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Kai haussa un sourcil en voyant l'attroupement de jeunes beybladeurs enthousiasmes, tous regroupés autour d'une prétendue arène sur la place publique. La plupart d'entre eux étaient revêtue d'accoutrements plutôt étranges; comme s'ils les avaient fabriqués eux-mêmes à l'aide de divers vêtements. Ils étaient au moins une trentaine, de tous âges, mais tous semblaient parler, ou plutôt hurler, allemand. Cela n'étonna guère le couple de fugueurs qui les observaient depuis le fond de la place publique, car ils se trouvaient à Berlin.
- Alors, on y va?, demanda Ray en se tournant vers Kai.
- Si Stern y est, je manquerais pas son défi, grogna Kai en s'avançant vers la foule de jeunes gens concentrés sur le match en cours.
- Tu veux vraiment te joindre à eux, dans leur immeuble abandonné?, demanda Ray avec hésitation, emboîtant le pas au japonais.
- C'est pas ce que tu voulais? Un toit, de l'intimité et du beyblade?, répondit distraitement Kai.
Ils se frayèrent un chemin à travers les beybladeurs excités et finirent par se trouver assez proche de l'arène pour y voir le match qui s'y disputait.
Stern riait, cheveux au vent, blouse toujours détachée sur son torse nacrée, alors que sa toupie éjectait hors de l'arène une petite toupie noire. Son adversaire, loin de se fâcher, le dévisagea de haut en bas avec un léger sourire.
- Es lonht sich zu verlieren nur zu dich unter die Sonne lachen sehen.(1), murmura t'il en se fondant dans la foule hurlante.
Stern brandit son poing en l'air et s'exclama avec son sourire malicieux;
- Les 5 meilleurs beybladeurs formeront l'équipe officiel de beyblade de rue de Berlin!
Son regard croisa ceux de Kai et de Ray et son sourire s'élargit.
- Eh, si c'est pas les deux tourtereaux! Alors, ça vous intéresse? Une chambre privée pour chacun des 5 gagnants!
La trentaine de paires de yeux de la foule convergèrent vers les asiatiques et les cris d'encouragements firent place à des murmures étonnés. Les nouveaux arrivants étaient chose rare dans le coin. Ray ne s'en inquiéta pas, si ce n'est qu'il se sentit légèrement intimidé, mais une pensée craintive traversa l'esprit de son partenaire. Et si une de ces personnes les reconnaissait? Il ne valait pas mieux s'éloigner du beyblade le plus possible?
Mais ce serait bien étonnant que Voltaire le cherche par-ici...
- Qu'est-ce que t'as, M'sieur cheveux bleus, tu t'inquiètes de l'issue du match?, demanda Stern avec son ton arrogant.
Cette provocation effaça les craintes du japonais. Il n'avait plus qu'en tête le désir de réduire le jeune effronté en bouilli.
Kai s'avança, toupie en main.
Stern sourit.
- Vu que je suis 2eme champion du beyblade de rue, si tu gagnes, t'es automatiquement dans l'équipe.
- Je joue seulement contre le 2eme?, grogna Kai.
- Ouais, ce putain de Zeit est toujours premier!, s'énerva Stern.
- Tais-toi et joue, grogna à nouveau Kai.
Une jeune fille s'avança et commença le décompte.
- 3, 2, 1... Hypervitesse!
Les deux toupies furent projetés dans l'arène, se heurtant violemment sans pourtant vaciller le moindrement.
- Si tu gagnes, t'as une place dans notre refuge. Et si je gagne, je baise ton petit ami coréen, s'exclama Stern.
- De un; jamais. De deux; il est chinois.
- Même chose! Des yeux bridés et une peau jaune...
- Ferme-la et joue, s'énerva Kai.
- Est-ce que je t'énerve?, demanda Stern en riant.
La toupie de l'allemand évita de justesse Dranzer.
- Qu'on on finisse, grogna Kai, tu vaux rien au beyblade.
Dranzer sembla disparaître de l'arène et Stern afficha un air inquiet. Sa toupie tournait nerveusement au milieu de l'arène. Kai afficha un sourire amusé.
La foule entière était parcourue de murmures étonnés et tous attendaient avec fébrilité l'attaque de Kai. Quant à Ray, il ne fit qu'hocher la tête et sourire malicieusement. Il ne connaissait que trop bien les attaques de Kai.
Dranzer sembla soudainement tomber du ciel et retomba sur la toupie de Stern, la faisant brusquement cesser de tourner pour rester seule, à tournoyer fièrement près du beyblade inanimé.
Stern était sidéré. La foule ne disait pas un mot. Tous les yeux étaient rivés sur celui qui avait défié si facilement un de leurs meilleurs joueurs. Kai ramassa sa toupie et se contenta de fixer avec un sourd plaisir l'expression abasourdi de l'allemand.
Ce dernier finit par relever la tête et son éternel sourire s'afficha à nouveau sur son visage. La foule se mit à applaudir.
- T'es un sacré joueur. Ça faisait des lustres que je ne m'étais pas fait battre par quelqu'un d'autre que Zeit. Mais ça vaut la peine; c'est rare les défis qui en valent la peine.
- T'es un bon perdant, dit Kai en souriant.
- Perdant? Qui a battu Stern?, demanda une voix grave derrière Ray.
Un grand garçon taciturne, aux cheveux noirs dégradés jusqu'aux épaules, se planta près de l'arène. Les bras croisés sur son blouson kaki, il fixa avec intensité le vainqueur du match. Il portait des bottes lacées jusqu'aux genoux et un pantalon noir plutôt serré en émergeait pour aller se perdre sous le blouson d'armée. Il était mince et avait les traits assez fins malgré ses vêtements de motard.
- Wer ist das? (2) demanda t'il en tournant son regard ébène vers Stern.
- Weiss nicht. Der wirt aber sicher eine von unser neue Strasse Beyblade Equipe sein.(3)
Kai et Ray échangèrent un regard interrogateur. Zeit se tourna vers eux.
- Je m'appelle Zeit. Et vous?
- Moi c'est Ray et lui c'est Kai.
- Coréens?
Les deux asiatiques soupirèrent.
- Non, pas du toit, s'énerva Ray. Je suis chinois et Kai est japonais.
- Hey Kai!, s'exclama Stern. Je sais dire; omae wo korosu!
Kai dut serrer les poings pour ne pas éclater.
- Lequel de vous deux n'a pas encore joué?, demanda Zeit. Après on vous montrera notre repaire et si vous chante, vous pourrez y avoir une chambre et rester avec nous.
- Ouais, ce serait super, dit Ray en s'avançant. Je suis prêt.
Zeit sortit un beyblade rouge de la poche de son blouson et recula à l'autre extrémité de l'arène. Stern se posta à côté de Kai alors que Ray s'avançait. Les hurlements d'encouragements de la foule reprirent de plus belle. La tension était à son comble.
La fille avança à nouveau et commença le décompte au moment où le terrain s'assombrissait. Le soleil avait disparu derrière de gros nuages orageux.
- 3, 2, 1, Hypervitesse!
Les deux beyblades tournaient librement dans l'arène, aucun ne semblant vouloir passer à l'attaque. Puis, d'une manière tout à fait inattendue, les deux toupies commencèrent à se heurter de tous sens, chacun cherchant à faire tomber l'autre. Driger recula et évita une violente attaque de la toupie de Zeit.
Les deux étaient si concentrés sur l'arène qu'ils n'entendirent pas le premier grondement de tonnerre. Driger fonça sur le beyblade de Zeit à maintes reprises, le rendant instable. Pourtant, la toupie rouge tenait plus longtemps que Ray ne l'aurait cru. Elle lui fila entre les doigts au moment où il allait porter le coup de grâce.
- Merde, grogna Ray. Je vais être obligé de....
Un second grondement se fit entendre, suivi de quelques gouttelettes de pluie.
- Driger, attaque!, hurla t'il.
Le beyblade se mit à briller et descendit en flèche, éjectant sans plus de préliminaires la toupie de Zeit hors de l'arène.
Les hurlements de la foule se firent perçants, suivi d'un torrent d'applaudissements.
Une violente averse commençait à se déverser sur toutes les têtes. Zeit lança un regard suspicieux à Ray et serra les poings.
- On trouvera le cinquième joueur plus tard!, s'écria Zeit en détournant les yeux. Allez, on retourne à l'abri.
La foule déjà trempée se dispersa rapidement, une quinzaine d'entre eux se précipitant au même endroit. Kai et Ray suivirent Stern et Zeit qui semblait suivre le petit troupeau.
Les jeunes s'engouffrèrent tous dans un vieil immeuble de quelques étages, dressé au fond d'une rue déserte. Une bonne partie des étages supérieurs s'étaient effondrés et la façade paraissait noircie par le feu et le temps. Les deux asiatiques entrèrent à leur tour dans ce vestige de la deuxième guerre mondiale.
L'intérieur était sec, bien que plutôt délabrée.
- La plupart squatte le sous-sol, dit Stern en pénétrant dans la première pièce à sa droite, suivi de Zeit, Kai et Ray. Chacun des vingt " habitants " a sa propre chambre et on tous fan de beyblade.
- Personne vous a jamais averti?, demanda Ray en fixant la pièce et ses deux meubles en piteux états.
- Nah, dit Stern en s'effondrant sur le matelas. On est tous des fugueurs ou des orphelins et les autorités se fiche de ce vieil appart à moitié mort.
Zeit ferma la porte de la chambre derrière lui et plongea un regard méfiant sur les deux asiatiques debout au milieu de la pièce.
- Vous êtes des fugueurs?
- Ben, on voulait juste faire une sorte de road-trip, pour explorer le monde. On avait la soif de liberté, expliqua Ray d'un ton nonchalant.
Kai se sentit mal à l'aise. Et si Voltaire apprenaient qu'ils se trouvaient ici? Mais c'était pas mal impossible; il s'en faisait pour rien. Ils avaient trouvé un refuge parfait, un toit et peut-être même des amis... Le japonais se surpris à penser en ces termes. Ray l'avait fait changé.
- Et vous?, demanda Ray. Qu'est-ce que vous faites ici?
- On aime pas parler de notre passé, répondit Zeit d'un ton froid.
- Disons que c'est lourd parfois, dit Stern en se redressant sur un coude. Des souvenirs douloureux.
Kai frissonna en entendant ces mots.
On dirait bien qu'ils ont le même poids que moi sur les épaules... Le passé est parfois trop blessant pour même en parler.
- Alors, vous êtes avec nous? Dans notre équipe?, demanda Zeit.
Ray lança un regard en biais à Kai. Tout deux avaient envie de tenter l'expérience de jouer ailleurs que dans un championnat mondial. Et puis leur passion pour le beyblade ne les avaient pas quitté... Tant que les autres ne connaissaient pas la raison de leur fugue, tout allait pour le mieux. Et c'était même ridicule de s'inquiéter pour Voltaire. Il avait probablement passé à autre chose.
- Avec grand plaisir, répondit Ray avec son sourire félin.
- Yahou! Reste plus qu'à trouver le cinquième membre après l'orage... Après on pourra jouer contre les équipes des autres quartiers!, s'exclama Stern.
- Tous des sans-abris?, demanda Kai.
- Ouais. Il y beaucoup plus d'enfants dans les rues qu'on le pense. La plupart sont tous des fugueurs.
- Comme toi, marmonna Zeit avec un sourire sarcastique.
- Hé oh, lâche-moi un peu!, s'énerva Stern.
- Tu reboutonnes pas ta blouse? T'as l'air d'un prostitué, dit Zeit.
- Mais faut pas parler, m'sieur le taciturne habillé en gros dur! T'as que 17 ans, j'te signale!
- En gros dur? Moi au moins je suis pas un fif comme toi!
- Un fif?! C'est qui qui embrassait Lucas pas plus tard qu'hier soir?!
- Jaloux?
- Jamais de la vie! T'es qu'un...
Et les deux continuèrent leur débat en allemand.
Kai et Ray étaient bouche bée, regardant les deux argumenter et se crier dessus. Ils échangèrent un regard interrogateur.
- On dirait un vieux couple..., marmonna Kai.
- Hum, est-ce que vous sortez ensemble?, demanda Ray.
Les deux se retournèrent vivement vers Ray, furieux et légèrement rouges.
- NON!
- JAMAIS DE LA VIE!
Kai secoua la tête et Ray recula d'un pas.
- Hum... Si ca tient toujours, vous pouvez nous montrer notre chambre?, demanda Ray.
Zeit reprit un air dur, semblant regagner sa dignité. Stern fit mine de lui envoyer un coup de pied par derrière.
- Suivez-moi, dit Zeit en sortant de la pièce.
Stern fit une grimace.
- Suivez-moi, répéta t'il en croisant les bras.
Zeit se retourna et lui adressa un regard meurtier. Kai roula les yeux.
- On y va?, insista t'il.
Il n'avait plus envie que d'une chose; serrer Ray contre lui et l'embrasser.
Zeit passa devant et descendit le long couloir assombri par l'orage qui faisait toujours rage à l'extérieur. Il poussa la dernière porte à droite.
- Vous aller être tranquilles. Vous voulez une deuxième chambre?
- Non, ça va, merci, répondit Ray.
Stern éclata de rire.
- On se demanda pour quoi faire, ricana t'il.
Kai lui assena son poing sur la tête, ce qui arracha un petit sourire en coin à Zeit.
- Ici, on est comme une famille, expliqua t'il. Habituellement, on soupe ensemble. La salle de bains la plus proche est à votre gauche.
- Comment vous trouvez la nourriture?, demande innocemment Ray.
- Un entrepôt à côté, répondit Zeit sans broncher. La porte arrière est toujours débarrée.
Ray frissonna à l'idée de voler, mais Kai ne fit que sourire en réalisant toute la débrouillardise des jeunes sans-abris.
- On vous présentera aux autres ce soir, dit Stern, On est presque 20. Une dizaine d'enfants et les autres de notre âge.
Zeit s'écarta et laissa Ray et Kai entrer dans la pièce.
- Installez-vous, on soupera dans deux heures. Vous serez pas dérangés avant, si vous voulez vous reposer.
- Merci beaucoup, dit Ray avec un sourire sincère.
- Y'a pas de quoi. C'est sympa d'avoir de nouveaux venus, répondit Stern en refermant la porte derrière lui.
Kai et Ray fixèrent la petite pièce. Les deux fenêtres étaient placardés et il y avait un matelas sur le sol, ainsi qu'une petite commode délabrée et une penderie. Une ampoule électrique pendait tristement au plafond mais l'électricité était sûrement coupée.
- C'est pas le luxe, mais ça me convient parfaitement!, s'exclama Ray en se laissant tomber tête première sur le matelas.
Kai embarqua immédiatement sur lui.
- Ray, ça fait des heures que je brûle de te toucher, murmura t'il en refermant ses bras autour de lui.
Leurs lèvres s'effleurèrent et se fondirent dans un baiser presque violent. Leurs mains glissaient sur le corps brûlant de l'autre, cherchaient à tout posséder sous les vêtements, sur la peau douce, plus loin et encore plus loin.
Kai fit glisser le chandail de Ray fébrilement par-dessus sa tête alors que leurs bouches se soudèrent à nouveau dans un élan passionné, interrompu encore par Ray qui retira avec fièvre le chandail de Kai.
- J'en ai envie... Prends-moi..., murmura Ray alors que la bouche de Kai souillait son torse de baisers.
Le japonais agrippa son pantalon et le tira par en bas, arrachant un gémissement de plaisir à son partenaire. Leurs bouches se rencontrèrent à nouveau alors que Ray détachait avec ses doigts agiles la ceinture de Kai. Leurs torses nus se frottaient l'un contre l'un, les mains de Kai perdus dans l'abondante chevelure de son partenaire.
La porte s'ouvrit brusquement.
- Hé, c'est vous qui avez battus...
La voix de jeune fille se brisa net. Les asiatiques se retournèrent brusquement. Une adolescente se tenait dans l'embrasure, bouche grande ouverte.
- Désolééé...
Kai se releva furieusement, une main empêchant son pantalon de tomber.
Un immense sourire se peignit sur le visage de la jeune fille.
- Wah! Vous êtes trop adooorableees!!!
- Dégage!, grogna Kai.
- Hum, désolé! Continuez! On se verra plus tard!, dit l'adolescente en fermant la porte derrière elle.
Kai se retourna furieusement vers Ray.
- Pas moyen d'être tranquilles!!!
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Désolé d'arrêter là! Promis, il y aura un lemon bien accompli bientôt! Et le cinquième joueur sera une fille (une touche féminine, lol)
Traduction ( les mots en allemand sont surement bourrés de fautes, dsl!!!)
1- Ça vaut la peine de perdre juste pour te voir rire sous le soleil
2- C'est qui?
3- Sais pas. Mais il sera à coup sûr un nouveau membre de notre équipe de beyblade de rue.
