pouvait que le comprendre.

'Black ? Tu es de la famille des Black, ceux qui sont adeptes de la magie noire ?'

Bon alors étape numéro une, prendre un air très étonné et innocent. Bien, ensuite on laisse tourner son petit neurone unique pour trouver un bon gros bobard digne d'un (beurk) Black.

'De la magie noire ?' répéta-t-il avec un air surpris. 'Non, ça m'étonnerait, mes parents sont moldus. Je pense qu'on ne parle pas des mêmes personnes.'

Oui ! Super, le mensonge ! Et en plus dit de manière absolument convaincante !

'Mais comment tu connais le Quidditch si tu n'es pas de famille de sorcier ?'

Et bing ! Dans tes dents mauvais menteur ! Bon maintenant il faut réparer les dégâts.

'J'ai beaucoup lu depuis que j'ai appris que je suis sorcier. Tu sais, pour ne pas avoir l'air trop stupide.'

Oui ! Bien rattrapé sur ce coup là !

'Mais dans ce cas là, tu es déjà venu ici. Pourquoi acheter tes affaires scolaires seulement maintenant ?'

Mais c'est pas vrai il veut être détective lui ou quoi ? Et pourquoi trouve-t-il toujours le point faible dans mon histoire ?

L'arrivée de Mr Ollivander mit fin à la (très gênante) conversation. Comme on dit : sauvé par le gong !

'Bien, bien,' dit Mr Ollivander. 'On vient pour sa première baguette magique, pas vrai ? Un grand jour. Je suis désolé mais j'ai eu un problème avec un client furieux qui ne voulais pas quitter ma cheminé sans avoir obtenu le remboursement de sa baguette qu'il avait cassée en s'y asseyant dessus. Mais je ne vais pas vous embêter avec ça. Lequel de vous deux veut sa baguette en premier ?'

Sirius, tout en masquant son soulagement, désigna James.

'Il était là avant moi.'

Tout en marmonnant des 'bien, oui d'accord', l'homme prit les mesures de James sous toutes ses coutures. Mesure des doigts, du tour de poigné, des jambes, des bras, des narines, des yeux. Sirius se ravisa de lui demander s'il voulait aussi connaître de combien était l'écart entre ses orteils. Finalement, après lui avoir demandé s'il était gaucher ou droitier ('droitier'), Mr Ollivander apporta une boite pour lui proposer une baguette.

'Acajou, flexible. 27.5 cm. Remarquable pour les métamorphoses, très puissante.'

Aussitôt que James l'eut prise en main, la baguette laissa s'échapper des éclairs de lumière jaune. Cela sembla ravir Mr Ollivander.

'Parfait ! Mr Potter, vous êtes un client très facile, c'est une première.'

Après que James eut réglé les quatre Gallions de la baguette, il dit au revoir à Sirius en lui expliquant que ses parents l'attendaient chez Fleury et Bott. Il s'arrêta alors et ramassa quelque chose. La liste de Sirius. James regarda la tache de sang d'un air étonné.

'C'est à toi ?' demanda-t-il à Sirius en lui tendant le bout de parchemin.

'Oui, merci' répondit Sirius en l'attrapant.

'C'est du sang qu'il y a dessus ?'

Sirius lui montra sa lèvre.

'Je me suis mordu.'

James regarda la blessure d'un air septique, avant de redire au revoir et de s'en aller. Il se demandait sûrement s'il était possible de se faire une aussi grosse blessure simplement en se mordant. Et il avait absolument raison.

Ce fut au tour de Sirius d'être alors mesuré sous tous les angles. Après avoir vérifié de quelle main il se servirait pour sa baguette (la gauche), Mr Ollivander disparut dans les rayons de sa boutique pour revenir non pas avec une boite comme pour James, mais avec une bonne dizaine !

Voyant son air surpris, le vendeur lui expliqua qu'il avait été sûr de la baguette qui conviendrait à son ami, mais que les mesures de Sirius n'étaient pas claires. Bien qu'il n'eut en rien compris cette explication nébuleuse, le jeune garçon s'en contenta.

Une huitaine de baguettes passèrent donc entre les mains du pauvre enfant sous les 'non, c'est pas ça' de Mr Ollivander. Jusqu'à ce que, enfin, une baguette lui convint en émettant des éclairs verts et argent.

'Bien, parfait. Bois d'If, 30 cm, ventricule de cœur de dragon, parfaite pour les sorts de défenses.'

Sirius la trouva particulièrement jolie. Noire avec des reflets rougeâtre. Mais en même temps, les feuilles des Ifs n'étaient-elles pas toxiques ? 'Parfait pour un Black' songea-t-il avec ironie.

Mais de toute façon, elle lui plaisait bien. Et dans six ans, quand il sera majeur, il pourra lancer toutes sortes de sorts à sa tendre cousine Bellatrix. Il paya donc plus ou moins joyeusement les cinq Gallions que coûtait sa baguette magique.

En sortant de la boutique, il réalisa qu'il était treize heures trente et qu'il n'avait toujours pas déjeuné. Il décida donc de suspendre momentanément ses courses pour aller grignoter quelque chose au Chaudron Baveur. Allan l'accueillit joyeusement, l'installa à la grande table et lui suggéra toute sorte de plats. Sirius opta pour un simple poulet avec des frites.

Dix minutes plus tard, il remarqua la petite famille qu'il avait croisée le matin qui sortait sans doute du chemin de Traverse. La fillette rousse aux yeux verts lui adressa un léger signe de la main auquel il répondit en y ajoutant un sourire. Elle avait vraiment l'air douce et gentille !

Il retourna au chemin de Traverse une demi heure plus tard et se décida à aller chercher ses livres. Il croisa James qui sortait de chez Mme Guipure et lui adressa un petit signe de la main. James avait toujours son air soupçonneux à son égard mais le salua tout de même. C'était toujours ça !

De toute façon, Sirius ne se faisait pas d'illusion. Il savait pertinemment que le Choixpeau l'enverrait dans la maison Serpentard, là où tous les Black (même les plus fréquentables) avaient fait leurs études. De ce fait, la moitié des élèves de l'école allait le détester. Ceux qui ne le détesteront pas le feront quand ils apprendront qu'il était de la famille des Black, les passionnés de magie noire. James lui avait d'ailleurs donné un aperçu de ce que les autres élèves allaient penser de lui. Il allait aussi être méprisé par les Serpentard car il n'était pas un monstre comme la plupart d'entre eux, et ceux qui ne le détesterons pas y seront forcés par Bellatrix qui, il en était sûr, allait bien sucrer sa réputation. Mais il s'en fichait. Il serait toujours plus heureux là-bas qu'au Square Grimmaurd. Et puis le château était grand, il se trouverait peut-être une pièce secrète où il pourrait se réfugier quand les réflexions des élèves deviendraient trop lourdes.

Ce fut en entrant chez Fleury et Bott qu'il remarqua le monde présent. Il n'y avait pas fait attention tant il était plongé dans ses pensées. Il se demanda ce qui pouvait bien s'y passer. Certains paraissaient nerveux, mais d'autres étaient très excités. Il entendit alors de grands cris, mais ne parvint pas à saisir le sens des paroles.

'Que se passe-t-il ?' demanda-t-il alors à la première personne qu'il trouva.

Une femme se retourna vers lui pour le regarder, afficha une expression de surprise discrète (on la remercie) à la vue de ses blessures, puis se décida à répondre.

'Une bande de gosses qui a essayé de partir sans payer leurs livres.'

Sirius regarda par-dessus la foule en se issant sur la pointe de ses chaussures. Mais bien que grand, il ne vit rien d'autre qu'un crâne avec des cheveux noirs graisseux. Ce qui était un véritable exploit car le propriétaire de cette tête était de taille plutôt moyenne, voire petite.

Il s'approcha encore pour mieux voir, histoire de satisfaire sa curiosité.

'Mr Avery !' hurla une voix cette fois audible, 'Soit vous payez ces livres sans plus tarder sans que j'en porte une plainte auprès du ministère, soit vous restez ici à attendre les dit représentants !'

Le crâne huileux appartiendrait-il au dénommé Avery ?

Il y eut alors une bousculade massive et Sirius entr'aperçut trois garçons en train d'essayer de s'enfuir vers la porte. Deux d'entre eux furent rapidement rattrapés, mais le troisième, sournois, s'infiltrat entre les témoins plus en douceur pour ne pas être vu. Sa méthode ne fonctionna pas trop mal d'ailleurs puisque personne ne le remarqua, trop occupés à chercher un gosse en train de courir. Seul Sirius le vit. Il sortit sa baguette de sa poche (il l'avait immédiatement rangée dans la poche de sa veste en sortant de chez Ollivander) et la pointa sur le visage du fuyard.

Ce n'était pas Crâne-Huileux, mais un garçon d'environ quinze ans blond et plutôt petit. Devant son expression surprise, Sirius sourit. Profitant du fait qu'il faisait plus que son âge et que de ce fait on ne pouvait pas deviner son manque d'expérience dans le domaine magique, il prit un air sûr de lui.

'Tu vas quelque part peut-être ?'

Le garçon sembla terrifié par la baguette, et resta pétrifié, ce qui fit que le gérant put enfin retrouver le fuyard pour le ramener près de ses compères.

'Et bien Mr Avery, vous comptiez allez où ?' dit l'homme avec un sourire satisfait.

Donc, Crâne-Huileux n'était pas Avery. D'ailleurs, il avait disparu et ne faisait apparemment pas partie des petits voleurs, comme Sirius l'avait pensé.

Pendant que les hommes du ministère venaient embarquer les petites frappes, le gérant vint parler à Sirius.

'Merci petit. Grâce à toi, il s'est fait chopper. Comment tu t'appelles ?'

'Sirius Black'.

Le gérant sursauta, mais se reprit vite. Encore un sorcier que la famille Black répugnait. Pourquoi, alors que le ministère et autres gens importants pouvaient adorer les Black, la communauté des sorciers moyens savait à quoi s'en tenir avec eux ? 'L'argent bien sûr, imbécile' pensa Sirius. Avec la quantité d'or que les Black refilaient chaque mois au ministère, c'était évident qu'ils en devenaient aveugles.

Le gérant insista plusieurs minutes pour offrir ses livres à Sirius, mais l'enfant refusa. Il n'avait rien fait pour mériter ce traitement de faveur.

Il ressortit donc après avoir payé ses bouquins avec un énorme sac qui les contenait dans la main. Il se dirigea vers la boutique de Mme Guipure pour acheter son uniforme scolaire. Il quitta le magasin une dizaine de minutes après.

Il se décida à rentrer chez lui vers cinq heures du soir, mais ses lourds achats le ralentissaient quelque peu. Il mit une demi heure de plus que le temps qu'il mettait habituellement.

Sa mère l'accueillit avec un 'déjà là, toi ?' des plus glacial, et Sirius s'enfuit vite dans sa chambre en traînant Miladjy au passage pour lui montrer ses nouveaux achats.

To be continued…