Le plus long chapitre que j'ai jamais posté ! Mais il en vaut la peine je crois

Ouh là ! le chapitre que tout le monde attend, j'espère que je ne vous décevrai pas vu le temps qu'ils ont mis avant d'y parvenir lol. Voici les résultats de la légilimancie, parmi lesquelles ma version de ce qui s'est passé dans la jeunesse de Rogue (je dis jeunesse parce qu'il n'était déjà plus un gamin). Je n'ai pas été très tendre avec lui mais aux vues de ce que certains lui font subir dans leur fic ou alors à Remus, j'ai été angélique mdr !

Chapitre 23 : Le secret de Rogue

La disparition de Sirius n'avait en rien émoussé le désir des trois jeunes gens à se servir de la légilimancie, bien au contraire d'ailleurs. Ils étaient plus déterminés que jamais, persuadés que les réponses à leurs questions se trouvaient dans l'esprit de Séléné.

Allongé sur son lit, les mains croisées derrière la tête, Harry regardait son baldaquin en réfléchissant à la manière dont la légilimancie se manifestait. En temps normal, les souvenirs arrivaient par à coup, sans qu'il puisse contrôler ce qu'il voyait – ce qui s'était passé l'année précédente à chaque fois que Séléné avait subi le Legilimens – et il n'avait jamais réussi à faire vraiment le tri dans les informations qu'il recevait.

Il se demandait si l'évolution du lien magique qui les unissait n'allait pas modifier également cette perception ; avec de la chance, il aurait accès à des images plus ordonnées.

Il consulta sa montre. Ron et Hermione avaient déjà dû aborder Séléné à cette heure-ci, mais où en étaient-ils ? Hermione pourrait-elle agir sans se faire repérer ? A moins que...

Dans une pièce meublée sommairement, Séléné est assise face à Voldemort, ils discutent.

- Ils ne me feront jamais confiance mais je n'ai pas besoin d'eux pour observer ce qui se trame là-bas, remarque calmement Séléné.

- Je préfère m'assurer par deux personnes, répond Voldemort en hochant la tête, et ton audace nous sera sans aucun doute très utile à un moment ou à un autre.

- Elle vous sera utile, rectifie Séléné, vos Mangemorts doutent grandement de moi, comme vous le savez, et ils n'attendent qu'une occasion de me confondre en votre présence... S'ils n'avaient pas si peur de moi, j'aurai dû éviter plus d'Avada Kedavra que vous n'avez d'ennemis, monsieur, ajoute-t-elle en souriant largement.

- Dans la mesure où je sais que tu peux te débrouiller face à eux, cela n'est pas gênant.

Il ferme les yeux et relève un peu la tête comme s'il sentait quelque chose.

- Sa haine à ton égard est telle, chère Séléné. On m'a haï bien des fois mais tu n'as pas ton pareil pour contrôler les sentiments des gens. Cette envie de vengeance qui bout en Harry Potter devrait suffire à mes Mangemorts s'ils étaient capables de savoir ce qu'il ressent.

Séléné éclate d'un rire narquois.

- Harry a été trop facile à berner ! s'exclame-t-elle. Il ne m'a servi que d'amuse gueule...

La jeune fille se trouve dans la forêt interdite, seule. Il ne semble pas faire froid vu ses vêtements mais le mugissement du vent transperce les arbres. Elle parle. A qui ? Il n'y a personne avec elle.

- Nous allons devoir jouer serré, dit-elle. Il ne va pas être simple de se charger d'eux.

Un silence.

- Oui, ce sera le meilleur moment, poursuit-elle comme si elle répondait à quelqu'un, mais nous ne pourrons nous charger que d'un... Mon père viendra sûrement, il sera affaibli par la pleine lune, il nous sera plus facile de nous occuper de lui.

Nouveau silence.

- Il serait risqué de nous attaquer aux deux en même temps. C'est trop important pour que nous laissions au hasard quoi que ce soit, nous trouverons un autre moment, fais-moi confiance. Pour les deux autres, je sais exactement à qui je vais demander de l'aide, mais il aura besoin de toi.

Le vent souffle de plus en plus fort mais l'endroit où elle se trouve est protégé par les arbres.

- Je ne sais pas comment nous allons nous y prendre dans son cas, remarque-t-elle, l'air soucieux. Je profiterais de mon voyage à Noël pour tenter de... Elle marque une pause. Evidemment, il faudra que tu te renseignes du mieux que tu pourras, ils ont forcément fait des recherches de leur côté. Le plus important, c'est que nous parvenions à avoir les cinq en notre possession.

Elle fait quelques pas, un pli d'inquiétude sur le front.

- Ne pas avoir cet élément constitue un problème crucial, mais nous devons régler chaque problème en son temps. Nous savons ce dont nous avons besoin, alors nous allons le leur prendre. Je sais que le rituel est long et c'est la raison pour laquelle nous nous chargerons des deux autres en même temps, il ne faut pas leur laisser le temps de se rendre compte de leur disparition...

Dans un couloir obscur du château, le professeur Rogue avance à pas vifs mais s'arrête brusquement. Devant lui, Séléné attend, les bras croisés, adossée au mur, et lui adresse un charmant sourire.

- Que faîtes-vous ici ? demande sèchement Rogue. Les élèves n'ont pas à se promener dans les couloirs à des heures si tardives.

- Vous voulez enlever des points à Gryffondor, Severus ? demande Séléné sans se départir de son sourire. A moins que vous ne vouliez me mettre une retenue ?

Le professeur ne répond pas.

- Non, vous préféreriez sans doute qu'un autre professeur me surprenne, mais cela n'arrivera pas.

- Je me disais juste qu'il n'était pas très prudent de venir me parler ainsi, dit Rogue d'un ton de fausse patience.

- Vous savez pourtant que mon pouvoir me permet de savoir si quelqu'un approche ou non, alors détendez-vous mon vieux, détendez-vous. En fait, c'est justement de mon pouvoir dont je souhaiterai vous entretenir, ajoute-t-elle d'une voix soudain devenue inquiétante. Que savez-vous au sujet de l'empathie ?

- Autant que tout le monde, répond Rogue avec prudence.

- Autant dire que vous ne savez rien, remarque Séléné en levant brièvement les yeux au ciel. Vous ignorez par exemple ce qui se passe chez les gens qui refoulent trop leurs sentiments.

Rogue tremble maintenant, de colère, mais aussi de peur.

- Je suis beaucoup plus sensible aux personnes qui s'intériorisent, poursuit Séléné, leurs souvenirs sont tellement liés à leurs sentiments les plus puissants qu'ils finissent par enfouir au plus profond d'eux-mêmes les secrets de leur propre vie. Heureusement que je suis là.

Sans crier gare, elle avance brusquement la main vers le bras de Rogue et l'enserre fermement en plongeant ses yeux dans les siens. Entraînée dans une espèce de tunnel, elle semble traverser sa pupille et se retrouve en marche vers une maison tenue à l'écart d'un village. Il s'agit en réalité de Rogue – il a aux alentours de seize ans.

Il pousse la porte et entre la mine maussade avant de se figer. Du vestibule d'entrée, il peut voir un couloir et, sur les murs, une traînée de sang séché.

Il lâche le sac qu'il tient à bout de bras et se précipite dans le couloir pour passer une main tremblante sur le mur. Pas de doute, il s'agit bien de sang. Tremblant, la respiration haletante et le pouls nerveux, il suit le couloir d'un pas lent, inquiet de ce qu'il va trouver au bout. Il arrive dans un salon dévasté. Les meubles sont fracassés au sol et des giclées de sang parsèment les murs, mais il n'a d'yeux que pour la forme inanimée couchée au sol.

Pétrifié un moment, le regard horrifié, il s'élance soudain vers le corps et l'attrape dans ses bras en sanglotant et en secouant la tête. Il s'agit d'une femme aux cheveux noirs, le visage si blanc et les yeux ouverts de telle sorte qu'aucun doute n'est possible.

- Non, non, gémit Rogue. Maman ? Maman réveille-toi... Réveille-toi ! Je... Je vais chercher des potions... Je...

Mais il ne bouge pas, il reste à pleurer en serrant contre lui le cadavre de sa mère. Des bruits de pas résonnent derrière lui et un homme au nez crochu le tire brusquement en arrière.

Un flash éblouit la jeune fille.

Le lieu est le même, mais il n'y a plus de trace de sang et les quelques meubles sont intacts. Rogue est encore là, debout au milieu de la pièce, mais il est plus âgé, il doit avoir une vingtaine d'année. La respiration lente, la baguette pendant au bout de son bras, il regarde d'un œil vide un autre corps allongé à terre. Il est inquiétant, à rester ainsi figé, comme s'il était devenu complètement fou.

Quelqu'un tambourine à la porte avec force puis l'ouvre avec violence pour se précipiter dans le salon. L'homme s'arrête sur le seuil de la pièce et regarde d'un air horrifié la scène qui s'offre à lui.

- Severus ! Qu'est-ce que tu as fait ? s'exclame-t-il, alarmé.

Rogue retrouve brusquement ses esprits et son visage exprime de la haine.

- Que fais-tu ici ? s'écrit-il. Sors ! Sors de chez moi !

- Nous pouvons t'aider Severus, répond rapidement l'homme. Nous sommes là pour ça. Tu ne seras pas puni pour ce que tu viens de faire, je te le promets, mais tu as besoin d'aide... Pose cette baguette, allez, donne la moi, Severus.

Mais Rogue la pointe sur lui avec rage et il ne se risque pas à avancer davantage.

- Que peut valoir une promesse de ta part, Potter ? rugit Rogue. Tu n'aurais jamais dû voir ça ! Tu ne devrais pas être là ! ENDOLORIS !

- Protego !

Le sort est dévié mais Rogue profite de la diversion pour sortir de la maison et court à travers les rues un bon moment, très longtemps, sans répondre aux cris lancés par James Potter derrière lui.

Il ne s'arrête qu'au bout de plusieurs minutes, la gorge en feu et les yeux brûlants de ses larmes de rage. Un claquement sec retentit près de lui et...

Harry se retrouva soudain dans son lit, le visage inondé de sueur froide. Il se redressa lentement, sa tête lui tournait et il n'était pas encore certain de ce qu'il venait de voir. Ron et Hermione arrivèrent quelques minutes plus tard, mais Harry n'était toujours pas parvenu à se lever de son lit.

- J'espère que ça a marché, dit Ron d'une étrange voix avant d'observer Harry avec inquiétude. Qu'y a-t-il ?

- Qu'est-ce que tu as vu ? lui demanda Hermione en s'asseyant à côté de Harry.

Le jeune homme secoua la tête pour se remettre les idées en place, soulagé d'entendre les voix de ses amis.

- Je... Je ne suis pas très sûr, balbutia Harry.

Il leur raconta la dernière scène à laquelle il avait assisté.

- Rogue ? Et ton père ? dit Hermione qui avait soudain pâli. Tu es sûr ?

- Oui, mais je n'ai pas tout compris. C'était... tellement puissant... Il n'y avait pas que les images, je... je ressentais ce que ressentait Rogue. J'étais en lui... Ou plutôt Séléné était en lui et le Legilimens m'a transmis toutes ses impressions.

- Ce qui signifie que vos pouvoirs ont en effet modifié ce sortilège de l'un à l'autre, comme nous le pensions, releva Hermione.

- Tu te sens mieux ? s'inquiéta Ron.

- Oui, dit sincèrement Harry. Les effets se dissipent je crois, mais j'aimerai comprendre de quoi il retourne.

- Je nous vois mal aller poser des questions à Rogue, répondit Ron en roulant des yeux.

- Non, mais Tara pourrait nous renseigner, intervint Hermione. Vous vous souvenez de ce qu'elle nous a dit cet été ? Les parents de Rogue ne sont pas morts en même temps, nous pourrions lui demander.

- Avec elle, on ne risque pas grand-chose, reconnut Harry. Je sais même qu'elle n'ira pas répéter à Dumbledore ce que nous avons fait. Mais comment la contacter ? L'idéal, ce serait d'utiliser de la poudre de Cheminette, mais encore faudrait-il que nous nous en procurions.

- Il y en a dans la réserve de Rogue, leur annonça Hermione, je me souviens en avoir vu quand nous étions en seconde année et que j'ai été lui voler des ingrédients pour le polynectar.

- Il ne sera pas à une fois de plus, remarqua Ron, mais comment faire pour lui en prendre ?

- Dobby ira pour nous, déclara Harry. Il m'a déjà aidé pour les tournois des trois sorciers, je suis sûr qu'il voudra bien faire ça pour moi et il ne risque rien. Il est assez petit pour ne pas se faire repérer.

Hermione hocha la tête puis lança un regard interloqué à Harry.

- Tu n'as vu que ça avec tout le temps qu'on a mis à ta disposition ? s'étonna-t-elle.

- Non, j'ai assisté à deux autres scènes avant : un tête à tête entre Séléné et Voldemort sans intérêt et... une sorte de monologue dans la forêt.

Après que Harry leur eut rapporté ce dont il se souvenait, Hermione prit une mine pensive.

- Si on en doutait encore, grommela Ron, voilà bien la preuve qu'elle est mêlée à la disparition de Sirius.

- Et qu'elle a l'intention de s'en prendre à trois autres personnes, dit Hermione en réfléchissant. Il faudrait savoir qui. Sûrement d'autres membres de l'Ordre.

- Il faudrait surtout savoir ce qu'elle fait ! répliqua Harry. Elle dit vouloir prendre quelque chose à chacune de ses victimes, mais quoi ?

- Au moins, quel que soit le projet de Vous-Savez-Qui, elle ne peut pas le mener à bien, remarqua Ron. Puisqu'elle dit elle-même qu'il lui manque un élément crucial.

- Il lui manquait, rectifia Hermione en fronçant les sourcils. Nous ne pouvons pas savoir si, depuis, elle n'a pas résolu ce problème.

Il y eut un silence dans leur conversation.

- Je me demande où Séléné a bien pu aller pendant les vacances de Noël, dit enfin Ron.

- Et surtout si elle a trouvé quelque chose, mais nous ne pourrons sûrement pas le savoir. Le seul moyen serait de... recommencer notre plan.

Hermione avait dit les derniers mots à voix basse, l'air mal à l'aise et Harry les regarda avec surprise.

- Elle s'est rendue compte de quelque chose ? s'inquiéta-t-il.

- Non, elle était trop occupée à nous faire... certaines remarques, grommela Ron en détournant les yeux.

- Que vous a-t-elle dit ? demanda lentement Harry en sentant la colère monter en lui par anticipation.

- A propos de notre relation, elle a dit qu'elle était ravie qu'on ait enfin suivi son conseil, répondit Hermione d'un ton misérable.

Harry pesta en lui-même, voilà, elle l'avait dit.

- Peu importe ce qu'elle raconte, lança-t-il avec fougue. J'espère que vous n'allez pas prendre garde à ses paroles ?

- Je suppose qu'elle voulait juste semer le doute en nous, remarqua Hermione.

- Et on dirait qu'elle a réussi, répliqua Harry.

- Non ! Enfin... pas vraiment... dit Ron. Disons qu'elle n'a pas été tendre avec nous... Mais on sait bien qu'elle l'a fait exprès, ajouta-t-il précipitamment.

Harry eut beau tout tenter, il ne parvint pas à faire dire à Ron ou Hermione ce qu'il s'était passé en bas et peut-être en était-il mieux ainsi. Il sentait que la vérité l'aurait mis hors de lui. Heureusement, après un certain temps où régna un malaise entre Ron et Hermione, ils reprirent vite confiance en eux.

Deux jours plus tard, ils descendirent dans les cuisines pour aller voir Dobby. Malgré leur dernière visite, deux ans plus tôt, les elfes de maison les accueillirent à bras ouverts en leur proposant toute sorte de friandises, mais Dobby poussa un véritable cri de joie en les voyant arriver.

- Harry Potter, monsieur ! s'exclama-t-il. Dobby est heureux de vous revoir ! Et la jeune miss et le jeune whisky aussi !

- Euh... C'est Weasley, Dobby, rectifia Ron.

- Tu as l'air d'aller bien, remarqua Harry en souriant.

- Oh oui monsieur ! Dobby est plus heureux que jamais ! Dobby et Winky ne sont plus seuls maintenant !

Il pointa un doigt d'un air surexcité vers un autre elfe de maison qui les regardait avec timidité. Lui non plus n'avait plus l'habit des elfes de Poudlard. Il était vêtu d'un T-shirt ocre qui lui descendait aux genoux et d'un collant blanc d'enfant par-dessus lequel il avait passé une paire de chaussettes jaune clair. Ses habits étaient moins fantaisistes que ceux de Dobby, très discrets, et il était également beaucoup plus petit que l'ami de Harry.

- Suyvan a décidé d'être libre lui aussi ! s'écria Dobby d'un air ravi. Il a demandé au professeur Dumbledore à la fin de l'année dernière et le professeur a dit oui !

- C'est Dobby qui t'a convaincu ? demanda Hermione en souriant largement.

Le petit elfe hocha timidement la tête.

- Oui, miss, dit-il d'une voix très basse.

- Suyvan doit encore s'habituer, déclara Dobby, mais Dobby aide.

- Et Winky ? se renseigna Harry.

L'elfe prit un air affligé.

- Winky ne décroche plus et ne peut plus se passer de bièraubeurre, monsieur.

En disant cela, il leur désigna Winky, qui était assise au même endroit que la dernière fois où ils l'avaient vue dans la cuisine, dans la même position, une bouteille à la main.

- Oh non ! soupira Hermione. La pauvre !

- Winky ne s'y fera jamais, dit Dobby en secouant la tête.

Il retrouva soudain le sourire.

- Mais Harry Potter n'est sûrement pas venu juste pour avoir des nouvelles. Que puis-je faire pour Harry Potter ? Demandez, je peux tout pour monsieur, monsieur m'a libéré !

Ils entraînèrent l'elfe à l'écart et lui expliquèrent ce qu'ils attendaient de lui.

- Nous ne voudrions pas que tu ais des ennuis, Dobby, dit Harry, et si tu ne peux pas, ce n'est pas grave.

- Oh si monsieur ! Ce serait grave ! assura sérieusement l'elfe. Mais Dobby peut, Dobby a déjà fait. Ce soir, Harry Potter, ce soir Dobby amène la poudre de voyage !

- N'en prends pas trop, lui conseilla Hermione. On n'a besoin que d'une poignée, ça suffira. Autant éviter que Rogue s'en rende compte.

- D'accord miss, pas tout, juste ce qu'il faut.

Lorsqu'ils prirent congé après avoir encore un peu discuté, Suyvan leur adressa un signe de tête gêné et Harry remarqua que si la plupart des elfes l'évitaient autant que Dobby, deux ou trois le regardaient avec incrédulité et une pointe d'envie.

- Je vous l'avais bien dit que la présence de Dobby serait bénéfique aux elfes ! s'exclama Hermione, ravie.

- Comme toujours, on ne t'écoute pas assez, remarqua Ron en souriant.

Hermione rigola et lui adressa un clin d'œil.

- Je ne vous en veux pas trop, ne vous inquiétez pas. Bon, je vais à mon cours d'étude des runes. A tout à l'heure.

Elle déposa un rapide baiser sur les lèvres de Ron et s'éloigna en courant et en leur adressant un signe de main. Ron, le sourire aux anges, se tourna vers Harry.

- N'est-elle pas merveilleuse ?

- Extraordinaire, rigola Harry. On va voler un peu ?

- Je te suis !

En se rendant au terrain de Quidditch, ils parlèrent gaiement de choses et d'autres sans se soucier de leurs problèmes mais avant qu'ils ne sortent du château, Neville appela Harry. Il s'arrêta à côté d'eux, l'air gêné.

- Pardon de vous déranger mais est-ce que je pourrais te parler seul à seul, Harry ?

Les deux amis échangèrent des regards surpris.

- Ça ne prendra pas longtemps, assura le jeune homme.

- D'accord, je te retrouve au terrain, Ron.

Neville entraîna Harry dans un couloir en vérifiant que personne ne pouvait entendre.

- J'ai voulu t'en parler avant, commença-t-il, mais tu semblais si préoccupé au retour des vacances que j'ai préféré attendre. C'est... C'est au sujet de mes parents...

- Il ne leur est rien arrivé ? s'inquiéta Harry.

- Non, du tout. En fait, si je tiens à t'en parler, c'est parce que tu sembles être assez au courant de ce qui se passe en ce moment. Oh, bien sûr, Ron et Hermione aussi, mais comme tu... enfin, je préfère en parler avec toi.

Harry repensa à ce qu'avait dit Ginny au sujet de Neville. Elle avait raison, il devenait plus perspicace de jour en jour.

- En fait, c'est incroyable, mais il y a eu une évolution dans leur état.

- Une évolution ? s'étonna Harry, pas certain de bien comprendre.

- Oui, ils semblent... moins dans la lune, plus conscients de ce qui les entoure et... C'est peut-être juste parce que je l'espère mais j'ai eu l'impression que ma mère me reconnaissait lorsque j'ai été les voir pendant les vacances.

- Tu veux dire qu'ils sont en train de guérir ?

- Les guérisseurs l'ignorent, ils ne comprennent pas comment il se peut que leur état se soit modifié, mais...

- Mais ? demanda Harry.

- Il ne s'agit sûrement que d'une coïncidence mais les guérisseurs ont commencé à noter une modification de leur comportement en novembre... plus précisément le jour du match de Quidditch où toi et Séléné avez eu un malaise.

- Tu ne penses quand même pas qu'il y aurait un rapport, dit Harry, stupéfait.

- Je l'ignore, peut-être pas, peut-être que les guérisseurs n'avaient rien remarqué avant mais qu'ils avaient déjà changé...

Harry resta silencieux un bon moment, abasourdi.

- Et... leur état continue de s'améliorer ? demanda-t-il difficilement.

- Pas vraiment, soupira Neville, il s'est stabilisé mais c'est mieux qu'avant... Alors tu ne sais pas à quoi s'est dû ?

- Non, je l'ignore...

Harry se demanda pourquoi ceux de l'Ordre ne l'avaient pas tenu informé de cela, mais après tout, ce n'était pas si surprenant. Il ne connaissait pas vraiment les Londubat et leur état de santé ne le concernait en aucun cas. Sans doute n'avaient-ils pas fait le rapport entre les deux événements – le malaise et l'amorce de la guérison – ou peut-être n'y avait-il tout simplement pas de rapport.

- Mais je te promets, Neville, que si j'apprends quelque chose à ce sujet, je te tiendrais au courant, lui assura Harry.

- Merci, c'est très important pour moi. Je vais te laisser maintenant. A plus tard.

Il commença à s'éloigner puis se retourna.

- Je me demandais... tu n'es pas obligé de répondre mais que s'est-il passé entre toi et Ginny ? On dirait qu'elle t'en veut.

- Je me suis conduit comme le dernier des imbéciles avec elle, avoua-t-il.

- Ah ? Neville hésita. Ginny est une fille intelligente, je suis sûr que vous pourriez vous expliquer, tous les deux...

Harry sourit.

- Oui, tu as raison Neville, je vais suivre ton conseil. Merci.

Harry ne raconta pas à Ron ce dont lui et Neville s'était entretenu. Neville avait insisté pour lui parler en privé, il n'avait pas à répéter à tout va ce dont ils avaient parlé. De plus, il n'y avait aucune certitude qu'il y ait un lien entre lui et Séléné et les Londubat... Harry devait penser ces mots très vite pour y croire car cela faisait un certain temps qu'il ne croyait plus aux coïncidences.

Dobby leur apporta la poudre de Cheminette le soir même et ils durent attendre que la salle commune soit vide pour s'en servir. Hermione alla jusque dans le dortoir des filles pour vérifier si Séléné s'y trouvait. Pour une fois, elle était bien là-bas, profondément endormie.

- Bon, on va espérer que je tomberai directement sur Tara, parce que si c'est quelqu'un d'autre, il faudra que je trouve une excuse bidon.

Heureusement, il en avait déjà une, Neville la lui avait servie sur un plateau quelques heures avant. Il s'accroupit devant l'âtre de la cheminée et lança la poudre de Cheminette dedans avant de poser sa tête dans le feu.

- 12, Square Grimmaurd ! lança-t-il.

Il fut aussitôt transporter dans un tourbillon de flammes vertes et de cendres puis eut le salon du Square Grimmaurd devant les yeux. Seule Nora Stuborn se trouvait dans la pièce. Elle regardait dehors par une des fenêtres en faisant nerveusement bouger ses doigts, l'air inquiet. Harry fut soulagé, Nora ne poserait certainement aucune question.

- Nora ! l'appela-t-il.

Elle sursauta et le regarda avec surprise.

- Qu'est-ce que... Elle grimaça. C'est vraiment étrange, vos trucs de magie. Que se passe-t-il ? Un problème ?

- Je voudrais parler à Tara, est-ce qu'elle est là ?

- Oui, bien sûr, je vais la chercher.

- Nora ! Si tu pouvais... euh... éviter que quelqu'un d'autre soit au courant.

La jeune femme sourit.

- T'inquiète, la discrétion, ça me connaît.

Elle sortit et une minute plus tard, Tara entra seule dans le salon. Elle s'assit par terre en croisant ses bras autour de ses genoux.

- Nora fait en sorte de retenir les autres. Que t'arrive-t-il ? Vous vous inquiétez pour Sirius ?

- Entre autre, grommela Harry.

- Dans ce cas je suppose que tu souhaites me parler de la légilimancie.

Harry la regarda en ouvrant de grands yeux et elle rigola.

- Je ne suis peut-être pas empathe, mais je suis observatrice et je sais que vous n'êtes pas des idiots. Vous nous cachiez visiblement quelque chose alors j'ai supposé qu'il s'agissait de ça. J'avais tort ?

- Euh... non, répondit Harry, impressionné.

Il lui raconta ce qu'il avait vu et Tara fronça les sourcils.

- Alors c'est de cette manière qu'elle tient Severus, murmura-t-elle. Je ne pensais pas que son pouvoir d'empathie était aussi développé...

- Tara, j'aimerai comprendre ce que faisait mon père chez Rogue à ce moment.

La femme le regarda fixement puis poussa un soupir.

- Evidemment, un jour ou l'autre, tu aurais dû être mis au courant. Les autres s'imaginent que ça ne te concerne pas, mais vu que Severus a rejeté sur toi toute sa hargne, tu es en droit de connaître son histoire. Je te demanderai juste de n'en parler à personne, pas même à Hermione et Ron.

- Ça va être dur vu qu'ils attendent aussi des réponses mais je vous le promets, répondit Harry, intrigué.

- Très bien, cette histoire est longue et compliquée à comprendre mais je te laisse seul juge. Je t'ai déjà raconté l'histoire du père de Severus mais la vérité, c'est que les blessures de son enfance restent surtout liée à sa mère. Ça va sûrement te faire un choc, Harry, mais Severus n'était pas seulement mon cousin, il était aussi celui de ton père.

- Q... Quoi ? balbutia Harry, abasourdi.

- Ou plutôt son demi cousin. Que je t'explique, ton arrière grand père paternel a eu deux femmes. La première était une Moldue qui lui donna une fille – Milla – et mourut peu après des suites d'une maladie incurable et la seconde était une sorcière avec laquelle il vécut jusqu'à la fin de ses jours et qui lui donna un fils, le père de ton père. La demi sœur de ton grand père était assez instable, elle était fragile et a souffert de ne pas avoir connu sa mère. Elle ne garda pas beaucoup de contact avec ton grand père, de sorte qu'il ne sut jamais qu'elle s'était mariée et avait eu un enfant, Severus.

- La mère de Rogue était une sang mêlé ? s'étonna Harry.

- Oui, et c'est là que tous les problèmes de Severus commencèrent, dés sa naissance en fait. Lorsque ma mère retrouva son frère, elle apprit qu'il s'était marié avec Milla sans savoir qu'elle était une sang mêlé. En fait, il ne l'avait découvert qu'après la naissance de Severus et, dés lors, il l'avait traitée comme une moins que rien, pire qu'une esclave même. S'il ne la tuait pas, c'était parce qu'il ne voulait pas s'occuper lui-même de Severus. On aurait pu croire qu'il aurait haï son fils, bien au contraire. Il lui apprit à mépriser sa mère des années durant.

Pendant son enfance, son lavage de cerveau ne fonctionna pas. Severus avait peur pour sa mère lorsque son père la battait et il ne pouvait se résoudre à donner raison à son père. Mais le temps passant, il lui devenait de plus en plus insupportable de voir ces scènes de ménage, aussi ne trouva-t-il comme seul refuge que les paroles de son père. Pour se protéger de la peur et de la honte, il se convainquit que sa mère méritait ce que son père lui faisait subir et c'est la raison pour laquelle, durant toute sa scolarité, Severus a montré vis-à-vis des gens qui ne descendaient pas de lignée pure un profond mépris proche de la haine.

Or, il se trouva sur son chemin la bande des maraudeurs, ou plus précisément James et Sirius. Cela est certain, ils étaient de parfaits crétins à leur adolescence mais ils avaient néanmoins des idéaux solides et justes. De se retrouver confronté à eux fit autant de mal que de bien à Severus. Du mal parce qu'il devrait se souvenir toute sa vie les humiliations subies, de bien parce que cela lui a permis de commencer à réfléchir.

- Mon père faisait subir tout cela à Rogue en sachant qu'ils étaient parents ? demanda Harry d'une voix faible.

- Non, James l'ignorait, tout le monde l'ignorait en fait, mais à la mort de la mère de Severus, des recherches ont été entamées pour savoir qui elle était, et c'est là qu'ils ont découvert leurs liens de parentés – en fait après leur septième année à Poudlard car tes grand parents ne se décidèrent à en parler à James qu'après ses études au collège. Le choc a été terrible pour eux deux, ils sont passés du dégoût à la haine la plus totale pour Severus et à la culpabilité pour ton père. Il avait grandi, il avait mûri aussi et il était dégoûté de lui-même, alors il voulait aider Severus, même si lui ne voulait rien accepter de sa part.

La mort de Milla était restée une énigme pour les autorités et l'enquête fut abandonnée, de sorte que Severus ne put connaître le nom de son assassin. Il était rempli de rage contre lui-même parce qu'il ne l'avait jamais protégée, parce qu'il n'avait jamais eu le courage de la prendre avec lui et de quitter le domicile paternel. Cette mort a profondément changé Severus mais il aurait pu encore s'en sortir s'il avait accepté l'aide de James. Pour être franche, il ne l'a pas totalement rejetée mais il s'était tellement endurci et avait tant de rancœur en lui qu'il ne faisait plus confiance à personne, et encore moins à ton père qui l'avait humilié pendant tant d'années. Severus ne désirait plus qu'une chose, venger la mort de sa mère et ce fut malheureusement ce qu'il fit.

Le visage de Tara s'assombrit.

- Le père de Severus était un Mangemort et Severus découvrit quelques années plus tard que c'était lui qui avait tué sa mère. Il n'avait plus besoin d'elle maintenant que Severus était assez grand pour se débrouiller tout seul et avait obéi à un ordre de Voldemort. A partir de là, tout s'est enchaîné très vite. Fou de rage, Severus est retourné voir son père et il l'a lui-même tué.

Harry était estomaqué par ce qu'il apprenait et ne trouvait rien à dire... Il n'y avait rien à dire. Cette histoire était terrible.

- James, en tant que membre de l'Ordre du Phénix avait également appris la culpabilité du père de Severus et il a voulu empêcher Severus de commettre cette erreur mais il est arrivé trop tard. La fureur de Severus s'explique par le fait que James l'ait vu dans un moment de faiblesse, un moment où il s'était laissé envahir par ses sentiments.

Sa fuite l'a malheureusement mené à Voldemort. Il l'a amadoué en lui disant qu'il avait passé une rude épreuve en tuant son père, qu'il était digne de se joindre à ses rangs et Severus a accepté.

- Mais si c'était Voldemort qui avait ordonné la mort de sa mère ? s'exclama Harry.

- Severus ne savait plus où il en était. Il était tellement plus simple de se joindre à Voldemort, une autre façon de se protéger lui-même. Renier tout son passé, et c'est la raison pour laquelle Voldemort garde une totale confiance en Severus. Il est convaincu qu'avec son histoire, rien ne pourrait le dévier du chemin des ténèbres. Mais Severus était intelligent. Il lui fallut du temps avant de se rendre compte de son erreur mais il finit par revenir auprès de Dumbledore par l'intermédiaire de ton père et de moi-même et devint ainsi agent double.

Aussi étrange que cela pourrait te paraître, Severus a commencé à se rapprocher de tes parents. Jamais de Sirius, contre qui il avait gardé une rancœur terrible du temps du collège, rancœur qui s'était atténué par le lien de parenté entre ton père et lui. La suite, on me l'a raconté et j'ai fait ma propre analyse, puisque, au moment où ce qui s'est alors passé, je me trouvais en Australie. Severus se rapprochait de tes parents tout en restant méfiant car ses épreuves l'avaient rendu solitaire, jusqu'au jour où il apprit que Voldemort avait découvert la cachette de tes parents. Il en informa au plus vite Dumbledore mais pas à temps.

La mort de tes parents a été le dernier tournant de la vie de Severus. A partir de cet instant, il n'a jamais plus pu se lier à quelqu'un et Dumbledore lui a offert un poste de professeur à Poudlard pour qu'il ne reste malgré tout pas seul.

La raison pour laquelle il te hait tant, Harry, c'est qu'il voit en toi le reflet de ton père. La reprise de confiance puis la chute mais aussi le jour où il tua son père et où James le vit. Tu portes en toi le passé de Severus et il le voit chaque fois que ses yeux se posent sur toi. Mais c'est aussi la raison pour laquelle il fait tout pour te garder en vie. Ton père a représenté tour à tour la rancœur, la haine et la chute de Severus, mais aussi un faible espoir ; ton père, mais ta mère aussi, qui a aidé Severus avec James et en laquelle il voyait l'image de sa propre mère.

- Mais... euh... Rogue a compris seul qu'il était parti sur la mauvaise pente ?

- Pas exactement, il s'est rallié à Dumbledore suite à ma disparition. J'ai été la seule à ne pas être abusée par tous ses faux semblants – sans doute parce que moi-même je cherchais à me protéger en mentant. Et c'est aussi moi qui, avant même que Severus ne se décide à venir voir Dumbledore, me suis portée garante de lui. Je savais qui il était, les épreuves qu'il avait eu à subir et je lui faisais confiance. Nul besoin d'un quelconque pouvoir pour cela, je l'avais vu en lui, dans ses yeux et dans son cœur.

- Je ne pensais pas que... Son histoire est horrible, souffla Harry. C'est pour ça que Dumbledore ne veut pas lui donner le poste de défense contre les forces du Mal ? A cause de ses sentiments ?

- Oui, Severus serait trop dangereux à ce poste, malgré toute la confiance qu'on puisse lui accorder.

- Mais pourquoi Dumbledore ne m'en a-t-il jamais parlé ? Pourquoi ne m'a-t-il jamais dit la véritable raison pour laquelle Rogue m'avait sauvé la vie ?

- C'est Severus qui ne l'a jamais voulu, il s'agit de sa vie, et c'est pour ça que tu ne devras jamais en parler à personne.

- Pas de soucis, je me vois mal répéter ça, murmura Harry d'une voix blanche.

- Va, maintenant, tu es resté trop longtemps ici. Et ne vous inquiétez pas pour Sirius, je suis certaine qu'il nous reviendra bientôt.

Harry lui dit au revoir et se retrouva hors du feu.

- Tu en as mis un temps, tu... Harry ? On dirait que tu as vu un fantôme, s'inquiéta Ron.

- Tout va bien. Tara m'a juste beaucoup parlé de Sirius mais elle ne savait pas pour Rogue.

A leur regard, Harry sut qu'ils ne le croyaient pas, mais ils n'insistèrent pas. En se couchant, Harry avait la tête qui bourdonnait. Il avait du mal à imaginer que ce qu'il venait d'entendre avait pu arriver mais il savait que c'était vrai.

(à suivre...)

Alors ? Vous en pensez quoi ? J'espère qu'il n'y a pas d'erreurs et que tout concorde avec l'univers de JKR.

Chapitre 24 : Hors-jeu !