Alors, qu'est-il arrivé à notre petit Lupin ? Ben vous allez le savoir, quoi que... En fait, je crois que vous allez avoir beaucoup de mal à comprendre de quoi il retourne, mais bon, c'est le but de la manœuvre :-D Ah oui ! Je me suis aussi rendue compte d'un oubli, en effet, quel intérêt pour les trois de se rendre à la BASE pour faire des recherches sur le miroir de Parenze alors qu'ils pourraient demander à la salle va-et-vient ? La réponse dans ce chapitre. Lol, merci Diony, c'est en lisant un de tes chapitres que j'ai réalisé mon oubli.
Chapitre 18 : Père et fille
Le mois de novembre avait laissé la place à décembre, apportant une neige qui recouvrait d'un manteau blanc étincelant le château. Cela faisait maintenant près d'un mois que les recherches pour retrouver Lupin avaient été entamées... et étaient restées vaines. Ce qui était certain, c'était que Voldemort ne l'avait pas capturé, et cette certitude était autant rassurante qu'angoissante. Rassurante parce que Lupin n'étant pas entre ses mains, il n'avait à subir aucune torture, angoissante parce que le fait qu'il ait disparu pouvait laisser penser qu'il était mort durant la bataille et qu'on avait caché son corps.
- Je ne pense pas que ce soit possible, remarqua Hermione à cette dernière hypothèse alors qu'ils étaient une fois de plus réunis dans la salle sur demande. Qui aurait pu avoir la présence d'esprit de cacher son corps avec la bataille qui venait d'avoir lieu ? Ou même d'y penser.
- Pourquoi pas Séléné ? grommela Harry en lançant un sortilège d'entrave à une souris sans utiliser sa baguette.
Hermione fronça les sourcils.
- Je vous ai déjà dit que je ne la pensais pas capable de s'attaquer à son père, ni même de lui faire du mal.
- Parce que tu trouves qu'elle ne lui en a pas fait ? s'étouffa Ron. C'est sûr qu'il a dû être content d'apprendre que sa fille avait rejoint le pire sorcier de tous les temps ! L'homme à cause duquel lui et Tara ont été séparés !
- Séléné ignore l'histoire de ses parents, remarqua Hermione, comme elle ignore que Tara est revenue en Angleterre. Je voulais dire qu'elle ne pourrait pas lui faire du mal physiquement... Elle savait bien quel choc cela ferait à ce pauvre Lupin.
- Ouais, et vous savez quoi ? demanda Harry, le regard flamboyant. Une fille capable de faire ce genre de coup tordu à un homme aussi bon, généreux et gentil, qui s'avère être son père, est aussi intéressante qu'une pustule, quand on la regarde, on n'a qu'une envie, c'est de l'exploser.
Harry ne surprit pas le regard que se lancèrent Ron et Hermione tellement il était furieux. Ils avaient tous deux remarqué que leur ami devenait de plus en plus violent dans ses paroles lorsqu'ils abordaient le sujet de Séléné. Evidemment, ils ne pouvaient pas en deviner la véritable raison, ils pensaient que la disparition de Lupin en constituait une suffisante, et comme aucun d'eux n'avait songé à lui demander quel souvenir Harry avait choisi pour créer son patronus...
Il avait fallu au jeune homme le choc de la vision lors du match de Quidditch pour se souvenir comment il avait engendré un si puissant patronus. Les choses s'étaient enchaînées de telle façon qu'il n'avait pas eu le temps d'y repenser, mais cette nouvelle et étrange incursion au-dessus de la plaine lui avait tout remis en mémoire.
Il avait tellement de souvenirs heureux en lui : les moments passés avec Ron et Hermione, ou avec Sirius, les matchs de Quidditch, les victoires à la coupe des maisons ; alors pourquoi avait-il fallu que ce soit ce fichu rêve qui prenne le pas sur les autres ? Ça n'avait été qu'une illusion, peut-être intense et vive, mais juste une tromperie de plus dans sa relation avec Séléné. Ce n'était pas contre elle qu'il était si enragé mais contre lui, comme l'avait si bien compris Ginny.
D'un autre côté, cette colère refoulée lui permettait d'accomplir des merveilles dans l'apprentissage de la magie sans baguette. En plus du patronus et du sortilège de désarmement, il maniait à présent avec facilité ceux d'entrave et de réduction. Mieux encore, il s'était rendu compte qu'en apprenant à canaliser sa colère pour la transformer en énergie magique, il apprenait à contrôler son esprit. De cette façon, il se préparait aussi bien aux combats physiques qu'à son projet d'intrusion mentale.
Il semblait bien que le combat pour Poudlard et la disparition de Lupin avait eu un même effet de détermination sur Hermione. Désormais, la fumée verte occupait les trois quarts du tube à chaque séance et gagnait de plus en plus de terrain – alors que Ron semblait opposer plus de volonté que jamais, comme si sa vie en dépendait.
Harry était plongé dans un des livres sur l'influence des rêves lorsqu'il fronça soudain les sourcils et se tourna vers Hermione et Ron, qui étaient en train de retirer les fils du doseur de volonté après leur entraînement.
- Je viens de penser, puisque cette salle peut tout permettre, pourquoi ne pas lui demander de la documentation sur le miroir de Parenze ?
Hermione secoua la tête.
- J'ai essayé l'an dernier et ça n'a pas marché, ce qui est compréhensible. Certains livres et documents sont protégés pour éviter que n'importe qui y ait accès. Tous les bouquins que nous trouvons ici sont toujours des livres de grande distribution ou non protégés.
- Ça ne veut pas dire qu'on ne trouvera rien à la BASE ? demanda Ron. Ces livres sont à la disposition de tous.
- Il est interdit de sortir les ouvrages de la BASE, expliqua Hermione, ils sont tous protégés en ce sens, pour la simple et bonne raison que chaque livre est unique et original là-bas. Si nous ne trouvons rien à la BASE, c'est qu'on ne pourra trouver aucune information en Angleterre.
- Tout de même, si le miroir de Parenze est un fait magique de la même nature que celui des métamorphomages, comme le dit Tara, pourquoi n'y a-t-il aucune information accessible à ce sujet ?
- Tara nous a dit que le miroir de Parenze était extrêmement rare, rappela Hermione, ce qui pourrait l'expliquer.
- Mais dans ce cas, pourquoi se serait-il réveillé avec moi et Séléné ? s'exclama Harry.
- C'est ce que nos recherches doivent nous dire, lui fit remarquer Hermione. Ça, et à quoi correspond ce pouvoir partagé entre toi et Séléné, la manière dont vous êtes sensés vaincre les mages noirs.
- Et plus encore, murmura Harry.
- Pardon ?
- Je suis en train de penser à la prophétie de Tara, dit-il en plissant des yeux. C'est peut-être pousser loin la réflexion, mais je suis en train de me demander pourquoi elle parle de la fin de tout, alors qu'il ne devrait s'agir que de celle des mages noirs ?
Ron lui lança un regard sceptique.
- On dirait que tu déteints sur lui, Hermione, remarqua-t-il.
- Pourquoi penses-tu à ça, tout à coup ? demanda Hermione.
- Depuis quelques temps, je me pose de plus en plus de questions, avoua-t-il. Si ces prophéties me concernent, je devrai être capable de totalement les comprendre, il me semble.
- Oui, mais bon, il ne faut pas non plus que tu avances trop d'hypothèses, dit Hermione, tu finirais par perdre les bonnes interrogations. Pour ce que tu viens de dire... Je suppose que ça signifie que votre pouvoir peut détruire tout ce qui a attrait aux mages noirs, et pas seulement eux. Peut-être ceux qui les ont volontairement aidés ou ce genre de chose.
En marchant dans le couloir, Harry était encore perdu dans ses pensées alors qu'Hermione lisait les pages intérieures de la Gazette – qu'elle n'avait plus le temps de lire en entier lors du petit déjeuner puisqu'ils venaient également s'entraîner le matin, avant les cours.
- Ginny sort de l'infirmerie demain matin, annonça Ron à Harry. On va pouvoir reprendre des séances d'entraînements normales.
- Oui, nous nous sommes bien débrouillés sans elle, alors lorsqu'elle sera là, nous ne craindrons plus aucune équipe. Ginny est une excellente attrapeuse.
- Tu es souvent allé la voir à l'infirmerie, non ? demanda Ron avec un sourire innocent.
Mais le visage de Harry s'assombrit.
- J'ai une part de responsabilité dans le fait qu'elle ait dû rester un mois coincée chez Mme Pomfresh... Et puis je lui apportais des nouvelles de ce qui se passait.
- Alors tu vas pouvoir lui en annoncer une excellente, remarqua la voix d'Hermione derrière eux.
Elle s'était arrêtée au beau milieu du couloir, les yeux écarquillés sur un article des pages centrales, comme si elle n'en revenait pas de ce qu'elle lisait. Harry et Ron revinrent sur leurs pas et regardèrent l'article qu'elle leur indiquait.
- Un vol de mandragore dans une serre ? dit Ron en regardant Hermione comme si elle était devenue folle. Quel intérêt ?
- Tu as vu qui a signé l'article ?
- Jean Lamare ! s'exclama Harry. Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
- Facile, il annonce discrètement son retour, remarqua Hermione, rayonnante. Quel soulagement pour l'Ordre.
- Super, il va pouvoir s'inquiéter avec nous pour Lupin, répondit lugubrement Harry.
Le château était plongé dans l'obscurité et il n'y avait pas âme qui vive dans les couloirs, même Rusard se tenait tranquille dans sa loge en compagnie de miss Teigne et Peeves s'appliquait à mettre de l'encre sur les sièges de la salle d'histoire.
Une ombre fugitive vint troubler les ténèbres immobiles, elle avançait lentement, prudemment, les sens aux aguets. Arrivée devant le hall, Séléné respira profondément, son regard devint vide et ses muscles se relâchèrent. Elle resta un moment ainsi puis courut dehors jusqu'à la forêt sans que Rusard la voie. Elle ne s'arrêta qu'une fois passé le rempart des arbres pour reprendre son souffle puis se retourna en levant sa baguette pour lancer un sortilège d'obstruction qui effaça ses pas dans la neige.
La jeune fille leva les yeux vers le ciel, où la lune en était à son premier quartier, avant de s'enfoncer très profondément dans la forêt jusqu'à un énorme rocher. Là, elle leva de nouveau sa baguette et lança le sortilège de lévitation. Un passage apparut sous le roc, dans lequel elle pénétra pour se retrouver immédiatement dans une petite caverne où on pouvait voir des fioles à terre et un lit sur lequel reposait un homme. Elle s'approcha de lui en faisant apparaître de la lumière au bout de sa baguette.
- Tu n'aurais pas dû venir, remarqua une voix sortie du néant qui ne surprit pas la jeune fille.
- Je le sais bien, répliqua-t-elle d'un ton las en posant sa baguette illuminée à côté de la tête de l'homme, révélant les traits détendus de Remus Lupin. Mais je n'y peux rien.
Elle posa sa main sur le front de son père et resta un instant ainsi avant de dégager certaines mèches d'un geste doux. L'homme n'eut pas la moindre réaction, son sommeil était de toute évidence artificiel.
- Si jamais Il le découvre, tout sera perdu, insista la voix.
- Je t'en prie, soupira Séléné. Il ne le saura jamais et j'avais besoin de le voir. Où en es-tu ?
- Encore quatre nuits et j'en aurai fini avec lui... Mais je suppose que tu vas me demander d'attendre.
- Offre lui la pleine lune, supplia Séléné à voix basse en se tournant vers l'endroit vide d'où venait la voix. Laisse le l'admirer une fois dans sa vie.
- Je ne peux pas faire ça, répliqua la voix, offensée. J'ai déjà trahi les miens en te proposant mon aide, je ne peux aller à l'encontre de...
- Je le fais tellement souffrir, l'interrompit la jeune fille, les yeux brillants, en caressant les joues de Lupin. Il est si bon, je le sais. J'ai tellement douté les jours où nous avons appris à nous connaître, j'aurai tellement voulu rester avec lui...
- Tu peux encore tout arrêter, remarqua la voix. Il ne tient qu'à toi de choisir.
- Non. Je suis allée trop loin, et puis c'est nécessaire, tu le sais aussi bien que moi. Un jour, ils comprendront, lui et les autres, mais me pardonneront-ils ? Tout aurait été si simple si nous avions pu vivre ensemble, si j'avais grandi entourée de son amour et sûrement de celui de ma mère...
- Aujourd'hui, les choses sont ainsi, on ne réécrit pas le passé mais tu as tracé ton futur en choisissant toi-même ta voie. Jamais nous ne pourrons vraiment retourner auprès des nôtres, toi comme moi, nous sommes allé trop loin, comme tu le dis, mais nous avons choisi.
Séléné hocha la tête.
- Oui, cela, ils le comprennent déjà, mais le jour où... Tant pis, je ne regrette rien, c'est nécessaire... nécessaire... La lui offriras-tu ?
Un soupir résigné emplit la grotte.
- Je lui offrirai la pleine lune, mais je ne pourrais le faire qu'une fois, c'est un effort épuisant.
- Merci.
La jeune fille se leva et déposa un baiser sur le front de son père.
- Pardonne-moi, murmura-t-elle. Un jour, tu sauras, et ce jour-là, tu diras que mon choix était le bon. Je sais que tu pourras me pardonner et me rejoindre. Ton cœur me le dit, aussi pur que le cristal.
Une larme tomba sur les cils de Lupin et elle s'éloigna de lui en récupérant sa baguette.
- Bonne chance, dit-elle d'une voix rauque.
- Pour ne pas te servir, Séléné la subtile, répondit la voix.
Séléné ressortit dans l'air frais de la nuit et prit une inspiration tremblante en séchant ses pleurs. Son regard se porta sur le château alors qu'elle revenait sur ses pas et, de nouveau, un sourire se dessina sur ses lèvres.
- Ne t'inquiète pas mon amie, j'irai au bout de ce en quoi je crois.
Une semaine avant Noël, les élèves ne parlaient plus que de ce qu'ils allaient pouvoir raconter à leurs parents en rentrant chez eux. Ils étaient fiers d'avoir combattu et d'avoir aidé à la victoire et ils voulaient que leurs parents soient également fiers d'eux.
En ce qui concernait Séléné, la suffisance dont elle avait jusqu'alors fait preuve en présence de Harry lorsqu'ils se retrouvaient seuls semblait s'être évanouie. Elle ne parlait plus beaucoup et, lorsqu'elle était sûre que personne ne pouvait la voir, son visage se décomposait pour ne plus laisser apparaître que de l'inquiétude et de la contrariété.
Cela se ressentait surtout lors des cours de Rogue. Si le professeur des potions n'avait rien perdu de la hargne qui l'habitait depuis le début de l'année – celle-ci semblait même avoir triplé – le regard que Séléné lui portait était passé du sarcasme à la préoccupation, ce qui n'avait pas échappé à Harry.
- J'ignore à quoi elle joue, dit-il un jour à Ron et Hermione. Je donnerai n'importe quoi pour comprendre ce qui se passe entre Rogue et elle.
- C'est vrai que c'est étrange, reconnut Hermione en installant le doseur de volonté, surtout qu'elle semble avoir trouvé la corde sensible de Rogue, mais où veut-elle en venir... Elle souhaite le pousser à bout en tous cas.
- Mais dans quel but ? s'interrogea Ron. Elle croit que Rogue est de son côté, sinon, ça ferait belle lurette que Vous-Savez-Qui se serait chargé de son cas, mais à force de l'énerver, il risquerait de commettre une faute en tant qu'espion de Vous-Savez-Qui, non ? Vous croyez que c'est son nouveau maître qui l'a chargée d'une mission ?
- En tous cas, elle jouit d'une grande liberté de mouvements, c'est certain, remarqua Hermione. Beaucoup plus importante que pour les autres Mangemorts.
- N'oublie pas qu'elle n'est pas une simple Mangemort mais la filleule de Voldemort, grogna Harry d'un ton maussade.
- Je me sens en forme aujourd'hui, déclara Hermione. Je sens que ça va marcher. Ron ?
- Ouais, je suis prêt, grommela le jeune homme d'un ton peu rassuré.
- Legilimens !
Harry laissa son regard se perdre dans le vague, il n'avait pas très envie de s'exercer aujourd'hui. Dans une semaine, ils retourneraient au Square Grimmaurd pour les fêtes de fin d'année et pourraient se rendre à la BASE pour leurs recherches. Il espérait qu'ils trouveraient quelque chose au sujet du miroir de Parenze, quelque chose qui expliquerait les prophéties et qui expliquerait aussi comment une jeune fille comme Séléné, novice dans le monde de la magie, avait pu devenir si proche de Voldemort.
Ron poussa soudain un cri de frayeur et Harry tourna la tête pour voir la fumée rouge envahir entièrement le tube du doseur de volonté. Un sourire de triomphe apparut sur le visage d'Hermione avant qu'elle paraisse hébétée et baisse sa baguette d'un geste vif.
- J'y crois pas ! s'exclama Harry, affichant un large sourire. Hermione, tu es tout simplement... Ça ne va pas ?
Hermione était devenue entièrement rouge et fixait Ron – qui était tombé à genou sous l'effet du sortilège – avec des yeux écarquillés. Harry ne se souvenait pas d'un jour avoir vu les oreilles de son ami aussi rouges de sa vie. Il leva timidement le regard vers Hermione qui entreprit brusquement de ranger le doseur de vérité.
- Oui, j'y suis arrivé, répondit-elle à Harry d'une voix étrange. C'est génial... Bon, on reprendra demain, il faut encore que je me perfectionne, j'ai du travail à faire.
Et sans rien ajouter, elle sortit précipitamment de la salle. Harry tourna vers Ron un regard interloqué.
- Qu'est-ce qu'elle a ?
- Euh... Tu sais comment elle est, dit Ron en se forçant à sourire. Elle est tellement fière d'avoir réussi qu'elle ne veut pas trop nous montrer à quel point elle est contente... Hem... On y va ?
Harry suivit Ron en haussant les épaules. Hermione avait sûrement vu dans l'esprit de son ami quelque chose qu'elle n'aurait pas dû voir mais si Ron ne voulait pas en parler, ce n'était pas lui qui allait l'y forcer.
Hermione n'était pas dans la salle commune lorsqu'ils y entrèrent et Ron marmonna qu'il était fatigué et allait se coucher avant de prendre l'escalier des dortoirs, l'air penaud.
- Que lui arrive-t-il ? s'étonna Ginny alors que Harry s'asseyait sur une chaise, entre elle et Neville.
- Pas la moindre idée, avoua-t-il. De quoi parliez-vous ?
- De notre pentacle, répondit Ginny en souriant.
- On se demandait ce qui allait arriver maintenant, expliqua Neville. On ne comprend pas pourquoi Tu-Sais-Qui ne tente plus rien.
Harry les jaugea un instant.
- Je vais vous mettre au courant de quelque chose, mais il ne faudra en parler à personne.
Le jeune homme se sentait coupable d'écarter Ginny et Neville de ce que lui, Ron et Hermione avaient appris et il estimait que c'était la moindre des choses de les tenir un tant soit peu au courant vue leur implication. Aussi leur raconta-t-il ce qu'il savait au sujet du lien qui unissait toutes les victimes de Voldemort et de ses Mangemorts ces derniers temps.
- Une recherche du CRM ? dit Neville, interloqué. Que peut-il y avoir de si important là-bas ?
- Si seulement on le savait... soupira Harry.
- Surtout dans ce secteur, remarqua Ginny en haussant un sourcil. Mais j'espère qu'on va vite découvrir ce qu'Il fait.
- S'il s'agit de recherches sur la magie, elles excluent les Moldus, non ?
Harry fronça les sourcils, intrigué.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-il à Neville.
- C'est juste une remarque que je me faisais, dit-il en rougissant légèrement. On sait que Vous-Savez-Qui n'aime pas les Moldus... Ce n'est pas grave, je raconte des bêtises. Je vais me coucher moi aussi, bonne nuit.
Ginny se tourna vers Harry une fois qu'il fut parti.
- Neville ne cesse de m'impressionner depuis quelques temps, avoua-t-elle. Sa remarque mérite qu'on s'y attarde.
- Oui, il n'a pas tort, il pourrait y avoir un rapport.
Il plissa les yeux dans un effort de concentration, essayant de se rappeler une chose que Séléné lui avait dite tantôt, mais il ne parvint pas à s'en souvenir.
- Espérons qu'ils pourront nous éclairer au Square Grimmaurd.
Ginny hocha la tête et observa un instant Harry.
- Dis-moi, je me demandai si... Oh ! Regarde !
Elle se leva et ouvrit la fenêtre de la tour, un hibou s'engouffra dans la salle commune et laissa tomber une lettre sur les genoux de Harry. Il reconnut aussitôt l'écriture de Sirius et ouvrit la lettre avec avidité. Elle contenait une grande feuille entièrement vide sauf ces quelques mots énigmatiques : « Sers t'en si tu as besoin de moi... »
Ginny lança un regard intrigué à Harry.
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Je ne...
Le regard du jeune homme s'illumina soudain et il se leva d'un bond.
- Va chercher Hermione, Ginny, je reviens.
Il grimpa quatre à quatre les marches qui menaient au dortoir mais ouvrit la porte avec précaution. Dean et Seamus dormaient et Neville avait dû tomber sur son lit vu les ronflements qui provenaient de son coin. Il ouvrit sa malle et en sortit le plus silencieusement possible le miroir que lui avait donné Sirius deux ans auparavant. Il s'approcha ensuite de Ron et plaqua une main sur sa bouche pour l'empêcher de crier en se réveillant.
- Passe une robe de chambre et descends dans la salle commune, y'a du nouveau, lui chuchota-t-il.
A cette heure-ci, il n'y avait plus personne dans la salle commune, de sorte qu'ils étaient tous les quatre tranquille. Harry commença par regarder la lettre dans le miroir, mais rien n'apparut sur la glace que les quelques mots renversés.
- Je suis pourtant sûr qu'il y a un moyen de lire un message avec ce miroir, dit Harry en fronçant les sourcils.
Mais ils eurent beau retourner le papier dans tous les sens, le parchemin resta désespérément vierge. Enervé, Harry posa le miroir sur la table en laissant tomber la lettre par-dessus. Le papier fut aussitôt absorbé par la surface lisse et les quatre amis se regardèrent. Prudemment, Harry reprit le miroir et regarda dedans, un message était en train de s'y inscrire.
Salut Harry
Tu vois, ton père et moi avions plus d'un tour dans notre sac pour communiquer. Mais je vais aller droit au but. On a retrouvé Remus ! Il n'y a pas même une heure, un peu sonné, mais conscient et en excellente santé, je peux vous l'assurer. C'est un soulagement incroyable après le retour de Jean, même si c'est extrêmement surprenant.
- Pourquoi surprenant ? s'étonna Ron.
Hermione déglutit avec peine et montra le ciel par la fenêtre.
- C'est la pleine lune, Ron. Que dit-il ensuite ?
Vous n'allez pas le croire, mais il errait non loin du quartier général de l'Ordre. C'est Mondingus qui l'a repéré et nous l'a ramené. Il ne savait plus très bien où il en était et ça se comprend. Il semblerait qu'il ait été drogué pendant un moment, mais il est surpris – tout comme nous vous le pensez bien ! – de ne pas s'être transformé en loup-garou cette nuit.
Son ravisseur – dont on ignore toujours l'identité – avait laissé un mot dans une de ses poches, comme quoi il ne devait pas se faire d'illusion et qu'il était toujours un loup-garou mais que cette nuit lui était offerte.
Malgré l'étrangeté de la situation, il est figé devant la fenêtre et regarde la pleine lune, je sens qu'on ne le fera pas bouger de toute la nuit, il a l'air si heureux. Mais il ne se souvient de rien.
Il poursuivait un vampire quand il a entendu une voix prononcer une incantation puis il se voit dans les rues de Londres. Tout ce qui s'est passé entre deux ne semble pas exister pour lui, comme s'il avait dormi tout ce temps.
Je ne vous cache pas notre perplexité, ici. On a fait des vérifications qui ont prouvé qu'on n'avait appliqué aucun sort durable sur lui et il n'a aucune blessure. On a l'impression que quelqu'un s'est contenté de le faire dormir pendant un mois avant de le relâcher. Cette affaire est inquiétante mais, pour le moment, nous nous contentons de nous réjouir de son retour.
Vous verriez Tara ! Je ne l'ai jamais vu aussi soulagée, elle en pleurait presque, et je dois bien admettre que je n'étais pas loin de son état. On peut dire que Remus nous aura fichu une sacrée frousse.
A dans une semaine !
Sirius
- Ça se voit qu'il est soulagé, dit Harry en souriant, sentant un poids terrible se retirer de ses épaules.
- Qui ne le serait pas ! s'exclama Ginny, radieuse. C'est magnifique !
- C'est même mieux que ça, souffla Ron de satisfaction. Sirius a raison, on s'est fait pas mal de bile pour Lupin.
- Mais c'est sûr que cette histoire est quand même étrange... remarqua Hermione.
Le soulagement était visible chez les quatre jeunes gens. Même Ron et Hermione avaient oublié pour un temps l'incident de la légilimancie. Même si la question de l'étrangeté – et surtout de l'intérêt – de cet enlèvement restait obscure, ils préféraient profiter de la détente qu'apportait cette bonne nouvelle après un mois d'angoisse.
(à suivre...)
Quand ça ? Et pk pas maintenant ?
