Kiwi : lol, dsl, mais sache que, venant de moi, c'est un grand compliment que de traiter quelqu'un de fou (« Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit » ;-) ) Oui, c'est vrai que le chapitre 5 est un peu transitoire, alors il ne se passe pas grand-chose. Là, tu vas pouvoir faire la connaissance du prof de défense contre les forces du Mal. En espérant que ce soit plus hot que le précédent ;-P

Chapitre 6 : DCFM

Le lendemain, alors qu'ils prenaient leur petit déjeuner en tentant de se réveiller, Katie Bell vint voir Ron et Harry.

- J'ai été nommée capitaine de l'équipe, dit-elle avec un grand sourire.

- Félicitations Katie, dit Harry en souriant à son tour.

- Il va falloir reconstituer une équipe, ajouta-t-elle en grimaçant. On en avait vraiment une excellente l'an dernier, avant qu'Ombrage... Enfin bref, on va faire des essais pour trouver deux nouveaux batteurs et un poursuiveur.

- Et Andrew Kirke et Jack Sloper, alors ? Ils ne veulent plus jouer comme batteurs ?

Katie jeta des coups d'œil autour d'eux.

- Sincèrement, si on pouvait trouver mieux, ce ne serait pas du luxe, dit-elle à voix basse. Ils se représentent aux essais tout de même.

- Tu n'as parlé que d'un poursuiveur, remarqua Ron.

- Oui, Ginny va jouer à ce poste cette année. Elle se débrouillait très bien lors des entraînements, l'an dernier. Donc, il nous manque une personne. Les essais se dérouleront la semaine prochaine, mercredi soir à cinq heures. Soyez y sans faute.

Et elle alla rejoindre des septième année.

- J'espère qu'on va réussir à trouver de bons joueurs, remarqua Harry avec amertume. Katie a raison, George et Fred étaient d'excellents batteurs et Angelina et Alicia des poursuiveurs hors pairs... Au fait, il regarda Ron d'un air hésitant, tu te sens prêt pour cette année ?

Ron sourit.

- Ça m'a galvanisé pour les dix prochaines années, le dernier match que j'ai joué. Je me sens prêt à tout maintenant. T'inquiète pas, je vais assurer du mieux que je pourrai.

Hermione étouffa soudain un cri de frayeur et les deux garçons se tournèrent vers elle. Le visage blanc, elle tenait d'une main tremblante un papier qui semblait être une coupure de presse et qu'elle venait de sortir d'une lettre qu'elle avait reçue.

- Qu'est-ce que c'est ? s'inquiéta Harry.

Elle leur passa le papier, l'air affligé. Le texte de l'article était totalement incompréhensible, écrit en alphabet cyrillique. Ron leva les yeux vers Hermione.

- Tu te fais envoyer des journaux russes ? demanda-t-il en haussant les sourcils.

- Ne dis pas n'importe quoi, c'est du bulgare. Viktor me l'a envoyé en même temps que sa lettre.

- Krum ? s'exclama Ron en lui lançant un regard féroce.

- Oh, je t'en prie, Ron ! Cesse tes gamineries ! Tu as vu la photo de l'article ?

Harry porta son regard vers la photo qui accompagnait le texte en même temps que Ron et fut incapable de parler pendant un instant. Des gens de la sécurité agitaient les mains vers l'avant en avançant, comme s'ils avaient voulu éviter qu'on voit ce que le photographe avait voulu prendre. Mais leurs efforts étaient vains car, à quelques mètres au dessus du sol, parfaitement visible, une forme terriblement familière flottait dans les airs : la marque des ténèbres. Harry ne se souvenait que trop bien ce que lui avait dit M. Weasley à ce sujet.

- Viktor m'a écrit la traduction de l'article, murmura Hermione d'une voix blanche. Ils ont retrouvé le corps en Pologne, près de la frontière ukrainienne.

-Pourquoi est-ce que ça a paru dans le journal sorcier bulgare, alors ? s'étonna Harry. Et qu'irait faire Voldemort ou un de ses Mangemorts là-bas ?

- La victime, c'est Karkaroff... répondit Hermione. Et il n'y avait rien dans la Gazette.

- Ceux de l'Ordre doivent être au courant, remarqua Harry en réfléchissant. Voldemort n'a visiblement pas apprécié qu'il prenne la fuite...

Après le cours de botanique, Harry, Ron et Hermione se dirigèrent vers la cabane d'Hagrid pour leur premier cours de soin aux créatures magiques. Hagrid les attendait devant un enclos, un immense sourire aux lèvres.

- Bonjour tous les trois. Vous avez passé de bonnes vacances ?

Harry se rendit soudain compte qu'Hagrid ne devait pas être au courant pour Séléné et un regard aux deux autres lui montra qu'ils avaient également compris.

- Pas trop mal, répondit Harry.

Le sourire d'Hagrid fondit un peu.

- Bien sûr, avec cette évasion des Mangemorts... Mais ils y retourneront, assura-t-il en souriant de nouveau. Qu'est-ce que vous dîtes de ça ?

Il leur montra avec fierté les six créatures qui se trouvaient dans l'enclos. Elles ressemblaient un peu aux hippogriffes, sauf qu'elles avaient un corps de lion, et non de cheval. Leurs quatre pattes étaient remplacées par des serres d'aigles et elles possédaient un bec et des ailes d'aigle, enfin leur queue ressemblait à celle d'un serpent. Elles avaient la taille de petits chiens, et ne semblaient pas très dangereuses, mais elles finiraient par grandir...

- Ce sont des griffons, expliqua Hagrid en les regardant d'un air attendri alors que tous les élèves étaient arrivés. Ils sont petits, à peine quatre mois, et sont issus de deux portées, nous allons pouvoir étudier leur évolution.

- Vous avez vu leurs serres ? grogna Malefoy. Vous croyez vraiment que je vais risquer une blessure comme avec ce fichu hippogriffe.

- Rien ne t'oblige à les approcher, lui répondit sèchement Hagrid, tout dépend de la note que tu veux avoir cette année.

Harry était heureux de voir qu'Hagrid prenait de plus en plus d'assurance dans sa fonction de professeur et il s'approcha des petits griffons.

Bien que les créatures ne soient pas très affectueuses, elles n'avaient pas encore assez de force pour causer de graves dommages. Ron en sortit juste avec une entaille au doigt, faîte par un griffon qui le lui avait saisi avec son bec.

Les trois amis restèrent manger avec Hagrid pour parler des récents événements de l'actualité, des vacances et des possibilités pour les prochains joueurs de Gryffondor.

- En fait, dit Hermione alors qu'ils revenaient au château, même si je redoute le jour où les griffons auront atteint leur taille adulte, c'est intéressant d'étudier la créature que Gryffondor a pour armoiries, vous ne trouvez pas ?

- Oui, avec un peu de chances, ils feront la différence entre les Gryffondor et les Serpentard, dit Ron en souriant.

Ils descendirent les escaliers menant aux sous-sols pour se rendre à leur cours de potions.

- Franchement, je ne vois pas pourquoi les cours de potions sont obligatoires pour devenir Auror, grommela Ron alors qu'ils arrivaient près de la salle.

- A qui le dis-tu ! confirma lugubrement Harry. J'aurai donné n'importe quoi pour ne plus avoir Rogue... et tu peux être sûr qu'il ne sera pas enchanté de me revoir non plus.

- Peut-être que... euh... il a changé pendant les vacances, risqua Hermione d'un ton peu convaincu.

Il s'avéra que les vacances n'avaient en rien modifié le caractère de Rogue.

- Vous voilà arriver en sixième année, une année aussi importante que la septième en ce qui concerne les ASPIC. Je ne vous cacherai pas ma déception de retrouver dans cette classe certains éléments pitoyables des années précédentes ; ce qui nous prouve, une fois de plus, le laxisme exaspérant de certains examinateurs...

Il marqua une pause pendant laquelle son regard froid croisa celui de Harry avec aversion.

- Nous allons principalement nous intéresser aux potions de coma et de réanimation, poursuivit-il en agitant sa baguette vers le tableau, en commençant par la potion du sommeil profond. Vous avez deux heures pour la préparer.

Comme à l'accoutumée, la potion était d'une extrême complexité où le moindre paramètre – dosage, température, nombre de tour pour mélanger, etc. – avait son importance au dixième près.

Malgré tout, Harry ne parvenait pas à se concentrer totalement sur son mélange. Depuis qu'il était entré dans la salle, il se sentait vaseux et mal à l'aise. Maintenant, il savait ce que ça signifiait : Voldemort était de nouveau en train d'essayer de soutirer quelque chose de Séléné. Sa cicatrice le piquait et le brûlait mais c'étaient des sensations différentes des autres années, celles-ci lui serraient le cœur, comme s'il avait une immense tristesse en lui et qu'il ne parvenait pas à s'en débarrasser. Brusquement, comme ça lui était déjà arrivé, des images défilèrent dans sa tête.

Un enfant qui pleure en se tenant son genou ensanglanté. Deux adultes discutant à voix basses, l'un d'eux visiblement en colère. Une plage où des adolescents d'une douzaine d'année jouent au volley. Une enfant qui reçoit un coup sur le visage et se relève ; il s'agit de Séléné... Elle doit avoir aux alentours de dix ans et c'est une fille de quinze-seize ans qui l'a frappée, visiblement une ado qui se prend pour une dure. Séléné ne se laisse pas démonter, elle fait face à la fille qui veut recommencer mais elle l'esquive et, au passage, lui donne un coup dans le ventre. Apparemment la petite n'est pas faible car l'adolescente recule sous le choc. Mais Séléné ne cherche pas à prolonger la bagarre et s'en va en courant, la douleur à sa tempe est lancinante et pourtant elle n'y prend pas tellement garde, quelque chose la rend heureuse...

Les images s'arrêtèrent aussi vite qu'elles étaient venues et Harry se retrouva devant un chaudron vide. Toute la classe avait les yeux tournés vers lui et Rogue, juste devant sa table, semblait furieux.

- ...points de moins pour Gryffondor ! M. Potter, si vous ne me regardez pas, je vous mets en retenue pour les trois prochains mois !

Harry leva la tête mais ne vit pas vraiment Rogue. Il était dans un état second qui faisait qu'il avait du mal à interpréter les événements.

- Vous viendrez me voir après le cours, M. Potter, grogna Rogue.

Il s'éloigna d'un pas furieux.

- Pour ceux qui n'ont pas laissé brûler leur potion, vous devriez déjà en être à la cinquième étape et le mélange devrait être aussi limpide que de l'eau, dit-il à l'ensemble de la classe.

Il fallut un petit moment à Harry pour comprendre qu'il avait dû rester immobile devant son chaudron alors que son contenu brûlait. Hermione vérifia que Rogue ne pouvait pas l'entendre et se pencha vers son ami.

- Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Harry secoua la tête pour dire qu'il ne voulait pas répondre et se laissa tomber sur son siège. Il ne pensait plus vraiment qu'il était en cours et resta l'esprit dans le vague jusqu'à ce que, dix minutes plus tard, la cloche sonne.

Après que le dernier élève soit parti, Rogue se tourna vers lui, le visage rouge de colère.

- Vous vous croyez malin, sans doute ? Vous n'avez pas changé, Potter, toujours aussi arrogant et méprisant des règlements. Sans doute pensez-vous que le respect dû aux professeurs ne vous concerne pas.

- Je suis désolé, professeur, je ne voulais pas me montrer impoli mais je ne vous avais pas entendu, répondit Harry, qui commençait à sortir de son état de torpeur.

- Vous ne m'aviez pas entendu ? répéta Rogue d'un ton menaçant. Vous vous moquez de moi, en plus ? Vous voulez me faire croire que vous n'entendez pas une personne qui vous fait face ? Peut-être allez-vous me dire que vous êtes atteint de surdité ?

- Non, monsieur, je ne vous entendais pas, c'est tout.

Rogue le jaugea un instant d'un regard dégoûté et dangereux.

- Ainsi donc, Potter, reprit-il d'une voix basse, vous êtes en train de me dire que vous êtes sujet à des absences pendant mes cours ?

Harry réfléchit un instant et se dit que le terme absence s'appliquait parfaitement à ce que les autres devaient percevoir lorsqu'il avait ces... visions.

- On peut dire ça.

- Ah, on peut dire ça... Et vous n'auriez pas une idée des raisons de cette absence ?

- Aucune, monsieur, répondit fermement Harry, qui était cette fois totalement réveillé.

- Aucune ?

- Peut-être un manque de sommeil.

Il regarda Rogue droit dans les yeux.

- Je ne dors pas très bien en ce moment, ajouta-t-il avec défi.

- Voilà un problème de la plus haute importance, remarqua Rogue avec ironie. Mais cela peut se comprendre, les gens faibles se laissent facilement submerger par leurs soucis...

Harry estima qu'il valait mieux ne rien répondre, Rogue essayait de le faire craquer, comme d'habitude. Le professeur se dirigea enfin vers son bureau.

- Vous viendrez en retenue, récolter des crochets de serpent, jeudi soir à sept heures. Vous pouvez y aller, Potter.

Lorsqu'il retrouva Ron et Hermione, il avait eu le temps d'assimiler tout ce qui venait de se passer et de maudire Rogue jusqu'à la fin des temps.

- Bon sang, mais que s'est-il passé ? lui demanda Ron alors qu'Hermione les entraînait dans un coin reculé de la salle commune.

Il leur expliqua ce qu'il avait vu.

- Tu crois que c'était Séléné qui t'envoyait ça ?

- Non, ça ne marche pas comme ça... je ne pense pas... C'est pas la première fois que ça m'arrive, j'ai eu le même genre de vision plusieurs fois, avant, et je me demande même si ça ne m'arrive pas la nuit, pendant que je dors.

- Harry ! se révolta Hermione. Tu étais censé tout nous dire !

- Au sujet des rêves où je rencontre Séléné, lui fit remarquer Harry, pas de ça. Et puis j'avoue ne pas y avoir vraiment pensé. Je me sens vaseux après ces visions.

- On s'en était rendu compte, remarqua Hermione.

- Quand ta potion a brûlé et que Rogue t'a vociféré dessus, tu es resté impassible, le regard baissé sur la table, expliqua Ron, on avait l'impression que tu dormais les yeux ouverts.

- Au fait, Rogue a retiré des points à Gryffondor ? demanda soudain Harry.

- Tu l'as pas entendu ? Dix points en moins.

Harry poussa un juron. Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'une trêve serait déclarée entre lui et le professeur des potions.

Le mercredi matin devait avoir lieu leur premier cours de défense contre les forces du Mal, juste après la métamorphose. Les sixième année avaient hâte de découvrir le professeur Distort, de laquelle ils n'avaient entendu que du bien des élèves qui l'avaient déjà eu.

Alors que Ron et Harry discutaient Quidditch tout en prenant leur petit déjeuner, Hermione toussa avec force, ayant avalé de travers alors qu'elle lisait la Gazette des Sorciers. A moitié morte de rire, elle posa le journal sur la table pour que Ron et Harry puissent lire. Le titre indiquait : « LE MINISTERE RENAÎT DE SES CENDRES », s'ensuivait un article pour le moins cocasse du point de vue des trois amis.

« Après avoir pendant plusieurs mois été débordé par les récents événements – le retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom – le ministère semble enfin avoir repris la situation en main. Dans un communiqué à la presse, Cornelius Fudge, ministre de la Magie, annonçait clairement ses intentions : « Bien que nous nous soyons retrouvés dans une situation confuse au mois de juin dernier, nous avons fait le nécessaire pour la démêler le plus rapidement possible. Aussi, et pour vous prouver mes dires, je vous annonce la reconstitution de l'Ordre du Phénix, dont les actions sont restées légendaires face à Vous-Savez-Qui. J'ai personnellement eu l'idée de réinstaurer cette organisation qui sera à même de vous protéger comme vous vous y attendez. De nombreux Aurors et puissants sorciers se sont déjà engagés à intégrer l'Ordre. »

Rappelons au passage que l'Ordre du Phénix avait été créé par Albus Dumbledore lors de la première guerre et qu'il s'agissait alors d'une organisation tenue secrète, qui ne se dévoila que lors de la chute du Seigneur des Ténèbres, afin de pouvoir agir du mieux qu'elle le pouvait sans avoir à s'inquiéter d'espions envoyés par Lord V. Il est certain que M. Fudge saura aussi bien organiser les agissements de l'Ordre du Phénix qu'il a su faire face, dés le départ, au retour de Vous-Savez-Qui. L'Angleterre peut dormir sur ses deux oreilles, Cornelius Fudge prend les choses en main, ou plutôt en bec, à l'image du phénix des hôtes de ce pays... »

- Il s'y croit vraiment, Fudge, grogna Ron. « J'ai personnellement eu l'idée... », mon père a définitivement raison : il aura toujours un hibou de retard.

- D'un certain côté, c'est plutôt une bonne chose, cette déclaration, fit remarquer Harry.

Il regarda autour de lui et baissa la voix.

- Avec Fudge qui officialise un soi-disant Ordre, le véritable Ordre du Phénix aura sans aucun doute plus de liberté et Voldemort va certainement s'inquiéter de l'Ordre de Fudge sans imaginer qu'il puisse en exister un autre.

- Ça c'est vrai ! s'exclama Ron, mis de bonne humeur par cette idée.

- Vous n'avez rien remarqué de particulier dans cet article ? demanda Hermione la mine pensive, un demi sourire aux lèvres.

- A part l'idiotie de Fudge ? Ah non, ça, ce n'est pas exceptionnel mais continuel.

- Vous ne voyez pas l'ironie de l'article ? Le journaliste fait remarquer que Fudge n'a rien inventé, qu'il dévoile la création de l'Ordre pour montrer qu'il fait quelque chose alors qu'il devrait tenir cette information secrète. Quant aux dernières phrases, elles sont plutôt éloquentes !

- Faut avouer que, lorsqu'il dit que Fudge fera aussi bien que lorsqu'il a accepté le retour de Voldemort, y'a de quoi s'inquiéter.

- Bien sûr, c'est pour ça qu'il insiste sur le "dés le départ". Quant à comparer Fudge au corbeau de La Fontaine, j'avoue que c'est une assez bonne analyse.

- Quel rapport avec les corbeaux et les fontaines ? s'étonna Ron.

- La Fontaine, le rectifia Hermione d'un regard sévère. C'est un poète français du dix-septième siècle qui a écrit des fables, dont Le Corbeau et Le Renard. Ce journaliste y fait référence à la fin ; dans la véritable fable, le renard dit au corbeau : « Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. » Dans l'histoire, le renard flatte le corbeau qui tient un fromage dans son bec pour qu'il lui fasse entendre sa voix et, ainsi, laisse tomber le fromage en ouvrant le bec. Le corbeau se fait prendre à cause de sa vanité.

- Ouais, si c'est ça, alors tu as raison Hermione, Fudge fait un magnifique corbeau. Comment s'appelle ce journaliste ?

- Jean Lamare, lut Hermione. Il doit être nouveau à la Gazette, je n'ai jamais vu sa signature. En tous les cas, je crois bien que je vais l'adorer. Il a l'air d'être du côté de Dumbledore.

- C'est plutôt surprenant, remarqua Harry en fronçant les sourcils. La Gazette ne serait plus sous le contrôle du ministère ?

Pendant le cours de métamorphose, ils poursuivirent l'étude du sortilège d'Apparition – le contraire du sort de Disparition – et McGonagall leur donna à tous une tonne de devoirs, sauf à Hermione qui parvint à maîtriser parfaitement l'enchantement.

Le professeur Distort les accueillit avec un immense sourire lorsqu'ils entrèrent dans la salle où devait se dérouler le cours de défense contre les forces du Mal. Elle semblait être beaucoup plus sûre d'elle que le soir du banquet – certainement parce qu'elle avait eu l'occasion de mieux se familiariser avec Poudlard et les élèves.

- Bonjour tout le monde, dit-elle gaiement. Avant de faire l'appel, je souhaiterai que nous mettions certaines choses au point. Je sais que, l'an dernier, vous n'avez malheureusement pas pu bénéficier d'un enseignement... disons efficace et en rapport avec vos attentes. Evidemment, l'incompétence de votre précédent professeur a dû vous apporter certaines lacunes dans cette matière, mais je vous promets que, si nous nous y mettons tous ensemble, nous parviendrons à rattraper les quelques retards que vous avez.

Par ailleurs, je tiens à vous rassurer, ils ne sont pas si importants que ça. Même si vous avez eu un enseignement assez – excusez-moi du terme – bigarré, vous avez néanmoins acquis de nombreuses notions et eu l'occasion de vous exercer plus qu'il n'est permis de l'espérer pour une classe de sixième année. Par conséquent, croyez-moi, la regrettable erreur du ministère n'aura sûrement pas autant d'impact que vous pourriez le craindre.

Tandis qu'elle faisait l'appel, Harry échangea un sourire avec Ron. Cette femme lui plaisait bien avec ses allusions sur l'incompétence du ministère et sa façon de prendre à contre-pied le discours prononcé par Dolores Ombrage, l'an passé.

- Je vais vous expliquer comment nous allons nous organiser. Cette année, vous vous retrouvez avec deux jours de cours en DCFM : le mercredi et le vendredi.

- DCFM ? répéta Ron d'un air intrigué dans un murmure.

- Défense Contre les Forces du Mal, lui répondit Hermione avec un sourire amusé.

- Nous nous consacrerons principalement à la théorie le mercredi et à la pratique le vendredi. Bien entendu, il se pourra que nous fassions un peu de pratique le mercredi, cela dépendra des cours et de l'évolution de votre classe. En revanche, inutile de vous encombrer de vos bouquins le vendredi, ils seront inutiles. Cela vous convient-il ?

Un murmure approbateur et enthousiaste s'éleva de la classe. Harry se rendit compte qu'il s'agissait du seul professeur à avoir demandé leur avis sur sa manière d'organiser ses cours.

- Alors c'est parfait ! s'exclama le professeur Distort d'un ton toujours enjoué. Pour ce qui est des cours en eux-mêmes, nous allons répartir l'année en quatre grandes parties qui dureront approximativement deux mois chacune. Jusqu'à fin octobre, nous nous pencherons sur les sorts et contre sorts les plus efficaces en matière de défense ; de novembre à décembre, nous attaquerons l'étude des quelques créatures classées dangereuses que vous n'avez pas encore vues – je sais que l'enseignement du professeur Lupin vous a apporté la majorité des choses que vous êtes censés savoir en la matière – ; la période janvier-février nous amènera sur le sujet de la connaissance des sorts permettant d'annuler les effets de certains maléfices puissants ; et finalement, jusqu'à fin avril, je vous apprendrais certaines méthodes très utiles permettant d'anticiper, de détourner ou d'éviter les actions d'un quelconque adversaire.

Elle marqua une courte pause pour voir ce que pensaient ses élèves de ce programme. Tout comme Harry et Ron, ils semblaient l'approuver, surtout dans la mesure où ils n'avaient jamais vraiment eu de cours aussi structurés. Harry avait surtout hâte d'arriver à la dernière partie : l'anticipation était un atout indispensable lors d'un duel, il en savait quelque chose.

- Ce qui va nous laisser le mois de mai, remarqua le professeur d'un air songeur. Je me suis dit que nous pourrions utiliser ce mois précédent vos examens pour faire une sorte de jeu didactique sous forme de quiz et d'épreuves afin de vous préparer aux examens de fin d'année.

Cette dernière proposition fut accueillie à renfort d'applaudissements et d'approbations véhémentes. Même Hermione avait l'air de trouver l'idée excellente.

Ils passèrent le cours à prendre des notes sur divers sorts et contre sorts. Le professeur Distort avait trouvé deux moyens pour rendre son cours passionnant : le premier, c'est qu'elle avait toujours une anecdote ou un fait passé servant d'exemple à l'utilisation de ces sortilèges – et les élèves se rendirent vite compte qu'elle avait des talents de narratrice incontestables –, le deuxième résidait dans les démonstrations qu'elle faisait devant eux pour qu'ils aient une idée précise de la manière dont s'effectuait et agissait le charme.

En sortant du cours, à midi, les commentaires approbateurs et ravis fusaient de tous côtés.

- Je crois bien que c'est le meilleur cours auquel j'ai jamais assisté ! s'exclama Dean Thomas. Elle a vraiment un don pour rendre sa leçon vivante !

- Tout à fait d'accord ! approuva vivement Neville. Vous voulez que je vous dise ? C'est la première fois que j'arrive à comprendre tout ce qu'un prof dit, en dehors de la botanique, bien sûr. Je suis certain que je serai capable de tout vous ressortir !

- Oui, confirma Hermione en souriant. Je crois que, cette année, nous allons avoir un véritable enseignement de DCFM, comme elle dit. Son cours est clair, captivant et parfaitement structuré.

- Tu sais, dit Ron en réfléchissant, je crois bien que c'est la première fois que je vois un prof attirer notre attention de la sorte. Je veux dire, dans les cours de McGonagall, Rogue et Fierdevis – il est en bonne voix – il n'y a aucun chahut parce qu'ils ont de l'autorité, chez Binns, c'est parce que tout le monde dort, quant aux cours de Flitwick, on peut pas dire que la classe soit calme lors de ses leçons, alors qu'avec elle, ça vient tout seul. Qui aurait envie de faire du chahut dans sa classe ? Ce qu'elle raconte est tellement intéressant que – et je suis très sérieux – j'ai hâte d'avoir le prochain cours.

- Je te crois sur parole ! assura Harry.

Le repas se passa dans la joie et la bonne humeur. Chacun y allant de son petit commentaire au sujet du nouveau prof. Harry ne se souvenait pas avoir vu un professeur insuffler un enthousiasme aussi débordant. Les élèves avaient apprécié les enseignements de Lupin et du faux Maugrey, ils avaient trouvé l'un sympathique et connaisseur, l'autre redoutable et expérimenté, mais, d'un avis unanime, Distort représentait le professeur idéal, celui que tous les élèves rêvent d'avoir tout en n'osant jamais imaginé que ce puisse être plus qu'un songe.

A la table des professeurs, il la vit discutant avec animation avec Hagrid et le professeur Flitwick, visiblement plus ouverte qu'à son arrivée. Une vague de désespoir le traversa alors sans crier gare. Pendant le cours, il n'avait pas songé une seule fois à Séléné, mais la vision fugitive de tous ces gens heureux avait ravivé – sans qu'il comprenne pourquoi – la douleur de la disparition de Séléné et, surtout, cette angoisse insidieuse et incessante : la retrouveraient-ils jamais ? Et, si oui, arriveraient-ils à temps ?...

Harry se serait volontiers rendu au terrain de Quidditch pour voler un peu sur son Eclair de Feu mais lui et Ron avaient encore des devoirs et les souvenirs de l'an dernier les contraignaient à être raisonnable quand à l'organisation de leur temps – ce en quoi Hermione les félicita.

Harry était en train d'écrire un long parchemin en métamorphose sur le sujet suivant : Expliquez pourquoi le sortilège d'Apparition est plus complexe que celui de Disparition et indiquez les risques auxquels il peut confronter son utilisateur, lorsqu'il se rendit compte qu'un garçon de première année l'observait.

Il avait des cheveux blond foncés et des yeux vert pâle. Bizarrement, Harry eut l'impression que son visage lui était familier, sans réussir à le remettre. Lorsqu'il se rendit compte que Harry l'avait vu, le gamin ne baissa pas immédiatement la tête. Il le regarda un instant dans les yeux avant de revenir à son parchemin.

Surpris par ce comportement étrange, Harry se pencha vers Ron.

- Tu le connais, le première année qui se trouve près de la fenêtre ? lui murmura-t-il.

Surpris par la question, Ron regarda le garçon qu'il lui montrait.

- Il s'appelle Fabian Graster, si je me souviens bien de la Répartition. Pourquoi ?

- Il n'arrêtait pas de me fixer, tout à l'heure.

- C'est plutôt normal, remarqua Hermione sans lever les yeux de son parchemin. N'oublie pas que tu es redevenu Le Survivant.

Ron hocha la tête, se satisfaisant de cette explication, mais Harry n'était pas convaincu. C'était totalement ridicule mais il avait le sentiment que ce gamin l'appelait à l'aide... Il secoua la tête ; finalement, Hermione avait raison, il avait vraiment une tendance à vouloir sauver les gens. Après un dernier coup d'œil au garçon – qui ne levait plus les yeux de ce qu'il écrivait – Harry se remit à son devoir.

(à suivre...)

Fiona Distort ? Aimez, aimez pas ? Et l'article de Jean Lamare ? Bon, je me tais et j'attends lol.