La nuit était profonde et silencieuse. Une de ces nuits qui serre nos coeurs et qui nous rappelle que nous sommes que des simples mortelles. Une nuit sans magie ou beauté, Merwa était assise raide sur son lit.
Ressassant tout ce qu'elle savait et un dégoût de la vie, elle avait longuement essayé de dormir. Mais ses doutes et sa peine étaient trop forts pour la laisser s'assoupir et trouver la paix pour quelques heures.
Elle avait l'impression de patauger dans le centre d'un profond lac avec aucune lumière pour la guider vers les berges... Maintenant même s'ils la libéraient où irait-elle? Si seulement elle serait restée, elle serait à présent morte avec son père et les siens.
On l'avait laissée en paix pendant quelques jours, elle ne revit pas Boromir et elle resta dans un sorte de cauchemar amèrement lent. Et ses forces revenaient peu à peu. Alors elle se sentait de plus en plus dans une cage tel un féroce et sauvages tigre qui désirait reprendre sa liberté.
Et ce soir là elle atteignait le plus profond de son désespoir, elle voulait s'en aller... Toute sa pensée était fixée sur ce désir de liberté même si elle savait que jamais elle ne retrouverait sa patrie telle qu'elle l'avait aimée. Elle serait une errante, une princesse détrônée... Mais libre au moins...
Arwen rêvait les yeux ouverts à la façon des elfes quand un étrange pressentiment la fit se lever brusquement. A ses côtés Aragorn se redressa aussi en se frottant les yeux:
- Arwen nîn, qu'y a t-il?
Ils étaient tellement proches et unis que chacun sentait l'aura de son conjoint...
Elle gardait les yeux fixés dans l'obscurité et sentait une sorte d'oppression. Elle gardait toujours Minas Tirith exempte de mauvaises ondes. Les gens de la cité n'étaient pas foncièrement mauvais ainsi ce n'était pas une tâche difficile. Pourtant ce soir sans lune elle sentait un puis d'oppression, de douleur et de désirs inexauçable... Et tout le bonheur tranquille de Minas Tirith y était aspiré...
Arwen n'avait pas besoin de chercher d'où venait ce terrible sentiment... Elle le savait. La petite haradrim, elle l'avait oubliée... Cette orpheline chez des ennemis...
Aragorn posa une main sur l'épaule blanche et douce de sa femme:
- Arwen? Meleth nîn?
Elle secoua la tête:
- Ce n'est rien Estel, retourne dormir... Ce n'est rien.
Il ne retourna pas dans leur lit, il resta dans l'obscurité debout à côté d'elle. Puis finalement elle tourna la tête vers lui:
- Demain tu dois convoquer ta prisonnière... Elle sait peut être quelque chose que nous ignorons sur le Khand. Et puis j'aimerais la revoir.
Aragorn hocha la tête mais demanda:
- Est ce pour cela que tu te lèves brusquement au milieu de la nuit?
Elle hocha la tête:
- Tu es peut être le roi mais moi aussi je veille sur ton royaume...
Dans l'obscurité elle put le voir sourire:
- Mon royaume? N'est-ce pas aussi le vôtre ma chère Dame?
Arwen secoua la tête, se blottit contre son mari et mélancoliquement répondit:
- Ce n'est pas le mien Estel... Tu es le mien mais ce royaume appartient aux hommes... A mes descendants certes mais pas à moi. Je reste une elfe...
Il ne répondit pas. Ensemble ils allèrent s'allonger en silence, l'un contre l'autre. Il s'endormit en écoutant le doux battement du coeur de sa femme. Elle le serrait contre son coeur en tentant de se reposer. Il lui semblait qu'avec la naissance de cet enfant commencerait sa vie de mortelle... Elle sentait un lent changement s'opérer en elle.
Le lendemain, alors que le soleil se levait allègrement sur Minas Tirith, tout le monde s'empressait de manger et commencer sa journée. Dans une petite et sombre cuisine étaient attablés deux hommes et un jeune homme. Le plus jeune était ce même page qui avait découvert Merwa à demi morte. Maintenant qu'elle avait quitté les donjons, le jeune homme trouvait la tâche moins contraignante. Car il y avait seulement un voleur d'armes qui séjournait là-bas. Il semblait qu'apparemment le régime d'Aragorn Elessar était approuvé par beaucoup de personne et le crime était devenu rare. Nuror, tout en mâchonnant un morceau de pain, déclara:
- Maintenant le roi fait séjourner la prisonnière dans la maison des guérisons...
L'aîné leva la tête de son assiette:
- Comment!? C'est une trop douce geôle pour une pareille criminelle! Inadmissible!
Nuror secoua la tête et d'une petite voix contredit son frère:
- Le roi sait ce qu'il fait. Il parait que c'est pour le meilleur par rapport aux relations entre ces gens du Harad et du Khand.
Son frère reposa lourdement son verre et répliqua:
- Moi j'ai servi la maison de l'Intendant avant son arrivée et je sais que jamais il n'aurait toléré une telle chose! Ces haradrim devraient être tous exterminés! Ne se rend t'il pas compte que c'est des traîtres? Ils ont été dans le camp de Sauron alors ,comme ses orcs, ils doivent être chassés!
Nuror ne dit pas un mot, car après tout son frère avait raison dans un sens... Mais le roi était sage, très sage... Ça, on ne pouvait pas dire le contraire. Le troisième frère, qui s'était tenu silencieux, éleva enfin sa voix:
- Enerd! C'est des hommes comme nous et pas de la vermine comme des orcs! Et puis la situation est tellement plus compliquée! Le roi ne peut pas résoudre ce problème si facilement! Tu ne te rends pas compte que la situation est beaucoup plus compliquée?
L'aîné se leva brusquement et secoua sa tête:
- Geron tu devrais cesser d'aller dans ces réunions de ces gens qui ne parlent que des elfes et philosophent...
- Enerd, tu ignores tout! Nous ne parlons pas d'elfes et contes mais de la réalité qui se passe à nos frontières! Si tu venais au moins à ces réunions tu sera au courant de la situation! Le Harad n'est plus! Ce n'est qu'un vaste désert en ruine. C'est le Khand qui pose un problème en ce moment... De plus tu sauras aussi que quel que soit leur trahison, le roi Elessar leur a pardonné. Il est sage et même Mithrandir lui faisait entièrement confiance!
L'aîné ricana:
- Mithrandir? Lui et ses sornettes?!?!?
Geron ne répondit pas mais à la fin du repas très doucement murmura:
- Il est bien triste... Avec le passage à l'Ouest des elfes et des êtres sages, nous avons repris notre arrogance suprême et notre ignorance... Oui les hommes sont faibles... Et comme Númenor, le Gondor et l'Arnor sombreront dans la déchéance...
Puis il se leva et alla rejoindre sa réunion hebdomadaire. Il faisait parti d'un groupe qui existait avant la guerre de l'anneau. Ils se nommaient Les amis des elfes et quand même l'intendant se détournait de Mithrandir et des elfes, Gandalf trouvait refuge auprès d'eux. Avec les rôdeurs ils avaient été primordiaux pour l'accomplissement de la victoire. Bien sûr à présent il n'y avait plus besoin de cette sorte de milice
En marchant dans les ruelles étroites il soupira... Les gens qui avait oeuvré contre Sauron était bien mal récompensé... Si les gens simples raisonnaient comme Enerd, alors la victoire aurait été mordorienne...
Dans la demeure du Roi, Boromir et Aragorn discutaient en privé. Ils étaient dans la petite pièce où le roi passait des heures à réfléchir et établir ses plans en privé. Boromir était venu lui proposer une requête. Il désirait, pendant quelques temps, visiter l'Eriador et éventuellement organiser une rencontre avec les hobbits. Ces même hobbits qu'il avait tenté de sauver en payant avec sa vie.
Aragorn finit par répondre:
- Bien sûr que tu peux aller là-bas Boromir, D'ailleurs tu pourras ainsi m'apporter un compte rendu de la situation là-bas, bien souvent on m'a fait part de problèmes divers et je suis sûr que ta perspicacité me sera d'une grande aide. De plus, je suis sûr que Merry et Pippin seront heureux de te revoir. Mais n'oublie pas que la présence d'Hommes est interdite dans la Comté, alors vous devrez organiser une réunion à travers des lettres.
- J'en suis conscient, Aragorn. Alors avec ta permission dès demain je vais prendre la route.
Aragorn fronça les sourcils, il pouvait voir une étrange impatience dans le regard de Boromir. Il semblait impatient de partir loin de sa ville natale, loin d'un dilemme?
- Tout va bien Boromir? Je te sens très nerveux et soucieux ces derniers temps.
Un sourire forcé cacha les sentiments du fils du Gondor:
- Oui mon Seigneur, tout va bien. Je ne suis simplement pas habitué à rester dans un même lieu durant tellement de jours...
Bien qu'Aragorn sentait que ce n'était pas la véritable raison il renchérit d'un ton compatissant:
- Oui je comprends, mon passé de rôdeur me manque aussi...
Quand on passe des années à oeuvrer pour le bien de son royaume et quand finalement arrive la victoire, c'est bien difficile de s'habituer à devenir sédentaire et enfin savourer les fruits amer et doux de cette victoire.
Le jour même où Aragorn observa Boromir chevaucher vers l'horizon, arriva Eomer et sa suite. Le roi du Rohan n'avait pas changé, mais il avait pris de la prestance et une plus grande assurance. C'était sûrement dû à son récent mariage et son acceptation de la disparition de son oncle et du départ de sa jeune soeur. Il salua gravement le roi, car malgré sa joie de revoir son cher ami, la situation était vraiment inquiétante. Faramir qui était aussi présent, salua le roi du Rohan:
- Je suis très heureux de vous revoir Seigneur Eomer! Eowyn est d'ailleurs venue pour l'occasion mais elle est à présent avec la reine...
Eomer sourit à son beau-frère, cela lui faisait étrange que l'on parle ainsi de sa petite soeur. Sa soeur qui s'était toujours tournée seulement vers lui. Puis il reprit son masque de roi et se tourna vers Aragorn:
- Seigneur Aragorn, parlez moi de cette étrange situation...
- Je préfère attendre l'arrivée de mes frères.
Il invita ses amis à s'asseoir et ensemble ils discutèrent de futiles préoccupations.
Pendant ce temps là Eowyn avait rejoint le salon d'Arwen et elles prenaient le thé ensemble. Arwen parlait tendrement de son époux puis elle s'interrompit pour rire doucement. Eowyn leva un sourcil et reposa sa tasse:
- Ma reine?
Elle ne comprenait pas pourquoi la reine riait ainsi, Arwen s'interrompit pour répondre:
- Oh je repensais juste à l'attitude d'Aragorn ces derniers temps... Il s'inquiète pour ma santé... Mais Eowyn, je ne me suis jamais sentie aussi bien!
Eowyn hocha lentement la tête, c'est vrai qu'Arwen avait l'air épanouie et lumineuse. Sa beauté était devenue plus éthérée et moins mélancolique. Pendant un instant Eowyn sentit une étincelle d'envie lui rougir les joues puis elle secoua la tête. Non elle ne désirait pas devenir esclave d'un petit être qui grandissait en elle! Elle était une guerrière... Arwen continuait sa tirade, sans vouloir chercher à comprendre le désarroi soudain d'Eowyn, elle commençait peut être à connaître la soeur du Roi du Rohan: elle détestait la pitié.
- ... Sentir cette petite vie grandir en moi me donne envie de vivre encore plus. Je me sens soudainement tellement jeune!
Elle éclata de rire de nouveau. Elle était charmante et encore plus enviable par sa condition... Eowyn reposa sa tasse avec irritation, non elle n'était pas de ces femmes qui désiraient s'enfermer dans leurs demeures et élever des bambins. Elle était une guerrière, certes mariée mais pas enfermée!
Eowyn interrompit la reine:
- Ne voulez vous pas assister à ce conseil?
Songeuse, Arwen hocha la tête:
- Oui, mais je pense pas qu'Elladan et Elrohir sont arrivés... Enfin nous pouvons déjà rejoindre les hommes... Sûrement que votre frère est arrivé.
Les deux femmes sortirent de la pièce avec grâce. Elles étaient certes très différentes, mais toutes deux inspiraient le respect et l'admiration. Ainsi lorsqu'elles rejoignirent les seigneurs, tous se retournèrent en silence. Eomer inclina tout d'abord la tête vers Arwen en se remémorant de Gimli, il n'y avait pas si longtemps quand il avait déclara qu'Arwen était la plus belle femme qu'il avait vue, mais à présent il savait qu'il n'y avait pas plus belle femme que Lothiriel...
- Lothiriel vous envoie ses respectueux saluts mais elle n'a pas pu venir. Elle préférait rester à Edoras, de peur de sentir croître en elle l'envie de rester dans son beau pays...
Eomer sourit en ajoutant cela, Eowyn était heureuse de le voir ainsi. Trop de fois elle l'avait vu tiré par les soucis, son regard toujours porté sur des conflits. Le mariage lui donnait un lieu où s'épanouir... Sa nature tendre et aimante se réveillait, comme au temps de leur enfance où Eowyn était sa protégée...
Le frère et la soeur échangèrent quelques mots en rohiric et avec nostalgie Arwen pensa aux siens... Et c'est à cet instant précis qu'entrèrent les deux seigneurs elfes. Leur longue chevelure sombre était lissée et couvrait leur dos. Leurs habits étaient simples mais finement travaillés, ils étaient aussi gris que leurs redoutables regards. Ils inclinèrent en même temps leur tête vers Aragorn puis un sourire se dessina tout d'abord sur les lèvres d'Elrohir, puis sur celles d'Elladan. Le premier déclara en riant:
- A chaque fois j'ai l'impression de jouer une mascarade en te voyant avec cette lourde couronne Estel!
Arwen sourit et s'approcha de ses frères. ils se saluèrent mais avec cette pudeur elfique aucun ne montra sa vrai émotion. Puis lorsque tout le monde se tue, Aragorn hocha lentement la tête et déclara:
- Voilà... Tout le monde est présent. Désirez-vous vous reposer avant de commencer le conseil? Personnellement je pense que cette affaire est très urgente...
Tout le monde était tout aussi impatient de connaître le fond de cette affaire. Car ses répercussions risquaient d'être terrible. Aragorn expliqua tout ce qu'il connaissait déjà à Eomer et aux fils d'Elrond. Elrohir soupira à la mention des orcs:
- Il semble impossible d'exterminer cette vermine... Toujours là! Melkor a été enfermé mais ses graines continuent à germer! Sauron est détruit mais son mal reste... Son influence ne disparaît pas.
Son frère haussa ses identiques épaules et continua d'une même voix:
- Mais au moins nous pouvons voir un peu plus clairement la situation. S'il y a des orcs c'est qu'il y a encore une influence de Mordor. Et nous savons comment gérer son influence!
Eomer secoua la tête:
- Sire, pardonnez moi mais il me semble que rien n'est certain. Il y a peut être l'influence de Mordor ou peut être pire...
Faramir l'interrompit:
- C'est peut être pour cela qu'ils ont renvoyé Boromir...
Devant les yeux ébahis d'Eomer et des jumeaux, Aragorn raconta l'histoire. Elrohir était incrédule:
- Je n'ai jamais entendu parler d'une telle histoire! Un mortel renvoyé pour... l'unité? Je sens quelque chose de sombre là dedans...
Arwen secoua la tête et contredit son frère:
- Tu n'as pas vu Boromir, il semble vraiment avoir une nouvelle lumière... Qui souligne ses dires. Je crois sincèrement que ses les valar qui l'ont envoyé... D'ailleurs notre grand-mère était au courant... Non je pense que Boromir a été envoyé pour une bonne raison.
Eomer haussa les épaules:
- J'ignores quel aide nous donnent les valar je sais juste que nous devons aussi tenter de résoudre cela avec nos propres moyens. C'est à présent l'âge des hommes!
Aragorn hocha la tête et Arwen répondit pour lui. Elladan sourit légèrement en voyant l'osmose dans laquelle vivait le couple royal:
- Et il y a Merwa, elle peut nous aider...
Un grand silence emplit la salle. Eowyn dédaigneusement déclara:
- Si elle continue son manège d'arrogance je pense pas qu'elle sera d'une grande aide...
Aragorn secoua la tête:
- Non Dame Eowyn, Elle a beaucoup changé... Je crois qu'elle commence à mieux voir la situation; comme nous autres hommes de l'Ouest.
Le roi fit un signe à un de ses gardes pour apporter la prisonnière. Arwen jeta un regard circulaire, elle craignait que Merwa se comporte sauvagement et que cela détruit ce grand pas vers une certaine unité... Si seulement Boromir était là. Il semblait à l'elfe que le gondorien seul pouvait l'aider, ils se ressemblaient tellement...
La porte s'ouvrit, et devant le garde venait Merwa. Elle était habillée simplement avec les habits que Ioreth lui avait donnés. Elle gardait fièrement sa posture de princesse haradrim et son pas assuré. Mais la lumière avait quitté son regard et, fascinée, Arwen observa la nouvelle confiance que la jeune femme avait envers Aragorn. Peut être parce qu'il l'avait soignée mais sûrement grâce à sa bonté et son dévouement pour le bien.
Elle s'assit sur le siège que lui désignait le roi, elle était à côté d'Arwen. La reine lui sourit mais la prisonnière ne le lui rendit pas. Elle dévisagea silencieusement les gens autours d'elle, cherchant peut être Boromir du regard. Longuement elle admira la prestance et l'aura fascinant des deux elfes. Arwen lui murmura tout doucement :
- Ce sont mes deux frères: Elladan et Elrohir, seigneurs d'Imladris.
Puis Aragorn se tourna vers elle et posa sa première question:
- Princesse Merwa... Excusez moi, Reine Merwa...
Merwa baissa enfin les yeux, cela sonnait tellement étrangement ce titre, c'était trop lourd... Mais le roi du royaume réunifié continua:
- Vous connaissez la situation, croyez vous qu'il y ait une raison pour que les variages attaque le Harad?
Elle secoua négativement la tête et courageusement ravala des soudaines larmes qui voulaient couler. Le ton d'Aragorn était si respectueux et doux, tout comme celui de son père quand il parlait à sa fille... Mais le regard glacial de la dame d'Ithilien lui rappela la situation, elle devait être forte pour l'honneur de sa partie et de sa famille! Merwa releva la tête et s'éclaircit la voix:
- Peut être qu'il y avait une raison... Je ne sais pas si vous le savez mais le roi du Khand est un cousin éloigné de mon père et il désirait qu'il crée une alliance avec lui, pour que nos deux nations aient plus de pouvoir.
Eomer était visiblement ennuyé que cet interrogatoire ait lieu devant lui, tout comme sa soeur il ne pouvait que très peu supporter les haradrim ou viarags. Il voyait en eux la corruption et le mal. Il cherchait à comprendre pourquoi Aragorn la traitait si bien. Il ignorait que son ami lui même avait du apprendre à accepter certains faits, sans Arwen la situation aurait vraiment mal tourné. Il coupa la parole à Merwa:
- Sire, je ne comprends pas pourquoi vous voulez la questionner... La solution est simple, nous devons nous préparer à les confronter dans un combat et c'est tout...
Aragorn sourit légèrement, on pouvait voir la sagesse de toutes ses années d'errance, comme s'il souriait de l'impétuosité de la jeunesse d'Eomer. Avant qu'il puisse répondre, son épouse prit la parole:
- Eomer, n'en avez vous pas assez de tuer chaque jour? De toujours tout régler avec le combat?
Eomer leva les sourcils:
- Qui pourrait aimer cela, Dame Arwen? Mais nous ne pouvons pas perdre notre temps à réfléchir et tenter de trouver une solution plus douce quand il n'y en a pas.
Alors, face à la surprise générale, Merwa répondit à la place de la reine d'une voix ennuyée:
- Vous parlez exactement comme mon frère qui est mort lors de la bataille de Pelennor!
Puis elle se mordit la lèvre, mais les elfes présents sourirent... C'était vrai que pour eux tous ces mortels étaient semblables. Eomer était un peu abasourdi, il jeta tout d'abord un regard noir à la prisonnière puis il baissa ses yeux. Il se rendait compte légèrement de la signification de la réflexion de Merwa. Etait-il aussi sauvage et irréfléchi que les suderons? Serait- il tombé dans la tentation face à un Sauron aussi habile qu'au temps de Númenor?
Faramir qui avait grandi dans la sagesse de Gandalf et une constante observation, hochait la tête depuis son coin. Il se rendait compte de la manoeuvre d'Arwen et son coeur idéaliste s'embrasa... Oui c'était une très belle vision, une vision d'Unité! Il voulait y croire, il voulait oeuvrer pour qu'elle existe... Mais il doutait que cela marche... Et si certains hommes naissaient mauvais? Il secoua la tête, il voulait pas y croire...
Aragorn reprit la parole:
- Je pense que si nous travaillons ensemble nous pouvons empêcher les fruits de la méchanceté de Melkor d'éclore. Nous pouvons tenter de montrer que l'homme n'est pas si faible, que nous pouvons nous relever malgré nos faiblesses... C'est l'âge des hommes Eomer, vous avez raison... Et je crois comprendre la manoeuvre des valar en nous envoyant Boromir... Ils ne peuvent pas nous envoyer un maiar. L'âge de Gandalf a pris fin avec la destruction de l'anneau. Ils ne peuvent pas nous envoyer des elfes non plus...
Il fit une pause et jeta un regard vers Arwen puis ses frères adoptifs. Elrohir acheva l'idée pour lui:
- Car cet âge marque aussi la fin des elfes sur la terre du milieu. Ceci est votre âge... Je pense que notre présence, celle des semi-elfes, est là pour vous montrer un regard extérieur...
Arwen gardait les yeux baissés, mais Aragorn pouvait sentir sa mélancolie. Savoir que c'était la fin des siens devait être un grand poids à porter. Il l'avait porté quelques temps, croyant que c'était la fin du monde des hommes mais il avait eu l'opportunité des les sauver mais pas elle... Sa douce épouse devait voir les siens quitter la terre et mourir dans la plus grande solitude. Peut être qu'Elladan pensait de même car il posa sa main sur celle de sa soeur.
Après un silence, Aragorn reprit le cours de son interrogatoire:
- Votre père ne voulait pas s'allier à eux? Pourquoi?
Merwa secoua sa tête:
- Il ne le voulait pas car cela voudrait dire que ces deux royaumes en deviendront deuxor nous sommes deux nations très différentes.
Puis elle baissa les yeux, cet interrogatoire la fatiguait. Elle n'avait jamais représenté son pays face à des étrangers, encore moins des ennemis. Elle cherchait les bons mots et à être diplomate. Si les siens l'avaient vu ainsi, ils ne l'auraient jamais reconnue.
Elle remarqua que tout le monde était silencieux et qu'Aragorn posait un regard plein d'attente sur elle, alors elle reprit la parole. Pour la première fois sa voix était hésitante et faible:
- Nous les haradrim nous vivons comme des nomades. Bien sûr certaines villes sont... étaient habitées constamment et dans certaines le roi et sa famille passaient de grands laps de temps. Mais nos habitudes étaient tout de même nomades, après 6 mois nous étions obligés de voyager, aller établir un camp plus loin. Tandis que dans le Khand a des habitudes sédentaires et étaient toujours fermement allié au Rhûn et à Mordor.
Aragorn hocha la tête, il le savait cela. Mais entendre une haradrim le souligner assurait sa connaissance. A travers le regard d'Aragorn, elle reprenait confiance et sa voix devint plus forte et moins hésitante:
- Rhûn et Khand ont la chance d'avoir des terres cultivables, alors ce sont des nations sédentaires. La raison pour laquelle le roi du Khand voulait se lier à notre nation, était purement pratique. Nos terres sont très proches des vôtres, de plus nos routes mènent à vos villes. Et puis depuis de longues années le Khand est devenu envieux des richesses de mes ancêtres. Or ils ignoraient que nos richesses n'était qu'une.... Le secret de notre bonheur et l'harmonie de mon pays ne dépendaient que d'une chose... La liberté. Enfin... Je pense que vouloir nos richesses étaient peut être une excuse pour avoir plus de terre, plus de pouvoir... Après la grande guerre (nda: c'est comme ça que l'on appelle la guerre de l'anneau chez les haradrims) , nous avons continué notre chemin plus facilement que les autres... Car la destruction de Mordor a entraîné le changement de climat chez eux et aussi la destruction de leurs provisions et champs. Bien sûr nous aussi avons perdu nos hommes, mais notre désert est resté le même.... Nos villes, inatteignable par la rage des orcs de mordor, sont restées intact... Jusqu'à cette attaque...
Puis elle se tue, baissant les paupières et ses mains se crispèrent. Elle repensait à Gulab où elle avait passé de nombreuses années quand elle était trop jeune pour voyager. Puis chaque année elle était revenue, ces gens si chaleureux, ces longues soirées avec le café odorant et la musique qui montait dans le silence du désert.... Tout était parti en fumée...
Tous ces gens qu'elle connaissait, tous ces gens qui l'avait guidée plus jeune, n'étaient plus que des cadavres que les faucons venaient achever.... Sous le cruel soleil du désert... Personne pour protéger les pauvres enfants survivants de ce terrible massacre. Et elle, elle petite princesse toujours protégée était assise tranquillement.... Elle n'était pas blessée, elle savait qu'elle allait bientôt manger et dormir en sécurité... Elle avait trahi son peuple, elle aurait du mourir à ses côtés...
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J'ai pris énormément de liberté dans ce chapitre, tout en cherchant à rester correct avec la vision de Tolkien. J'espère que ce n'est pas trop compliqué et que vous comprenez bien ce qui se passe... Je suis désolé que ce chapitre soit tellement long, j'espère que c'est digérable! Bref merci de me lire...
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