Chapitre 13

Puissance et possibilités

« - Tu es belle quand tu t'énerves. »

Il se redressa et la contempla.

« - Il est assez facile de te manipuler, en fait. Il faut croire que je ne t'ai pas encore tout appris… »

Il continuait à la regarder, calmement. Avec cet air insondable qu'il affichait la plupart du temps. Agrémenté d'un petit sourire satisfait. Si impersonnel, en fait. Hermione n'aima pas cela. Elle voulait qu'il la regarde. Elle.

Il venait de lui prouver qu'elle avait sous-estimé son adversaire…Oh oui.

Adversaire ? Mais elle ne voulait pas qu'il soit son adversaire, jamais.

Toute trace de colère s'était évanouie. Elle n'était même pas agacée…

Elle voulait qu'il recommence ce qu'il venait de faire, encore. Ce baiser.

« - Pas encore, c'est vrai…tu recommencerais ce que tu viens de faire ? »

« - Si on demande poliment, peut-être. »

« - Au diable la politesse. »

« - Bonne réponse. »

Il sourit. Et se pencha à nouveau sur elle, en prenant son temps. Et alors que ses lèvres allaient toucher les siennes elle fit un pas en arrière, se refusant ainsi à lui encore une fois, le narguant une fois de plus, le regard triomphant.

Il poussa un rugissement excédé et se jeta littéralement sur elle, la serrant si fort qu'il n'y avait plus d'espoir pour une éventuelle fuite…Mais Hermione n'avait aucune envie de se trouver ailleurs.

Sa bouche sur la sienne lui laissait à peine de répit pour respirer.

« - Les cours commencent bientôt… », souffla-t-elle entre deux baisers.

« - Tant mieux … »

Ses mains s'aventurèrent bien plus loin que la décence ne le permettait, promesse de voluptés attendues trop longtemps.

Elle voulut prendre le contrôle une fois de plus, mais il ne la laissa pas faire, sans doute échaudé par leur expérience précédente. Et elle comprenait un peu qu'il se méfie et ne se laisse plus aller comme il avait pu le faire auparavant. Hermione pensa que c'était dommage et s'en voulut soudain. Lorsqu'elle tendit les mains vers lui il les repoussa et les ramena doucement dans son dos. Elle attendait un baiser qui tardait à venir…

Ses mains cherchèrent à nouveau à le toucher, se tendirent vers son visage, mais à nouveau, il les repoussa. Elle fit une troisième tentative, mais cette fois-ci il maintint ses poignets serrés dans ses mains, et chuchota à son oreille…

« - Laisses-toi faire…De quoi as-tu peur… »

Elle aurait voulu répondre « de rien … », qu'elle voulait juste qu'il ne tarde plus à l'embrasser, comme il l'avait fait quelques instants auparavant…Mais elle ne put que le regarder d'un air suppliant et elle se trouva bien pathétique.

Apparemment il se délectait de ce spectacle.

Et c'était de bonne guerre après tout.

Severus était assez content de lui. Il était arrivé à soumettre cette incroyable peste qui s'était joué de lui avec une légèreté incompréhensible.

Et il arrivait presque à ne pas se trouver pathétique au vu du fait qu'elle était une de ses élèves et qu'elle était très jeune, inexpérimentée et maladroite. Presque.

Elle attendait, pleine d'espoir, totalement à sa merci, et pourtant il savait qu'il ne pourrait se contrôler indéfiniment, ils avaient chacun leurs limites, même si ils arrivaient de plus en plus à se contrôler en la présence de l'autre.

Mais en attendant, il savourait sa victoire.

Son visage était tendu vers lui et attendait, attendait…

Il se pencha sur son visage et promena la pointe de sa langue sur le contour de ses lèvres en prenant son temps, se délectant de ce souffle qui se mélangeait au sien, de ces yeux mi-clos qui reflétaient un abandon presque total, de ce corps qu'il sentait se dérober peu à peu dans ses bras…

Comme une drogue très ancienne dont il aurait appris à se sevrer, il sentit renaître en lui le frisson éclatant et démoniaque du pouvoir. Il tenait cette fille. Et point n'était besoin de savoir si cette emprise serait éternelle ou pas. Pour le moment elle était là, dans cette salle vide, sienne, dans ses bras, et ses mains dans les siennes, et elle était à lui, à lui.

Il pouvait en faire ce qu'il voulait.

Une partie d'homme raisonnable qui subsistait encore en lui à cet instant lui souffla que c'était-là une bien piètre victoire et, croyant qu'il avait affaire là à sa conscience, il étouffa cette voix.

Il fit comme bon lui semblait.

Ses mains avancèrent vers l'attache de la cape d'Hermione.

Celle-ci tomba à terre, comme tout le reste de ses vêtements, et en contrepartie, il la laissa seulement défaire les premiers boutons de sa chemise à lui.

Il la sentit frissonner, maintenant totalement nue, et resserra son ample cape tout autour d'elle.

Elle sentait ses mains légèrement rêches, mais chaudes et sèches parcourir doucement son dos, ses hanches…

Elle sentit qu'il la soulevait légèrement du sol et vit qu'il se dirigeait vers une cheminée qui se trouvait au fond de la pièce.

« - Incendio. »

Un feu crépitant apparut dans l'âtre et il jeta à l'intérieur une poignée d'une poudre qui se trouvait dans un pot sur le rebord de la cheminée. Puis il les plongea dans le feu et un tourbillon scintillant les emporta.

Ils apparurent dans une pièce qui n'était pas inconnue à Hermione…Et qu'elle reconnut tout de suite. Ils étaient dans les appartements de Severus. Déjà tant de souvenirs y étaient attachés…des bons…et des frustrants, aussi. Mais pas des mauvais.

Jamais de vraiment mauvais. Pas ici.

Il ne lui laissa pas le loisir de s'attarder sur ses souvenirs. Il arracha littéralement sa propre cape et se mit à défaire le reste de ses vêtements.

Mais avec tant de précipitation et de maladresse, déchirant presque le tissu à la hâte, qu'Hermione en fut émue, et prise d'un irrésistible sentiment de tendresse pour celui qui, pendant si longtemps avait été son austère et si sérieux maître des potions, instructeur en magie noire, en occlumencie, pour finalement devenir son amant…

Et se montrer si impatient, si maladroit, si touchant au moment de lui montrer qu'il la voulait.

« - Laisse moi t'aider… », fit-elle d'une voix qu'elle voulait la plus douce possible.

Pour la première fois elle eut l'impression d'avoir vraiment à faire à quelqu'un de simple, comme elle, de véritablement humain.

Ne serait-ce que la façon hésitante dont il caressait son visage, son cou, ses épaules, comme s'il cherchait à lui montrer qu'il adorait chaque parcelle, chaque centimètre carré de sa peau.

Elle, nue, face à lui, pieds nus sur l'épais tapis, s'abandonnait peu à peu sous ses mains, finissant de le déshabiller…

Ses mains quittèrent sa peau un instant quand il dut retirer sa chemise mais revinrent aussitôt se perdre dans ses cheveux, autour de ses épaules.

Le contact mutuel de leurs peaux soudain nues déclencha un frisson partagé de chaleur électrique.

Il se recula, torse nu devant elle, et la considéra un instant, comme pour l'admirer.

Elle protesta en gémissant contre cette rupture, et voulut se rapprocher de lui. Il l'arrêta.

« - Ce sera tout pour aujourd'hui, miss. »

« - Tu crois vraiment cela … »

Il invoqua ses vêtements et la rhabilla instantanément.

« - Je dois aller donner un cours. »

Les yeux d'Hermione lançaient des éclairs, ses joues étaient rouges, ses cheveux encore plus emmêlés que d'habitude… Et Severus trouva cela plus que charmant. Il regretta d'avoir à faire ce qu'il s'apprêtait à faire.

« - Si c'est ce à quoi tu penses quand tu me touches, alors en effet, il vaut mieux que tu ailles donner tes cours. Il fut un temps où tu en oubliais même que tu étais professeur, quand j'étais dans tes bras. »

Severus fut troublé par ce qu'elle venait de dire. Il ne pensait pas qu'elle se ressaisirait aussi vite. Il en fut même vexé.

« - Pourquoi tu m'as amenée jusqu'ici ? »

« - Par pur et simple sadisme. » Son regard était froid et moqueur.

« - Ca m'étonnerait. Rien n'est ni pur ni simple chez toi. »

Il ne répondit pas. Il la fixait avec une expression neutre. A ce moment elle savait qu'elle avait réussi à le troubler.

Elle en profita pour reprendre l'attaque.

« - Tu as eu ce que tu voulais…et maintenant tu ne veux plus de moi. Je ne te fais plus rien. »

Il se taisait, se forçant visiblement à rester de marbre. Alors elle s'approcha de lui.

Elle effleura la peau nue de son torse.

« - J'ai beau te toucher, tu ne vibres plus. »

Et c'était faux. Elle le savait rien qu'en observant la fine pellicule de sueur qui commençait à recouvrir sa peau, alors qu'une autre partie de lui l'appelait à sa façon…

Elle hésita un instant, et vint effleurer cette chair à travers le tissu sombre.

Il fit un geste comme pour poser sa main sur son épaule, mais elle recula soudain avec comme un regard d'avertissement.

Severus comprit alors que s'il voulait qu'elle le touche encore, il devait se garder de poser ses mains sur elle.

Alors la torture commença.

Les poings crispés, se mordant la lèvre inférieure au sang, le corps chauffé à blanc, tendu à l'extrême, il ne put que se laisser faire.

Elle desserra d'abord la cravate qu'elle portait, d'un air presque rêveur.

Puis elle effleura du bout des doigts la zone de peau qui se situait à la limite de sa ceinture.

Elle entendit Severus qui aspirait doucement l'air entre ses dents. Elle leva les yeux vers lui et vit son visage détourné, ses yeux mi-clos, perdus dans le vide.

« - Je peux aussi être sadique, tu sais…On apprend beaucoup de choses quand on est ton élève, beaucoup plus que je n'aurais cru en apprendre, en fait. »

D'une main, elle défit brutalement la ceinture qui retenait son pantalon, en un bruit sourd en métallique. Puis elle plongea à l'intérieur de celui-ci.

C'était chaud. Et d'une chaleur qui irradiait, qui palpitait. Elle appliqua sa bouche contre la peau de son torse, seule peau qu'elle pouvait atteindre, vu sa taille.

Elle caressa de façon involontairement possessive ce sexe gonflé et durci qu'elle savait dressé pour elle, et qui à la fois l'inquiétait et la rassurait.

Sa caresse devint soudain plus vigoureuse et en voyant qu'il retenait un sursaut, elle comprit qu'elle lui avait fait mal. Mais elle lui avait interdit de la toucher…

Elle se fit plus douce.

Elle se sentit d'humeur plus entreprenante. Sa main rampa au-dessous de son sous-vêtement, et elle sentit qu'il se raidissait davantage. Mais il ne chercha pas à la toucher.

Elle sentit alors naître en elle un formidable sentiment de puissance. Sa main s'enfonça plus profondément dans son pantalon et sa caresse se fit plus intense. Sa langue parcourut voluptueusement la zone de peau à la naissance de son cou. Elle l'entendit inspirer, faisant trembler profondément la poitrine sur laquelle elle était appuyée.

Elle détaillait de ses doigts cette partie de son corps qu'elle connaissait assez peu, finalement. L'humidité qui en résultait et qui commençait à imprégner sa main la troubla et elle pensa qu'elle commençait vraiment à jouer avec lui.

Elle hésitait…

Puis en un élan, elle descendit doucement le long de son buste, embrassant au fur et à mesure le dragon pourpre qui s'étendait sur sa peau. Ses genoux heurtèrent le sol. Ses bras entouraient à présent ses hanches et ses mains se posèrent sur ses fesses, alors que son visage se trouvait face à cette zone brûlante. Elle en sentit presque la chaleur embraser ses joues. Ou bien était-ce sa propre réaction devant l'énormité de ce qu'elle s'apprêtait à faire…

Elle se mordillait la lèvre inférieure, le cœur battant, hésitante, se demandant si son courage la porterait jusqu'à ce qu'elle avait décidé de faire.

Elle remarqua alors que les mains de Severus étaient contractés, poings serrés, à s'en rompre les articulations. Elle les effleura et les dénoua de ses caresses, avant de les libérer à nouveau le long de son corps.

Puis soudain, les joues en feu, elle referma ses mains sur le rebord de sa ceinture et tira d'un coup sec.

La violence de ce qu'elle vit, ce sexe dressé ne l'arrêta pas pour autant. Elle sentait calme à présent, apaisée, aimante. Presque reconnaissante. Toute trace de préméditation avait disparu.

Elle effleura légèrement son sexe, et cette chair rose et luisante palpita de plus belle. Une perle translucide apparut à son extrémité et elle vint la cueillir du bout de l'index avant de la porter à sa bouche. Saveur salée. Elle porta à nouveau la main à cette zone si sensible et la caressa doucement.

Elle se sentait totalement sous l'emprise d'un désir imprégné d'une tendresse incontrôlable. Non d'amour. On ne pouvait vivre une telle situation, y éprouver de tels sentiments sans que ça ne soit de l'amour. Cet instinct-là ne pouvait être que celui de l'amour.

Cette chair rose était à elle et l'appelait, semblait l'implorer. Elle porta cette peau si douce, cette fragilité à ses lèvres, l'effleura, l'embrassa doucement, puis l'accueillit dans sa bouche.

Elle le sentit frémir et se délecta de cela.

Sa main rampa entre ses jambes et remonta en caressant au passage une zone si sensible qu'il eut un long frisson, et vint soudain poser sa main contre son visage, crispée sur sa joue, alors qu'elle caressait toujours l'extrémité de son sexe avec sa langue.

Elle n'eut pas le cœur de lui demander de ne pas la toucher. Il pouvait faire ce qu'il voulait à présent…Elle leva alors les yeux vers lui et découvrit sur son visage quelque chose de bouleversant.

Son visage détourné et à demi penché vers le bas était à moitié dissimulé par le dos de sa main plaqué sur sa bouche, si bien qu'elle pouvait voir l'intérieur de sa paume et la marque sur son avant bras. Ses yeux étaient fermés, ses paupières contractées, sa respiration haletante.

On aurait dit qu'il se retenait de crier. On aurait dit qu'il souffrait et elle crût un instant qu'elle en était à l'origine. Elle s'appliqua à rendre ses gestes plus doux, plus profonds, plus langoureux.

La main qu'il avait posée sur son visage se crispa soudain et la griffa au passage.

Hermione laissa échapper une plainte et leva à nouveau les yeux vers lui.

Sa respiration était saccadée, presque désordonnée, et il était couvert de sueur.

Ses yeux s'ouvrirent et se posèrent sur elle. Au prix d'un effort visiblement colossal, il parvint à parler. Son état semblait tel, si lointain, que même la parole devenait un exercice difficile.

« - Tu sais ce qu'il…Risque de se passer… »

« - Bien sûr, ne t'inquiète pas pour ça… »

« - Relève-toi… »

« - Non. »

Elle lui sourit doucement, pour le rassurer.

« - Relève-toi. »

Il se baissa et l'attrapa à bras le corps pour la relever. Elle se doutait bien qu'un tel geste coûtait énormément à son plaisir masculin mais il semblait, comme toujours et au détriment de sa nature Serpentard, faire preuve d'une sorte de conscience protectrice qui se déclarait toujours quand on ne l'attendait pas.

Et avant qu'elle n'ait pu rien dire, il l'embrassa, l'enveloppant dans ses bras de cette façon si possessive qu'elle aimait tant…

Mais elle ne supportait pas de le laisser si insatisfait alors qu'il allait bientôt atteindre la jouissance grâce à elle.

Elle avait chaud. Elle aurait voulu retirer tous ses vêtements pour la deuxième fois de la matinée.

Mais quelque chose de plus important lui restait à faire.

Elle passa sa main entre eux et atteint son sexe à nouveau, ne le lâchant plus. Il enfouit sa tête au creux de son cou. Et alors qu'elle amorçait un mouvement langoureux de va-et-vient, elle entendit un gémissement qui fut pour elle plus émouvant que le plus triste des sanglots.

Sa caresse s'amplifia, devint plus ferme, plus forte.

Elle l'entendit respirer de plus en plus vite et fort, haleter. Cela ne dura pas bien longtemps. Elle sentit qu'il s'arquait contre elle. Toujours serré si étroitement...

Une substance chaude inonda sa main.

Et elle sentit un peu de son poids tomber sur elle, contre elle. Comme un enfant que l'on consolerait.

Elle effleura une dernière fois cette chair si tendre et il eut un frisson. Ses doigts étaient encore chauds et mouillés de lui, et elle eut la sensation en constatant cela de l'aimer plus qu'il ne faudrait.

Ils restèrent ainsi pendant un temps indéfini.

Et alors qu'il se redressait, en cherchant visiblement quelque chose à dire, quelque chose qui aurait gâché la magie de cet instant, ce bonheur si fugace qui s'était posé sur eux, elle l'embrassa doucement sur les lèvres et le fit taire.