Ca vous dit un cours avec Fiona Distort ? Ben alors lisez ce qui suit

Chapitre 8 : Un vent de discorde

Harry tournait une cuillère dans son thé d'un air morose lorsque Fabian Graster se précipita sur lui.

- Salut Harry ! Ça va bien ? Tu as passé de bonnes vacances ?

- Ça a été... Et toi ?

- Quoi ? Oh ! Oui, oui, très bien...

Le garçon fixait Harry avec des yeux immenses, attendant visiblement quelque chose, et le jeune homme eut un sourire en comprenant ce qu'il attendait de lui.

- Ne t'inquiète pas, Fabian, je ne t'oublie pas. Dés que je peux, je rappelle à McGonagall qu'elle m'a permis de donner des cours aux premières et secondes années.

- J'avoue que j'avais un peu peur que tu oublies, remarqua Fabian en grimaçant. Mais puisque c'est comme ça, ça va. A plus tard !

- Tu n'auras pas à attendre longtemps, dit Ron tandis que Fabian rejoignait un groupe d'amis. On commence par défense contre les forces du Mal et métamorphose. Tu pourras demander à McGonagall après le cours.

Tandis qu'il lui passait son emploi du temps, Hermione regarda Harry d'un air intrigué.

- Alors tu veux quand même poursuivre cette idée ? Malgré tout ce qui se passe ?

- Oh oui ! Maintenant plus que jamais ! grogna-t-il en lançant un regard noir à Séléné qui rigolait avec Parvati et Lavande.

Ron se servit en tranches de bacon, œufs brouillés et toast avant de regarder d'un peu plus près son emploi du temps.

- Quand je pense qu'on va devoir passer nos ASPIC avec tous les problèmes que nous avons, grommela-t-il en contemplant le parchemin comme s'il s'agissait d'un objet particulièrement abject.

- En tous cas, ça ne te coupe pas l'appétit, répliqua Hermione d'un ton sec en dépliant la Gazette qu'elle venait de recevoir. Je te rappelle que c'est notre dernière année à Poudlard. Ces examens sont très importants pour déterminer où tu te trouveras l'an prochain.

- Sûrement dans un cimetière, répondit sinistrement Harry en jetant d'un geste brusque sa cuillère au fond de la tasse.

- Ce n'est pas drôle, dit Hermione en le regardant, le teint pâle.

- C'était pas censé l'être, remarqua Harry d'une voix assez basse pour qu'elle n'entende pas alors qu'elle replongeait dans la lecture des articles.

- Du nouveau ? demanda Ron.

- Trois morts ont été retrouvés, dont un Moldu, deux sorciers sont portés disparus, énuméra Hermione d'un ton dépité. A croire que... Oh ! Ça alors ! Il y a un article qui parle de William Stuborn...

- William Stuborn, répéta Harry, c'est pas le père de Nora ?

- Si, il me semble. Ils racontent qu'il a échappé de justesse à une attaque des Mangemorts grâce à l'intervention de deux sorciers qui se trouvaient dans les parages.

- Je vous parie tout ce que vous voulez que c'étaient des membres de l'Ordre qui étaient venus lui parler de sa fille, dit Ron. Mais tout de même, les Mangemorts auront mis du temps à le trouver, depuis l'an dernier...

Harry se rendit compte que Séléné les observait depuis un moment.

- A toi, ça doit te faire plaisir, non ? s'exclama-t-il avec rage. Trois morts, c'est un bon quota pour ton maître ou c'est pas encore assez dans une journée ?

Séléné le regarda d'un air surpris et les conversations alentours se turent.

- Excuse-moi ?

- Voldemort doit être content d'avoir une espionne à Poudlard, continua Harry en se dégageant d'Hermione, qui l'avait attrapé par le bras pour le faire taire. Il est aux premières loges de cette manière.

- Arrête ça Harry ! s'écria Séléné. J'en ai assez que tu le prennes de cette manière ! Rien ne justifie...

Elle eut un hoquet et son corps trembla sans qu'elle puisse continuer à parler. Lavande se pencha vers elle et la prit dans ses bras pour la consoler alors qu'elle sanglotait.

Un instant, Harry avait cru que les nerfs de Séléné avaient lâché, mais c'aurait été trop beau. Parvati tourna vers lui un visage rouge de colère.

- Tu ne peux pas la laisser tranquille ? Ça t'amuse de faire souffrir les gens ? Tu ne crois pas que Séléné a déjà assez eu de problèmes dans la vie ?

Il voulut répliquer mais Hermione le pinça si fort qu'il étouffa un cri et la regarda d'un air furieux.

- Arrête, souffla-t-elle rapidement d'une voix mêlant l'exaspération et la crainte. N'oublie pas ce que je t'ai dit.

Entre temps, Parvati et Lavande étaient parties en soutenant et réconfortant Séléné – certainement en racontant le plus de mal sur lui, songea Harry avec aigreur. Un coup d'œil à la table des professeurs lui indiqua que la scène n'était pas passée inaperçue de ce côté : McGonagall regardait sortir les trois filles en fronçant tellement les sourcils que ses lunettes menaçaient de tomber et Harry était persuadé que Dumbledore avait aussi eu l'occasion d'observer ce qui venait de se passer – bien qu'il semblât en pleine conversation avec les professeurs Fierdevis et Flitwick.

En sortant de la Grande Salle pour se rendre dans la salle du professeur Distort, ils virent deux sylphes et une sylphide sous forme humaine plongés dans une discussion animée dans leur langue. Les élèves évitaient de s'approcher d'eux, encore craintifs vis-à-vis de ces créatures qu'ils ne connaissaient pas très bien, mais ralentissaient l'allure pour mieux les observer. Ceux-ci ne prêtaient cependant aucune attention aux collégiens, trop absorbés par leur conversation ou simplement indifférents.

Alors qu'ils prenaient le couloir de droite, Harry risqua un coup d'œil derrière lui et vit Firenze, le centaure, s'approcher du petit groupe. Les trois sylphes s'inclinèrent en même temps que lui, ils échangèrent quelques mots puis la sylphide suivit Firenze dans un couloir tandis que les sylphes reprenaient leur débat.

- Harry ! Qu'est-ce que tu fais ? On va arriver en retard chez Fiona !

Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était arrêté et rattrapa rapidement ses deux amis.

- Ron, fais attention ! murmura Hermione en lui lançant un regard réprobateur. Nous ne devons pas appeler le professeur Distort par son prénom ici.

Ron se contenta de hausser les épaules et ils rejoignirent leurs camarades qui attendaient devant la salle de classe. Beaucoup d'entre eux détournèrent les yeux en voyant arriver Harry, mal à l'aise, mais d'autres lui lancèrent des regards ouvertement hostiles et il n'avait pas besoin d'en demander la raison. Il dut rassembler toute sa force mentale jusqu'à ce que le professeur Distort ouvre la porte pour ne pas hurler des insultes qui auraient pu scandaliser Peeves lui-même à tous ces idiots qui ne comprenaient décidément rien à rien.

- Bonjour à tous ! Pour rajouter à ce que vous a dit le professeur Dumbledore hier, sachez que je suis ravie de vous retrouver pour cette année encore et que j'espère bien qu'elle sera aussi agréable que la précédente, mais je ne me fais pas trop de soucis sur ce sujet.

En douze secondes – montre en main – Fiona Distort venait de faire disparaître les sentiments belliqueux qui habitaient la plupart des élèves de la classe. Décidément, ils ne regrettaient pas de l'avoir comme professeur.

- Excusez-moi d'avance mais je vais bien être obligée de vous parler des ASPIC, continua-t-elle en leur adressant un sourire coupable. Il s'agit bien sûr d'une étape fondamentale de votre scolarité mais, après tout, aucun d'entre vous n'a eu de problèmes lors des examens de l'an dernier et, même si ce ne sera pas moi qui vous ferais passer les ASPIC, je ne m'inquiète pas. Je vous ai toujours noté avec un grand souci d'impartialité, en conséquent, je suis très confiante quant à vos chances de réussites dans ma matière lors de vos examens.

Elle se pencha un peu vers eux et parla d'une voix plus basse, comme en confidence.

- Mais entre nous, je pense également que, si vous partez vous-mêmes confiants, aucune matière ne vous résistera. Pas même si vous avez affaire à ce cher Brainold, le pauvre a un peu de mal à distinguer un kappa d'un pitiponk, à son âge, ajouta-t-elle en adressant un clin d'œil à ses élèves.

Des rires amusés accueillirent cette remarque et même Hermione secoua la tête en réprimant un sourire.

- Bon ! Passons aux choses sérieuses, si vous le voulez bien. Nous allons conserver les mêmes parties que l'an dernier – en modifiant leur contenu, bien sûr – mais nous ne les ferons pas dans le même ordre. Cette année, nous allons commencer par les créatures dangereuses. Vous avez déjà eu l'occasion de voir les vampires avec le professeur Lupin mais nous allons un peu approfondir le sujet. Qui peut me parler d'eux ?

La main d'Hermione fusa vers le plafond à la vitesse d'un boulet de canon et le professeur Distort eut un sourire amusé.

- Oui, Hermione ?

- Les vampires sont des morts-vivants qui survivent en buvant le sang de victimes humaines, débita-t-elle à une vitesse impressionnante. On les trouve généralement dans les forêts de l'Europe de l'Est. Ils ont une apparence humaine et on ne peut généralement pas savoir si une personne se trouvant à côté de nous en est un ou non tant qu'il n'a pas dévoilé ses dents, dont les canines sont particulièrement aiguisées.

Elle reprit son souffle et poursuivit.

- La lumière du soleil est mortelle pour eux et ils ne supportent pas l'ail. Une légende populaire leur prête la faculté de se transformer en chauve-souris mais il ne s'agit là que de contes de Moldus. Les vampires peuvent cependant prendre une forme humaine ou celle de fumée. Par ailleurs ils ont la capacité de transformer leurs victimes en vampires également.

- Des informations très claires, Hermione, je donne dix points à Gryffondor.

Un sourire allant d'une oreille à l'autre, Hermione lança au professeur un regard pétillant, prête à répondre à une autre question, mais celle-ci apporta des renseignements complémentaires.

- Comme l'a dit votre camarade, les vampires peuvent prendre deux formes mais il faut savoir qu'ils ne sont vulnérables à la lumière du soleil que sous leur apparence corporelle ; un vampire transformé en fumée peut se balader en plein jour – mais il ne pourra évidemment attaquer personne. C'est la raison pour laquelle on les trouve généralement dans des régions propices à la brume, près de zones marécageuse ou dans des forêts de l'est de l'Europe – il n'est d'ailleurs pas rare de les voir migrer vers l'intérieur des terres en été.

En disant cela, elle avait fait apparaître une carte de l'Europe d'un coup de baguette magique sur le tableau et colora en rouge lumineux toute une zone allant de l'Albanie à la Suède et de l'Allemagne jusqu'à l'ouest de la Russie.

- Si les vampires sont des créatures extrêmement redoutées dans le monde, c'est justement par leur faculté de rendre leurs victimes comme elles, expliqua-t-elle. La mort est une chose mais être transformé en vampire signifie perdre tout souvenir de son passé et ne plus avoir la moindre conscience du monde. Non seulement les vampires sont des êtres maléfiques mais en plus ils sont dépourvus du sens du toucher, ce qui les rend, entre autres, insensibles à la douleur.

Néanmoins, les vampires doivent suivre un rituel très précis s'ils souhaitent amener un humain à devenir comme eux. Ils doivent boire le sang de leur victime et leur faire boire le leur entre le moment où la pleine lune arrive à son zénith et le premier rayon de soleil. Laissez-moi vous raconter l'histoire de la vampiresse Musidora.

Les élèves redoublèrent d'attention, pendus aux lèvres de leur professeur, avides d'en savoir plus. Elle décrivit une courbe avec sa baguette et la classe plongea dans l'obscurité. Un quart de lune étincelant éclaira la pièce.

- Il y a quelques six cents trente ans vivait la vampiresse Musidora, une créature impitoyable qui ne prenait jamais la peine d'amener les humains parmi ceux de son espèce. Contrairement à la plupart des vampires, Musidora était une solitaire et n'appartenait à aucun clan. La légende raconte qu'une nuit, elle s'attaqua à un groupe de voyageurs solitaires. Elle tua toute la famille à l'exception d'un garçon d'une dizaine d'année, Philippe, à qui elle laissa la vie sauve en raison de sa grande beauté.

La forme d'une femme au charme ténébreux – cheveux noirs flottants au vent, aussi fins que des fils d'araignée, peau aussi blanche que la lune, yeux noirs de suie – apparut devant les élèves, les lèvres en sang, contemplant un magnifique enfant qui dormait.

- Les années passèrent et les chemins de ces deux êtres se croisèrent à nouveau une nuit de demi-lune alors que Philippe atteignait ses dix-huit ans. Il était devenu un jeune homme de toute beauté et Musidora en tomba amoureuse. Il s'agissait d'un Moldu tout à fait ordinaire, si ce n'était son charme, et il changea pourtant la mort de Musidora. Pour la première fois en plusieurs siècles de massacres, elle décida de le faire devenir vampire, mais, pour cela, elle devait attendre la pleine lune.

Dans la salle de classe, les jours et les nuits se succédèrent dans les différentes phases de la lune. Les deux ombres représentant les personnages de l'histoire agissaient eux aussi, sans que le jeune homme semble se rendre compte de la présence d'une créature de la nuit à ses côtés.

- Musidora passa des jours et des nuits auprès de son bien aimé sans jamais révéler sa présence. Le jour, Philippe était constamment entouré d'une légère brume et la nuit, lorsqu'il lui arrivait de se réveiller à moitié, il avait la vision fugitive d'une magnifique femme qui le contemplait. Ainsi passa le temps, jusqu'à ce que la pleine lune arrive.

L'astre lunaire éclaira d'une puissante lumière les pupitres et le bureau professoral.

- C'était une nuit d'été et Philippe dormait les volets ouverts. Musidora le veilla sous sa forme de femme mais, lorsque la lune arriva à son zénith, elle ne parvint pas à se décider de le mordre. Elle avait passé toutes ces nuits à s'imprégner de son odeur, ne pouvant toucher sa peau, ses cheveux, sentir sa chaleur, et le faire devenir vampire signifierait qu'il serait près d'elle mais aussi qu'il n'aurait plus ces effluves de vie, ces senteurs, qu'elle ne pourrait plus s'en délecter comme elle l'avait fait jusqu'alors. Son cerveau était embrumé par la faim, par les deux semaines de jeun qu'elle avait passées aux côtés de Philippe. Elle réfléchit si longtemps, resta tellement de temps à se poser des questions, que le soleil pointa à l'horizon et que ses rayons la brûlèrent.

La femme obscure se transforma en cendre sous l'effet de la lumière et les images créées par le professeur disparurent. Les élèves se souvinrent alors qu'ils étaient en cours.

- Evidemment, déclara Fiona Distort en souriant, cette histoire est une sorte de fable. Les vampires sont incapables d'amour, mais au moins vous souviendrez-vous de ce que je vous ai dit au sujet de la vampirisation.

Ils passèrent ensuite un bon moment à prendre des notes sur la façon dont vivaient et agissaient les vampires. Lorsqu'ils en arrivèrent à parler de leurs proies, Hermione leva de nouveau la main et le professeur Distort se tourna vers elle.

- Est-il vrai que les vampires peuvent s'en prendre à toutes les créatures vivantes ?

- Beaucoup de vampirologues en sont persuadés mais il s'agit là d'un aspect des vampires qui n'est pas très bien connu. Ce qui est certain, c'est qu'ils peuvent se nourrir du sang des animaux comme de ceux des autres créatures, mais ils ne peuvent faire devenir vampire que les humains. On a longtemps cru que les vampires étaient concernés par la protection naturelle du sang de licorne, jusqu'à ce qu'on découvre qu'ils pouvaient s'en abreuver. Il s'agit d'ailleurs des seules créatures possédant une immunité naturelle sur cette protection.

Cependant, Ivan Gleshn, un vampirologue de renom, a émis récemment des réserves sur l'hypothèse d'une possibilité illimitée de se nourrir chez les vampires. Sans pouvoir apporter de preuves formelles, il reste persuadé que certaines créatures encore peu connues pourraient posséder une protection contre les vampires.

La cloche sonna mais aucun des élèves ne songea à ramasser ses affaires, trop occupés à écouter ce que racontait le professeur Distort.

- Pour la semaine prochaine, vous ferez des recherches sur les méthodes anciennes, actuelles et supposées pour se protéger des vampires et les tuer, déclara-t-elle. Vous direz ensuite lesquelles vous semblent les meilleures et pourquoi. Nous en discuterons ensemble au prochain cours. Passez une bonne semaine.

Alors que les autres élèves sortaient en discutant joyeusement du cours, Harry vit Séléné s'approcher du professeur Distort et lui parler. Fiona Distort faisait son possible pour ne rien laisser transparaître de la répugnance que lui inspirait la jeune fille mais Harry ne manqua pas de remarquer que les coins de ses lèvres s'étaient crispés.

- Heureusement qu'elle est restée comme prof, dit Ron alors qu'ils sortaient tous les trois. Avec les ASPIC qu'on a à préparer, il vaut mieux avoir des cours comme les siens.

- J'ignorais beaucoup de choses sur les vampires, d'après tout ce qu'elle nous en a dit, c'était passionnant, remarqua Hermione, satisfaite. C'est normal, cette leçon est faîte pour compléter le cours de troisième année que nous avait fait Lupin. Mais c'est bizarre, je ne me souvenais pas que nous devions autant approfondir les vampires en septième année.

Ron rigola.

- Ce n'est pas toi qui vas t'en plaindre !

- Certainement pas !

Tout comme ils s'en doutaient, le professeur McGonagall leur parla pendant une quinzaine de minutes des ASPIC, le regard sévère et assurant que tous les élèves présents dans la classe étaient capables de réussir leurs examens.

- J'ai déjà entendu ça quelque part, chuchota Ron à Harry en souriant.

- Où est miss Hilton ? demanda soudain le professeur McGonagall en prenant ses airs de faucon.

Harry n'avait même pas remarqué qu'elle n'était pas là et, d'après la tête que firent Ron et Hermione, il n'était pas le seul.

- Elle est à l'infirmerie, dit Parvati, elle ne se sentait pas très bien.

Elle avait dit les derniers mots d'un ton plein de sous-entendus en risquant un vague coup d'œil en direction de Harry. Le professeur regarda Parvati d'un regard intense pendant un instant, immobile, puis se détourna et fit apparaître un schéma complexe au tableau.

- A l'infirmerie ? murmura Harry. Si Séléné est à l'infirmerie, alors je suis en ce moment dans le salon des Dursley !

- Je ne crois pas non plus qu'elle soit là-bas, acquiesça Hermione. Mais alors où est-elle allée ?

- ...que nous l'avons fait jusqu'alors. Dean, veuillez distribuer les souris et les crapauds, je vous prie, demanda le professeur McGonagall. Nous nous contentions jusqu'alors de transformer des animaux en objets ou l'inverse. Cette année, il va vous falloir travailler doublement pour parvenir les métamorphoses transanimales. Regardez par ici.

Elle pointa sa baguette sur la souris qu'elle tenait à la main et décrivit un mouvement rapide et complexe.

- Sorcattus !

La souris se raidit brusquement, ses membres s'allongèrent, sa queue s'épaissit, son corps grossit et son museau s'aplatit jusqu'à ce que le rongeur se transforme en un magnifique chat siamois de la même couleur gris bleu.

Cet exercice particulièrement compliqué fut presque entièrement réussi par Hermione à la fin du cours alors que les chats des autres élèves se retrouvaient encore avec une taille ridiculement petite, des oreilles immenses, une queue de ver et un museau encore à moitié allongé. Lorsque la cloche sonna, le professeur demanda à Harry de rester et elle attendit que tous les autres élèves soient sortis pour lui faire signe de s'asseoir devant son bureau.

- Je suppose que ce ne sera pas une surprise pour vous, Potter, j'ai décidé de vous nommer capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor cette année. Je voudrais savoir si vous vous sentez prêt à assumer cette responsabilité.

- Plus que jamais, professeur, répondit vivement Harry.

Le professeur McGonagall le regarda par-dessus ses lunettes carrées en plissant des yeux.

- Potter, j'espère que vous vous rendez compte de la hauteur de la tâche, surtout avec miss Hilton dans l'équipe. Vous ne pouvez vous permettre de la renvoyer, les autres élèves ne comprendraient pas et je serais bien obligé de vous retirer ce privilège. Vous sentez-vous capable de vous contenir et d'agir sur le terrain comme s'il s'agissait uniquement d'une co-équipière et non d'une... ?

Elle émit une sorte de grognement sans terminer sa phrase et Harry hocha la tête avec amertume.

- Je ferai de mon mieux...

- Mais c'est ce que j'attends de vous : le meilleur, remarqua McGonagall en lui lançant un regard sévère. Vous pouvez y aller.

- Il faut d'abord que nous parlions des cours que je dois donner aux premières et secondes années, lui rappela Harry.

Le professeur sembla surpris.

- Vous comptez toujours accomplir ce projet ? Potter, je me dois de vous mettre en garde, entre le Quidditch, les ASPIC, le club de défense et le problème qui vous concerne tout particulièrement, il me semble que vous aurez déjà assez à faire et à penser.

- J'y ai beaucoup réfléchi et je me sens prêt à tout mener de front. Hermione m'aidera à m'organiser et je sais que c'est quelque chose que je dois faire. Je vous en prie professeur, vous m'aviez déjà donné l'autorisation.

Le professeur se leva et regarda d'un air soucieux par la fenêtre le parc ensoleillé.

- Très bien Potter, nous organiserons cela. Mais si jamais, à un quelconque moment, vous sentez que vous ne pourrez pas continuer, il ne faudra pas hésiter à venir me le dire. Personne ne vous tiendra rigueur de cesser l'une ou l'autre de vos activités en cours, me suis-je bien fait comprendre ?

- Merci professeur, tout ira bien.

Séléné mangeait avec les autres quand Harry rejoignit Ron et Hermione.

- Elle était bien à l'infirmerie, dit Hermione dans un soupir, on l'a vue en sortir.

- Vous n'allez pas croire qu'elle était réellement malade ? Elle aurait eu le temps de faire n'importe quoi tout le temps qu'à durer le cours et puis retourner à l'infirmerie, non ?

Mais Ron secoua la tête.

- Les professeurs la surveillent. Juste après qu'elle soit sortie, Rogue est venu voir Mme Pomfresh pour lui demander ce qu'avait Séléné, on l'a entendu. Et Mme Pomfresh a répondu qu'elle avait dû venir lui administrer une potion toutes les dix minutes pendant l'heure et demi précédente pour que son malaise se dissipe. Où veux-tu qu'elle aille en dix minutes ?

Les épaules de Harry s'affaissèrent et il se servit une maigre portion de hachis parmentier.

- Je ne sais pas ce qu'elle mijote, mais je vous jure qu'on va le découvrir, dit-il en donnant des coups de fourchettes mornes à son hachis.

- Vous n'avez pas cours de l'après-midi et je ne reprends qu'à trois heures, pour l'arithmancie, on pourrait aller voir Hagrid, proposa Hermione.

- Il n'a pas de classes ? demanda Harry.

- On verra bien, remarqua Ron. Allons-y maintenant.

Une sylphide sous sa forme naturelle sortit de l'infirmerie alors qu'ils arrivaient dans le hall. Elle passa devant les élèves immobilisés d'un air hautain et disparut dans un escalier menant aux sous-sols. Hermione secoua la tête en fronçant les sourcils.

- Non mais vraiment ! Ils nous prennent pour des moins que rien !

- Ben il faut dire qu'ils peuvent se le permettre, remarqua Ron en se penchant vers Harry pour éviter qu'Hermione entende.

- Reste où tu es Potter ! lança une voix narquoise. Tu es à ta place près d'une porte, Potter portier.

Harry et Ron firent volte-face et se retrouvèrent devant Drago Malefoy affublé, comme à l'ordinaire, de Crabbe et Goyle.

- Alors, Potter, poursuivit Malefoy d'une voix à peine audible, tu aimes lire la Gazette ? Ces derniers temps, je raffole de la une et des articles secondaires. Que fais-tu encore là ? Je croyais que tu voulais combattre. Un Gryffondor froussard, ça ne m'étonne même pas.

- Pas plus qu'un Serpentard butor, répliqua Hermione avec mépris. Tu peux dire ce que tu veux Malefoy, de la part d'un gars aussi répugnant que toi, je ne vois pas ce qui pourrait nous faire peur.

Hermione attrapa Harry et Ron par le bras pour les entraîner vers la sortie mais Malefoy eut un rire sournois.

- Vraiment rien, Granger ? J'espère pour eux que tes Moldus de parents ont pris des précautions, par les temps qui courent, on ne sait jamais...

Hermione s'arrêta brusquement et sortit sa baguette si vite que personne n'eut le temps de réagir.

- Reducto !

En un instant, Malefoy se retrouva réduit à la taille d'une souris. Terrorisés, Crabbe et Goyle ne firent pas le moindre geste lorsque Hermione revint sur ses pas et attrapa Malefoy qui tentait de fuir.

- Ose encore une fois menacer mes parents, sale petit goret, et je te jure que je te rétrécirai tellement qu'une puce deviendra une créature gigantesque pour toi.

Elle le lança sur Goyle qui le rattrapa maladroitement, manquant de l'écraser, et revint à pas vifs vers Harry et Ron. Ils lui emboîtèrent le pas en direction de chez Hagrid.

- Tu sais Hermione, Malefoy disait sûrement ça uniquement pour te faire enrager, dit Ron en l'observant de biais. Et puis tes parents sont sous la protection de l'Ordre.

- Je sais, répondit Hermione d'un ton inquiet. Et il aura réussi à m'énerver, cet imbécile !

(à suivre...)

Rqes : Les données sur les vampires sont totalement inventées sauf celles que vous connaissez (soleil, ail...). G tiré les noms de Philippe et Musidora du film « Les Vampires », de Louis Feuillade, où Philippe Guérande est un policier et Musidora (une actrice) incarne Irma Vep (il ne s'agit pas de vrais vampires mais d'une bande de truands). Quant au vampirologue Ivan Gleshn, il s'agit de l'anagramme de Van Helsing (le professeur spécialiste des vampires dans le roman Dracula). Voilà ! 

Chapitre 9 : Psychisme