C'est le plus long chapitre que j'ai posté pour le moment ! C'est... Wahou ! Je ne pensais pas y arriver aussi vite mais je suis très contente du résultat. Là, les choses vraiment sérieuses commencent, et je ne rigole pas...
Bon, pour les petits malins qui ont compris la menace pesant sur Poudlard, Bravo ! Pour les autres... Ah là là ! Non mais vraiment (comme dirait Hermione lol) Bon, sérieux, si vous aimez comprendre avant de découvrir, je vous invite à relire le chapitre 8 : Un vent de discorde, en pensant au titre de ce chapitre-ci. Pour être plus précise, lisez le second paragraphe du chap. 8. Voilà, maintenant, bonne lecture ! ... J'espère, mais c'est la première fois que je suis aussi sûre d'un chapitre alors je ne m'inquiète pas trop.
Chapitre 14 : Sorciers dans la brume
Normalement, les élèves à partir de la troisième année auraient dû passer ce 31 octobre à Pré-au-Lard, mais l'interdiction de s'y rendre les rendait moroses, surtout qu'ils n'avaient pas non plus le droit de sortir dans le parc. D'un autre côté, il fallait reconnaître que personne ne se serait risqué dans la purée de pois qui s'était encore densifiée dans la nuit.
En ce qui les concernait, Harry, Ron et Hermione ne se souciaient guère de toutes ces interdictions. Réunis dans la salle sur demande, ils s'exerçaient chacun de leur côté.
Harry avait d'abord eu du mal à comprendre ce qu'il devait faire pour pouvoir s'améliorer mais, très vite, et tout naturellement, l'exercice intensif de la magie lui avait permis de progresser. Ses sortilèges d'entrave et de désarmement étaient devenus si puissants qu'ils en effrayaient presque Ron et Hermione. Après deux heures de pratique, fatigué, il observa Hermione et Ron.
Dans le doseur de volonté, deux fumées – une verte pour Ron et une rouge pour Hermione – se côtoyaient. Au début, les deux fumées restaient constamment en équilibre, celle de Ron occupant même parfois une partie de la moitié du tube consacrée à Hermione, mais maintenant la fumée rouge prenait le pas sur la fumée verte et Harry savait qu'Hermione ne tarderait pas à maîtriser la légilimancie.
- Legilimens ! s'exclama Hermione en fixant Ron.
Le visage tendu par la concentration, il résistait de tout son esprit pour qu'Hermione n'entre pas dans sa mémoire. Un instant, il sembla que la fumée rouge était prête à englober la verte mais très vite les deux s'équilibrèrent à nouveau. Hermione laissa tomber sa baguette, l'air fatigué.
- On va s'arrêter un instant, dit-elle en enlevant le fil collé à sa tempe. Je ne pensais pas que tu opposerais autant de résistance, Ron, tu m'étonnes.
Ron détourna le regard, les oreilles en feu, et regarda Harry.
- Et toi ? Ça marche ?
- Je ne sais pas comment, mais je sens quelque chose en plus au fond de moi. Je suis sûr que je l'ai depuis toujours mais je viens juste de m'en rendre compte.
- Il fallait juste aller le chercher, remarqua Hermione en souriant.
Harry hocha la tête, l'air pensif.
- Hermione, pourquoi arrive-t-on à accomplir certains sorts sans baguette alors que d'autres sont impossibles à lancer sans cela ?
- C'est parce que la baguette possède sa magie propre. La plupart des sorciers – en fait presque tous – ont besoin de cette magie supplémentaire afin d'obtenir la puissance à atteindre pour que le sort soit efficace.
- Certains sorciers n'ont pas besoin de baguette ? s'étonna Harry.
- Si, toujours, la baguette fait partie du sorcier, c'est la raison pour laquelle on dit que c'est la baguette qui choisit son sorcier, et non le contraire... Mais c'est une chose qui n'est pas encore très bien connue et comprise de nos jours. Ce qu'il y a, c'est que certains sorciers sont tellement puissants qu'ils peuvent lancer certains sorts sans utiliser de baguette, mais généralement, ils ne peuvent faire cela que sur un certain type de sortilèges.
- Dumbledore et Vous-Savez-Qui doivent en être capables, remarqua Ron.
- Séléné aussi, dit lentement Harry. Vous vous souvenez comme ça la fatiguait de lancer des sorts sans baguette ? Mais elle en lançait quand même.
- Peut-être parce qu'elle n'avait pas de baguette, justement, murmura Hermione pour elle-même. Oui, elle doit être puissante mais pas tant que ça, si elle l'était vraiment, je ne pense pas que cela la fatiguerait à ce point... Mais alors...
- Alors tu dois pouvoir le faire aussi, Harry ! s'exclama Ron dans un vrai cri de joie.
- A ton avis, Hermione ?
La jeune fille fronça les sourcils, concentrée sur ses réflexions.
- Ce serait logique, d'après ce que nous savons de ce qui vous unit, mais c'est à vérifier... Tous les sorts involontaires que tu as lancés sans baguette ne sont pas exceptionnels. Oh, bien sûr, ils étaient très puissants mais il faut avouer que tu étais très en colère lorsque cela se produisait, comme le jour où tu as gonflé ta tante.
Ron rigola à l'évocation de cette anecdote mais Harry fronça également les sourcils.
- Je devrais peut-être m'entraîner sans baguette...
- Ça ne t'engage à rien et il n'y a pas de risque, dit Hermione en haussant les épaules, tu peux bien essayer.
- Oui, c'est ce que je vais faire. Tu me conseilles de commencer par quoi, Hermione ?
Elle haussa les épaules, l'air déconfit.
- Comme je te l'ai dit, ça ne fonctionne que sur un type de sorts, qui varie selon les sorciers. Le sortilège de lévitation, qui est pourtant simple, tu peux le louper alors que tu arriverais à exécuter le Doloris sans problème. Ce n'est qu'un exemple, bien sûr, mais tu es le seul à pouvoir trouver quels sorts tu parviendras à jeter.
- Oui... Il resta silencieux un moment. Je pense que je peux commencer par l'Expelliarmus, je crois que c'est celui qui me convient le mieux.
Hermione sourit en hochant la tête.
- J'ai l'impression qu'on n'est pas au bout de nos surprises avec toi. Bon, on reprend Ron ?
Le soir, en descendant assister au festin d'Halloween, les trois amis étaient assez contents d'eux. Bien sûr, Harry n'était pas parvenu à utiliser l'Expelliarmus sans baguette, mais il était certain de pouvoir y arriver. Quant à Hermione, elle était fière de ses progrès et se sentait prête à réussir le Legilimens – cette perspective ne semblait d'ailleurs pas spécialement enthousiasmer Ron.
C'est donc le cœur léger qu'ils participèrent au repas, oubliant même l'étrange attitude des professeurs, mais une bien mauvaise nouvelle – surtout du point de vue de Harry et Ron – allait venir gâcher leur bonne humeur. Durant tout le repas, les conversations allèrent bon train, sauf à la table des professeurs, peut-être un peu trop silencieuse, mais lorsque les desserts furent finis, Dumbledore se leva pour prendre la parole, ce qu'il n'avait jamais fait à la fin d'un repas de Halloween. Les élèves échangèrent des regards inquiets.
- Mesdemoiselles, messieurs, je ne serai pas long. Compte tenu de certains événements actuels, je suis au regret de vous annoncer que le match de Quidditch de demain est annulé.
Pris par surprise, les élèves ne trouvèrent pas le temps de réagir avant que Dumbledore ne reprenne la parole.
- Il ne s'agit là que d'un report. La coupe de Quidditch aura bien lieu cette année, mais nous décalerons les dates de certains matchs. Le nouveau calendrier de matchs pour cette année vous sera distribué sous peu. Bonne nuit à tous.
Et il se rassit sans rien ajouter. En quittant la salle, les élèves maugréaient contre cette annulation mais étaient aussi rassurés que le directeur leur ait certifié que la coupe aurait lieu. Harry, Ron et Hermione ne s'étaient toujours pas levés de table.
- Il se moque de qui ? s'exclama Harry en se tournant vers Ron et Hermione. Il ne nous a même pas expliqué ce qui se passait.
- Il doit avoir ses raisons, risqua Hermione.
- Eh bien elles ont intérêt à être bonnes parce que je vais sur-le-champ lui...
- Potter, Weasley, Granger, dit la voix du professeur McGonagall derrière lui, veuillez me suivre, je vous prie.
A la table des professeurs, il ne restait personne et ils suivirent McGonagall, surpris qu'elle vienne les chercher. Elle les mena jusqu'au bureau du professeur Dumbledore et les fit entrer après avoir frapper. Aujourd'hui, Dumbledore était seul et il fit signe aux jeunes gens de s'asseoir sur trois des quatre fauteuils faisant face à son bureau, McGonagall s'installa dans le dernier.
- Pardonnez-moi de ne pas vous avoir fait venir plus tôt, déclara-t-il, mais nous avions fort à faire et je n'ai pas eu le temps de m'occuper de vous. Si je vous ai fait venir ici, c'est pour vous mettre au courant de ce qui se prépare.
C'était tellement inattendu que Harry ne trouva rien à répondre. Finalement, Dumbledore avait tiré une leçon des années précédentes.
- En retrouvant une nouvelle puissance, Voldemort a trouvé une nouvelle ambition, commença-t-il. Il s'est mis en tête de réussir là où il avait échoué la première fois, c'est-à-dire, prendre Poudlard.
- Il... Il veut s'attaquer au collège ? balbutia Hermione.
- Cela figure dans ses projets, oui, et il a déjà mis en place certains de ses alliés.
- Que voulez-vous dire ? demanda lentement Harry. Il n'y a tout de même pas des Mangemorts à Poudlard ?
- Il s'agit d'une autre sorte d'alliés, répondit Dumbledore pour aller regarder par la fenêtre. Le brouillard qui s'est levé sur l'école n'est pas un brouillard normal. Il est venu trop vite, sans humidité, et il s'épaissit heure après heure.
Harry ne voyait pas où Dumbledore voulait en venir mais Hermione plaqua une main sur sa bouche en inspirant brusquement, les yeux écarquillés.
- Ce... Ce ne sont quand même pas... bafouilla-t-elle sans parvenir à terminer sa phrase.
- Je suis désolé de confirmer vos craintes, miss Granger, soupira Dumbledore, mais, hélas, ce sont bien des vampires. Toute une armée recrutée par Voldemort en Albanie et les pays avoisinants.
Ron était devenu plus blanc qu'un linge et Harry plissa les yeux.
- Des vampires ? Sous la forme de fumée ? Mais combien y en a-t-il ?
- Des centaines... Peut-être même des milliers, nous n'avons pas les moyens d'évaluer leur nombre.
- Ils... ils risquent de pénétrer dans le château, balbutia Ron.
- Non, sinon nous aurions vidé les lieux hier. Les sylphes nous ont aidé à protéger le château, ils ne peuvent pas entrer, même si les portes restent ouvertes. La nuit dernière, certains d'entre eux ont pris forme humaine pour pénétrer dans la forêt. Les centaures étaient prêts à les accueillir et aucun n'a péri mais nous savons qu'une licorne est morte.
- Si nous vous avons interdit de sortir, poursuivit McGonagall, c'est que les vampires tels qu'on peut les voir en ce moment, sont capables d'asphyxier quelqu'un et de le maintenir assommer jusqu'au coucher du soleil afin de pouvoir... Enfin, vous me comprenez.
- Pourquoi restent-ils ici ? s'étonna Hermione. Pourquoi n'attaquent-ils pas Pré-au-Lard s'ils savent qu'ils ne peuvent entrer dans le château ?
- Ils se préparent à une attaque dont le point de départ sera le parc, une attaque d'envergure sur toute la région, expliqua Dumbledore. Pourquoi Poudlard ? Pour être sur place lorsque les renforts arriveront.
- Les renforts ? répéta Ron d'une voix blanche.
- Qu'attendent-ils pour attaquer ? demanda Harry, perplexe.
- La pleine lune... souffla Hermione, terrorisée.
Dumbledore hocha la tête.
- Ils patientent jusqu'à la pleine lune, qui se lèvera d'ici quatre nuits, afin de grossir leurs rangs grâce à leurs victimes humaines, qui deviendront totalement dévouées à Voldemort.
Harry secoua la tête, incrédule.
- Il faut faire quelque chose ! s'exclama-t-il. Il y a bien un moyen de les combattre avant la pleine lune !
- Pas tant qu'ils resteront sous cette forme, et ils peuvent rester ainsi jusqu'à la pleine lune sans se nourrir. Ceux qui se sont aventurés dans la forêt étaient rares et impatients, mais les autres attendront. Nous n'avons pas d'autres choix que de patienter jusque là. Alors les sylphes pourront agir.
- Les sylphes ? répéta Ron en fronçant les sourcils.
- Il existe bien des façons de se protéger des vampires et de les combattre mais seuls les sylphes peuvent faire face à une telle armée.
- Et pour cela, il vous faudra utiliser la protection, ce que le ministère refuse, comprit Harry en se souvenant les paroles de Luclam lors de leur première rencontre.
McGonagall le regarda d'un air surpris mais le visage de Dumbledore n'afficha aucune marque d'étonnement à ce qu'Harry soit au courant de cette affaire.
- Ils réfléchissent encore, en tous cas, mais ils finiront par accepter, et ils le savent autant que nous. Les sylphes ont déjà décidé de l'utiliser.
- Est-ce que vous allez vous décider, monsieur, à nous dire ce qu'est au juste cette protection ? demanda Harry, passablement énervé.
- Il s'agit d'une arme sélective mise au point par les sylphes, leur indiqua Dumbledore. La magie des sylphes leur permet d'inscrire dans un objet magique la marque d'un unique individu ou d'une race d'individu. Ils l'ont maintenant soumise à la reconnaissance des vampires.
Hermione le regarda, éberluée.
- Ils ont créé... commença-t-elle avant de s'arrêter. Je comprends pourquoi vous disiez que cette protection était dangereuse, trembla-t-elle. Une fausse manœuvre de la part des sorciers qui l'utilisent et...
- Et c'est toute une race qui disparaîtrait si la puissance n'était pas contrôlée, termina Dumbledore. Les gobelins, les centaures, les sylphes, les elfes, les humains – Moldus et sorciers, sans distinction – ou n'importe quelle autre espèce. Heureusement, les sylphes savent ce qu'ils font et cette protection est à la fois unique et à usage unique, or jamais ils n'en reconstruiraient une autre, ce qui est très bien.
- Il faut mettre au courant les autres élèves, remarqua Ron. Ils ont le droit de savoir.
- Le droit, oui, mais pas la capacité à assumer une telle nouvelle. Vous l'avez remarqué, la Gazette du Sorcier n'a jamais parlé des vampires, c'est parce que le ministère n'a rien laissé filtrer. Ils sont coincés, s'ils reconnaissent qu'ils sont là, ils sont certains d'être radiés. Fudge m'a donc laissé le soin de me charger de l'affaire avec les sylphes. Son accord pour la protection ne saurait tarder.
- Pourquoi n'en parlez-vous pas vous-même ? demanda Hermione d'un air intrigué. L'élection d'un nouveau ministère, c'est ce qui peut arriver de mieux.
- C'est que je suis aussi coincé que Fudge, reconnut Dumbledore. Mon unique but est la protection des élèves de ce collège, et s'ils apprennent la vérité, leurs parents vont les sortir de Poudlard pour les éloigner de la menace. Et pourtant, c'est bien ici qu'ils sont le plus en sécurité. L'Angleterre n'est plus un territoire sûr.
Un silence s'installa durant lequel Harry se leva à son tour et marcha un instant de long en large sous l'œil des anciens directeurs dans leurs tableaux et des autres personnes se trouvant dans la pièce.
- Vous avez parlé de renforts, remarqua-t-il en s'arrêtant soudain, le regard tourné uniquement vers Dumbledore.
- Voldemort n'enverra jamais ses Mangemorts directement sur Poudlard. Il se servira de ses autres alliés. Quand arriveront-ils ? Nous savons juste que ça ne saurait tarder. Nous préparons une ligne défensive. Les membres de l'Ordre et certains Aurors du ministère vont venir jusqu'ici. La guerre a commencé, Harry. L'attaque des géants a sonné le départ des hostilités ouvertes et la première grande bataille se déroulera à Poudlard.
- Alors nous nous battrons ! dit Harry, le regard flamboyant.
Dumbledore le regarda fixement.
- Non Harry, vous...
- Oh ! Arrêtez ! s'exclama-t-il sous le regard courroucé des anciens directeurs. Nous avons appris à nous battre et à nous défendre, c'est à ça que servent les cours de défense et les séances de l'AD que nous avions pratiqué. Je ne suis plus un enfant et, si je veux me battre, je me battrai, j'en ai autant le droit que vous ou ceux de l'Ordre. Quant aux autres élèves de Poudlard, ils devraient avoir le choix. Sûrement pas maintenant mais, à la veille de la bataille, ceux qui seront en âge de choisir devront pouvoir choisir. Nous ne serons pas de trop dans ce combat.
Il avait dit cela d'un ton froid et sec, mais sans s'énerver pour autant. Les regards que lui lançaient Ron et Hermione montraient qu'ils étaient impressionnés et Dumbledore échangea un regard avec McGonagall.
- En effet Harry, dit-il enfin. Chacun doit faire ses propres choix et si tel est le tien, alors nous le respecterons.
- Le nôtre ! répliqua Ron en se levant brusquement pour se mettre aux côtés de son ami.
- Je crois que Harry a raison, dit Hermione à voix basse. Les forces de Voldemort seront supérieures en nombre, n'est-ce pas ? Alors plus nous serons, mieux ce sera.
Un sourire triste apparut sur le visage de Dumbledore.
- Je ne m'étais pas trompé à votre sujet, vous avez atteint une grande maturité, tous les trois. Je prendrai en compte vos conseils et vos remarques.
Harry hocha la tête sans prendre garde à l'air étonné de Ron et regarda à son tour par la fenêtre.
- Vous avez eu des nouvelles de Jean Lamare ?
- Nous savons qu'il n'est pas retenu par Voldemort, ce qui est déjà une bonne chose, mais il pourrait tout aussi bien être mort. Des renseignements rapportés par notre espion nous a permis de savoir que trois Mangemorts sont partis en mission depuis deux semaines et ne sont pas rentrés. Cela nous fait espérer que Jean est en fuite pour leur échapper et réapparaîtra lorsqu'il le pourra. Qu'il soit dans l'incapacité de nous transmettre un message serait normal s'il est pourchassé par des partisans de Voldemort.
A partir du lendemain, les regards des trois jeunes gens étaient irrésistiblement attirés par le brouillard lorsqu'ils passaient devant une fenêtre. Jamais on n'avait vu de brume aussi dense, on aurait dit une crème épaisse en suspension dans les airs.
- Vous croyez que les sylphes vont réussir ? demanda Ron alors qu'ils se préparaient à une nouvelle séance de légilimancie.
- Dumbledore n'avait pas l'air inquiet, remarqua Hermione. Je ne pense pas qu'il y aura vraiment de problèmes à ce propos mais en fait...
Notant son hésitation, Harry se tourna vers elle.
- Quoi ?
- Je pense que Voldemort a envoyé les vampires en premier pour obliger les sylphes à utiliser leur protection. Je veux dire, il ignore à quoi sert exactement cette protection mais il se doute bien que face à une telle armée, nous n'aurons pas le choix ; en tous cas, c'est ce qui ressortait de ce que nous a dit Dumbledore. Ce qui signifie qu'il a décidé de sacrifier les vampires pour pouvoir lancer une nouvelle vague d'assaut... Une vraie, cette fois-ci.
- Ça me fait froid dans le dos, frémit Ron. Je me demande ce qui nous attend... Mais nous verrons bien. Je suis prêt Hermione.
Harry ne fit plus attention à ce qu'ils disaient et réfléchit. Pour le moment, il ne s'était pas encore posé pour analyser ce que pouvait signifier la magie sans baguette. Les émotions fortes lui avaient permis de l'utiliser comme tout un chacun, mais plus puissamment que n'importe qui d'autre, d'après Hermione. S'il arrivait à canaliser ses émotions, il devrait normalement parvenir à quelque chose.
Son vecteur de magie était la colère, il supposa donc qu'il ne pourrait utiliser que des sorts d'attaque, or l'Expelliarmus s'intégrait dans ce type de sortilège. La colère, il en avait à revendre en ce moment. Il se concentra, ne sachant trop quelle attitude adoptée, et finit par lever les mains devant lui avant de les rabaisser. C'était idiot, il ne s'était jamais servi de ses mains pour envoyer un sort involontaire. Avant, il devait se concentrer sur la colère et la personne sur laquelle il la rejetait, aujourd'hui, il devait se concentrer sur son sentiment et sur le sort à décocher.
Il ferma les yeux et appela la colère en lui. Etape facile, il suffisait qu'il pense à une seule personne. Mais maintenant que l'image de Séléné s'était imposée à son esprit, il avait du mal à l'effacer pour ne garder que sa colère. Après tout, peut-être n'était-ce pas si différent de l'occlumancie, il fallait juste être plus sélectif. Il vida son esprit tout en se concentrant sur la rage qui faisait palpiter son cœur. Au départ, cela lui donna mal à la tête puis il fut rempli d'une colère qu'il n'arrivait soudain à rejeter sur rien, alors, instinctivement, avant qu'il y ait vraiment pensé, il ouvrit les yeux, fixa le bureau et s'exclama :
- Expelliarmus !
Il sentit la colère sortir de lui telle une énergie phénoménale et le bureau vola dans les airs, se déchiquetant en heurtant du mur. Le souffle court, Harry se laissa tomber à genou, extenué, le regard fixé sur le bureau, n'arrivant pas à y croire. Les deux autres le fixaient, éberlués.
- Je... Je crois qu'il va falloir que tu canalises un peu mieux mais en tous cas, tu y arrives, dit Hermione d'une voix hésitante, au ton indéfinissable.
- Comment t'as fait ça ? demanda Ron en s'approchant prudemment de Harry.
- Je ne sais pas vraiment...
Il émit soudain un rire hésitant et adressa aux deux autres un demi-sourire.
- Mais tu as raison Hermione, j'y arrive.
L'exercice l'avait trop fatigué pour qu'il songe à recommencer pour aujourd'hui. Il se contenta donc d'observer Hermione et Ron en récupérant lentement. Malheureusement, Hermione n'arrivait pas assez à se concentrer sur sa tâche pour parvenir à quoi que ce soit et elle finit par abandonner.
- Inutile, je pense trop aux vampires et au reste. On réessaiera plus tard.
En retournant à la tour Gryffondor, ils tombèrent sur Hagrid, qui leur adressa un immense sourire.
- C'est magnifique ! s'exclama-t-il d'emblée, les larmes aux yeux.
- Que se passe-t-il ? s'étonna Ron, qui se demandait comment Hagrid pouvait sembler aussi heureux en de tels moments.
- Ils sont arrivés aujourd'hui ! Ce sont les sylphes qui les ont aidé, ceux qui parcourent le pays, ils viennent de le dire à Dumbledore. Je savais qu'ils viendraient !
- Vous voulez parler... des géants ? demanda Hermione d'une voix suppliante, comme si elle espérait que la réponse serait non.
- Oui ! Ceux qui n'ont pas voulu se joindre à Vous-Savez-Qui, et devinez quoi ? Graup est devenu leur Gurg !
- Euh... C'est super, dit Ron sans parvenir à être convaincant, mais Hagrid ne le remarqua pas.
- N'est-ce pas ? Je suis tellement ému !
Il sortit son immense mouchoir à poix et se moucha dedans.
- Ils ne risquent rien avec les vampires ? s'inquiéta Harry.
- Les vampires ne vont pas très loin dans la forêt, assura Hagrid. Et puis ils ne s'attaqueront pas à un groupe de géants s'ils sont peu nombreux et ils ne sont pas beaucoup à reprendre forme humaine à la tombée de la nuit. En parlant de ça...
Il regarda à droite et à gauche et se pencha vers eux en parlant plus bas.
- Je ne devrais pas vous dire ça mais si vous voulez assister au spectacle, la nuit de la pleine lune, restez dans la salle commune. Vous verrez, les sylphes vont les avoir ! Mais chut, je ne vous ai rien dit.
Il leur adressa un clin d'œil et s'éloigna d'un pas joyeux.
- Au moins, ils sont tous convaincus que les sylphes ne peuvent que gagner, remarqua Hermione.
- A votre avis, combien y a-t-il de géants ? leur demanda Ron en grimaçant.
- Demande à Hagrid si ça t'intéresse, personnellement, je préfère ne pas savoir.
Durant les trois jours qui suivirent, Hermione ne parvint toujours pas à maîtriser la légilimancie, Harry en revanche se perfectionnait de jour en jour et parvenait maintenant à désarmer Hermione et Ron avec une aussi grande précision que s'il avait tenu une baguette. Ses progrès lui ouvraient un horizon qu'il n'avait plus regardé depuis un moment. Il n'avait pas imaginé s'améliorer aussi vite. Bientôt, il pourrait s'occuper de contrôler son mental – le plus dur, sans aucun doute – et se lancer dans cette périlleuse mission dont il s'était lui-même investi : abuser le Seigneur des Ténèbres.
Le soir de la pleine lune, le professeur McGonagall passa dans la salle commune pour sommer les élèves de regagner leurs dortoirs sans discuter. Tous les élèves s'exécutèrent à contrecœur, hormis Harry, Ron et Hermione, qui firent chacun mine de leur côté d'avoir oublier quelque chose dans la salle commune.
- Vous avez besoin d'être à deux pour aller le chercher ? s'étonna Dean alors qu'ils sortaient.
Ils venaient de se rejoindre lorsque Ginny descendit à son tour.
- Qu'est-ce que tu fais là ? la gronda son frère.
- Si tu crois que je n'ai pas compris qu'il se trame quelque chose !
Un bruit leur fit lever la tête et ils virent Neville entrer à son tour dans la salle commune, vacillant.
- Ils se sont donnés le mot, grommela Ron.
- Neville ! Tu ne vas pas bien ? s'inquiéta Hermione en l'aidant à venir s'asseoir dans un fauteuil.
- Je voulais savoir ce qui se passait, dit Neville, penaud. Au moment où je sortais du dortoir, une vague de fatigue m'a assailli et j'ai juste eu le temps de voir Dean et Seamus tomber sur leur lit avant de refermer la porte.
- Un sortilège, déclara Hermione, pour que les élèves ne voient pas ou n'entendent pas le combat, je suppose.
- Le combat ? répéta Neville en ouvrant de grands yeux.
Hermione lui expliqua ainsi qu'à Ginny tout ce qu'ils savaient.
- Mais... et si jamais ils échouent ? s'inquiéta Neville.
- Ils ne peuvent pas échouer, ils ne doivent pas, déclara Hermione. Sans quoi, ce serait une catastrophe irrécupérable. Il faut attendre maintenant, attendre que la lune arrive à son zénith et que les vampires partent en chasse pour engendrer de nouveaux vampires.
Au fur et à mesure que la nuit passait, les nerfs des cinq jeunes gens se faisaient de plus en plus sentir. Lorsque la lune eut presque atteint le point le plus haut de sa course, ils se pressèrent contre les vitres pour scruter la demie obscurité de la nuit.
Les sylphes étaient déjà en place et ils en eurent le souffle coupé. Ils devaient bien être une centaine, formant un immense cercle au-dessus de la nappe de brouillard et Harry était certain qu'ils ne pouvaient pas tous les voir. A l'endroit qui semblait être le centre du cercle flottait une sorte de lentille d'un mètre de diamètre dont le sommet était dirigé vers le ciel étoilé.
La respiration des cinq Gryffondor s'était faite lente et anxieuse. Hermione avait agrippé le bras de Harry, les yeux fixés sur la lune.
- Elle est à son zénith, murmura-t-elle dans un souffle.
Alors, comme si les paroles d'Hermione avaient provoqué ce changement, le brouillard compact fut agité de violents mouvements et, lentement, des formes sombres se matérialisèrent. La main d'Hermione se crispa avec force sur le bras de Harry alors qu'elle laissait échappé un gémissement. Combien étaient-ils ? Un millier ? Sans doute plus, le parc était devenu noir de ces créatures de la nuit qui grouillaient comme une nuée d'insectes.
Une vision d'horreur, terrifiante, et pourtant la main d'Hermione se détendit. Ils n'avaient plus vraiment peur et Harry mit un certain temps avant de se rendre compte que les sylphes s'étaient mis à chanter et que c'étaient cela qui les apaisait. Un chant sans parole, indéfinissable, il était à la fois le souffle du vent, le crépitement du feu, les craquements de la terre et le grondement d'une cascade, avec quelque chose en plus, une mélodie, un air, si beau, si étrange, que Harry aurait pu en oublier les vampires.
La lentille s'illumina soudain d'une douce lueur émeraude qui se diffusa à partir de ses bords sur la totalité des vampires qui s'étaient mis en mouvement. Le chant des sylphes s'intensifia et, brusquement, un éclair vert intense embrasa le ciel, éblouissant les jeunes gens. Lorsqu'ils retrouvèrent l'usage de leur vue, ils laissèrent échapper des cris de stupeur. Là, en bas, il ne restait plus que deux cents vampires : ceux qui étaient encore en fumée lors de l'utilisation de la protection et ceux qui se trouvaient en dehors de son champ.
La lentille avait disparu et le combat s'engagea, féroce. Harry aurait cru que les sylphes combattraient grâce à la magie, ils n'en firent rien. Rabattant leurs ailes, ils s'engagèrent dans des combats au corps à corps avec les vampires à l'aide de sabres effilés dont la lame, supposa Hermione, devait être enduite d'une potion allium intensus, vu la manière dont les vampires tombaient en cendre au moindre coup. Ils virent des sylphes mourir sous les coups des vampires qui leur brisaient la nuque mais ils n'eurent pas à faire face seuls très longtemps.
Les professeurs de Poudlard s'engagèrent dans la bataille avec une force inouïe, usant de sortilèges puissants pour détruire leurs adversaires. Le combat dura de longues minutes, jusqu'à ce que plus un seul vampire ne subsiste et que les sorts arrêtent de fuser. Déjà, un faible vent balayait les cendres des vampires vaincus, et les sylphes rassemblèrent leurs morts : une vingtaine de sylphes et sylphides avaient perdu la vie dans la bataille.
Hermione émit un étrange glapissement et commença à sangloter, la tête entre ses mains. Ron hésita un instant puis passa un bras autour de ses épaules pour la réconforter. Elle se laissa aller contre lui en gémissant doucement, alors qu'il ne parvenait pas à détacher son regard de ceux qui étaient morts. Ginny avait serré les poings et la mâchoire pour retenir ses larmes et Neville et Harry échangèrent un regard. Harry n'aurait su dire pourquoi mais de voir le visage de Neville aussi grave lui fit penser qu'ils réagissaient de la même manière, en eux, à cette peine. Il hocha à peine la tête, sans trop savoir ce qu'il voulait dire, et Neville répondit de même avant qu'ils ne regardent de nouveau au dehors.
Quelques sylphes avaient entouré leurs morts, déployant leurs ailes. Parmi eux, Harry sut reconnaître Luclam, Colscar et Libéselle, les sylphes qui veillaient sur eux. Ils tendirent leurs mains au dessus des morts en battant des ailes et une fine poussière brillante se déposa sur les cadavres et les engloba. Bientôt, ils ne virent plus rien de ce qui se passait à l'intérieur du cercle et, lorsque la poussière se dissipa, les corps avaient disparu.
Titubant légèrement, ils allèrent s'asseoir dans les fauteuils entourant la cheminée, sauf Harry qui resta debout et Ginny qui se laissa tomber au bord de la cheminée. Un long moment passa sans que personne ne parle.
- Personne ne saura, murmura Hermione. Les sylphes, les professeurs et nous, nous saurons ce qui s'est passé cette nuit, mais les gens ne sauront jamais que des sylphes sont morts pour eux.
- Et maintenant ? souffla Ginny. Que va-t-il se passer ?
- Un autre combat se prépare, dit Harry. Et nous serons prêts pour celui-là.
- Il pourrait attaquer tout de suite, remarqua Neville d'une voix tendue.
- Non, répondit Harry avec une telle assurance que cela surprit ses amis. Il attendra demain. Il voudra frapper au plus tôt mais il souhaite aussi que nous ayons tout notre temps pour comprendre que nous n'avons plus de protection, nous rendre compte des morts et savoir qu'il attaquera bientôt. Il aime sentir la peur monter chez les gens.
- Comment peux-tu savoir ça ? demanda Ron d'une voix rauque.
Harry soupira.
- J'ai eu le temps de comprendre certaines choses lorsque je ne maîtrisais pas l'occlumancie, et lorsqu'il est entré en moi, au ministère... nous ne faisions qu'un. Tout comme j'étais lui lors de mes visions, alors je sais que c'est ce qu'il va faire. Et Dumbledore le sait aussi, il semble assez bien le connaître.
- Alors tu as raison, Harry, déclara Ginny en se levant, l'air déterminé. Nous serons prêts à nous battre.
- Certainement pas toi ! s'écria Ron avec colère.
- Tu crois vraiment ? Si Dumbledore vous écoute et dit aux autres élèves qu'un combat se prépare, je t'assure que tu seras surpris du nombre d'élèves qui vont se lever pour se proposer à aider. Dumbledore refusera ceux qui ne sont pas majeurs, c'est certain, mais crois-moi, nous serons à vos côtés.
Harry sourit à Ginny.
- Je pense aussi que Dumbledore aura du mal à retenir certains d'entre vous, il aura trop à faire de son côté.
- Nous sommes en guerre, dit Neville en fixant le feu, les yeux plissés. Nous avons déjà combattu, lorsque nous étions au ministère, nous nous battrons encore. Quoi qu'il puisse advenir, nous lutterons contre eux.
Harry hocha la tête et regarda à son tour le feu en songeant à quel point les événements les avaient tous changé, surtout Neville, mais il se rendit compte que tous avaient eu l'occasion de le faire... peut-être même avaient-ils trop changé.
- Nous avons tous les cinq assistés à ce combat et nous serons les seuls de l'école, remarqua Hermione en les regardant les uns après les autres. C'est une peur et une douleur que nous avons partagées.
- Que nous le voulions ou non, cette nuit nous a uni plus que jamais, ajouta Ginny en hochant la tête.
Elle eut un rire nerveux.
- Nous serons les cinq branches du pentacle, symbole de l'unité des sorciers.
Ils n'avaient plus qu'à aller se coucher et attendre un lendemain qui s'avérait long et dont ils espéraient voir le jour suivant se lever. Hermione retint Harry avant qu'il ne monte, elle semblait un peu gênée.
- Harry... Je ne suis pas sûre de devoir te le dire mais tant pis. Séléné n'est pas dans le dortoir, elle s'est éclipsée avant que McGonagall n'arrive.
Harry se contenta d'hocher la tête et alla se coucher. Contrairement à ce qu'il avait cru, le sommeil l'emporta immédiatement sans le troubler du moindre rêve.
(à suivre...)
chapitre 15 : Mise en place de la défense.
