David : Bon, déjà, Diony, c'est « elle » ;-) Tant mieux force mille si l'idée te plaît !!! (lol, si c'est déjà le cas, je dois te prévenir de t'attendre à un choc à la fin de la sixième année ;-) ) J'essaie de mettre un à deux chapitres par jour, autant que je peux, alors demain, dans la logique, le chapitre 10 sera là.

Chapitre 8 : Réapparition de Nora Stuborn

Les semaines qui suivirent défilèrent sans que les élèves s'en rendent vraiment compte, entre les cours de défense contre les forces du Mal – qui n'avaient rien perdu de leur intérêt grâce au professeur Distort qui avait trouvé le moyen de reproduire des scènes de duels célèbres pour illustrer ses cours – et au club de défense que tous attendaient impatiemment chaque semaine.

Harry avait fini par apprécier son rôle d'assistant-élève autant que ses camarades de l'A.D. qui se faisaient un plaisir de faire quelques démonstrations aux autres élèves. Les appréhensions relatives aux Serpentard n'avaient pas quittées Harry. Au départ, Malefoy et ses comparses avaient semblé furieux de la situation de Harry mais, depuis que les cours étaient plus avancés, Harry n'avait pas manqué de remarquer que Malefoy le narguait d'un sourire narquois à chaque séance, au fur et à mesure qu'il arrivait à un niveau de connaissance similaire au sien...

Cela étant, Harry était rassuré de voir que ses craintes vis-à-vis de l'occlumancie n'étaient pas fondées. Ils n'avaient toujours pas attaqué la pratique mais le professeur Fierdevis ne manquait pas de faire remarquer à ses élèves que cette branche de la magie était très difficile et que la plupart des occlumens n'étaient pas très puissants, l'élite des sorciers occlumens se comptait sur les doigts de la main. Cependant, il était à noter qu'il en était de même pour les legilimens, ce qui faisait un bon équilibre et permettait le plus souvent aux occlumens peu doués d'exercer succinctement leur pouvoir. Harry doutait que Malefoy serait un bon occlumens, mais il savait que l'Ordre comptait quelques bons legilimens, ce qui était un atout indéniable.

L'entraînement pour le Quidditch avait également repris et Harry et Ron étaient d'accord pour dire que l'équipe avait de bonnes chances de remporter une fois de plus la coupe. Evidemment, Jack Sloper ne se montrait guère plus efficace que l'an passé, mais Sarah Allstar s'améliorait au fil des séances et compensait peu à peu les lacunes de son coéquipier. Dean et Ginny se débrouillaient merveilleusement bien à leur poste de poursuiveurs et Ron avait la rage au ventre et une farouche volonté de gagner qui lui donnait toute la confiance nécessaire pour montrer l'étendue de son talent de gardien.

En ce qui concernait la demande de Fabian Graster, Harry n'avait pas encore pris de décision. Hermione lui assurait qu'il devait faire quelque chose pour les premières et secondes années mais Harry avait le sentiment que cela ferait trop – entre son poste d'assistant et les entraînements de Quidditch – pour qu'il réussisse à tenir le coup. Et c'était sans compter sur le malaise permanent qui l'habitait depuis la capture de Séléné...

Les préparatifs pour Halloween et la perspective de la première sortie à Pré-au-lard de l'année permirent à Harry de mieux supporter la fin du mois d'octobre.

Le 31 octobre, le ciel était légèrement voilé et le temps humide. Dés leur arrivée au village de Pré-au-lard, les trois amis purent se rendre compte du climat tendu dans lequel la seconde évasion d'Azkaban et la crainte de Voldemort avait plongé le monde des sorciers. On ne voyait jamais quelqu'un se promener seul et la plupart des gens regardaient constamment autour d'eux, une main dissimulée sous leur robe, tenant certainement leur baguette.

Après être passés chez Honeydukes et au magasin de plumes Scribenpenne, Harry, Ron et Hermione entrèrent aux Trois balais et commandèrent des bièraubeurres. Installés dans un coin reculé de la salle, ils en vinrent à parler de Voldemort.

- C'est tout de même surprenant qu'il n'ait rien fait depuis que ses Mangemorts se sont échappés d'Azkaban, remarqua Hermione. D'après ce que j'ai pu lire sur la première guerre, il avait plutôt tendance à faire parler de lui et non à être discret.

- Il prépare sûrement quelque chose en rapport avec... ce dont mon père nous a parlé avant la rentrée, dit Ron à voix basse.

- Si c'est le cas, alors il prépare une attaque contre Poudlard pour récupérer les plans, murmura Harry pour ne pas se faire entendre des tables voisines. Je me demande tout de même ce que peut être cette protection.

Ils n'avaient plus abordé le sujet depuis la rentrée et Hermione secoua la tête.

- Ce qui m'étonne, moi, c'est qu'ils ne s'en servent pas encore... Je suppose que seuls les alliés dont ton père nous a parlé peuvent l'activer.

- Alors pourquoi Tu-Sais-Qui voudrait s'en emparer ?

- Pour éviter qu'on s'en serve bien sûr, mais il ne doit pas tout savoir au sujet de cette protection...

Hermione prit une mine pensive et regarda la salle des Trois balais d'un œil vague. Elle écarquilla soudain les yeux et donna un coup de coude à Harry, qui se préparait à boire une gorgée de bièraubeurre et en renversa sur la table.

- Fais attention, Hermione, grommela Harry.

- Regarde, je me trompe ou bien...

Il regarda la personne que lui désignait Hermione. Il s'agissait d'une jeune fille habillée d'une robe de sorcier indigo aux cheveux blond roux courts. Harry reconnut immédiatement son visage et prit la même expression de stupeur qu'Hermione.

- C'est la fille qu'on a vue au Square Grimmaurd, non ? s'étonna Ron.

- Nora Stuborn, la fille des amis à mes parents, confirma Harry. Comment est-elle arrivée là ? Et dans cette tenue ?

- Dumbledore a peut-être considéré qu'elle pourrait les aider, suggéra Ron.

- Il ne l'aurait pas fait venir à Pré-au-lard, lui fit remarquer Hermione, il n'aurait pas pris ce risque. Je pense plutôt qu'elle est là de son propre chef. Que veut-elle à Hagrid ?

Le regard de Harry glissa sur la personne qui discutait avec Nora et il se rendit compte qu'il s'agissait effectivement de Hagrid – il se demanda d'ailleurs comment il avait pu ne pas le remarquer plus tôt. Hermione balaya la salle du regard puis se pencha vers Ron et Harry.

- Je crois que Mondingus est là, leur murmura-t-elle, au fond de la salle. Il doit être chargé de surveiller Nora.

Harry remarqua en effet qu'une personne dissimulée dans l'ombre était recouverte de la tête au pied par un grand châle. On aurait pu le prendre pour une sorcière mais Harry songea qu'Hermione devait avoir raison, connaissant les talents de déguisement de Fletcher.

- Venez, on va s'approcher d'eux comme si nous voulions parler à Hagrid, proposa Harry.

- Attend Harry, ce n'est peut-être pas très prudent, remarqua Hermione, soudain un peu inquiète.

- Ne t'en fais pas, suffit de faire comme si on ne la connaissait pas.

Il se leva et avança vers la table de Nora et Hagrid, suivi de Ron et d'Hermione.

- ... fâcheuse histoire, bien entendu, grommelait Hagrid. Par les temps qui courent, qu'est-ce qui n'est pas fâcheux, remarquez ?

- Vous avez raison. Il est assez surprenant que...

- Hagrid ! Comment allez-vous ? s'exclama Harry en s'approchant de lui.

- Ah, vous êtes là vous trois, répondit-il en souriant. Je vous présente Florence Arbus, qui travaille comme reporter pour le mensuel Actuamagie.

- Ravi de faire votre connaissance, dit Harry en la regardant droit dans les yeux.

Elle ne répondit pas immédiatement mais l'expression de son visage resta neutre et rien ne laissa penser qu'elle avait déjà vu Harry.

- Moi de même, répondit-elle, et vous devez être Harry Potter.

- C'est bien moi.

- Miss Arbus mène une enquête pour un dossier concernant la manière qu'ont les gens de vivre le retour de Vous-Savez-Qui, expliqua Hagrid. Mais asseyez-vous.

- Vous trouvez beaucoup de monde pour répondre à vos questions ? demanda Hermione.

- Plus que je ne l'espérai en tous cas, assura-t-elle en lui souriant.

Harry jugea que l'illusion était parfaite : personne n'aurait pu penser que Nora était en réalité une Moldue. Elle utilisait une plume d'oie et un parchemin pour prendre des notes et paraissait parfaitement à l'aise, assise devant une bièraubeurre comme l'aurait été n'importe quel sorcier.

- D'ailleurs, puisque vous êtes élèves à Poudlard, vous pourrez peut-être me dire dans quel climat se déroulent vos cours.

- Vous n'êtes pas plutôt intéressée par ce que pourrait avoir à dire Harry ?

- Le thème a été assez exploité et Actuamagie se soucie de l'actualité au mois par mois, donc ceci est hors sujet, remarqua Nora.

- Je vais devoir y aller, annonça Hagrid en se levant, je suis désolé, miss Arbus, mais je n'ai pas le temps de répondre à d'autres questions.

- Ce n'est pas grave, en fait je dois également partir et vous m'avez déjà beaucoup aidé. Elle se tourna vers les trois jeunes gens en souriant. Et bon Halloween à vous.

Une fois seuls, Harry fronça les sourcils.

- Que cherchait-elle ?

- Des renseignements, sans aucun doute, répondit Hermione. Il n'empêche, elle semble être déjà très informée pour connaître Actuamagie...

- Même moi je ne le connaissais pas, acquiesça Harry. Si Hagrid a répondu à certaines de ses questions, c'est qu'elle doit avoir trouvé un moyen pour se renseigner de manière discrète.

- N'oublie pas qu'elle est journaliste dans la vie réelle, enfin photographe mais je suppose qu'elle doit parfois écrire des articles.

La sorcière au châle avait disparu, ce qui semblait confirmé qu'il se soit agi de Fletcher, chargé de surveiller Nora.

Ils ne pensaient pas entendre de nouveau parler de Nora avant longtemps et ils se trompaient lourdement ; le matin du premier match de Quidditch de la saison, alors que Harry déjeunait en compagnie de Ron et Hermione, celle-ci étouffa un cri.

- Oh non ! Nora !

- Il lui est arrivé quelque chose ?

- Lis un peu ça.

QUAND LES MOLDUS S'EN MÊLENT

Hier, à six heures vingt du soir, Nora Stuborn – une Moldue de vingt-trois ans – a été appréhendée au Chaudron Baveur par la brigade spéciale d'intervention des oubliators. Prévenus par un client du bar, les sbires du ministère ont eu du fil à retordre avec cette jeune fille qui a failli leur filait entre les doigts du fait d'une agilité et d'une rapidité remarquables.

D'après les divers témoignages recueillis, la jeune Moldue recherchait des informations au sujet de Vous-Savez-Qui, questionnant diverses personnes en se faisant passer pour une journaliste du nom de Florence Arbus. Le stratagème aurait d'ailleurs parfaitement fonctionné si la personne qui a prévenu le ministère – et qui désire rester anonyme – n'avait pas remarqué, tout à fait par hasard, qu'elle portait une arme à feu moldue.

Nora Stuborn a été embarquée au ministère afin d'y subir un interrogatoire qui déterminera dans quelles circonstances une Moldue a pu obtenir des informations sur l'existence du mage noir et du monde des sorciers en général.

Il est certain que le ministre de la Magie – très intrigué par cette affaire – se rendra compte de l'atout que pourrait représenter l'aide d'une journaliste moldue dans les investigations contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, dans la mesure où ses actions s'étendent jusque chez eux. Par ailleurs, les diverses enquêtes menées restant infructueuses, il peut paraître surprenant qu'une Moldue puisse autant en savoir que le ministère – voire plus si on en croit nos sources.

La manière dont le ministère réagira face à cette affaire sera une marque de l'état mental dans lequel se trouvent nos hauts dirigeants ; il est en effet indésirable, en temps de crise, d'avoir à la tête de nos services de sécurité des personnes sans grande faculté de jugement et perdant aisément leur sang froid. Une fois encore, il est certain qu'il ne viendrait jamais à l'idée du ministre d'infliger à la jeune fille un sortilège d'aveu ou de lui faire absorber du véritaserum, ce qui irait à l'encontre de l'article vingt-sept du décret sur l'utilisation de la magie stipulant que « aucun sorcier n'est autorisé à faire acte de sa magie, que ce soit par l'intermédiaire de sortilèges, rituels, malédictions, potions et toute autre démarche de nature magique, à l'encontre d'un Moldu, dans quelques circonstances que ce soit, exceptions faîtes des cas de légitime défense et du sortilège d'amnésie, celui-ci étant réglementé comme édicté dans l'article vingt-deux, alinéa c, de ce décret. »

Rendons grâce au ministère de continuer à suivre ses lois dans des moments si difficiles, afin de prouver au seigneur noir qu'il conserve toute son assurance, son calme et, surtout, sa raison.

- Je croyais que ceux de l'Ordre devaient la surveiller, remarqua Ron à voix basse une fois que lui et Harry eurent fini la lecture de l'article.

- Je suppose qu'ils avaient des choses beaucoup plus importantes à régler pour s'occuper efficacement du cas de Nora Stuborn, répondit judicieusement Hermione. Mondingus ne s'était pas montré très compétent lorsqu'il devait se charger de Harry, l'an dernier.

- A qui le dis-tu ! Elle a dû continuer les recherches qu'elle faisait déjà aux Trois balais la semaine dernière... Je me demande ce qu'ils vont lui faire, au ministère, s'inquiéta Harry. Comme tu l'as fait remarquer, Hermione, ils ne peuvent pas tout lui faire oublier.

- Il s'agit encore d'un article de ce journaliste, Jean Lamare, dit Hermione en montrant la signature. C'est quand même bizarre, c'est seulement le second article qu'il signe. Je doute qu'il ait un contrat défini avec la Gazette.

- En fin de compte, je ne pense pas qu'il soit du côté de Dumbledore, remarqua Harry en fronçant les sourcils. Il aurait mieux valu ne pas ébruiter l'existence de Nora, non ?

- Bien au contraire, répliqua Hermione. Il a réagi très vite, si tu veux mon avis. Ça aurait fini par se savoir de toute façon, et il a voulu prendre le scoop à son avantage. Tu vois bien qu'il s'est empressé de rappeler au ministère qu'il ne devait pas utiliser de sortilèges sur Nora, ils ne peuvent donc rien lui soutirer, sinon avec un simple interrogatoire.

- D'après ce que j'ai vu de Nora, elle n'est pas prête de leur dire quoi que ce soit... reconnut Harry. Mais bon, on ignore ce qu'elle sait au juste.

- Peu importe, le ministère se voit dans l'obligation d'appliquer la loi au pied de la lettre après la parution de cet article, ou ça risque de ne pas beaucoup plaire aux gens.

- Mais si c'est ça, alors ça veut dire que Jean Lamare... commença Ron en écarquillant les yeux.

- ... fait partie de l'Ordre du Phénix, termina Hermione en hochant la tête. J'en suis quasiment persuadée.

Harry lut de nouveau l'article en transversale.

- J'aimerai tout de même qu'on m'explique comment elle a trouvé le Chaudron baveur et le village de Pré-au-lard, observa-t-il en plissant des yeux. Vous croyez qu'on pourrait demander des renseignements à Sirius ?

- Il va sans doute dire que ça ne nous regarde pas, dit Hermione en secouant la tête. Et puis nous devons être prudents avec le courrier.

Harry voulut lui répondre mais Ginny apparut soudain devant eux.

- Qu'est-ce que vous faîtes ? s'exclama-t-elle. Katie nous attend dans les vestiaires.

Ils avaient pratiquement oublié le match après avoir vu l'article et se précipitèrent à la suite de Ginny pour aller revêtir leur tenue de Quidditch. Katie grimaça un peu en les voyant arriver si tard mais – heureusement pour eux – son caractère n'était pas aussi irascible que ceux d'Olivier et d'Angelina lorsqu'ils étaient eux-mêmes capitaine de l'équipe.

Les gradins entourant le terrain de Quidditch étaient bondés et de tous côtés fusaient les cris d'encouragement des différentes maisons. Juste avant d'entrer sur le terrain, Harry remarqua que Sarah Allstar tremblait légèrement. Il lui adressa un sourire rassurant.

- Une fois que tu es dans le jeu, le trac disparaît, tu verras.

- Si jamais tu ne joues pas très bien au départ, faut pas t'en faire, ajouta Ron.

- La première fois, c'est jamais très facile, confirma Katie, mais tout se passera bien si tu joues comme aux entraînements. Dean ?

- Je suis en pleine forme ! assura-t-il.

Le premier match de la saison de Quidditch les opposait aux Poufsouffle. Katie Bell serra la main de Gille Lawrence et les deux équipes décollèrent dans l'air frais du début novembre, sous un ciel légèrement voilé mais présentant des conditions de vol idéales.

Lee Jordan ayant terminé ses études à Poudlard l'an passé, les commentaires du match étaient désormais assurés non pas par un mais deux autres élèves : July Marden, de Gryffondor, et Stephen Gatry, de Poufsouffle. Tous deux étaient en cinquième année et le sort avait voulu que la première rencontre confronte leurs maisons respectives – quant à savoir pourquoi ils avaient voulu commenter à deux les matchs, Harry n'en savait rien et s'en fichait d'ailleurs complètement.

- Le souafle est lancé et la partie commence ! hurla July lorsque le professeur Bibine eut lancé le signal pour que le match débute. Katie Bell a récupéré la balle et fonce vers les buts adverses, appuyée par Ginny Weasley et Dean Thomas.

- Mais c'est qu'elle est rapide en plus ! poursuivit Stephen. Regardez-la filer ! Fernaw et Smith ne peuvent rien faire pour l'arrêter ! Elle vient de les feinter par un slalom impeccable. Les buts sont droit devant elle. Allez Duncan, arrête le souafle ! hurla-t-il à l'attention du gardien de son équipe.

- ET GRYFFONDOR MARQUE ! DIX POINTS POUR GRYFFONDOR ! YEEHA !

Harry volait au-dessus du terrain à la recherche du Vif d'or, regardant du coin de l'œil le déroulement du match. Il vit ainsi son équipe faire encaisser trois autres buts aux Poufsouffle. Katie, Ginny et Dean se débrouillaient merveilleusement bien ensemble, même mieux qu'à l'entraînement.

A un moment donné, ils foncèrent vers les buts adverses les uns au-dessus des autres – Dean à la plus basse altitude, Katie au milieu et Ginny au-dessus – Katie portant le souafle. Déstabilisés par cette formation, les joueurs de Poufsouffles voulurent chacun marquer l'un de leurs adversaires. Mais Fernaw – qui marquait Dean –, voyant Katie lancer le souafle au-dessus de sa tête, quitta sa position pour remonter. Katie avait donner un tel effet au souafle qu'il monta légèrement avant de retomber, un peu en arrière, droit dans les bras de Dean, qui marqua un cinquième but tandis que les poursuiveurs de Poufsouffle étaient soit trop haut, soit trop loin, s'étant préparer à ce que leur équipe récupère le souafle.

Ron se montrait très doué à son poste de gardien et avait bloqué les trois occasions qui s'étaient présentées aux Poufsouffle. Harry voyait les Serpentard faire des mines dégoûtées et il en était satisfait.

Jack Sloper ne faisait pas grand-chose, c'était à peine s'il avait dévié quelques fois le cognard, et encore n'importe où, mais il n'avait blessé personne, ce qui était l'essentiel du point de vue de Harry. Sarah Allstar, en revanche, se distinguait grandement. Du fait de son entraînement, tous les coups qu'elle portait atteignaient la cible recherchée, déstabilisant les Poufsouffle ou déviant un cognard pour éviter qu'il ne tape sur un de ses coéquipiers. Mais elle se démarqua surtout lorsque les Poufsouffle tentèrent une quatrième fois de marquer.

Harry se félicitait d'avoir regarder à ce moment-là l'action se déroulant sur le terrain, car c'était une chose qu'on ne voyait pas tous les jours, surtout d'un batteur nouvellement formé. Zacharias Smith et Harvey Fernaw étaient arrivés sur Ron, côte à côte. Smith avait lancé le souafle à Fernaw et, pensant que c'était lui qui allait tirer vu la distance qui les séparait du but, Ron s'était déporté sur la gauche, mais Fernaw avait fait une nouvelle passe à Smith, qui renvoya le souafle en direction des buts vides des Gryffondor. La tactique était très bonne et aurait sans aucun doute fonctionné si Sarah – par un coup de batte virtuose – n'avait envoyé un cognard droit sur le souafle pour le dévier de sa course. Entreprise qui avait abouti avec succès.

- QUEL COUP DE MAITRE ! rugit July Marden de joie. Fred et George Weasley n'auraient pas fait mieux !

- Tout à fait, July ! reconnut sportivement Stephen Gatry. Un coup de batte qui restera dans l'histoire de Poudlard.

Le match se poursuivait, toujours à l'avantage des Gryffondor, mais il ne pouvait pas continuer indéfiniment, songea Harry. Il aperçut le Vif d'or peu après, juste au-dessus de la tribune des professeurs, en même temps que Summerby – l'attrapeur de Poufsouffle.

Summerby se trouvait plus près mais, avec son Eclair de feu, Harry n'eut aucun mal à le rattraper. Au départ absorbés par le match, les professeurs prirent soudain conscience que les deux attrapeurs fondaient sur eux à une vitesse hallucinante. Arrivé à moins d'un mètre, Harry était au coude à coude avec Summerby et le Vif d'or descendit à la hauteur de l'oreille du professeur Rogue. Harry lâcha toute la puissance de son Eclair de feu en descendant d'à peine quelques centimètres afin d'attraper la petite balle.

Les professeurs poussèrent des cris horrifiés et se baissèrent par réflexe alors que Harry refermait ses doigts sur le Vif d'or, évitant de justesse de donner un coup à Rogue au passage. Lorsqu'il remonta en chandelle, Harry se rendit compte que Summerby avait mal calculé sa trajectoire et il s'écrasa contre la tribune. En se relevant, Rogue lança un regard rageur à Harry. Celui-ci se retint d'éclater de rire : ils avaient gagné le match et Rogue avait failli se faire écraser par Summerby. Quelle belle journée !

Heureusement, personne n'avait été blessé dans l'incident. Les professeurs Vector et Flitwick étaient un peu sonnés mais la plupart des autres professeurs s'en tiraient avec juste quelques bleus.

Ce soir-là, dans la salle commune, on parla essentiellement de cet incident, somme toute hilarant, et de la virtuosité magistrale de Sarah.

- Jamais vu ça ! s'exclama Ron avec enthousiasme. Dommage que Fred et George n'aient pas été là ! Lorsque je vais leur raconter...

- Oh, j'ai eu beaucoup de chances, quand même, répondit modestement Sarah.

- C'est possible, mais tu avais tout de même calculé ton coup, remarqua Katie, toute souriante. Tu fais de moi un capitaine de Quidditch extrêmement heureux, Sarah.

Elle lança un coup d'œil à Jack Sloper et grimaça.

- Il a pas été très efficace, mais bon, il a quand même évité à Dean un cognard dans la tête. On va le garder dans l'équipe jusqu'au prochain match, mais si rien n'a changé après, on fera de nouveaux essais.

- Une sorte de mise à l'épreuve, sourit Ginny. Bonne idée.

- Angelina m'a bien donné une chance, remarqua Ron avec scepticisme. Il y a droit aussi...

- Tu sais Harry, je ne voudrais pas t'inquiéter mais je crois que Rogue n'a pas du tout apprécié ce qui s'est passé à la fin du match, dit Seamus, qui venait de s'approcher d'eux avec Dean.

- Oh, je m'en doute bien, le rassura Harry. Et on peut être certains qu'il va tout rejeter sur moi. Bien que ce ne soit pas ma faute, j'avoue que, quelles qu'en soient les conséquences, je bénirai toujours le Vif d'or d'avoir eu la bonne idée de se fourrer près de lui.

Un grand rire accueillit cette remarque et les Gryffondor commencèrent à s'éparpiller allant se coucher pour certains, terminer un devoir à la hâte pour d'autres ou simplement discuter tranquillement.

Harry n'était pas du tout fatigué. Bien au contraire, le mach l'avait galvanisé pour plusieurs heures et même la douleur à sa cicatrice semblait s'être considérablement atténuée depuis... le matin ? Il se rendit soudain compte que, de toute la journée, il n'avait pas eu mal et commença, étrangement, à s'en inquiéter. Cela pouvait-il signifier...

- Qu'en penses-tu, Harry ?

- De quoi ? demanda-t-il en sortant de ses pensées.

- Regarde, j'ai lu cet article avant le match.

En fait d'article, il s'agissait plus d'un entrefilet annonçant la disparition inexpliquée d'Adrian Pericor, un Auror, alors qu'il se rendait à son travail.

- Disparition obscure, lut Harry. Ça, c'est signé Voldemort.

- C'est ce que j'ai pensé, dit Hermione, d'autant plus qu'Adrian Pericor était sur la liste des sorciers qui accepteraient de devenir membre de l'Ordre de Fudge.

- De quoi tu parles ? s'étonna Ron.

- Vous vous souvenez du premier article de Jean Lamare ? L'information sur l'idée de Fudge pour l'Ordre continuait à l'intérieur de la Gazette, mais sous la plume d'un journaliste habituel du journal. Ils avaient listé tous ceux qui voudraient faire partie de l'Ordre du Phénix si Fudge menait son projet à exécution.

- Ils sont encore plus stupides que ce que je pensais, à la Gazette ! s'exclama Harry, stupéfait. A quoi joue Fudge ? Je vais finir par croire qu'il est du côté de Voldemort.

Ron émit un grognement.

- C'est un crétin, voilà tout... Comme Percy...

Harry et Hermione le regardèrent d'un air intrigué. Aucun des deux ne savait comment avaient évoluées les choses avec le troisième fils des Weasley et ils n'avaient demandé aucune nouvelle – ce qui les fit se sentir mal lorsqu'ils s'en rendirent compte.

- Ça ne s'est pas... arrangé, lorsque le ministère a reconnu son erreur ? risqua Hermione.

- C'est comme ça que ma mère l'a définit : une amélioration, répondit-il avec un rire sans joie. Elle lui a envoyé un nouveau paquet avec un pull et des pâtés, pendant l'été, et il ne les lui a pas renvoyé, comme il l'avait fait à Noël dernier. Je suppose qu'il doit se sentir stupide et honteux. Bah ! Ça lui fera pas de mal que son orgueil en ait pris un coup.

- Au moins cela va-t-il le faire réfléchir, remarqua amèrement Harry.

- D'ici quelques mois, je suis sûre que tout ira pour le mieux, assura Hermione avec optimisme.

- Sans doute, répondit Ron, qui ne semblait absolument pas convaincu.

Il y eut un silence pendant lequel Harry regarda vaguement le journal. Ses yeux retombèrent sur l'article concernant Nora.

- Je vais écrire à Sirius pour lui demander ce qui se passe pour Nora.

- Harry ! Nous devons être prudents !

- Ecoute, je vais écrire une lettre et tu la liras. Si elle ne te plait pas, je te promets que je ne l'enverrai pas.

Il alla chercher un parchemin et une plume et réfléchit à la manière dont il pourrait faire passer le courrier pour une lettre banale. Il commença par parler des habitudes du collège puis lui décrivit le match qui venait de se jouer, il termina la lettre de la façon suivante :

Au fait, on a remarqué que la Gazette parlait d'une disparition inexpliquée, encore un coup de Voldemort ? C'est ce que nous pensons – moi, Ron et Hermione – puisque c'est une de ses spécialités. Il y avait aussi cet article sur cette Moldue qui connaîtrait toute l'histoire, ça devient de plus en plus étrange tout ça. Sincèrement, si les Moldus commencent à être au courant de l'existence du monde des sorciers, c'est que le ministère perd vraiment les pédales !

Après sa lecture, Hermione estima que, effectivement, personne ne pourrait se douter de l'importance qu'il accordait à Nora Stuborn – personne excepté Sirius, bien entendu.

Harry envoya sa lettre le lendemain matin, mais fut très surpris de voir Hedwige revenir dés le soir avec une réponse assez étrange.

Je suis heureux de voir que tout va bien pour vous. J'ai réussi à avoir le rendez-vous pour ce soir – les deux dernières fois, je ne suis parvenu à rien – alors on va voir si je peux obtenir que tu viennes chez moi.

Sirius

Après avoir lu le message, Hermione hocha la tête et ne sembla nullement surprise.

- C'est évident, dit-elle à mi-voix, il nous donne rendez-vous à la cheminée de la salle commune, comme l'an dernier. Il a juste trouvé un prétexte pour nous le faire savoir, et comme il a été réhabilité, personne ne s'étonnera qu'il cherche à t'avoir à sa charge au moins jusqu'à ton prochain anniversaire.

Evidemment, c'était logique, mais Harry ne put s'empêcher de ressentir une certaine déception à ce que le message ne soit qu'une couverture.

La salle commune se vida vite ce soir-là. D'habitude, c'étaient toujours les jumeaux Weasley et leur ami Lee Jordan qui restaient les derniers avec Harry et les deux autres, mais, depuis qu'ils n'étaient plus là, la pièce était souvent entièrement vidée à minuit.

Sirius arriva à minuit dix précises, faisant sursauter Hermione, qui commençait à s'assoupir.

- Salut Sirius, ça va bien ? demanda Harry en s'agenouillant devant le feu.

- On va dire ça, grogna Sirius. On a un sacré boulot en ce moment, mais enfin bon... Alors ? Vous avez remarqué l'idée géniale de Nora ?

- Il était difficile de le manquer sur la Gazette, remarqua Hermione.

- Ouais, Jean a été rapide.

- Jean Lamare ? Alors il fait vraiment partie de l'Ordre ? demanda rapidement Hermione.

Sirius hocha la tête.

- Jean est un journaliste français. Quand il a appris le retour de Voldemort, il a réglé ses dernières affaires et a rappliqué en quatrième vitesse.

- Il faisait partie de l'Ordre la première fois ? s'étonna Harry. Je ne me souviens pas avoir entendu Maugrey en parler.

- Oh non, il n'avait que dix-sept ans lorsque Voldemort a été vaincu la première fois, et puis il habitait en France. Ses parents, son oncle et sa tante ont été assassinés par les Mangemorts, alors que ses parents rendaient visite à sa tante maternelle, alors il a voulu participer, cette fois-ci. Il nous est d'ailleurs d'un grand secours.

- Comment se fait-il que la Gazette publie ses articles ? Il n'en a fait que deux mais ils sont ouvertement contre le ministère.

- Jean est un petit malin, assura Sirius en rigolant. Il a ses propres tours pour forcer la main au directeur de la Gazette, et puis Fudge n'a plus autant d'influence sur le journal depuis qu'il a reconnu sa sottise par rapport au retour de Voldemort.

- Pour en revenir à Nora, que s'est-il passé ? demanda Harry.

- Celle-la ! grogna Sirius avec colère. C'est une maligne, elle aussi, mais il doit lui manquer une sacrée case. Dumbledore est en train d'essayer d'arranger ça du mieux qu'il peut – en s'aidant de l'article de Jean, d'ailleurs – mais je ne sais pas où il en est. Quelle sotte, aussi ! Elle ne pouvait pas se tenir tranquille !

Il semblait véritablement furieux et Harry songea qu'il devait se sentir responsable d'elle après lui avoir tout révéler et du fait qu'il se souvenait d'elle comme de l'enfant de sept ans qu'il avait connue avec Lupin.

- De toute façon, elle n'a rien à dire au ministère, pas vrai ? remarqua Ron.

- C'est bien là le problème ! On n'en sait strictement rien ! On ne sait pas comment elle a trouvé le Chaudron Baveur, on ne sait pas comment elle a fait pour réussir à berner la clientèle de la taverne alors qu'elle n'est censé savoir qu'un minimum sur le monde des sorciers et nada pour ce qui est de son actualité, on ne sait pas ce qu'elle sait ! On n'a rien sur elle ! Absolument rien !

- Dumbledore ne l'a pas fait suivre ?

- Pour ça, il l'a fait, comme le lui recommandait Remus, mais ça n'a servi à rien. Evidemment, on ne pouvait pas accorder autant d'attention à Nora qu'à tout le reste mais on lui avait quand même mis sur le dos un excellent fileur, et pourtant, vous le croirez ou non, elle l'a semé !

- Vous plaisantez ? s'exclama Hermione avant de baisser immédiatement la voix. Comment un sorcier pourrait-il perdre la trace d'une Moldue ?

- Quand je vous dis qu'on n'en sait rien ! Pas de doute, c'est bien une Moldue, mais cette sale gamine est plus futée qu'un renard et a l'esprit aussi aiguisé et tranchant qu'une dent de dragon ! Remus la pensait débrouillarde, on se rend maintenant compte que c'est un euphémisme.

- Elle s'est pourtant fait prendre, au Chaudron baveur.

- Mauvais concours de circonstance, déclara sombrement Sirius, ça peut arriver à tout le monde de pas avoir de bol. D'après ce que j'ai compris, un type a voulu la draguer et, en le repoussant, le sac qu'elle avait serait tombé, et elle avait son... comment a-t-elle dit déjà ? Batera ?

- Beretta, le corrigea Harry. Et quelqu'un l'a vu.

- Celui qui a appelé les oubliators. Nora a vite ramassé ses affaires sans se rendre compte que quelqu'un avait eu le temps de le voir et elle a continué à parler avec les autres clients jusqu'à ce qu'elle voit débarquer la brigade. Mondingus est arrivé au Chaudron baveur juste avant leur arrivée – tout à fait par hasard – et il nous a raconté qu'elle s'était défendue comme une tigresse. Ils ont eu beaucoup de mal à l'attraper.

- Ce n'était pas Mondingus qui était chargé de la surveiller ? s'étonna Hermione.

- Pas cette fois-ci – j'ai parlé d'un excellent fileur... Ah oui, c'est vrai que vous lui avez parlé aux Trois balais. Un autre mystère : comment a-t-elle pu trouver un village sorcier et ne pas s'y faire remarquer ?

- Tout de même, elle aurait dû partir après l'incident du sac, remarqua pensivement Hermione. Elle est journaliste, elle doit être habituée à ce genre de chose... enfin à peu près.

- Nous pensons qu'elle allait obtenir les informations qu'elle cherchait, mais une fois encore...

- Vous ne savez pas, termina Harry avec un faible sourire.

- T'as tout compris. En tout cas, ne vous inquiétez pas, on s'occupe d'elle. Pensez surtout à vous pour le moment. Arthur m'a dit qu'il vous avait expliqué ce qui se passait cette année, alors soyez prudent. Adrian Pericor – l'Auror qui a été enlevé – est au courant de l'existence des plans, même s'il n'est, fort heureusement, pas dans le secret complet. De plus, vous avez dû vous rendre compte que Voldemort n'a tenté aucun coup d'éclat depuis l'épisode du ministère, et c'est plutôt inquiétant, alors restez constamment sur vos gardes, on ne sait jamais.

Harry hocha la tête et pensa soudain à quelque chose.

- Ça remonte à la rentrée mais est-ce que tu sais ce qui s'est passé avec Karkaroff ?

- Pas difficile à comprendre, grogna Sirius. Karkaroff a dénoncé trois de ses petits copains pour devenir libre, alors ça n'a pas beaucoup plu à Voldemort.

- Trois ? répéta Hermione, surprise. Je croyais qu'il n'y avait eu que Rookwood, ajouta-t-elle en regardant Harry.

- J'ai vu ses dénonciations dans la Pensine et il n'a donné que ce nom, remarqua-t-il.

- Parce qu'il a donné les deux autres plus tard, précisa Sirius. Mais tu as assisté au plus important. On ne sait pas grand-chose sur Rookwood, à dire vrai, mais nous avons des raisons de penser qu'il est l'un des principaux Mangemorts de Voldemort.

- Je croyais que c'était Rogue, que Vous-Savez-Qui considérait comme traître, remarqua Ron, surpris.

Sirius les observa un instant avant de secouer la tête.

- Très peu de personnes savent que Rogue jouait un rôle d'agent double lors de la première guerre. En vérité, seuls Dumbledore était au courant, puis le tribunal lorsqu'il a fallu le disculper. Même ceux de l'Ordre ne l'ont appris que l'an dernier, et maintenant... Mais c'est une autre affaire. Laissez ça de côté, ça ne vous concerne pas directement. Dîtes-moi plutôt comment se passent vos cours.

Ils restèrent encore parler quelques minutes puis Sirius dut repartir. En allant se coucher, Harry avait la désagréable impression de faire du sur-place et que les choses n'arriveraient jamais à se décanter.

(à suivre...)

[Florence Arbus : Le pseudonyme de Nora Stuborn n'est pas le fruit du hasard. Son prénom vient de Florence Henri et son nom de Diane Arbus, artistes photographes (respectivement franco allemande et américaine, soit dit en passant)]