CHAPITRE 21 UNE DERNIERE DANSE

Il pleuvait sur la ville de Tokyo depuis deux jours. Le temps était maussade et personne ne restait à l'extérieur par ce temps. C'était ce qui avait d'étrange avec la femme. Depuis bientôt deux heures, elle était sous le porche d'une maison, les yeux levés vers l'immeuble en face d'elle. Depuis deux heures, personne ne l'avait remarqué puisque tout le monde était bien à l'abri dans leur demeure.

Tomoyo ne quittait pas la fenêtre des yeux. Elle aurait dû être chez elle, plutôt qu'ici à Tokyo sous la pluie. Mais depuis un mois, elle vivait dans l'incertitude. Depuis que son fils adoptif avait dit qu'il était allé voir sa « tatie » à Tokyo avec son père ! Tomoyo s'était demandé qui était cette « tatie », à sa connaissance Toya n'avait aucune parenté à Tokyo et de plus si cela avait été le cas, il lui en aurait parlé. Pour la première fois en un an de mariage, Tomoyo avait eu un doute sur son mari. Elle ne voulait pas vraiment croire que Toya avait une aventure. Pas après seulement un an de mariage. Puis, Tomoyo avait commencé à faire son enquête. Elle avait découvert que Toya louait un appartement à Tokyo, qui était habité, d'après le concierge de l'immeuble, par une femme. Toya allait y passer une journée environ aux deux semaine. Tomoyo avait dû se rendre à l'évidence, Toya avait une aventure. Le plus dur pour la jeune femme avait été de découvrir que cela durait depuis un an et demi. Il était déjà avec cette femme avant leur mariage.

C'était pour cette raison que Tomoyo était sous la pluie devant l'immeuble. Elle voulait voir le visage de celle qui semblait si importante dans la vie de Toya. Tomoyo passa machinalement une main sur son ventre arrondi. Elle était enceinte de sept mois. Tomoyo voulait affronter cette femme. Elle ne serait jamais le genre de femme qui accepte sans rien dire que leur mari aille voir ailleurs.

Tomoyo prit son courage à deux mains et traversa la route pour aller dans l'immeuble. Arrivée devant la porte de l'appartement 45, elle sonna rapidement avant de changer d'idée.

-OoOoO-

Cela faisait maintenant un an et demi que Feng restait à Tokyo. Un an et demi qu'elle était partie comme une voleuse de chez Shaolan. Il n'y avait pas une journée qui passait sans qu'elle ne pense à lui et à leur dernière nuit. Feng avait de ses nouvelles par Toya. Elle savait qu'il la cherchait encore. Elle était encore surprise par sa ténacité, surtout qu'il n'avait trouvé aucun indice pour l'aider à la situer. L'appartement, dans lequel elle restait, était au nom de Toya. Le louer sous son nom aurait été trop facile à trouver. Shaolan n'avait jamais regardé si Toya avait seulement une résidence.

Elle adorait le petit appartement que Toya lui avait loué. Il se composait de deux chambres, un salon, une cuisine, une salle à manger et une salle de bain. Feng avait fait la décoration pour s'approprier un peu le loyer, pour se sentir chez elle. Les seules visites qu'elle recevait, était Toya et ses enfants. Aucun collège de travail ou ami ne rendait visite à Feng. Elle n'avait aucune vie sociable. Feng faisait tout pour ne pas se faire approcher par ses collègues. Après quelques essais, ceux-ci avaient jeté l'éponge et ne l'intégraient plus dans leurs activités sociales.

Feng était assis sur le sofa. Kéro était couché en boule à ses côtés, Toya était assis sur un fauteuil. Le frère et la sœur écoutaient une émission de télévision en attendant la pizza qu'ils avaient commandé vingt minutes plus tôt. Quand la sonnette retentit, Toya se leva aussitôt pour aller répondre.

Toya resta figé par la surprise quant au lieu de trouver le livreur comme il s'en attendait se fut sa femme qui était de l'autre côté de la porte.

« Tomoyo ! Que fais-tu ici ? » demande surpris Toya.

« C'est qui Toya ? »

« Mais de quoi tu parles ? »

« Pour qui, tu quittes ta femme et tes enfants à tous les quinze jours ? Je ne peux même pas croire que tu lui as présenté Masaki. »

« Tomoyo ce n'est pas ce que tu penses. »

« Ils disent toujours ça. »

C'est à ce moment que Feng, qui trouvait que Toya était long à revenir, arriva dans le hall d'entrée.

« Est-ce que tu as assez d'argent, frérot » dit-elle.

Feng se figea de surprise devant la vue de son ancienne amie. Tomoyo, elle aussi, était surprise de voir la maîtresse. Elle aurait accepté n'importe quelle autre femme, comment se battre contre elle ! ! !

« ELLE ! ! ! Ça fait un an et demi que Shaolan et Eriol la recherchent et toi tu sais où elle est depuis tout ce temps là. Et tu l'entretiens en plus. Comment peux-tu regarder Shaolan dans les yeux quand tu lui mens ? »

Tomoyo se figea tout d'un coup. Est-ce qu'elle avait bien entendu ? Feng avait appelé Toya frérot. Tomoyo tourna le regard vers la jeune femme. Comment n'avait-elle pas remarqué qu'elle était presque le sosie de Nadeshiko ! La seule différence était les yeux émeraude. Ça expliquerait pourquoi Feng et Toya s'adoraient sans pourtant être amoureux l'un de l'autre. Ça expliquait pourquoi Toya n'avait pas été autant bouleversé par la mort de Sakura, il y avait maintenant 7 ans. Il savait qu'elle n'était pas morte.

« SAKURA ! » dit Tomoyo.

-OoOoO-

Shaolan regardait le feu dans le foyer sans vraiment le voir. Il était perdu dans ses pensées. Depuis six mois, il restait en Angleterre avec Eriol. Shaolan l'avait cherché pendant un an dans le monde entier. Mais comment trouver quelqu'un qui se cache quand l'on ne sait même pas dans quel pays elle se trouve. Shaolan avait décidé d'abandonner, il courait après une personne qui ne voulait pas de lui. La mort de Sakura l'avait démoli, mais la fuite de Feng était en train de le tuer. Savoir qu'elle était quelque part, peut-être avec un autre, lui déchirait le cœur.

Yukito entra dans le salon et regarda le magicien. Il en avait assez de le voir déprimé. Yukito avait décidé que les deux anciens amoureux ne pouvaient vivre l'un sans l'autre. Feng n'allait pas vraiment mieux que Shaolan. Il savait que Feng lui en voudrait mais c'était pour son bien.

« Bonjour Shaolan. »

« Bonjour Yukito. »

« Un petit voyage à Tokyo, ça te dirait ? »

« Qu'est-ce que j'irais faire à Tokyo ? »

« Il y a un bureau d'avocat qui organise une grande soirée pour les fêtes. Toya y est invité et comme ça fait longtemps que l'on ne sait pas vu, et surtout qu'il a deux billets de trop, je suis invité. Nakuru veut rester avec Eriol pour le temps des fêtes et je n'ai pas le goût d'y aller seul. »

« Je ne sais pas trop Yukito ! »

« Allez ! De plus, tu pourras revoir Tomoyo. Tu ne l'as pas vu depuis plusieurs mois. »

« Je ne l'ai pas revu depuis six mois. D'accord je viendrai, mais c'est juste parce que j'ai le goût de revoir Tomoyo avant qu'elle ait son bébé. »

« Parfait. »

-OoOoO-

Feng regardait Tomoyo figée. Elle qui avait voulu quitter sa vie pour que le cauchemar ne se réalise pas, le destin venait de lui donner une belle claque sur la gueule. Elle était devant une Tomoyo enceinte qui savait son véritable nom. Elle n'aurait pas dû garder un contact avec Toya.

Feng ferma les yeux. Elle allait mourir. Le destin se rappelait à elle. Il fallait qu'elle trouve un moyen de donner ses cartes à Shaolan. Un moyen que si elle meurt les cartes ne se retrouve pas entre les mains de descendant.

Feng rouvrit les yeux pour regarder Tomoyo.

« On serait mieux d'aller s'asseoir » dit Feng.

Une fois tout le monde assis, Feng se mit à tout raconter à Tomoyo. Enfin presque tout, elle ne lui dit rien à propos de son cauchemar. Maintenant, elle savait que si elle essayait de contourner son destin, il la trouverait un moyen de revenir. Au moins, comme cela, elle savait quand ça allait se produire.

-OoOoO-

Il avait cherché les cartes pendant plus d'un an. Il était allé dans toutes les villes où l'aura des cartes été détecté. Rien. Il n'y avait absolument rien. Deux de ses hommes de main avaient disparu ; Stanmore et Rupert. Leur jeune sœur n'était plus vraiment dans son état normal depuis que Rupert ne répondait plus. Il n'avait plus le goût d'avoir les cartes, ce qu'il voulait vraiment c'était Feng. Pendant qu'il voyageait dans le monde sur les traces des cartes, il s'était rendu compte que c'était Feng beaucoup plus que les cartes qu'il voulait retrouver. Une fois sa décision prise, il avait rapidement trouvé où elle était. En fait, il avait seulement demandé de ses nouvelles à Sarah. Elle lui avait dit qu'elle avait trouvé un emploi à Tokyo. Sarah ne se souvenait plus très bien dans quelle firme, mais une fois sur place il trouverait rapidement. Et elle sera à lui pour toujours.

-OoOoO-

La salle était magnifiquement décorée pour l'occasion. Shaolan se demandait encore pourquoi il avait accepté de venir. Ça devait faire une heure qu'il poireautait à côté du bar à regarder les différentes personnes qui étaient dans la salle. Yukito l'avait abandonné disant qu'il devait voir quelqu'un et qu'il reviendrait dans dix minutes. Shaolan se demandait s'il ne l'avait pas tout simplement oublié complètement. Shaolan remarqua un groupe de quatre avocats, facile à reconnaître, ils avaient l'air tellement suffisants dans leur complet, qui venait d'arriver au bar. Quelques choses lui fit dresser l'oreille et écouter ce qu'ils disaient.

« Vous avez vu qui est venu ? »

« Non ! Qui ? »

« Feng Segawa. Je ne sais pas qui a réussi à la faire venir, mais je l'embrasserais. J'ai toujours rêvé de la voir dans autre chose que ces tailleurs striques. »

« C'est avec rien du tout que tu voudrais la voir. »

« Ben, en attendant que je réussisse, je vais me contenter de la voir dans la mignonne petite chose qu'elle porte. »

« Comme si un jour tu allais réussir à la mettre dans ton lit ! Je ne suis même pas sûr qu'elle est humaine. »

« Tais-toi ! Regarde, la voilà ! »

Shaolan tourna la tête dans la direction que l'homme désignait. Son cœur avait arrêté de battre depuis que les hommes avaient nommé son nom. Il devait sûrement rêver, ça ne pouvait être la même Feng Segawa.

La première chose que Shaolan vit, fut Yukito. Au moins, il avait retrouvé le gardien. Shaolan ne connaissait pas les personnes qui étaient avec Yukito. Il y avait seulement une femme dans le groupe, facilement identifiable par la robe qu'elle portait. Par contre, Shaolan ne pouvait voir son visage, elle lui tournait le dos. Très jolie d'ailleurs ! La femme portait une robe bourgogne qui lui arrivait aux genoux. La robe laissait son dos nu. Ses cheveux étaient attachés dans un chignon sophistiqué.

Quelqu'un sembla l'appeler puisque la femme tourna le regard pour répondre à une personne derrière elle. Ce geste permit à Shaolan de voir le visage de la femme. S'il avait été plus âgé, il aurait fait une crise de cœur. C'était elle. Elle était devant lui, à quelques mètre. Shaolan remarqua le regard de Yukito posé sur lui. Il comprit que Yukito savait très bien que Feng serait là. Shaolan comprit pourquoi le gardien avait insisté pour qu'il vienne. Shaolan avança vers la jeune femme et lui souffla à l'oreille.

« Joyeux Noël, Feng. »

-OoOoO-

Feng ne comprenait même pas comment son frère avait réussi à la convaincre d'aller à cette soirée. Pourquoi voudrait-elle fêter le temps des fêtes ? Depuis deux semaines, elle savait qu'elle n'en avait pas pour longtemps. Quelques fois, elle regrettait d'être sortie de la vie de Shaolan. Il lui manquait énormément. Elle aurait eu, au moins, une année et demi avec lui.

Quand elle se retourna pour répondre à un collègue de travail, Feng cru le voir près du bar. Maintenant, elle avait des hallucinations. Elle était en train de prendre ses rêves pour la réalité. Mais dans un sens, elle ne savait pas ce qu'elle ferait si elle le revoyait. Feng savait qu'elle n'en avait plus pour longtemps, elle ne voudrait pas le faire souffrir.

« Joyeux Noël, Feng. »

La jeune femme se redit. Elle entendait même sa voix maintenant, elle devrait peut-être aller consulter. Feng se retourna pour faire face à la personne derrière elle. Quand elle le vit, elle crut qu'elle allait s'évanouir.

« Shaolan ! ! ! Mais… Mais… Pourquoi… Comment es-tu venu ici ? » finit par bégayer Feng.

« Mais avec ton cher gardien… »

« Yukito. »

Feng s'était retournée dans la direction de son gardien lunaire, mais celui-ci avait disparu. Il avait pris la bonne décision car Feng ne savait pas ce qu'elle lui aurait fait. Une partie de la jeune femme avait le goût de se blottir dans les bras de Shaolan, mais l'autre voulait aller se cacher très loin. Et de plus, quelle réaction allait avoir Shaolan. Il devait la détester d'être partie comme cela en pleine nuit. Feng s'était toujours demandé quelle réaction il avait eu en se réveillant seul dans le lit.

« Pourquoi es-tu partie ? » demanda Shaolan.

« Partie ? Je ne suis pas partie, je suis là » répondit Feng, faignant de ne pas comprendre.

« Ne joue pas ce petit jeu. Tu sais très bien de quoi je parle. »

« Qu'est-ce que tu croyais ? Que tu allais te lever le lendemain et que miraculeusement j'aillais être folle de toi ! Bon d'accord, tu es plutôt doué, mais pas inoubliable. »

Shaolan la regarda. Elle fuyait son regard et mordillait sa lèvre inférieure, signe de nervosité. Pourquoi voulait-elle lui faire mal ? Elle avait peur qu'il s'attache à elle et Shaolan aurait tout donner pour savoir la raison. Shaolan rapprocha Feng de lui.

« Tu sais que tu mens très mal. Arrête de te mordiller les lèvres. »

Feng arrêta aussitôt. La proximité de Shaolan la rendait nerveuse. Elle avait juste le goût de se blottir dans ses bras. Des collègues de travaille de la jeune femme commençaient à les regarder. Le Chinois leurs était inconnu et il semblait affecter maître Segawa, ce qui était étrange pour eux. Ils ne croyaient pas que l'on pouvait affecter Feng.

« Donc, je ne suis pas inoubliable ! » dit Shaolan.

« J'ai déjà connu mieux. »

« J'ai le droit de reprendre l'examen ? »

« Quoi ! »

« Une dernière danse ? »

Tous les deux savaient très bien qu'il ne parlait pas de danse. Shaolan voulait seulement la provoquer. Malgré le fait qu'il savait qu'elle mentait, les paroles qu'elle lui avait dites lui avaient fait mal. Depuis un an et demi, il revivait cette nuit dans tous ses rêves. Il ne pensait vraiment pas qu'elle allait accepter sa demande. Shaolan attendait d'avoir une claque dans les secondes qui suivraient.

Feng ne répondit rien, mais lui prit la main et le fit sortir de la salle. Shaolan la suivit sans poser de question. Feng arrêta un taxi et monta à l'intérieur avec le jeune homme. Bientôt, ils arrivèrent à ce que Shaolan comprit comme étant l'appartement de la jeune femme. Au moins, maintenant il savait où il pourrait la trouver.

Ils montèrent rapidement les escaliers. Aussitôt arrivés, ils partirent à la découverte du corps de l'autre, comme des assoiffés devant une fontaine.

Bonjour à tous… La fin arrive à grand pas encore deux chapitres, donc deux jour (En fait c'est trois puisqu'il y a un épilogue) Merci pour tous les encouragements vous êtes fantastique.