Chapitre 2 – Celle que l'on enviait

« Oui, comme ça ! Tourne-toi, penche-toi un peu plus ! Sourit ! Parfait Sakura. »

Voilà à quoi se résumait la vie de Sakura Haruno, jeune mannequin avec un avenir prometteur. Elle était grande, de longs cheveux roses ; une teinture qui lui saillait plutôt bien. Ses yeux émeraude étaient les premières choses – mis à part ses cheveux – que l'on distinguait chez elle. Mais c'est aussi ce qui la rendait la fille la plus haït de toute l'agence, parce qu'en plus d'être belle, elle était talentueuse. Les autres mannequins la voyaient comme ce boss de fin pour finir la partie, l'ennemie ultime dans un monde qu'on appelle la Terre. Pour avoir la chance de se faire remarquer dans cette société. La numéro 1 comme l'appelait les médias. Et ce nom rendait folles de rage beaucoup de filles. Parce qu'elle était talentueuse, belle et qu'elle avait tout pour elle ? Non, jamais ces lionnes ne l'accepteraient. Dès son arrivée, les autres l'avaient remarquée et l'avait pris en grippe. Elles la bizutaient et lui rendaient la vie difficile voire impossible. Une fois, elles avaient bousillé tout son nécessaire de maquillage, sachant que c'est l'une des choses les plus importantes dans ce métier. Une autre fois se fut la nourriture qu'on jeta. Des actes pouvant être anodins pour nous, mais mal vécu pour la personne visée. Tous les jours, elles s'en prenaient à elle dans le seul but de la voir détaler et de leur laisser la place sur le podium. Pour une place d'or dans la société. Mais Sakura malgré son corps frêle, savait se défendre et riposter quand ça tournait mal.

Ce jour-là, elle avait eu une séance photo et c'était sa pause, elle entra dans la chambre qu'elle louait dans l'agence et se rua dans son lit pour souffler. La vie de mannequin pouvait être épuisante, entre les photos, les reprises, les ordres pour savoir si elles méritent d'être misent dans un book ou pas, la nourriture qui ne se composait le plus souvent que de légumes vapeur et d'eau et plus encore quand il fallait avoir les yeux partout pour vérifier qu'une idiote ne fasse pas un coup dans le dos pendant qu'elle travaillait.

Elle souffla de lassitude et se redressa. Il ne fallait pas qu'elle faiblisse ; son image en dépendait et qu'importe le regard des gens tant elle était satisfaite et que les membres de son équipe l'étaient aussi. Elle se rendit dans sa salle de douche et découvrit que tout avait été saccagé. Elle y trouva un long cheveu cramoisi qu'elle identifia tout de suite. Elle sentit une vague de haine monter en elle et sortit en furie de la pièce pour se rendre dans la chambre voisine à la sienne. Elle l'ouvrit énervée au possible et vit trois filles la regarder sourires aux lèvres, elle s'approcha de ces trois comparses :

- « Vous êtes encore entrés dans ma chambre ! Cette fois ça va trop loin ! J'en ai plus qu'assez de vos gamineries. Vous n'avez qu'à vous bouger si vous voulez arriver à mon niveau, au lieu de me mettre des bâtons dans les roues ! Vous n'êtes plus des enfants à ce que je sache !

- Tu nous fais quoi princesse ? Arrêtes d'accuser sans preuves s'il te plait, tu ne te sens plus pisser et tu viens nous déranger pendant notre pause ! Déclara une rousse au sourire carnassier et aux lunettes tombants sur son nez rebondit.

- Des preuves ? Cria-t-elle hystérique. Mais j'en ai des preuves. A ton avis ? Quand je l'ai trouvé dans ma salle de bain ce cheveu roux, dit-elle en désignant un fils orangé, je me suis dit que ça ne pouvait être que toi ! Tu es la seule avec ce genre de couleur dans l'agence. Alors ne joue pas à la plus fine avec moi. Tu risqueras de t'en mordre les doigts.

- Pauvre chose, ces cheveux ne prouvent rien. Réfuta la rousse. »

Elle avait bien entendu ? Elle osait encore l'ignorer après ça ? Il fallait qu'elle se calme sinon elle allait faire un massacre. Alors, elle décida de partir pendant qu'il en était encore temps, en tuant une bonne centaine de fois cette fille dans sa tête. Elle retourna ensuite dans sa chambre et rangea le carnage. Au bout de 2 heures de rangement intensif elle eut arrangé le plus gros et se rendit au coin photo. Un shooting avait était prévu, elle ne pouvait le rater.

Le thème de ce soir était « Sauvage », la maquilleuse vint lui peinturlurer le visage avec de magnifiques couleurs chaudes et la styliste lui proposa un ensemble jaune et marron aux motifs léopards. Elle s'habilla et se retrouva sur le plateau qui avait été arrangé pour cet effet ; Des plantes vertes faisaient penser à l'Amazonie et ils y avaient accroché des oiseaux exotiques et lui avait mis un véritable piton albinos sur les épaules. Elle n'avait aucunement peur. Elle était une professionnelle. Elle se positionna dans le décor et prit de multiples poses. Elle remarqua du coin de l'œil, les filles de tout à l'heure en train de regarder sur l'ordinateur les photos venant d'être prises. Elle entendait aussi les chuchotements de ces pimbêches et de leurs gloussements insupportables.

Elle souffla intérieurement. Vraiment, elle n'avait pas choisi le meilleur métier du monde, mais elle s'y plaisait et elles prenaient un malin plaisir à lui faire détester d'être dans cette pièce. Elle en avait plus qu'assez de tout ça. Ce n'était pas de sa faute si elle se débrouillait mieux que d'autres, elle était, peut-être à leurs yeux, douée, mais pour elle, elle faisait pâle figure devant tant d'autres mannequins plus fortes qu'elle comme Yuki Yamaguchi. Grande prêtresse dans le milieu. Mais ces filles ne le comprenaient pas et parfois il valait mieux passer au-dessus des remarques. Elles voulaient monter les échelons ? Très bien, qu'elles le fassent mais qu'elle la laisse tranquille. Elle ne faisait que son travail. Elle ne faisait que ce que les autres lui disaient de faire, rien de plus, rien de moins, juste le stricte nécessaire. Et pourtant les filles ne comprenaient pas, elles répandaient toutes sortes de rumeurs. Allant de la plus enfantine à la plus saugrenue. Malgré cela, elle gardait toujours la tête haute. Digne. Et ça avait encore plus jasé. Pathétique. Oui, elles étaient pathétique et ne valaient même pas la peine qu'on s'intéresse un tant soit peu à elles. Pourries jusqu'à l'os comme le reste de la Terre. Pas une ne valait la peine qu'on parle d'elles, sur elles. Apparemment être honnête ne servait à rien. Mentir était la règle d'or pour réussir dans le business. S'en devenait presque risible. Totalement insensé. Elle ne comprenait pas ce genre d'agissement.

Après trois bonnes heures de shooting, la rose se dépêcha de rentrer dans sa chambre. Il était tard et elle n'avait aucune envie de manger. Elle alluma son ordinateur et se connecta à Talk.

Elle parlait à de nombreuses personnes, mais sans vraiment avoir noué de liens avec l'un d'eux. Elle les trouvait superficiels et avide de scoop. Elle attendait, patiemment, que quelqu'un vienne ou de trouver une personne qu'elle pourra, sans aucune suspicions, appeler « ami ». Elle l'espérait depuis très longtemps, alors peut-être qu'aujourd'hui se sera le cas. Elle surfa sur les pages, cherchant, sans vraiment regarder, quelqu'un qui l'intriguerait. Elle dut se rendre sur l'onglet « nouveaux adhérents » et regarder. Elle ne trouvait que des gens cherchant l'amour ou un coup d'un soir. Inutile pour ce genre de site. Autant aller sur un site de rencontre spécialisé dans ce genre de choses.

Elle continua comme ça sur les dix pages et tomba sur une annonce assez ... Spéciale :

« Hinata Hyûga, Cherche des amis pour pouvoir discuter. Aime la mer, les fleurs (cliquez ici pour plus d'informations) »

Elle cliqua intrigué et ce qu'elle lut l'enchanta. Elle décida de lui envoyer une demande de chat.

Elle attendit sagement une réponse, mais au bout de trente minutes, elle s'endormit pitoyablement sur son bureau.

Quand soudain un bruit aigu se fit entendre.

Elle releva vivement sa tête, se frotta les yeux et regarda son écran. Elle venait de lui répondre :

«Hinata : Bonjour, vous m'avez envoyé une demande de chat, euh ... Vous seriez-vous trompé ? »

Elle sourit, cette fille était très polie. Elle tapa sur son clavier le message :

« SakUra : Salut ! Effectivement et, non, ceci n'est pas une erreur. »

Elle l'envoya et attendit la réponse qui ne se fit pas attendre très longtemps :

« Hinata : Oh ... Eh bien, je suis contente, c'est la première fois que je viens sur ce genre de site ... Alors, je ne sais pas trop quoi dire ou faire ... »

Elle pouffa, quelle fille étrange. Pas l'habitude hein ? Sakura répondit :

« SakUra : Haha et bien il suffit juste de faire connaissance, moi j'y suis depuis pas mal de temps alors je pourrais t'aider (Je me permets de te tutoyer).

Hinata : Ah d'accord et bien oui je veux bien. Vous pouvez me tutoyer. »

Sakura lut la réponse et remarqua qu'elle continuait à la vouvoyer. Polie ? Trop même.

« SakUra : Tu sais, le tutoiement va dans les deux sens ! Donc tu me tutoies haha.

Hinata : Euh ... D'accord, je suis désolée ... Je n'ai vraiment pas l'habitude ...

SakUra : Tu parles d'habitude depuis tout à l'heure, mais que veux-tu dire exactement ?

Hinata : Je ... Je n'ai jamais vraiment parlé avec quelqu'un, je veux dire ... Je ne suis pas doué en relation humaine … .Désolée ...

SakUra : Woah ! Comme ça on est deux ! Ne t'excuses autant voyons, c'est tout à fait normal. »

Alors, elle était comme elle ? De mieux en mieux. Elle ne savait pas pourquoi ni comment, mais elle avait l'impression qu'elles avaient bien plus en commun que leurs solitudes. Oui, elle fera de cette fille son amie, peu importe si elle habite loin ou pas. Elle voulait l'avoir comme proche.

Le bruit d'un nouveau message se fit entendre.

Elle se redressa et lut :

« Hinata : Vraiment ?

SakUra : Oui ! Surtout au boulot ! Pas un pour rattraper l'autre !

Hinata : Moi aussi ... C'est difficile ... Je suis surprise de voir que nous avons deux choses en commun.

SakUra : Je me disais exactement la même chose ! Au fait ! Tu t'appelles vraiment Hinata ou c'est un pseudonyme ? »

Alors, comme ça, elles avaient deux choses en commun ? Sakura apprécié de plus en plus cette fille :

« Hinata : Oui, C'est mon vrai prénom ... Et toi ... Tu t'appelles Sakura ?

SakUra : Yep ! C'est bien mon nom !

Hinata : D'accord, Et bien Sakura je suis heureuse de te rencontrer.

SakUra : De même Hinata. »

Elle entendit du bruit dans le couloir et quelqu'un taper à sa porte. Elle devait arrêter de parler avec Hinata.

« SakUra : Hinata ? Je suis désolée de couper court notre conversation mais, le devoir m'appelle. On se contact plus tard.

Hinata : D'accord. Au revoir. »

Simple, net et précis. Elle aimait ça. Pas de prise de tête. De questions barbantes sur le pourquoi du comment. Elle se déconnecta de la plate-forme et ferma son ordinateur. Les bruits insistèrent et elle alla ouvrir :

« Oui, oui ?

Tu dois aller dormir maintenant. »

C'était son manager. Elle roula des yeux.

« J'y vais. A demain. »

Sans plus de cérémonie il partit. Elle referma sa porte et alla se coucher quand son téléphone sonna.

Un appel.

Elle grogna. Apparemment on ne voulait pas la laisser en paix. Un numéro inconnu. Elle décrocha tout de même :

« Allô ? Vous n'êtes pas gêné d'appeler les gens à cette heure-ci.

Sakura ? Tu m'as déjà oublié ?

Cette voix. Elle écarquilla les yeux.

« Mon dieu ! Naruto ?

Oui c'est bien moi ! Et je suis de retour en ville. »