Voilà, je me suis enfin décidée (malgré vos nombreux avis négatifs lol je suis têtue et puis on sait jamais, ça peut plaire !) je vais écrire la suite de L'Histoire de Lówen.
Mais avant de le faire, il faut que je publie une petite fic intermédiaire, qui présentera les deux nouveaux personnages principaux, en plus de Lówen. Euh, est-il nécessaire de préciser qu'il vaut mieux avoir lu Lysbeth, la fic de Yotma, avant de lire les miennes ?
Pour l'instant, je n'ai écrit l'histoire que d'un seul des deux (qui est un One-Shot d'ailleurs), mais il y aura dans celui-ci suffisamment d'éléments (pour ceux qui ont l'esprit vif et qui ont lu attentivement L'Histoire de Lówen) pour deviner qui sont ces nouveaux personnages car… Lówen a déjà adressé la parole aux deux, et, de plus, ils sont tous deux déjà apparu dans la fic à des moments « clés » (à euh… si comme indice je dis « des choses que Lówen a grâce à Irmo » ça vous convient ?).
Et, dernière précision, il y aura un autre personnage, moins important mais quand même, je vous laisse deviner lequel avec tout de même un indice : il est très très très jeune ! Voilà !
Sur ce, bonne lecture !! Et si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser !
Et dites, j'attend avec impatience de voir si certains sauront (Sauron aha je sais c'est nul…) deviner qui sont ces futurs personnages :op lol !
Ah et une dernière chose : il y a de légers « spoilers » de L'Histoire de Lówen… Très très très légers en y réfléchissant bien, je ne pense pas que ça gâchera le suspens, mais je préfère vous prévenir !
Entre deux vies
Chapitre Un : Julien :
Chevalier du Gondor ? Ou bien lycéen en terminale scientifique ? Et bien, aussi étonnant que cela puisse paraître, la réponse est à la fois chevalier ET lycéen. Deux identités, deux vies, deux mondes. Je suis à la fois Riagad, Gondorien, et Julien, lycéen, bien que ma vie en tant que Chevalier de l'intendant Denethor fut un peu trop courte à mon goût…
Je serais tout simplement incapable d'expliquer ce qu'il s'est réellement passé. L'explication des mondes parallèles ne me plaît pas, ou du moins, elle ne me convient pas, contrairement à Christophe, un ami qui a eu le même… « imprévu » que moi. La volonté des Valar ? Une idée séduisante si l'on y réfléchit bien, et l'une des autres nombreuses hypothèses de Chris. Je n'y crois pas non plus. Car nous n'avons à aucun moment eu un rôle déterminant. Bien-sûr, il est évident que si chaque soldat se disait cela, et déciderait par la même occasion de ne pas aller se battre, toute les guerres serait perdue d'avance, sans même avoir lieu. Mais tout de même. Nous avons été loin d'égaler les exploits d'hommes ou d'elfes tels qu'Aragorn, descendant d'Isildur et roi du Gondor, ou bien Legolas, prince de la Forêt Noire, loin au Nord du royaume où je vécus. Ou même cette jeune fille, Lówen, que je n'ai jamais aperçue que quelques fois aux côtés des fils de l'intendant bien souvent, sans jamais être capable de dire si elle était Elfe ou Mortelle…
Bref, tout ça pour dire que je n'ai aucune explication. Mais les faits sont là : je me suis retrouvé en Terre du Milieu, j'ai failli y perdre la vie, et pourtant, je préfèrais cent fois la vie là-bas…
Je me promenais simplement un soir, après une journée particulièrement éprouvante, mes pensées tournées vers Gwenaëlle, comme trop souvent à cette époque. La première fois que j'avais croisé son regard, j'y avais lu ténèbres et désespoir, et depuis, je n'avais eu qu'un seul désir : lui venir en aide. Mais je m'étais révélé bien incapable de lui apporter ce dont elle avait besoin, et je la faisais souffrir plus qu'autre chose… Et cela me tracassait au plus haut point.
Et donc ce soir-là, j'errais dans les rues, et j'étais finalement arrivé à l'orée du bois qui bordait ma ville, à l'extrémité de ma rue. J'allais poursuivre mon chemin pour rentrer chez moi quand une lueur attira mon attention. Accroché à la branche d'un arbre, dont je ne connaissais pas l'espèce, se trouvait un pendentif. Il était apparemment en argent, ou du moins d'une matière qui reflétait la lumière de la lune et des étoiles d'une belle lumière argentée. C'était de nombreux entrelacs celtes avec une pierre verte parfaitement sertie au centre, et le tout était d'une beauté au-delà de tout ce que j'avais pu voir comme bijou. Instinctivement je le pris et le passai autour de mon cou sous le coup d'une impulsion soudaine. Et aussitôt une immense lumière m'encercla, si intense que je me souviens avoir fermé les yeux le plus fort possible. Et en rouvrant les yeux, je ne me trouvais plus dans ma ville au bout de ma rue. J'étais au milieu d'une immense plaine. Ou plutôt un champs, car il y avait quelques jeunes pousses de blé. Il n'y avait rien d'autre à perte de vue, enfin, juste devant moi, parce qu'en tournant la tête sur le droite, j'eus la plus grande peur de ma vie. Une peur comme jamais je n'en avais connue, qui plongea mon cœur dans des ténèbres qui m'était encore inconnues, jetant un sombre nuage sur tous mes espoirs et mes rêves les plus chers… Pour la première fois de ma vie, j'apercevais les sombres pics des Monts de l'Ombre, et plus loin, les jets de lumières sanguinolentes de la Montagne du Destin, pour la première fois, j'apercevais le pays du Mordor, le sombre pays du Seigneur Ténébreux, celui qu'on m'a par la suite appris à ne jamais nommer…
Puis ma peur mua en panique, et, dans cette panique, je restai irrémédiablement cloué au sol, immobile, mes pieds refusant de bouger et le souffle court. J'entendis vaguement un bruit de sabots se rapprocher, et, en jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule, j'aperçus un cavalier, noir, tout comme sa monture, et derrière, vaguement, dans un nuage de fumée et de poussière, une gigantesque citée blanche. Je ne réfléchis pas, toujours possédé par la panique, et je tentais de m'enfuir en courant, en vain. Je fus bientôt rattrapé par le cavalier et plusieurs flèches sifflèrent dans mon dos pour venir se planter à mes pieds, m'obligeant à m'arrêter. J'avalai difficilement ma salive en entendant l'homme –ou quoique ce fût d'autre- descendre de cheval, et, prenant une profonde inspiration, je décidai de faire face. J'ouvris la bouche de stupeur, arrachant un sourire à l'homme qui se tenait devant moi, les mains négligemment posées sur les hanches. Grand, beau, des yeux sombres reflétant l'intelligence, la courage et… une profonde tristesse… Il retira sa cape et me la passa autour des épaules, rabattant le capuchon sur ma tête, et me fit signe de monter à cheval. Je décidai de lui faire confiance et j'enfourchai avec plaisir sa magnifique monture, caressant rapidement l'encolure.
- Baisse la tête, ne montre ton visage à personne, et enveloppe-toi du mieux que tu pourras dans la cape, me dit-il d'un ton autoritaire.
Ce que je fis, bien-sûr, aussitôt. Et je ne désobéis pas, au contraire, pour être sûr que personne ne me voit, je me mis à fixer le sol, et tout ce que je sus, c'est qu'il m'emmena dans cette vaste citée blanche que j'avais rapidement aperçue, et aussi que notre passage dans les ruelles fut très remarqué. Et pour cause : pour la seconde fois en l'espace de quelques mois, le capitaine Faramir faisait son entrée en ramenant un étranger. Cela, je ne le sus que plus tard, au cours d'un conversation avec des rôdeurs de l'Ithilien.
Bref, une fois descendu de cheval, il posa ses mains sur mes épaules et me poussa à l'intérieur d'un immense bâtiment. Toujours consciencieux de respecter ses consignes, je restai de mieux possible enveloppé dans la cape. Il m'emmena devant un trône, et je ne vis d'abord que les deux pieds chaussés de cuir de l'homme assis dessus. Mais cette fois, la curiosité fut trop grande et je levai la tête pour apercevoir le visage d'un vieil homme aux cheveux gris et au regard intelligent où perçait malheureusement une sombre lueur de folie. L'Intendant du Gondor, Denethor. Je soutins difficilement son regard qui me transperçait comme de l'acier, et finit d'ailleurs par baisser les yeux.
- Je commence à être las de tout ceci Faramir.
- Père je…
- Je ne veux aucune explication. Je devine bien pourquoi tu l'as ramené ici au lieu de le tuer comme je te l'avais demandé, coupa Denethor, et ces mots me glacèrent d'effroi, mais éveillèrent aussi plus encore ma curiosité.
- Il a le même regard que cette insolente, partie sans un remerciement.
Les mains de Faramir, toujours posées sur mes épaules, se crispèrent douloureusement.
- Et même s'il n'est pas un elfe, il est pourtant du même peuple qu'elle.
Un elfe… Un elfe ? Je me souviens avoir sérieusement douté de mes capacités auditives ce jour-là…
- Père, insista Faramir. Nous manquons d'hommes dans cette guerre contre le Mordor, nous ne pouvons refuser lorsqu'elle nous est proposée.
- Parce qu'il nous a proposé son aide ? Mais depuis quand un homme… un tout jeune garçon peut-il faire la différence ?
Tout jeune garçon ? Bon, d'accord, je n'avais que dix-huit ans, mais quand même !
- Néanmoins, il est entré dans Minas Tirith et a passé les sept portes, il ne peut donc pas repartir ainsi. Tu t'occuperas de l'armer, et pour un court moment, je l'envoie à Osgiliath avec tes troupes. Débrouille-toi pour lui trouver un cheval et tout le reste.
Je n'osais pas relever les yeux su le visage de Denethor, mais je sentais son regard posé sur moi, tentant de me découvrir, d'entrer dans mon esprit, mais je l'en empêchais silencieusement.
- Et qu'il ne se reparaisse pas sous mon regard avant que j'en donne l'ordre, car il me semble bien aussi insolent qu'elle !
- Bien père.
Faramir s'inclina et me poussa fermement vers la porte. Dehors, il me fit remonter à cheval et nous redescendîmes la citée. J'avais de nouveau les yeux rivés au sol, et j'attendis patiemment qu'il me dise de descendre ou me pose une question ou… ou autre chose. Je ne savais pas au juste ce que j'attendais, mais tous mes muscles étaient tendus dans l'angoisse de cette attente. Mais une fois hors des murs, il continua sa route et poussa même son cheval au galop, et j'aperçus bientôt, beaucoup trop proche pour moi des Monts de l'Ombre, une citée portuaire, la citée d'Osgiliath.
Ce ne fut qu'une fois entre les murs de cette citée qu'il repassa au pas. Il arrêta son cheval devant une immense tente rouge, et, me faisant signe de l'attendre dehors, il entra. Il ressortit quelques minutes plus tard accompagnés de deux hommes à la peau claire, aux cheveux sombres, les yeux gris et le visage triste et fier.
- En effet, dit l'un d'eux en me voyant. Mais… Je ne sais pas si…
- C n'est pas un elfe, déclara catégoriquement le second.
- Attendez, pas ici, intervint Faramir.
Ils m'emmenèrent dans une petite tente bleue à côté, et je pus enfin m'asseoir. Faramir me fit signe de retirer ma cape, ce que je fis à contrecœur. Aurais-je oublié de préciser que ces hommes étaient vêtus de cuir, de cottes de mailles et même de certaines pièces d'armure ? Et moi… en jean et chemise blanche, et mes chaussures de ville joliment cirées… Mais ils n'y firent que très peu attention.
- Voici Mablung et Damrod, dit rapidement Faramir. Et tu es ?
- Riagad.
Ces mots étaient sortis de ma bouche, et j'avais pourtant l'impression que quelqu'un d'autre les avait prononcés à ma place.
- Riagad… Ce n'est pas elfique, dit Mablung. Ce n'est de toute façon pas un elfe. Bien qu'ils aient tous deux cette même lueur dans les yeux.
- Lówen n'était pas non plus une elfe. Elle s'évertuait à le répéter, fit remarquer Faramir. Elle disant venir d'une contrée trop éloignée pour que nous puissions la connaître. Et puis, elle n'avait pas les oreilles pointues, ajouta-t-il sans conviction.
- Si elle-même n'était pas une elfe, ses armes et ses habits l'étaient, ainsi que sa monture, ses vivres, sa façon de combattre, ses chants, et son anneau, énuméra Damrod en comptant surs ses doigts.
- Et sa sagesse… Même si elle était en même temps trop enflammée… Et leur volonté, et leur agilité, et leur beauté. Mais lui aussi est beau, pas comme un elfe, mais comme elle.
« Oulà ». C'est tout ce que j'étais capable de penser. J'essayais de suivre du mieux possible leur conversation, mais trop de choses m'échappaient, et une en particulier, et ce depuis le début…
- Qui est cette Ló… Lów… Cette fille dont vous parlez ? demandai-je en butant sur mes mots.
- Il ne connaît pas son nom, donc il ne la connaît pas elle, remarqua Mablung.
- Ce n'était pas son nom, seuls les elfes l'avaient nommée ainsi, dit Faramir, puis il se tourna vers moi. A ta question je ne peux répondre précisément. Cette fille se faisait appeler Lówen…
- Jeune fille de la nuit, précisa Damrod.
- Nous ne savons rien d'elle, si ce n'est qu'elle vient d'une contrée très éloignée dont elle ne nous révéla jamais le nom. Je l'ai trouvée et secourue alors qu'elle descendait le long de l'Anórien à cheval. Et je l'ai amenée devant mon père. Nous devînmes rapidement amis avec elle mon frère, Boromir, et moi-même. Et elle nous apprit qu'elle avait longuement séjournée auprès des elfes dans une forêt loin au Nord d'ici. Et comme tu as du le comprendre, tout laissait croire qu'elle était aussi une elfe. Elle avait même tenu tête à mon père, et réussit à lui imposer le silence…
Il y avait de l'admiration dans sa voix, et énormément de… tendresse. Ou quelque chose s'en rapprochant en tout cas.
- Et elle nous aida grandement lors de la récente reconquête d'Osgiliath.
- Récente reconquête ? laissai-je échapper.
- Osgiliath était aux mains du Mordor, et elle grouillait d'Orques, Lówen en abattit d'ailleurs beaucoup plus à elle seule que tous nos hommes réunis.
« Orques gentils mammifères marins noir et blanc, adorable carnivore mangeur d'otarie et pourtant si attendrissant. » Ouais. Un peu bête comme raisonnement, mais bon, c'est censé être ça un Orque non ?
- Orque ?
- Tu verras assez tôt ce qu'est un Orque.
- Euh… Ouais, dis-je, pas tellement sûr d'avoir envie de le savoir.
- Pas aussi courageux qu'elle… marmonna Mablung.
Lui, c'était tout vu, je ne l'aimais pas.
- Ensuite, poursuivit Faramir sans se troubler, après la reconquête, elle est partie vers le Nord-ouest continuer son voyage solitaire. Nous ignorons où elle se trouve en ce moment.
- Et quel rapport avec moi ?
- Tu as le même regard. Personne jusqu'à maintenant n'avait le même.
- Et vous allez me faire quoi ?
- Te laisser la vie sauve contrairement aux ordres.
- Oui, mais…
Un cri retenti hors de la tente et ils se précipitèrent tous dehors, et instinctivement je les suivis. Faramir me colla une épée dans les mains.
- Voyons voir ce que tu vaux.
- Pas grand-chose, je le crains, murmurai-je.
Je le suivis tout de même, tenant fermement mon épée de la main droite et tripotant machinalement quelque chose que j'avais autour du cou… Le pendentif que j'avais trouvé et que j'avais complètement oublié… Mais je n'eus pas le temps d'y faire attention car je me retrouvai rapidement face aux créatures les plus hideuses que j'avais jamais vues…
- C'est quoi ça ?
- Des Orques, répondit Faramir d'un ton très dégagé.
Ok. Les mots « Orques » et « mammifère marin adorable et attachant » ne vont pas ensemble. A retenir. En attendant, j'étais plutôt mal barré… Mais bon. Sans savoir pourquoi, je voulais leur prouver que je n'étais pas un trouillard incapable, surtout à ce Mablung… Donc je me jetai sur les Orques aux côtés de Faramir et je plantai mon épée dans le ventre du premier. J'esquivai grâce à une chance incroyable le second pour ensuite lui couper le bras puis la tête. Et un troisième, et les jambes d'un quatrième, un cinquième en deux… Beuark quand j'y repense, ce premier combat m'avait vraiment écoeuré… Tout ce sang noir et poisseux, cette crasse… Mon jean et ma chemise foutus… Enfin, ce n'était pas le plus grave… Mablung avait une large plaie à l'épaule et d'un coup, je l'aimais un peu plus… En tout cas, moi, je m'en étais plutôt bien sorti. Bon, je n'en avais pas tué autant que les autres, j'avais peut-être été un peu moins téméraire…
« Pas mal ». C'est ce que Faramir me dit, et cela m'emplit de fierté.
« Mais loin d'être assez ». Ca, ce fut Mablung qui me le dit. Rien d'étonnant.
Après cette bataille, je gagnai beaucoup en assurance. Ils m'emmenèrent dans la tente bleue de nouveau et me donnèrent d'autres habits : un pantalon et des bottes en cuir, une chemise blanche, une cotte de maille, une tunique noire avec un arbre blanc et sept étoiles autour, des jambières en acier, des gants en cuir, et une ceinture de cuir. Sans oublier l'épée, l'arc et une cape verte par-dessus le tout. Damrod et Mablung m'apprirent à manier l'épée et à tirer à l'arc du mieux qu'ils le purent. Et au bout de quelques mois, j'étais tout à fait capable de me débrouiller seul. Et j'en avais appris suffisamment sur le Terre du Milieu. Plus que n'importe quel autre soldat du Gondor, car Mablung et Damrod étaient des Dunedains, de la race des grands rois d'antan, et ils savaient énormément de choses. Mais je ne pouvais toujours pas satisfaire la curiosité qui me rongeait depuis mon arrivée : qui était Lówen. Les autres me l'avaient décrite comme ayant de longs cheveux châtains prenant parfois la teinte des feuilles en automne, ses yeux verts s'enflammant d'un brasier ardent lorsqu'elle combattait ou était en colère, mais en temps normal ils étaient calmes et reflétaient la sagesse des elfes, mais brillaient d'un éclat peu ordinaire, comme les miens. Elle avait la peau claire et quelques tâches de rousseurs, et elle était belle. Une physionomie peu ordinaire dans n'importe quel peuple de la Terre du Milieu. Et en tout cela, elle me rappelait diablement la fille qui avait hanté mes pensées ces derniers temps, Gwenaëlle. Mais quand ils me narraient ses exploits, je m'apercevais que ce ne pouvait être elle. Je ne la voyais pas accomplir toutes ces choses. Et puis, elle devait être chez elle, bien au chaud, ou alors au lycée, mais en sécurité en tout cas enfin… Aussi en sécurité que quelqu'un peut l'être dans mon monde… Et d'après leurs dires, ils avaient rencontré Lówen il y avait trois mois de cela, et moi, cela faisait tout juste cinq mois que je me trouvais là, et à mon départ, Gwenaëlle était toujours là. Donc Lówen ne pouvait être Gwenaëlle. Un peu tordu comme raisonnement, mais pourtant, tout semblait logique. Mais je voulais tout de même savoir qui elle était.
Enfin, j'avais d'autres préoccupations. Et avant toutes choses, je devais m'assurer qu'Osgiliath était toujours entre nos mains. Et cela occupait tout mon temps. Je n'arrivais pas à me souvenir de quand datait exactement ma dernière nuit de sommeil tranquille, mais en tout cas, ça datait… Mais je vivais tout de même dans une sorte de bonheur irréel.
Est malheureusement arrivé le jour où Osgiliath fut de nouveau perdue. L'ennemi reçut une aide inattendue : celle du Roi-Sorcier d'Angmar, le plus puissant des neufs esprits servants de l'Anneau… Le Nazgûl nous mit rapidement en échec, et nous dûmes nous replier vers la Citée Blanche, en trop faible nombre à mon goût. Mais Il nous poursuivait toujours, monté sur un gigantesque oiseau aux dents pointues, sans plume. Je sentais presque le souffle fétide de la créature dans mon dos, et je sortis mon épée pour l'affronter quand il choisit une autre cible : Faramir, mon capitaine, récemment revenu d'une mission dans l'Ithilien à laquelle il refusa que je participe et dont il ne me raconta rien. Je poussai mon cheval pour le rattraper et attirer l'attention de la créature, en vain. Ma monture se prit les pieds et tomba, m'entraînant dans sa chute. Je restai cloué au sol par le désespoir, regardant Faramir, plus que mon capitaine, mon ami, tomber à son tour, et la créature rapprochant ses serres de lui. Il avait son épée à la main, mais n'avait aucune chance. Je fermai alors les yeux, refusant de voir la suite, quand une intense lumière blanche, telle celle qui m'avait entouré lors de ma venue, arriva et gagna en intensité. Je m'accrochai à une poignée d'herbes, de peur de me retrouver aspirer dans mon monde, ce que je ne voulais pas. Mais une main se posa sur mon épaule, m'obligeant à me relever, et j'aperçus le visage sévère de Mablung qui m'ordonna de rejoindre la citée blanche le plus vite possible.
Une fois à l'intérieur, je le suivis à travers les sept portes, jusqu'à la Blanche Tour d'Echtelion, et là, il me dit d'être le plus silencieux et le plus discret possible. Je hochai la tête et le suivit à l'intérieur. Là, devant le trône de Denethor, se tenaient Faramir, épuisé, et un vieil homme. Et un enfant. Du moins, je le pris pour un enfant. C'était en réalité un Semi-Homme. Un Hobbit. Et le vieil homme était Mithrandir, l'un des Istari. Un magicien. Cool. Ouais, c'est ce que je pensai sur le coup. Mais à voir la tête des autres, ce n'était pas aussi cool que ça… Mais la chose la plus étonnante, c'était la présence d'une petite fille. Beauté irréelle, oreilles pointues… Cool cool. Une elfe. Enfin, une enfant elfe. Cool quand même. Faramir se vit confier la garde de la petite elfe, nommée Lysbeth. Et le Hobbit, Peregrin Touque, et Mithrandir allèrent s'entretenir avec Denethor dans un salon.
Lorsqu'ils sortirent, le Hobbit leva les yeux sur moi et un sourire éclaira son visage. Et Mithrandir me transperça de son regard, l'air étonné. Il demanda à Denethor s'il pouvait « m'emprunter », et l'intendant fit un geste dédaigneux en disant qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de moi. Mithrandir me fit signe de le suivre et nous allâmes dans leur chambre. Je restai debout près de la fenêtre, le Hobbit s'assit sur le lit et Mithrandir sur un fauteuil.
- L'Intendant ne laisse habituellement pas ses sujets à ma merci, fit-il remarquer d'une voix chaleureuse. Je suppose donc que vous n'en êtes pas.
- Je suis un chevalier du Gondor, répondis-je bêtement.
- Oui, cela, je le vois, et vous portez très bien l'arbre blanc d'ailleurs, mais vous n'êtes pas de ce peuple, n'est-ce pas ?
- Connaissez-vous Lówen ? demanda précipitamment le Hobbit.
- Non, dis-je d'un ton las.
- Ne soyez pas si empressé Maître Touque, dit Mithrandir. Je devine que cette question a due vous être posée maintes fois, ajouta-t-il à mon intention.
- En effet. Et ma réponse est toujours la même. Non, je ne la connais pas.
- Mais… Enfin, j'aurais juré que vous étiez du même peuple, se justifia le Hobbit.
- Ce n'est pas grave. Mais je doute en réalité que quelqu'un ici puisse être du même… peuple que moi.
- Pourquoi ? demanda Mithrandir. Viendriez-vous d'une contrée trop éloignée pour être connue de nous ?
- Euh… Je serais assez tenté de dire oui… C'est sûrement ce qui s'approche le plus de la vérité…
- Comme elle, dit le Hobbit avec un grand sourire. Mais quelle est la vérité alors ?
- Je…
Je regardai attentivement le magicien et le Hobbit. C'est vrai, d'où venais-je ? Bonne question… Je connaissais la réponse, mais ce n'était pas clair, et je craignais de passer pour un fou…
- Je viens d'un autre monde, dis-je en baissant les yeux.
- Oui, bien entendu, rit le Hobbit, comme…
- Je ne met pas en doute la véracité de vos dires, coupa le magicien. Lysbeth aussi vient d'un autre monde. Sûrement le même.
- Mais Ló…
- Maître Touque, il me semble vous avoir dit d'être moins empressé !
- Euh oui, pardonnez-moi Gandalf…
Je ne compris pas pourquoi il le fit taire ni ce que le Hobbit allait dire… Peut-être allait-il parler de Lówen… Et dans ce cas elle venait du même monde que moi, mais j'en doutais. Il n'y a pas d'elfe dans mon monde ! Mais pourtant Lysbeth était une jeune elfe, et elle venait de mon monde quand même…
- Lysbeth est devenue une elfe une fois ici. Et elle n'en est pas totalement une, elle n'est pas encore immortelle précisa le magicien comme s'il lisait dans mes pensées.
Bon. Donc Lówen peut venir de mon monde… Gwen ?
- Mais quel est votre nom ? demanda soudain le Hobbit.
- Ri… Ju… Ri…, bégayai-je. R… J… Riagad.
- Oui, et votre véritable nom ? demanda malicieusement Mithrandir.
- Julien, dis-je avec un sourire.
- Et bien mon ami, dit le magicien, redevenu sérieux. Je ne sais pas si vous retournerez un jour chez vous.
- Aussi étrange que cela puisse paraître, je préfère cent fois vivre ici…
- Comme L…
- Maître Touque ! tonna Mithrandir.
- Je voulais dire euh… comme Lysbeth bien-sûr !
Ouais. Ils me cachaient quelque chose ces deux-là. Enfin bon. J'avais d'autres soucis en tête. A commencer par la perte d'Osgiliath et ce Nazgûl. A force de défendre cette cité, j'avais fini par l'aimer et me battre pour elle et pour le Gondor, comme les autres soldats, et non plus par simple obligation, et j'étais plus que fier de porter l'emblème du Gondor.
- Je devine que vous êtes perturbé par la perte d'Osgiliath, remarqua Mithrandir.
- En effet, répondis-je sombrement. Comment ne pas l'être ?
- Je crains qu'il ne faille rapidement vous en remettre. Car une autre bataille plus importante se prépare.
- Laquelle ?
- Celle pour la liberté des peuples de Terre du Milieu. Sauron n'attendra plus longtemps avant d'attaquer Minas Tirith.
- Pourquoi Sauron attaquerait-il le Gondor maintenant ? Parce qu'il a Osgiliath ? Il l'a pourtant possédée par le passé, il n'avait pas attaqué pour autant !
- Beaucoup d'évènements extérieurs à la prise d'Osgiliath le poussent à attaquer. Le roi arrive, Riagad. Et Sauron le craint. Il le craint plus que toute autre chose.
- Le roi ? Vous voulez dire… le descendant d'Isildur ?
- Exactement.
- Je comprend mieux alors pour quelle raison Sauron attaquerait. Et c'est une raison supplémentaire pour reconquérir Osgiliath.
- Ce sera moins simple. Sauron y déverse déjà toutes ses troupes, et le roi sorcier, qui ne peut être vaincu par aucun homme, est lui-même à la tête de cette armée. Et cette fois, il manque deux des personnes qui firent la différence la dernière fois.
- Je suppose que Lówen en fait partie ?
- Oui, Lówen et Boromir, le fils aîné de l'intendant. Mais je crains que nous ne les verrons pas dans les murs de cette citée avant la fin de cette guerre.
- Peut-être alors les croiserais-je sur les champs de bataille. Car je retourne immédiatement à Osgiliath.
Sur ces mots, je me levai, les saluai, et me dirigeai vers la Salle du Trône. Là, l'intendant m'appela et m'ordonna de mener ses troupes vers la victoire puisque ses deux fils l'avaient abandonné. Tant mieux, je n'aurais ainsi pas besoin de désobéir à un ordre quelconque. Je croisai Mablung qui me suivit sans un mot, et au fur et à mesure que je descendais en passant une à une les sept portes, tous les hommes valides prêts à mourir au combat se mirent derrière moi et ce fut ainsi qu'une fois hors de la citée, devant la Grande Porte, en me retournant, j'aperçus un millier d'hommes. Si peu. Dans mon dos raisonnait les cors des Orques. Je frissonnai rien qu'en les entendant. Mais pas de peur, non, je frissonnais de rage, la rage de combattre, qui s'insinuait en moi. Ce qu'il se passa ensuite me consterna. Mablung se mit à genoux devant moi, suivit de près par tous les autres.
- Je vois maintenant que vous êtes en effet du même peuple que Lówen, et je regrette de ne pas avoir toute une armée des vôtres, car alors la victoire nous serait assurée. Mais vous êtes seul. Et malgré cela je vous suivrais comme un chef, comme mon capitaine, car en vous brûle le feu qui reconquit Osgiliath une fois déjà.
Ouah. Mablung, me dire ça, à moi. Je devais vraiment faire peur. Mais une fois la surprise passée, la rage de combattre m'envahit à nouveau et je leur ordonnai de se lever, puis je me tournai vers Osgiliath, et, empli d'une force nouvelle, je partis d'un pas rapide et ferme vers la citadelle. Plus j'avançais et plus le son des cors ennemis parvenaient à mes oreilles, me faisant vibrer de l'intérieur. Les hommes derrière moi me suivaient avec de moins en moins d'hésitation, Mablung et Damrod à mes côtés, et lorsqu'enfin j'aperçus les premiers murs de la citée, je courus, épée en l'air, un cri puissant sortant de ma gorge. Mablung me raconta beaucoup plus tard comment ce cri effraya l'ennemi et redonna courage au Gondor. Je crois d'ailleurs que ce fut ce mot que je criais : Gondor.
Enfin… Je ne me souviens plus exactement de la suite, si ce n'est que j'abattais Orques, Sudérons et Uruk-Haïs tous les uns après les autres, sans distinction, telle une tornade, partout à la fois. Je pris même l'épée d'un Sudéron mort pour pouvoir combattre avec deux lames. Je ne me souviens pas de la durée, mais je vis la lune plus d'une fois entre les sombres nuages, ayant chaque fois un regain de courage. Mais nous fûmes cependant submergé par le nombre, et nous dûmes nous replier hors de la citée. Mais en nous retournant, nous nous aperçûmes que la vraie bataille avait d'hors et déjà commencé. De nombreux hommes, Orques et autres créatures, s'affrontaient. Il y avait même des trolls et des mûmakils, dont j'avais vaguement entendu parler. Mais le pire était à venir : le vent frais qui soufflait et qui chassait les nuages, ce vent qui nous avait tant ragaillardis, ce même vent qui nous avait redonné espoir faisait en ce moment-même remonter les navires ennemis à contre-courant à une vitesse inimaginable.
- Les Pirates d'Umbar ! crièrent les hommes. Les Pirates d'Umbar ! Regardez ! Les pirates d'Umbar arrivent ! Ainsi le Belfalas est pris, et l'Ethir, et le Lebennin est parti ! Les Pirates sont sur nous ! C'est le dernier coup du Destin !
Les cloches raisonnèrent alors, annonçant la retraite. Mais au lieu de me replier, je me dirigeai vers cette flotte l'épée levée et j'attaquai au corps à corps le premier pirate descendu.
- Sombre crétin, dit-il en me désarmant. Regarde autour de toi.
J'ouvris alors la bouche de stupeur en voyant qu'à l'avant du premier bateau, celui d'où le pirate était descendu, était accroché un grand étendard sur lequel fleurissait l'Arbre Blanc du Gondor, entouré de Sept Etoiles et surmonté d'une couronne, la marque d'Elendil. Aragorn, fils d'Arathorn, Elessar, héritier d'Isildur, se tenait sur le pont du navire portant l'Etoile d'Elendil sur son front, et je devinai aisément que l'épée qu'il tenait fièrement était Narsil, l'épée qui ôta l'Anneau de la main de Sauron, reforgée. A ses côtés se tenaient un autre homme, un elfe et un nain.
- Ramasse ton épée, la bataille est loin d'être finie. Tu contempleras le roi plus tard.
Je reportai mon regard sur le pirate et m'aperçus qu'il s'agissait en réalité d'une elfe, et une lueur rayonnait autour d'elle, comme si elle émanait d'un brasier ardent à l'intérieur d'elle. Mais en même temps, le courage farouche et la témérité des hommes brillaient dans ses yeux. C'est ainsi que je rencontrai enfin Lówen. Elle ramassa mon épée, et, après me l'avoir donnée, elle sortit deux dagues de son dos et se jeta dans la bataille, suivie de près par Aragorn et les trois autres, puis par une trentaine d'hommes, deux autres elfes et… une armée de fantômes… Je ne supportai pas de rester en arrière et je les suivis pour retourner combattre. La bataille dura jusqu'au coucher du soleil, et, alors que j'enfonçais ma lame dans le corps d'un homme, enfin raisonnèrent les chants de victoire. Les pertes étaient lourdes, mais je savais au fond de mon cœur que les choses ne s'arrêteraient pas là : Sauron était toujours en vie… Du moins, dans un état suffisant pour encore nous nuire…
C'est ainsi qu'au bout de quelques jours, nous fûmes tous prêts pour partir vers le Mordor, à la porte noire, afin de créer une diversion. Car j'appris que là-bas, peut-être au pied de la Montagne du Destin, deux autres Hobbits risquaient leur vie pour détruire l'Anneau et par la même occasion Sauron. J'étais à la tête des troupes, aux côtés de Mablung et Damrod, eux-mêmes en grande conversation avec Boromir, le frère de Faramir. Pour ma part, je marchais dans le silence, observant simplement ce qu'il se passait autour de moi. Le nain était aux côtés de Mithrandir, Peregrin et Aragorn. Lówen était à cheval avec un elfe blond, dans ses bras. Les deux autres elfes chevauchaient côte-à-côte, juste derrière eux.
Au bout de quelques temps, Boromir vint se placer à côté de moi. Je sentis son regard posé sur mon visage, mais moi, je ne pouvais détacher le mien d'Aragorn. Je comprenais enfin comment on pouvait ressentir de l'amour pour un homme, pour un roi. Enfin, je ne le comprenais pas, mais je le ressentais.
- De quelle contrée venez-vous ? me demanda Boromir.
- Je viens d'un autre monde.
J'avais dit ces mots sans gêne, plus par lassitude d'avoir à répondre à cette question qu'autre chose. Mais je les avais dit fort, attirant l'attention de pas mal de monde, et en premier de l'elfe blond. Mais Lówen, elle, ne détourna que très peu la tête et hocha des épaules. Bon. Elle ne venait donc pas d'un autre monde.
Enfin, je n'avais plus le temps d'y songer, car déjà nous nous rapprochions du Mordor, et je commençais à redouter le pire. Nous marchâmes ainsi pendant sept jours. Une partie des troupes avait abandonné au bout du cinquième, et nous étions moins nombreux qu'au départ, mais les hommes étaient vaillants et ne craignaient pas la mort.
Une fois devant la Porte Noire, un homme, la bouche de Sauron, vint parlementer, mais Mithrandir finit par l'envoyer promener, même si tout espoir semblait perdu. Lorsqu'il franchit les Portes Noires en sonnant du cor, nous comprîmes que la dernière bataille approchait. Déjà un nombre incroyable d'Orques se déversait de la porte noire. Aragorn nous fit alors un discours que jamais je n'oublierais.
- Je vois dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur. Un jour peut venir où le courage des hommes faillera, où nous abandonnerons nos amis, et briserons les liens de la Communauté, mais ce jour n'est pas arrivé ! Aujourd'hui, nous combattrons !!
Des cris poussés par les hommes répondirent, des cris des courage, des cris de rage, des cris d'espoir aussi, mais ils furent vite couvert par une forte voix de femme récitant une incantation dont je n'arrivais pas à saisir les mots. Mais les éléments se déchaînèrent, décimant les troupes ennemies et épargnant les nôtres. Puis une immense vague déferla, passant au-dessus et autour de nous, et dans l'eau, il y avait d'innombrables corps, des cadavres d'Orques, d'Hommes et d'elfes, et la vague engloutit les troupes ennemies, et tout ce que j'entendis fut les cris déchirants de douleur des serviteurs des l'Anneau, et ces mots de Mithrandir :
- Pour la seconde fois, les morts viennent au secours des vivants.
Puis l'eau se retira, et le nombre de corps était plus important. Puis nous fonçâmes vers les troupes ennemies, désormais aussi nombreuses que nous, et alors que nous étions presque victorieux, la Porte Noire s'ouvrit une dernière fois, laissant passer un Nazgûl monté sur un cheval noir, qui s'arrêta au milieu du champ de bataille, face à la petite Lysbeth montée sur un Warg. Mais en les entendant parler, je devinai qu'il ne s'agissait pas de Lysbeth, petite elfe de cinq ans, et un Nazgûl, esprit servant de l'Anneau, qui s'adressaient l'un à l'autre, mais Sauron lui-même, et Beriawen, la fille perdue des Seigneurs de l'Ouest, les Valar. Et alors qu'ils allaient combattre, Sauron poussa un cri affreux qui se répercuta dans toute la plaine, et même au-delà de l'Anduin, jusqu'à Minas Tirith, et, juste avant qu'il ne disparaisse, Lysbeth, ou plutôt Beriawen, fit apparaître les instruments de sa perte, deux Hobbits, ceux chargés de détruire l'Anneau, et il n'y avait plus de doute quant à la réussite de leur quête. Sauron, ennemi des peuples libres de la Terre du Milieu, fut définitivement vaincu, annonçant le début d'un tout nouvel âge, le quatrième de ce monde.
Je ne me souviens plus du retour à Minas Tirith. Je me souviens juste que Legolas, l'elfe blond ; Gimli, le nain ; Mithrandir, Peregrin, Aragorn et Boromir avaient tendance à beaucoup rester avec Lówen, et celle-ci semblait de plus en plus faible, et elle perdait de sa lumière. Lysbeth, elle, quitta la compagnie, emplie de rancune envers ceux qui l'avaient sévèrement punie pour être venue à la Porte Noire, même si elle nous avait sauvé la vie à tous.
Par contre, s'il y a un jour dont je me souviens avec exactitude, c'est celui de mon départ. Ce fut le septième après notre retour à Minas Tirith. Je m'éveillai étrangement faible ce matin-là, un voile sur les yeux. La journée fut horrible, j'avais l'impression d'être une sorte de spectre, car certains ne me voyaient pas. Seul Faramir et les autres me voyaient encore tout à fait, mais tous avaient leurs problèmes à régler. La dernière chose que je vis fut le soleil se couchant à l'Ouest, vers le pays d'Aman. Je me tenais au septième étage de la blanche cité, et mon regard fut attiré par deux silhouettes solitaires. Faramir, mon capitaine et ami, à qui je ne pus dire adieu, et Lówen, cette elfe mortelle… J'allais me diriger vers elle pour enfin lui poser toutes les questions qui me tracassaient, mais je fus pris d'un violent vertige et je m'effondrai.
En rouvrant les yeux, j'étais allongé dans l'herbe fraîche, en jean et chemise blanche. Mes cheveux étaient de nouveau courts, propres et coiffés, et ma barbe proprement rasée. J'étais de nouveau dans mon monde, et il ne me restait rien d'Arda. Sauf… Ce pendentif, en métal brillant à la lumière des astres célestes, et mes souvenirs…
Un jour seulement s'est écoulé pendant mon séjour au Gondor. Et j'ai repris une vie normale, aussi normale qu'elle peut l'être après avoir vécu tant de choses.
Par un hasard immense, j'ai trouvé quelqu'un qui a partagé mon sort, Christophe. Mais il vécut sa propre histoire dans un autre royaume, celui du Rohan, et il n'a pas encore fini de tout me raconter…
Mais une chose est sûre, le visage qui me revient le plus souvent à l'esprit, avant même celui de Faramir et d'Aragorn, est celui de Lówen. En fait, il y autre chose de sûr… J'ai acquis courage et témérité, et j'aiderais Gwenaëlle. Je ne sais pas comment, mais je le ferais. N'était-ce pas le but que je m'étais fixé avant d'être amené en Terre du Milieu ?
FIN
