Un ptit mot aux reviewers…

. Tak' : merciiii ça fait vraiment super plaisir ! Je connais ça aussiça m'arrive souvent d'avoir une appréhension pour une certaine catégorie de fic… Désolée d'avoir attendu si longtemps avant de poster la suite… Etant donné que la fic est écrite jusqu'au chapitre 9,les updates seront plus fréquent à partir de maintenant… Merci encore !

. Sissine : Merci beaucoup aussi ! Comme tu vas le voir, on en apprend effectivement plus sur le sort de Parker dans ce chapitre puisqu'il lui est intégralement consacré.

. Sydney Bristow : rougit et va se cacher sous la table je suis désolée… Voilà la suite !

. Dawn 456 : Merci ! et pour la suiteça y est… (je dirais même plus « enfin » !)

Merci encore à vous quatre ! Et voilà le chapitre 3…

Un bruit de pas derrière la porte. Quelqu'un approchait. Non, laissez moi tranquille… Laissez moi dormir. Je veux juste dormir…

La porte grinça en s'ouvrant.

Juste… Dormir…

« Dormir » fit une voix doucereuse. « Oh non, je, ne crois pas… »

Une lumière brutale vint appuyer ces mots. Mlle Parker ouvrit les yeux. Elle était allongée sur un sol dur et glacé. Elle frissonna. Le simple fait de relever la tête lui demanda un gros effort, ce qui n'entama pas cependant sa fureur de se retrouver ainsi en position d'infériorité. Elle voulu se relever pour regarder l'homme dans les yeux mais, dès qu'elle fut sur ses pieds, elle fut prise d'un vertige tel qu'elle se rattrapa de justesse au mur pour rester debout. Difficile d'impressionner qui que ce soit dans l'état de faiblesse où elle se trouvait. Il lui semblait que chacun de ses muscles la faisait souffrir, et pourtant, impossible de se souvenir de quoi que ce soit… Elle n'arrivait pas à retrouver dans sa mémoire ce qui lui était arrivé, même si elle avait malgré tout sa petite idée… Qu'est ce que vous m'avez fait, songea-t-elle en regardant Arvin Sloane. Elle haïssait cet homme qui lui rappelait trop le cynisme et la cruauté de certains de se collègues du Centre. Et probablement aussi parce qu'il la tenait à sa merci…

Son désarroi et son impuissance devaient se voir, déduisit-elle en remarquant l'air amusé de Sloane, qui l'irrita de plus belle.

« Voyez-vous ça… Comme les apparences sont trompeuses. Vous semblez glaciale et insensible, forte, blindée… Mais les masques tombent, vous savez, ils finissent toujours par tomber… la vérité… C'est que vous êtes faible. Sensible à la douleur, aussi, je peux vous l'affirmer… »

Elle sentit une colère noire monter en elle. Comment pouvait-il se permettre de lui parler ainsi ? Elle ? Faible ?

Non, pas faible, pensa-t-elle. Et elle comprit soudain qu'il cherchait à la pousser à bout… Quelle imbécile elle faisait. Elle avait exactement la réaction qu'il attendait… Elle se força à se calmer.

« Oui, faible» poursuivit Sloane. « Traumatisée par la mort prématurée de votre mère… Et le manque d'affection apparent de votre père. Oh, j'oubliais que celui que vous avez pris toute votre vie pour votre père était votre oncle… Excusez moi… D'ailleurs je crois bien que lui aussi nous a quittés, je me trompe »

Maman… Papa…

Elle aurait voulu résister, ne pas se laisser faire. Mais elle se sentait trop fatiguée et trop lasse pour supporter une attaque sur ce front. Sa carapace si épaisse, depuis longtemps fragilisée par le chagrin et les doutes, avait été irrémédiablement fissurée par son séjour à Carthis. Les masques tombent… Malgré son aversion pour le directeur du SD-6, la jeune femme savait qu'il avait raison. Là-bas, sur l'île, elle avait accepté pour la première fois de regarder en face le fait que Jarod avait eu raison, raison de refuser de servir les desseins du Centre… Chose qu'elle, pourtant élevée dans le monde extérieur, n'avait pas osé faire…

Elle se rendit compte que ces réflexions étaient solidement ancrées en elle depuis son retour de Carthis. Seulement, elle les avait refoulées au plus profond d'elle-même. Une partie de la personnalité qu'on lui avait imposée des années auparavant s'était évanouie, révélant sa pensée à elleà elle seule… Son opinion… Son avis…

Ce n'était pourtant pas le moment, se dit-elle soudain. Elle rassembla ce qui lui restait de volonté et reporta son attention sur Sloane. Ce dernier l'observait attentivement, comme s'il cherchait à lire dans ses pensées. Puis il reprit :

« Oui, je sais beaucoup de choses. Nous possédons plus d'informations à propos de votre organisation que vous ne le pensez. Et je peux vous affirmer une chose… Le Centre aura bientôt disparu. Personne ne viendra plus vous sortir de là. Vous voyez donc que vous avez tout intérêt à coopérer… »

Mlle Parker était loin d'être d'accord. Pour commencer, elle savait pertinemment que personne ne serait venu la chercher de toutes façons. Elle était devenue plutôt un fardeau pour l'organisation qu'autre chose. Un peu trop fouineuse… D'autre part, ce que Sloane ignorait également apparemment, c'était qu'au fond elle se réjouissait autant, sinon plus que lui de la disparition éventuelle du Centre. Même si à son avis il s'avançait un peu trop en considérant l'affaire comme réglée. Une idée lui traversa l'esprit. Sa mère… Elle qui s'était tant battue… Oui, maman, ton rêve va peutêtre se réaliser. Destruction, disparition du Centre… Plus d'horreurs, plus d'expériences… Et je serai libre… Je mourrai libre, songea-t-elle. Je peux bien mourir de toutes façons… Elle n'était peut être pas aussi insensible qu'elle le prétendait, mais elle n'avait rien à perdre. Elle haïssait le Centre, elle haïssait tout ce qu'elle y avait vu et fait. Quelle ironie du sort… Le Centre était pourtant toute sa vie. Car son existence entière y était rattachée…

Ces réflexions achevèrent de rappeler à son bon souvenir une migraine lancinante. Sloane la regardait, un sourire appréciateur au coin des lèvres, ce qui acheva de l'énerver. Elle n'était pas en état de supporter patiemment les provocations. Elle se sentait mal, physiquement et moralement ; ces interrogations qui lui taraudaient l'esprit l'empêchaient d'agir correctement depuis des mois. Trop de questions sans réponse qui la torturaient… Et la torture qu'on lui avait très probablement infligée l'avait poussée à bout. Elle était trop fière pour laisser un terroriste mégalo lui tenir tête. Elle refusait de se laisser faire. Sans crier gare, elle fit volte-face dans un regain d'énergie et balança un coup de poing dans la mâchoire du patron du SD-6. Ce dernier, surpris, n'eut pas plus le temps de réagir que ses gardes du corps et reçu le coup de plein fouet.

Elle savait très bien que ce qu'elle venait de faire n'était pas prudent du tout. Mais qu'importe. Sa vie n'avait plus aucun sens. Il ne lui restait aucun repère, et aucune raison de vivre, si sa mère était enfin vengée et son vœu le plus cher réalisé… Enfin… Même si…

Toutefois, les gardes du corps de Sloane ne la laissèrent pas pousser la réflexion plus loin. Ils s'approchèrent d'elle d'un air menaçant et, avec une rapidité surprenante compte tenu de sa carrure, l'un d'entre eux lui administra une gifle magistrale, qui la renvoya violemment au contact du sol. Etourdieà demi consciente, elle entendit vaguement quelques mots furieux au-dessus de sa tête.

« Allez… Vite, réveillez la, imbéciles »

Elle avait la désagréable impression qu'on lui avait passé la tête au rouleau compresseur. Pire que la plus belle cuite qu'elle aie jamais prise… Les malabars eurent la bonne idée de la ranimer délicatement à coup de pieds dans le ventre et les côtes, ce qui rappela deux choses à la jeune femme : Primo, elle devait avoir quelques côtes cassées, et secundo, son ulcère était en train de revenir à la charge. Elle se maudit, un peu tard, d'avoir refusé de le faire soigner aux premiers signes de reprise, quelques semaines auparavant… Elle ouvrit les yeux de nouveau. L'un des hommes, qui décidément devaient être des clones des nettoyeurs du Centre, lui saisit le menton sans ménagement pour la forcer à regarder en l'air.

Ses yeux croisèrent ceux de Sloane. Dire qu'il était mécontent était un euphémisme. Il semblait furieux, et elle ne dissimula pas sa satisfaction en observant sa lèvre éclatée et son visage tuméfié.

« Bon» dit-il d'un ton qui se voulait neutre. « Je constate que vous êtes finalement toujours en forme. Vous ne serez donc pas contre un petit interrogatoire supplémentaire… »

« Je ne pense pas avoir le choix, de toutes manières» ironisa-t-elle.

Elle jouait avec le feu, et elle le savait. Mais elle éprouvait un tel plaisir à voir Arvin Sloane bouillonner de fureur en s'apercevant qu'il ne l'impressionnait pas…

Ce dernier se tourna vers l'homme qui se trouvait derrière lui.

« Je te laisse t'en occuper, Jack. Essaye d'en tirer tout ce que tu peux. Ne lésine pas sur les moyens. Vous avez de la chance, mademoiselle, d'être en la possession d'informations essentielles pour nous. Sinon, vous ne seriez déjà plus de ce monde. Toutefois, je dois vous prévenir : ma patience a des limites. Ne l'oubliez pas. »

Puis il fit volte-face et sortit de la cellule. La jeune femme aurait bien voulu trouver une répartie cinglante à lui jeter, mais elle s'était soudainement sentit incapable de prononcer le moindre mot.

« Messieurs» dit le dénommé Jack à l'attention des men in black« installez-la dans le salon de conversation. »

Encore sonnée, Mlle Parker sentit qu'on l'empoignait et qu'on la traînait à moitié dans les couloirs vides du SD-6. Puis elle se retrouva devant une porte qui lui sembla familière. Et comme Jack ouvrait la porte, elle se souvint enfin de ce qui lui était arrivé quelques heures auparavant… Elle revit, comme dans un cauchemar éveillé, la table métallique, l'eau, les électrodes… Elle sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine.

Jack Bristow observait silencieusement la prisonnière. Un agent du Centre. Haut placée dans l'organisationà ce qu'il avait entendu dire. Une ennemie. Mais sans trop savoir pourquoi, il avait du mal à la considérer en tant que telle. Si c'était probablement flou dans son esprit à elle, lui savait qu'elle avait déjà subi quatre séances de torture. Il fallait appeler les choses par leur nom. Jack détestait ces méthodes. Même s'il les avait déjà utilisées sans ordres… Pour Sydney. Malgré tout, contrairement à ces prédécesseurs et à ce qu'attendait Sloane, il n'avait pas l'intention de la faire souffrir inutilement.

Lorsqu'ils eurent attaché la prisonnière, les hommes de main du SD-6 sortirent de la pièce.

« Mademoiselle, je vais commencer par vous signaler quelque chose que mes prédécesseurs n'ont pas dû juger bon de vous dire. Cette pièce n'est pas équipée de caméras. »

« Bien sûr» rétorqua-t-elle. Ainsi personne d'autre n'est témoin des atrocités qui s'y déroulent ; le bourreau peut dormir sur ses deux oreilles, pas de preuves… »

« Je ne suis pas un bourreau, et je ne serait pas le vôtre» dit-il brusquement sans trop savoir pourquoi. « J'ai assez subi la torture pour me passer l'envie de la faire subir aux autres.»

« Quelle sincérité» siffla-t-elle. « Si vous me dites une chose pareille, c'est que vous allez me tuer… On ne se confie pas dans ce métier. On ne confesse pas ses faiblesses. Vous le savez aussi bien que moi. Alors si vous suiviez vos ordres au lieu de tergiverser… »

« Pourquoi êtes vous si pressée de mourir »

Elle ne répondit pas.

« Bon. Très bien. Je veux savoir tout ce que vous savez à propos du projet Caméléon… Et de ce Caméléon nommé Jarod que vous poursuivez. »

Sloane avait appris l'existence du projet Caméléon un mois auparavant, et s'y intéressait de très près. Il était plus que probable qu'il comptait le reprendre à son compte. Il n'en avait parlé à Jack que la veille, qui avait immédiatement fait le rapprochement avec l'étrange agent Rays…Jarod, qui venait alors de révéler son secret à Vaughn et Weiss, avait été prévenu, mais il était important que le moins d'informations possibles n'arrivent aux oreilles de Sloane. Au cas ou…

« Non. » répondit Parker.

« Non »

« Non. Je veux bien vous livrer toutes les informations que vous voulez pour détruire le Centre, mais je n'aiderait pas un nouveau groupe terroriste à poursuivre les horreurs dont j'ai été témoin. »

« Pourquoi »

« pourquoi ? Mais parce que je n'espère rien de plus que la disparition pure et simple du Centre. Et ce n'est pas pour que quelqu'un reprenne le flambeau… »

« Vous haïssez l'organisation » demanda Jack qui commençait à comprendre. Mais vous y avez travaillé, vous l'avez servi toute votre vie… »

« Les choses ne sont pas toujours simples. »

Elle ferait mieux de se taire. Mais certaines choses avaient besoin d'être dites. Si elle devait mourir, ce ne serait pas sans avoir fait la paix avec elle-mêmeà défaut de la faire avec sa conscience. Et cet homme lui inspirait confiance. De plus, elle n'avait pas la force de résister. Le moindre mouvement manquait de lui arracher un cri, et il le savait…

« Mais quel rapport avec Jarod et le projet Caméléon »

« Tout» s'entendit-elle murmurer. Non. Il restait des choses à ne pas dire. A ne pas penser, mais on ne peut pas s'empêcher de penser… Elle reprit un peu plus fort :

« Le projet Caméléon est une abomination qui n'aurait jamais du voir le jour et si le Centre disparaît, Jarod sera enfin tranquille. Ce n'est pas pour qu'une autre organisation se mette à lui courir après. »

Elle n'en revenait pas. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle avait réellement prononcé ces quelques mots. Elle se sentait épuisé, vidée, mais le cœur plus léger. Elle avait été sincère avec elle même. C'était bien trop rare.

« Mais vous poursuivez Jarod depuis bientôt 5 ans… »

« Oui» dit-elle simplement.

Jack commençait à ne pas savoir quoi penser, mais il se garda bien de le laisser transparaître. Il voyait la jeune femme s'affaiblir de minute en minute. Il attrapa une bouteille d'eau qu'il déposa sur la table. Après quoi, au grand étonnement de Mlle Parker, il la détacha.

« Tenez» dit-il« buvez. Sans ça, vous ne tiendrez plus le coup très longtemps. »

La jeune femme scruta suspicieusement le liquide.

« Vous pouvez y aller, je n'ai rien mit dedans… »

Après tout, quelle importance ? se dit-elle. Elle saisit la bouteille. L'eau lui sembla délicieuse. Elle se demanda depuis combien de temps elle n'avait pas bu…

« Aspergez vous avec ce qui reste et faites semblant d'être inconsciente. Ils vont vous ramener à votre cellule. Profitez-en pour essayer de dormir un peu. » Elle s'exécuta, interdite. « J'ai des choses à vérifier» ajouta-t-il en la rattachant.

Il sortit, referma la porte, et ordonna aux gardes de ramener la prisonnière à sa cellule.