Disclaimer : Ben comme d'hab. Ryry et Dray sont à JKR. Profiteuse va :p Quant aux paroles en italique, ce sont celles d'un magnifique poème d'Aragon.

Il n'y a pas d'amour heureux

Non, je ne pleure pas. Je n'en ai plus la force.

J'y ai cru, à notre bonheur, j'y ai cru totalement. Mais le bonheur, au fond, n'existe pas. Ce n'est qu'un mot ; un mot que les hommes, un jour, ont inventé pour se rassurer, pour garder espoir.

De l'espoir, je n'en ai plus. Il s'en est allé avec toi. Il s'étiolait, déjà, le long de tes larmes, et de ton sang qui coulait sur ton bras. Désormais il n'est plus. Et toi...et toi tu es parti.

Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur. Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

J'ai essayé, pourtant, j'ai essayé de toutes mes forces de faire revenir le sourire sur ton visage d'ange. Mais plus j'essayais, plus mes sourires, à moi, s'effaçaient.

Souvent je suis rentré, tard le soir après le travail, et je t'ai découvert, étendu dans le salon, les bras en sang, le cœur en morceaux. Doucement je te relevais, je te portais jusqu'à la salle de bain, et à grands jets d'eau froide, j'essayais vainement de te faire sortir de cette semi-inconscience...cette semi-mort.

Oh, oui, on s'aimait. Qui a dit que amour était égal à bonheur ?

Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désœuvrés incertains
Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Et je marche, là, derrière ce corbillard qui te mène à ta dernière demeure, seul au milieu de tous ces gens venus 'te rendre un dernier hommage', alors qu'il ne te connaissaient même pas. Même moi, je ne te connaissais pas.

Tout à l'heure, ils viendront tous me serrer la main, et me présenter leurs condoléances, dans la même optique que s'ils défilaient devant les rayons d'un supermarché. Mais je n'ai pas le choix. Tu m'avais fait promettre un enterrement dans les règles, 'pour mes parents...quand même'.

Alors tu vas rejoindre le caveau des Malfoy, et plus jamais je ne pourrai m'allonger à tes côtés. Je n'ai pas vraiment compris pourquoi tu voulais reposer là, mais tu devais avoir tes raisons, et je les respecte.

Parce que, malgré tout, dans tout ce malheur que tu m'as causé, moi, je continue à t'aimer.

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte en moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n'y a pas d'amour heureux

Ça y est, c'est terminé, tu es définitivement parti.

Et je me retrouve là, dans notre appartement, seul, complètement désœuvré. Je ne sais pas ce que je vais devenir sans toi. Tu me manques tellement...

On commençait tout juste à se connaître, vraiment, on commençait à construire des choses, tous les deux, un avenir, des rêves...C'est vrai qu'il nous en a fallu du temps pour accepter. Et plus encore pour les autres que pour nous...

Je continue à croiser de temps en temps d'anciens condisciples de Poudlard, et bien souvent ils baissent la tête, n'osant affronter mon regard. C'est fou comme au XXI° siècle l'homophobie peut être développée !

Même nous, au début, on avait peur, on avait honte, tu te souviens ? Quand on se cachait dans les couloirs et qu'on rougissait si on croisait quelqu'un ; et pourtant on ne faisait rien de mal, on se contentait de s'aimer...

Il nous en aura fallu, oui, du temps. Ou plutôt il nous en aurait fallu ; tu ne nous en a pas laissé assez.

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux

Mais je ne t'en veux pas. Ce que l'on a vécu ensemble était déjà énorme, et me marquera à tout jamais. Je ne sais pas si je serais encore capable d'aimer un jour...en tout cas, pas comme ça.

Tu m'as volé mon âme, tu t'es volée ta vie, au fond tu as tout détruit mais tu n'y pouvais rien. On ne choisit pas sa façon d'être, on la subit. Tu n'aimais pas ta vie, c'est tout, et même si je ne le comprenais et ne le comprends toujours pas, j'ai bien dû l'accepter ; je n'avais pas le choix.

Je m'y attendais, ce soir-là, je ne sais pas pourquoi...une intuition, peut-être. Je n'ai pas vraiment été surpris de ne pas te voir te relever, lorsque je t'ai pris par le bras. Au fond, je m'y étais préparé depuis bien longtemps...

Amour...Mort...deux mots si proches, si dissemblables, et pourtant identiques. L'un ne peut se détacher de l'autre...Notre amour t'a conduit à la mort, sans qu'aucun de nous ne l'ai voulu. Il ne nous a apporté que souffrance, douleur, pleurs, haine ; et pourtant, on s'aimait. Oh oui...on s'aimait.

Il n'y a pas d'amour qui ne soit douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux

On s'aimait...