La grimace étrange qu'elle fait dit tout.
Nerveuse, elle tripote ses doigts et tapote du pied sur le sol alors qu'elle est assise sur la chaise en face du bureau du professeur. Elle regarde Antoine boire son café et envoyer des messages sur son téléphone.
Elle jure que si la demi-heure consiste à lui en train d'envoyer des messages sans lui accorder de l'attention, elle va s'énerver même si elle est raide dingue de lui.
Mais heureusement pour Marion, il a commencé à lui parler et à lui poser des questions, ce qui n'a pas manqué de faire sourire l'adolescente.
– Alors ? Ça te plaît que ce soit moi qui sache tout ça ? il demande après avoir arrêté de rire de la petite blague précédemment faite par Marion.
Elle rougit et replace une mèche de ses cheveux brun foncé derrière son oreille.
– Oh oui beaucoup, rit-elle, vous ne savez pas combien je vous admire et vous fait confiance !
Antoine s'est reculé et s'est ensuite éclairci la gorge, assez gêné par la conviction et l'enthousiasme dans la voix fluette de son élève.
– Tu m'en vois ravi, ma grande… bégaie-t-il.
Marion réalise son erreur et s'excuse très rapidement pour son indécence.
Un long silence s'installe et avant qu'elle ne le réalise il lui dit qu'il serait préférable de partir. Même si elle se sent coupable d'avoir déballé ses sentiments amoureux en face sans gêne ni retenue, elle se jette dans ses bras et répète d'une voix brisée des milliers de mercis pour être si à l'écoute et dévoué.
Elle n'a pas vu, mais il sourit très doucement à un comportement aussi enfantin. Il y a aussi une note de légère malice dans ce sourire sauf qu'il se reprend assez vite pour ne pas laisser ses pensées les plus sales à propos d'elle l'envahir.
C'est dangereux, ce genre de relation enseignant-élève.
Les nuits où Antoine se sent seul, après avoir mangé des pâtes et s'être couché dans son lit, il arrive qu'il divague dans le genre de fantasmes le rendant fou.
Alors, quand une nuit il s'est senti particulièrement seul, il s'est mis à penser à quoi ressemblerait le corps de la gentille Marion — la fille timide qui ne parle à personne et fait tout sans broncher — avant, pendant et après le sexe, il avait passé vingt minutes sous la douche à penser à quel point il était dégoûtant. Il est donc très rapidement revenu au bon vieux porno.
Sauf que là, Marion a été honnête sur ses sentiments pour lui et ne demandait que de l'affection en retour. Antoine n'est pas un monstre et il se trompe sûrement.
Plusieurs années de solitude, sans compagnie féminine ou masculine qui ne soit présente pour autre chose qu'une aventure d'un soir l'ont rendu un tout petit peu désespéré. Le matin il se réveille seul, prend son petit-déjeuner seul, conduit pendant deux heures avec la radio pour seule compagnie et fait cours avant de partir manger avec ses chères collègues. Il est bon avec les femmes, toujours entouré d'elles dans l'enceinte du lycée sans jamais pouvoir en emmener une à l'hôtel ou à l'autel. C'est généralement mieux de coucher si il connaît la personne mais il ne tient pas à se mettre à dos l'entièreté des professeures.
Alors quand c'est une élève qui vient directement à lui il n'a plus qu'à se laisser tenter et céder.
– De rien, Marion. C'est une des choses qui font partie de mon métier d'enseignant.
Elle a essuyé une larme de joie et il sent comme une flèche lui transpercer le cœur.
À quoi… vient-il de penser ? Marion est toute innocente et il n'a pas le droit de penser à elle comme ça !
– Hum… As-tu un bus ou quelqu'un pour te ramener à la maison ?
Marion réfléchit.
– Non. J'ai juste envoyé un message à ma mère pour lui dire que j'avais un rendez-vous avec vous et que je l'appellerai pour qu'elle vienne me chercher.
Antoine soupire, croyant à peine qu'il soit sur le point de demander…
– Tu veux que je te raccompagne chez toi ?
C'est stupide. Il le sait. Mais le mal est déjà fait.
Antoine, un homme doué en théâtre, a su feindre le sang-froid et l'innocence de cette question.
Marion sent des picotements à l'entrejambe.
– Ce serait adorable, merci M. Antoine.
Il passe sa main sur sa tête, caresse ses longs cheveux doux et rapproche son corps de jeune fille du sien à l'aide de ses bras virils et forts.
Marion se sent protégée contre lui. Elle en profite pour continuer à renifler sa superbe odeur corporelle. Un jour peut-être qu'elle pourra le faire sans se cacher. Comme si elle était une petite enfant, il lui prend la main et ils marchent jusqu'à sa voiture. Elle s'installe et serre son sac sur ses genoux, encore timide après que leur moment de proximité se soit terminé.
La route est silencieuse, seulement animée par la musique de la radio de la voiture. Marion lui a indiqué la route et une fois devant la maison, il hésite à ce qu'il doit faire ensuite.
– C'est ta maison ?
– Oui, monsieur.
– Tu ne descends pas ?
– Si, monsieur.
Malgré sa réponse elle n'a pas bougé ses jambes ou ses bras, juste ses doigts pour creuser ses ongles rongés dans son sac.
– Et donc ?… Tu attends quoi ? Parce que je dois y aller, en fait.
Il hausse un sourcil à la profonde inspiration que Marion prend et sursaute de choc au câlin qu'elle lui fait. Il sent une goutte salée de transpiration perler sur son front quand ses lèvres touchent le coin des siennes.
– À jeudi, monsieur ! dit-elle dans la précipitation, presque en criant.
Puis elle ouvre la portière et trébuche jusqu'à la porte d'entrée.
Antoine, encore figé de choc, touche de la pulpe de ses doigts l'endroit où elle l'a embrassé. Peut-être… qu'elle avait manqué de peu la zone qu'elle voulait vraiment.
« Antoine, tu dois arrêter de penser à ça, putain ! »
Il se masse les paupières et reprend la route. Pendant les deux heures pour faire cent-trente-cinq bornes, il a bel et bien arrêté de penser à Marion.
Montant les escaliers de son immeuble, il trifouille les poches de sa veste et siffle une mélodie.
" M. Antoine ! Pitié faîtes-le encore ! "
Il s'arrête, la clef dans la serrure et la main sur la poignée.
Pas encore.
Durant les heures au lycée où ses élèves travaillent et où lui ne fait rien, il arrive encore qu'un flash vienne se graver sur ses paupières à chaque battement de cils. Jamais de toute sa carrière de professeur il n'a corrigé de copies aussi vite pour les rendre au cours suivant.
« Marion pourquoi obsèdes-tu toutes mes pensées ? » a-t-il soufflé à voix basse sans s'en rendre compte.
Heureusement qu'il n'y a personne sur le palier à cette heure de la soirée où il fait nuit noire. Ridicule. Il secoue la tête, ouvre la porte, retire la clef et rentre chez lui sans même penser à se faire à manger. Il, à la place, se couche sur son lit avec les bras croisés derrière la tête et l'exaspération dans son corps.
C'est très mal d'imaginer des scènes explicites de lui et de son élève dans des positions compromettantes. De toute façon elle ne doit pas penser à lui comme ça. Désespéré comme il est il a cherché dans son sac son ordinateur portable et l'a posé sur son lit.
Dans son historique — qu'il a malencontreusement oublié d'effacer — il y a des dizaines de vidéos pornographiques. Juste une autre ; il ne va pas mourir juste pour une vidéo en plus dans son historique.
« Je dois arrêter de penser à Marion » il soupire agacé.
Ça n'a pas vraiment marché : son cerveau a transformé les gens à l'écran en lui et elle en train de faire n'importe quoi. Il a gémi son prénom, et Dieu seul sait que c'était génial. Il a quand même fini par culpabiliser, son petit cœur battant dans sa poitrine pour cette fille de quinze ans, et sa main… pleine de sperme pas encore essuyé.
N'empêche c'est étrange. Cette situation, cette fille, son comportement, seul avec elle.
Vidé du stress du quotidien, il a pu repenser un petit peu plus clairement à sa situation « problématique ».
Marion est une adolescente en difficulté sociale et scolaire puisqu'elle n'a pas d'amis dans sa classe et que ses notes sont en chute libre — et il est selon elle le gars parfait pour l'aider. Ça lui va. Il préfère de loin qu'ils s'aiment bien plutôt qu'ils vivent quelque chose de plus malsain. Il est et sera toujours ravi qu'elle vienne le voir.
Il prend le mouchoir où il avait essuyé le sperme de son gland et de son pantalon pour s'essuyer la main. Il est bon pour reprendre une douche. Il se lève, fait couler l'eau une fois tous ses vêtements enlevés et laisse la cascade tomber sur son crâne et ses épaules. L'eau agresse ses cils longs pour lui qui est un homme. Il trouve son visage ayant des caractéristiques étonnement féminines pour lui qui est un homme adulte plus proche de ses trente ans que de ses vingt. Une de ses élèves lui a fait la réflexion le mois dernier et il a répondu que ça n'avait aucun rapport avec son cours. Il n'a jamais vraiment remarqué jusque là mais ça lui a laissé une marque. Est-ce pour cela que les femmes ne veulent pas sortir avec lui ?
« Pensées positives, Antoine ! C'est le soir, t'es crevé, alors après t'être branlé comme un chien t'as intérêt à rester détendu ! » se gronde-t-il.
C'est une situation farfelue de se gronder soi-même sous la douche dans la solitude d'un appartement.
Il savonne son corps différent de celui qu'il possédait il y a encore trois ans et prend encore une petite minute pour profiter de la chaleur accueillante de sa douche.
– Être prof ça ne paye pas pas très bien. C'est dommage parce que j'apprécie vraiment ce moment…
Il se sèche et se glisse ensuite dans son lit pour dormir.
Le sommeil a été facile et il a fait des rêves agréable dont il s'est souvenu le matin en prenant son café.
Et sa routine a recommencé.
Sauf qu'aujourd'hui il n'a pas cours avec la classe de Marion. C'est dingue ça : il a réussi à ne pas penser à elle pendant environ dix heures jusqu'à ce qu'il regarde son emploi du temps sur son téléphone en salle des professeurs. Flûte…
Le bon côté des choses, c'est qu'il est moins excité qu'hier à l'idée d'avoir Marion dans ses bras. Aux heures du matin où le soleil commence enfin à se faire connaître, il fait cours à une classe de STMG. Ils ne sont pas ennuyeux comme la 2G9 mais il admet préférer le faire à des classes de collège qui ont l'excuse de l'âge pour rester bruyants et enfantins. Au lieu d'admettre que cette génération est insupportable, il remet toute la faute sur le confinement de 2020. Il le sait au fond que ses élèves sont juste des causes perdues. Marion en fait partie mais au moins elle est gentille et agréable à côtoyer.
Mince ! Encore une fois c'est la jeune Marion qui lui est venue à l'esprit.
« Reste fort… Reste fort», pense Antoine.
Il s'assoit en face de l'ordinateur et projette des exercices au tableau pour la classe. Ils travaillent dans le calme et il en profite pour regarder son emploi du temps. Aucune heure de trou et il termine à quatre heures de l'après-midi. Longue journée aujourd'hui…
Il se lève, regarde dans le couloir à gauche et à droite comme il le fait assez souvent, et là… il voit Marion marcher rapidement et passer devant lui sans même un boujour. Ça fait mal puisque son égo en a pris un coup, mais sans qu'il ne soit pleinement en phase avec son cerveau, il l'interpelle.
– Hé !
Marion s'arrête, figée comme une image pendant quatre secondes, et finit par se retourner très lentement.
– Monsieur, bégaie-t-elle avec une partie de ses cheveux couvrant son visage, je ne vous avais pas vu. Pardon.
Antoine ne faiblit pas.
– Tu allais où comme ça ? Le cours avec Mme Dumont est au bâtiment C.
Lui et cette prof de Français s'entendent bien, ils trouvent même toujours le moyen de se plaindre de la 2G9.
Il ne vacille pas à l'hostilité plutôt soudaine de Marion envers lui.
– Nulle part ! J'allais juste… heu… aux… aux toilettes ?…
Il plisse les yeux.
– Tu te fous de moi ?
– Heu… Oui, admet Marion en baissant les bras.
– Marion…
– Je suis désolée, d'accord ? Très honnêtement si vous étiez élève dans ma classe avec votre maturité et sans salaire vous ne prendriez même pas le peine d'assister aux cours !
Antoine soupire de résignation et regarde en arrière la classe de STMG plus concentrée sur la conversation qu'il a avec son élève plutôt que sur leurs exercice.
– Ep ! Au travail, ordonne-t-il fermement.
Il ferme la porte et reporte ses yeux sur la jeune fille.
– Tu as raison mais c'est de toi qu'on parle. Donc tu vas retourner en cours après que je t'aie fait un mot.
C'est au tour de Marion de soupirer.
– D'accord… Merci je suppose.
Il fait déjà beaucoup pour elle mais au point où ils en sont…
Il lui tend le mot et elle l'arrache de sa main avant de partir pour aller en classe. Quand il est revenu à l'ordinateur, il s'est dit qu'il pouvait lui demander la vraie raison de son envie de sécher.
Probablement la peur des filles de sa classe. Fille étrange entourée d'une aura de mystère. Il n'a pas les noms ou la confirmation, juste les théories. Tant pis. Il la reverra le lendemain dans une meilleure forme et présente dans on cours.
En attendant même si il désire la poursuivre pour lui poser des questions et la faire se sentir mieux il n'a pas le droit de quitter la salle pour l'arrêter peu avant qu'elle n'ouvre la porte de l'escalier.
Il reste trente minutes de cours avant la récréation et il s'ennuie comme un rat mort.
Les élèves semblant avoir terminé puisqu'ils bavardent, il décide de faire la correction.
– Quelqu'un veut faire le premier ? il demande en se levant de sa chaise.
Il se demande pourquoi il s'attendait à ce qu'on lui réponde…
L'heure de cours passée, il file en pause cigarette devant le lycée. Il ne s'attendait pas à voir Marion allumer une cigarette en bouche et souffler la fumée grise et toxique pour son corps.
– Tu fumes ? il demande, incrédule.
Marion le regarde un peu surprise qu'il soit là et hoche la tête.
– Pour me détendre et me calmer les nerfs.
Il prend lui-même une bouffée de sa cigarette et envoya le message qu'il avait écrit. De temps en temps il jette des coups d'oeil discrets sur ce que fait son élève. Elle fume, regarde perdue en face d'elle, et parfois jette ses cendres sur le goudron du trottoir. Il décide de la laisser tranquille pendant quelques secondes.
– Tu fumes depuis combien de temps ?
Elle lui répond sans le regarder dans les yeux : – Plusieurs mois, je ne saurai dire depuis combien de temps exactement.
Il la fixe, aspire la fumée, la souffle et passe ses doigts dans ses boucles.
– Tu ne devrais pas. C'est une vielle et mauvais habitude que j'aie sans que je n'arrive à m'arrêter.
– Vous êtes très mal placé pour critiquer, dit Marion d'un ton sarcastique et dégoûté, le regardant enfin droit dans les yeux.
Elle reste douce malgré son comportement, un fait qu'il apprécie.
– Ça va ? Aujourd'hui je veux dire.
– Oui. Enfin… ça pourrait aller mieux mais je n'ai pas le droit de me plaindre.
Il ne comprend pas son point.
– Ce que je veux dire c'est que quand on demande si ça va on le fait par politesse car on s'en fiche. Donc il faut répondre « oui» quoi qu'il arrive.
Quelle vision pessimiste.
Il rétorque donc : – Ton avis et tes sentiments m'intéressent, moi !
Ce rougissement adorable et ce regard plein d'espoir sur son visage disent tout.
Les doigts dans ses cheveux bouclés voyagent jusqu'à la manche de sa veste pour enfin arriver à la pointe de ses cheveux tombant sur ses épaules.
Les mains de Marion tremblent et elle transpire comme si son corps était dans un four.
– Vous ne dîtes cela que pour me faire plaisir… chuchote l'adolescente d'une voix tremblante et rauque.
– Non je le pense très sincèrement.
Les doigts masculins du professeur montrent et frôlent la peau de sa joue jusqu'à reposer sur son cuir chevelu. Marion tremblote et grince des dents.
– Vous ne savez pas ce que vous faîtes…
Il voit que ses jambes se serrent.
– Tu n'aimes pas le toucher ?
Elle secoue la tête et il décide d'arrêter de l'embêter.
– Je suis désolé, Marion.
– Ça ne fait rien, monsieur.
Il respecte ça mais c'est quand même étrange. Pour lui qui est du genre tactile c'est ennuyeux.
Ils rentrent dans l'enceinte du lycée et leur chemin se sépare, Marion partant en direction de la cour et Antoine revenant en salle des profs pour faire des photocopies. Il se sent heureux d'avoir pu discuter un peu avec elle même si ça s'est avéré bref et gênant. Il salue les collègues venus le voir et se dirige dans la direction des salles de cours une fois la sonnerie et les photocopies terminées. Et même si il y a quelques rires il passe une journée monotone. Il a croisé Marion à onze heures quand elle attendait devant la salle d'Histoire-Géographie et elle n'a pas levé les yeux vers lui. Et ainsi les cours s'enchaînent jusqu'à ce que finalement il conduise deux heures et rentre chez lui à six heures du soir.
Il a des copies à corriger. Pendant qu'il fait ses corrections sur ces torchons quelque peu lamentables selon le point de vue, il mange un sandwich, lassé des pâtes. Puisqu'il revoit la 2G9 le lendemain à onze heures, il peut bien corriger les copies. Puis il en vient à la copie de Marion.
C'est bourré de fautes de calcul, de mauvaise application de la théorie, de notes défaitistes, de ratures et d'autres choses incompréhensibles. Elle lui fait pitié, elle qui est toute fragile et garde tous ses problèmes au fond d'elle comme une éponge avant avant que tout n'explose. Antoine a mal aux yeux en essayant de déchiffrer ce qu'elle a écrit… avant de souffler de colère en réalisant que ce ne sont que des notes supposément drôles. Marion a un sens de l'humour vraiment douteux mais il reste juste et note comme il le ferait avec les autres élèves.
De toute façon elle n'est pas la pire de ses élèves : il a attribué une note de 0,5/20 à l'élève qui a rendu sa copie après elle.
« Désolé pour la notation sévère, mais tu as compris le plus essentiel. »
C'est normal qu'il mette cette appréciation après avoir attribué une note de 7,25/20 à cette jeune élève. Elle a compris l'essentiel et avait des notes assez bonnes au premier trimestre allant jusqu'à 15,75/20. Puis début du second trimestre elle a eu 10/20 sur les vecteurs alors qu'elle avait tout bien compris en classe et maintenant 7,25/20…
Il note dans un coin de sa tête qu'il devra passer et regarder plus souvent comment elle se débrouille. Après tout ce n'est peut-être qu'une façade et elle ne fait que dessiner pendant cinquante minutes. C'est d'ailleurs le premier commentaire qu'il lui a fait en début d'année. Il se souvient qu'elle a eu vraiment honte quand il a remarqué, et maintenant il se sent coupable en réalisant cet impact léger sur elle. Au moins Marion a l'air heureuse d'être avec lui bien qu'elle ne soit pas douée pour le montrer.
Il mord dans son sandwich et laisse le tas de copies sur la table de sa cuisine.
Il prend son téléphone et ouvre Pronote pour envoyer un message à Marion.
« Bonsoir Marion,
je te propose de continuer à parler avec moi à la fin des cours le mardi soir. Je peux aussi t'offrir un tutorat privé pour améliorer tes notes si tu en as besoin (ce qui est le cas) et si tu es d'accord, bien sûr. »
Il attend et son cœur bondit dans sa poitrine au message de son élève.
« Ça serait avec plaisir pour les discussions et le tutorat, monsieur. »
