Auteur : Corail Zaarea )

Disclaimer : Si vous êtes là vous savez déjà tout…

Réponses aux reviews (Kyyaaa ! Ca veut dire que j'en ai eu !!! Youpi !!!) :

Sae: Pas vraiment… C'est ce que j'avais pensé au départ mais finalement je ne crois pas. J'espère que ça te plaira quand même !

Mich'loinvoyant, CryNienna et Nelja : Merci pour vos reviews ! Ça fait plaisir de voir que mon prologue a plu. Du coup, voili la suite !

Chapitre 1

Riff regarda la voiture disparaître, songeur. Caïn avait l'air profondément choqué, il allait devoir le surveiller de près… Pourtant, il ne pouvait se résoudre à regretter son geste. L'homme qui avait fait de la vie de son propre fils un enfer, qui les avait traqués, régulièrement piégés, qui avait joué des sentiments de Caïn… Celui là était enfin mort, et non plus prêt à pervertir chaque élément de la vie du jeune homme ; chaque rencontre, chaque commencement d'histoire d'amour. Oui, même si ce crime devait lui valoir une place en enfer, c'était peu cher payé… Il avisa une voiture et négocia sa location auprès du cocher. Un peu réticent au départ, l'homme céda à la vue du contenu de sa bourse…

Poussant un soupir, il retourna dans la maison , croisant un policier qui lui adressa un vague signe de tête. Il rejoignit le salon, décidé à en finir au plus vite. La pièce aux larges tentures écarlates semblait encore plus sinistre que la première fois où il y avait pénétré, cherchant son maître, et il frissonna instinctivement. Il lui semblait encore voir la mince silhouette étendue sur la table, à la merci de ce dément… Dire qu'à quelques secondes près… A cette pensée, il sentit ses jambes faiblir, une brusque nausée manquant de le submerger.

Un gémissement étouffé le fit sursauter, lui rendant toute lucidité. Derrière la table… Le cops ? Serait il possible que… non, impossible, il l'avait vu mourir…

Il se rapprocha vivement et resta immobilisé quelques secondes devant le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Prostrée contre le corps immobile dont elle avait ramené le bras autour de ses épaules, une silhouette androgyne aux longs cheveux blonds dénoués sanglotait doucement, dans une mare de sang qui ne cessait de s 'élargir… S'agenouillant à ses côtés, il perçut une sorte de murmure

-… pardonnez moi, père… ouvrez les yeux, pardonnez moi… pardonnez moi…

- Jézabel ?

Il posa la main sur son épaule, tentant de le retourner. Le jeune homme releva la tête, le fixant quelques instants d'un air égaré avant de le reconnaître. Son expression changea alors du tout au tout et il se redressa brusquement, son bras droit décrivant un arc de cercle en direction de la gorge de Riff. Ce dernier n'eut que le temps de se jeter en arrière, évitant de peu un poignard taché de sang. Il se releva, sur ses gardes, mais Jézabel eut un hoquet et retomba, plié en deux. Il respirait difficilement et semblait sérieusement blessé, vu la couleur de sa chemise… Il jeta néanmoins un regard haineux au majordome qui n'eut aucune peine à le désarmer.

-Calmez vous , laissez moi vous aider…

Riff lui immobilisa les bras, le temps d'apercevoir de larges plaies au niveau de son abdomen.

Jézabel croassa plus qu'il ne parla

- Ce pistolet… c'est vous qui l'avez tué…

Ah, tiens. Dans le feu de l'action, il avait laissé son arme sur place. Ne pas l'oublier.

- C'est vrai. Je vous en prie, cessez de bouger, vous perdez beaucoup de sang..

Jézabel émit une sorte de rire et parvint encore à murmurer

- Je vous… hais…

Il cessa de se débattre et sa tête retomba mollement en arrière. Riff tâta son cou à la recherche d'un pouls… Il soupira de soulagement : le cœur battait toujours, bien que faiblement. Aucun moment à perdre… Il récupéra le draps qui couvrait un des fauteuils et se servit du poignard encore poisseux pour y découper une longue bande de tissu. Les mains un peu tremblantes, il fit de la moitié une compresse et serra l'autre autour du ventre de Jézabel. Le tissu se tacha de rouge mais l'hémorragie cessa. Il souleva alors le corps du docteur , étonné de sa légèreté. Au moins un point commun entre lui et Caïn…

Dans la rue, personne ne fit attention à lui, la police semblait avoir disparu… Il déposa le jeune homme inconscient sur une des banquettes du véhicule et retourna chercher le corps du comte, récupérant son pistolet au passage. Restait à trouver de l'aide…

-J'arrive ! Non mais vous avez vu l'heure ! Ma boutique est fermée, fermée !

-Mr Zorkevitz, ce n'est pas pour votre magasin. Et c'est très urgent.

Des coups redoublés déclenchèrent de nouvelles protestations, mais la porte s'ouvrit.

-C'est pour QUOI ?

Un homme entre deux âges éclaira le visage de Riff d'une lanterne.

-Vous ? Que me voulez vous à cette heure ? Comte ou pas votre maître peut bien attendre…

Riff posa un doigt sur les lèvres du négociant et parla à mi voix

-Ce n'est pas pour mon maître. J'ai besoin de vos compétences .

L'homme repris bien plus bas.

- Comment ça ?

Riff fit un pas en avant, laissant apparaître le corps qu'il portait. L'homme recula, méfiant.

-Non ! Je ne fais plus ça, vous le savez ! Adressez vous à un hôpital mais pas…

-Taisez vous.

Le ton de Riff se fit coupant.

- La police serait très intéressée par le fait de savoir qu'un quincaillier tel que vous a des compétences chirurgicales avérées… Surtout s'ils découvraient le genre de votre clientèle…

- Vous ne pouvez pas…

Riff reprit d'un ton plus doux

-Il a vraiment besoin de vous.

La lanterne éclaira le visage de Jézabel. Riff retint sa respiration…

- Bien, entrez.

L'homme referma soigneusement la porte avant de l'entraîner dans l'arrière- boutique, qui lui servait visiblement d'atelier. Il débarrassa rapidement la table qui occupait son centre et grommela un vague « Posez-le là » avant d'ouvrir une armoire de pièces détachées du fin fond de laquelle il tira une sacoche de cuir.

-De quelle arme a t'il été blessé ? interrogea t'il en inspectant son matériel.

-Un poignard je pense. Je n'ai pas assisté à la scène.

L'homme émit un gloussement ironique

-Tout le monde dit ça.

Il mit de l'eau à bouillir sur un réchaud et se lava soigneusement les mains, après quoi il consentit enfin à inspecter le blessé.

-Beau bandage. Ouvrez le.

Riff s'exécuta. Il n'avait pas eu le temps d'observer réellement l'état de Jézabel et frémit en découvrant trois entailles d'apparence profonde. L'homme y glissa deux doigts sans hésitation et Riff détourna la tête. Finalement, il était peut être mieux qu'il ait dû abandonner la médecine…

- Hum, pas de lésions internes. Une chance. Maintenez ça.

Riff obéit, appuyant fermement sur la compresse propre que l'homme venait de poser sur les plaies. Il l'aida ensuite à nettoyer et désinfecter les entailles, puis à recoudre. Finalement le « médecin » s'écarta.

- Terminé. Bon, pas intérêt à ce qu'il bouge d'un millimètre une fois rentré. A part ça maintenant tout dépend de ses forces. Il a l'air d'avoir perdu beaucoup de sang : soit il s'en remet, soit…

Il eut un geste fataliste.

- Je vous remercie.

L'homme sourit brièvement

- Pff, vous savez être convainquant… et vous êtes aussi un bon assistant.

- Merci.

- Vous vous y connaissez, non ?

Riff hésita.

- J'avais commencé les études autrefois. Cela fait longtemps.

- Mmm, mmm. Les aléas…

- Oui.

- Il y en a beaucoup dans ce métier.

L'homme avait dit cela comme pour lui même et Riff resta silencieux. Finalement le quincaillier se retourna vers l'évier et se débarrassa de toute trace de sang, avant de nettoyer à nouveau ses outils et de lui faire signe de se laver également s'il le désirait.

Quand ce fut fait, il lui tendit une serviette. Riff remarqua qu'il avait déjà rangé son matériel : à part un peu de tissu tâché et le jeune homme inconscient allongé sur la table, rien ne traduisait ce qui venait de se produire. Alors qu'il pensait cela, les restes de tissus disparurent dans le poêle à charbon qui occupait un coin de la pièce.

- Combien vous dois je ?

L'homme se tourna vers lui, observant les pièces qu'il avait à la main. Il en prit une partie.

- Ceci - et votre silence.

Riff acquiesça. Il passa doucement un bras sous la tête de Jézabel, l'autre sous ses genoux et s'apprêta à quitter la pièce. Le négociant lui glissa un sachet dans la poche :

En infusion, ça devrait calmer la douleur.

Bien.

L'homme l'accompagna jusqu'à la porte, mais l'arrêta avant qu'il n'en passe le seuil.

- Juste une chose : surveillez le. Au cas où vous l'ignoreriez, c'est lui qui s'est fait cela.

Riff sourit tristement

- Je m'en doutais... Merci.

L'homme lui serra brièvement l'épaule avant de refermer la porte derrière lui.

Riff frissonna. Pâle lueur d'un réverbère éclairait à peine la ruelle, lui donnant un aspect sinistre. Il se hâta de regagner le véhicule, heureusement toujours à sa place. Alors qu'il rejoignait l'avenue principale, il entendit le bruit de sirènes d'alarmes. A quelques rues de là, une lueur rougeoyante éclairait la ville... Ainsi Delilah avait encore appliqué sa méthode habituelle...

A suivre…