Le sanctuaire des Montagnes de Brumes Bleues


Rated : G

Genre : Friendship, Fluff

Characters : Jeune Balsa Yonsa, Jeune Tanda

Pairing : Balsa/Tanda


Un Tanda âgé de neuf ans courait à travers le sentier dans une des forêts dans les montagnes de Brumes Bleues. Aujourd'hui, il avait terminé ses tâches en avance et sa mère, Tona, lui avait permis de s'amuser. Alors le premier réflexe qu'il eut fut d'aller voir Grand-Mère Torogai. Avec un peu de chance, peut-être que son amie Balsa, qui avait deux ans de plus que lui, serait également de passage.

Il déboucha dans la clairière. Quand il vit Jiguro polir sa lance, assit devant le refuge, le jeune garçon sentit une vague de joie se propager en lui.

« Bonjour, Monsieur Jiguro ! salua-t-il gaiement.

- Bonjour Tanda.

- Vous êtes de passage ? Depuis quand vous êtes ici ?

- Oui. Nous prenons un petit moment de répit. Ça fait deux jours que nous sommes arrivés. Nous repartons dans une semaine.

- Est-ce que Maître Torogai est à l'intérieur ?

- Aux dernières nouvelles, elle est allée dans la forêt rencontrer ses autres amis magic-weavers. Je ne sais pas quand elle reviendra.

- Oh, je vois. Et sinon... où est Balsa ? demanda-t-il enfin.

- Elle a dit ce matin qu'elle allait dans les montagnes après l'entraînement, derrière le refuge. Je ne sais pas ce qu'elle comptait y faire. Tu peux aller la retrouver si tu veux.

- D'accord, j'y vais de ce pas ! »

Tanda prit le chemin derrière le refuge. Il était venu à cet endroit tellement de fois depuis sa rencontre avec son maître, que plus rien autour n'avait de secret pour lui. Il connaissait son environnement par cœur.

Il repéra des traces de pas fraîches sur le sol et la piste n'avait même pas été brouillée. C'était une bonne chose : ça signifiait donc que Balsa se sentait assez en sécurité dans les montagnes pour baisser sa garde et se relaxer dans un endroit familier.

Le garçon suivit les traces et finit par s'enfoncer légèrement dans la forêt. Il repoussa quelques broussailles et hautes herbes sauvages quand il vit du mouvement. Tanda se rapprocha.

« Hah ?! Mais qu'est-ce que tu fais au milieu de la forêt dans des broussailles et herbes sauvages, Balsa ? s'étonna-t-il. »

Son amie sursauta. Sa lance d'entraînement avait été déposée derrière elle.

« Oh... je... je faisais un peu de jardinage. »

Elle détourna la tête, ne désirant pas que son ami voit ses joues s'empourprer. C'était également un petit mensonge. Elle s'assit sur ses genoux et essuya sa joue, laissant une grosse marque de boue, au lieu d'en retirer la saleté.

« Mais tu n'as jamais appris à jardiner depuis tout le temps qu'on se connait, rétorqua-t-il.

- Qu'est-ce que tu en sais ? rétorqua Balsa sur la défensive. Tu ne me connais même pas. Tu ne sais même pas ce que j'ai vécu avant d'arriver ici, au Nouvel Empire de Yogo ! Tu ne connais même pas ma vie avant celle-ci. »

Voyant que Balsa s'enflammait, Tanda décida de calmer les ardeurs et s'approcha d'elle, prudemment. Elle était couverte de terre, de la tête aux pieds, et tenait une fleur dans ses mains. Il y avait des trous ici et là dans le sol, mais pas de fleurs à ensemencer.

« Tu as raison, concéda-t-il en prenant place proche d'elle. Je ne te connais pas assez pour te juger... je suis désolé. Je ne voulais pas te faire de la peine. Disons que j'ai juste été surpris... »

La jeune fille soupira et colla ses genoux ensembles pour poser son menton dessus. Son regard semblait perdu, profondément enfouit dans ses souvenirs.

« Ma maman..., murmura-t-elle.

- Oui ? Ta maman te manque ?

- ... Ma maman aimait beaucoup les fleurs. Je n'ai pas beaucoup de souvenir d'elle, parce qu'elle est morte quand je n'avais que cinq ans... »

Le cœur de Tanda se serra suite à cette révélation. L'espace d'un instant, il eut envie de serrer son amie dans ses bras pour la réconforter. Également, il trouva un peu injuste qu'il ait toujours sa mère et pas Balsa. Il savait qu'elle avait dû fuir son pays très jeune et il avait cru que sa mère était encore en vie.

« ... Mais mon père et même ma Tante, Yuka, m'ont souvent dit qu'elle aimait les fleurs, continua Balsa. Notre maison sentait toujours parfumée, avec un grand jardin coloré...

- Comme ça devait être joli.

- C'est l'odeur qui me revient le plus à l'esprit, en fait. Une odeur unique en soi.

- Et... tu veux planter des fleurs ? questionna-t-il en pointant les trous.

- Non...

- Alors pourquoi ces trous ? Ce sont des chiens sauvages qui les ont creusés ? »

Balsa secoua la tête.

« Je ne me souviens pas de mes rêves généralement..., avoua-t-elle. Mais cette nuit, j'ai fait un rêve. J'ai vu Maman, même si son visage était flou, je savais que c'était elle. Elle m'a emmené dans un endroit, proche du refuge. C'était ici. Elle m'a pointé différent endroit, mais ne m'a pas dit qu'est-ce qu'il y avait. Alors j'ai cru qu'en venant ici pour déterrer les places me permettraient de mettre la main sur ce qu'elle me montrait... mais il n'y a rien. »

Il la vit serrer les poings et elle jeta la fleur dans un des trous.

« Rêver c'est stupide, se fâcha-t-elle. Ça ne sert qu'à se faire faire de faux-espoirs quand on croit voir les gens qui nous sont chers nous rendre visite ! Mais il n'y avait rien, donc ça me fait mal de voir que le rêve m'a menti. Je n'aurai pas dû l'écouter !

- Balsa, commença calmement le jeune garçon, il y a une part de vérité dans les rêves. Souvent, notre esprit fait le tri de ce qu'on a appris pendant la journée, mais également nos désirs les plus profonds. Je suis certain que ta mère est vraiment venue te voir cette nuit... peut-être avait-elle un message à te dire.

- Et ce serait quoi ? demanda Balsa, limite ennuyée.

- ... Et si sa signification n'était pas de creuser pour y trouver de quoi, mais bien de planter quelque chose à ces endroits ?

- Je n'ai pas le pouce vert. Toutes plantes en ma présence signent leur arrêt de mort...

- Je peux te donner un coup de main, si tu veux. On pourrait aller chercher des fleurs ensembles au marché. Ou peut-être que ma Maman aurait des graines que l'on pourrait planter et faire pousser.

- Je préférerai transplanter des fleurs... je ne suis pas assez patiente pour attendre de les voir pousser. Combien ça coûte ?

- Pas très cher. »

Balsa fouilla dans sa poche. Elle en ressortit deux lugals.

« Où tu les as eu ? questionna Tanda.

- En travaillant de garde avec Jiguro, répondit son amie. Je pense que ce serait suffisant.

- Tu ne te changes pas ? s'étonna-t-il en voyant ses vêtements couverts de terre et de poussière.

- Non. Je n'ai pas le temps pour ça et les marchands voient des voyageurs et roturiers de n'importe quels milieux. Ta famille est trop axée sur l'apparence extérieure. Allons-y. »

Tanda sauta de joie et se dirigea vers le marché.


Ils trouvèrent la boutique des fleurs, qui se tenait à l'extérieur, et laissèrent leur regard errer sur les plantes en pot.

« Tu as une couleur en particulier que tu aimes ?

- ... Rouge et blanc, dit Balsa de façon évasive.

- Rouge, rouge... »

Les yeux de Tanda se posèrent sur des fleurs sarayu, dont la couleur était d'un beau rouge très vif.

« Que penses-tu de celle-là ?

- N'importe laquelle, tant que c'est rouge, soupira Balsa.

- Balsa ! s'indigna son ami. C'est sérieux le choix des plantes, surtout si elles représentent le message de ta mère. Fais un effort. Est-ce que ta mère aimerait cette plante ?

- ... Oui, finit-elle par dire. Depuis que nous sommes arrivés, mes yeux n'ont pas arrêté de les regarder.

- Maintenant, regardons pour les blanches ! »

Le jeune garçon tomba sur des primula blanches. Balsa confirma qu'elles étaient parfaites. La marchande leur offrit les deux bouquets pour un lugal et les deux enfants retournèrent en montagne à l'endroit où Balsa se tenait depuis le matin. Comme travailler avec les plantes rendait la jeune fille mal à l'aise, Tanda se fit le plaisir de lui enseigner comment faire. Il libéra l'endroit des mauvaises plantes et sentit à l'énergie de la terre que la place était effectivement parfaite pour les fleurs qu'ils avaient choisies.

Après quelques minutes, ils observèrent ces nouvelles plantations. Les fleurs de sarayu et de primula se tenaient côte à côte. Balsa pencha la tête, incertaine.

« Quelque chose ne va pas ? s'inquiéta Tanda.

- C'est comme s'il manquait de quoi...

- Plus de fleurs ?

- Non... »

Elle s'approcha et grava dans la terre, devant chacune des plantes : Laika, pour les sarayu rouges et Karuna pour les primulas blanches. Tanda fut parcouru d'un frisson. Il se frotta les yeux et crut apercevoir deux silhouettes de fumée, presqu'invisibles, sous les rayons du soleil qui traversaient le feuillage des arbres. Quand il cligna de nouveau des yeux, elles avaient disparu. En regardant le dos de Balsa, illuminé par le soleil qui passait au travers du feuillage, il eut l'impression d'y apercevoir des ailes sur les omoplates de son amie.

« C'étaient les prénoms de mes parents, murmura Balsa avec émotions. Parfois, je voudrais retourner dans mon pays d'origine... retourner à la maison. Mais je ne peux plus le faire, même si ce n'est pas l'envie qui manque. Oncle Jiguro et moi avons été chassé de Kanbal...

- Si tu n'as plus de maison, alors ma maison c'est ta maison.

- Mais tu as encore tes parents, répliqua-t-elle.

- D'une façon, mais je me sens beaucoup mieux avec Maître Torogai qu'avec eux... Ma maison, c'est celle avec mon maître. Et c'est aussi la tienne, même si tu n'y es pas toujours. Je sais que tu aurais donné n'importe quoi pour être avec tes propres parents, alors je n'ai pas vraiment à me plaindre des miens. »

Il y eut un silence jusqu'à ce que Tanda ait une idée qui lui traverse tête. Il dit à Balsa de ne pas bouger, le temps qu'il trouve ce dont il avait besoin. Il trouva deux grosses pierres plates et courut au refuge pour y dénicher un petit marteau ainsi qu'un pic en métal avant de retourner aux côtés de son amie.

« Qu'est-ce que c'est ? questionna Balsa. »

Tanda l'observa un moment. Elle avait les yeux rouges : elle venait de pleurer silencieusement le temps que personne n'était là pour la voir exprimer ses émotions.

« Je me suis dit que l'on pourrait graver le prénom de tes parents dans ces pierres... et les déposer en face des fleurs. Je crois que... ça pourrait devenir un endroit où tu pourrais te réfugier quand tu auras besoin d'un certain réconfort. Comme un jardin sanctuaire.

- ... Merci de la pensée. »

Elle s'empara d'une première pierre et commença à tailler avec une précision déconcertante le prénom de sa mère en Kanbalese. Puis, elle écrivit celui de son père sur la deuxième. Une fois le travail de gravure terminé, ils les déposèrent proche des fleurs et fermèrent les yeux, concrétisant l'espace et lui donnant vie à l'aide de prières et de pensées.

Cette nuit-là, Balsa rêva à nouveau. Elle se revoyait à la même place, mais ses deux parents se tenaient devant elle. Elle ne voyait toujours pas leur visage, mais elle voyait leurs vêtements. Karuna et Laika se tenaient par la main, derrière les fleurs et regardaient son travail. Balsa ne voyait pas leurs yeux, mais elle pouvait sentir leur regard et savoir exactement où ils regardaient.

« Merci, Balsa, résonna la voix chaleureuse de son père.

- Sois heureuse et aie une bonne vie, ajouta la voix de sa mère. Nous veillons toujours sur toi.

- Papa, Maman, attendez..., les arrêta Balsa. Je... »

La jeune fille se vit courir vers les silhouettes de ses parents et leur sauta dans les bras. Ils n'échangèrent aucun mot, mais elle pouvait sentir leurs mains caresser ses cheveux et frictionner son dos. Ils semblaient si réels.

L'instant d'après, Balsa ouvrit les yeux. Des larmes roulaient sur ses joues. Tranquillement, elle se leva et sortit du refuge après avoir mis ses sandales, traînant toujours son shiruya sur ses épaules. Elle alla retrouver l'endroit où elle et Tanda avaient travaillé et observa les fleurs qui s'étaient fermées pour la nuit. Ses doigts glissèrent sur les lettres des prénoms de ses parents. Une boule se forma dans sa gorge. Parfois, il lui arrivait de vouloir pleurer sans raisons apparentes. Comme elle était seule, Balsa laissa libre cours à ses émotions et se laissa pleurer et même sangloter au milieu de la nuit. Quand elle fut plus calme, même si les larmes continuaient de rouler sur ses joues, elle finit par se recroqueviller en petite boule et s'endormit proche de son sanctuaire. Des lucioles volaient aux alentours avec des papillons de nuit.

Ce n'est que le lendemain matin que Tanda finit par la retrouver, endormit à leur endroit. Il s'inclina respectueusement devant les pierres et les fleurs et recula à pas feutré. Pas question de réveiller Balsa après toutes les émotions qu'elle vivait ces derniers temps.


Balsa et Jiguro repartirent une semaine après, comme le grand guerrier l'avait annoncé. Le refuge semblait bien vide sans les deux... Torogai était revenue entretemps et préparait ses mélanges étranges avec des herbes et des incantations.

Tanda décida alors d'aller prendre soin du jardin sanctuaire qui gardait la mémoire des parents défunts de Balsa. Il prit soin de l'endroit et arrosa les plantes au besoin. Il allumait de l'encens parfois et faisait des offrandes. Les gens ordinaires auraient pu croire qu'il parlait seul, mais l'apprenti chamane savait qu'il ne parlait pas dans le vide : il avait établi une connexion avec la mère de Balsa, bien qu'il ne pouvait voir que le contour de sa silhouette.

« Bon matin, Dame Laika ! salua-t-il joyeusement en prenant place sur l'herbe. J'ai encore pleins d'histoires et légendes à vous raconter ! D'ici là, j'espère que Balsa et Jiguro reviendront sains et saufs. »

Il ouvrit son livre et commença à lire à haute voix. Au moment où il tourna la page, une main se posa sur son épaule.

« Oups, désolé, je lis peut-être un peu trop vite ? s'excusa-t-il. »

Ainsi, pendant plus d'une quinzaine d'année, Tanda entretint ce jardin sanctuaire sacré. C'était celui de Balsa. Pas le sien. Mais lors de la mort soudaine et violente de son oncle Onza, quand il n'avait que onze ans, elle avait suggéré de lui faire une place. Ils donc avaient choisi un lisanthus violet ensembles et lui avaient trouvé une place proche de Laika.

Encore une fois, ils avaient gravé son nom dans une pierre plate et Tanda avait sculpté le dessin d'un chien sauvage sur un des coins. Cet endroit apaisait leur cœur à chaque fois qu'ils s'y recueillaient. Le calme et la sérénité qui s'en dégageaient ne faisait que se renforcer au fil du temps. C'était l'unique endroit dans la forêt où Tanda entrait aussi facilement en communication avec les esprits sans devoir faire une incantation. C'était un vrai nœud d'énergie.


Ça faisait maintenant plusieurs années que Balsa avait fait ce rêve qui l'avait poussé à entreprendre la création de son jardin sanctuaire dans les montagnes à l'aide de Tanda. C'était un des rêves les plus puissants qu'elle avait fait à ce jour, car majoritairement dans son cas, c'était des cauchemars qui la tenaient réveillé avec l'impossibilité de pouvoir se rendormir ensuite. Ça arrivait souvent quand elle restait longtemps au même endroit. Seul le refuge de Maître Torogai et Tanda était l'unique place où elle pouvait rester longtemps sans faire de cauchemars.

Le printemps était arrivé depuis un mois déjà au Nouvel Empire de Yogo. Balsa huma l'air et continua son chemin dans la forêt. Elle revenait de son voyage de Kanbal, où d'anciennes blessures avaient enfin commencé à cicatriser, et où elle avait fait la paix avec une partie d'elle-même et retrouvé sa seule famille toujours en vie à ce jour : sa Tante Yuka.

Avant de prendre le sentier qui menait au refuge, la guerrière s'arrêta devant les fleurs et les pierres. Les plantes étaient les mêmes, mais Tanda avait dû en transplanté de nouvelles au fil des années pour remplacer les anciennes qui avaient fait leur temps. Balsa s'agenouilla devant la quatrième plante, qui avait fait son entrée depuis presque dix ans : un nadeshiko gaku. Ses couleurs étaient blanches et mauve.

« Le voyage s'est bien passé, Jiguro, murmura-t-elle en laissant ses doigts effleurer la pierre gravée. J'ai revu Tante Yuka, mais tu le sais déjà probablement, n'est-ce pas ? »

Balsa affectionnait particulièrement cet endroit, car elle pouvait passer devant à chaque retour de voyage. Elle observa les autres fleurs et les pierres gravées, le cœur léger et en paix. Elle se redressa. Il était temps de retrouver Tanda !


« Maman ! cria une voix d'enfant dans le refuge. »

Balsa leva les yeux sur sa fille. Cette dernière, âgée de cinq ans, lui rassemblait comme deux gouttes d'eau à l'exception qu'elle avait les yeux de Tanda et leurs formes, et qu'elle tenait ses cheveux attachés en deux lulus basses. Sa petite robe rose Kanbalese à longue manche était couverte d'herbes et de pétales de fleurs.

« Oui, Alika ?

- Je vais jouer dans la forêt ! »

La lancière pencha la tête de côté, intriguée.

« Avec un sac ?

- Oui ! C'est pour mes cérémonies de thé dans la forêt avec mes amis ! J'ai des tasses et des assiettes. Je peux avoir du thé aux fruits ? »

Le thé aux fruits était une boisson fait à base de thé dans laquelle Tanda ou Balsa avaient fait reposer des fruits. Comme l'enfant était encore très jeune, il n'était pas question qu'elle ouvre le feu pour faire bouillir de l'eau, surtout si elle était en forêt. Alors Tanda avait trouvé comme alternative un thé froid qui serait aussi bon que s'il était chauffé.

« D'accord, tu peux en avoir, accepta Balsa en se redressa. »

Elle tendit les bras vers une étagère haute et en retira un contenant fait en bambou. Elle versa la préparation dans une gourde propre et la tendit à sa fille qui la mit dans son petit sac.

« J'ai aussi des gâteaux de riz ! précisa Alika.

- N'en mange pas trop avant le repas du soir, avertit la mère de famille.

- Promis. »

Balsa reçut un bisou sur la joue et elle regarda sa fille partir au loin.

Alika courut sur le sentier et arriva au jardin sanctuaire sacré de Balsa. Déjà à un jeune âge, l'enfant avait un côté aventureux et elle était plus sensible aux énergies que les enfants de son âge. Elle arriva devant les quatre pierres gravées et retira les mauvaises herbes avant d'humer le parfum des plantes. Elle sortit une couverture de son sac qu'elle étendit devant les fleurs, sur la tourbe sauvage, et déposa les assiettes, les tasses ainsi que les petits gâteaux de riz qu'elle prit bien soin de placer. De la gourde, elle versa du thé aux fruits dans les cinq tasses. Une fois terminée, l'enfant leva les yeux.

« C'est l'heure du thé ! annonça-t-elle. »

Quatre silhouettes apparurent dans son champ de vision. Ils étaient comme en chair et en os pour elle; mais ils n'étaient pas vivants.

« Moi, je prends place aux côtés d'Alika ! s'empressa de dire Laika.

- C'est moi qui voulait être à ses côtés, pleurnicha Onza, comme un enfant.

- Il y a assez de place pour tout le monde, répondit Alika en petite "adulte". Viens t'asseoir à ma droite, juste là.

- Youpi !

- Je suppose que l'on prend place en face de notre petite-fille, alors, conclut Karuna avec un sourire en regardant Jiguro.

- A-t-on vraiment le choix ? ajouta Jiguro.

- Non ! termina l'enfant. »

Aussi étrange que ça pouvait paraître, les tasses de thé se vidaient physiquement. Pas au même rythme, mais Alika savait clairement qu'elle ne buvait la ration de ses invités.

« Qu'est-ce que tu nous as apporté comme lecture, aujourd'hui, petite fleur ? lui demanda Jiguro.

- Hum... j'ai hésité entre l'histoire de "Une étoile qui veille une fleur" ou "Le dragon magique"...

- Je te dirais "Une étoile qui veille une fleur" ! s'écria Laika. »

Elle fut vite secondée par son mari et ses deux amis. Alors l'enfant déposa sa tasse et prit le petit bouquin avant d'entamer la lecture à haute-voix. Être une médium possédait aussi de beaux côtés. Alika désirait que les esprits se sentent heureux. Ce faisant, les inviter à prendre la collation avec elle et se détendre devant une histoire les aidait à se sentir presque comme en vie de nouveau. Après avoir fini sa lecture, elle bâilla et décida de se coucher sur les cuisses de Laika pour faire une sieste une fois la vaisselle nettoyée dans un petit ruisseau et rangée.


FIN

Et voilà ! J'espère que vous avez appréciez la lecture :3

Maintenant que vous êtes arrivés à la toute fin de ce one-shot, je peux enfin vous révéler ce qui m'a poussé à le rédiger.

Tout cela est parti d'un rêve dans la vraie vie que j'ai fait pendant une nuit. Si, si ! Je vous le jure.

Dans mon rêve – je vous épargne des détails superflus et un peu insignifiants – figurez-vous que Balsa a fait une apparition, quand elle avait dix ans. Je me promenais avec une amie quand nous avions décidé d'aller dans le jardin de la maison de mes parents. J'ai eu beaucoup d'hésitation à m'y rendre ou pas, mais finalement, j'ai choisi d'y aller.

Parmi les plantes, j'ai vu du mouvement parmi de grandes branches dans le jardin et Balsa est apparue, couverte de terre. C'est alors que j'ai sans doute dû prendre le rôle de Tanda dans mon rêve, car elle était heureuse de me voir et m'a serré dans ses bras en m'appelant par son nom. Lol. xD

Alors j'ai toute de suite su au réveil que je me devais d'écrire quelque chose qui s'inspirait du jardin et de Balsa couverte de terre.