Rating : M
Disclaimer : Les personnages et le contexte de cette histoire appartiennent à JKR. Je ne tire aucun profit de cet emprunt.
Avertissement : cette fic ne tient pas compte des tomes 6 et 7 (dans la mesure où ils n'étaient pas sortis au moment de sa publication!). Bonne lecture!


THE BLESSING WAY


Chapitre 1

Huis Clos

Le parc était froid et brumeux, et l'aube commençait à poindre.

Le sinistre Novembre avait envahi Poudlard, gelant tout ce qu'il trouvait sur son passage.

Hermione Granger remarqua que quelques étoiles brillaient encore, perçant le voile cotonneux du brouillard, lorsqu'elle quitta, silencieuse et solitaire, la salle commune de Gryffondor.

Elle savait que la bibliothèque n'ouvrait pas avant sept heures et demie, mais elle avait besoin de consulter une dernière fois un des ouvrages de la Réserve avant le cours d'enchantements qui ouvrait la mâtinée. Ensuite seulement, elle irait déjeuner.

Elle espérait que madame Pince ne l'aurait pas encore verrouillée pour la journée, évitant par cela que des élèves trop jeunes aillent consulter des ouvrages jugés trop dangereux.

La pièce était ouverte tard le soir pour les élèves de sixième et septième année, et même parfois la nuit entière, pour les acharnés du travail scolaire.

Et Hermione était de ceux-là. Elle avait même développé une affection particulière pour cet endroit, source de tant de connaissances à ses yeux.

« Il y a une drôle d'ambiance, ici, le mâtin », pensa-t-elle en contemplant la vaste salle de la bibliothèque.

Les torches étaient éteintes, et une sorte de brume, identique à celle qui flottait au-dehors sur les pelouses du parc, recouvrait le sol de marbre et les tapis, faiblement éclairée par la lumière naissante du mâtin. Quelques fantômes flottaient çà et là. Heureusement pour elle, Peeves n'en faisait pas partie.

Elle frissonna et se hâta vers la porte à arche dorée de la Réserve. Elle était ouverte. Soulagée, Hermione pensa qu'elle ne s'était pas levée pour rien.

En entrant dans la pièce, le silence de mort qui lui semblait de plus en plus pesant la poussa à allumer immédiatement toutes les torches à l'aide d'incendios retentissants.

La pièce était maintenant chaleureuse, et la brume s'était dissipée.

Hermione se sentait enfin chez elle. Elle posa son sac et sa baguette, dégrafa sa cape, et se dirigea vers le rayon qui contenait l'ouvrage dont elle avait entamé la lecture la veille.

Quel dommage de ne pouvoir emprunter ces livres, songea-t-elle tristement en effleurant les reliures de cuir, avant de tomber sur celle, rouge et argent de l'ouvrage qui l'intéressait. Il traitait des « Formes d'auto-ensorcellement ».

Severus Rogue traversa le château encore vide à cette heure matinale, et fit le trajet depuis ses appartements jusqu'à la bibliothèque en se satisfaisant de cette solitude, qu'il jugeait utilement méditative.

Surtout avant une journée qui s'annonçait chargée.

Il avait des cours presque sans interruption de huit heures à dix-huit heures, puis il devait se rendre à une réunion de l'Ordre. Il n'était même pas sûr de pouvoir déjeuner.

Finalement, il n'aurait que ce créneau, avant le petit déjeuner, pour effectuer les recherches qu'il voulait faire à la Réserve.

Et puis cela l'arrangeait. Il y serait seul et il aurait la paix.

Ironique, il songea que d'une certaine façon, la journée commençait bien.

Il avait reçu la veille un échantillon de sang de dragon des Neiges, et était impatient de savoir ce qu'il pourrait en tirer, en particulier en matière de guérison des brûlures.

Il se souvenait vaguement d'un livre à ce sujet…

L'expectative de ces recherches le rendit presque de bonne humeur lorsqu'il arriva à la porte de la Réserve.

Il entra.

Hermione sursauta et leva les yeux.

Le professeur Rogue venait d'entrer.

Nerveusement, elle se prépara à des remontrances en règle, avec retrait de points, et même sans doutes, une retenue. Trop heureux de la coincer dans une situation à moitié prohibée par le règlement.

Mais à sa grande surprise, il se contenta de lui lancer un regard glacial…Non. Pire. Un regard qui ressemblait à un mur. Puis il se dirigea directement vers une étagère chargée de très anciens volumes.

Hermione était interloquée, et elle ravala les phrases de justification qu'elle s'apprêtait à lui servir. Elle remit le nez dans son livre, mais ne lisait plus.

Il n'avait rien dit. C'était plus qu'étonnant.

La surprise passée, elle se sentit très soulagée.

Elle se sentait dans le droit de rester où elle était.

Cependant, elle n'était pas tranquille. Pourquoi ? Elle ne le savait pas.

De toute façon, elle n'allait pas traîner dans le coin très longtemps. Elle terminait juste le chapitre qu'elle avait commencé.

De son côté, le professeur Rogue s'était plongé dans la lecture.

Il n'arrivait pas à le croire.

Sa journée avait parfaitement commencé.

Il avait cru avoir la paix, pouvoir tranquillement se plonger dans la connaissance dès le réveil, sans être dérangé, et il avait fallu qu'il tombe sur cette exaspérante gamine.

Mais il ne se laisserait pas envahir par la colère. Non. Pas ce mâtin.

Il avait une longue journée qui l'attendait, il ne voulait perdre ni son temps ni son énergie au détriment de ses recherches.

Il résisterait à l'envie furieuse de la bouter hors de la Réserve pour s'y être trouvée à une heure pareille, et de lui retirer au passage un nombre de points suffisant pour lui calmer les nerfs.

Il allait être calme, lui lancer un regard glacial coupant court à toute éventuelle communication, et commencer à travailler.

Ce qu'il fit.

Il n'avait pas le temps pour autre chose.

Il s'installa à une table, l'esprit apaisé, ignorant la Gryffondor prétentieuse qui se trouvait ce jour-là sur son chemin.

Il n'arrivait pas à s'expliquer ces changements subits d'humeur chez lui, mais il réussit à faire le vide dans sa tête et se mit à faire ses recherches.

Il était vrai que, généralement, il n'accordait que peu d'intérêt à, ses élèves, sauf s'il s'agissait de les punir.

A cette pensée il se traita de sadique, ce qui le fit intérieurement sourire, puis se remit tranquillement à l'étude.

Quelques minutes plus tard, un léger déclic venant de la porte se fit entendre.

Madame Pince venait de verrouiller la porte de la Réserve pour la journée.

Ils levèrent simultanément les yeux vers la porte, puis Hermione tourna son regard vers le professeur Rogue qui s'était levé et se dirigeait prestement vers la porte.

Dans les minutes qui suivirent, aucun des sorts et contre-sorts qu'il lança ne se révélèrent efficaces.

Elle se demandait comment il arrivait à garder son calme, et elle était certaine que d'une manière ou d'une autre, il allait finir par s'en prendre à elle.

Elle se tenait donc derrière lui à une distance suffisante, muette.

« Inutile », sembla-t-il dire pour lui, c'est verrouillé à l'aide d'un sortilège personnel, « avec un mot de passe… »

Il soupira brièvement.

Pour la énième fois, Hermione chercha désespérément du regard une autre issue dans la pièce mais bien sûr, il n'y en avait qu'une et elle était bloquée. Pour de bon.

Elle soupira le plus discrètement possible, et s'assit sur le banc le plus proche

Pour une fois, elle n'osait rien suggérer, rien dire, car il aurait alors la possibilité de l'incendier et de retirer des points à Gryffondor si elle se risquait à l'énerver.

A sa grande surprise il s'assit lui aussi, une expression préoccupée sur le visage, en se frottant distraitement l'angle de la mâchoire avec le dos de la main.

En fait, il semblait réfléchir.

Il faisait jour maintenant.

Evidemment, ils manqueraient tous les deux leurs premier cours du mâtin. Et c'était fâcheux. Pour chacun.

Elle sursauta lorsque d'un ton désagréable, il lança vraisemblablement à son encontre :

« Et bien sûr, Miss Je-Sais-Tout, qui d'ordinaire ne sait se taire, reste muette. Pas de suggestion ? Vous qui vous montrez si prompte à faire étalage de vos connaissances, restez bien en retrait lorsqu'il s'agit de les mettre en pratique. »

Il se releva, et se dirigea à nouveau vers la porte, sans doute pour effectuer d'autres tentatives.

Hermione était indignée, partagée entre l'envie de rétorquer et la peur de perdre des points ou qu'il ne la colle en retenue si elle se risquait à le faire.

Mais les mots sortirent tous seuls de sa bouche :

« Je pensais qu'en tant que simple élève, je n'avais rien à apprendre à un professeur en matière de sortilèges. »

Il se retourna, et lui lança le regard le plus noir que quiconque –homme ou monstre- ait jamais lancé à qui que ce soit.

« Touché », pensa-t-elle.

Elle le savait capable de la pire mauvaise foi du monde, et pourtant, en l'occurrence il n'en fit pas usage. Elle fut étonnée.

Peut-être était-il gêné par l'étrange proximité qu'ils partageaient. Mais elle s'interdit aussitôt d'avoir de telles pensées, se rappelant que le professeur Rogue était un personnage qui se caractérisait par une exceptionnelle maîtrise de soi.

Pas tant que ça…Fit une petite voix au fond de sa tête. Et elle se rappela la colère noire qu'il avait piquée lorsqu'en troisième année, Sirius avait échappé aux détraqueurs.

Et pourtant…Il était un très bon occlumens, et un espion qui avait jusqu'ici réussi à sauver sa peau.

Elle finit par conclure que, vu le temps indéfini qu'ils auraient à passer ensemble entre ces quatre murs, il avait jugé plus sage de ne pas envenimer la situation.

Le professeur essayait toujours, mais en vain, de trouver un sortilège pour déverrouiller la porte.

Enfin décidée à agir, Hermione intervint :

«- Puisqu'on ne peut pas ouvrir cette porte de façon magique, il va falloir trouver une autre solution. »

Il tourna brièvement la tête vers elle, puis retourna d'un air indifférent à l'examen des gonds de la porte.

Hermione ne se laissa pas démonter et continua, avec toute l'assurance dont elle était capable :

« - Je propose que nous prenions un de ces bancs et que nous nous en servions comme d'un bélier. Même s'il y a peu de chances que la porte cède, vu son épaisseur, le bruit finira bien par attirer quelqu'un. »

Sans même se retourner, il répondit d'une voix claire et consternée :

«- J'espère bien trouver un moyen de sortir d'ici avant d'en arriver à utiliser ce procédé de moldu. »

A son tour de la toucher.

Face à cette attaque évidente sur ses origines moldues, elle se sentit blessée de façon basse et injuste.

Elle ne savait même plus quoi dire pour se défendre. Alors elle se tut.

Sale type. Sale type, irrécupérable.

L'humilier ainsi était bien plus bas de sa part que si elle en avait fait autant avec son passé de mangemort.

Elle observait par les fenêtres le soleil qui se levait et teintait de doré la cime des arbres de la forêt interdite.

Elle éteignit les torches et retourna s'asseoir sur un banc plus éloigné de la porte.

Après ce qu'il lui avait dit, elle n'allait certainement plus l'aider. Et puis pour être honnête, il ne semblait pas vraiment vouloir d'aide.

Il l'avait blessée en lui faisant cette réflexion sur les moldus.

Il l'avait senti, et il ne l'avait pas fait exprès.

Mais il se moquait bien qu'elle l'ait mal pris. Et il avait plus que jamais envie de sortir d'ici.