Hiashi Arc (4) - Hiashi en détresse
Hinata retira son casque de VR et rejeta ses couvertures. En descendant les escaliers, les bruits de couverts dans la cuisine lui firent accélérer le pas. Son père était attablé devant une tasse de café et haussa un sourcil en la voyant pousser la porte à la hâte.
– Euh, bonjour, dit-elle. Au sujet de hier soir... comme tu t'es fait enlever par la faction ennemie, le plus simple serait de recréer un avatar, non ?
– Non. Je n'en referai pas. Ça fait partie du jeu que tu tenais tant à me montrer, après tout.
– Mais...
– Tu as quatre nuits. Pas une de plus.
– Bonjour, dit Hanabi en poussant Hinata hors du passage.
Elle récupéra un bol dans le placard puis leur jeta un regard curieux.
– Qu'est-ce qui se passe ?
Hinata attrapa une biscotte et la pointa vers son père.
– Très bien, je te libérerai.
Sa sœur plissa les yeux comme s'il lui avait poussé une troisième tête, mais avant qu'elle ait pu l'interroger, Hinata sprinta hors de la maison. Elle sauta sur les pierres plates qui jalonnaient le jardin jusqu'à la rue. Gaara l'y attendait déjà sur son scooter.
– Alors ?
Elle fit « non » de la tête.
– On a deux heures avec Orochimaru, répondit Gaara en lui tendant un casque avec un sourire en coin. Ça nous donne tout le temps de préparer un plan.
Un sourire chassa sa détresse. Elle déposa un baiser sur sa joue avant d'enfiler le casque et de monter derrière lui. Pendant l'heure de maths, ils calèrent un cahier de brouillon entre eux, sous le manuel de cours, pour y écrire leurs idées. Aucun d'eux ne nota quoi que ce soit sur les sabres de Lac Ravail, et chaque fois qu'Hinata griffonnait une idée qui impliquait l'aide de quelqu'un d'autre, Gaara la rayait. S'infiltrer dans la capitale n'était pas non plus une option, parce qu'ils seraient attendus.
Une craie frappa leur manuel. Hinata redressa aussitôt la tête, un léger rouge aux joues. Orochimaru la fixait et elle n'avait rien écouté. Évidemment, il n'interrogeait pas Gaara, il s'était suffisamment cassé les dents sur lui.
Du coin de l'œil, elle vit le stylo griffonner une équation sur le brouillon et la répéta. Elle n'avait aucune idée de quoi elle parlait. Une goutte de sueur perlait sur sa tempe face au silence. Puis un Orochimaru mécontent reprit son cours.
À la sonnerie du midi, Hinata referma sa trousse avec des gestes lents. Depuis qu'elle et Gaara avaient commencé à sortir ensemble, elle partageait ses repas entre ses amies et lui. Il déclinait chaque fois qu'elle l'avait invité à manger avec elles, mais cette fois-ci, ils avaient un plan à monter. C'était l'occasion idéale. Le cœur battant, Hinata fit un signe de tête à Sakura et Ino qui l'interrogeaient du regard puis se tourna vers Gaara.
– Tu restes manger avec nous ce midi ? Comme on doit se préparer...
– Comme on doit se préparer, je pensais que l'on passerait la pause ensemble.
– Je me disais qu'elles pourraient nous aider.
Ino se pencha par-dessus le bureau.
– Vous aider à quoi ?
– Ce ne sera pas la peine.
Hinata se tint droite face à lui, les sourcils froncés. Son regard bleu était froid.
– Tu as refusé toutes mes propositions, on ne peut pas s'en sortir à deux cette fois.
– Ça a toujours été le cas jusqu'ici.
– On va vous laisser décider, dit Sakura. Si vous voulez nous rejoindre, on sera aux tables devant la cafétéria.
Elle entraîna Ino hors de la classe, malheureusement il restait encore Karin et son groupe. Celle-ci passa à côté d'eux en gloussant, ce qui empira l'humeur de Gaara. Hinata frôla la manche de son blouson sans oser faire plus.
– On a toujours été tous les deux, mais on n'a jamais affronté une capitale entière. Quand on a repris les villes aux Insurgés, les autres nous ont bien aidés.
– Se battre pour les villes était dans leur intérêt. Là tu demandes un service, c'est très différent. On leur devra quelque chose.
– Pas si c'est Ino ou Sakura ou... ou même Naruto, Sasuke ou McElwë.
– Ça ne change rien.
– Mais ce sont nos amis !
– Tes amis.
Son ton lui fit l'effet d'une douche froide. Il avait raison. Jamais, son attitude envers eux ne s'était dégelée. Elle avait vu ce qu'elle voulait croire, mais Gaara restait solitaire. Toutes ses tentatives de l'inclure avec Sakura et Ino s'étaient soldées par un échec. Dire qu'elle aurait plus de facilités à demander de l'aide à McElwë alors qu'il s'agissait de sa sœur était inquiétant.
– Gaara, tu crois qu'à deux on a la moindre chance contre la capitale tout entière ?
Il eut une moue de déplaisir.
– Très bien. Si on doit s'endetter, je préfère que ce soit aux crochets d'inconnus.
La logique lui échappait, mais elle accepta sa concession.
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- - Connexion - -
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L'aube inondait la place de la capitale fourmillante des joueurs qui aiguisaient leurs armes, échangeaient des buffs et formaient des groupes pour la nuit à venir. L'avatar de Kahaen était adossé à un muret, les bras croisés. Qu'il intervienne aurait probablement amenuisé les chances que les joueurs acceptent, malgré tout qu'il ne daigne pas se décoller de son muret l'agaçait.
Ciblant les joueurs les plus HL, elle entama ses tentatives de recrutements. Puis face au petit groupe qui s'était amassé, elle prit une inspiration en tordant ses gants blancs.
– Donc j'ai... on a besoin d'aide. On doit libérer...
– Le joueur qui était avec vous hier ?
– C'est ton père c'est vrai ?
Les deux questions en provoquèrent d'autres et elle dut se racler la gorge une dizaine de fois pour regagner l'attention.
– Il a été capturé et enfermé dans les donjons de la capitale Insurgée, dit-elle à toute vitesse. On a besoin de votre aide pour le libérer.
Un mur de contestations se dressa. Elle ne distinguait aucun soutien.
– Je sais que ce sera difficile...
– Si tu veux mon avis, lança une chevalière appuyée sur son bouclier, la meilleure tactique, c'est d'attendre que sa geôle se débloque, parce que si Kahaen et toi êtes pris, vous ne ressortirez jamais.
– Pourquoi ?
– Une cellule fonctionne tant qu'un vrai joueur est en faction devant pour la surveiller. Sinon, elle s'ouvre, c'est un joueur pour un joueur. Personne ne va rester surveiller pour un noob. Je dis pas ça pour être méchante, mais... enfin ton père n'est même pas niveau 100. Parce contre, si Kahaen et toi vous faite prendre...
– Bah, c'est clair qu'il y a assez de fans de vous chez les Insurgés pour vous emprisonner pendant des mois, acheva un autre joueur.
– Ils n'ont que quatre jours à le garder. C'est la première guilde côté Insurgé qui l'a capturé, ils auront l'effectif pour le surveiller.
– Non, vous ne pouvez pas. Le Royaume est encore fragile. Si toi ou Kahaen vous faites capturer, ce sera une catastrophe.
– Mais c'est important... et sans vous...
Des répliques jaillirent de toute part pour la convaincre d'abandonner ce projet insensé. Hinata resserra la prise sur ses gants. Abandonner, c'était sacrifier son projet d'avenir et l'espoir de rejoindre Gaara à Suna qui traçait un chemin après la fin du lycée. Le futur sans lui semblait si terne, plongé dans des brumes incertaines.
Mais si elle persistait dans ses études et ce déménagement contre la volonté de son père, alors leur relation s'en retrouverait entachée. Les dommages seraient peut-être irréparables.
Elle répondit d'un signe de tête mécanique à toutes les suppliques des membres du Royaume jusqu'à ce que la foule se disperse. Avec espoir, elle les suivit des yeux, puis laissa ses mains retomber. Personne n'était resté.
La gorge nouée, elle rejoignit Gaara, toujours adossé au muret.
– Je t'avais dit que tu ne pouvais pas compter sur les autres.
Hinata hésita.
– Je ne vois plus beaucoup d'issues. Je crois... Les Insurgés avaient demandé tes sabres en échange c'est ça ?
– Ce qui n'est pas une option.
– Non, bien sûr, marmonna-t-elle en refoulant sa frustration.
Il refusait les solutions les plus à même de fonctionner, ne l'aidait pas à mettre en œuvre alors qu'elle avait compromis pour le satisfaire et n'envisageait pas une seule seconde de sacrifier ses armes. Bien sûr qu'elle ne l'aurait pas laissé faire, mais à sa place, elle l'aurait au moins proposé.
– Ne fais pas la tête, je t'avais dit que ça ne fonctionnerait pas.
À ses mots, sa colère déborda.
– Ah c'était voué à l'échec, je comprends mieux pourquoi tu t'es contenté de regarder sans te fatiguer, répliqua-t-elle entre ses dents.
– Qu'est-ce que tu voulais que je fasse de plus ?
– De plus que refuser tous les plans et de ne rien faire pour le seul qui te convienne enfin ?
– Qui me convienne ? J'ai juste accepté parce que tu insistais, Hinata.
Son prénom, dans ce contexte, sonnait presque comme une insulte.
– Dans ce cas je suis désolée de te faire perdre ton temps.
Et il se déconnecta.
Restée seule sur la place, elle fit quelques pas, respirant pour maîtriser son envie de pleurer. Au-dessus de sa tête, les nuages cotonneux flottaient sur un ciel bleu. Elle s'assit sur le banc où elle avait rencontré McElwë, sous les branches tombantes d'un saule centenaire et resta un moment à admirer la voûte céleste.
Quoi qu'il pense de ses plans, Gaara souhaitait forcément la retrouver à Suna et qu'elle obtienne les études dont elle rêvait, alors pourquoi réagissait-il ainsi ? Qu'avait-elle manqué ?
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- - Déconnexion - -
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En passant devant la cuisine au petit matin, son père l'informa que s'il avait à passer une autre nuit de la sorte, ils pouvaient écourter tout de suite leur petite expérience. Écrasée par une nouvelle échéance, elle passa le petit-déjeuner et descendit dans le jardin. Pousser la porte de bois confirma ce qu'elle avait pressenti. Gaara n'était pas là.
Le chemin à pied lui laissa le temps de se calmer puis de réfléchir à toute la situation. Elle répondit par un sourire à ceux d'Ino et Sakura mais s'effaça de la conversation. En arrivant devant la salle de cours, un nœud s'était formé dans son estomac. Gaara n'était pas encore là.
– Il est absent ? demanda Ino.
– On ne s'est pas quitté dans les meilleurs termes hier, répondit Hinata d'un ton maîtrisé, mais quoi qu'il fasse, c'est entre lui et moi, d'accord ?
À sa grande surprise, Ino n'insista pas et les questions qui bouillonnaient dans son regard restèrent silencieuses. Sakura changea le sujet. Leur conversation mourut à l'arrivée de Gaara, en même temps que le professeur Yamato. Il leur ouvrit la salle. Hinata s'installa à sa place habituelle et Gaara retrouva celle qu'il occupait avant.
Elle s'y était préparée, pourtant son cœur se serra. Ses lèvres tremblaient. Craquer ici serait la pire situation possible, mais ce bureau vide l'exposait. Tous les regards curieux la transperçaient. Et ces murmures... Une main se posa sur la sienne, Sakura lui offrit un sourire qui la réchauffa un peu. Tournée vers le tableau, Ino fit craquer un poing et Hinata la tapa avec sa règle.
– Je n'insinuais pas qu'il faut le frapper, murmura Ino en se penchant en arrière sur sa chaise avec un air innocent. Juste que je peux. Au besoin.
Hinata eut un rire faible.
– C'est gentil. Ça ira, répondit-elle alors que Yamato réclamait le silence.
Même lui s'attarda sur la place vide à côté d'elle puis sur Gaara, mais il ne fit pas de commentaire. Le cours fut dur à suivre, d'autant plus lorsqu'elle réalisa à quel point Gaara était isolé face aux remarques. Et ceux qui ne l'appréciaient pas s'étaient jetés sur cette brèche comme des loups affamés. Il ignora les premiers commentaires.
Quand Kiba se retourna et lança « Vous vous êtes séparés ? ». Il eut le malheur de tomber dans un moment de silence. Tout le monde les fixait. Gaara releva les yeux vers lui sans se presser, et son expression était si dangereuse que Kiba eut un léger mouvement de recul.
Lorsque la sonnerie retentit, tous se rabattirent donc vers Hinata. Par réflexe, Ino ouvrit la bouche pour la défendre puis se ravisa.
– Alors, c'est vrai ? répéta Juugo.
– Tu as bien fait, lança Kiba. Quand je le vois agir, franchement je ne comprends même pas comment tu pouvais vouloir être avec lui.
– On est toujours ensemble, Kiba, répondit-elle d'un ton calme qui détonnait avec les battements furieux de son cœur.
Avant d'entrer dans la salle de TP de physique, Hinata jeta un rapide coup d'œil aux tables. Gaara n'y était pas. Elle fit signe à ses amis d'entrer et se cala de sorte que Kakashi ne puisse pas la voir de l'intérieur. Lorsque celui-ci vint refermer la porte, elle se plaqua contre le mur et attendit qu'il commence son cours.
Sur la pointe des pieds, elle ressortit du bâtiment. Un vent frais baladait les feuilles dans la cour déserte. Gaara avait probablement trouvé refuge dans un coin plus à l'écart. Elle visita le dos des bâtiments, les tables isolées sous les platanes, puis décida d'inspecter les terrasses qui reliaient certains bâtiments. En poussant la porte vitrée de celui de littérature, elle repéra aussitôt la silhouette aux cheveux rouges et au blouson noir assise près du bord, une jambe entre les barreaux.
Toute son anxiété ne parvint pas à l'empêcher d'approcher. Son ombre se posa sur lui. Il ne tourna pas la tête. Sans un mot, Hinata s'assit et s'appuya sur ses mains. Dans ce monde aussi, les nuages flottaient paisiblement, mais au loin, ils s'amoncelaient, plus lourds, plus sombres.
– Est-ce que ça va ? demanda-t-elle enfin.
Son masque froid se décomposa en ce qui ressemblait à de la colère.
– C'est tout... ?
– C'est ce qui m'inquiète le plus.
Il se détourna d'elle.
– Gaara ? Tu sais que même si on échoue je trouverai un moyen de venir à Suna, même si c'est dans une autre école que celle que je vise maintenant.
– Ton père n'approuvera pas.
– Il n'approuvait pas Switch World et encore moins le tournoi. Je l'ai fait changer d'avis, grâce à ton aide, on peut recommencer.
Il refusait toujours de la regarder.
– Pas cette fois. Votre relation est importante pour toi.
– Tu l'es aussi.
Même de dos, elle voyait sa mâchoire bouger, comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose, mais rien ne vint.
– Je n'ai vraiment plus d'idée, avoua-t-elle. Après ton départ, je n'ai fait que regarder le ciel. Au moins il était joli. Comme aujourd'hui.
Gaara garda le silence mais finit par désigner le coin sombre qui grignotait le bleu. Le grondement du tonnerre retentit dans le lointain. Avec un petit sourire, Hinata croisa le bout de ses doigts aux siens et répondit :
– J'aime bien l'orage.
Il ne retira pas sa main. L'orage c'était le parfum de l'averse, les gouttes qui tambourinaient contre les fenêtres d'une chambre, la présence de Gaara à ses côtés.
– Depuis hier soir, je réfléchis à une solution, dit-il. J'attendais de trouver pour revenir vers toi mais je suis dans une impasse.
Son ton était bas. Elle percevait toute sa frustration, alors elle posa la tête sur son épaule et le sentit presser le bout de ses doigts entre les siens.
– On a bien le droit de ne pas réussir, mais on peut quand même essayer.
Profitant de la brise qui allégeait l'atmosphère orageuse, elle ferma les yeux. Gaara finit par se retourner et elle se cala contre lui.
– C'est quand même mieux que les cours, dit-elle. On devrait faire ça plus souvent.
Il secoua la tête.
– Hier midi, tu disais que tu voulais élaborer un plan avec tes amies. Je veux bien essayer.
À la sonnerie, Gaara lui tendit la main pour se relever, ce qui n'était pas du luxe parce qu'en redescendant les marches vers leur prochain cours, ses jambes se changèrent en bloc de coton. En apercevant la masse de leur classe qui se dressait devant la salle, elle pinça la manche de Gaara.
– Se faire dévisager, le retour, marmonna-t-elle en voyant tous les visages se tourner vers eux avant de se fondre en murmures.
– On pourrait en faire un titre de film, répondit Gaara qui avait retrouvé toute son indifférence.
– Du genre « Je te vois, 2 » ? C'est un film d'horreur ça.
– Tant qu'il n'est pas aussi prévisible qu'eux.
Avec un rire, Hinata se fraya un passage jusqu'à Ino et Sakura. Cette dernière accueillit Gaara aussi normalement que possible, puis Ino lança :
– Les rumeurs te manquaient c'est ça ?
Son ton amusé cachait une froideur inhabituelle.
– Heureusement, je ne base pas mes décisions sur les rumeurs qu'elles pourraient générer.
– C'est vrai que tu es le seul qu'elles impactent de toute façon, pourquoi s'en soucier ? répliqua Ino avec un grand sourire.
– S'il te plaît, intervint Hinata, n'oublie pas ce que je t'ai dit tout à l'heure.
– Que c'était gentil de proposer de le trucider ?
– Ino !
– OK, OK ! Ça vous regarde, je ne m'en mêlerai pas.
– Plus, corrigea Gaara.
– Plus, répéta-t-elle en le fusillant du regard, les bras croisés.
L'ambiance était tout aussi électrique lorsqu'ils s'installèrent pour la pause du midi. Hinata avait profité de la queue à la cafétéria pour leur résumer la situation.
– Vous voulez un plan ? dit Ino en écrasant sa salade contre la table en bois. Voilà un plan ; tu leur donnes tes stupides sabres et fin de l'histoire.
– Je préférerais risquer mon avatar que de céder ces sabres, répondit Gaara.
– Ce ne sont que de stupides armes ! Tu en rachèteras.
– Non.
– Oh et pourquoi ? Parce que tu n'es qu'un égoïste ou parce que tu te soucies plus d'un jeu que de votre avenir ?
– Elle me les a données, répliqua-t-il en fixant le sandwich dans ses mains. Je ne jouais que pour moi, je ne vivais que pour moi et je pensais qu'en faisant autrement j'en payerais le prix. Et puis elle me les a données et je me suis dit que peut-être... avec elle...
Hinata sentit ses joues la brûler et se cacha en mordant son pain, mais un arrière-goût de culpabilité lui ôta l'appétit. Elle n'aurait pas dû proposer de sacrifier les armes.
– Hmm, marmonna Ino. Fais comme tu veux.
– Et votre item là, celui que vous avez récupéré dans le lac, il ne peut pas être utile ? demanda Sakura. Vous ne pouvez pas l'utiliser pour demander l'aide à toute votre faction ?
– Il n'y a que moi qui puisse m'en servir, répondit Gaara, sec.
– OK, on peut abandonner l'idée, dit Ino. De toute façon, avant de penser à libérer ton père Hinata, il faut trouver un moyen de l'occuper. Si vous le laissez mourir d'ennui une nuit de plus, il ne remettra plus les pieds dans le jeu.
Dans le silence, Sakura les regarda tour à tour.
– Je ne vois pas cent mille solutions, dit-elle. Que quelqu'un se fasse capturer pour lui tenir compagnie. Ils ne s'intéresseront jamais à des inconnus comme Ino ou moi, même si on vous accompagne, mais ils ne rateront pas l'opportunité d'enfermer un de vous deux. Et comme Gaara a les sabres...
Elle se tourna vers Hinata qui baissa les yeux vers son sandwich. Elle y avait déjà pensé en traversant son jardin, mais cela revenait à abandonner Gaara face à un problème impossible à résoudre.
– Tout ce qui se passe, c'est à cause de moi, je ne peux pas laisser Gaara gérer seul, marmonna-t-elle.
– Qui te parle de le laisser seul ? répliqua Ino. Premièrement, Sakura et moi on connectera nos personnages et deuxièmement, on va établir un plan.
– La première étape, c'est que ta capture soit crédible, ajouta Sakura avant qu'elle n'ait eu le temps de protester.
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La capitale du Royaume s'élevait sur une montagne entourée d'abîmes. Les ponts glacés qui y menaient se hérissaient de glace, brillant comme un avertissement cristallin au-dessus des ténèbres. La première fois qu'Hinata l'avait aperçue était encore gravée dans sa mémoire, alors découvrir la capitale Insurgée l'intriguait, ou du moins l'aurait intriguée si elle n'était pas occupée à mourir d'angoisse.
– C'est ici, dit Gaara dans un murmure.
Sakura, dont l'avatar arborait les énormes poings de la classe combattant, et Ino, qui s'était tournée vers une invocatrice, passèrent devant Hinata. Un pas après l'autre, celle-ci les rejoignit et jeta un œil sous la branche que Gaara soulevait. La falaise se terminait abruptement, chutant dans un lac dont les eaux prenaient la couleur rouge argile des parois qui l'entourait. Un chemin de pierre le fendait en deux, menant à une arche creusée dans d'immenses murs en pierre noire. La porte était remontée, le bas arborant des morceaux de bois taillés en piquets qui donnaient au passage l'allure d'une effrayante mâchoire.
Hinata tendit le cou, mais même de leur hauteur, les remparts masquaient la capitale. Tout ce qu'elle apercevait était les bannières Insurgées retombant depuis les tours de guet. Elle recula, presque découragée. Jamais elle ne parviendrait à ressortir de là. Si elle parvenait à être capturée, parce que son jeu d'acteur était au même niveau que celui des bambins barbouillés de chocolat à qui on demandait « c'est toi qui as mangé le gâteau ? » et qui répondaient « noooon ».
Gaara frôla sa joue.
– Tout va bien ?
Elle acquiesça. Des espions Insurgés les entouraient peut-être, la pièce de théâtre avait déjà commencé. Le plan dont ils avaient convenu commençait par une réelle tentative de libérer Hiashi. S'ils échouaient, Hinata devait être celle qui restait derrière, parce que s'ils devaient compter sur Gaara pour occuper son père...
– Je suis sûre qu'on peut le libérer, répondit-elle.
Il serra son bras puis se tourna vers la capitale ennemie.
Moins de Hiashi dans ce chapitre, j'espère qu'il ne vous manque pas trop XD
Ce chapitre est moins tout rose tout rose mais je l'aime beaucoup, j'espère qu'il vous a plu aussi !
