Quand les deux frères entrèrent dans la salle du trône, les hommes étaient déjà assemblé et en silence regardaient le roi.

Aragorn était couronné grave mais tel un rôdeur il était assis sur les marches. à sa gauche sur un haut siège était assis Imrahil de Dol Amroth et à sa droite il y avait une chaise vide. La place habituel de Faramir. Celui-ci prit rapidement sa place et calmement informa son seigneur:

- Sire, j'ai pris la liberté d'envoyer des éclaireurs en Harad. Ils sont parti il y a un mois...

Aragorn hocha la tête en souriant légèrement:

- Très bonne initiative Faramir. Alors, quels sont ces nouvelles? Je n'ai qu'une vue d'ensemble...

Boromir pouvait voir qu'Aragorn avait en quelque sorte prit sa place dans le coeur de son frère. Faramir réagissait avec ferveur aux remarques du roi et comme avec Boromir autrefois, il recherchait l'approbation du roi et une grande loyauté les unissait. Après tout Aragorn était le roi.

Et Boromir n'était qu'un revenant....


Faramir se racla la gorge, il avait toujours été le plus sensible de sa famille. Ainsi ce qui était le plus difficile pour lui c'était d'annoncer les mauvaises nouvelles ou des terribles massacres... Justement dans cette situation il était question de massacre, il soupira, il s'identifiait trop aux autres et surtout à ses ennemis pour tenter de les comprendre. Avec une difficulté que seul son frère pouvait voir, il déclara:

- Mes éclaireurs m'ont apporté de sombres nouvelles... Toute la famille royal du Harad a été assassinée. Le roi, ses frères et ses neveux. Je pourrais même vous donner les circonstances exactes... Mais je pense que de telles discussions morbides ne nous apporteraient rien.

Aragorn hocha le tête et pensif ne dit pas un mot. Un grand silence s'abattit. Boromir baissa le regard. Pour des raisons qui lui échappaient il repensait à la captive, elle ne quittait jamais son esprit. Il revoyait son désarroi face à la nouvelle de l'état de son pays... Qui lui annoncera la mort de tout ceux qu'elle connaissait? Qui pourra la consoler?

Boromir haussa les épaules, pourquoi se posait il de tels questions?

Aragorn se leva et se mis à arpenter la salle. D'une voix brusque il brisa le silence:

- Je me demandes comment et pourquoi le Khand a atteint une telle haine pour ses anciens alliés...

Faramir, avec sagesse tentait de pas jeter toute les information sur le roi. Alors finalement il acheva de donner ses mauvaises nouvelles:

- Sire, on m'a aussi signalé aussi la présence d'orcs.

Aragorn se tourna vers Faramir et son visage était tiré... Comme si un grand poids venait d'être posé sur ses épaules:

- Mordor! Mais Sauron a été détruit...

Il fronça les sourcils et continua:

- Terribles énigmes!

Aragorn balaya l'assemblée de son regard perçant et finalement le posa sur Boromir. Celui-ci était encore perdu dans une rêverie de la princesse.

- Boromir!

- Sire?


- Vous avez vu les valar... Vous ont ils dit quelque chose au sujet de Sauron et ses complices?


Le gondorien secoua lentement la tête:

- Non je ne pense pas.


Aragorn fit un signe, signifiant la fin du conseil:

- Je vais informer Eomer du Rohan et les seigneurs d'Imladris... Le conseil reprendra au retour de ces messagers. Mais gardez le conflit en tête, j'ai bien peur que l'ennemi sera bientôt à notre porte sans que nous sachions qui il est. Et surtout comment s'en débarrasser.


Puis le roi sortit avertir ses messager et se retirer dans la solitude pour réfléchir. Comme poursuivit par des nazguls, des messagers sortirent de la ville et prirent leur chemin respectif. Aragorn espérait ardemment que ses amis répondront rapidement. Cette situation était vraiment étrange... Mordor était tombé sous ses propres yeux et voilà son ombre qui planait de nouveau.


Inconsciente de sa perte, Merwa marchait tranquillement dans le jardin. Elle suivait les gardes sans réfléchir, bercée par une rêverie qu'elle s'efforçait de fuir. Elle devait avouer qu'à présent son coeur était complètement brisé et morcelé à la seul mention du nom de Boromir. Elle s'irritait de penser ainsi, mais on ne peut pas contrôler ses émotions... On ne peut pas se forcer à haïr quelqu'un juste pour des principes et notamment des préjugés. Peut être devait elle baisser humblement sa tête face à ce sentiment plus fort que sa haine...


A ce moment exact, Boromir apparut dans son champs de vision. Il parlait à un autre homme qui lui ressemblait, cela devait être son jeune frère. Il s'interrompit et remarqua le regard de la haradrim sur lui. Laissant Faramir derrière lui, il alla vers elle. Elle recula, baissa les yeux. Elle ne voulait pas lui parler, elle voulait fuir son regard gris et ses belles mains. Mais il fit signe au garde de s'en aller et lui tendis son bras. Après leur altercation, elle ne pouvait pas accepter ce bras.... Pourtant, son éducation de princesse lui poussait à garder son maintien et ses manière même face à un pire ennemi... et face à un ennemi adoré, que faisait on?

Elle lui prit le bras et il la guida dans la dédales de ce jardin.

Boromir ne pouvait pas ouvrir sa bouche, pas prononcer les mots qu'il désirait dire... Une violente brûlure lui donnait envie de jeter sur le visage de cette fière barbare les nouvelles qu'il connaissait. Après tout c'était cet instinct qui l'avait poussé vers elle. Merwa garda le silence mais peu à peu son sourire de fille de bonne famille s'effaça. Il l'énervait, sa complaisance et sa manière de lui imposer sa présence sans lui demander son avis. Elle sentit une bouffée de soudaine colère:

- Alors!??!!?? Que me voulez vous? Me torturer encore!!!!!!! Après tout c'est tout ce que vous pouvez faire... Vous savez pas vous battre! Quand je vous compares aux hommes de mon peuple je ne vous vois que comme un jeune garçon qui croit tout savoir!

Cette tirade ne fut qu'une étincelle pour allumer cette étrange colère qui grandissait en Boromir.... Pire qu'une colère, un désir de détruire et blesser cette ennemie. Alors il tourna lentement son visage vers le sien et froidement déclara:

- Votre peuple? Savez qu'en ce moment même.... Toute votre famille est morte et de votre palais il ne reste rien.


Merwa perdit toute sa contenance et hurla presque:

- Que dites vous?!??? VOUS MENTEZ!!!!!!!

Sa voix était emplit de douleur, de rage contenue et d'incrédulité. Elle cria si fort que même hors du jardin on pu entendre ce cri rauque et brûlant. Boromir sursauta, il recula de deux pas. Ce cri l'avait empli d'air frais et de pureté...

Il voyait ce visage jeune mais tellement amère... Comme si un voile sombre avait couvert la jeune femme. Et ces yeux! Ils voulaient croire qu'il mentait.... Ils cherchaient un répits au gouffre de douleur qui s'étendait non loin d'elle.


Il ferma les yeux un instant, le chant persistant des océans et les côtes blanche... La précieuse pureté de Valinor, pays sacré... Et lui, envoyé par les valar prenait un plaisir terrible à détruire une personne...

Il tenta le lever la main pour la consoler et cacher ses paroles. Mais dans le même instant la haine qui bouillonnait en lui, lui fit tordre la bouche et murmurer de terribles paroles:

- Je dis la vérité. Des éclaireurs ont vu cela, votre pays n'est plus et votre famille a été assassiné...


Elle ne bougea pas, tout son corps était raidit et dans ses yeux brûlait une flamme rouge. Elle ne disait rien, se cachant dans sa colère. Mais au fond d'elle, elle tremblait et des larmes cherchaient à naître. Elle fit volte face mais ne bougea pas.

Oú pouvait elle allé? Vers quel ami pouvait elle se tourner?

Personne... Elle était prisonnière et les siens étaient morts. Elle était seule héritière de la famille royal du Harad... Et son peuple?

Alors que ces pensées se bousculaient dans son esprit, Boromir baissa la tête. Ce terrible instinct qui l'avait rendu si cruel et fière avait disparut. Et il se trouvait nu, comme quand il s'était levé à Valinor. Il pouvait revoir les sages seigneurs de Valinor et lui... Aussi impie et arrogant que ses ancêtres qui avait conduit Númenor à sa perte.
Combien il espérait pouvoir retirer ces froides paroles qu'il avait prononcées... Mais c'était trop tard... Cherchant à fuir cette honte qu'il n'aura jamais ressenti avant sa mort, il repensa à Valinor et ses terres bénis... Valinor était l'absolution même, le lieu où tout sera pardonné... Un lieu qu'aucun mortel pouvait atteindre.

La douleur glissa dans son être, dévastant sa prestance et sa rigidité. Les fines épaules de Merwa tremblaient dans ses sanglots étouffés. Elle voulait fuir, loin de cette terrible terre. Vers ce lieu dont parlaient les contes de son pays. Ce lieu où tout était d'or et que la lune éclairait en douceur. Un lieu où tout n'était qu'harmonie où il n'y avait aucun obstacle à l'étendue pure et verte des forêts. Là où l'océan venait se réfugier quand il était fatigué... La paix...


Mais c'était juste des contes... Elle le savait. Rien ne pouvait l'emporter loin de cette terrible nouvelle. Personne ne viendra la chercher... Les siens étaient mort et son peuple sous le joug des variags. Ô si seulement elle pouvait fuir cette ville de malheur et rejoindre au moins ses terres... Peut être qu'elle pourra s'occuper de son peuple, peut être pourra t'elle redonner la vaillance aux siens... Mais qui l'aidera?

Baissant ses bras courbaturé de fatigue et faiblit par trop de mouvement, elle se laissa glisser sur l'herbe verte. Baissant les yeux verts la douce pelouse soignée des jardins elle accepta enfin qu'elle était vaincu... Elle n'était qu'une jeune femme, encore courbaturé par sa convalescence et sans aucun allié.


Boromir regarda vaguement la jeune femme s'asseoir sur la pelouse. Il jeta un regard circulaire, il n'y avait personne, aucun témoin de sa cruauté. Sauf les valar qui veillait et Eru... Il avait trahi l'Unité, il avait trahi ceux qui lui avait redonné la vie... Il avait trahi cette petite flamme blanche qui grandissait en lui depuis son retour. Il avait laisser le noir étouffer cette flamme... N'avait il pas échouer comme au temps de l'anneau? Laissez guidé par cet appétit cruel et assoiffé de pouvoir...

Il avança lentement. Il ne savait pas quoi faire tellement il avait honte. Il s'approcha de la jeune femme et la regarda brisée et courbée sous le soleil. Au loin il pouvait de nouveau entendre ce chant qui alimentait ses rêves et ses espoir... La douce voix de Varda qui emplissait son âme meurtrit par le mal qui le rongeait parfois. Il baissa les yeux vers Merwa et ses long cheveux sombres lui fit penser aux flots sombres de sa tourmente.

Un étrange élan, plus fragile que celui qui l'avait poussé à blesser, lui donnait envie de la consoler, de lui faire des promesses et des promesses pour revoir des couleurs sur ses joues. Il s'agenouilla à ses côtés et d'une voix qui avait perdu toute sa fierté il murmura:

- Pardonnez moi, je l'ai annoncé bien rudement...


Merwa ouvrit ses yeux d'un air traqué puis le voyant, attaqua de toute sa douleur:

- Je n'ai pas à vous pardonner!!! De toute manière je suis sûr que vous ne savez pas parler autrement que rudement!!! Allez vous en!!!!


Étrangement, l'âme guerrière de Boromir ne réagit pas mais de sa même voix brisé il continua:

- Je suis sincèrement désolé pour votre pays. Je peux plus qu'imaginer votre désarroi... Je l'ai connu... Enfin presque

Il s'interrompit devant le regard incrédule de la jeune femme. Elle releva fièrement sa tête:

- Je ne pense pas!

Sa voix était sèche. Mais Boromir pouvait sentir une certaine fragilité... Et puis à sa voix se mêlait le chant de Varda. Était ce pour elle qu'il avait été envoyé? Il haussa les épaules, c'était peu probable que les valar puissent l'envoyer pour une raison aussi frivole...

- Si... C'est une histoire très compliqué princesse mais j'ai connu ce désespoir. Où tout semble perdu et toutes nos forces envolés... Oú quand la seule solution pour moins souffrir est de courber la tête...

Fascinée la princesse Haradrim leva les yeux, il venait d'articuler en mot ce qu'elle ressentait. Il continuait tout en regardant le ciel:

- Mais sachez que rien n'est perdu, qui sait ces éclaireurs se sont peut être trompés...

Il savait que jamais les éclaireurs du Gondor ne se trompaient ainsi, mais il avait envie de faire ces promesses dont tout le monde connaît la faille mais qui malgré tout redonne courage.

- Il y a encore de l'espoir. Sûrement! Votre père s'est sûrement réfugié quelque part en sécurité. Vous m'avez bien sous entendu que votre peuple n'est pas si rustre que ça.


Elle baissa les yeux qu'elle posait sur le visage du gondorien. Elle secoua tristement la tête et murmura:

- Non il n'y a pas d'espoir... Je connais mon père, je connais mon peuple, nous ne fuyons jamais devant l'ennemi. Nous préférons mourir qu'être emprisonné ou caché! D'ailleurs j'aurais du le faire il y a longtemps!

Boromir inclina la tête, il ne savait plus quoi dire. Il lui tendit la main pour la relever et en silence il retournèrent vers la maison des guérisons. Merwa avait retrouvé son fière maintient et un regard farouche et courageux. Mais elle restait silencieuse, refusant de croiser son regard.

En face de la porte il la salua et allait s'en aller quand la jeune guerrière l'interpella:

- Attendez!

Boromir se retourna rapidement, espérait il quelque chose d'elle?

Elle inclina simplement la tête:

- Merci de m'avoir dit la vérité... Ici personne ne me dira quoi que ce soit.

Il inclina la tête aussi, mais avant qu'il reparte la jeune femme murmura très doucement:

- Merci surtout d'avoir essayer de me montrer une lueur d'espoir... et me donner la volonté de continuer ma route...

Il la salua de ne nouveau et partit en répondant:

- De rien Princesse.


Elle le regarda partir, alors que ses gardes se rapprochaient d'elle. Elle retrouva sa geôle en silence. Allait elle devenir un foyer pour elle? Amèrement Merwa repensait à la terrible réalité, chancelante elle s'assit sur le lit. Non, elle ne pouvait pas y penser...

Elle se remit debout et commença à arpenter sa petite chambre. Mais les murs étaient trop étroits et elle désirait ardemment retrouver l'air libre et des étendues infinies... Courir sans devoir s'arrêter... Mais, même en courant elle ne pourra pas fuir cette réalité.

Elle caressa ses armes et les jeta par terre...

- Terribles armes! Armes je vous hais! C'est de vous que viens le torrent de sang, c'est de vous que vient chez les Hommes ce désir de tuer, de détruire!


Par ce mouvement brusque, la douleur dans ses bras se réveilla... Sa faiblesse la fit s'écrouler sur son lit et s'allonger en chien de fusil.

Mais sans cesse, pire que la douleur, revenait la terrible vérité... Merwa s'étonnait que le soleil puisse encore briller ou la brise chanter. Comment le monde pouvait il continuer son cycle? Alors qu'elle ne voyait que le vide et le néant!

Ils étaient tous morts!

Comment? Dans la douleur et l'ignominie....


Tué par leur propres alliés! Ô que le monde était étrange! C'était ses alliés qui tuaient sa famille et ses ennemis qui la soignaient! Mais alors quel était le bon camp?


Aucun?


Peut être qu'il fallait juger l'être humain par ses propres actes et pas par ceux de sa patrie...


Une seule chose pouvait lui faire oublier momentanément ce vide cruel...

Un visage,
Un regard,
Une voix...


Boromir.... Comment pouvait son pire ennemi devenir son seul allié?

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J'ai beaucoup hésité à publier ce chapitre par rapport à la crédibilité des caractères et en fin de compte j'ai décidé que c'était sans importance parce qu'après tout l'être humain est certainement bizzare et a des réactions innatendues....
Enfin grand merci à ceux qui me lisent.
Et une suggestion de lecture... Si vous aimez Boromir allez lire For Gondor de Clem. Une excellente fic!
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