Voici le 3ème et dernier chapitre de Kimi he : An Endless Life, qui sera suivi d'un épilogue
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Kimi He : An Endless Life
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III
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Joey's POV
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Kaiba… je ne compris pas pourquoi ma sœur avait eu ce geste envers lui… Enfin si… je le comprenais. Serenity croyait en la bonté de n'importe quelle personne, même en cet arrogant et froid calculateur. A ma grande surprise, il n'avait rien dit ; il n'avait même pas protesté après avoir reçu cette rose de la main de ma sœur. Seto Kaiba avait-il été touché ? Mais pour moi, cela n'avait guère d'importance. Le plus essentiel était que ma sœur profite du plus grand nombre de choses possible. Quant à moi, je faisais tout mon possible pour me montrer rassurant, mais plus les jours passèrent et plus je sentis l'inévitable se rapprocher. La faiblesse de ma sœur s'accentuait de plus en plus. Nous l'avions emmenée dans tous les endroits où elle rêvait d'aller ; nous avions fait des excursions dans toute la région, afin de lui montrer les merveilles qu'il y avait autour de nous. Mais elle se fatiguait de plus en plus vite, et bientôt, elle n'eut plus la force de sortir ; elle marchait encore, mais il lui fallait beaucoup de repos. Elle semblait heureuse, mais je sentais que quelque chose lui manquait. Quelque chose que je ne pouvais pas lui apporter. Et ce jour-là…
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Normal POV :
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Serenity se réveilla doucement. Elle n'avait pas très bien dormi, comme toutes les nuits. Mais cette nuit-là avait été pire. Elle sentait sa fin arriver. Elle avait de plus en plus mal, de plus en plus souvent. Et elle était surtout affaiblie par cette leucémie, qui la privait de ses défenses naturelles. N'importe quel microbe pouvait devenir dangereux. Mais quoi qu'il arrive, elle mourrait. Alors elle ne voulait pas se priver sous prétexte de retarder son échéance.
Elle regarda autour d'elle, dans sa chambre. Des photos ornaient tous les murs. Une où elle se trouvait sur cette plage avec son grand frère, en train de faire des pâtés de sable dans l'insouciance de leur enfance. Sur une autre, elle avait posé avec sa mère, sa mère qu'elle irait bientôt rejoindre (1). Sur encore une autre, elle était entourée de ses amis ; tous souriaient, pleins de vie, inconscients de ce qui arriverait.
Elle posa les yeux sur le corps endormi de son frère qui s'était installé dans sa chambre afin de veiller sur elle. Il dormait enfin ; Joey avait été si présent à ses côtés qu'il en avait oublié de se reposer. Serenity vit là un moyen d'échapper à la surveillance de son frère. Elle voulait être seule. Elle se forçait à sourire mais elle avait besoin de quelque chose, quelque chose que ni son frère, ni ses amis ne pourraient lui offrir.
Il faisait tout à fait jour, et le soleil en était presque à son zénith. Elle se leva de son lit, en utilisant toute la force qu'elle possédait, puis d'une démarche hésitante, elle alla s'habiller, s'appuyant au mur pour ne pas tomber. Elle réussit à ne pas réveiller Joey. Avant de quitter la chambre, elle murmura :
- Adieu, grand frère…
Puis elle sortit silencieusement de la chambre, et de l'appartement ensuite. Elle faillit tomber à plusieurs reprises dans les escaliers de l'immeuble, mais elle était plus déterminée que jamais. Elle mourrait avant la fin de cette journée ; elle le sentait.
Dehors, il faisait beau. Un magnifique soleil était suspendu à la voûte céleste, d'un bleu ciel dépourvu du moindre nuage. La jeune fille, arrivée au pied de son immeuble, resta quelques instants, les yeux au ciel, à fixer cet astre brillant, dont elle ne verrait bientôt plus la lumière, et n'en ressentirait plus les chauds rayons.
Où devait-elle aller ? Elle ne savait pas trop… Où aller ? Que faire pendant le peu de temps qu'il lui restait à vivre ? Elle savait ce qu'elle voulait, elle en rêvait, mais depuis quelques jours déjà, elle se désespérait de ne pouvoir obtenir ce qu'elle désirait. Elle désirait mourir en paix, accomplie, avoir le sentiment d'avoir profité de sa vie si courte ; et pourtant elle n'avait pas ce sentiment ; il lui manquait quelque chose.
Serenity avait revêtu une petite robe blanche et des sandales de la même couleur ; nous étions en plein été, et il faisait assez chaud. Elle avait laissé ses cheveux longs descendre librement sur ses épaules blanches. Une légère brise soufflait doucement ; c'était un petit vent tiède, mais la sensibilité de Serenity, aiguisée depuis son évanouissement deux semaines et demi auparavant, fit frissonner la jeune fille de froid.
En ce dimanche, il n'y avait pas grand monde dans les rues. Quelques badauds passaient par là, mais la plupart des gens avaient choisi de se rassembler sur les plages, et profiter de l'eau de mer, dont la température était si agréable en cette saison. Serenity avait souhaité retourner sur la plage de son enfance, quelques jours auparavant ; elle et Joey avaient retrouvé l'endroit même où ils passaient leurs journées et leurs soirées à rire et à jouer sur le sable fin. Le bon temps…
La jeune fille jeta un dernier regard en direction de l'appartement où elle avait passé une bonne partie de sa vie avec son frère adoré, qui devait toujours dormir ; puis elle s'éloigna, d'une démarche toujours hésitante et fragile, obligée de s'arrêter fréquemment pour reprendre son souffle.
Où aller ?
La question lui revint encore dans la tête, mais elle ne pouvait guère y apporter de réponse. Tout ce qu'elle savait était que ce serait un aller sans retour… Alors que faire, maintenant qu'elle avait quitté son frère ? Elle était partie, mais elle ne savait pas vraiment pourquoi… Peut-être était-ce à cause de cette surprotection dont elle avait fait l'objet les jours précédents. Constamment, quelqu'un se trouvait à ses côtés ; quand ce n'était pas son frère, celui-ci s'était toujours arrangé pour que quelqu'un veille sur sa sœur en attendant qu'il revienne. Elle avait eu peu d'intimité. En fait, elle avait bien dit à Joey qu'elle voulait qu'il la considère normalement, comme s'il n'y avait plus de maladie, mais celui-ci, malgré ses efforts, n'avait pas pu accomplir le vœu de Serenity.
Et la jeune fille ressentait une pointe de déception.
« De quoi je me plains… Joey a toujours été là pour moi… Il ne m'a jamais abandonnée…et moi, je pars sans rien lui dire… en sachant bien qu'il ne me reverra plus jamais…vivante… »
Des larmes coulèrent silencieusement le long de ses joues, alors qu'à force d'errer dans la rue, elle avait rejoint le parc. Elle se laissa tomber sur un banc, caché parmi la verdure et les arbres. C'était une nature calme, silencieuse, et non troublée par les bruits de la rue, ni par les éclats de voix des enfants. Elle semblait être seule dans cet endroit, avec, pour seuls amis, des petits moineaux, dont les ailes battaient au-dessus de sa tête ; certains, moins farouches, s'étaient même posés au sol, en quête de quelques miettes de pain. Mais la jeune fille n'avait rien à leur offrir, hormis un sourire bienveillant.
Elle ne sut pas combien de temps elle resta là, à demi allongée sur ce banc, observant le paysage, les arbres et les fleurs ; le ciel d'un bleu infini. Elle était fatiguée. Ses yeux se fermaient à intervalles plus rapprochés ; elle peinait à les garder ouverts. La douleur qui avait pris possession de son corps revenait maintenant, par à coups, mais c'était si brutal, et cela lui faisait tellement mal qu'elle gémissait à chaque fois que cela se produisait.
Le soleil déclina lentement dans le ciel. Elle ne se posa même pas la question de savoir si on la cherchait ou pas. Peu importe, elle ne reviendrait pas. Elle ferma les yeux une nouvelle fois, incapable de soulever ses paupières.
Elle ne les ouvrit même pas lorsque ses oreilles lui indiquèrent une présence à côté d'elle : des bruits de pas s'étaient rapprochés, s'amplifiant à chaque seconde jusqu'à ne plus se faire entendre. Qui que cela était, elle n'avait plus peur maintenant.
Elle se tint immobile, retenant son souffle, sa poitrine se soulevant à peine dans sa respiration. Quand le nouveau venu se précipita sur elle, elle ne réagit pas ; puis elle sentit une main lui parcourir doucement le visage. Elle était chaude et réconfortante, mais elle aurait reconnu n'importe où la rudesse de cette main. Son visage s'éclaira en un sourire, alors qu'elle ouvrait les yeux.
L'homme en face d'elle, dont le reflet du soleil dans son dos faisait de lui presque un ange, eut un sursaut de recul, surpris. Il n'y croyait plus. Il avait cru qu'elle était…
Serenity se redressa difficilement.
- Kaiba…
Le jeune président semblait bouleversé. Il était arrivé là, et il l'avait vue, et il avait eu si peur qu'elle ne soit plus. Il s'était précipité sur elle et l'avait observée un instant, peinant à libérer sa tristesse. Et il avait fini par se convaincre qu'elle était morte, alors il avait posé sa main sur sa joue, pour lui dire au revoir.
Mais son heure n'était pas venue. Pas encore…
- Kaiba, répéta doucement la jeune fille. Que fais-tu ici ?
Seto recula de quelques pas. Le silence régnait encore dans l'endroit, il n'y avait aucun bruit en cette tiède et agréable soirée estivale. Cependant, le regard du jeune homme avait regagné son impassibilité et ses yeux bleus étaient de nouveau froids comme la glace.
- Ils te cherchent, dit-il simplement.
Elle eut un sourire, ce qui, pour la première fois de sa vie, mit Kaiba mal à l'aise.
- Cela signifie, murmura-t-elle, que tu étais à ma recherche…
Seto fronça les sourcils.
- Tu avais disparu ; ton stupide frère m'a supplié de les aider à te retrouver. Ne te fais pas d'idées pour autant !
L'innocent visage de la jeune fille se renfrogna, alors que dans le même temps, une douleur la reprenait dans la poitrine. Elle grimaça et se laissa tomber contre le dossier du banc. Aussitôt, le regard de Seto changea d'expression et il alla rapidement vers Serenity, une lueur inquiète dans les yeux, mais il s'arrêta devant elle, sans faire le moindre geste.
- T'inquièterais-tu pour moi ? souffla la jeune fille.
Il ne répondit pas, connaissant très bien la réponse.
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Flash-back :
- Seto, c'est Joey, il veut te parler !
Mokuba avait fait irruption dans le bureau de son frère, le combiné du téléphone en main. Kaiba s'était contenté de le regarder en haussant les épaules.
- Dis à ce chihuahua que je n'ai pas te temps à perdre avec lui, sauf si éventuellement il téléphone pour admettre que je lui suis supérieur…
D'ordinaire, Mokuba aurait souri face à l'arrogance et l'orgueil de son frère, mais cette fois-çi, le petit garçon affichait un air grave.
- C'est important… dit-il.
Seto remarqua alors que la main de son petit frère tremblait légèrement. Il lui lança un regard interrogateur mais Mokuba se contenta de lui donner le téléphone, puis il sortit précipitamment de la pièce.
- Qu'est-ce que tu veux, Wheeler ? demanda rudement Kaiba.
A l'autre bout du fil, un Joey paniqué et perdu.
« - T… Ton aide… »
- Laisse-moi te dire... reprit Kaiba. Je n'ai pas de temps à perdre avec tes jérémiades.
Joey semblait faire un gros effort pour ne pas exploser. Mais exploser de colère ou de larmes ?
« - Kaiba…murmura Joey, qui respirait bruyamment. J'ai besoin que tu m'aides. Il faut que tu m'aides… Ma sœur… elle est partie »
Pour une étrange raison, le cœur de Kaiba se serra à l'entente de cette nouvelle. Mais après tout, qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ?
- Comme c'est touchant, répliqua Seto, sarcastiquement. Mais vois-tu, j'ai mieux à faire que de m'occuper d'affaires de famille.
« - Tu ne comprends pas, dit la voix défaillante du blond. Elle est malade…
- Dans ce cas, lança froidement l'arrogant jeune homme, tu ferais mieux de l'attacher pour éviter de la perdre et l'emmener se faire soigner…
Joey sembla perdre patience, et sa voix se transforma en un cri de rage mêlé à des sanglots :
« - MAIS TU NE COMPRENDS RIEN, ESPECE DE BATARD ! ELLE EST TRES MALADE ! ET ELLE VA MOURIR ! MAIS TON CŒUR RESSEMBLE TROP A DE LA PIERRE POUR POUVOIR EPROUVER LA MOINDRE COMPASSION ! JE ME PASSERAI DE TON AIDE ! VA EN ENFER !
Kaiba n'eut pas le temps de répliquer que Joey avait déjà raccroché. Le Président semblait avoir reçu une enclume sur la tête. Il resta un long moment, le combiné dans les mains ; il fut incapable de bouger, comme scotché à son siège. Et lorsque enfin, il retrouva ses esprits, il se rendit compte de ce qu'il avait entendu.
« ET ELLE VA MOURIR… »
Et il était aussitôt parti à sa recherche, sans trop savoir pourquoi.
Fin du Flash-back
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Kaiba émergea lentement de ses souvenirs. Oui, il avait eu peur ; un inexplicable sentiment s'était emparé de lui à ce moment-là et il n'avait pas réfléchi : il était parti la chercher. Et il l'avait retrouvée maintenant… Il reporta son regard sur Serenity, qui le fixait, attendant une réponse.
- Il faut que tu rentres, dit-il simplement, s'efforçant d'être ferme, mais sans parvenir à l'être, une once de douceur dans sa voix.
La jeune fille secoua la tête.
- Ne te montre pas aimable avec moi sous prétexte que je vais mourir…
Kaiba tressaillit ; ainsi c'était vrai, elle était malade. Rien qu'à la voir pourtant, il l'avait su, son visage était d'une pâleur mortelle, s'accordant parfaitement à la couleur de la robe qu'elle portait. Elle tremblait de froid, malgré la tiédeur de l'air et les rayons du soleil couchant sur sa peau.
- Je ne veux pas rentrer, ajouta-t-elle fermement.
Il la regarda longuement, comme fasciné par sa détermination et son courage. Une si jolie personne, si douce et si innocente, que l'on avait envie de protéger à tout prix, pouvait-elle mourir si jeune ? C'était comme si on abrégeait brusquement la vie d'une fleur en lui arrachant toutes les pétales qui faisaient sa beauté jusqu'à ce qu'elle ne flétrisse, et ne fane pour ne plus jamais revivre.
Kaiba ne savait pas où se mettre. Il avait affronté des tas de personnes dans sa vie, de redoutables hommes d'affaires à qui il avait rabattu le caquet plus d'une fois sans jamais se laisser intimider, et là, maintenant, qu'il se trouvait en face d'une jeune fille fragile, inoffensive, il ne savait que dire…
- Viens…commença Serenity. Viens…t'asseoir près de moi…
Kaiba hésita, mais comment refuser devant une voix si envoûtante… Il était déjà tout proche d'elle, mais il vint s'installer sur le banc, à son extrémité, et croisa les bras contre son torse, fixant droit devant lui.
La jeune fille eut un léger sourire amusé.
- Je ne suis pas contagieuse tu sais… dit-elle.
Il tourna la tête vers elle. Elle le regardait avec ses grands yeux noisette, gentiment ; malgré la façon dont il les avait traités, elle et son frère, en les rabaissant constamment à un rang d'inférieur, il ne lisait aucun reproche ni ressentiment dans ses yeux.
Il consentit à se rapprocher d'elle, mais il garda ses distances, n'ayant jamais expérimenté le fait d'être proche d'une autre personne que son petit frère Mokuba. Ce fut Serenity qui combla la distance qui la séparait de Kaiba, et bientôt, ils furent côte à côte. La jeune fille laissa tomber sa tête sur l'épaule de Seto, qui ne bougea pas, appréciant intérieurement cette présence si nouvelle pour lui. Ils restèrent silencieux un moment, admirant tous deux le soleil disparaissant à l'horizon. Ils s'évadèrent l'espace d'un instant, ne pensant plus à ce qui arriverait. Puis la jeune fille reprit la parole.
- Que faisais-tu à l'hôpital l'autre jour ? murmura-t-elle.
Elle le sentit frissonner. Il redoutait cette question. Il avait tout fait pour que personne ne vienne à découvrir ce qu'il faisait dans cet hôpital. Mais il voulait le lui dire. Après sa rencontre avec Serenity dans l'établissement et après qu'elle lui eut donné cette rose, il avait eu du mal à se rappeler pourquoi il était venu, le geste de la jeune fille l'ayant tellement bouleversé. Alors il daigna lui répondre, espérant que cela lui réchaufferait le corps et le cœur.
- C'est l'hôpital qui a sauvé Mokuba de la mort quand il était petit. Je lui serai toujours redevable ; chaque année, je leur fais don de mon argent, afin qu'il puisse sauver des vies…
Serenity eut un sourire.
- C'est un geste très généreux, murmura-t-elle. Je ne connaissais pas cette facette de ta personnalité Kaiba : un homme qui a le cœur sur la main…
Une petite bourrasque de vent fit voler leurs cheveux, et les branches des arbres au-dessus de leurs têtes. La jeune fille trembla de froid. Seto retira son manteau et la couvrit ; elle était si petite comparée à lui que le manteau recouvrait tout son corps. Il l'observa et la serra contre lui.
- Ils n'ont pas pu te sauver toi… chuchota-t-il, tristement.
Elle parcourut la joue du jeune homme de sa main fragile.
- Ce n'est pas grave… Je suis heureuse…
Des larmes coulèrent cependant de ses yeux, et Kaiba savait que ce n'était pas des pleurs de joie.
- Mais il y a… tellement de choses… que je ne connaîtrai jamais, sanglota-t-elle. C'est injuste…
Elle avait gardé ça pour elle durant des jours et des jours. Elle accepterait l'inévitable, mais elle ne voulait pas quitter cette vie avant d'avoir connu un moment de pur bonheur, elle avait mal rien que d'y penser ; partir sans savoir ce que c'était que d'aimer, elle s'était rendu compte de cela quelques jours auparavant. Pendant une semaine, elle avait vécu des moments inoubliables, choyée, aimée par son frère et tous ses amis. Mais elle avait eu une boule dans la gorge depuis tout ce temps, et maintenant elle savait pourquoi.
Elle se redressa péniblement afin de mettre son visage à hauteur de celui de Kaiba.
- Je vais mourir Seto… mais je ne veux pas partir comme ça…
Il fit courir lentement ses doigts sur son bras, puis remonta jusqu'à son épaule qu'il effleura doucement, traversa son cou, puis caressa la peau de son visage. Il la regarda avec des yeux tendres, un regard qu'il ne se connaissait pas, et que même Mokuba ne connaissait pas. A ce contact, elle frissonna.
- Seto…murmura-t-elle, d'une voix à peine audible. Je veux mourir… je veux mourir… comme une femme…
Il inclina la tête, signe qu'il avait compris. Il ne réfléchit pas. La ramenant contre lui, il glissa une main dans sa longue chevelure auburn ; puis de cette même main, il lui saisit la sienne et l'amena contre son visage ; ainsi elle put de nouveau sentir la peau du jeune homme, d'aspect si rugueuse, et pourtant si agréable au toucher. Enfin, il pencha son visage vers celui de la jeune fille et lui captura ses lèvres doucement. Ils se cherchèrent, sans jamais approfondir le baiser, se contentant de brefs contacts lèvres contre lèvres.
Puis Seto brisa le contact et se leva du banc où ils étaient restés assis de longues minutes, mais si magiques, et passa ses mains autour du corps de Serenity et la prit dans ses bras. Elle se laissa faire, ayant une totale confiance en lui. Elle-même passa ses bras autour du cou du jeune homme et il l'emmena avec lui.
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Il la ramena dans sa propre demeure. Mokuba n'était pas là, apportant son aide à la recherche de Serenity. Seto passa le seuil de sa maison, la jeune fille affaiblie toujours dans ses bras, et gravit lentement les escaliers qui menaient jusqu'à sa chambre. Passé la porte, il la remit doucement sur pieds, tout en la maintenant contre lui, pour l'empêcher de tomber.
Le manteau que Seto avait déposé sur ses épaules glissa à terre, elle se serra contre lui, tremblante de froid.
- Tu es sûre que c'est ce que tu veux… demanda le jeune homme.
Elle approuva silencieusement, des larmes coulant de nouveau sur ses joues, mais ce n'était plus de la tristesse. Au contraire, une lueur d'espoir et de bonheur brilla au fond de ses yeux noisette.
- Aime-moi… Seto… murmura-t-elle.
Il sourit, oui il sourit, et c'était un vrai sourire qui entrouvrit ses lèvres. Il l'entoura de ses bras, et se pencha à son oreille, répondant à son désespoir.
- Je te donnerai ce que tu veux de moi…
Puis il lui souleva gentiment le menton et l'embrassa. Ce fut un chaste baiser qui se transforma bientôt en une brûlante étreinte. Il la serra à l'étouffer contre lui ; elle répondit à cette passion avec toute la force dont elle était capable, savourant la plus petite parcelle de ces merveilleux instants.
Sa robe tomba au sol avec la légèreté d'une feuille d'automne, la découvrant dans sa féminité, et il en fut de même pour les vêtements de Seto. Ils se regardèrent droit dans les yeux, allumés par un désir soudain. De nouveau, elle posa sa main sur la joue de son partenaire, qui ferma les yeux au contact.
- Je me souviens de cette rose, murmura-t-il. Je l'ai soignée, je lui ai donné tout mon amour ; c'est toi maintenant qu'il faut que je soigne… c'est toi qu'il faut que j'aime…
Pour toute réponse, elle réussit à se hisser sur la pointe des pieds, et embrassa de nouveau le jeune homme. Ses jambes faillirent une nouvelle fois, et elle serait tombée, si Seto ne l'avait pas rattrapée dans ses bras musclés. Il la porta jusqu'au lit et l'y allongea doucement, répartissant sa belle chevelure sur les draps, comme on s'occupe d'une fragile poupée de porcelaine. Elle était pâle mais elle souriait. Kaiba la rejoignit bientôt et se coucha précautionneusement sur son corps frêle. Ils partagèrent encore un tendre regard puis Serenity mit ses mains sur le torse du jeune homme, comme pour s'assurer que son cœur battait. Oh oui, il battait ; il battait comme il ne l'avait jamais senti battre. Il lui caressa les épaules, les effleurer à peine suffisait à lui procurer de légères décharges électriques, et déposa une pluie de petits baisers sur son cou, sa nuque, ses bras, s'interrompant à plusieurs reprises dans sa tâche pour lui capturer de nouveau les lèvres.
- Tu es…tellement belle, dit-il dans un souffle.
Elle l'entoura par la taille. Ses mains étaient glacées, mais le jeune homme ne s'en soucia pas. Elle le serra contre elle.
- Je fane… murmura-t-elle
Il se mit sur ses coudes, et fit voyager sa main sur le visage de la jeune fille, et foula sa longue et belle chevelure auburn.
- Tu fanes… mais ton âme est comme une rose : pure et présente dans toutes les mémoires.
- Alors souviens-toi de moi comme une rose… Seto.
Ils ne virent pas le soleil se coucher et disparaître à l'horizon. Ils ne s'inquiétèrent pas des sirènes de la police qui retentissaient dans le lointain. Ils ne virent pas le noir les envahir, car entre eux, il n'y avait plus que de la lumière, chaude et réconfortante, pleine de bonheur et de promesses. Ils oublièrent le désespoir et le malheur, et se perdirent eux-mêmes dans la plus belle nuit de leur vie.
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- Je ne peux pas croire qu'elle soit partie, dit Joey en secouant la tête. Cela fait des heures que nous la cherchons en vain.
Il se laissa tomber sur une chaise, épuisé.
- Serenity, où es-tu…
Mai le prit par les épaules.
- Je suis sûre qu'en partant, elle savait où elle irait, dit-elle.
Joey la regarda tristement.
- Et je suis sûre, continua Mai, que là où elle est maintenant, elle est heureuse.
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La chambre était silencieuse. Des vêtements jonchaient le sol. Le lit était désordonné, et deux corps entièrement nus recouverts d'un simple drap se serraient l'un contre l'autre. Ils étaient allongés sur leur côté gauche, Serenity devant Kaiba, alors que celui-ci achevait leur passion partagée durant la nuit en recouvrant ses épaules et son cou de furtifs baisers sur sa peau blanche. A chaque contact, elle frissonnait, laissant libre cours au plaisir en elle.
Ainsi, c'était donc cela que de se sentir…aimé. Elle ne savait pas si elle l'était vraiment, mais elle se sentait effectivement aimée. Cette nuit avait été magnifique, féérique. Elle avait cru rêver tant son plaisir et sa joie avaient été grands. Elle n'était plus innocente maintenant.
Et elle en était heureuse. Tellement que la joie avait pris le dessus sur sa douleur physique, et qu'à présent, elle ne ressentait plus le mal en elle. Elle ne ressentait plus rien. Elle se sentait surtout très fatiguée… Sans doute était-ce à cause de leurs ébats quelques moments auparavant. Peu importe. Elle était avec lui… avec cet homme qu'elle n'aurait jamais cru capable d'une telle douceur. Et elle se sentait bien dans ses bras. Accomplie.
Elle tressaillit d'excitation lorsqu'elle sentit les doigts de Seto lui effleurer la peau. Ses paupières étaient lourdes. Elle voulait s'endormir. D'un effort presque surhumain, elle se retourna vers lui, et il se sourirent mutuellement, tout en ne se quittant pas des yeux.
Les siens avait du mal à rester ouverts, mais un baiser de Seto sur ses lèvres la maintint éveillée encore un moment. Le dernier.
Sa respiration s'accéléra. Elle répondit au baiser du mieux que son corps pouvait encore le lui permettre, puis parvint à poser sa main sur la joue du jeune homme. Lui-même apposa sa main sur la sienne, et leurs doigts s'entremêlèrent doucement. Il voulut parler mais elle posa un doigt sur ses lèvres.
- Shhh…
Elle effleura un instant la joue de Kaiba avec la paume de son autre main.
- Arigatou… Seto…
Il enserra la taille de la jeune fille étroitement, mais il la sentit se raidir contre lui. Elle lui offrit un dernier sourire, qui resterait à jamais gravé dans sa mémoire : celui d'une belle jeune femme, douce et heureuse. La main de Serenity posée sur sa joue se relâcha et ses doigts retombèrent dans le vide, alors que ses yeux se fermaient pour toujours. Expiant son dernier souffle, sa tête retomba contre l'oreiller et plus jamais ne se releva.
Elle avait rejoint l'autre monde.
Des larmes coulèrent des yeux bleus du jeune homme, et tombèrent silencieusement sur le bras inerte et sans vie de la jeune fille. Il sentit sa peau se refroidir lentement, jusqu'à ce qu'elle prenne une teinte blanchâtre. Alors le jeune homme prit Serenity dans ses bras, espérant la faire revivre de sa chaleur, mais la mort l'avait emmenée et ne la rendrait pas à la vie, elle était si froide maintenant.
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« Cette rose Kaiba… c'est une vie… une vie que tu as failli détruire, d'un simple pas… D'un simple pas… Une fraction de seconde, et tout bascule… Un geste et le destin est modifié… C'est triste de penser qu'une vie peut être détruite en si peu de temps… cette rose a survécu, mais elle y a laissé des pétales…et bientôt elle mourra, malgré tous les soins qu'on lui apportera… »
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« Je ne connaissais pas cette facette de ta personnalité Kaiba : un homme qui a le cœur sur la main… »
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« Aime-moi… Seto… »
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« Souviens-toi de moi comme une rose… »
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Peu de paroles mais tant de regards.
Il déposa un dernier baiser sur ses lèvres devenues violettes et murmura à son oreille, comme s'il espérait qu'elle entende :
- Adieu… Serenity…
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(1) Pour continuer dans le tragique, j'ai considéré que la mère de Joey et de Serenity était décédée.
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Ben voilà… J'ai fait en sorte d'être le plus romantique possible pour le demi-lemon, dans lequel je n'ai pas mis de terme choquant ni explicite. J'ai horreur des lemons complètement pervers… Il me reste désormais l'épilogue que je posterai bientôt et surtout je compte m'atteler sérieusement à l'écriture de Chanson d'un Soir.
Bye tout le monde, en espérant ne pas vous avoir fait déprimer tout de même…
