Kwaaak : lol, oui, je pourrais aussi tout envoyer d'un coup mais bon, ça ferait trop en une fois et il faut que j'ai le temps pour transmettre les chapitres lol. Et puis Sadik, c mon deuxième prénom ;-) (comme tout bon auteur qui se respecte :-D)

Mietek : Mais si il est neuneu, lol, le truc, c'est qu'on aime ça, au final, tout ce qui est fleurs bleues ;-) Que cache Séléné ? That's THE good question.... Et c tout ce que je dirais :-P

Dji : Alors 17 chapitres pour cette partie et la seconde fait... 29 chapitres un bonus. Et la suite est sous tes yeux, lol.

NOTE : Je tiens à prévenir d'emblée les lecteurs ! Je ne suis absolument pas responsable des paroles de la chanson écrite dans ce chapitre !!! Bon, d'accord, c'est moi qui les aie écrites, mais ça rime pas, y'a pas de mesure, c'est juste des phrases. J'ACCUSE ! C'est une amie à moi qui a insisté pour que je fasse ce passage, alors là je dis : PAS mea culpa mais tea culpa ! Je suis innocente, je le jure... En plus, c'est même pas drôle ce que j'ai écrit, c'est trop sérieux et fleur bleue... ... lol

Chapitre 14 : Tara Milten

Lorsque Pâques arriva, les quatre amis étaient toujours aussi soudés mais moins insouciants que ces dernières semaines car le rituel de recherche était désormais totalement prêt et ils pouvaient aller à la recherche de Tara Milten.

Ils choisirent le dimanche matin pour utiliser le rituel, afin d'être sûrs de ne pas être surpris dans leurs activités. Il était huit heures du matin lorsque Hermione annonça que la potion était totalement finie. Elle versa la substance rouge dans quatre verres et les donna aux trois autres.

- Comment est-ce que ça marche, exactement ? s'inquiéta Ron.

Hermione poussa un soupir exaspéré.

- Je te l'ai déjà dit ! Si ça fonctionne, nous allons nous retrouver près de la personne que nous cherchons, mais nous serons totalement invisibles pour tout le monde. C'est un peu comme si nos esprits allaient faire le voyage seuls.

- Un peu comme pour aller dans un souvenir, je suppose, dit Harry.

- Ça ne doit pas être très différent, en effet. Hermione se tourna vers Séléné. L'efficacité de ce rituel est décuplée si on utilise le sang d'un membre de la famille de la personne recherchée, alors, s'il s'agit d'une de tes proches, il fonctionnera sûrement. Sinon, nous essuierons le même échec que la fois où d'autres ont voulu la retrouver.

- Et donc nous saurons immédiatement si cette piste était la bonne, termina Séléné.

Elle hocha la tête et inspira profondément.

- Je suis prête, on y va ?

- A votre santé, dit Harry en levant son verre.

La potion avait un goût entre le salé et le sucré, ni délicieux, ni répugnant. Hermione donna à Séléné la broche en forme de cygne et celle-ci se piqua le doigt de la pointe de l'épingle pour laisser couler quelques gouttes de son sang sur le bijou. Les gouttes écarlates suintèrent un instant à la surface argentée puis furent absorbées du fait des divers sortilèges qu'Hermione avait appliqués. Ils se placèrent de telle sorte que tous puissent toucher le cygne d'argent.

- Attention, à trois, annonça Hermione. Un, deux...

- Troprior ! s'exclama le quatuor.

La sensation fut la même qu'avec un Portoloin, sauf qu'il sembla à Harry que c'était sa tête qui était attirée. Tout tournoya autour d'eux quelques secondes puis ils se retrouvèrent au milieu d'une foule de gens, des Moldus d'après leurs vêtements, qui ne faisaient absolument pas attention à eux. Un homme traversa purement et simplement le corps de Ron.

- Où est-ce qu'on est ? demanda-t-il en regardant les autres.

Harry secoua la tête, il n'en savait rien du tout.

- Ces gens parlent anglais, remarqua Séléné, et nous nous trouvons sur un port.

En effet, Harry aperçut les mâts de plusieurs bateaux.

- Vous avez vu comme le soleil est haut ? J'ai l'impression que nous sommes en plein milieu de l'après-midi...

Hermione tourna sur elle-même et désigna une horloge installée sur un bâtiment.

- C'est ça, il est trois heure trente-sept.

- On a avancé dans le temps ? s'étonna Ron.

- Bien sûr que non, nous devons nous trouver loin de l'Angleterre, sur un autre fuseau horaire.

Elle réfléchit un instant.

- Ça doit faire à peu près neuf heures trente de décalage, et ces gens parlent anglais, nous serions en Australie que ça ne me surprendrait pas.

- Où est-elle ? demanda soudain Séléné en regardant dans tous les sens. Le sort a pourtant l'air d'avoir fonctionné...

Harry se sentit soudain ramener à la réalité. Le rituel avait marché et, logiquement, Tara Milten ne devait pas être très loin.

- Nous sommes entourés de Moldus, remarqua Ron alors qu'une autre personne le traversait sans s'en émouvoir. Pourquoi serait-elle avec des Moldus ?

- Qui sait, pourquoi n'a-t-elle aucun dossier scolaire, après tout ?

- A moins que...

Ils se retournèrent tous vers Hermione.

- A moins que quoi ?

- Séléné, je ne voudrais pas paraître pessimiste, mais Tara Milten a disparu il y a un bon moment et nous n'avons pas exclu la possibilité qu'elle soit morte. Peut-être... Peut-être que, pour une raison ou une autre, cette femme est morte ici.

- Depuis, son corps aurait été déplacé, remarqua Séléné en réfléchissant. Comment le sort nous aurait-il amené ici ?

- Peut-être s'est-elle noyée...

Les quatre amis regardèrent instinctivement vers le port mais, à ce moment, ils se retrouvèrent à un tout autre endroit. Le coin était plutôt désertique, on ne voyait que quelques maisons – plutôt luxueuses – non loin, et il n'y avait personne, sauf...

Une femme se trouvait à une dizaine de mètre d'eux. Elle semblait encore jeune – elle ne devait pas encore avoir passé quarante ans – et portait un jean bleu foncé et une veste beige légère, nouée sur son ventre, sous laquelle elle avait mis un débardeur blanc. Trois grands sacs étaient posés à ses pieds et elle regardait les quelques demeures sans bouger.

- Vous croyez que c'est elle ? demanda Hermione d'une petite voix.

Séléné se rapprocha lentement, cette femme ne les voyait pas plus que les autres. Elle l'observa un instant puis plissa des yeux.

- Je pense que c'est elle... et je crois que c'est ma mère.

- Quoi ?

Ils s'approchèrent à leur tour.

- Regardez ses yeux, murmura Séléné.

Elle avait raison, les yeux de la femme étaient identiques aux siens. Ils semblaient juste moins brillants, moins joyeux. Elle avait également le même teint mat que Séléné mais possédait de longs cheveux d'une couleur acajou étincelante.

- Que s'est-il passé sur ce port ? demanda Ron après un moment de silence.

La femme ne bougeait toujours pas, la vue des villas semblait la remplir de tristesse.

- Je crois comprendre, dit Hermione. Regardez ces sacs, elle devait être en train de faire des courses là où nous étions, mais avec tout ce monde... Je pense qu'elle a dû transplaner pour venir ici, et nous l'avons systématiquement suivie.

- Ce doit être... commença Harry.

La femme poussa un soupir et ils se tournèrent vers elle. Une larme coula le long de sa joue et ses mains se crispèrent.

- Quelle que soit l'énergie qui anime la magie, qu'elle me donne la force, murmura-t-elle en baissant la tête. Qu'elle me donne la force de résister à la tentation, je ne peux pas, ce serait trop dangereux pour eux...

Elle passa une main sur son visage, essuyant ses pleurs, puis ramassa les sacs posés à terre et s'avança d'un pas lent vers les maisons.

Les quatre amis restèrent un instant immobiles, surpris de ces mots, puis lui emboîtèrent le pas. Elle se dirigea vers la villa la plus isolée – et la plus luxueuse.

- Il n'est pas certain qu'il s'agisse de ta mère, dit Hermione à Séléné.

- Ce n'est peut-être pas certain, mais il y a de fortes chances, répondit-elle en haussant les épaules. Je vous l'ai dit, je ne recherche pas une famille, je veux comprendre... Et j'ai l'impression que nous arrivons au bon moment pour ça.

Elle pénétra dans la demeure d'allure victorienne et referma la porte derrière elle, mais ils passèrent purement et simplement au travers. L'intérieur était tel qu'on pouvait l'imaginer de l'extérieur, la décoration faisait penser aux demeures anglaises de la fin du XIXème siècle. A la seule différence que les personnages des tableaux décorant les murs se livraient à diverses activités le plus naturellement du monde.

La femme se rendit dans le salon et déposa ses sacs avant de retirer sa veste. Un homme entra d'un pas vif dans la pièce, il semblait furieux.

- Mais où étais-tu passée ? s'écria-t-il.

- A Darwin, j'ai fait quelques courses, répondit calmement la femme.

- Darwin ? Tu as été à Darwin ! Et avec les Moldus je suppose ? Il est dangereux de sortir en ce moment !

- Dis plutôt que tu craignais que je m'en aille, répondit-elle froidement.

L'homme resta un instant bloqué par cette réplique puis son visage se durcit.

- Je sais que tu y penses encore, dit-il. Surtout depuis que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est revenu. Notre pacte n'a pas changé.

Une expression de douceur se figea alors sur ses traits. Si peu naturelle que les quatre amis relevèrent vite l'air narquois qui s'en dégageait.

- Je ne voudrai pas te perdre, Tara chérie.

Tara Milten se raidit et le regarda droit dans les yeux.

- Et moi, si je reste, c'est parce que je ne veux pas le perdre définitivement.

L'homme éclata d'un rire mauvais.

- Mais tu l'as déjà perdu, mon amour ! Tu es à moi, maintenant, et pour toujours.

- Personne n'est éternel, Gerald Hargow.

- Il est certain que je partirai avant toi mais tu seras déjà vieille, ma Tara. Crois-tu qu'il t'aura attendue tout ce temps ? Peut-être même sera-t-il mort, lui aussi. D'ailleurs, je suppose que les types de son espèce vivent moins longtemps que nous autres. Peut-être n'est-il déjà plus de ce monde.

- Tu es un monstre... dit Tara d'un air dégoûté. Tu es encore plus néfaste et pourri que Voldemort lui-même.

Gerald Hargow se crispa.

- Je ne me ferais jamais à t'entendre prononcer son nom, grogna-t-il. Mais je te remercie du compliment.

- Je suppose que son retour n'éveille en toi aucune révolte ?

- Et pourquoi serait-ce le cas ? Ce sorcier ne m'est pas antipathique. Qu'il nous débarrasse donc des Sang de bourbe et des autres si ça l'amuse. Qu'il parvienne à ses fins ou qu'il soit contré m'est parfaitement égal, du moment qu'il ne touche pas à toi.

Il plissa alors les yeux et regarda Tara d'un air sévère.

- S'il apprend un jour qui tu es, d'une quelconque manière, il voudra te retrouver et se servir de toi.

Il s'approcha d'elle et un sourire apparut sur ses lèvres.

- Je n'ai pas envie de te perdre, pas après tout ce que j'ai fait pour t'avoir auprès de moi.

Il l'attrapa par la taille et voulut la serrer contre lui mais Tara le repoussa.

- Tu es ignoble !

- Sans aucun doute, mais nous avons conclu un pacte que tu te dois de tenir si tu ne veux pas être l'objet de la destruction de ceux que tu aimes. Si tu n'es pas à moi, tu ne seras à personne, ne me dis pas que tu l'as oublié...

Il la prit de nouveau dans ses bras et elle ne résista pas cette fois, mais elle semblait sur le point de vomir.

- Tu es ma femme, Tara Milten. Nous nous sommes mariés et nous formons un couple respectable, murmura Gerald Hargow en passant sa main dans ses cheveux. Tu es à moi, rien qu'à moi...

Il l'embrassa sur la bouche puis dans le cou en passant ses mains dans son dos alors qu'une larme mêlant la colère, le dégoût et la détresse roulait sur la joue de Tara.

Séléné avança d'un pas, comme si elle avait voulu se jeter sur Gerald Hargow mais, à ce moment, le décor s'effaça autour d'eux et ils se retrouvèrent dans les toilettes des filles.

Un silence lourd de malaise s'installa sur les quatre amis. Séléné était restée immobile en plein milieu de son mouvement et laissa retomber la main qu'elle avait avancée au bout de quelques secondes. Elle resta les yeux dans le vide un moment puis se tourna vers les autres.

- C'est quoi, cette histoire ? demanda-t-elle d'une voix sourde.

Harry secoua la tête.

- Sais pas... Je n'ai pas très bien compris.

- Au moins une chose, remarqua timidement Hermione, Tara Milten n'a pas épousé cet homme de son plein gré...

- Ouais, il semblerait bien, grogna Séléné.

Elle avait froncé les sourcils et la colère qui montait en elle était quasiment palpable.

- Je suis certaine qu'il s'agit de ma mère, dit-elle en serrant la broche dans sa main. Je le sais. Mais je sais aussi que cet homme n'est pas mon père. D'après ce qui ressortait de ce qu'on a vu, il aurait eu toutes les raisons de vouloir un enfant de Tara, alors il n'aurait eu aucun intérêt à m'abandonner.

- Il y a de fortes chances pour que tu sois née avant que Tara Milten ne se retrouve en Australie avec lui, acquiesça Hermione, la mine pensive. J'avoue que leur discussion m'intrigue, pourquoi Voldemort voudrait-il de cette femme avec lui ?

- C'est forcément en rapport avec l'arme qu'ils voulaient mettre au point au C.R.M., s'exclama Ron. Si Tara Milten était la seule à pouvoir continuer le projet, il devait y avoir une bonne raison.

Harry hocha la tête puis se tourna vers Séléné.

- Et maintenant ?

Elle réfléchit un instant et les regarda d'un air décidé.

- Maintenant, on va un peu oublier les rêves, décréta-t-elle fermement. Je recherchais ma mère et nous sommes tombés sur une affaire qui dépasse ce que nous imaginions, alors il n'est plus temps d'hésiter. De toute évidence, Voldemort ignore une chose capitale au sujet de Tara Milten, et si ça a tant d'importance pour Voldemort, alors ça en a pour nous, dans notre combat. Le temps est venu de mettre de côté les conseils que la femme m'avait donnés dans le rêve et de demander de l'aide aux autres.

- On va voir Dumbledore ? demanda Hermione.

Séléné secoua la tête.

- Non, on va faire ça un peu plus subtilement. On va commencer par demander à ceux qui étaient en même année d'étude que Tara s'ils la connaissaient.

- Et donc envoyer le courrier à Sirius et Lupin.

- Exactement, et pendant ce temps-là, je pense qu'il est temps pour moi de me remettre au chant... Et puis, pour être franche, ajouta-t-elle en souriant, ça commençait à me manquer.

Harry, Ron et Hermione approuvèrent l'idée de Séléné et ils remontèrent rapidement à la tour Gryffondor pour écrire la lettre. Il fallut un bon moment pour qu'ils la finissent – entre autre parce qu'Hermione leur rappelait sans cesse qu'il fallait éviter de donner trop d'information dans un courrier qui pouvait être intercepté par Voldemort. Enfin, au bout de trois-quarts d'heure, Harry reposa sa plume et relut à voix basse.

Salut Sirius,

Ça fait un petit moment que je ne t'ai plus écrit, alors je me suis dit qu'il était temps que je le fasse. J'espère que tout va bien pour toi, ainsi que pour Lupin.

Ici, c'est le train-train habituel, entre les cours et le Quidditch, d'ailleurs il faudrait que tu voies notre nouveau batteur, c'est une fille géniale et qui sait vraiment jouer au Quidditch !

Elle s'appelle Séléné Hilton et – comment dire cela ? – enfin, nous nous entendons extrêmement bien...Elle vient de Beauxbâtons mais son histoire est assez hallucinante : une erreur administrative qui l'a envoyée à l'orphelinat alors qu'elle avait encore de la famille ! Heureusement que tout est arrangé, aujourd'hui, elle a même appris que sa mère – aujourd'hui décédée – faisait ses études en même temps que toi, Lupin et mes parents, c'est amusant non ?

En fait, vous l'avez peut-être connue, elle s'appelait Tara Milten. Séléné essaie d'en apprendre un peu plus sur ses parents, alors si vous la connaissiez, vous aurez peut-être des choses à lui apprendre à son sujet. (La tante de Séléné n'était pas à Poudlard en même temps que Tara, alors elle n'a pas grand-chose à lui dire...)

Bref, tout ça pour te présenter ma petite amie – Ouha ! Je l'ai dit...– et vous passer le bonjour, à toi et à Lupin. Hermione et Ron se joignent également à moi

Harry

- Parfait, commenta Hermione d'un ton satisfait. Dans la mesure où on ne peut que nommer Tara Milten, autant dire clairement qu'on la pense morte, au cas où la lettre serait interceptée.

Séléné passa ses bras autour du cou de Harry en se plaçant derrière lui.

- Et très subtile manière d'annoncer à ton parrain et à son ami que nous sortons ensemble, remarqua-t-elle en souriant. J'ai hâte de les rencontrer, vous m'avez tellement parlé d'eux.

- Je suis persuadé que vous allez mutuellement vous adorer, répondit Harry en serrant la main de Séléné dans la sienne. Je vais l'emmener à Hedwige maintenant, il est encore temps.

- Et l'opération "reconnaissance vocale" débutera demain, ajouta Ron avec un grand sourire.

En se levant, le lendemain matin, Harry avait un étrange pressentiment. Ils avaient tout prévu, avec Ron, Hermione et Séléné, pour ce qu'ils se préparaient à faire et deux issues étaient possibles : soit il ne se passait rien et, auquel cas, ils s'étaient fait du cinéma, soit Dumbledore ou un autre professeur allait réagir et alors... Le pressentiment de Harry lui disait que c'était la seconde possibilité qui allait se produire, et il se sentait un peu nerveux à l'idée de ce qu'ils allaient découvrir.

En rejoignant Hermione et Séléné dans la salle commune, Harry devina que Séléné était aussi nerveuse que lui ; et même plus dans la mesure où ça la concernait directement.

- Prête pour le grand show ? demanda Ron en lui lançant un regard en coin.

- J'ai l'impression d'être une star qui revient après des années d'absence, répondit Séléné en souriant nerveusement. J'ai le trac, mais surtout par rapport à ce que ça va engendrer...

- Si tu ne te sens pas de... commença Hermione.

- Si ! assura vigoureusement Séléné. On a tourné autour du pot trop longtemps. C'est l'heure de l'entrée en scène, maintenant.

- Alors après vous, ma chère diva, dit Harry en esquissant une révérence à la sortie de la salle commune.

Ce matin-là ressemblait à tous les autres. Les élèves déjeunaient tranquillement, tout comme les professeurs, au bout de la salle. Une matinée banale et calme. Harry, Ron, Hermione et Séléné s'assirent en bout de table – à côté de Dean Thomas et Seamus Finnigan – et entamèrent leur petit numéro avec une certaine appréhension.

- Allez Séléné, dit Hermione d'une voix suppliante. Tu nous avais dit que tu le ferais.

- C'est vrai, tu as donné ta parole, confirma Ron.

- Pas ici, voyons !

- De quoi vous parlez ? demanda Dean.

- Séléné nous a promis de nous faire entendre sa voix, expliqua Harry en souriant. Il paraît qu'elle chante très bien.

- C'est vrai ça ? demanda Dean en regardant Séléné. Oh si, allez, fais-nous entendre comment tu chantes.

Ça marchait. Seamus et Ginny se joignirent à Dean pour convaincre Séléné et – jouant parfaitement son rôle – elle finit par accepter.

- Bon, d'accord, mais ne vous moquez pas, hein ?

Elle s'éclaircit la gorge, ouvrit la bouche, puis la referma avant de regarder les autres d'un air interrogateur.

- Et vous voulez que je vous chante quoi ?

- T'as qu'à inventer une chanson où tu me déclares ta flamme, rigola Harry.

- Tiens, c'est une bonne idée, ça.

Harry la regarda avec des yeux ronds – ça ne faisait pas partie de l'idée ça !

- Hé ! Attends, c'était pour ri...

Mais Hermione lui fit signe de se taire alors que Séléné prenait une inspiration. Elle émit une note douce et agréable qui fit tourner la tête des élèves les plus proches avant de reprendre un ton au-dessus et de marquer une pause.

Elle chanta alors un accord magnifique qui emplit la Grande Salle, faisant taire les rumeurs des conversations alors que tout le monde tournait vers Séléné des yeux écarquillés. Harry en avait oublié la raison pour laquelle elle faisait ça et il se retrouva paralyser par la beauté et la puissance de sa voix.

« Le temps avançait sans jamais s'arrêter, inexorablement emportée par sa course, tel un fétu de paille je me laissais entraîner... A quoi ça pouvait bien servir d'essayer de le défier ? Il suffisait de le prendre comme il venait et d'en profiter... Et un jour sur ma route, tu es apparu. Brusquement le cours du temps s'est arrêté et n'a plus laissé que nos deux cœurs s'enlacer... J'ai jamais eu peur du temps qui passait, j'm'en suis jamais vraiment inquiétée... Maintenant que tu es avec moi, je veux le sentir couler en moi, graver dans mon esprit les moindres secondes passées à tes côtés... »

Elle émit une nouvelle note douce puis claqua dans ses mains et partit sur un rythme plus rapide et plus dynamique. Le sourire aux lèvres, Hermione se mit à battre la mesure et certains élèves la suivirent.

« Juste pour toi, juste pour moi, juste pour ceux qui y croient... Juste pour toi, juste pour moi, à quoi ça sert d'se prendre la tête ? Je serais là, près toi, juste pour ce que tu es... Je me fous de tous ces fous qui trouvent des choses à redire... Je sais juste que c'est toi qui seras à mes côtés pour une bonne partie de l'éternité... Certains se moquent, certains n'y croient pas, ils peuvent dire ce qu'ils veulent, nous savons c'qu'il en est... J'ai jamais ressenti un truc pareil, mon corps me brûle, mon cœur bat la chamade, j'arrive plus vraiment à penser et je me fous de tout cela parce que c'est toi qui me l'insuffles... Je suis pas toi, tu n'es pas moi, mais ensemble nous marcherons dans la même direction... »

Elle termina sur des vocalises puissantes et magnifiques qui achevèrent de pétrifier l'ensemble de l'assemblée. Séléné souffla de contentement.

- Wow ! Ça faisait longtemps que j'avais plus fait ça. Qu'est-ce que vous en dîtes ?

Ils la regardaient tous avec des yeux écarquillés et pas le moindre son ne venait troubler le silence de la Grande Salle. Hermione applaudit brusquement avec force.

- Félicitations !

Un tonnerre d'applaudissements résonna alors dans la salle. Tout le monde s'y était mis et poussait des exclamations d'émerveillement – mais certains semblaient encore sous le choc de la voix de Séléné.

- Où t'as appris à chanter comme ça ?

- J'ai jamais entendu un truc pareil !

- On aurait dit une cantatrice !

- Tu devrais te convertir dans la chanson !

De nombreux élèves, toutes maisons confondues, s'étaient levés de table pour venir la féliciter et s'extasier. Elle paraissait un peu gênée et les remerciait timidement. Elle jeta à un moment donné un coup d'œil en direction d'Hermione, qui comprit et regarda la table des professeurs.

Certains commentaient avec étonnement et ravissement la performance de Séléné, mais pas tous... McGonagall tourna vers Dumbledore un visage mêlant l'incrédulité et la stupéfaction alors que le directeur lui-même regardait Séléné, les yeux plissés, une expression indéfinissable sur son visage. Mais ce n'était rien en comparaison de la réaction des professeurs Rogue et Distort ! Le premier semblait stupéfixé et le peu de couleur qu'il avait d'habitude avait totalement disparu alors qu'il fixait Séléné, les yeux exorbités. Fiona Distort tremblait de tous les membres de son corps, la respiration difficile, les larmes aux yeux, au bord de l'évanouissement. Hermione constata que Hagrid et le professeur Flitwick semblaient également avoir reçu un choc.

Elle croisa le regard de Harry, qui avait également remarqué la réaction des professeurs, et ils hochèrent la tête en même temps : leur hypothèse se confirmait.

Ils durent cependant attendre la fin de la journée et des cours pour que McGonagall les retiennent à leur dernier cours de la journée – qui était la Métamorphose. Lorsque tous les élèves furent sortis, elle posa sur Séléné un regard hésitant puis leur demanda de les suivre. Hermione remarqua que ses mains tremblaient légèrement.

Elle les mena jusqu'au bureau de Dumbledore où ils retrouvèrent, en plus du directeur, Sirius et Lupin. Tous deux étaient visiblement nerveux et Harry cacha sa surprise de les trouver là.

Quand ils entrèrent, trois paires d'yeux se braquèrent sur eux puis sur Séléné. Il fallut un petit moment avant que Dumbledore ne fasse les présentations.

- Séléné, je te présente Remus Lupin et Sirius Black. Je suppose que tu as déjà entendu parler d'eux.

- Oui, Harry, Hermione et Ron m'ont mis au courant. Je suis contente de faire enfin votre connaissance, ajouta-t-elle en leur souriant.

- C'est réciproque, murmura Lupin.

Il observa son visage, plissa des yeux puis parut stupéfait.

- C'était tellement évident, balbutia-t-il.

- C'est pourtant vrai... remarqua Sirius. Si nous avions été là, à Noël...

- De quoi parlez-vous ? s'étonna Harry.

Mais Hermione avait compris.

- Vous l'avez connue ! Vous avez connue Tara Milten, c'est bien ça ?

Sirius la regarda un instant et hocha lentement la tête tandis que Lupin se laissait tomber sur une chaise, sans cesser de fixer Séléné. Elle se rendit compte de l'état dans lequel le souvenir de sa mère les plongeait et fronça légèrement les sourcils.

- Excusez-nous, dit-elle. Nous nous doutions un peu que vous la connaissiez mais nous ne savions pas comment aborder le sujet.

- Comment as-tu su, pour le chant ? demanda Dumbledore.

- Je ne savais pas ce qu'il se passerait, mais c'est en rapport avec un avertissement que m'avait donné la voix du premier rêve que nous avions fait, moi et Harry.

- Alors tu ne sais pas pourquoi, lorsque tu as chanté, nous avons eu cette réaction...

- Tara avait la même voix que vous, expliqua tristement McGonagall. Un don extraordinaire dont vous avez visiblement hérité en totalité. D'habitude, ce genre de choses n'est pas forcément héréditaire mais... vous chantez exactement de la même façon.

Hermione hocha la tête et se tourna vers Lupin et Sirius.

- Et nous nous sommes rendus compte que Séléné et Tara avaient les mêmes yeux. Vous les avez reconnu, n'est-ce pas ? Vous deviez vraiment bien la connaître...

- Nous étions en même année, et à Gryffondor avec elle, expliqua Sirius. Et c'était une excellente amie à ta mère, Harry, une de ses meilleures amies...

Le jeune homme ouvrit de grands yeux.

- Vraiment ? Alors vous avez dû beaucoup la fréquenter, en septième année, lorsque mes parents se sont mis ensemble.

- Nous n'avons pas eu à attendre jusque là, remarqua Sirius en lançant un étrange regard à Lupin.

- Tara et moi sommes sortis ensemble à partir de la sixième année, expliqua Lupin d'une voix sourde.

Les regards des jeunes gens se tournèrent vers lui avec ahurissement.

- Vous étiez... commença Hermione sans pouvoir finir sa phrase.

- Oui, soupira Lupin d'une voix morne. Et pourtant elle savait qui j'étais.

- Je croyais que seuls Sirius, mon père et Pettigrow étaient au courant, s'étonna Harry.

- Tara a toujours été... une exception. Elle a découvert que j'étais un loup-garou dés la première année, mais elle ne me l'a avoué que le jour où nous avons commencé à sortir ensemble.

Séléné ouvrit de grands yeux et regarda Lupin.

- V...Vous êtes un loup-garou ? balbutia-t-elle.

- Tu l'ignorais ?

- J'étais certain qu'on te l'avait dit, remarqua Harry.

- Non... non, vous ne me l'avez pas dit...

Une étrange expression s'était figée sur le visage de la jeune fille, on aurait dit qu'elle venait de se prendre une violente gifle.

- Au fait, et vous-mêmes, comment avez-vous découvert que Tara était ta mère ? demanda Sirius en fronçant les sourcils.

- Nous avons fait des recherches à partir d'un nom que Séléné possédait, expliqua Hermione. Lawill, qui était le nom de la mère de Tara, comme nous l'avons appris. On a interrogé certaines personnes et on a récupéré un objet qui avait appartenu à cette femme, une broche. Ensuite, nous avons utilisé le sortilège de recherche.

- QUOI ? Lupin avait brusquement tourné sa tête vers elle alors qu'il regardait par la fenêtre d'un air absent. Il a fonctionné ?

- Euh... oui. C'est comme ça qu'on a compris que Tara devait être la mère de Séléné. On s'est servi de son sang pour le rituel.

- Les liens du sang amplifient le rituel, murmura Dumbledore.

- Et...vous avez vu Tara ? demanda Lupin, le souffle court.

Hermione raconta ce qu'ils avaient vu et entendu, parfois entrecoupée par des remarques de Ron ou de Harry. Séléné ne disait pas un mot, personne ne s'était vraiment rendu compte de l'expression étrange sur son visage depuis qu'elle savait que Lupin était un loup-garou. Un long silence suivit le discours d'Hermione.

- Connaissez-vous le nom de l'homme avec lequel était Tara ? demanda alors Dumbledore.

Harry jeta un coup d'œil aux autres, lui-même ne s'en souvenait absolument pas, mais Hermione plissa les yeux dans un effort de concentration.

- Elle a prononcé son nom en entier mais... C'était quelque chose comme Gérard Hago ou Hardow... Je ne me souv...

- Gerald Hargow ! s'exclama Lupin si brusquement qu'Hermione sursauta.

- Oui, c'est ça, répondit-elle en le regardant d'un air intrigué.

- Hargow, Hargow... répéta Sirius en plissant des yeux. Attends, c'était pas ce type qui était à Serdaigle, en même année que nous, quand nous étions à Poudlard ?

Lupin hocha la tête, la mine abasourdie.

- C'est lui. Il n'arrêtait pas de tourner autour de Tara, en septième année, mais elle ne pouvait pas le supporter.

- Je m'en rappelle parfaitement, remarqua Sirius en hochant la tête. C'était le seul élève de l'école que Tara n'aimait pas. Quand on sait comme elle était, on n'oublie pas ce genre de choses. Que ferait-elle avec lui ?

- Comme on vous l'a dit, elle ne semblait pas exactement ravie de se trouver là, rappela Harry.

- Mais Tara est vivante, remarqua Lupin dans un murmure. Elle est vivante et elle se trouve en Australie...

Lui et Sirius échangèrent un regard qui laissait penser qu'ils avaient eu la même idée, mais avant qu'ils aient pu l'exprimer, Dumbledore regarda Séléné d'un air intrigué.

- Alors Gerald Hargow serait ton père... Je ne comprends pas pourquoi il n'aurait pas voulu de toi. Ça n'est pas vraiment logique.

- En fait... commença Hermione.

- Nous nous sommes posés la même question, la coupa brusquement Séléné. Mais sans trouver de réponses.

Harry, Ron et Hermione échangèrent des regards surpris mais n'osèrent pas contredire Séléné. Pourquoi ne leur disait-elle pas qu'ils ne pensaient pas que Hargow soit son père ?

- Ça a sûrement un rapport avec la disparition subite de Tara, remarqua McGonagall.

- Sans aucun doute, Minerva, et maintenant que nous savons où elle se trouve...

Il marqua une pause et se tourna vers Lupin et Sirius.

- Nous ne devons pas nous précipiter. Cette affaire est bien trop importante pour que nous ne prenions pas certaines précautions.

- Nous le savons, professeur, grogna Sirius.

- Au fait, qu'est-ce que Tara Milten a de si particulier ? interrogea Hermione.

- Pour le moment, je ne peux rien vous révéler, répondit Dumbledore. Ceci est confidentiel depuis très longtemps.

Harry allait répliquer mais Séléné le devança.

- Vous devez savoir ce que vous faîtes, remarqua-t-elle en se forçant à sourire. Excusez-moi mais il faut que je règle certaines choses.

Et avant que qui que ce soit ait pu rien dire, elle sortit du bureau. Le moment de stupéfaction passé, Harry se tourna vers Hermione.

- Qu'est-ce qui lui prend ?

- J'ai l'impression qu'elle n'a pas beaucoup apprécié le fait que je sois un loup-garou, remarqua Lupin d'une voix qu'il tenta de rendre désinvolte.

- Séléné n'est pas comme ça ! s'exclama Harry.

- Je vais la rejoindre, dit Hermione en sortant du bureau, visiblement inquiète.

Une fois la porte refermée, Harry se tourna vers Dumbledore, la mine intriguée.

- Pour faire les recherches sur le nom de Lawill nous avons... enfin, nous nous sommes introduit dans la salle des archives qui se trouve derrière la Réserve.

Il s'interrompit, se demandant si Dumbledore allait les en réprimander.

- Je m'en doute bien. Comment auriez-vous fait sinon ?

- Nous avions trouvé le nom de la mère de Tara Milten mais nous n'avons pas trouvé le dossier de sa fille parmi les autres.

- C'est moi qui conserve ce dossier dans mon bureau – avec certains autres – mais je ne peux vous en donner la raison.

Harry hocha la tête pour signifier qu'il s'en doutait.

- Je vais devoir repartir, annonça Sirius. Je dois m'occuper de certaines choses pour l'Ordre, mais Remus va rester.

Celui-ci hocha la tête en souriant faiblement.

- Ça ne va pas plaire à tout le monde, c'est certain.

- Pourquoi restez-vous ? demanda Ron, intrigué.

- Une affaire confidentielle, comme toujours, soupira le sorcier.

Harry et Ron attendirent près d'une heure dans la salle commune que Séléné et Hermione reviennent. Séléné n'était visiblement pas dans son assiette et Hermione ne semblait pas très à l'aise non plus.

- Où étiez-vous passées ? demanda Harry en se levant du fauteuil dans lequel il était assis.

- Nous avons fait un tour dans le parc, répondit Hermione d'une manière évasive.

Séléné se laissa tomber dans le fauteuil laissé par Harry en poussant un soupir et regarda le feu d'un œil vide. Harry et Ron échangèrent un regard interloqué.

- Séléné, tu es sûre que ça va ? s'inquiéta Harry en s'accroupissant à côté de son fauteuil et en lui prenant la main.

Elle lui adressa un sourire rassurant et serra sa main dans la sienne.

- Je suis juste un peu fatiguée, avec ce qu'on vient d'apprendre... C'est assez ironique de penser que les personnes les plus proches de vous avaient la plupart des réponses à nos questions. Jamais plus je n'écouterai ce que me dit une voix sans savoir à qui elle appartient.

- Sage décision, remarqua Harry en roulant des yeux. Alors c'est sûr qu'il n'y a rien ?

Elle se pencha pour lui déposer un baiser sur les lèvres.

- Ne t'en fais pas pour moi, mon amour, il n'y a aucun souci.

C'était la première fois que Séléné l'appelait ainsi et elle appuya ses mots d'un tel regard que Harry ne songea pas qu'il put y avoir réellement matière à s'inquiéter.

(à suivre...)