Bonjour ! Partie II de cette fic qui, je le pense, comportera, en tout et pour tout, 3 chapitres et un épilogue.

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Kimi he : An Endless Life

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II


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Le soleil se levait sur Domino, annonçant le début d'une journée comme les autres ; une journée qui serait rythmée par les animations de la rue, les éclats de voix des enfants, les battements des ailes des oiseaux dans le ciel, par la vie des fleurs qui s'ouvriraient au grand jour, par la vie de la ville, par la vie de la campagne, par la vie… tout court.

Mais cette vie signifiait aussi la souffrance, le chagrin, les pleurs, les larmes, la douleur… la mort. Les sirènes des ambulanciers de l'hôpital de Domino retentissaient dans toute la ville, et personne ne s'en souciait. Cela faisait partie de la vie. Les infirmières et les médecins déambulaient dans les couloirs de l'établissement, rassemblant tout leur courage afin d'annoncer les terribles nouvelles qui pouvaient tomber sur n'importe quelle personne, n'importe quelle famille. Cela aussi faisait partie de ce long fleuve qu'est la vie. Un fleuve pas toujours tranquille certes. Mais si plein de trésors.

Du couloir, Joey observait sa sœur Serenity à travers une grande baie vitrée. Il ne l'avait pas quittée des yeux de toute la nuit. Il n'avait jamais osé fermer les yeux ; pas une seule fois, de peur que s'il les rouvrait, ceux de Serenity se seraient fermés pour toujours. Elle était là dans son lit, inquiète, les traits de son visage étaient tirés par la fatigue et une certaine faiblesse ; mais elle souriait toujours aux infirmières qui venaient la voir, qui la réconfortaient sans cesse en lui disant que tout irait bien.

Joey avait voulu à maintes reprises entrer dans la chambre et serrer sa sœur dans ses bras. Mais, à chaque fois qu'il se l'ordonnait, son cerveau bloquait toute activité musculaire : il se retrouvait comme paralysé. Il croyait encore qu'il se réveillerait et que tout ceci ne serait qu'un cauchemar vite oublié.

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Flash-back

- Serenity n'a plus que quelques jours à vivre…

Joey resta sans voix, incapable d'ouvrir la bouche. Le sol semblait s'être dérobé sous ses pieds, et, dès cet instant, il avait eu l'impression de tomber dans un abîme sans fin. Les mots résonnèrent encore et encore à son oreille, avant qu'il ne trouve enfin la force de parler, mais il ne put que balbutier :

- Mais c'est…c'est impossible… non…

L'honnête chirurgien n'eut aucune réaction. Joey le regarda avec des yeux qui lui suppliaient de dire quelque chose d'autre, de dire qu'il mentait.

- Ce n'est pas possible…répéta-il. Non…pas elle…Je vous en prie dites-moi que ce n'est pas vrai...

Le jeune homme cacha son visage dans ses mains, afin de masquer les larmes qui commençaient à lui envahir les yeux. Le médecin reprit d'une voix toujours aussi neutre qu'auparavant :

- Nous avons détecté un cas de leucémie aiguë chez votre sœur. Les symptômes ne se déclarent que lorsque la maladie en est à un stade avancé (1); elle a peut-être dû ressentir de légères nausées et des saignements de temps à autre, mais en aucun cas il aurait été possible que vous ne…

- NON ! hurla Joey, désespéré. VOUS MENTEZ ! VOUS MENTEZ !

- Croyez bien que je le voudrais… dit l'homme calmement, de marbre face à lui.

- VOUS MENTEZ ! répéta-t-il. CE N'EST PAS VRAI ! JE VOUS SUPPLIE DE ME DIRE QUE CE N'EST PAS VRAI !

Il s'affaissa au sol, en se tenant la tête, et en versant toutes les larmes de son corps. Il resta là, durant des minutes ou peut-être des dizaines de minutes, les yeux rivés sur le blanc carrelage qui recouvrait le couloir, répétant sans cesse entre deux sanglots :

- Ce n'est pas vrai… Ce n'est pas vrai…

Le médecin l'observa d'un air navré, mais ne chercha pas à le relever.

- Je suis désolé, souffla-t-il, avant de s'éloigner, laissant Joey, anéanti, à terre.

Fin du Flash-back

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Joey soupira, les yeux humides à ce douloureux souvenir, qui ne datait que de quelques heures seulement. Il était resté à veiller sur sa sœur toute la nuit, sans entrer dans sa chambre, sans avoir le courage de lui dire la vérité. Il avait oublié de prévenir ses amis, restés à l'extérieur du service urgentiste ; il ne s'était pas soucié de les mettre au courant. Toutes ses pensées étaient désormais tournées vers la seule chose qui comptait pour lui. Cette chose qu'il allait perdre. Il avait eu le mince espoir que les médecins lui avaient menti, ou qu'ils s'étaient trompés. Serenity ne pouvait pas mourir. Pas elle. Pas si jeune et si innocente.

Mais il savait à présent ce qu'il devait faire. Il devait affronter la vérité. Lui dire la vérité. La soutenir dans cette épreuve et surtout… lui faire profiter pleinement des derniers jours qui lui resteraient à vivre.

« Deux semaines tout au plus », lui avait annoncé le chirurgien.

Le jeune homme essuya ses yeux rougis par les larmes, prit une grande inspiration et se décida à passer le seuil de la chambre de sa sœur, qui avait fermé les yeux, éblouie par la lumière du jour. Joey crut qu'elle dormait. Mais ce n'était pas le cas. Lorsqu'elle entendit la poignée tourner dans la porte, ses paupières se soulevèrent, et son regard s'emplit de joie lorsqu'elle reconnut son frère.

- Joey… murmura-t-elle, d'une voix à peine audible. Ses cheveux étaient décoiffés et elle était très pâle.

Elle tenta de se redresser, mais retomba lourdement sur le matelas. Son frère se précipita à son chevet en souriant le plus tendrement possible pour la rassurer. Il prit une chaise, et s'assit en face de Serenity. Il lui prit la main et la serra très fort.

- Je suis si contente de te voir grand frère… murmura-t-elle.

- Moi aussi Serenity… moi aussi, répondit-il doucement. J'étais si inquiet…

- Et tu l'es toujours…constata-t-elle en souriant. Ton visage a toujours trahi tes émotions…

Joey posa une main sur la joue de sa sœur. Il fallait lui dire maintenant.

- Ne t'en fais pas… lui assura-t-il. Les médecins… les médecins disent que… tu vas guérir… très vite…

Elle lui sourit et, à son tour, promena une main sur la joue de son frère.

- Comme je le disais… chuchota-t-elle… Tes yeux te trahissent… - elle se mit à tousser bruyamment - . Je me sens si faible Joey… Quelque chose me détruit de l'intérieur… je le sens... Je t'en prie… dis-moi la vérité.

Il lui serra la main encore plus fort.

- Oh Serenity… sanglota-t-il en se laissant tomber la tête sur elle. Je suis désolé… pleura-t-il contre la poitrine de sa sœur. Je suis tellement désolé… Tu es malade… et tu vas…

Sa voix s'étrangla et il ne put poursuivre. Elle glissa une de ses mains fragiles dans les cheveux blonds de son frère, et le serra contre lui. Elle s'était attendue à cette nouvelle. Lorsque les infirmières étaient venues la voir à maintes reprises durant la nuit, elle les avait senties crispées, si désolées ; elle avait senti qu'il y avait quelque chose de grave. Et cette douleur, cette faiblesse en elle, lui avaient fait comprendre que maintenant, quoiqu'elle ferait, son destin ne lui appartenait plus ; désormais, son avenir ne tenait plus qu'au bon vouloir de la vie, qui peut-être lui accorderait quelques jours de répit, avant de l'emmener dans la mort.

- Je sais Joey… je sais… Je t'en prie ne pleure pas… C'est ainsi, nous devons l'accepter…

Il se redressa, et tenta de cacher ses larmes afin de la rassurer, mais son chagrin redoubla de plus belle.

- Comment peux-tu être aussi courageuse ? balbutia-t-il, admiratif.

- C'est parce que je sais que tu seras là pour moi… Toi et les autres… Je ne serai pas seule…

Il lui saisit encore la main et la baisa tendrement. Cette petite main si fragile, qui bientôt ne serait plus rien. Il ne pouvait s'y résoudre.

- Serenity, murmura t-il. Je serai pour toi… jusqu'à la fin…

- Je sais…

- Pourquoi le destin s'acharne-t-il autant sur toi ? demanda-t-il, les yeux au plafond, comme s'il attendait une réponse divine.

- La mort m'a choisie…dit-elle dans un souffle. Nous devons l'accepter… Je ne veux pas de pitié de ta part Joey… Je veux juste vivre ces prochains jours normalement, en paix et dans la joie…

Elle l'obligea à la regarder.

- Promets-le moi, supplia-t-elle.

Il la fixa tristement, mais une lueur de détermination brilla dans son regard.

- Je ferai en sorte que ces derniers jours soient les plus exceptionnels, les plus magiques de toute ta vie. Je t'en donne ma parole, petite sœur…

Elle se serra encore dans ses bras, s'accrochant à lui comme une bouée de survie qui pourrait la sauver de son inéluctable destinée. Mais que pouvait un simple mortel face à la mort, à laquelle personne n'échappe ?

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Joey's POV :

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J'étais si fière d'elle. Si fière de sa réaction. Si fière de partager le même sang qu'elle. Avec tous ces événements, j'en avais oublié de prévenir tous nos amis ; et c'est là que je réalisai combien ils nous soutenaient. Lorsque je sortis du service des urgences, je trouvai Yugi, Tristan et Duke, la mine fatiguée, mais encore debout, qui guettaient mon retour. Tea et Mai, elles, n'avaient pas supporté à l'attente ; elles s'étaient endormies sur les chaises, mais je ne leur en voulais pas ; au contraire, cela me soulageait et me donnait du baume au cœur en ces heures si terribles.

A mon expression, ils virent tout de suite que quelque chose n'allait pas ; et je remercie ma faculté à pouvoir exprimer ce que je ressens sans les mots, car aucune parole n'aurait pu sortir de ma bouche pour leur annoncer…ça. C'était impossible à annoncer soi-même, à ses propres amis. Je tombai dans les bras de Tristan ; il n'était pas doué pour réconforter les gens, mais je m'en contentai ; j'avais tellement besoin d'une épaule sur laquelle m'appuyer… au sens propre comme au figuré.

Ils m'ont soutenu, et je leur en suis tellement reconnaissant ; je convainquis les médecins de laisser sortir Serenity de l'hôpital au bout de deux jours ; je voulais qu'elle passe ses dernières journées avec ses amis, sa famille, dans son lieu de vie, avec les gens qu'elle aimait ; pas dans cet hôpital triste et tellement lugubre. Bien sûr, ces hommes en blouse blanche rechignèrent à céder à notre requête –car c'était aussi la volonté de Serenity – étant donné l'état de faiblesse de ma sœur. Mais ils cédèrent, et ce fut une brève étincelle de joie dans mes yeux et ceux de Serenity.

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Normal POV :

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Serenity se redressa difficilement sur son lit et se mit en position assise. Le parfum des fleurs qui lui avaient été apportées lui envahirent les narines. On l'avait aidée à s'habiller, et maintenant, elle allait se mettre debout. Elle avait toujours le visage aussi pâle ; mais les infirmières avaient pris grand soin d'elle, en la coiffant et en la maquillant légèrement : elle voulait être le plus normal possible. Elle pouvait sentir la fébrilité de ses jambes : elles tremblaient ; mais elles marcheraient.

- Tu devrais t'asseoir là-dedans petite sœur, dit Joey, en pénétrant dans la chambre, poussant un fauteuil roulant.

Serenity haussa les épaules, et détourna son regard du fauteuil et le reporta sur la fenêtre, transpercée par les chauds rayons du soleil..

- Je veux être normale Joey…murmura-t-elle. Je ne veux pas que l'on ait pitié de moi, souviens-toi… Je veux être comme ses rayons solaires qui percent à travers les nuages ; je veux percer ma maladie… La combattre comme ces rayons combattent perpétuellement le mouvement des sombres cumulus afin d'atteindre la terre. Moi je veux atteindre la lumière…

Serenity détacha son regard pensif de la fenêtre, et se tourna vers Joey.

- Remporte ce fauteuil, souffla-t-elle.

Et ce disant, elle tenta de se lever : elle posa un de ses petits pieds nus à terre, au pied de son lit, puis l'autre vint le rejoindre. Alors, elle essaya de se lever, mais ses jambes semblaient ne plus vouloir supporter son poids : elle retomba lourdement sur le lit. Joey vint la soutenir. Elle passa son bras autour des épaules de son frère, et réussit à se redresser.

- Tu peux rester debout ? demanda Joey, inquiet, hésitant à la lâcher.

Elle repoussa doucement son bras, et se tint debout, sans aide, sur ses frêles jambes ; mais elles tenaient. Elle fit quelques pas en avant, mais eut besoin de l'aide de son frère au début pour ne pas s'effondrer sur le sol. Très vite, elle s'aperçut qu'elle pouvait marcher seule, mais seulement quelques minutes ; passé ce laps de temps, la maladie ne lui permettait plus d'être autonome.

Yugi et les autres firent alors irruption dans la chambre, souriants et tentant de masquer leur désarroi.

- Comment te sens-tu ? demanda timidement Tea, soucieuse d'employer les bons mots.

- Fatiguée, murmura Serenity, d'une voix lasse. Mais ça va aller, lui assura-t-elle.

Tea et les autres la regardèrent de manière attendrie ; mais cela froissa Serenity.

- Comme je l'ai dit à Joey… je ne veux pas que vous ayiez pitié de moi…souffla-t-elle. Je vous en prie… comportez-vous comme vous le feriez d'habitude… c'est important pour moi…

Ils approuvèrent tous en hochant silencieusement la tête. Puis Tristan et Duke s'avancèrent vers la jeune fille.

- Avec l'accord de Joey, commença Tristan, nous avons décidé de te conduire au plus grand parc de loisirs de la région…

- J'ai tout prévu, continua Duke, ne t'en fais pas. Nous allons tous passer une merveilleuse journée. Nous partirons demain, si tu t'en sens capable.

Serenity sourit et leur prit leurs deux mains.

- Merci…vous êtes si gentils tous les deux…

- Bon, dit Joey. Il faut y aller maintenant.

La jeune fille approuva, et, soutenue par son frère et Tristan, elle sortit de la chambre. Tous étaient silencieux. Serenity leur avait demandé de se comporter le plus normalement possible, mais c'était si difficile d'avoir un comportement normal lorsque l'on savait que dans très peu de temps, un être cher mourrait. Ils n'avaient pas le cœur à plaisanter et rire ; leurs estomacs étaient serrés, crispés d'inquiétude et de douleur, mais il fallait tenir cette promesse, fut-elle la dernière qu'ils feraient à leur amie.

Dans le couloir, le médecin leur donna les dernières recommandations :

- S'il y a une aggravation ou quoique ce soit, ramenez-là ici.

Mais Joey avait secoué la tête.

- Elle ne reviendra pas ici, docteur. Elle vivra avec nous… jusqu'à la fin.

Il avait regardé Serenity, et lui avait souri malgré tout. Le chirurgien sut qu'il ne pourrait rien contre les liens d'un frère et d'une sœur.

- Soit. Je respecte votre décision et j'espère que vous trouverez la paix.

Et il s'éloigna après avoir serré la main de sa jeune patiente.

- Joey…murmura Serenity. J'aimerais que l'on rentre…chez nous.

- Bien sûr petite sœur. Nous partons.

Le petit groupe traversa le long couloir de l'hôpital ; Duke portait un bouquet de roses rouges, les fleurs préférées de la jeune fille qu'elle avait tenu à rapporter avec elle. Ces roses étaient d'un rouge éclatant, vif ; c'était étrange car cette couleur venait briser la blanche monotonie des murs de l'hôpital, et pourtant ce vermeil faisait aussi penser au sang, à la mort. Peut-être était-ce pour cela que la jeune fille avait voulu les ramener avec elle. La rose en elle-même signifiait la vie ; mais la couleur lui donnait un air morbide, compte tenu de la situation.

Alors qu'ils traversaient le long corridor, un homme vint dans leur direction. Il était grand, brun, imposant dans son long manteau de cuir gris métallisé. Ses yeux bleus polaire étaient bien connus de nos amis.

- Seto Kaiba…marmonna Joey.

- Joey…je t'en prie…murmura la jeune fille, mais sa supplication se heurta à un mur.

Car le regard de son frère lançait déjà des éclairs de fureur. Il était assez chamboulé comme cela, blessé ; il n'avait pas besoin que ce snob arrogant le lui rappelle. Seto sembla prendre conscience de qui était en face de lui.

- Tiens… il faut toujours que je trouve ces idiots sur mon chemin, dit-il de sa voix glacée.

- Kaiba… intervint Yugi, sentant que Joey était en train de se contenir pour ne pas exploser. Ce n'est vraiment pas le moment…

- Non en effet Yugi, ça ne l'est pas. Je n'ai pas de temps à perdre avec vous, alors écartez-vous de mon chemin !

Il prit le temps toutefois d'examiner le petit groupe et là, une question lui effleura l'esprit : que faisaient-ils ici ? Après tout, il s'en fichait mais, se pouvait-il qu'ils savaient ce que lui-même faisait dans cet hôpital ? Ils ne fallait pas qu'ils le découvrent, sinon sa réputation serait ternie, voire ruinée.

Son regard se posa sur Serenity, affaiblie et tremblante sur ses jambes. Il ne la reconnut pas tout de suite. Il avait le sentiment de l'avoir déjà vue quelque part, mais elle apparaissait différente, changée. Elle avait les yeux fatigués ; elle était soutenue par ces idiots de Wheeler et Taylor et il se demandait bien pourquoi. Un étrange sentiment s'empara de lui. Etait-elle malade ?

« Je me fiche pas mal de le savoir ou pas ! »

Kaiba détacha son regard de la jeune fille. A côté d'elle, Joey se retenait tant bien que mal de ne pas laisser sortir sa colère. Mais il le fallait… pour sa sœur.

Seto leur lança un regard méprisant et passa à côté d'eux en bousculant Duke. Une rose tomba du bouquet que portait le Maître des Dés, et toucha le sol blanc avec un léger bruissement. Le froid Président ne s'en soucia pas, et piétina la rose rouge et marcha au loin. Serenity avait observé toute la scène, et un malaise s'empara d'elle à la vue de cette fleur maltraitée. Elle se dégagea des bras de son frère et de ceux de Tristan avant que ceux-ci n'aient le temps de protester, se baissa tant bien que mal, et ramassa la fleur, dont certains pétales avaient été arrachés.

Mais, miraculeusement, la rose était encore très belle, même magnifique, après cette épreuve. Elle semblait avoir tourné ses pétales vers le soleil qui perçait les petites fenêtres du couloir, comme si elle voulait profiter de cette lumière avant de faner pour toujours.

- Kaiba… appela doucement Serenity.

Il était déjà à quelques mètres d'elle et du petit groupe, mais il l'entendit et s'arrêta. Il se retourna, impassible et fixa longuement la jeune fille. Il vit qu'elle tenait une rose dans ses mains, et remarqua que la couleur s'accordait parfaitement à ses lèvres. Aussi rouges que le sang. Il constata pour la première fois que la jeune fille était jolie, avec un semblant d'innocence, mais il le voyait bien : elle n'était pas au mieux de sa forme.

Serenity se dirigea vers Kaiba, malgré la fragilité de sa démarche. Joey voulut la rattraper mais Mai lui barra la route avec son bras : « Non ».

Seto l'observa tout au long de son chemin vers lui ; il aurait dû éprouver de la pitié pour elle, et pourtant il n'en ressentit pas l'ombre. Au contraire, un intérêt et un sentiment d'admiration grandissaient en lui.

La jeune fille s'arrêta en face de lui et ils s'observèrent longuement, les yeux dans les yeux, avant qu'elle ne prenne enfin la parole.

- Cette rose Kaiba… c'est une vie… une vie que tu as failli détruire, d'un simple pas… D'un simple pas… Une fraction de seconde, et tout bascule… Un geste et le destin est modifié… C'est triste de penser qu'une vie peut être détruite en si peu de temps… cette rose a survécu, mais elle y a laissé des pétales…et bientôt elle mourra, malgré tous les soins qu'on lui apportera…

Elle avait une voix calme et posée, mais Kaiba pouvait sentir sa difficulté à reprendre son souffle entre chaque mot. Seto ne broncha pas devant la tirade de la jeune fille, mais il avait abandonné son regard de glace.

Serenity lui prit la main et il la laissa faire. Il pouvait sentir la douceur de ses doigts contre la rudesse de sa main. Elle plaça la fleur meurtrie dans la paume du jeune homme, et il referma ses doigts, saisissant la tige couverte d'épines. La jeune fille recula alors, et commença à chanceler. Joey se précipita sur elle et la rattrapa avant qu'elle ne s'effondre.

- Petite sœur !

- Ca va grand frère… murmura-t-elle.

Kaiba tressaillit. Bien sûr. Il s'agissait de Serenity, la petite sœur de Wheeler. Elle n'était en effet plus la même depuis qu'il l'avait vue. Elle était affaiblie…par quelque chose qui la dévorait de l'intérieur. Il le sentait et son cœur se serra. Mais il ne voulait pas mêler son cœur à ça. Il ne voulait pas le laisser parler. Il ne l'avait jamais laissé parler, au profit de sa raison.

Et sa raison lui dit qu'il en avait assez entendu, alors il tourna les talons, la fleur toujours serrée entre ses doigts. Les mots de la jeune fille retentirent dans son esprit encore et encore alors qu'il disparaissait de la vue du petit groupe.

« ..et bientôt elle mourra, malgré tous les soins qu'on lui apportera... »

Le jeune homme porta la rose contre son cœur. Elle était devenue un trésor pour lui en quelques instants. Il en avait même oublié pourquoi il était venu dans cet hôpital.

Cette fleur profiterait des derniers rayons de soleil qui lui seraient donnés de voir, des dernières gouttes d'eau qui lui seraient permises de boire. Il la soignerait du mieux qu'il le pourrait, dans la vie… et il se souviendrait de cette rose rouge, même après qu'elle eût fané...

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(1) Je ne crois pas que ce soit exactement comme cela que se présente une leucémie. Dans tous les cas, j'espère que, si j'ai tort, vous m'excuserez pour cette mauvaise description, car c'est une erreur assez maladroite quand on sait la gravité de cette maladie.

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Voilà pour cette deuxième partie… Et pour ceux qui aiment Chanson d'un Soir, j'ai une bonne nouvelle : j'ai beaucoup réfléchi sur cette fic, et je crois avoir trouvé comment se déroulera la suite du dîner de Duke et Serenity, ainsi que les deux chapitres suivants. Les idées sont notées et organisées, il faut maintenant que je les mette en forme. Je vous remercie tous. Bisous !