Chapitre deux. : La lettre
Quelle chaleur… Severus Snape, professeur de potions, était assis à son bureau et finissait de corriger quelques copies en gardant un œil sur Harry Potter, nul en potion.
Bon, je crois que je vais enlever cette sur-robe en damart que m'a fourni Dobby. Severus dégrafa sa cape, laissant dévoiler une robe de sorcier plus resserrée sur le torse, dont le tissu en soie légèrement brillante faisait ressortir le dessin du torse de Severus. Ce faisant, un bout de manuscrit tomba à ses pieds. Au même instant, il entendit un bruit de verre éclaté provenant du bureau de son élève puni.
« Potter ! Vous n'êtes qu'un incapable ! Cette solution de moëlle de Pittiponk est non seulement extrêmement coûteuse, mais pratiquement indélébile une fois séchée. Nettoyez moi ça ! » Et d'un mouvement de baguette il conjura un seau d'eau et une serpillière.
Harry grogna et se baissa pour commencer à frotter le sol du laboratoire de potions.
« Plus fort Potter !! Vous êtes un grand sportif, paraît-il ! Alors un peu de nerf. » Les yeux du maître de potions flamboyèrent d'un éclat inquiétant.
Harry s'agenouilla, et entreprit de passer la serpillière plus vigoureusement. Il rageait intérieurement. Quelle poisse, tout ça encore et toujours pour m'humilier… Je t'en mettrai des coups de serpillières, moi !! Harry avait les yeux brillants de fureur. Il jeta un coup d'œil furtif à son professeur. Tiens, il a du courrier. Je me demande qui peut bien vouloir écrire à ce bâtard. Des lettres d'insultes sans doute. Harry ricana intérieurement à cette pensée.
Severus avait déplié le morceau de parchemin qui gisait un instant plus tôt au sol, histoire de tuer le temps, après avoir assassiné son lot quotidien de copies minables.
« Cher Professeur Snape,
il y a des choses que je tenais à vous dire depuis longtemps, mais je saisis l'occasion aujourd'hui puisque ce soir nous serons seuls. J'ai toujours su que……. »
Minute. « Ce soir nous serons seuls ». Son regard descendit directement au bas de la lettre. Elle se terminait par un prénom que reconnaissaient les yeux de Severus, mais que son cerveau refusait d'admettre. Il leva les yeux vers Harry, et croisa son regard brûlant. J'ai pensé brûlant ? Bon, ne disons rien, voyons ce que ce Gryffondor, a bien pu vouloir écrire, pensa suspicieusement Severus.
« .. j'ai toujours su que j'étais gay, car je n'ai jamais été attiré par les filles. »
Ben tiens, que c'est touchant, il me prend pour le courrier du cœur, maintenant. Severus se redressa sur sa chaise, curieux d'en savoir plus.
« … quand je suis arrivé à Poudlard, tout le monde ici m'a regardé bizarrement, si bizarrement que je pensais que mon homosexualité se lisait sur mon visage. »
Severus grimaça. C'était donc cela. Une lettre d'adolescent mal dans ses pompes. Mais pourquoi se confie-t-il à moi ? Quelqu'un lui aurait-il dit que … Severus fronça les sourcils.
Je vais devoir mener mon enquête. Minerva ?Oui, sans doute cette vieille chatte aura eu la langue trop pendue, qui d'autre aurait pu lui dire ?Est ce que je vais raconter à tout le monde les crises de manque de citron d' Albus qui me réveille parfois en pleine nuit ?
En fait, cette rumeur courrait depuis de nombreuses années dans Poudlard. Lui aussi avait subi les remarques désobligeantes de ses camarades de chambre lorsqu'il avait été surpris avec Fitz Shakewood en cinquième année. Severus reprit sa lecture :
« Mais c'est seulement quand j'ai rencontré un homme, pas seulement un adolescent débile, mais un VERITABLE homme que j'ai compris ce que j'étais au plus profond de moi. » Juste. L'expérience des aînés est souvent profitable. … Lucius m'a beaucoup appris, sur certains plans, je dois le reconnaître.
« … malheureusement, je n'attire pas souvent ses regards, et ceux –ci sont plus souvent chargés de mépris que de tendresse. »
Vous ne méritez rien d'autre, Potter. Il est bon que vous découvriez enfin que vous n'êtes pas le graal de cette école
.« Pourtant, il m'est venu en aide plusieurs fois, et je sais qu'il cache de nombreuses blessures. »
Ben tiens, tout le monde n'est pas un enfant pourri gâté, comme vous, Potter, votre amoureux n'échappe pas à la règle.
« Le soir, lorsque les rideaux de mon lit sont tirés, mes mains soulagent difficilement mes pensées, et je dois m'interdire de penser à lui, sous peine de rétrécir l'espace vital de mon caleçon dans les moments les plus anodins, en cours, à table, en retenue… »
Severus leva un œil vers Harry qui était encore en train de frotter le sol à quatre pattes. Les genoux légèrement écartés pour un meilleur équilibre, il tournait le dos au bureau professoral, et donnait de vigoureux à-coups pour nettoyer la substance incrustée dans la pierre. Il semblait plein d'une fureur contenue, d'une fougue que la jeunesse pourvoit sans ménagement.
Severus sentit une certaine nausée s'emparer de son estomac. Il ne le voyait pas comme son étudiant, mais comme le rédacteur de cette lettre, et les choses prenaient un éclairage nouveau. Potter, gay, amoureux et mal dans sa peau. Severus avait du mal à y croire
Harry était essoufflé et poussait de légers halètements. Se sentant observé, il s'arrêta et se retourna vers son professeur.
« Quelque chose ne va pas, professeur ? »
Se reprenant, Severus lança : « Vous devriez mettre plus d'ardeur à nettoyer les conséquences de votre négligence, Potter, si vous voulez finir cette retenue avant demain matin. »
Harry le fixa un instant avec des yeux troubles, puis retourna à sa tâche sans un mot.
« … dès que je le vois, je sens mon cœur s'emballer, ce qui me rend souvent maladroit en sa présence. Ma fébrilité a en fait un sens : l'excitation me rend malhabile, l'obsession de son corps fait prendre des proportions incroyables à certaines parties du mien. Mon inexpérience… »
Tiens, Potter serait-il vierge ? « … accroît ma timidité, que je souhaiterais compenser par l'offre débridée de tous mes orifices à ses appétits, ma soumission la plus totale, et l'abandon complet de mon corps au sien, et plus si affinités. »
Severus n'en croyait pas ses yeux. Ce morceau de parchemin contenait plus de lubricité qu'un catalogue des Trois Suisses, pas la version familiale, non, mais la version qu'on reçoit habituellement de façon anonyme, par hibou nocturne.
« .. Voyez-vous, d'en parler suffit déjà à provoquer en moi le surgissement d'ardeurs que je m'efforce de contenir, en ce moment même, en prenant le problème à pleine main alors que je vous écris. »
De tels mots ne laissaient pas non plus insensible Severus, qui sentit comme une surpopulation dans son caleçon et tenta de passer outre ce trouble naissant.
« Cet homme est dur avec moi. Je souhaiterais qu'il soit aussi dur, lorsque comme dans mes songes il daignera me rejoindre, près d'une fenêtre ouverte. Je serais là, accoudé, regardant vers l'extérieur, la nuit presque silencieuse, et sans un bruit, il s'approcherait de moi. »
Quel romantisme Potter. Tiens c'est bizarre je n'entends pas les violons…
« Je ne me retournerai pas, devinant sa présence et guettant l'instant où son corps entrerait en contact avec le mien, le moment où il poserait ses mains sur mes hanches sans un mot. Feignant de ne pas l'avoir senti je reculerai mon bassin jusqu'à exercer un pression plus forte au creux de mes reins, me frottant presque insensiblement à sa virilité, l'agaçant de mes fesses charnues et à peine couvertes par ma robe de sorcier. »
Voilà que cela devient intéressant.
« Il glisserait ses mains chaudes sous mon pull tout en me maintenant collé contre son torse protecteur. Je sentirais sa bouche dans ma nuque, embrassant de ses lèvres humides la jointure de mon cou et de mon épaule, et remontant avec sa langue jusqu'à mon oreille, il murmurerait mon nom dans un soupir de désir. Je frissonnerais tandis qu'une main audacieuse amorcerait sur ma poitrine une danse lascive et frustrante, jouant de mon désir d'être saisi plus fermement. »
Vous êtes trop pressé Potter, pensa t'il en exécutant lui-même une descente vers son entrejambe.
« Toujours sans me retourner, je glisserais mes mains le long de ses cuisses, effleurant son sexe tendu sous ses vêtements déjà humides. Ce serait le signal, quand dans une revanche, il saisirait mon problème d'une poigne ferme, glissant insidieusement l'autre main entre mes fesses, déflorant par surprise et avec doigté mon intimité. »
Ayant de plus en plus de mal à garder toute contenance, Severus lâcha la lettre et respira profondément. Potter, les joues rougies et le souffle court, pris sur le rebord d'une fenêtre, dans l'obscurité et dans le silence… cette image commençait sérieusement à l'exciter lorsqu'il s'imagina à la place de l'obscur initiateur. Il lui fallait une douche bien froide, oui, glaciale même… avec Potter, innocent, et lui pour jouer les Pygmalions… Aprèstout ca ne pourrait pas être désagréable. Severus s'auto gifla mentalement. Il reprit toutefois sa lecture.
« Pris des deux côtés, il me sera impossible de tenir plus longtemps alors que je le supplierai de compléter totalement mon être, et ce n'est que lorsqu'il sera vraiment en moi qu'il m'emplira de toute sa passion. Ce sera si bon, j'imagine, si spécial, si différent. Je crierai son nom, dans la jouissance… (le texte s'interrompt et reprend plus loin)… et dans la douleur. Je hurlerai, je le supplierai d'être plus violent alors qu'il me mettra ses doigts délicieux dans la bouche pour me bâillonner…»
Hmm, je vois que nous avons les mêmes goûts, Potter.
« Alors, une fois repu, je me retournerai et l'accueillerai entre mes lèvres afin de lui donner une dernière caresse, promesse d'un nouveau rendez-vous nocturne. Je n'attendrai pas de lui de l'amour, mais un enseignement, pour me sortir de mon ignorance, et pour mettre en pratique ce que mes rêves produisent chaque nuit. »
… Severus fixait le parchemin sans prêter attention à ce qui l'entourait. Cependant, alors qu'il achevait de la lire, il releva la tête et eut un hoquet de surprise. Harry se tenait face à lui, à une dizaine de centimètres seulement, et le regardait d'un air inquiet.
« Etes vous vraiment sûr d'aller bien, professeur ? Vous êtes tout rouge et essoufflé. »
Severus se reprit :
« … Je vais très bien, Potter. Continuez donc votre potion si vous avez fini avec la tâche. »
Harry le regarda étrangement :
« Quoi ? N'ai-je pas été clair ? »
« J'ai terminé professeur. » Et il esquissa un sourire.
Il lui souriait. Cela semblait tellement étrange. Il ne pouvait rester là à le regarder. Severus jeta un coup d'œil à la lettre, puis soupira.
« Bon très bien Potter, qui est ce ? »
