Bon, je sais pas encore si le one-shot de Julien a plu à tout le monde, mais je me lance déjà dans celui de Christophe… Qui sera différent… enfin je pense, on verra au fur et à mesure…
Entre deux vies
Chapitre Deux : Christophe :
Je me présente, je me nomme Christophe. Je suis des études en terminale littéraire. Avant j'adorais faire la fête, passer mon temps à m'amuser, sans jamais prendre la peine d'être sérieux… Je ne me souciais pas réellement du monde qui m'entourait, j'avais préféré l'ignorer dès que j'avais été capable de comprendre à quel point il était noir… Un moyen simple et efficace de se voiler la face… Pas le meilleur moyen mais bon… Ca m'était égal. Et puis il m'est arrivé quelque chose, qui changea à jamais ma vision des choses. Et qui me changea moi à tout jamais. Je me suis retrouvé en Terre du Milieu. Peut-être un voyage dans le temps, à une époque reculée, dans une civilisation complètement irradiée de la surface de la Terre. Ou dans un monde parallèle. Ou une autre planète. Je ne vais pas exposer ici toutes mes théories, elles sont trop nombreuses, et sûrement fausse. De toute façon ça n'a plus aucune importance, parce que je suis de retour ici, sur Terre, dans la Voie Lactée, dans ce monde qui a toujours été le mien et qui aurait toujours du le rester. Alors, pourquoi chercher une explication ? Si ça se trouve, il n'y en a aucune… Je serais tenté de dire que tout cela n'était qu'un mauvais rêve… Mais non, puisque j'ai un ami, Julien, qui a vécu la même chose…
Je sortais d'un entraînement de hand, et j'attendais que mon père vienne me chercher. J'étais avec plusieurs de mes amis, et nous parlions d'une fête qui aurait bientôt lieu, organisée par l'un des joueurs de l'équipe pour son anniversaire. J'étais invité, et j'avais l'intention d'y aller, ça serait une occasion de plus de s'amuser.
Tous mes amis partirent l'un après l'autre, et je me retrouvai rapidement seul, à attendre mon père qui commençait à être inhabituellement en retard, lui qui était toujours très ponctuel. J'allais l'appeler sur son portable quand une lueur attira mon attention au bout de la rue. Je rangeai donc mon portable dans la poche de ma veste, mis mon sac sur mon épaule et me dirigeai vers cette lueur. Elle venait de l'un des arbres qui avaient été planté en tant que décoration, histoire que les habitants de la ville aient un peu de verdure… Ce qui ne servait strictement à rien d'ailleurs, de moins en moins de personnes étaient capables d'apprécier la nature à sa juste valeur…
A cet arbre était accroché, sur une branche extrêmement basse, un pendentif. Il brillait d'une lumière argentée qui diminuait d'intensité quand les nuages cachaient la lune et les étoiles. Il était formé de nombreux entrelacs celtes, et une pierre rouge sang était sertie au centre. Je le pris dans mes mains et l'observai longuement, captivé par la beauté de cet objet. Puis, alors que je regardai autour de moi pour voir si ce n'était pas quelqu'un qui l'avait mis là, une lueur blanche aveuglante m'entoura et je mis un bras devant mes yeux pour m'en cacher. Quand enfin j'eus l'impression que la lumière diminuait, je baissai mon bras et regardai autour de moi. Je compris tout de suite que quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas compliqué d'ailleurs. Je me trouvais toujours dans une rue… Enfin, ce n'était plus qu'une petite ruelle, et les maisons étaient faites de bois et de terre battue mélangée avec de la paille. Les toits étaient de chaume, et les portes en bois épais. Le sol était de terre, et un troupeau de poules poursuivies par un enfant me passa entre les jambes. Je fronçai les sourcils et commençai à marcher dans la rue, serrant toujours le pendentif dans la main. Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait, mais sur mon passage les gens s'enfuyaient ou se cachaient pour m'épier. Bon d'accord je n'étais pas vraiment vêtu comme eux… J'étais encore en tenu de sport, je n'avais pas pris la peine de me changer après mon entraînement tant j'étais épuisé. Je commençais à me demande si je ne ferais pas mieux d'entrer dans l'une de ces maisons pour me changer avant de chercher une réponse à mes questions quand une main m'agrippa par la manche et m'attira dans une autre ruelle sombre. Je regardai l'homme qui m'y avait attiré. Il était beaucoup plus âgé que moi, d'une dizaine d'années au moins. Il était grand et fier, ses longs cheveux blonds étaient attachés par une fine bande de cuir. Il regarda autour de lui attentivement puis me fit entrer dans une petite porte que je n'aurais pas vu s'il ne me l'avait pas indiqué. Dans la petite pièce misérable sur laquelle donnait la porte se trouvaient quelques autres hommes, tous plus âgés que moi, tous blonds, tous vêtus d'une armure, et tous semblaient prêts à partir pour un long voyage. L'homme qui m'avait amené ici me poussa dans un coin et me fit asseoir sur un énorme sac de farine.
- Je me nomme Hafaleth. Je suis un cavalier de la troisième division de la Marche. Qui es-tu ?
- Maël, répondis-je sans réfléchir, comme si un autre parlait à ma place.
- Bien. J'ignore si tu le sais, car tu ne sembles pas d'ici, et je ne connais pas ton visage, mais notre Maréchal, Eomer, fils d'Eomund, neveu du roi, a été banni de la citée.
Ca commençait plutôt mal… Pour que le neveu d'un roi soit banni de la cité de ce roi, il fallait quand même qu'il y ait de sérieuses dissensions au cœur de ce royaume… Et je risquais fort d'être d'office embarqué dans l'un des camps… Et pas forcément le bon.
- Et ? demandai-je en m'efforçant de laisser mon visage impassible.
- Nous allons le rejoindre. Tous les hommes que tu vois ici font parti de la troisième division, et Eomer était le Maréchal de cette division. Nous lui sommes fidèles, et nous ne le laisserons pas seuls par ces temps-ci, même si c'est un vaillant guerrier et fils de roi.
- Et qu'est-ce que moi je viens faire là-dedans ?
- Tu es grand, et tu as l'air fort, malgré ton jeune âge. Si je ne me trompe pas, tu ne dois guère avoir plus de vingt printemps.
- En effet, j'en ai dix-huit.
- Mais tu as l'air fort, et tu n'as rien de mieux à faire que de venir avec nous.
- Rien de mieux vraiment ? En êtes-vous si sûr ?
- Si tu restes à Edoras, tu seras jeté en prison.
- Pourquoi ?
- Regarde-nous, et regarde-toi. Puis pense au comportement des villageois en te voyant. Cela répond-il à ta question ?
Un bon point. Bon, j'allais donc aller avec eux. Après tout, pourquoi pas. Mais il y avait juste un problème. Et il allait rapidement le deviner.
- D'où viens-tu ?
- De France.
- De France ?
- Peut-être veut-il parler de la Fragazranchesse ? intervint un autre homme.
- Oui, c'est cela, je viens de la Fragazranchesse ! dis-je précipitamment, heureux de trouver une échappatoire. Et je ne suis pas très… instruit dans l'histoire ce monde et l'art des armes.
- Nous t'apprendrons ce que tu as besoin de savoir, dit Hafaleth. Maintenant, met cette cape, nous n'avons que ça à te donner pour le moment. Une fois que nous aurons rejoint les autres, tu auras une armure et une monture.
Je pris la cape sans rien dire et la mit sur mes épaules en rabattant le capuchon sur ma tête. Ca n'allait pas être de tout repos, mais au moins, j'avais réussi à ruser, et j'allais en apprendre suffisamment. Il fallait juste que je continue à jouer le jeu, ce qui n'allait pas être compliqué. Déjà l'air pur que j'avais pu respirer m'avait rendu de bonne humeur et je me sentais prêt à affronter les pires épreuves…
Ils sortirent par petits groupes de la pièce pour sortir de la ville, et je compris alors que ce qu'ils faisaient était réellement interdit et dangereux. Si l'un d'eux se faisait prendre, tout serait gâché pour ceux se trouvant encore dans la citée… Je sortis en dernier, en compagnie de Hafaleth et de Finduen, l'homme qui avait parlé de la Fragazranchesse. Je les suivis le plus silencieusement possible à travers les ruelles, prenant plusieurs tours et détours, serrant toujours le pendentif dans ma main. Une fois hors de la cité, nous nous dirigeâmes toujours en ligne droite et en courant le plus vite possible, pendant une bonne heure ou deux, et je remerciais silencieusement mon entraîneur qui nous avait toujours fait travailler notre endurance. Enfin, nous arrivâmes au creux d'une petite vallée, et j'aperçus un grand rassemblement d'hommes et de chevaux. Je suivis Hafaleth et Finduen jusque devant un groupe d'hommes qui discutaient avec agitation alors que les autres restaient silencieux auprès des montures.
- Hafaleth, que signifie tout ceci ? demanda le plus grand des hommes.
- Nous ne vous laisserons pas parcourir le Rohan seul.
- Je vous ordonne de retourner à la citée ! Je ne veux pas vous amener avec moi, j'ai été banni, mais vous n'avez aucune raison de partager ce sort avec moi.
Bon, c'était donc lui Eomer. Je comprenais un peu pourquoi ses hommes avaient voulu lui rester fidèles. Il était grand et il se dégageait de lui une aura particulière que je serais bien incapable de décrire si on me le demandait… De la force, de la fierté, du courage, de la loyauté, et beaucoup d'autres choses sans nom…
- Nous vous suivrons. Nous avons choisi de nous exiler nous même. Nous serons plus utiles à l'extérieur des murs d'Edoras à chasser les Orques de nos terres plutôt qu'à rester obéir aux ordres de cette langue de vipère qu'est le conseiller du roi. Nous voulons assurer la protection de nos femmes et de nos enfants ! Comprenez-nous !
Eomer ne dit rien pendant un moment puis il hocha vivement la tête en signe d'approbation, puis il sembla enfin me voir et s'approcha de moi.
- Et qui es-tu ?
- Je me nomme Maël, je viens de Fragazranchesse.
- Et que fait-il ici ? Je ne savais pas que les hommes du sud portaient un tel accoutrement !
- Nous l'avons trouvé errant dans la cité, répondit Hafaleth. Il risquait la prison en restant là-bas vu son accoutrement comme vous le dites si bien. Il m'avait tout l'air vaillant, j'ai pris ma décision de l'amener avec nous.
- Il est jeune. Mais nous allons lui laisser une chance. Donne-lui un cheval et… d'autres habits.
Sur ces mots, Eomer me sourit, me donna une tape dans le dos en me souhaitant la bienvenue, et s'éloigna rapidement, le visage rembrunis par les soucis. Hafaleth me prit par le bras et m'emmena vers un autre groupe d'hommes où des habits me furent donnés. Un pantalon de cuir, une chemise de lin, une épaisse tunique de cuir vert sombre, une ceinture de cuir elle aussi, des bottes légères et souples et une cape verte. Ils me donnèrent aussi un arc et une épée, ainsi qu'une lance. Je ne savais me servir d'aucune de ces trois armes, mais il me faudrait bien apprendre. Et en peu de temps. Car si j'avais bien compris, le royaume était envahi, ou quelque chose comme ça…
Nous partîmes rapidement au galop, en faisant un bruit de tous les diables car nous étions environ deux cents. Nous repassâmes au pas quelques heures plus tard, alors que le soleil se levait. Nous fîmes alors une pause au sommet d'une colline, laissant quelques guetteurs aux alentours, et Finduen en profita pour commencer à m'instruire un peu sur l'histoire et la géographie de la où je me trouvais. C'est ainsi que j'appris que j'étais au Rohan, le royaume du roi Théoden, entre le Gondor au Sud et la Forêt Noire au Nord, et que l'esprit du roi avait été empoisonné par Saroumane, un Istar, un magicien, le plus puissant d'entre eux. C'est aussi de cette manière que j'appris avec étonnement que je me trouvais sur Arda, qui avait été créée par Eru, le Premier, l'Unique, qui avait aussi créé les Valar, qui étaient les Dieux. Il y avait ensuite eux la venue des Elfes, puis celles des Hommes, et de nombreuses batailles. Cela, Finduen ne put me le raconter en détails, car beaucoup de ces récits étaient, selon lui, perdu à jamais, parce que les hommes se souciaient de moins en moins de leur histoire. Tout cela, je l'appris dans la journée, parce que nous ne bougeâmes pas de là où nous étions, Eomer étant en grande conversation avec plusieurs autres hommes quant à la direction à prendre et aux choses à faire. Le soir, alors que je m'apprêtais à m'endormir, tout comme les autres hommes, Hafaleth vint me voir.
- Toi, tu ne dors pas. Viens me montrer ce que tu vaux à l'épée.
Je me relevai donc péniblement, car je m'étais déjà préparé à une bonne nuit de sommeil. Je pris l'épée qui m'avait été donnée, et il m'attaqua de front. Avant que j'aie eu le temps de m'en rendre compte, je me trouvais assis les fesses par terre, une épée pointée sur ma gorge. Il me tendit une main pour m'aider à me relever et me sourit. Je lui rendis son sourire et me mis en garde. Etrangement, je savais ce que je devais faire, comme si j'avais toujours su me battre à l'épée, c'était instinctif. Nous passâmes la nuit à nous entraîner, et à l'aube, nous reprîmes notre route vers le Nord. Nous voyageâmes toute la journée, et Finduen continua à m'enseigner ce qu'il savait. Cela se résumait à peu de choses d'après lui, mais mi, je trouvais qu'il était une source sans fond de connaissance. Surtout que j'avais énormément de choses à apprendre. Plusieurs jours passèrent ainsi, où pendant que nous chevauchions j'apprenais ce que Finduen pouvait m'apprendre et quand nous faisions halte, Hafaleth m'entraînait à l'épée et à l'arc. Parfois, lorsque nous chevauchions, il venait m'apprendre à manier la lance, mais je préfèrais de loin l'épée et l'arc.
Quelques semaines passèrent ainsi, mais pas énormément. Nous chevauchions toujours vers le Nord, faisant parfois demi-tour, partant vers l'Ouest, vers l'Est, mais remontant toujours finalement vers le Nord. Nous croisions parfois des troupes d'Orques, et nous les abattions tous sans pitié. Je n'y trouvais aucun plaisir. Mais je les haïssais. Pas pour ce qu'ils étaient, mais pour ce qu'ils faisaient. Il y eut cependant deux faits marquant durant cette marche. La découverte d'une petite fille, une petite elfe, Lysbeth, blessée par accident par l'un d'entre nous alors qu'elle était prisonnière d'Orques, puis la rencontre avec deux hommes, un elfe, un nain, et une jeune fille montée sur un Warg. Les deux hommes étaient Aragorn, fils d'Arathorn, et Boromir, fils de l'intendant du Gondor. Le nain était Gimli fils de Gloín, et l'elfe était Legolas, de la Forêt Noire. La jeune fille sur le Warg était plongée dans un profond sommeil, une sorte de coma d'après les dires d'Aragorn, et elle se nommait Lówen. C'était une elfe, et Eomer sembla la reconnaître, ainsi que tous les autres. Ils étaient à la recherche de deux Semi-Hommes et d'une petite fille, qui se trouvait être Lysbeth.
Ils repartirent vers le lieu où nous avions trouvé Lysbeth, car ils pensaient que les deux Semi-Hommes s'y trouvaient également. Quand ils furent éloignés, j'entendis Finduen murmurer tout bas à l'adresse d'un autre :
- Cette jeune fille, elle n'a vraiment pas de chance, mais je me demande qui elle est. Tu te souviens ? Elle n'était pourtant pas une elfe ! Et pourquoi la gardent-t-ils avec eux ? Que fait-elle donc là ?
- Il n'y a pas de réponses à toutes ces questions, répondit l'autre. Et puis, ce ne sont plus nos affaires.
- Vous avez déjà vu cette fille auparavant, demandai-je.
- Oui, nous étions en dehors d'Edoras, et nous l'avions aperçue de loin. Elle était cachée sous une cape et galopait à toute vitesse vers l'Ouest. Quand elle dévoila son visage, nous la prîmes tous pour une elfe, mais l'instant d'après, nous nous aperçûmes qu'elle était aussi humaine que toi ou moi. Mais la pauvre semblait totalement perdue et dans le plus total désarroi. Elle refusa de nous suivre à Edoras et Eomer, prit de pitié pour elle, la laissa partir. La voir pleurer m'avait brisé le cœur, et je crus que ma tristesse ne partirait jamais… La revoir ainsi m'a fait mal au cœur.
- Je vois…
Ca y est. Il avait réussi à éveiller ma curiosité. J'étais déjà de nature curieuse, mais depuis un petit moment, tout ce qui intriguait Finduen m'intriguait… Mais nous continuâmes à voyager vers le Nord, continuant nos détours et tuant les Orques que nous croisions. Une autre semaine passa ainsi, puis une deuxième. Je commençais à me faire à cette vie, et je l'appréciais pleinement en fin de compte. J'étais même heureux de vivre sans arrêt en plein air. Et puis, c'est arrivé. Les choses sérieuses ont commencé. Je me doutais bien que la guerre approchait, la dernière guerre contre le Mal, je l'avais deviné à travers les morts de Finduen, même si lui-même de s'en était pas rendu compte.
Nous étions en train de nous reposer quand un cavalier est arrivé vers nous. Sa monture était extrêmement rapide, si rapide que les autres le reconnurent immédiatement, car il n'y avait qu'un seul cheval aussi rapide que cela, et une seule personne capable de le monter. Le cheval était Gripoil, le Seigneur de tous les chevaux, et son cavalier était Gandalf Maison Grise, un magicien. Il n'était pas toujours bien accueilli, car il n'arrivait que lorsque les choses allaient vraiment mal. Il venait pour les arranger évidemment, mais le cœur de certains avaient été touché par les mots de Grima, le conseiller du roi. Il nous annonça qu'une bataille allait avoir lieu au Gouffre de Helm, car Saroumane avait envoyé toutes ses troupes pour attaquer le roi Théoden qui était parti se réfugier au Gouffre.
- Bien ! Tous au Gouffre de Helm !
Des cris accueillirent cette annonce, et je ne saurais dire s'ils étaient de joie ou de rage envers Saroumane. Quoiqu'il en soit nous partîmes aussitôt au galop vers le Gouffre de Helm, et je me préparai déjà pour la plus grande bataille de ma vie, car d'après les dires de Gandalf, l'armée de Saroumane était immense. Nous chevauchâmes deux jours entiers à une allure très rapide, et j'entendis Finduen remercier les Valar de nous avoir fait faire demi-tour bien avant d'avoir su la nouvelle. En effet, nous avions recommencé à nous diriger vers le Sud plusieurs jours avant la venue de Gandalf, raccourcissant ainsi sans le savoir notre trajet vers le Gouffre.
A notre arrivée, le soleil se levait. Nous nous tenions juste au sommet d'une pente plutôt raide, et la bataille faisait rage en bas. Le roi Théoden venait de sortir des murs et attaquait les Orques aux côtés d'Aragorn et Boromir, ainsi que Legolas, et les autres cavaliers.
- Pour le roi ! hurla Eomer avant de se jeter dans la pente au galop.
C'était une folie de prendre cette pente au galop, mais la nécessité l'obligeait, et nous le suivîmes tous sans hésitation, Gandalf devant nous, éblouissant les troupes ennemies de sa lumière. Je ne fis pas attention à la durée, ni au nombre d'ennemi tués, car mes gestes étaient presque devenus mécaniques, et j'étais épuisé. Pour ne pas craquer avant la fin, il fallait que je ne pense à rien, et c'est ce que je fis, je ne m'arrêtai que lorsque Finduen posa sa main sur mon bras et me sourit en disant « C'est finit Maël. » A ce moment-là, je regardai autour de moi et le nombre de corps morts, Orques ou Humains, ou même Elfes, me surpris et me donna la nausée. Mais j'étais heureux, car cette bataille était gagnée.
Quelques jours plus tard, je ne me souviens plus exactement car je dormis la plupart du temps, le roi parti pour l'Isengard en nombreuse compagnie pour aller voir Saroumane. Je n'y allai pas, préférant rester pour aider au Gouffre, tout comme Finduen et Hafaleth. Nous nous occupions des blessées, nous dégagions des allées, nous avons aussi passé plusieurs jours à empiler les corps des Orques puis nous y avons mis le feu. Nous avons ensuite élevé un tertre pour nos hommes morts au combat ainsi que pour les elfes. Puis nous recommençâmes à prendre des forces, car une autre bataille approchait, plus grande encore que celle du Gouffre, et même si personne n'en parlait, tout le monde le savait. Je réussis cependant à finalement satisfaire ma curiosité au sujet de cette fille, Lówen, qui n'avait cessé de me ronger. Car elle était présente à la bataille du Gouffre. Elle s'était battue férocement, et avait sauvé la vie de Boromir. Puis elle avait sacrifié sa vie pour sauver celle d'un elfe. Mais elle n'était finalement pas morte, et quelques jours après la bataille, elle était partie pour rejoindre ses amis, qui accompagnaient le roi vers Isengard.
Je fis la connaissance d'un elfe, Lenwë Melwasúl, qui m'apprit beaucoup de choses sur elle. Elle venait d'une contrée extrêmement éloignée, mais aux nombreuses allusions de Lenwë, je crus presque que c'était d'un autre monde, et je me pris à espérer que ce fut du même monde que moi. Elle avait été accueillie par les elfes et avait vécu chez eux quelques mois, puis elle était partie. Il ignorait ce qu'elle avait fait entre le moment où elle avait quitté le pays des elfes et le moment où elle y était revenue, mais elle avait étonnement changé. Puis elle était repartie en compagnie d'Aragorn, Boromir, Legolas, Gimli et quatre Semi-Hommes, ainsi que cette petite fille, Lysbeth. Et là encore, il ignorait ce qu'il s'était passé entre leur départ et leur arrivée au Gouffre de Helm. Mais elle avait encore changé. Il y avait cependant une chose qui n'était pas clair dans mon esprit, je n'arrivais pas à comprendre si elle était une elfe ou non.
Puis le roi Théoden revint, et le lendemain, nous étions prêts à retourner à Edoras, puis peut-être, à aller nous battre une seconde fois. J'attendais patiemment aux côtés de Finduen quand je vis Lówen arriver. Elle s'arrêta non loin de moi, plongée dans ses pensées. Je n'osai pas aller la déranger, mais j'entendis que Aragorn la voulait à ses côtés pour marcher vers Edoras. Personne n'osait aller la voir tant elle semblait absorbée par quelque raisonnement difficile, et je me décidai donc à aller la voir.
- Excusez-moi ma dame, le seigneur Aragorn attend que vous le rejoigniez à l'avant des troupes pour démarrer.
Elle sursauta en entendant le son de ma voix et me regarda fixement, puis me sourit et commença à se diriger vers l'avant, mais, sous une impulsion soudaine, je me lançais à l'eau et lui posai la question qui me tracassait.
- Ma dame? On dit que vous venez... d'une autre contrée... Où est-ce?
- C'est... une contrée extrêmement éloignée...
- Ne serait-ce pas plutôt un autre monde?
Je la vis sursauter et ouvrir la bouche de stupeur. Mais je réalisais trop tard ce que je venais de dire. Je cachais pourtant ma gêne derrière un visage impassible et je continuai à la regarder fixement. Je réalisai alors ma bêtise en voyant ses oreilles pointues et son magnifique visage. Mais pourtant, elle avait dans les yeux une lueur que les autres elfes n'avaient pas… Mais elle était tout de même une elfe. Et il n'y avait pas d'elfes dans mon monde. Elle avait du trouver cette question tellement stupide qu'elle avait sursauter. Cela devait être la cause de sa réaction.
- Non, veuillez m'excuser... Les elfes sont uniquement de ce monde... dis-je finalement en secouant la tête.
- Ce n'est rien, dit-elle en portant les mains à ses oreilles.
Elle me regarda fixement durant de longues secondes pendant lesquelles je ne me lassai pas d'admirer ses beaux yeux verts et son magnifique visage. Elle avait pourtant quelque chose qui n'était pas elfique, quelque chose d'Humain…
- Et vous, de quelle contrée venez-vous ? me demanda-t-elle finalement.
Je relevai la tête. Malgré mes cheveux blonds comme ceux des autres cavaliers et ma grande taille, elle avait été capable de deviner que je venais d'ailleurs. Qu'allais-je répondre ? J'étais déjà passé pour un idiot en parlant d'un autre monde… Finalement, dire que je venais de Fragazranchesse allait me servir… Mais avant, je voulais encore tenter quelque chose…
- Je viens également d'une contrée éloignée...
- Ou ne serait-ce pas plutôt un autre monde? demanda-t-elle malicieusement.
- Peut-être bien... Elle est tant éloignée qu'elle semblerait presque appartenir à un autre monde.
- Arda n'est pourtant pas si immense, fit-elle remarquer avec un sourire.
- Peut-être bien que si ma dame.
- Et quel est le nom de cette contrée?
- Et bien... C'est un nom étrange, qui ne ressemble à aucun autre de ceux de Terre du Milieu, mais cette contrée se nomme France.
Je regardai attentivement le moindre changement sur son visage, mais je vis juste que ses yeux s'étaient légèrement écarquillés. Je me sentis une fois de plus stupide. Une elfe comme elle devait tout savoir d'Arda, et ce nom lui était donc inconnu. Je me dépêchai donc de fournir une explication.
- Voulez-vous dire que... de France? Mais, comment est-ce possible? Comment?
- Comment? Je ne vois pas ce que vous voulez dire. C'est une contrée beaucoup plus au sud d'ici et la route est longue, surtout à cause des pirates d'Umbar, mais il est tout de même possible de parvenir jusqu'ici.
- Au sud... Au-delà du pays d'Umbar... Donc c'est en effet sur Arda? demanda-t-elle d'une voix incertaine.
- Oui, en réalité, France est un nom diminué pour Fragazranchesse. Ma langue doit vous sembler rude par rapport à la votre.
- La mienne?
- Oui, l'elfique.
- Oui, pardonnez-moi je... Je vais aller rejoindre le seigneur Aragorn, nous devons nous mettre en route sur le champ.
- Oui, mes adieux et bonne chance pour la bataille si nous ne nous revoyons guère.
- Bonne chance à vous également, puissent la grâce des Valar vous protéger...
Je la regardai s'éloigner lentement. J'avais quand même un léger doute. Peut-être après tout venait elle de mon monde. Enfin, j'en aurais été persuadé si elle n'avait pas été une elfe…
Une fois qu'elle eut rejoint l'avant de la troupe, nous nous mîmes en route, et tout se passa tranquillement pendant quelques temps. Mais au bout d'un moment la troupe s'immobilisa, et quelques secondes plus tard, j'entendis des cris de douleur. Et désormais, je connaissais trop bien cette voix pour ne pas être paniqué : c'était Lówen. Mais je me sentais étrangement faible, et je n'eus par la force d'aller voir ce qu'il se passait. Ce n'était pas que je n'en avais pas envie, juste que je n'en avais absolument pas la force. A la fin de la journée, la rumeur s'était répandue comme une traînée de poudre : Lówen avait littéralement disparue sous les yeux de tous. Cette nouvelle m'attrista, car déjà je l'aimais bien, mais je n'eus aucune réaction, trop épuisé. Hafaleth, qui s'ennuyait, vint me voir pour un duel à l'épée, et quand je voulus attraper la mienne, ma main passa au travers… Un cri sortit de ma bouche, attirant tous les regards, et Legolas se précipita vers moi. Puis il passa sa main à travers mon bras et appela Boromir en voyant cela.
- Il disparaît… Comme si …
Mais je n'entendis pas la fin de sa phrase, car je disparus complètement, pour me retrouver debout au milieu de cette rue où j'avais disparu. Un klaxon me tira de mes pensées et je vis mon père qui me faisait signe.
- Tu dormais ou quoi ?
- Désolé p'pa, répondis-je d'une voix mal assurée.
- Un entraînement difficile ?
- Si on veut oui.
Je n'avais aucune preuve que tout ce que je venais de vivre se soit réellement passé. Sauf une. Je portais ma main à mon cou et fit que le pendentif y était toujours.
C'est ainsi que mon aventure prit fin. J'ai rencontré un autre garçon de mon âge qui a vécu la même chose que moi. Je l'ai croisé dans la rue et j'ai vu qu'il avait le même pendentif que moi, et il n'y avait aucune erreur possible. Je suis allé le voir et on a tout de suite sympathisé, et nous nous sommes racontés nos histoires. Il est resté plus longtemps que moi en Terre du Milieu. Et il a accomplit plus de choses que moi, j'ignore pour quelle raison. Pour cette question là, je n'ai aucune réponse, aucune théorie. Néanmoins, même s'il vécut au Gondor, une chose nous rapproche étrangement : notre curiosité au sujet de Lówen… Mais maintenant que je suis de retour dans mon monde et que tout est fini, je me dis que jamais je ne la reverrais et que jamais je n'aurais de réponse à cette question…
