Chapitre 12 : Des enlèvements programmés (J'aime ce chapitre ! Faut dire aussi qu'on arrive au fond du problème alors que je ne l'avais pas encore abordé, à savoir, ce qu'est en train de traficoter Voldy !)
Quelques jours plus tard, lors du petit déjeuner, un hibou moyen duc apporta à Hermione une épaisse enveloppe. Elle l'ouvrit avidement et consulta à la va-vite les différents parchemins qui se trouvaient à l'intérieur.
- C'est la réponse de Rita Skeeter, dit-elle avec enthousiasme. Ce que je pensais ce confirme. Venez, allons dans la tour.
Elle les entraîna dans la salle commune et étala les différents papiers que lui avait envoyés la journaliste.
- Ce sont des informations sur les morts et les disparus de ces derniers mois, expliqua-t-elle. Lorsque j'ai vu qui était Sean Earch, ça m'a mis la puce à l'oreille. Il travaille au CRM dans le secteur de la recherche magique appliquée à la magie, de même qu'un autre disparu et qu'une secrétaire morte. Quand aux autres victimes, elles ont toutes un lien avec des gens travaillant dans ce secteur, qu'ils soient de la famille ou de simples relations.
- Attends, tu ne vas pas nous faire croire que des Moldus les connaissaient ? Parce qu'il y a des Moldus dans les victimes.
- Malheureusement si, ce sont les parents de sorciers y travaillant ou simplement par alliance – les parents d'une femme ou d'un mari. William Stuborn, le père de Nora, peut-être également classé parmi eux. Rita Skeeter a découvert qu'il connaissait personnellement un des chercheurs de ce secteur, Inch Former, bien qu'il ait perdu le contact à ce jour. Il avait dû faire sa connaissance par l'intermédiaire de Tara, je suppose. Mais attendez, il y a mieux...
Elle farfouilla parmi les parchemins et en retira un qu'elle passa aux deux garçons.
- Vous vous souvenez de ce couple qui travaillait au ministère et qui est mort cet été ? Le mari était un Oubliator et la femme une Langue-De-Plomb. Figurez-vous qu'ils étaient tous deux affiliés à la sécurité des études faîtes dans ce secteur. Ça n'avait rien à voir avec l'Ordre de Fudge, mais bien avec le CRM. Même Adrian Pericor, l'Auror qui a disparu l'an dernier était en rapport avec ces recherches.
- C'est quel genre d'études, les recherches magiques appliquées à la magie ? demanda Harry en fronçant les sourcils.
- C'est l'étude de la magie en elle-même : ses origines, ses impacts, ses possibilités et tout le reste. J'ai fait des recherches à la bibliothèque mais je n'ai rien trouvé qui puisse justifier que Voldemort s'y intéresse. Il aurait été logique qu'il s'en prenne à des chercheurs du secteur des sorts d'attaque, mais là...
- Tout de même, je ne comprends pas en quoi un projet d'étude sur la magie a besoin d'une sécurité telle qu'il bénéficie d'Aurors, d'Oubliators et de Langue-De-Plomb, remarqua Ron.
- Sirius et les autres doivent le savoir, dit Harry avec amertume. Si nous étions au Square Grimmaurd, nous serions au courant de ce qui se passe, mais on ne peut même pas envoyer une lettre sans risque qu'elle soit interceptée. Bref, nous sommes bloqués.
- Nous pourrions aller parler à Fiona, suggéra Hermione.
- Bonne idée, elle nous répondra sûrement, dit Ron.
- Nous irons la voir lundi, après le club de défense. Nous n'aurions pas le temps d'en parler après le cours de défense contre les forces du Mal, remarqua Harry. C'est l'heure de l'entraînement, Ron. On se revoit tout à l'heure, Hermione.
- Des études sur la magie, dit lentement Harry alors que lui et Ron se rendaient aux vestiaires. Qu'est-ce qui pourrait bien l'intéresser là-dedans ?
- Je n'en sais rien, répondit Ron en haussant les épaules. Peut-être cherche-t-il à encore augmenter sa puissance, ajouta-t-il en frissonnant.
- Oui, peut-être... Après tout, c'est bien ce que je suis en train de faire...
- Hey ! Ginny ! s'écria soudain Ron.
Il venait de l'apercevoir quelques mètres devant eux. Elle s'arrêta pour les attendre.
- Prête pour l'entraînement ? demanda Harry en lui souriant.
- Tout à fait prête ! De toute manière, les séances avec Fabian se passent bien depuis le début. Moi, Dean et lui, nous formons un bon trio, je pense. Peut-être pas aussi excellent que celui que formaient Angelina, Katie et Alicia, mais nous nous débrouillons bien.
- En effet, confirma Harry. Je suis fier de vous tous, l'équipe gagnera encore cette année. Et je réserve une petite surprise à Malefoy pour notre match contre Serpentard.
- Ah bon ? s'étonna Ron. Quoi donc ?
- Tu verras bien, je ne veux pas gâcher la surprise.
- En tous cas, Ginny, tu t'améliores de jour en jour. Harry me disait encore il n'y a pas si longtemps que tu allais faire des merveilles lors des match, pas vrai Harry ?
Son ami hocha la tête en adressant un large sourire à Ginny.
- Si tu continues à jouer comme tu l'as fait lors des deux dernières séances, je ne m'inquiéterai plus du tout pour les matchs à venir, lui assura-t-il. Tu as un bon jeu de feinte et je sais que je peux compter sur Sarah et... Je peux compter sur Sarah pour te dégager le passage, acheva-t-il en faisant une moue. Quant à Fabian...
- Un excellent jeu de feinte, le coupa Ron avec un sourire radieux, c'est exactement ça ! Et toi aussi, Harry, tu es fort là-dessus, pas vrai Ginny ?
Harry et Ginny tournèrent en même temps des yeux plissés vers lui.
- Quoi ? se défendit-il en prenant un air innocent.
Ginny leva les yeux au ciel et pénétra dans le vestiaire, devant lequel ils étaient arrivés.
- Qu'est-ce que tu as, avec moi et Ginny ? s'étonna Harry.
Les oreilles de Ron rosirent légèrement.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, dit-il. On y va ?
Harry leva à son tour les yeux au ciel et entra à sa suite dans les vestiaires. Il remarqua immédiatement l'absence de Séléné. Tous les autres joueurs étaient là, sauf elle.
- Séléné est en retard, remarqua-t-il d'une voix dont il ne parvint pas à maîtriser la colère.
- Je ne l'ai pas vue ce matin, dit Sarah. Je suis passée dans son dortoir mais elle n'y était pas, et elle n'a pas déjeuné.
- Eh bien tant pis pour elle. Prenez vos balais, on commence.
- Je ne peux pas m'entraîner toute seule ! s'exclama Sarah. Il faut que nous testions les nouvelles figures que tu as mises au point. Je peux aller la chercher.
- Ça ne sert à rien, je suis sûr que tu ne la trouverais pas. Exerce ta vitesse et ton habileté, ça suffira pour aujourd'hui, ajouta-t-il d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.
Harry se montra d'une humeur massacrante tout le long de la séance, alors qu'il avait semblé si bien disposé en se rendant au terrain. Pour qui se prenait-elle ? Elle croyait peut-être qu'elle avait le droit de ne pas assister à l'entraînement ? Si c'était le cas, elle se trompait lourdement, songea Harry avec rage. Cette fois, elle n'y couperait pas, et personne ne pourrait rien lui reprocher, il était capitaine de l'équipe et se devait de veiller à leur discipline.
- Fabian, tu es parti trop tôt ! aboya-t-il à l'attention du poursuiveur. Dean, ta feinte est trop rapide, il faut déstabiliser l'adversaire ! Sarah, tu ne fais pas attention à la zone des buts, Ron a failli se prendre un cognard !
- Je ne peux pas être à deux endroits à la fois ! répliqua-t-elle avec colère.
- Tu devrais être assez rapide ! rugit Harry. Ginny ! Dean est mieux placé que Fabian, qu'est-ce que tu fais ? Ron ! Comment as-tu pu rater ce blocage ?
Les joueurs sortirent du terrain une heure plus tard dans un état de total énervement, lançant des regards noirs à leur capitaine.
- On dirait que Séléné a un chic pour te contrarier autant que Rogue, risqua-t-il pour le faire sourire alors qu'ils s'éloignaient du stade.
- Je n'ai rien à voir avec Rogue, répliqua Harry d'un ton furieux. Et je ne suis pas contrarié, c'est clair ?
- Si tu le dis, marmonna Ron.
Harry s'arrêta brusquement et se retourna pour regarder vers la forêt Interdite.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
Harry ne répondit pas immédiatement, il plissa des yeux, comme pour mieux voir l'orée de la forêt.
- Pars devant, je te rejoins tout à l'heure.
Avant que Ron ait pu répliquer, il courut en direction de la forêt, jusqu'au premier arbre, contre lequel il s'appuya. Il jeta un regard en arrière, Ron pénétrait dans le château, tant mieux, il avait craint qu'il ne le suive. Harry ne savait pas trop ce qui se passait mais il était certain d'une chose : Séléné était tout près, quelque part dans la forêt.
Il marcha un petit moment puis se figea pour tendre l'oreille. Il ne se trompait pas, des bruits de voix lui parvenaient de la gauche, plus profondément dans la forêt. Il sortit sa baguette au cas où et s'avança prudemment. Bientôt, il entendit distinctement les deux voix mais ne pouvait voir à qui elles appartenaient. La première était celle de Séléné et la seconde ne lui était pas inconnue.
- ...choisirez un jour, il ne peut en être autrement, déclara Séléné.
- Nous ne l'avons pas fait les autres fois, il en sera de même en cette époque, répondit une voix profonde.
Harry se risqua un peu plus loin et put enfin voir les deux interlocuteurs. Séléné était tranquillement assise sur une énorme racine alors que Ronan, le centaure, lui faisait face.
- Mais cette époque est différente, remarqua Séléné en souriant. Firenze l'a compris, lui. Les événements passés n'appartiennent qu'au passé, le présent n'a jamais été aussi incertain, et vous, peuple des centaures, vous l'avez compris mieux que personne.
- Les centaures ne s'impliquent pas dans les affaires des autres peuples, répliqua Ronan, et surtout pas celles des sorciers, Firenze le sait bien et son bannissement était légitime.
- Ces affaires sont les vôtres, Ronan. Lorsque viendra le temps de la peur, lorsque déferlera sur la forêt le brouillard qui emprisonne les esprits dans la terreur, alors tu te souviendras mes paroles, alors tu les porteras à Magorian, et là, vous choisirez.
- Tu es bien prétentieuse, petite humaine, pour oser penser que ce choix sera celui que tu espères.
- Je le serais si j'espérais quelque chose de vous, Ronan, répondit Séléné avec un sourire étrange. Que vous choisissiez la voie des sylphes, celle des ombres ou celle que vous suivez en ce moment m'importe peu, du moment que vous choisissiez.
- Et quelle est celle que tu as choisie ?
- Celle de la nuit, celle qui mène à tout ce qu'on peut désirer.
Ronan l'observa un moment et s'ébroua.
- Tu as le mal en toi, humaine, il coule dans tes veines et dans ton âme tel un fleuve immortel. Etre d'eau et de feu, tu brûles des flammes sombres de ton espèce.
- Etre de la terre et de l'air, vous en oubliez votre vie, maître centaure, dit calmement Séléné. Les étoiles sont bien loin de vous pour vous apporter une quelconque aide.
- Les centaures ne réclament d'aide à personne ! Que ton énergie te consume, sorcière.
Il rua puis partit au galop en s'enfonçant dans les ténèbres de la forêt.
- Tu te souviendras le moment venu, Ronan, murmura Séléné. On se souvient toujours de ce que je dis.
Elle ricana.
- Hommes ou centaures, l'esprit d'un être est décidément trop facile à berner. Voldemort a fait du bon travail. Le doute s'est insinué dans leur clan, je n'aurai jamais pu parler à Ronan sans cela.
Elle fronça soudain les sourcils et tourna vivement le regard vers l'endroit où était dissimulé Harry. Caché derrière un épais bosquet, elle ne pouvait certainement pas le voir à cette distance mais il suffirait qu'elle s'approche un peu et... Il se serait donné des gifles, s'il pouvait sentir la présence de Séléné, c'était sans aucun doute réciproque. Séléné avança d'un pas dans sa direction et Harry bloqua sa respiration, sa baguette serrée dans sa main droite.
Mais Séléné détourna son regard pour regarder au-dessus d'elle et s'en alla à pas vif, les yeux fixés sur le plafond des arbres. Harry attendit encore une minute avant de sortir de sa cachette pour s'assurer qu'elle ne revenait pas.
- Elle essaie d'enrôler les centaures dans les rangs de Tu-Sais-Qui ? s'exclama Ron en ouvrant de grands yeux.
Installés dans le dortoir des garçons pour plus de tranquillité, Harry avait rapporté à Ron et Hermione ce qui venait de se passer.
- Aucune chance, dit Hermione, les centaures ne prendront jamais de camp.
- Firenze a rejoint Dumbledore, lui fit remarquer Ron.
- Firenze est assez particulier, il faut bien le dire... répondit Hermione. A supposer qu'ils se décident à choisir un camp, ils ne rejoindront pas Voldemort.
- Et qu'est-ce qui te fais dire ça ?
- A cause de leurs lois, qui définissent le meurtre d'un jeune comme le crime le plus atroce qui soit. Les centaures ne s'allieront jamais à quelqu'un qui tue des enfants avec indifférence.
- Tu en es certaine ? demanda Harry. Regarde Bane, celui-là, il est plutôt antipathique, non ? Il nous aurait bien tué, il y a deux ans.
- Nous n'étions déjà presque plus des enfants, frissonna Hermione au souvenir des centaures. Mais parle-nous plutôt de ce qui t'a amené là-bas. Tu dis que tu as senti la présence de Séléné, comment ça se fait ? Ça t'est déjà arrivé ?
- Non, jamais. Je ne comprends pas. Nous parlions avec Ron – et c'est vrai que je pensais à elle – quand j'ai senti... Je ne sais pas comment l'expliquer, je savais qu'elle était là-bas, tout simplement.
- Une nouvelle évolution de votre lien, supposa Hermione en réfléchissant, mais pourquoi ? Il ne s'est rien passé de particulier récemment ?
- A part que j'ai eu plus envie que jamais de lui faire voir ce que je pense d'elle, non.
- Euh... hésita Ron. Ne t'énerve pas Harry, c'est juste une remarque, mais tu ne trouves pas que tu as eu une réaction – comment dire ? – excessive lors de l'entraînement ? Après tout, c'était plutôt un bon point qu'elle ne soit pas là.
- Et le Quidditch, alors ? s'exclama Harry en se levant, furibond. Ce n'est pas parce qu'elle est avec Voldemort qu'elle doit nous faire perdre la coupe !
Hermione le regarda fixement.
- Ron a raison, tu réagis brutalement pour pas grand-chose... Tu ne nous caches rien, j'espère ?
- Et qu'est-ce que je vous cacherais ? s'écria Harry.
Ron détourna le regard, mal à l'aise, mais Hermione garda les yeux rivés sur Harry.
- Tu as réussi à faire le point au sujet de Séléné ? lui demanda-t-elle à brûle-pourpoint.
- Je suis parfaitement clair sur le sujet ! rugit Harry avant de sortir du dortoir en claquant la porte, parfaitement conscient qu'il venait de démontrer le contraire.
Le lundi soir, Ron et Hermione traînèrent en arrière à la fin du club de défense pour rester avec Harry et Fiona Distort, qui rangeaient le matériel dont ils avaient eu besoin.
- Vous trois, vous voulez me demander quelque chose, dit le professeur Distort en souriant et en les entraînant dans son bureau, dont elle ferma la porte. Vous avez des problèmes ? C'est en rapport avec Séléné ?
- Non, c'est au sujet des victimes de Voldemort et de ses Mangemorts, de leur lien avec le CRM, expliqua Hermione.
Fiona Distort ouvrit de grands yeux et éclata de rire.
- Vous m'impressionnez, avoua-t-elle. Et que voulez-vous savoir ?
- Ce qui intéresse tant Voldemort dans les recherches sur la magie et pourquoi un projet de cette section bénéficie d'une telle protection.
- Comment savez-vous cela ? demanda Fiona Distort en plissant des yeux. D'où tenez-vous ces informations ?
- Oh ! Euh... On a fureté à droite à gauche, répondit vaguement Hermione.
Le professeur les observait toujours d'un air soupçonneux et Ron prit les devants.
- Alors ? Vous pouvez nous dire ce qu'est ce projet ?
Elle soupira et s'assit sur une chaise en leur faisant signe d'en faire autant.
- En toute sincérité, nous ne savons pas encore ce qu'il en est. Dumbledore a toujours surveillé le CRM, mais de loin, afin de s'assurer que rien de dangereux n'en sorte, mais le ministère a très bien fait les choses avec ce projet. Nous savons qu'à l'origine, il s'agissait d'une simple étude sur l'origine et la nature de la magie et brusquement, il y a un an et demi, plus rien. Toute trace de ces recherches a disparu. Nous ne savons pas s'ils ont stoppé le projet ou l'ont continué en secret, ce qui est sûr, c'est qu'il a dés lors bénéficié d'une protection exagérée.
- Dumbledore peut demander à Fudge, non ? s'étonna Ron.
- Il l'a fait, mais il refuse d'en parler. Jean Lamare est retourné dans son pays pour demander au ministère français de négocier ces informations avec le ministère anglais.
Hermione émit un grognement dubitatif.
- Les ministères de la magie des deux pays ne sont pourtant pas en très bons termes.
- Nous espérons que la menace représentant Vous-Savez-Qui convaincra mieux le ministère français que le nôtre... même si nous en doutons fortement, c'est à essayer.
- Et que fait l'Ordre en ce moment ? demanda Harry. Que fait le ministère ? La Gazette élude ces questions en donnant des informations sans intérêt.
- Du côté du ministère, on panique, même si Fudge soutient le contraire. Il prend des soi-disant initiatives, prétend être proche de trouver des informations intéressantes et tout ce qui va avec. Au moins cela nous permet-il d'agir en paix. Nous avons deux priorités : la protection des dernières personnes en relation avec le projet – ce sur quoi nous obtenons de l'aide du ministère – et découvrir les projets de Vous-Savez-Qui. Tara a failli s'en rendre malade à force de vouloir exercer son pouvoir, mais elle a du mal.
- Comment ça se fait ?s'étonna Hermione.
- Elle a été très affaiblie par toutes ces années en Australie, surtout mentalement, et elle n'a pas pu exercer la voyance là-bas. Je crois bien qu'elle ne s'en remettra jamais totalement, ajouta-t-elle d'une voix attristée.
- Et les sylphes dans tout ça ? dit Harry en fronçant les sourcils. Que viennent-ils faire ici, exactement ? Pourquoi ne pourraient-ils pas essayer de découvrir ce que cache Séléné ?
- Ils ont essayé, mais sans y parvenir. Une magie puissante, sans doute Vous-Savez-Qui qui l'a protégée, mais les sylphes n'y croient pas. Ils disent qu'aucun sorcier ne peut rivaliser avec leurs pouvoirs, nous n'insistons pas. Quant à ce qu'ils viennent faire...
Elle marqua une pause, mal à l'aise, et secoua la tête.
- Vous en savez déjà beaucoup plus que vous ne devriez.
- Et pourquoi ne saurions-nous pas mis au courant ? s'indigna Harry. Nous avons autant le doit de savoir ce qui se passe que vous.
- Et certainement plus, Harry, mais le problème n'est pas là. Tu es parvenu à contrôler l'occlumancie vis-à-vis de Vous-Savez-Qui et c'est une excellente chose, mais nous sommes forcés de prendre en compte Séléné. Tant que nous ignorons au juste de quelle manière vous êtes liés avec ce miroir de Parenze, Dumbledore préfère que tu en saches le moins possible. Ça n'a rien à voir avec toi, ajouta-t-elle rapidement, mais si nous voulons prendre Vous-Savez-Qui par surprise, nous devons tous faire des concessions, d'accord ?
Harry grommela quelque chose qui pouvait signifier un assentiment.
- Tara doit bien avoir certaines informations sur Séléné et Harry, remarqua Hermione.
- Rien de plus que nous ne sachions déjà et puis... Elle est toujours convaincue que Séléné n'est pas réellement du côté de Vous-Savez-Qui, dit-elle avec amertume.
- Dommage qu'elle ne lise pas dans les pensées, grogna Harry, elle comprendrait ce qu'il en est.
- Elle doit utiliser cette certitude comme un bouclier, intervint Hermione. Comme vous le disiez, professeur, elle a déjà subi pas mal d'épreuves.
- Oui, bien sûr, il n'empêche qu'il y a des fois où j'ai envie de la secouer et de lui crier de se réveiller, soupira Fiona Distort. Le sujet est rarement abordé directement mais vous verriez dans quel état cela met Remus... Et Tara aussi par la même occasion, elle ne supporte pas de le voir malheureux.
- Vous êtes récemment allé au Square Grimmaurd ? s'étonna Ron.
- Je m'y rends pratiquement tous les week-ends. Par les temps qui courent, il vaut mieux que nous soyons le plus possible aux réunions de l'Ordre.
Un silence pensif s'installa dans le bureau puis le professeur Distort se leva.
- Il commence à se faire tard et j'ai encore beaucoup de choses à faire, vous devriez aller vous coucher. La journée de demain sera longue pour toi, Harry. Tu entames les cours aux plus jeunes.
- Oui, c'est demain.
- Alors bon courage, je n'aurai pas le temps de venir t'aider. Tout se passera bien et tu verras, Fabian pourra t'être utile pour ces séances, je lui ai beaucoup appris. Bonne nuit.
Alors qu'ils traversaient le hall pour prendre les escaliers, Ron émit un rire sceptique.
- Elle n'avait pas envie qu'on se mette à poser trop de questions, remarqua-t-il, c'est pour ça qu'elle nous a fait sortir. Il n'est même pas huit heures et demie.
- Oui, elle voulait éviter que...
- Je t'avais dit que tu me paierais ça, Granger ! Augmento !
Hermione se baissa juste à temps et le rayon alla se perdre dans le parc, frappant un caillou qui devint un énorme rocher.
- Petrificus ! s'exclama Harry en se tournant vers Malefoy.
- Protego !
Le sort de Harry n'atteignit pas Malefoy et celui-ci ricana.
- Merci pour tes cours, Potter. Impedimenta !
- Freneticus !
Les deux rayons se percutèrent mais tandis que celui de Malefoy se perdait dans le plafond, celui de Harry percuta Crabbe de plein fouet, qui commença à être agité de mouvements convulsifs.
- Expelliarmus !
Harry et Ron avaient lancé le sortilège de désarmement en même temps et Malefoy fut projeté contre le mur, derrière-lui. A moitié sonné, il vacilla et dut se retenir à Goyle pour ne pas tomber dans les pommes.
- Qu'est-ce que c'est que ce vacarme ? s'exclama le professeur McGonagall en débouchant d'un couloir.
D'un rapide coup d'œil, elle regarda Crabbe, qui s'agitait toujours, Malefoy qui chancelait puis se tourna vers les élèves de sa maison.
- Malefoy a essayé de m'attaquer, dit aussitôt Hermione. Harry et Ron ont voulu me protéger et... voilà.
Le professeur McGonagall posa son regard sur l'énorme rocher qui était apparu dans l'allée du parc et se tourna vers les Serpentard.
- J'enlève quinze points à votre maison pour cette attaque, déclara-t-elle. Et allez donc à l'infirmerie.
Elle se tourna de nouveau vers Harry et les autres.
- Et j'en retire dix à Gryffondor. Il existe d'autres moyens de faire cesser une bagarre que de surenchérir. Allez donc dans votre salle commune maintenant.
Harry et Ron pestant contre le professeur sous le regard réprobateur d'Hermione, ils montèrent les escaliers sans remarquer que Malefoy ne suivait pas ses deux gardes du corps dans l'infirmerie mais descendait vers les cachots.
Malefoy avançait d'un pas furieux dans le long couloir, il s'était une fois de plus fait humilier par cette sale Sang-de-Bourbe et ce sale Potter, dont la mère ne valait pas mieux. Un de ces jours...
Quelqu'un applaudit lentement derrière lui et il fit volte-face. Séléné était sortie de l'ombre dans laquelle elle se tenait, de sorte que Malefoy ne l'avait pas vue en passant à côté d'elle.
- Bravo ! dit-elle en ricanant. Très joli, Drago, je suis impressionnée. Tu sais ménager tes effets, c'est bien.
- Qu'est-ce que tu me veux ? demanda-t-il en tentant de dissimuler l'inquiétude qui perçait dans sa voix.
- Te féliciter et te dire que tu es pitoyable... Ce qui ne semble pas compatible, j'en conviens.
Malefoy la regardait avec méfiance, gardant ses distances. Il n'avait absolument pas confiance en cette fille et, pour tout dire, elle lui faisait peur. Quel genre de personne pouvait devenir aussi proche du Seigneur des Ténèbres en si peu de temps ?
- Impressionnée par l'énergie que tu mets à vouloir que ton père soit fier de toi et pitoyable parce que, du coup, tu n'as pas le courage de tes idées.
Elle le regarda d'un air inquiétant.
- Il faut être sûr de toi, Drago. Sûr de ce que tu fais. Voldemort n'aime pas ceux qui doutent... Je connais un épisode intéressant de ta vie. Une certaine nuit, après la coupe du monde, où tu as insisté, mine de rien, pour convaincre nos trois compagnons qu'Hermione courait un danger.
- C... Comment... balbutia Malefoy.
- Ce n'est pas Harry qui m'en a parlé, tu t'en doutes, il n'avait pas d'intérêt à le faire, je l'ai appris d'une autre manière, mais la question n'est pas là... Si j'avais été à ta place, Drago, si je détestais les sangs mêlés comme tu prétends les mépriser, j'aurais tout fait pour retenir Hermione jusqu'à l'arrivée des Mangemorts. Si j'avais été ce que tu prétends être, je n'aurai pas insisté par trois fois pour qu'elle aille se cacher...
Malefoy fixait maintenant Séléné avec effroi, il semblait bien incapable de prononcer le moindre mot. La jeune fille eut un sourire moqueur.
- On va faire un marché, toi et moi. Je vais commencer par te dire la raison pour laquelle je me trouve auprès de Voldemort. Vois-tu, je trouve ses idéaux complètement absurdes et, franchement, je n'ai rien contre les sangs mêlés et les Moldus. Si je suis avec Voldemort, c'est parce que j'aime faire la fête. J'aime être au-dessus des autres et faire ce qu'il me plaît, quand à ce que font les autres, c'est leur problème, pas le mien. Voilà pourquoi je resterai toujours du côté de Voldemort, les autres sont bien trop ennuyeux et moralisateurs.
Elle marqua une pause durant laquelle Malefoy la regarda avec suspicion et crainte, se demandant ce qu'elle comptait faire.
- Voilà pourquoi, aussi, je me fiche totalement de ce que toi, tu vas décider de faire, poursuivit-elle. Seulement, tu ne peux pas imaginer comme les gens qui choisissent une autre voie que celle qu'ils devraient logiquement prendre – c'est-à-dire par rapport à eux, et non par rapport aux autres – m'insupportent. Voici ta part du marché : tu vas bien réfléchir à la question et, lorsque tu te sentiras prêt, tu me diras pourquoi, ce jour-là, tu as cherché à sauver Hermione. Seule condition : évite d'attendre la fin de l'année, merci. Ensuite, je suis certaine que tu trouveras quelle est ta route.
Malefoy retrouva soudain la parole.
- Je n'ai jamais douté, répliqua-t-il d'une voix qui tremblait soit de peur, soit de colère. Je sais très bien ce que je dois faire. Par contre, j'ai l'impression que tu n'es pas autant du côté de Tu-Sais-Qui si tu essaies de faire douter ceux qui souhaitent le rejoindre.
Elle éclata d'un rire sonore.
- Quelqu'un qui doute dans nos rangs, c'est un espion potentiel, répondit-elle. Et un espion, ça signifie que la fête a des chances de ne pas durer longtemps... Bonne réflexion, Drago.
Et elle s'éloigna en continuant à ricaner.
Malefoy avait le souffle rauque et se sentait plus mal que jamais. Il ne comprenait pas encore très bien ce qui venait de se passer, sauf que, brusquement, une fenêtre jusqu'alors close venait de s'entrouvrir en lui.
(à suivre...)
Chapitre 13 : Première attaque massive.
La suite au prochain épisode en fonction du visiomat ;-D
