Au petit matin, ils furent réveillés par la clameur qui montait de la ville qui s'activait.
Lorsque Boromir ouvrit les yeux, il remarqua l'absence de Merwa. Se mordant la lèvre pour ne pas jurer il se leva et s'aspergea le visage d'eau fraîche. Il faisait une chaleur étouffante...
Puis, il jeta un regard autour lui, bien sûr maintenant qu'elle était dans son propre pays, elle en avait profité pour fuir lâchement... Toutes les femmes semblaient habillées comme Merwa. Il décida de boire un peu d'eau avant de se lancer à sa recherche. Des images confuses se bousculaient dans son esprit: Finduilas qui se penchait vers lui. Son père qui posait sur lui un regard trop lourd et Merwa qui lui hurlait dessus. Secouant ses cheveux humides, il laissa ces images trop complexes se perdre dans un recoin de son esprit.
Merwa regardait avec grand plaisir la rue animée par les marchands ambulants et les enfants qui jouaient à la balle. Bien qu'elle n'avait jamais vécu dans un quartier tellement populeux, elle connaissait bien son peuple. Elle l'aimait pour ce qu'il était. Remarquant qu'un haradrim la fixait d'un air étrange, elle rabattit sa capuche sur son visage: elle ne devait pas être reconnue.
Mais alors qu'elle tentait de rebrousser le chemin et rejoindre le coin du toit où elle avait dormi, une main s'abattit sur son épaule. Craignant un ennemi ou encore un brigand, elle fit volte face et, en vociférant des injures en haradrim, elle gifla l'homme. Ce ne fut qu'après cette magistrale gifle qu'elle reconnut Boromir. Il semblait sur le point d'exploser de colère, mais il avait remarqué comme elle que tout le monde les regardait. Alors, la tirant à sa suite, il répliqua froidement:
- Où étiez vous? Je vous cherchais! N'oubliez surtout pas que vous êtes une prisonnière.
Elle ne répondit pas, elle n'avait pas envie de répondre.
Ils rejoignirent leurs compagnons et ensemble ils se penchèrent sur une carte. Rodthelion pointa du doigt la ville la plus proche:
- Le roi nous avait dit d'aller tout d'abord à Bhar Magh...
Merwa hocha la tête:
- Ce n'est pas si loin, nous pouvons l'atteindre en un jour... Ici on est seulement dans une ville frontalière, on n'apprendra pas grand chose.
Alors ils reprirent la route.
Le voyage fut plutôt rapide, ils n'eurent pas à faire halte dans un caravansérail.
Ils s'arrêtèrent tout de même en milieu de journée dans un petit oasis pour manger quelques morceaux de pain de voyage. Tout en mangeant, Magor avait sorti ses cartes et jouait avec le jeune Turhavan tandis qu'Amdir gardait le silence et scrutait l'horizon. Après une dernière bouchée, Boromir se tourna vers Merwa:
- Il faudra que je saches au moins quelques mots de votre langue. Ainsi je pourrai parler aux hommes à l'entrée de la ville. Cela serait louche que vous soyez notre porte parole.
Elle but une gorgée d'eau et haussa les épaules:
- Croyez vous que l'on apprenne si facilement une langue? Vous comprendrez rien à ce que diront les gardes...
Elle avait une expression désinvolte, mais dans ses yeux brillait un certain dédain.
Boromir leva un sourcil et répliqua:
- Pourtant vous parlez avec aisance ma langue...
- J'ai eu de nombreux tuteurs.
Puis, elle s'assombrit et se détourna. Une expression trop mélancolique pour une jeune femme de son âge masqua les pensées de Merwa.
Ils reprirent la route et avant la tombée de la nuit ils entrèrent dans la ville fortifiée. Ils étaient maintenant dans le désert et tout semblait étrange. Ce fut Merwa qui argumenta avec les gardes sous le regard noir de Boromir pour pouvoir enfin entrer.
Bhar Maghr était plus silencieuse que la première ville qu'ils avaient croisée.
Mais il leur semblait qu'ici l'horreur de la guerre était très proche. Les gens étaient à la fois froids, mais aussi accueillants. Il y avait des auberges gratuites pour les errants qui avaient perdu leur maison et leur famille.
Merwa leur trouva une chambre assez grande pour qu'ils puissent tous dormir par terre. Boromir ferma solidement la porte avec sa clenche et se tourna pour voir sa petite troupe s'installer dans cette pièce dans les combles. Elle était très spacieuse mais basse. Pour des hommes aussi grands que les rôdeurs c'était désagréable, mais Merwa filait d'un côté à l'autre de la pièce avec aisance.
Amdir étala sa couverture au dessous de la fenêtre. Il fit un geste courtois de la tête à Merwa. Elle lui répondit avec un sourire. Le dúnadan était de compagnie agréable, mais il parlait rarement. Il se comportait toujours avec respect et douceur envers la haradrim. C'était le seul qui n'avait rien dit de mauvais au sujet de leurs hôtes. Même en grommelant Boromir avait dit quelques mots négatifs.
Merwa fit aussi sont lit avec sa grande cape, dans un coin de la pièce: entre Boromir et Amdir.
Rodthelion vint rejoindre Amdir pour lui parler à voix basse tandis que de l'autre côté de la pièce Magor avait allumé une bougie et le jeune Turhavan avait sorti ses cartes usées par le voyage. Bientôt les deux compères se laissèrent emporter dans une partie déchaînée d'un jeu à la mode à Minas Tirith. Rodthelion posait des questions à Amdir et Boromir au sujet de la manière dont se battaient les haradrims. Le compagnon de Faramir finit par secouer la tête:
- Je ne comprends pas! Nous sommes dans une contrée désertique, d'où sont venus les oliphants?
Merwa qui était allongée sur sa couche et avait enfoui son visage dans sa couverture, soupira et d'une voix cassante interrompit leur conversation:
-Le Harad est un désert! Mais ne croyez pas connaître tout le pays en ayant seulement parcouru quelques mètres de ma patrie. Les Oliphants sont très nombreux dans la région entre la rivière Gulabo et le lac Eredûm.
Boromir posa son regard songeur sur elle. Ses yeux gris étaient voilés et Amdir en fut étonné. Il n'avait jamais vu son capitaine ainsi. Il avait perdu le fil de leur conversation et gardait ses yeux sur elle. Pourquoi avait-il envie de se pencher vers elle, pourquoi avait il envie de l'inviter dans leur conversation, pourquoi avait-il envie de se perdre dans son regard brûlant et sombre?
Cette piètre guerrière et trop jeune femme lui transperçait de plus en plus le coeur. Étrange est l'histoire d'un guerrier qu'aucune femme avait pu détourner de son seul amour: le Gondor mais qui était dérouté par une jeune femme qui venait à peine de commencer son chemin dans la vie réelle. Oui, Boromir du Gondor devait se l'avouer: Merwa devenait de plus en plus importante pour lui... Mais qu'était il pour cette enfant? Il n'était qu'un rustre ennemi pour elle, un homme qui l'avait blessée encore et encore...
Se détournant d'elle, il se tourna vers ses amis. Mais il ne savait plus ce dont ils parlaient. Soupirant, il prit congé et alla s'allonger sur sa couche. Il faisait chaud malgré les fenêtres que Merwa avait ouvertes. Malgré cela, il se couvrit le visage et ferma les yeux. Il avait beau tourner et se retourner, sous ses paupières il était hanté par ce regard farouche. Encore aujourd'hui ils s'étaient disputés, pourtant il ne pouvait pas s'empêcher de penser à elle... Dans ses rêves, dans son esprit, elle lui apparaissait comme entourée d'une lumière dorée et de la plénitude de Valinor. Car il ne voyait plus Valinor dans ses rêves, ce monde trop parfait avait laissé la place à cette jeune femme qui était loin d'être parfaite... Mais comment pouvait il trouver ce qu'il devait faire de cette nouvelle vie quand le souvenir de cette femme et la présence de cette enfance l'empêchait de réfléchir de manière sensée ? Alors qu'il sombrait dans un profond sommeil, il lui sembla entendre la voix de Varda qui chantonnait à son oreille un refrain mélancolique et fragile:
- L'Unité par la vie, la guerre par la mort
L'Unité par le respect, la guerre par la haine
L'Unité par l'amour, la guerre par l'inconscience.
Merwa se réveilla la première. Se glissant hors de son lit, elle fit sa toilette devant un miroir de bronze accroché sur le mur et s'aspergea le visage de l'eau qu'on avait laissé à l'intention des voyageurs dans un seau. Puis, elle ouvrit la porte avec toute sa discrétion et fila dehors. Elle n'avait pas l'intention d'être déshonorante et fuir. Mais être de retour chez elle faisait réveiller la sauvagerie de son sang et son âme de nomade. Se couvrant bien le visage, elle s'élança dans les ruelles vides. C'était étrange de n'entendre que des lointains signes de vie. Une raison étrange poussait Merwa à aller voir dans le quartier réservé aux gens de voyage. Espérait-elle au fond d'elle de croiser quelqu'un qu'elle avait cru perdre dans ce terrible raid?
À son étonnement, elle vit qu'il n'y avait personne dans la vaste place ou normalement des caravanes ou des étrangers et leurs chevaux se reposaient. Il n'y avait personne. Tous les nomades, qui étaient une grande partie de la population, avaient-ils disparu???
Longtemps Merwa resta adossée contre un mur à regarder le soleil se lever. Elle repensait à la dame de la lune, cette déesse que les femmes du Harad louaient et priaient. Maintenant que l'Aube éclairait légèrement l'énorme place vide, il était impossible de se tourner vers elle pour trouver un peu de réconfort. Mais dans son coeur Merwa savait que même si la lune disparaissait avec les étoiles, la Grande Dame serait toujours là... Alors elle éclata en sanglots, ici où personne ne pouvait l'entendre. Elle se blottit contre ce mur, ancienne ruine d'un peuple qui avait vécu avant les Haradrims. Elle pleurait, pour cet amour qu'elle sentait grandir en elle, pour cette perte de ses racines et pour son pays en ruine... Son peuple allait-il s'éteindre comme ceux qui étaient venus avant eux? Allait-elle aussi trahir ses ancêtres et son peuple en se tournant vers le pire de leurs ennemis?
Finalement, le soleil laissa ses voiles pourpre et rosé derrière lui pour briller avec intensité. Mais ce n'était pas le soleil qui apportait le bonheur chez les gondoriens. C'était le soleil qui apportait la sécheresse chez les haradrims. Ce soleil qui était chassé par la belle lune qui veillait sur ses filles dans le grand désert du Harad.
Reprenant courage face à cet astre hostile, Merwa sécha son visage souillé par ses larmes et se leva. Même si son peuple arrivait à sa fin, même si elle était la dernière de sa lignée, même si face à elle se tenait un choix trop lourd à accomplir... Son devoir elle le ferait avec dignité. Même si à la fin elle devait rencontrer que la ruine et la mort. Elle était fille des rois, elle était filles des nobles... Et ainsi elle continuerait son chemin...
Rapidement, elle rejoignit la maison d'hôte où ils avaient passé la nuit. La porte de leur chambre était grande ouverte et elle pouvait entendre Boromir beugler des ordres. Avaient-ils remarqué qu'elle n'était plus là? Ou bien croyaient-ils qu'elle était encore endormie sous le tas de couverture?
En tout cas, quand elle traversa la porte, tous la regardèrent avec surprise. Boromir, pendant un instant plongea son regard dans le sien. Puis il haussa les épaules et rétorqua:
- Où étiez vous?
Encore pleine de rage et d'impuissance, elle haussa les épaules et d'une voix indifférente répondit:
- Cela ne vous regarde certainement pas!
D'un grand pas, il se trouva à sa hauteur. Brusquement, il posa une main sur le bras de la jeune femme et d'une voix menaçante déclara:
- N'oubliez pas que vous n'êtes qu'une prisonnière princesse!
Bien qu'elle tentait de le cacher, la brutalité de Boromir l'avait faite frémir. Alors, elle inspira profondément avant de déclarer d'une voix forte:
- N'oubliez pas qui je suis; Fille des rois du Harad!
Le regard de l'homme s'adoucit. Merwa tremblait légèrement.... De colère? De peur? Ou bien une soudaine réalisation lui avait coupé le souffle?
Elle recula comme si Boromir était un feu qui risquait de l'embraser. Elle se cogna sur Amdir qui la retint pour ne pas qu'elle ne tombe.
Boromir haussa les épaules et se tourna vers ses hommes qui empaquetaient leurs affaires:
- Nous laisserons nos sacs ici... Mieux vaut se séparer pour soutirer le plus d'information possible.
Merwa se baissa sur sa literie et son sac. Alors qu'elle rangeait ses affaires, son esprit troublé par cette étrange confrontation l'empêchait de penser à autre chose que ce regard qui pouvait être à la fois si menaçant et si doux...
Amdir sortit le premier de leur chambre, il était suivi de Rodthelion. D'un accord muet, Magor et Turhavan sortirent peu après.
Boromir attendait à côté de la porte. Il ne regardait pas Merwa, mais toute son attention était portée vers elle. Elle restait agenouillée devant son sac et ses mains palpaient silencieusement sa sacoche. Puis, lentement elle leva les yeux vers lui. Pendant un instant, leurs regards étaient perdus l'un dans l'autre. Boromir fut le premier à secouer la tête pour sortir de sa transe.
- Nous ferions mieux de commencer notre enquête...
Il lui tendit la main pour la relever. Silencieusement, elle le suivit et ferma la porte derrière elle.
Beaucoup de gens se retournèrent pour voir ce grand homme aux yeux ? gris, suivi d'une femme de leur peuple. Mais ces pauvres rescapés de la violence et de la guerre savaient garder leur regard sur leurs propres affaires. Ils détournaient les yeux quand Boromir levait les siens. Ils craignaient les étrangers après tout ce qui était arrivé. Heureusement cette ville n'avait pas été occupée, mais les réfugiés étaient nombreux. On voyait ça et là des hommes armés jusqu'aux dents.
Merwa trébucha sur une brique qui traînait sur le chemin et manqua de tomber sur une vieille dame qui demandait l'aumône. Elle semblait si vieille et se déplaçait avec difficultés:
- Une pièce mon enfant, juste une pièce... Je prierai pour toi ma fille, je prierai pour que ta vie porte ses fruits.
Hébétée, Merwa fixait la dame qui se tenait devant elle. Les regards vides des gens autour d'elle l'avaient marquée et elle était encore sous leur effet. Et puis cette vieille dame, comme les mendiants que sa garde faisait fuir quand la princesse s'aventurait hors de sa demeure. Son visage était crevassé par la faim et usé par la chaleur et les ordures. Ses mains se levaient en imploration. Pendant un instant, la jeune femme eut l'impression que cette femme était la terre du Harad: mutilée et mourante à cause de ces gens qui cherchaient en elle que richesse et pouvoir.
Boromir n'avait pas remarqué tout de suite que Merwa s'était arrêtée. Ce ne fut qu'après quelques mètres qu'il se retourna. Il la vit au loin, dans ces ruelles quasiment vides et inquiétantes, face à une vieille femme.
En quelques grands pas, il l'empoigna et l'attira à sa suite:
- Princesse, nous n'avons pas de temps à perdre à écouter les implorations d'une vieille mendiante.
Puis, changeant son ton à celui d'un capitaine, il continua:
- Je pense que le meilleur lieu pour trouver des informations sur l'état de la guerre serait d'aller dans une maison à boire...
Elle était encore plongée dans cette analogie du Harad et avançait machinalement. Boromir lui secoua le bras:
- Mer.... Zayana?
Il la secoua doucement et elle leva sa tête et se dégagea:
- Je vais bien merci, vous me faites mal!
Il haussa les épaules et ronchonna:
- Tant mieux, venez...
Il la guida à la porte d'un étrange établissement. Merwa leva les yeux et lu la pancarte:
- C'est une maison de thé... Ils aiment boire du thé à la menthe pour se rafraîchir...
Boromir haussa les épaules:
- Rafraîchir? On peut essayer voir si ça marche... Mais on n'a pas d'argent...
Elle ôta son voile et sourit:
- Le troc ça marche... J'ai encore un bracelet pas trop précieux sur moi...
À leur entrée, ils furent surpris de voir autant de personnes attablées. Merwa ne fut pas trop dévisagée, car toute l'attention était portée sur cet étranger si clair de teint et de regard. Boromir observait avec fascination cette maison de thé. Il y avait une grande table basse et toutes les personnes, qui étaient en majorité des hommes, étaient assises sur des coussins à même le sol. Sur ces tables, il y avait plusieurs théières et des délicat petits verres devant chaque client. Une belle femme les guida dans un coin obscur de la table où il y avait les seuls places vides. La serveuse sourit à Boromir d'une manière qui fit tourner le sang de Merwa. Mais avec irritation elle secoua la tête: pourquoi réagissait-elle ainsi?
On leur présenta un plateau chargé de douceurs aux amandes, au miel et fourrées de pistaches. La serveuse tentait d'attirer l'attention de Boromir, mais elle ne savait pas que cet homme était rarement troublé par le charme féminin: c'était un homme de guerre. Et puis, en ce moment c'était un homme avec une seule obsession grandissante: Merwa. Il avait l'habitude de rester concentré sur sa mission tout en pensant à autre chose, mais à présent son esprit était divisé en deux partie: le Gondor et Merwa.
Boromir était aussi intrigué par cet étrange établissement. Son voisin de gauche lui tendit une théière dorée. Boromir observait avec méfiance l'objet. D'un geste vif, Merwa lui versa un peu de thé brûlant dans un délicat verre décoré de dessins rouges. Puis, elle se tourna vers sa voisine pour lui parler à voix basse. C'était une des seules femmes à fréquenter cet endroit. Boromir tenta de parler à son voisin, mais celui-ci ne parlait pas la langue commune. Alors le gondorien fut contraint d'observer sans rien dire la scène face à ses yeux. Le thé était très sucré et apparemment rafraîchissant. La pièce était trop sombre pour apercevoir quelque chose, mais il pouvait entendre le murmure continu de Merwa et sa voisine. Il tentait de détailler les haradrims autour de lui malgré l'obscurité. Ils le répugnaient, leurs visages basanés et leurs regards de braise. Après tout il était un gondorien qui, toute sa vie, s'était battu contre eux. Mais, à ce moment là, Merwa posa sa main sur son bras pour attirer son attention. Il se tourna vers elle, mais il ne pouvait entendre sa voix, tellement il était plongé dans sa contemplation... Elle était aussi une haradrim mais une chose était sûre... Elle ne le répugnait pas, bien au contraire... Pourquoi donc? Chose étrange...
- Boromir? Capitaine?
Il secoua la tête pour fuir sa rêverie.
- Quoi donc?
Merwa plissa les yeux de colère:
- Vous ne m'écoutez pas! Dois-je répéter tout cela?
Il acquiesça tout en se disant qu'il aimait bien quand elle était en colère contre lui. Elle le prenait de haut, comme un petit garçon en faute. Alors qu'il était son aîné d'au moins 20 ans...
Elle recommença à expliquer:
- Cette jeune femme a perdu son époux et ses enfants lors d'un raid des viarags... Elle a été emprisonnée pendant de longues journées avec un chef de raideur... Elle est d'accord pour nous aider dans notre quête. Mais il me semblait qu'il valait mieux la questionner à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes...
Il hocha la tête gravement. La rescapée le fixait de ses yeux sombres et craintifs. Il était étrange qu'elle lui fasse confiance, Merwa lui avait-elle dit quelque chose au sujet d'elle même? Quoi qu'il en soit, peu après, Merwa se leva et alla parler avec la serveuse. Elle revint bientôt avec un bracelet en moins. Puis, les trois personnes sortirent le plus discrètement possible. Mais tout le monde les fixait étrangement.
C'est avec soulagement qu'ils sortirent dans l'air frais. Ils croisèrent un autre groupe de mendiants, des rescapés de la guerre. Mais Boromir cette fois marchait derrière Merwa de manière à ce qu'il puisse la surveiller. Auparavant, il l'aurait surveillée comme une criminelle, mais maintenant il veillait sur elle comme une femme fragile qu'il voulait protéger.
Cette réalisation était étrange parce que c'était la première fois qu'une femme avait tant d'importance pour lui, mais aussi parce qu'il ressentait ça pour une femme issue d'un peuple qu'il avait longuement combattu.
Cherchant à fuir ce labyrinthe d'émotions, il se concentra sur leur mission. Merwa avait des raisons de penser que cette femme les aiderait. Il lui faisait confiance...
Confiance à une ennemie...
Étrange paradoxe...
Encore désolé de vous avoir fait tellement attendre. J'ai eu du mal à pondre ce chapitre mais le voilà... Merci à celles qui m'ont aidée (j'espères que vous vous reconnaitrez)
