Chapitre II: Défi

Cela faisait des années que Tom attendait ce moment.

Il était face à face.

Le jeune garçonnet d'à peine seize ans scrutait avec sérieux et concentration le visage éblouissant de Voldemort.

Comment avait il fait pour retrouver son apparence de ses vingt ans ?

Cela, en soi, n'avait aucune importance mais pourtant cette beauté nouvelle le troublait.

Pourquoi était-il là, dans cette endroit venteux , seul avec cet homme qui voulait le tuer ?

Il pointa sa baguette sans remarquer que sa main tremblait.

Il était tétanisé.

Il ne voulait pas mourir.

Non, il ne voulait pas mourir.

Seul ce sentiment comptait à cet instant pour Harry.

Il envahissait son sang, les moindres pores de son être, et les derniers recoins de son âme.

Il ne voyait plus la Grande Salle de Poudlard. Les cris hystériques des filles qu'on violaient dans les couloirs du château, les rires gras des Mangemorts, les larmes des torturés, tous ce qui légitimait sa présence dans cette salle, il l'avait oubliés.

Il s'était promis, pourtant, d'être courageux et de ne point hésiter à mourir pour tous ces autres.

Il flanchait, cependant.

La vue de ses amis morts ne réussissait pas à atténuer ce sentiment de panique qui l'envahissait.

La seul chose qui le faisait tenir debout était l'orgueil.

Ne pas flancher, ne pas baisser les yeux.

Qui eu cru que le seul rempart d'Harry Potter aurait été un sentiment si peu chevaleresque ?

Il regardait l'enfant avec un amusement certain.

Dumbledore était il réellement assez fou pour croire un seul instant qu'une aussi petite chose serait capable de le combattre ?

Tom Jedusor alias Voldemort souris devant la stupidité de l'homme. Son sourire se changea en rire lorsqu'il vu un jet vert l'attaquait.

Harry en était là.

Le petit garçon de seize ans comprenait enfin la prophétie.

Le meurtre de l'autre était devenue sa façon à lui de survivre.

Attaquer avant d'être attaquer.

Vaincre la peur, la transformer en haine.

Détruire.

Détruire.

Le rire de l'homme en noir devient un rictus lorsque l'avada kedavra le toucha.

Rien ne se produisit.

Harry blêmit un peu comme si on l'avait giflé. Les larmes coulèrent insensiblement sur ses joues d'enfant. Il avait sacrifié son innocence, sa vie, et surtout son enfance pour cela.

Un ratage.

Il se sentit sale, très sale.

Il n'était donc qu'un bon à rien ?

Un monstre ?

Comme les Dursley avaient eu raison !!

Il était indigne d'être vivant.

Il était responsable de la mort de sa mère, de celle de son père, de son parrain….

Toutes ces personnes décédées par sa faute, pour lui, pour le sauver…

De quoi ? Pourquoi ?

Pour se retrouver, tellement démuni à cet instant, dans cette salle qu'il avait tant aimé, devant un homme plus fort que lui.

Ses sanglots s'intensifièrent et il n'entendit pas la voix de Voldemort.

« Potter, tu ne sais pas faire mieux que cela ? » grogna d'une voix claire le Seigneur des Ténèbres

« Je vous hais » cracha l'enfant qui reprit un peu de sa superbe.

Il était beaucoup trop loin pour que le Seigneur de l'ombre puisse voir les yeux rougies du petit.

« Quel sens de la répartie, petite ange. Crois-tu que ta haine peut me tuer ? Tu devrais pourtant savoir que rien ne peux m'atteindre »

« L'amour » souffla Harry, les yeux dans le vide, la voix soudainement plus grave. « Souvient toi, Tom, que l'amour est ta plus grande faiblesse »

Une voix, un souvenir fugace…

« Dumbledore ? » interrogea le seigneur des Ténèbres

« Tu n'es qu'un lâche, oui, un lâche. Tu as fui l'école comme le dernier des peureux. Toi aussi tu es faible. Est ce ton dernier message vieux fou ? Va tu disparaître de nouveau et laisser ton protégé seul devant moi ? »

Les yeux d'Harry reprirent leurs teintes d'origines.

Tom le fixa avec intensité et le désarma sans difficulté.

L'enfant vit sa baguette s'enfuir de ses mains. Il sut que sa vie était fini. Après toute cette peur, il ne ressentait rien.

Le vide complet l'envahissait.

L'homme devant lui s'approchait, s'approchait, oui, s'approchait encore.

« Je t'offre enfant, encore une chance avant la mort »

Le cœur d'Harry reprit vit subitement. Il ne cessait de fixer l'océan azur devant lui.

« Soumets toi et je t'épargnerais »

C'est fou comme un mot peu avoir de l'importance dans une vie.

Le mage aurait utilisé un autre terme que ce 'soumet toi' si péremptoire et si sec, et le Survivant se serait jeté dans ses bras, en sanglotant.

Il n'en fit rien et ses yeux se durcirent imperceptiblement.

Il releva la tête et dans un mouvement lent, désespéré et pourtant noble, beaux et plein de courage, il fit non.

Un cri de rage vint accueillir ce signe

« Espèce d'idiot, gamin insupportable. Tu es bien le petit fils de ta grand mère. Orgueilleux au possible. Toi un héros, un ange ? Seulement un petit présomptueux bouffi de suffisance »

La première gifle partit.

Elle brûla la joue de l'enfant. Elle laissa une marque sur sa peau trop pâle.

L'enfant ne baissa pas le regard, pourtant.

Il l'intensifia plutôt

« Tu vas payer pour deux, Potter »

Depuis combien de temps subissait il ces coups ? . Pourquoi ne pleurait il plus ? Pourquoi sentait il ce froid l'envahir doucement presque tendrement ?

Il ne savait.

La sensation des dalles sur son visage bouffi par les bleus, les hématomes était extraordinaire. Il aurait pu dormir si l'homme avait eu la bonté d'arrêter durant un instant de le battre.

Le sommeil le protégerait de fou devant lui.

Il ferma les yeux et se souvient.

Cela avait commencé par des gifles, une puis deux…puis ses poings sur son visage…

Des cris aussi…

…Bestiaux quand le mage avait levé sa baguette.

La douleur intense d'un 'endoloris' puis les coups, la douleur…

Sans fin.

C'était donc cela l'enfer.

Tom regardait la chose à ses pieds. Une forme qui se rétractait doucement sous les coups.

Une envie de vomir l'assaillit.

Il avait son sang dans la bouche, sur ses mains, sur ses vêtements et même sur les cheveux.

Ce n'était plus un meurtre c'était un carnage.

Il attrapa l'enfant doucement et le souleva du sol comme un paquet de chiffon.

Harry dans un suprême moment de lucidité ouvrit ses grands yeux purs. Il n'y avait pas de larmes. Elles semblaient s'être évanouies. Il fixa avec gravité les yeux de son bourreau. Il ne supplia pas, ne cria pas. Il soutient simplement le regard de son assaillant.

Quelque chose passa dans celui ci.

Tom leva sa baguette et murmura une formule. L'enfant allait mourir. Le sorcier impitoyable avait réussit à prendre pitié son ennemi. Il allait en finir.

Un bouclier rouge protégea l'enfant.

Tom fut projeté en arrière.

Un homme aux vêtements sombres se détacha de l'obscurité .

Avant de sombrer dans l'inconscience, regarda l'homme accourir vers l'enfant et sourit.