Une nuit dans la Cabane Hurlante :
Chapitre 5 : Le récit de Draco
Résumé : Que se passe-t-il quand Harry Potter et Draco Malefoy se retrouvent piégés dans la Cabane Hurlante après un malheureux accident ? Et pourquoi un mystérieux inconnu s'amuse-t-il à dominer leur volonté ? Mais, au fait, qui est ce mystérieux inconnu ?
Disclaimer : Tout est à madame J.K.Rowling et je ne me permettrais pas de m'approprier ses personnages...
Remerciements : Mes remerciements tout particuliers à Suzanne, alias Sibla Jackson, pour tous les fous rires qui m'ont, d'une façon bien mystérieuse, inspiré cette histoire...
Petite note : Je sais, je sais, ce chapitre a plus de trois semaines de retard... Mais bon, il faut m'excuser, ma grand mère est décédée donc j'ai complètement arrêté d'écrire pendant une semaine et demi... En tout cas, je suis vraiment désolée de mon retard et je suis super contente de mes reviews : apparemment il y en a beaucoup qui sont un peu embrouillés depuis le chapitre 4, mais je suis contente, c'était le but ! Mystère, mystère... Ah oui ! je veux juste ajouter que je parlerai un peu plus de la vie à Poudlard avec Ron, Hermione et tous les autres parce que c'est nécessaire pour la suite de l'histoire : vous comprendrez tout ça plus tard (j'adore faire attendre... niark niark !) Et puis, je dois rappeler que cette fic a été débutée avant la sortie du tome 5 des aventures d'Harry Potter, donc en construisant la trame, je n'étais pas au courant de la prophétie et tout ça... Comme dans ce chapitre on va approcher le sujet de près, ne vous étonnez pas ! Enfin, je vous aurai prévenus...
PS : J'ai trouvé une petite compensation à mon retard : ce chapitre-ci est plus long que les autres !
Une nuit dans la Cabane HurlantePar : Rony Dany
Chapitre 5 : Le récit de Draco
« -Qu'est-ce qui te prend, bon dieu de m... ? ! s'exclama-t-il d'un air furieux à l'adresse de Malefoy.
- Tout n'est que conséquences du Manuscrit, dit celui-ci en guise de réponse.
Et il retomba dans l'inconscience. »
Harry ne savait pas ce qu'il devait faire, ce qu'il pensait et où il en était. Son cerveau était plus embrouillé que jamais et la scène qui venait de se passer avait encore plus compliqué les choses. Il essaya (vainement) de faire le point, de récapituler, de trouver quelque chose qui justifierait le geste et les paroles de Malefoy, mais rien ne lui venait à l'esprit. Et puis, il y avait tant de questions qu'il se posait : pourquoi se sentait-il toujours bizarre quand il était en présence de Draco ? Pourquoi celui-ci l'avait-il embrassé ? Que signifiaient ses paroles ? Pourquoi Draco lisait-il un livre qui était apparemment vierge ?...Et il y avait aussi toutes les questions à propos du reste de l'histoire : Ron était-il en bonne santé ? Quelqu'un avait-il remarqué sa « disparition » ? Que se passait-il à Poudlard ? Quelle heure était-il ?... Tant de questions qui tournoyaient dans son esprit sans qu'il puisse y répondre. Et Malefoy qui était toujours étendu par terre, inconscient...
Harry se laissa tomber sur le sol, abattu. Toute cette histoire avait un sens, il en était sûr... mais lequel ? Il essayait de réfléchir pour trouver la clé du problème, mais quelque chose, comme un scintillement, sur le mur en face, l'empêchait de se concentrer. Il releva la tête, arrêtant provisoirement de faire chauffer ses neurones, et regarda le scintillement avec plus d'attention. Il avait l'impression qu'un objet était accroché sur la paroi du mur, à moitié caché dans un renfoncement de pierre, un objet qui reflétait la lumière de sa baguette magique.
Harry se releva sans quitter l'objet du regard et s'avança vers la paroi du mur, éclairé par sa baguette magique. Lentement, très lentement, il tendit la main gauche vers le renfoncement du mur et tâta la pierre...
- Qu'est-ce que c'est que ça ? dit-il dans un murmure, tandis qu'il approchait un peu plus la lumière magique de sa main gauche. Calé dans sa paume se trouvait un petit objet brillant ; c'était un miroir carré qui ne devait pas mesurer plus de dix centimètres de côté. Il ne reflétait rien à part la lueur de la baguette magique de Harry. Le plus étrange était que le miroir semblait diviser la lumière en milliers de particules colorées qui scintillaient faiblement, glissaient sur la surface du miroir pendant quelques secondes et s'éteignaient finalement en laissant la place à des milliers d'autres particules colorées.
Harry mit le miroir dans la main qui tenait sa baguette et approcha l'autre de la surface lumineuse. Sa main ne rencontra aucune matière solide, mais il sentit une souffle léger qui lui parcourait les doigts.
Harry sursauta ; il venait d'entendre des voix. Elles ne semblaient pas venir du tunnel (d'ailleurs, qui aurait pu parler ?), mais du miroir même. Sans très bien savoir ce qui le poussait à faire ça, il approcha le miroir lumineux de son oreille et écouta.
Il sursauta à nouveau. Harry avait l'impression qu'une conversation se déroulait juste à côté de lui, pourtant, il n'y avait personne ; c'était comme s'il avait utilisé des Oreilles à rallonge (Oui, bon, là, on va faire comme si les Oreilles à rallonge étaient apparues dans le tome 4 et pas dans le cinquième, hein...) Un peu remis de sa surprise, il remis le miroir contre son oreille (il l'avait écarté en sursautant) et ferma les yeux pour écouter :
« -... Pas besoin de les stimuler plus que ça, disait une voix qu'Harry reconnaissait vaguement. Le Blond vient à peine d'attaquer l'autre !
- Mais il faut qu'ils se réconcilient... leurs caractères sont totalement différents, il faut absolument les allier le plus vite possible ! disait la voix de quelqu'un en colère.
- Justement, si ça va trop vite, ils ne pourront pas comprendre ce qui leur arrive, ce que nous devons à tout prix éviter ! Laissons-les en paix pour le moment, le temps fera...
- Monsieur, attendez ! coupa la voix en colère. Un des Surveilleurs a été découvert... c'est celui de la paroi côté Saule... Je crois qu'il vaudrait mieux de le débrancher... »
Il y eut un grésillement et les voix s'estompèrent peu à peu, devenant un murmure, puis le silence. Harry éloigna lentement le miroir de son oreille et il remarqua que les particules lumineuses s'étaient toutes éteintes ; le miroir était devenu complètement noir.
Si Harry avait bien compris, quelqu'un les surveillait... Le problème était de savoir qui ? Le jeune sorcier avait l'impression de reconnaître une des voix, mais le miroir transmettait les sons de manière légèrement déformée, et l'autre voix, quant à elle, était déformée par la colère. Il n'y avait aucun indice pour savoir qui étaient les gens qui parlaient, mais apparemment, ils avaient quelque chose à voir avec toute cette histoire.
Harry repensa à la fois où il avait plaqué Draco contre le mur et qu'il s'était égaré dans ses yeux... était-ce possible qu'il ait été manipulé par quelqu'un ? Oui, c'était très possible, mais quant à savoir par qui... Tout cela était embrouillé, vraiment très embrouillé, et pour couronner le tout, Harry commençait à avoir mal à la tête.
Il entendit soudain un bruit et se retourna, sa baguette magique pointée devant lui, l'oreille aux aguets. Il n'y avait rien devant lui, mais il entendit à nouveau un gémissement qui venait du sol ; baissant les yeux, il aperçut que Draco était en train de se réveiller...
A Poudlard, les horloges avaient sonné neuf heures depuis quelques minutes et la plupart des élèves se trouvaient en classe, à travailler. La plupart, mais pas tous. A l'infirmerie, un Ron Weasley d'humeur massacrante s'était fait soigner par Madame Pomfresh, l'infirmière miraculeuse. Celle-ci lui avait posé quelques questions sur l'origine de ses blessures, mais, après quelques « Suis tombé » que le garçon avait grogné, elle avait renoncé à chercher la vérité.
Ron était à présent assis sur un lit, le regard féroce. Son bras gauche, qui était recouvert de pansements sous lesquels les onguents de l'infirmière étaient en train d'agir, reposait mollement de son corps. Il était trop douloureux pour qu'il puisse le bouger ne serait-ce que d'un centimètre, d'ailleurs Hermione avait profité de cette infirmité pour l'obliger à aller chez Madame Pomfresh.
C'était à cause d'Hermione que Ron était furieux. Il lui avait posé des tonnes de questions pour découvrir comment elle avait pu connaître leur escapade nocturne, mais la jeune fille les avait toutes ignorées en répétant qu'il devait absolument aller à l'infirmerie s'il ne voulait pas se retrouver avec un bras en moins. Résultat : elle avait pu partir sans avoir laissé échappé une seule information intéressante pour Ron. Et, comble du comble, lorsque Ron lui avait dit : « Et si Harry était en danger, tu t'en fous complètement ou quoi ? ! », Hermione avait souri d'un air énigmatique sans rien répondre.
Ron était aussi énervé qu'intrigué ; bien sûr, il était habitué au fait qu'Hermione savait toujours tout, mais là, il ne voyait vraiment pas comment elle avait pu être au courant... Ni Harry ni lui-même ne lui avaient parlé de la lettre qu'ils avaient reçue, alors COMMENT POUVAIT-ELLE ETRE AU COURANT ? !
Ron voulut se lever pour faire les cent pas et réfléchir à tout cela, mais lorsqu'il fut à moitié debout, il vacilla et retomba mollement sur le lit. Il n'avait plus aucune force et il avait l'impression que des milliers de piverts lui picoraient l'intérieur de sa tête. Dépité, il se laissa tomber sur le coussin et s'endormit d'un coup.
Draco s'était redressé sur les coudes, les yeux dans le vague et l'air encore endormi. De son côté, Harry n'avait pas bougé et il pointait toujours sa baguette magique dans la direction de Malefoy.
- Que... qu'est-ce que tu fais ? demanda celui-ci d'une voix faible en regardant avec inquiétude la baguette de Harry.
Le Gryffondor ne put s'empêcher d'être gêné : que faisait-il, en effet ? Est-ce qu'il avait l'intention de lancer un sort à Draco, simplement parce que celui-ci s'était éveillé après une courte période d'évanouissement ? Non, bien sûr que non... Harry rangea sa baguette dans la poche de sa robe mais ne répondit rien.
- Euh, je... je ne me souviens plus... où... où est-ce qu'on est ?
Draco avait voulu se lever, mais il semblait trop faible pour parvenir à rester debout et retomba sur le sol. Instinctivement, Harry s'approcha de lui pour l'aider. Il lui prit le bras gauche et Draco s'appuya sur lui tandis qu'il le relevait. Une fois debout, Malefoy épousseta sa robe d'un geste machinal avant de se retourner vers Harry.
- Merci, dit-il, je n'aurais jamais pu me lever tout seul.
Harry resta bouche bée. Que se passait-il ? Pourquoi était-il venu à l'idée de Draco de le remercier, lui, son pire ennemi ? En y regardant de plus près, Harry remarqua que le Serpentard avait changé. Pas physiquement, mais dans la manière de se conduire. Il se tenait bien droit, mais il ne prenait pas un air dominateur comme il en avait l'habitude ; ses yeux n'étaient plus d'un gris terne, mais d'une couleur plus brillante et profonde. Et surtout, il ne parlait plus d'un ton cassant et désagréable, mais d'une voix aux tonalités plus vibrantes et beaucoup plus mélodieuses. Ses changements étaient-ils dus à son inconscience ?
- Où est-ce que tu vas ? demanda Draco d'une voix dénuée de toute agressivité, ce qui acheva de surprendre Harry.
Le Gryffondor, sans s'en rendre compte, s'était mis à marcher dans le tunnel, vers le côté où il débouchait dans la Cabane Hurlante. Il était encore sous le choc, car, en plus de tous les changements qu'il percevait chez Draco, il avait remarqué que celui-ci ne semblait pas se rappeler qu'ils s'étaient embrassés. Par contre, lui-même s'en souvenait assez pour ressentir une bouffée de haine envers Malefoy.
- Hé, attends ! Je ne sais même pas où on est !
Harry entendit Draco qui le suivait, mais ses pensées étaient trop occupées à ruminer toute cette histoire pour qu'il y fasse attention. Il continua à marcher et remarqua que Malefoy continuait de le suivre ; il avait pourtant l'air très essoufflé.
- Harry !
Le Gryffondor s'arrêta. Ce n'était pas tellement le ton suppliant de Draco qui l'avait surpris, mais le fait qu'il l'ait appelé par son prénom et pas par l'éternel « Potter ». Il se retourna et aperçut Malefoy qui se tenait les côtes, plié en deux et apparemment épuisé.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Harry d'un ton cassant.
- Est-ce que tu vas enfin... me dire... ce qui se passe ? ! répondit Draco, haletant.
Harry soupira avec agacement, mais lorsqu'il parla, sa voix avait heureusement perdu ce ton cassant qu'il détestait :
- Tu ne t'en rappelle donc pas ?
- Eh bien, je me rappelle de deux ou trois choses, mais je ne sais plus pourquoi je suis ici et pourquoi j'étais inconscient il y a deux minutes.
- Malheureusement, c'est deux questions dont je ne connais pas la réponse non plus, déclara Harry avec un sourire d'excuse.
- Alors, tu peux au moins me dire où tu vas ?
- Je vais dans la Cabane Hurlante, répondit Harry. C'est la seule issue du tunnel qui n'est pas bloquée. Tu te rappelles de la Cabane, au moins ?
- Je ne m'en rappelais pas, mais maintenant, j'ai quelques vagues images qui me reviennent à l'esprit, dit Draco.
Il fronçait les sourcils d'un air concentré et Harry ne put s'empêcher de penser qu'en effet, il pouvait être charmant, des fois.
- Je... je me souviens d'un lit... coupé en deux et... et d'un livre, un livre étrange... Par Merlin, le livre !
D'un coup, Draco se redressa ; on aurait dit qu'il venait de comprendre quelque chose. Il leva la tête vers Harry et, sans un mot, il se mit en marche vers la Cabane Hurlante. Interloqué, le Gryffondor se décida à le suivre et, quelques minutes plus tard, ils arrivèrent dans le petit hall qu'ils traversèrent d'un pas précipité. Ils montèrent l'escalier croulant et se retrouvèrent dans la seule chambre de l'étage.
Draco se précipita vers le fauteuil sur lequel le livre était posé. Harry, quant à lui, était resté dans l'encadrement de la porte, trop intrigué par l'attitude de Malefoy pour pouvoir faire autre chose que de le regarder. Les sourcils froncés, le Serpentard feuilletait le livre d'un air fébrile ; il s'arrêta après avoir feuilleté une cinquantaine de pages environ et, sans aucune explication, il s'installa dans le fauteuil pour se plonger dans le bouquin. Evidemment, lorsque Harry regarda de loin les pages, il vit qu'elles étaient totalement vierges.
Harry avait l'impression que sa tête allait exploser. Cette histoire était trop mystérieuse ! Draco qui se réveille après l'avoir embrassé mais qui ne se souvient de rien, deux personnes qui parlent d'eux et de surveillance, un livre vierge que Malefoy se met à lire sans rien vouloir expliquer au Gryffondor. Qu'est-ce que tout cela signifiait, bon sang ? !
Harry s'avança et se laissa tomber sur sa partie du lit. Il eut l'impression que la pièce tournoyait autour de lui et, d'un coup, il plongea dans le sommeil.
A Poudlard, la cloche sonna. Il était temps pour les Gryffondors d'aller au cours de métamorphose. Ron n'étant toujours pas revenu de l'infirmerie, et Harry étant toujours absent, Hermione entra seule dans la classe. Le professeur McGonagall s'y trouvait déjà, ainsi que la plupart des autres élèves de Gryffondor. Hermione s'installa rapidement et le cours débuta.
Cinq minutes plus tard, on frappa à la porte. Le professeur McGonagall cria « Entrez ! » et la porte s'ouvrit devant... le professeur Rogue ! Tous les élèves tournèrent la tête lorsqu'il s'approcha pour murmurer quelque chose au professeur McGonagall. Celle-ci haussa un sourcil, puis hocha la tête et annonça :
- Miss Granger, il semblerait que le directeur veuille vous voir.
Hermione eut l'air légèrement étonné, mais elle prit ses affaires le plus vite possible et suivit le professeur Rogue jusqu'au bureau de Dumbledore. Il frappa à la porte et, quelques secondes plus tard, celle-ci s'ouvrit.
- Allez-y, ordonna Rogue.
Hermione entra, un peu intimidée, et se dirigea vers le directeur. Elle entendit alors la porte qui se fermait et se retourna, mais le professeur Rogue ne l'avait pas suivie. Lorsqu'elle se tourna vers le professeur Dumbledore, celui-ci s'était levé.
- Eh bien, miss Granger, je crois que je vais avoir besoin de votre aide.
Lorsqu'Harry se réveilla, il allait beaucoup mieux. Certes, il avait encore un peu mal à la tête, mais la douleur lancinante avait laissé place à un léger bourdonnement. Il ne se souvenait pas du rêve qu'il venait de faire, mais il se rappelait vaguement qu'il concernait en partie Draco. Lorsque Harry releva la tête en se frottant les yeux, il l'aperçut qui lisait toujours. Il avait vu tant de fois son air complètement concentré sur le livre que ça ne le surprenait plus beaucoup. Apparemment, Draco n'avait même pas vu que Harry s'était réveillé, trop plongé dans son bouquin pour remarquer quoi que ce soit.
Harry se redressa sur les coudes, songeur. Son cerveau retombait peu à peu dans la réalité : maintenant qu'il ne dormait plus, tous les mystères auxquels il était confronté semblaient l'assaillir. Il bailla, s'étira et décida de se lever, peut-être pour aller faire un tour dans le tunnel, peu importe, pourvu qu'il se dégourdisse les jambes. Au moins, s'il sortait, il pourrait essayer de tirer tout ça au clair.
Il se dirigea vers la porte, mais soudain, Draco l'interpella :
- Harry ? Où est-ce que tu vas ?
Le jeune Gryffondor ne trouva rien d'autre à dire que :
- Tiens, tu n'es plus plongé dans ton bouquin ?
Draco fronça les sourcils, comme s'il se rendait seulement compte du temps qu'il avait passé le nez dans le livre. Avec ce petit air innocent, il était vraiment très charmant.
- Est-ce que je peux te confier quelque chose ? demanda-t-il soudainement, sans répondre à la question de Harry.
Celui-ci, qui s'était retourné vers la porte dans l'espoir de pouvoir sortir, fit volte-face, aussi étonné que s'il avait vu Draco danser le cha-cha avec un collier de fleurs autour du cou. C'était invraisemblable : Draco, se confier ? Malgré tout, Harry dût reconnaître qu'il était intrigué, et qu'il n'avait plus tellement envie d'aller prendre l'air. Il remarqua alors qu'il n'avait pas donné de réponse à Draco, et que celui-ci le regardait avec insistance pour qu'il lui en donne une.
- Euh... je... oui, dit-il finalement.
Résigné, il s'avança vers le lit et s'y assit, face à Draco.
- Je sais que ce n'est pas dans mes habitudes de parler de moi comme ça, dit celui-ci lorsqu'Harry fut installé.
Le Gryffondor eut un sourire dubitatif : Draco, ne pas parler de lui ? C'était comme dire qu'Hermione détestait faire étalage de ses connaissances, autrement dire, c'était un gros mensonge.
- Ecoute, Harry, je te parais peut-être un peu bizarre, continua Malefoy, l'air légèrement hésitant. Il y a quelque chose qui a changé en moi, et je n'en suis pas tout à fait responsable. Enfin, je... je ne sais pas... je me sens comme libéré d'un poids, alors que je ne savais pas que je le portais sur mes épaules depuis des années et des années...
- Attends, là, je ne comprends rien, coupa Harry, les sourcils froncés. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de poids ?
- Laisse tomber, Harry, je vais commencer l'histoire autrement, dit Draco. Tu permettes que je t'appelle Harry, au moins ? ajouta-t-il comme si c'était la question la plus importante qu'il ait jamais posée de toute sa vie.
Les paroles s'échappèrent de la bouche de Harry avant qu'il ne puisse les ravaler :
- Bien sûr, c'est toujours mieux que cet éternel « Potter » !
Draco eut un pâle sourire ; Harry avait l'impression qu'il y avait un peu de tristesse dans ce sourire, mais il n'aurait pas pu le jurer.
- Bon, Harry, je crois que je vais commencer par le commencement, reprit Malefoy. Je détestemon père.
Harry fut plus étonné qu'il ne l'avait été de toute la journée, qui avait pourtant été la plus étonnante de toute l'année, non, de toute sa vie au moins. Draco détestait son père ? Impossible ! Il n'arrêtait pas de parler de son père comme du grand héros qui connaît tout le monde et qui « a des relations » !
- Oui, je sais, on n'aurait jamais pu le deviner, dit Draco lorsqu'il vit la surprise de Harry. Mais je suis sincère. Je le déteste.
- Mais... pourquoi ?
- Eh bien, quand on voit la famille Malefoy de l'extérieur, on pense tout de suite : « Encore des foutus sorciers qui se vantent d'être des Sangs-Purs, qui ont toutes les richesses du monde et qui en veulent encore. Ils font des enfants pourris gâtés, aussi détestables que leurs parents, et ces enfants détestables auront eux aussi des enfants horribles, et ce 'gène de méchanceté' se transmet de génération en génération. Ils ne connaissent rien du malheur, parce que eux-mêmes le répandent partout, pas en tant que victimes, non, en tant que coupables. Ce sont des horribles personnages qui se font des amis grâce à la ruse et à l'argent qu'ils amassent, et qui sont avides de pouvoir. »
Il avait dit tout cela d'une traite, comme si sa vie en dépendait. Harry l'écoutait avec attention et il dût reconnaître qu'il faisait partie des personnes ayant cette opinion des Malefoy et autres familles de ce genre.
- On pense tout de suite à ces clichés, poursuivit Draco, mais on ne pense jamais qu'il pourrait en être autrement. J'ai l'impression qu'à cause de mon père, j'ai une étiquette collée sur le front, et que cette étiquette me classe dans la catégorie des « méchants ». Alors je me sens obligé de suivre l'exemple de mon père, ma mère et leurs amis. Je le fais, même si je sais très bien que ça ne m'amuse pas du tout, que je déteste être quelqu'un qu'on me dicte d'être au lieu d'être moi-même. Voilà pourquoi je déteste mon père.
Il se tut, mais comme Harry ne faisait aucun commentaire, il reprit :
- J'ai vu ce que mon père et ceux qu'il appelle ses amis ont faits aux autres sorciers, et même aux Moldus. Au début, j'ai réussi à me convaincre que c'était amusant, mais, très vite, ça m'a dégoûté. Et, alors que je ne savais plus du tout dans quel camp je me trouvais, chez les « bons » ou chez les « méchants », mon père m'a fait une proposition. Avant de venir à Poudlard, il m'a dit que le Seigneur des Ténèbres recherchait des partisans. Et qu'il souhaitait que je rejoigne ses rangs.
Nouveau silence. Harry était complètement captivé par le récit de Draco. Jamais il n'aurait pu penser que sa vie était si compliquée.
- Alors, qu'est-ce que tu as dit ? demanda-t-il au Serpentard, voyant que celui-ci ne continuait pas son histoire.
- J'ai accepté. Je ne pouvais pas dire non, tu comprends ? En fait, en résumé, j'avais un choix à faire : soit je refusais, j'échappais à tous les meurtres, toutes les hypocrisies auxquelles je m'attendais du côté des Mangemorts, mais je reniais ma famille et je la déshonorais, pour venir en humilié du côté de Dumbledore, soit j'acceptais, je rejoignais ma famille, je faisais honneur aux Malefoy et je ne devais faire, en contrepartie, que de petites choses insignifiantes que je pourrais toujours me convaincre de ne pas avoir faites quand les remords m'assailliraient. Je savais bien qu'un jour, je devrais faire ce choix, et je croyais m'y être préparé. Alors j'ai accepté, mais je me suis vite rendu compte qu'il était impossible de se préparer à devenir Mangemort.
Draco inspira une grande bouffée d'air ; il semblait troublé, et Harry lui demanda :
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Il y a eu une sorte de test, répondit-il après une pause. Le jour avant la rentrée à Poudlard, mon père m'a conduit dans un vaste domaine, celui où « habitait » le Seigneur des Ténèbres. C'était une sorte de grand manoir, plus grand que celui des Malefoy, et beaucoup plus sombre. Je suis allé dans le bureau, avec mon père, et là, nous avons rencontré Peter Pettigrow, le laquais du Seigneur Ténébreux. Il nous a dit que le test aurait lieu dans la Salle Noire. Je ne savais pas ce que c'était et j'étais fort curieux d'y aller, à ce moment-là, mais maintenant, je regrette de le savoir.
- Qu'est-ce que c'était ? demanda Harry.
- Une sorte de pièce de tortures, sauf qu'elle était aussi vaste que la Grande Salle de Poudlard. Elle était divisée en une centaine de boxes et je n'ose même pas imaginer ce qu'il s'y passait. Queudver nous a conduits jusqu'à la salle, mon père et moi, puis il m a désigné un des boxes, et j'ai dû y aller seul. Bien sûr, c'était là que se trouvait le Seigneur des Ténèbres. Juste à côté de lui, couché sur le sol, il y avait une jeune fille que je ne connaissais pas. Le Seigneur m'a souhaité la bienvenue dans la « Chambre des Tortures Absolues », comme il l'appelait, et il m'a expliqué que la mère de la jeune fille était une Mangemorte recrutée par Nott, un ami de mon père, mais elle avait trahi le Seigneur des Ténèbres. Il voulait la punir, mais il ne savait pas comment. En fait, il cherchait un moyen pour lui faire le plus de mal possible avant de la tuer ; pour lui, le sortilège Doloris n'était pas encore assez puissant. Alors il a eu une brillante idée : s'attaquer à sa fille. Et, bien sûr, c'est à moi qu'il a confié la tâche de la faire souffrir.
Harry frissonna invonlontairement. Il buvait littéralement les paroles de Draco, ses sourcils se fronçant un peu plus à chaque phrase.
- Ils ont amené la mère, continua Draco, et la torture a commencé. Au début, le Seigneur des Ténèbres m'a ordonné de jeter des sortilèges de base, juste pour épuiser la jeune fille. J'étais de plus en plus dégoûté de mon « boulot », mais je ne pouvais absolument rien faire, et je devais rester le plus neutre possible. Mieux, je devais avoir l'air de m'amuser. Après un quart d'heure de « petites » tortures, les sortilèges ont été de plus en plus dangereux et, en fin de compte, la jeune fille était meurtrie, du sang coulait à flot de son corps et elle avait l'oeil gauche crevé, mais elle vivait toujours. Sa mère, retenue par deux Mangemorts, hurlait qu'on la laisse tranquille, mais Voldemort riait comme si c'était le spectacle le plus intéressant qu'il ait jamais vu. Finalement, la fille s'est effondrée sur le sol ; elle n'avait plus qu'un bras, car le Seigneur des Ténèbres m'avait fait lancer un sort de Déchirement, et elle avait perdu tellement de sang que je pataugeais dedans. Alors, il m'a regardé et m'a dit d'un ari ravi : « Jette lui un sortilège Doloris, je crois bien qu'elle n'y survivra pas ! ».
- Tu as obéi ? ! demanda Harry, incrédule.
- J'entends encore les cris de sa mère... Elle, elle avait trop hurlé pour pouvoir crier sa douleur... Je revois encore son visage en sang, et l'oeil
crevé, je...
La voix de Draco se brisa ; Harry crut qu'il allait pleurer, mais, après avoir respiré trois grands coups, il reprit :
- Après ça, Voldemort a tué la mère, sans transition. Puis, il a ordonné aux deux Mangemorts de nettoyer la Chambre et il m'a fait visiter le reste de la Salle Noire. Tous ces gens, torturés, je crois que c'est ça qui m'a réellement convaincu de l'horreur de la chose. Mais je ne pouvais rien y faire...
- Tu aurais pu éparger la vie de cette fille ! s'exclama Harry en se levant du lit. Tu n'étais pas obligé de la tuer !
Draco lui lança un regard désespéré.
- Je ne crois pas que tu aies bien compris la chose, Harry. Je n'avais pas le choix. Cette fille allait de toute façon mourir, et, si jamais j'avais voulu me rebeller, crois-moi, je ne serais pas ici à cet instant. Je serais sûrement dans un des boxes de la Salle Noire, à attendre avec anxiété de mourir dans la douleur.
Harry se rassit sans bruit. Draco avait raison ; maintenant, il se rendait compte à quel point la vie du Serpentard avait été injuste. Et lui, lui qui se croyait le pauvre petit malheureux, orphelin et promis à une destinée terrible. Au moins, il valait mieux ne pas avoir de famille que d'en avoir une comme celle de Draco ; pour la première fois de sa vie, il fut heureux de sa situation.
- Le lendemain, je devais aller à Poudlard, reprit Draco après un moment. Et depuis, je n'ai rien dû faire pour le Seigneur des Ténèbres, heureusement, d'ailleurs. Le problème, c'est que je ne sais plus quoi faire ! Si je me rebelle, je suis sûr que ma vie sera vite abrégée. Si je reste, je ne supporterai pas de vivre d'autres expériences semblables à celle que j'ai vécue ce jour-là...
Harry ne trouva rien à dire. Il aurait voulu aider Draco, sincèrement, mais il ne savait vraiment pas quoi faire. Il le considérait d'un angle nouveau, et il avait l'impression que c'était la première fois qu'il voyait le vrai Draco Malefoy.
En parlant de Draco, celui-ci reprit :
- J'ai l'impression de changer. Et cela, depuis que je lis ce livre.
Il referma le livre, puis le rouvrit. Harry ne put s'empêcher de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres :
- Comment se fait-il que tu sais lire ce livre ?
Draco lui lança un regard interrogateur.
- Pourquoi me le demandes-tu ?
- Je... euh, je l'ai regardé, tout à l'heure, quand tu étais dans le tunnel, répondit Harry, un peu gêné. Mais je n'ai rien vu ; toutes les pages étaient vierges.
- Je ne comprends pas. Ce livre est vraiment bizarre, en fait. Hier, j'ai eu une envie irrépressible de le lire, et j'ai pu parcourir une cinquantaine de pages. Après la numéro 50, elles étaient toutes vierges. Et, ce matin, lorsque je me suis réveillé, j'ai eu cette même envie irrépressible de lire, et j'ai remarqué qu'il y avait de nouvelles pages : de la 51 à la 100. En bref, je dirais que c'est un livre dont les pages apparaissent cinquantaines par cinquantaines. Mais je ne comprends pas pourquoi tu ne sais pas le lire.
Harry se tut. Il savait que Draco pensait toujours à ce qu'il venait de raconter à propos de son père.
- Ecoute, Draco... Tu permets que je t'appelle Draco, au moins ?
- Bien sûr, c'est toujours mieux que « Malefoy », répondit-il avec un sourire narquois.
Harry ne put s'empêcher de sourire lui aussi, mais il retrouva vite son sérieux. Lui aussi, il songeait au récit de Draco. Finalement, il se leva du lit et dit :
- Je suis vraiment, vraiment désolé de t'avoir pris pour quelqu'un d'autre.
Draco comprit tout de suite de quoi il voulait parler ; il semblait touché par les paroles de Harry. Il se laissa tomber sur le lit avec lassitude et murmura :
- Je déteste ma vie.
Harry se retourna et remarqua qu'une unique larme roulait sur la joue de Draco. Instinctivement, il alla vers le Serpentard et, sans même réfléchir à ce qu'il faisait, il passa un bras autour de ses épaules. Il entendit alors Draco qui disait tout bas : « Je suis désolé d'avoir été l'odieux personnage que tu connaissais » et il resserra son étreinte.
Quelques minutes plus tard, Draco dormait paisiblement sur sa partie de lit et Harry était assis sur son propre demi-matelas. Il venait de passer le moment le plus extraordinaire de toute sa vie.
Bon, et maintenant, les réponses aux charmantes reviews que vous m'avez envoyées et qui m'ont soutenues. Je suis vraiment très heureuse de vos commentaires, et j'espère que vous pourrez me dire ce que vous pensez de ce chapitre ci aussi...
ALiNoU : Je vois pas très bien ce que tu veux dire quand tu parles du rapport avec le livre que Draco a lu. En tout cas, si tu n'as pas compris le rapport dans ce chapitre ci ni dans le quatrième, c'est parce que justement ça fait partie du mystère... Normalement, j'ai prévu de tout expliquer un peu avant la fin de la fic, mais je ne sais toujours pas combien de chapitres il y aura !
Bastet : Merci beaucoup beaucoup ! Ca me fait très plaisir des reviews comme les tiennes. En tout cas j'espère que tu trouveras ce chapitre aussi bien écrit, et, en plus, il est plus long ! J'ai remarqué qu'il était un peu plus sérieux aussi, mais bon, vu les circonstances, ç'aurait été déplacé de faire dans l'humour... Tu trouves ça comment, alors ?
Lily : Merci merci merci merci merci merci merci merci... Que dire d'autre quand on reçoit un trophée de l'auteur ? Ah oui, je remercie mes parents, qui m'ont mise au monde, et toute ma famille, qui m'entoure dans cette épreuve, et puis tous mes amis qui... non je rigole ! Encore merci et bonne lecture !
DooMby : Euh... je ne sais pas si tu as remarqué, mais la rapidité n'est pas vraiment mon fort ! Je sais, je suis lente, mais ce chapitre ci est plus long que les autres, c'est normal qu'il m'ait pris plus de temps ! Je crois que les réponses à tes questions ne se trouvent pas encore dans ce chapitre, mais je le promets, j'expliquerai tout un peu avant la fin... D'ici là, il faudra patienter, parce que je ne veux rien révéler. Encore merci pour tes encouragements !
Maria : Mmmmmmh, les deux ombres qui complotent ? En tout cas c'est pas moi qui vais le dire ! Mais personne n'a de petits soupçons ? Faut pas hésiter, faites des propositions, des hypothèses... ça peut toujours se révéler juste, hein ! Et ce n'est pas grave si tu n'avais pas vu le chapitre trois, c'est entièrement ma faute ! Je suis IMPARDONNABLE, et en plus, je suis lente et paresseuse Je sais, je sais... LOL merci pour ta review elle m'a fait plaisir ! ! !
Flo : Oui, enfin un bisou, mais ce chapitre-ci en est un peu dénué... Je sais qu'il n'y a pas beaucoup d'action dans celui-ci, mais c'était primordial que Draco raconte tout ça, parce que sinon, l'histoire n'aurait pas de sens, hein ! Et pour ton mari, on peut toujours chercher à St Louis, non ?
Ps : Non, je déconnais, je crois que tu rêves un peu trop... Un mari comme Draco ou Harry ? Impossible ! Ils sont trop parfaits ! ! !
Fanou : Oui, le mystère se dévoile peu à peu... Rendez-vous dans quelques chapitres pour tout comprendre ! En tout cas je sais pas comment je vais pouvoir expliquer toute l'histoire, ça me paraît super compliqué ! ! ! Mais vous pouvez toujours faire des hypothèses, hein !
Griffounette : La suite ? Ben c'est maintenant !
Voilà pour les réponses aux reviews, et maintenant la note de la fin : encore merci à tous ceux qui lisent cette fic et qui me laisse des reviews super sympas, ça m'encourage chaque fois que je songe à tout laisser tomber (NB : je suis atteinte d'une paressite aiguë, c'est une maladie très rare qui empêche de travailler ! LOL)
Et puis je ne sais pas quand je publierai le prochain chapitre, parce que je suis surchargée de devoirs, et que je ne sais aller à l'ordinateur qu'une semaine sur deux ! Mais je promets que je vais faire de mon mieux pour que ce soit le plus vite possible. Et peut-être même que je vais y mettre un peu d'action... Mmmmmh, là je sens l'inspiration qui vient ! ! !
Encore merci à tout le monde et rendez-vous au prochain chapitre...
Rony Dany
