Une nuit dans la Cabane Hurlante

Chapitre 1 : Le rendez-vous

Résumé : Que se passe-t-il quand Harry Potter et Draco Malefoy se retrouvent piégés dans la Cabane Hurlante après un malheureux accident ? Et pourquoi un mystérieux inconnu s'amuse-t-il à dominer leur volonté ? Mais, au fait, qui est ce mystérieux inconnu ?

Disclaimer : Tout est à madame J.K.Rowling et je ne me permettrais pas de m'approprier ses personnages...

Remerciements : Mes remerciements tout particuliers à Suzanne, alias Sibla Jackson, pour tous les fous rires qui m'ont, d'une façon bien mystérieuse, inspiré cette histoire...

Petite note : J'avais déjà publié les deux premiers chapitres de cette fic, mais je me suis encore laissé aller à la paresse, et j'ai laissé cette histoire en suspens sur le deuxième chapitre... J'en suis vraiment désolée ! Surtout que je m'étais promis d'aller au bout de cette histoire ! Donc, en allant la relire, je me suis dit que je devrais peut-être tout recommencer depuis le début, et finalement, j'ai un peu modifié les deux premiers chapitres et j'ai entamé la suite ! J'espère que ceux qui me lisaient me pardonneront, et qu'ils viendront lire la suite de cette fic... En tout cas, bonne lecture !

Une nuit dans la Cabane Hurlante

Par : Rony Dany

Chapitre 2 : Découverte des lieux :

Dans la lumière incertaine de la baguette, Harry vit la personne qu'il s'attendait le moins à voir.

- Malefoy ?

Draco Malefoy était étendu en face de lui, pieds et mains liés, et un baillon l'empêchait de parler. Harry voulut sourire en voyant la posture dans laquelle se trouvait son pire ennemi, mais alors qu'il avait à peine retroussé les coins de sa bouche pour rire, le regard noir de Malefoy l'arrêta de suite, comme s'il voulait convaincre Harry que les plaisanteries n'étaient pas à l'honneur rien qu'avec le regard. Mais Harry ne le voyait pas du même oeil. Son ennemi de tous les temps était étendu là, ridicule comme il ne l'avait jamais été, et il n'allait pas laisser passer l'occasion de lui rabaisser son honneur, mais sans exagérer : qui sait ce que Malefoy pourrait faire si jamais il allait trop loin ?

- Qu'est-ce que tu fais là, Malefoy ? demanda-t-il innocemment.

- Mmmh mmh mmmpf !

- Désolé, je n'ai pas encore appris le langage des trolls, répondit-il avec humour.

Mais Malefoy semblait ne pas avoir beaucoup de cet humour. Il lui lança à nouveau un regard chargé de haine et désigna les cordes qui lui liaient les poignets d'un signe de tête. Harry, bien décidé à rendre ce moment de pure joie un peu plus long, regarda les cordes que lui désignait Draco, les sourcils froncés comme s'il ne comprenait pas, avant de dire :

- Tu veux que je fasse quoi, au juste ?

Draco, qui fulminait sous son baillon, désigna à nouveau ses poignets liés d'un geste furieux de la tête. Est-ce que Potter allait se moquer de sa tête éternellement ?

- Aaaaaaaah, fit Harry, comme si le Gallion venait de tomber, tu veux peut- être que je te détache ?

Draco soupira, presque soulagé de voir que la comédie de Potter allait être terminée et qu'il allait enfin arrêter de le ridiculiser. Harry, de son côté, éclatait de rire intérieurement, et observait Malefoy attentivement. Comme il était à cet instant, assis par terre, sans rien dire puisqu'il était bailloné, les cheveux en bataille et le regard féroce, Harry commençait à comprendre pourquoi certaines filles étaient folles de lui...

QUOI????? Qu'est-ce que tu viens de penser, Harry ? Draco Malefoy est un pauvre type, arrogant, toujours à se pavaner. Ca doit être l'éboulement, les émotions remontent. Bon, reprends-toi, Harry, ce ne sont pas des choses à penser, et maintenant, délivre-le, retourne voir après Ron, et sort d'ici.

Harry suivit les conseils de son cerveau et se décida (enfin) à se pencher sur Malefoy pour aller défaire les cordes qui lui attachaient les poignets et les chevilles. Le problème était que le tunnel était plutôt étroit, et Harry devait faire tous les efforts du monde pour éviter d'écraser Malefoy ("éviter d'écraser Malefoy" était en fait un bien grand mot pour Harry qui s'en donnait à coeur joie. Finalement, après un tour de contorsionniste qui révéla un don que Harry ne se savait pas encore pour l'écrasement de personnes non-aimées, il sut passer ses mains derrière le dos de Draco et se pencha en avant pour défaire les liens.

Dieu que ses mains sont froides ! pensa-t-il soudainement lorsqu'il sentit les paumes gelées de Malefoy toucher ses propres mains. Je devrais lui demander depuis quand il est ici, il doit mourir de froid, le pauv...

HARRY ! Non, mais, à quoi tu penses ? Tu t'inquiète pour Draco Malefoy, maintenant ? C'est un pauvre type, arrogant, toujours à se pavaner, tu le sais très bien, et tu t'inquiète pour ce tas d'ordures ??? L'éboulement t'a complètement retourné, mon vieux, pour que deux fois, en une minute, tu te surprennes à parler de Malefoy en bien ! Reprends toi !

Les liens étaient très serrés, mais Harry parvint finalement à détacher les mains de Malefoy. Dès que ce fut fait, il se remit debout et obsera Draco qui enlevait son baillon délicatement. Il avait été si bien mis qu'il saignait maintenant de la lèvre en plusieurs endroits. Harry fut soudain secoué d'un frisson. Pas un frisson de froid, quelque chose d'autre, qu'il n'avait encore jamais senti. Il avait soudainement envie de toucher les lèvres de Malefoy, bleuies et meurtries par le froid.

Alors, comme si une force invisible le poussait en avant, il releva Malefoy, l'appuya contre le mur et le regarda dans les yeux.

Jamais il n'avait ressenti une telle chaleur. D'habitude, ces yeux gris et froids étaient chargés de haine, envers lui bien souvent, mais cette fois- ci, c'était différent : les yeux gris étaient surpris, étonnés, ce qui était une expression fort rare chez Draco Malefoy, et Harry se surprit lui- même à trouver que ce sentiment d'étonnement allait très bien à Malefoy. Le gris froid était devenu chaleureux, vif, on aurait dit qu'une vague d'énergie venait de submerger ces ronds parfaits et qu'elles tournoyaient autour d'un gouffre noir...

« Poétique, tout ça », dit une petite voix dans sa tête. « Très poétique. Mais est-ce que tu te rends compte de ce que tu fais, en ce moment ? Tu as plaqué Draco Malefoy, l'arrogant qui se pavane toujours comme un pauvre type contre le mur, et tu regardes dans ses yeux comme une fillette amoureuse... Est-ce que tu te rends seulement compte de ce que tu fais ? »

Harry, prenant effectivement conscience de ce qui venait de se passer, essaya de reculer, mais on aurait dit qu'une force, la même que celle qui l'avait obligé à plaquer Malefoy au mur, l'empêchait de bouger d'un centimètre vers l'arrière. Au contraire, il sentit que son visage se rapprochait dangereusement de celui de son ennemi, inévitablement attiré par ces lèvres bleues qui saignaient doucement, ce nez fier et droit, ces yeux gris profonds et les mèches d'un blonc presque blanc qui retombaient sur un front parfait. Dans ce moment magique, Harry se dit que si Draco avait été une fille et s'il n'était pas son pire ennemi, peut-être qu'il en serait tombé amoureux.

Si. Et seulement si.

- Potter ! Qu'est-ce que tu fais ?! cria Malefoy subitement, sortant Harry de sa torpeur.

Le charme était rompu. Les yeux gris étaient redevenus froids et chargés de haine, Draco Malefoy était redevenu un pauvre type arrogant qui ne faisait que se pavaner, et la voix qui semblait un instant douce était redevenue traînante et désagréable. Draco Malefoy était redevenu Draco Malefoy.

- Espèce d'imbécile ! reprit-il. Tu as sali ma robe en me poussant contre le mur...

- Ta robe était déjà sale, je te signale, aboya Harry d'un ton féroce. Il était furieux contre lui-même : qu'est-ce qui avait bien pu lui faire faire ce qu'il venait de faire ? Pourquoi, alors que depuis les années qu'il cotoyait Malefoy rien ne c'était passé, pourquoi maintenant, en cet instant précis, il venait d'être attiré par cet imbécile ? !

- Tu insinues que je suis sale ? lui demanda Malefoy encore plus férocement. J'ai assez d'argent pour rester propre et stylé, moi, pas comme ton ami Weasley, par exemple.

Harry se souvint alors que si Malefoy n'était pas Ron, où pouvait être son ami, alors ? Assez inquiet, il ne répondit rien à Draco et se retourna, essayant de regarder dans la pénombre si quelqu'un n'y était pas. Mais rien. Il n'y avait rien, et il devait s'en douter : si Ron était là, il l'aurait fait remarquer depuis bien longtemps, sauf s'il était blessé. Bon sang, où était-il ?

- Ron, au moins, ne s'est pas retrouvé ligoté et bailloné, répliqua Harry après un moment, trop inquiet pour vouloir à tout prix faire une bataille de répliques avec cet imbécile de Malefoy.

Harry crut que Malefoy rougissait, mais c'était plutôt difficile à dire, vu la couche de crasse qui recouvrait son visage. Toutefois, il regarda Harry comme s'il voulait le tuer rien qu'avec les yeux, puis se détourna et se dirigea dans la direction opposée à celle de Harry.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Harry sans s'en rendre compte.

- Je vais cueillir des mandragores sauvages, répondit Malefoy sans se retourner.

- Où est-ce que tu vas ?

- Je cherche une sortie, imbécile, dit Malefoy. Je ne tiens pas à rester ici avec toi jusqu'à ce que quelqu'un nous trouve, ce qui est d'ailleurs peu probable, vu que le Saule Cogneur est planté au bout de ce tunnel.

- Et tu sais où est la sortie ? demanda Harry.

- Non, mais je la cherche. Un tunnel doit bien aboutir à quelque chose des deux côtés. D'un côté, il y a le Saule Cogneur, et de l'autre, la sortie.

- Erreur, rectifia Harry. De l'autre côté, il y a la Cabane Hurlante.

Malefoy se stoppa net.

- Comment pourrais-tu le savoir ? demanda-t-il, le dos tourné, peut-être parce qu'il ne voulait pas montrer à Harry son état d'esprit.

- Je le sais, c'est tout.

- Et tu penses que je vais te croire ?

- Tu n'es pas obligé, mais tu peux toujours essayer.

Malefoy se retourna, s'avança vers lui et le regarda dans les yeux, comme s'il voulait s'assurer qu'Harry ne plaisantait pas. Harry, de son côté, soutint ce regard, conscient que s'il baissait les yeux, Malefoy prendrait ça pour une blague.

- Alors on fait quoi ? demanda Malefoy subitement.

Harry s'avança vers lui. Curieusement, on aurait dit que toute antipathie avait presque disparu. Quels en étaient les signes ? Tout d'abord, il y avait au moins une minute de passée sans que Malefoy et Harry ne se soient répliqué quelque chose de mordant. Ensuite, on aurait dit que le fait que les deux garçons soient en difficulté et ensemble avait calmé leur soif de haine. Malefoy avait besoin de Harry pour savoir ce qu'ils allaient faire, et Harry avait une terrible envie de savoir comment Malefoy s'était retrouvé dans le tunnel. Harry réfléchit quelques secondes avant de dire :

- Je ne vois qu'une solution : il faut qu'on trouve quel côté mène au Saule Cogneur.

- Et pourquoi ça ? demanda Malefoy.

- Parce que de l'autre côté, on ne saurait pas sortir. La Cabane Hurlante est fermée de partout, donc on a pas le choix, à moins de vouloir tester tes talents de cascadeur en essayant de sortir par une fenêtre. Et puis, je sais comment empêcher le Saule de nous frapper. Je te propose ceci : je nous sors d'ici, et en échange tu m'explique comment tu t'es retrouvé ici. Je ne demande rien d'autre, dès qu'on est dehors, on se laisse tranquille et on ne raconte rien de tout ça à personne. Alors, c'est d'accord ?

- Tu devrais savoir pourquoi je suis ici, lui dit Malefoy en guise de réponse.

Harry le regarda, les yeux agrandis de surprise. Que voulait-il dire ? Pourquoi devrait-il savoir une telle chose ?

- Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, répondit-il après un instant.

Malefoy l'observa fixement, comme pour s'assurer que Harry jouait la comédie, mais si l'expression qui était sur son visage n'était que pur mensonge, alors Harry devait être un très bon acteur, ce dont il doutait vraiment. Alors, était-ce possible qu'il ne sache réellement pas pourquoi il était là ? Hum, cette ignorance pourrait peut-être aider Malefoy...

- Alors, tu es d'accord, oui ou non ? demanda Harry une nouvelle fois.

Draco se trouvait devant un problème... sérieux. Harry le sortait d'ici, et en échange, il devrait seulement lui raconter comment il s'était retrouvé au beau milieu d'un tunnel sale et humide. Un donné pour un rendu. Oui, sauf qu'il jouait son honneur. Si Potter découvrait la raison pour laquelle il se trouvait maintenant à cet endroit, sûr que son honneur serait perdu. Sauf s'il mentait. Mais quelque chose lui disait qu'il ne mentirait pas. Ce n'était vraiment pas un comportement habituel que celui de petit garçon sage qui ne ment pas (oui, très très inhabituel, en fait), mais il sentait que quelque chose, qu'il n'arrivait pas à qualifier avec des mots, l'empêcherait de mentir au moment venu. Mais il ne pouvait tout de même pas lui raconter tout ! Que fallait- il faire ? Dire la vérité et perdre son honneur devant Potter ? Ou mentir mais s'en vouloir par après ? Ou encore, ne rien dire et devoir se débrouiller tout seul ? Qu'allait-il répondre ?

- C'est d'accord. Je te dirai tout si tu nous sors d'ici.

Harry attendit un moment, étonné mais ravi d'avoir, pour la première fois, su passer un marché avec Draco Malefoy.

- Viens, c'est par ici, dit-il finalement.

Sans bruit, il se retourna et scruta les profondeurs du tunnel. Si son sens de l'orientation était fiable, alors ils devaient aller du côté gauche. Malefoy attendit un petit instant, puis rejoignit Harry en faisant tournoyer sa cape avec grâce malgré la couche de saleté qui s'y était déposée, tout en le regardant fixement dans les yeux comme pour lui rappeler que s'il avait le malheur de l'entraîner ailleurs que vers la sortie, il aurait affaire au Grand Malefoy.

C'est ainsi qu'ils se mirent en route. Le tunnel était long, Harry en avait déjà fait l'expérience lors de sa troisième année. Mais il était d'autant plus long que de drôles de pensées lui traversaient l'esprit. Si un autre jour, on lui avait dit qu'il penserait que Draco Malefoy n'était pas si méchant que ça, il aurait rigolé, très certainement. Mais pas maintenant, dans de telles circonstances, pour la simple et bonne raison que quelques choses avaient changé depuis qu'il était sorti de son lit ce soir-là jusqu'à cet instant. D'abord, il y avait eu la surprise de voir Malefoy ligoté, vulnérable ; ensuite, il y avait eu le contact de leurs mains : Harry avait senti un énorme frisson le traverser, pourtant aucun coup de vent ne l'avait provoqué. C'est comme si le simple fait que leurs mains se soient touchées lui avait donné une sensation si... étrange. Après, il y avait eu le moment où il avait eu une si forte envie de serrer Malefoy dans ses bras, de le protéger, de le réchauffer. Comment en était-il arrivé là ? Ah oui ! il l'avait plaqué contre le mur et leurs yeux s'étaient rencontrés. Qui sait si il ne devenait pas fou ? Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi avait-il mis Draco contre le mur avant de le regarder fixement dans les yeux ? Et pourquoi ce regard lui avait-il fait se sentir si calme, si bien ? Tellement de questions, mais aucune réponse. Que s'était-il donc passé ?

Il y avait aussi eu leur alliance -si on pouvait appeler ça une alliance : ils avaient réussi à communiquer ! C'était déjà un grand progrès vers... vers quoi, au fait ? Qu'est-ce que Harry essayait-il de faire ? De devenir ami avec Malefoy ? Sûrement pas. Ca devait être autre chose. Ils avaient chacun besoin de l'autre, pour différentes raisons, et tous deux étaient assez malins pour comprendre que se disputer serait la plus idiote des choses à faire s'ils voulaient sortir de là. Et après ? Ils seraient dehors, Malefoy expliquerait peut-être la raison de sa présence à Harry, puis ils retourneraient dans leurs dortoirs respectifs et oublieraient tout. Le lendemain, en se réveillant, leur haine habituelle serait revenue et tout serait devenu comme avant dans le meilleur des mondes. Enfin, c'était ce que Harry pensait. Qui sait ce qui allait réellement se passer ?

Ce n'était pas triste non plus du côté de Malefoy ; il remuait des pensées désagréables et agréables en même temps, il n'aurait pas su dire, en fait. On aurait dit que quelque chose avait changé entre Harry et lui, mais sans pouvoir déterminer quoi exactement. Tout d'abord, il s'était retrouvé ridicule, ligoté, bailloné, et déshonoré, devant Harry Potter. Un concert de circonstances l'avait mené jusque là, ce qui pouvait paraître assez bizarre, d'une certaine façon, en tout cas d'après ce qui l'avait amené dans le tunnel du Saule Cogneur. Il s'était donc tout bonnement ridiculisé devant Potter, puis celui-ci l'avait fait languir, sachant qu'une occasion pareille de le rabaisser ne se représenterait pas de sitôt, et pour vraiment le dire, en profiter (d'ailleurs, lui même aurait sûrement fait exactement la même chose si les rôles s'étaient inversés). Finalement, Potter avait fait semblant qu'il venait à peine de comprendre (parce que Malefoy, au fond de lui, savait que Potter était quand-même "intelligent"), et il l'avait libéré. Jusque là, tout allait bien, ou tout semblait bien aller. Après, ça commençait déjà à dégénérer. Draco ne savait pas pourquoi, mais lorsque Potter avait frôlé ses mains pour enlever les liens qui les enserrait, il avait ressenti... quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti. C'était indéfinissable... Pas que ça ait été désagréable, au contraire, pendant un centième de seconde, il s'était senti bien, en sécurité, calme. Sauf que son cerveau n'avait pas accepté cette sensation plus d'un centième de seconde, et tout s'était évanoui en un instant. Evanoui, oui, mais pas oublié. Et puis Potter l'avait brusquement relevé, comme pris de folie, et l'avait poussé contre le mur. Draco, surpris, s'était laissé faire, et leurs regards s'étaient croisés. Encore une fois, cette sensation de calme, de bien-être, de sécurité, qui dura quelques secondes de plus. Potter semblait perdu dans un autre monde, mais Malefoy avait vite fait de le faire revenir à la réalité. Un peu par regret. Mais juste un peu. Après ça, il y avait eu ce marché. Il avait été on ne peut plus incertain, et toujours maintenant, il ne savait pas si il allait mentir ou dire la vérité à Potter. En temps normal, il aurait tout bonnement menti, pourquoi d'ailleurs aurait-il dit la vérité à "Potter"? Mais quelque chose avait changé, comme si l'air du tunnel du Saule Cogneur avait changé toute la haine que les deux garçons se portaient en autre chose... d'inconnu, et d'agréable. La seule chose qui restait à savoir était : qu'est-ce qui avait changé ? Mais aussi, pourquoi les deux garçons avaient-ils un comportement amical l'un envers l'autre ? Ce n'était vraiment pas normal qu'ils ne se soient pas encore battus ; il devait se passer quelque chose de très bizarre, mais quoi ?

Soudain, Draco se cogna à quelque chose qu'il crut reconnaître comme Harry. Il s'était subitement arrêté et regardait quelque chose devant, dans la pénombre du tunnel.

- On ne peut pas passer, dit-il, et Draco remarqua qu'il y avait un peu d'inquiétude dans sa voix. Le passage est bloqué par des pierres.

Draco, le front un peu douloureux après s'être cogné, regarda dans la direction vers laquelle Harry regardait. En effet, même dans la simple lueur de la baguette que Harry tenait, on pouvait voir un amas de rochers qui se superposaient du sol jusqu'au plafond, rendant impossible toute tentative de passage.

- Par où va-t-on aller, alors ? demanda Malefoy.

- Je ne sais pas, répondit Harry. Il n'y a pas d'autre passage pour sortir d'ici, j'en suis sûr.

- Mais qu'est-ce que c'est que ces imbécillités ! s'emporta Malefoy. Tu me dis que tu connais le chemin et que tu vas nous sortir d'ici, et maintenant on se retrouve coincé dans un tunnel obscur et sale, et tout ce que tu trouves à dire, c'est qu'il n'y a pas d'autre passage pour sortir ! On avait conclu un marché, si tu te souviens.

- Je sais, se défendit Harry, mais je ne pouvais pas prévoir que l'éboulement du tunnel nous empêcherait de sortir.

- Oh ! je ne pouvais pas prévoir que l'éboulement du tunnel nous empêcherait de sortir ! répéta Malefoy d'une voix aiguë qui ne lui allait pas du tout. Le problème, avec toi, Potter, c'est que tu ne prévois jamais rien !

Sur ce, il tourna les talons et s'enfonça dans les ténèbres. Harry, fâché de voir que Draco était toujours aussi méchant, ne voulut pas le suivre. Pour aller où, de toutes façons ? Ils ne sauraient aller que dans la Cabane Hurlante, et là, ils seraient coincés tous les deux ensemble. Oui, mais je n'ai pas envie de laisser Malefoy tout seul dans ce tunnel, et sans lumière, en plus. Temps pis, il n'avait pas besoin de me dire ce qu'il vient de me dire, qu'il se débrouille tout seul, je n'ai pas besoin de lui, de toutes façons... mais je ne veux pas rester seul ici non plus. Qu'est-ce que je dois faire ?

Non. Il n'irait pas. Pour le moment, il devait être au moins deux heures, il était fatigué, et il avait besoin de réfléchir. Réfléchir sur ce qu'il devait faire, comment il allait sortir d'ici, et s'il rejoindrait ou pas Malefoy, où qu'il soit.

Harry était déçu. Un moment, il avait cru que Draco Malefoy avait changé : pour une raison inconnue, il semblait être devenu plus gentil, moins agressif, mais son arrogance avait vite repris le dessus. Un instant il avait cru que Malefoy était peut-être quand-même quelqu'un de bien, mais en fait, non, Draco Malefoy était revenu le Draco Malefoy d'avant, un pauvre type arrogant qui ne faisait que se pavaner. Draco Malefoy ne pourrait pas changer, jamais, et c'était décevant.

Même très décevant.



Quelque part ailleurs, dans l'enceinte de Poudlard :

Une ombre glissait dans le hall d'entrée de Poudlard, furtive, dont les gestes, qui semblaient calculés à l'avance pour ne pas être repérés, semblaient déplacés dans cet endroit calme et froid. Un vent glacé soufflait et s'engouffrait par les minuscules interstices des fenêtres, murmurant comme un vieux loup qui ne parvient pas à avancer. L'ombre semblait ne se soucier ni du froid, ni du vent, en fait, elle ne semblait se soucier de rien. Elle avançait, doucement et sûre d'elle, vers la porte d'un bureau qui semblait occupé par une autre ombre.

La silhouette ouvrit la porte et abaissa la capuche qui lui couvrait le visage, dirigeant son regard vers l'autre ombre assise à un bureau, puis sentant les yeux de celle-ci lui rendre son regard.

- Tu es en retard, dit l'ombre du bureau d'une voix aussi froide que le vent qui s'engouffrait par la porte entrouverte.

- Nous ne sommes pas là pour parler de mon retard, répondit la silhouette en s'installant de l'autre côté du bureau.

Il y eut un silence pesant, qui fut bientôt interrompu.

- Quel est le bilan ? demanda la voix dure.

- Il ne s'est encore rien passé d'intéressant, répondit l'autre. Ils ont failli s'allier, mais se sont finalement disputés.

- Ils doivent ne se douter de rien. Est-ce bien le cas ?

- Je n'ai pas l'impression qu'ils aient l'ombre d'un doute. Rien ne semble pouvoir dénigrer nos plans, pour l'instant.

- Très bien. Je vais tenter de les réconcilier ; il ne faut pas qu'ils soient en guerre, ce n'est pas notre but.

- Je sais.

Deuxième silence pesant.

- Je n'ai plus rien à dire, déclara finalement la première ombre, celle qui semblait être moins autoritaire.

- Moi non plus.

Prenant cette phrase pour une invitation à partir, l'ombre furtive sortit et referma la porte, avant de reprendre son chemin en sens inverse, sûre de ne pas être vue. D'ailleurs, quiconque l'aurait aperçue se promener dans les couloirs ne l'aurait jamais reconnue. Jamais.

Voilà le deuxième chapitre ! Alors, comment que vous l'avez trouvé ? Draco et Harry qui commencent à changer, tout doucement, puis ils redeviennent méchants. Que va-t-il se passer, maintenant ? Harry va-t-il rejoindre Draco là où il est ? Ou restera-t-il seul dans le noir à remuer de sombres pensées ? Et qui sont les mystérieuses ombres qui se donnent rendez-vous pendant la nuit ? Que de questions ! N'hésitez pas à mettre des reviews pour me dire si vous avez aimé ou pas, j'attend encore vos conseils...

Rony Dany