Chapitre 5 : 1952-1996
Trois semaines avaient passes depuis la rentrée scolaire. Trois semaines où Ginny ne vit que deux fois sa co-chambreuse et encore, c'était en coup de vent. La jeune femme en était arrivée à croire que sa colocataire ne s'était inscrite à l'Université Magique que pour courtiser et appâter de jeunes sorciers de familles aisées qui feraient éventuellement des maris potentiels. Memphis était ce que l'on appelait sur le campus, une croqueuse de sorciers de bonne famille, sa réputation la poursuivait et on doutait qu'elle puisse un jour s'en départir. À l'opposé entièrement, Ginny fut considérée rapidement comme une trop studieuse étudiante. Ses amis s'en étaient inquiétés, elle fuyait maintenant les petites fêtes entre amis organisées par la faculté, elle qui jusqu'à l'année précédente était même des comités organisateurs. Tout ce que la rouquine faisait maintenant était d'assister aux divers cours et de courir pratiquement à sa chambre dès la fin des classes pour n'en ressortir que le lendemain pour reprendre ses cours. Elle fuyait pratiquement les rencontres sociales, déclinait toutes invitations, anodines ou bancales. Elle se renfermait de plus en plus sur elle-même, n'acceptant de rencontrer que quelques rares privilégiés qui devaient pour cela, pratiquement forcer sa porte.
On ne la voyait plus se promener sur le campus comme autrefois, on ne l'entendait plus rire, c'est à peine si elle parlait. En fait, elle répondait point, elle ne discutait plus. Un jour, un ami proche, Alex, s'inquiéta vivement et retraça le numéro de la chambre de Miss Granger qui savait être la meilleure amie de la rouquine. Il se rendit donc au bâtiment où résidait Granger et frappa à la porte de cette dernière. Comme il avait déjà rencontré à quelques reprises la demoiselle, il comprit qu'il s'agissait sans doute de sa colocataire qui lui ouvrit lorsqu'il vit une grande jeune femme charismatique à la longue chevelure blonde bouclant naturellement vers la pointe et au regard tel un ciel d'avril.
« Désolé, je cherche Hermione Granger » déclara le jeune homme avec un petit sourire d'excuse.
Aussitôt la jeune femme lui rendit son sourire et ouvrit la porte en entier pour l'inviter à entrer, ce qu'il fit. Il trouva Hermione assise à sa table de travail qui était jonchée de manuels, grimoires et parchemins. La jeune Granger avait retourné la tête en entendant que l'on la demandait et se leva pour accueillir Alex Benson qu'elle connaissait comme un bon ami de Ginny. Le jeune homme hésita quelques instants, ne sachant pas trop comment amener le sujet qu'il était venu exposer à l'étudiante en Enchantement. Comprenant son malaise et voulant sans doute laisser plus de lassitude au jeune homme, Morrigan Adams agrippa rapidement sa cape et un bouquin qui était sur sa table de travail et quitta les deux autres avec un sourire. Alex lui en fut reconnaissant et Hermione la remercia de la tête. Adams sortit et referma la porte derrière elle.
Alex trouva finalement les mots pour formuler ses inquiétudes à la meilleure amie de Ginny qui lui avoua avoir elle-même les mêmes mais être complètement dans le noir tant qu'à la façon d'aider la jeune Weasley. Ils échangèrent un long moment mais au bout du compte, aucune solution ne fut trouvée. Hermione cependant, promit de retenter sa chance auprès de la rouquine. Ce qu'elle fit dès que le jeune homme eut quitté son dortoir. Elle enfila sa cape et marcha d'un pas rapide et décidé vers la chambre de la rouquine qui se trouvait de l'autre côté du campus. En chemin elle rencontra Morrigan qui s'était installée sur un banc de parc et parlait avec un grand jeune homme roux de sa connaissance. Mais qu'est-ce que faisait Ron sur le campus un jour de classe ? Légèrement troublée de trouver là son ami, Hermione en oublia momentanément la raison de sa sortie et s'approcha de ses deux amis qui riaient d'une plaisanterie du rouquin. Hermione eut un pincement au cœur, l'instant d'un battement de cœur elle éprouva de la jalousie. Morrigan avait tellement de facilité à interagir avec le grand rouquin alors qu'elle avait de la difficulté à avoir une discussion civilisée avec lui et ce même après des années d'amitié. En y repensant bien, tout le monde, à l'exception d'elle-même avait de la facilité avec le joueur de Quidditch.
Lorsqu'il la vit arriver, le sourire de Ron changea automatiquement, il salua son amie d'un signe de la tête, signe qu'elle lui rendit. Puis elle demanda d'un ton plus sec qu'elle ne l'aurait réellement voulu :
« Pourquoi es-tu ici ? »
Il n'en fallut pas plus pour allumer le feu. Ron s'emporta et une autre de leurs célèbres disputes s'entama pour quelque chose d'aussi anodin. Il fallut que mademoiselle Adams intervienne pour calmer les esprits, en fait, elle agit avec malice, se levant de son banc et quittant les deux querelleurs en déclarant d'une voix faussement désespérée :
« Ah ! Les amoureux ... »
Aussitôt, l'un comme l'autre s'empressa de nier. Comme Morrigan ne prêtait aucune attention à leur négation et continuait son chemin, les deux amis se refirent face, rouges tous deux et finirent par s'enfuir pratiquement dans des directions opposées. Ce n'est que quelques centaines de mètres plus tard que Hermione se rendit compte qu'elle n'allait pas dans la bonne direction et due rebrousser chemin pour retourner vers le dortoir de Ginny. Elle y arriva finalement et eut beau frapper et cogner à la porte de la chambre, aucune réponse ne lui parvint. Un jeune homme passant dans le couloir l'informa que la rouquine était partie quelques minutes plus tôt, vêtue de façon moldue. Cela intrigua grandement Hermione qui demanda la direction qu'avait emprunté la jeune femme mais l'homme fut incapable de la renseigner correctement, elle due donc oublier son idée de se mettre à la recherche de son amie et retourna à sa chambre où Morrigan l'accueillie avec un petit sourire entendu mais la jeune Granger n'avait pas le cœur de discuter avec son amie sur sa relation avec Ronald Weasley. Une autre Weasley l'inquiétait d'avantage que cet éternel enfant qu'était Ron.
Étant incapable de se replonger dans ses études, Hermione finit par se retourner vers la blonde qui travaillait en silence à sa table. Elle hésitait à verbaliser ses inquiétudes face à Ginny avec Morrigan, non pas qu'elle doutait des capacités d'écoute de la jeune Adams. Elle avait peur de mal s'exprimer, de mal exposer les faits observés et de verbaliser sa théorie élaborée. Pourtant, elle devait tenter de trouver quelqu'un de neutre d'impartial qui saurait rediriger son esprit sur le chemin des faits tangibles et la jeune mademoiselle Adams était une experte dans le domaine, étant terre-à-terre, posée et réaliste. Finalement Hermione se lança, les deux jeunes femmes s'installèrent sur le lit de Morrigan qui écouta tout ce que Hermione avait à dire, sans l'interrompre. Puis elles discutèrent des possibilités qui s'offraient à eux. Si Hermione ne sortit pas de cette conversation avec une solution, elle s'en sentit tout le moins beaucoup mieux. Morrigan lui avait proposé de parler avec Ginny le plus rapidement possible, ce que résolut de faire la jeune Granger dès que possible.
Pendant ce temps, à Londres, un homme d'un certain âge écoutait une jeune femme bien plus jeune que lui, pouvant presque être sa propre fille. Tous deux étaient devant quelques gâteaux et des tasses de thé fumant. Benjamin Prewett avait été plus qu'étonné de voir un grand duc se poser sur le rebord de sa fenêtre de bureau cet après-midi là mais il ne fut pas trop étonné de découvrir qui était l'expéditeur. Il lut rapidement la missive et y répondit, retournant le volatil à son propriétaire avant qu'il n'attire trop de regards curieux. Il avait accepté de rencontrer la fille cadette de sa cousine Molly, pour ce qui était maintenant un thé hebdomadaire. Habituellement par contre, Ginny se déplaçait elle-même jusqu'à son bureau, profitant qu'elle n'avait pas de cours à son horaire les mardi après-midi pour faire le voyage jusqu'à Londres. Par contre, on était jeudi et Ginny devait avoir désespérément besoin de parler pour utiliser un tel moyen, elle qui savait très bien que les hiboux dans le Londres moldus était chose étrange.
Ils s'étaient donc retrouvés au petit salon de thé habituel, commandant la même chose et actant pareillement pendant les premières minutes de leur entretien. Benjamin savait qu'il n'obtiendrait rien de la rouquine s'il la questionnait de front, il attendait donc qu'elle s'ouvre d'elle-même. Il avait vite compris le mal qui rongeait la jeune femme, il le reconnaissait, il en connaissait les conséquences et les souffrances qu'il procurait à ses victimes. Il sympathisait avec la jeune femme mais jamais il ne lui montrait. Il savait que ce n'était pas en la réconfortant qu'elle irait mieux. Ginny avait besoin de confronter sa réalité, elle la fuyait habillement mais un jour où l'autre elle la rattraperait et plus le temps passerait, plus la confrontation serait douloureuse. Benjamin tentait d'agir comme un phare dans la tempête qu'était l'esprit de la rouquine, elle n'avait pas besoin de bouée, elle avait seulement besoin d'un point de repère, quelque chose qui la guiderait, qui était solide et tangible.
À chacune de leurs rencontres, il l'écoutait, ouvrant toujours plus grandes les portes, lui tendant un nombre incalculable de perches mais jamais elle ne s'en saisissait. Elle continuait à nier, à renier ce qu'elle était. Benjamin savait que c'était un combat difficile, que plusieurs abandonnaient, préférant croire et faire croire à une pseudo réalité qu'ils créaient de toutes pièces. Il ne voulait pas cette fin pour la jeune femme devant lui, elle méritait d'être heureuse. Cependant, son bonheur passait pour l'instant pas la souffrance et personne à part elle-même ne pouvait mettre un terme à cette souffrance qui lui dévorait l'âme. Ginny Weasley devait s'aider elle-même avant que quiconque puisse lui offrir son aide. Ginny Weasley devait accepter qu'elle n'était pas celle qu'elle croyait être, qu'elle n'était pas comme les autres et ne le serait jamais. Elle devait être forte pour affronter ses démons et ses peurs. Elle devait se battre contre la Ginny Weasley qu'elle avait été pendant des années.
Benjamin Prewett savait par expérience que l'on ne se réveille pas un beau matin en constatant que le poids qui nous oppressait depuis si longtemps avait fini par disparaître. Non, il fallait se battre, il fallait affronter pas seulement le monde extérieur mais également ce mal qui dévore de l'intérieur. C'était un processus long et pénible mais il était obligatoire, sans lui jamais Ginny ne serait entièrement heureuse et accomplie. Il revoyait très bien dans les yeux de la jeune femme, cette même douleur qu'il avait éprouvée lui-même des années auparavant. Connaître la douleur qui terrasse les êtres chers et ne pouvoir rien faire pour les soulager est aussi cruel et déstabilisant que de la vivre.
Leur discussion prit fin soudainement, alors que Ginny était sur le point de déclarer des choses qu'elle ne voulait pas. Benjamin l'avait senti à deux doigts d'enfin extérioriser une partie de ses démons mais la jeune femme s'était rétractée, renfermée à nouveau, replaçant son masque de froidure et de douleur sur son visage autrefois plein de vie. L'homme avait soupiré, il avait cru que cette fois, peut-être, mais visiblement elle n'était pas encore prête, elle n'avait pas encore suffisamment souffert pour vouloir se débarrasser une fois pour toute de ce poids sur son âme. Ils se quittèrent, s'embrassant et se faisant une accolade puis la jeune sorcière reprit le chemin du Chaudron Baveur où elle pourrait transplaner sans danger vers Raravis, son Université.
Trois autres semaines passèrent, le mois d'octobre s'annonçait froid et humide, l'automne ne serait pas clément cette année. Comme si Mère Nature avait décidé de calquer son comportement sur l'esprit machiavélique du Lord Noir. En effet, le Seigneur des Ténèbres et son armée de mangemorts étaient de plus en plus actifs. La veille, ils avaient attaqué le Ministère, créant la confusion dans toute la communauté magique mais surtout tuant près de trente personnes. Toutes les autorités du monde magique avaient décidé d'observer une journée de deuil. L'Université Magique Raravis ne fit pas exception, retournant ses étudiants dans leurs foyers, plusieurs étant éprouvés. Hermione et Ginny se rendirent à la demeure des Weasley où elles furent accueillies par Molly qui les serra si fortement contre elle qu'elles crurent étouffées. Toute la petite famille Weasley était présente, Arthur, le chef de famille était présent lors de l'attaque mais avait eu la chance de s'en sortir indemne, de même que Charlie qui était en mission pour l'Ordre. Les jumeaux avaient fermé leur boutique puisque de toute façon, personne ne sortirait ce jour-là. Harry avait travaillé toute la nuit avec les autres Aurors et était entré épuisé et couvert de blessures mineures que s'était empressée de soigner Molly.
Hermione avait tenté de profiter d'un avant-midi tranquille au salon pour s'entretenir de nouveau avec Ginny sur ses inquiétudes mais cette dernière l'avait plus ou moins poliment stoppé comme à toutes les fois précédentes, préférant éviter le sujet. Alors que la jeune Granger poussait un peu plus, Ginny se leva soudainement, agrippa sa cape et sortit sans un mot. Molly courut à sa suite mais déjà sa plus jeune avait transplané. La mère Weasley échangea un regard avec Hermione qui avait serré les mâchoires et s'en voulait d'être la cause de la fuite de son amie. Molly fit signe à sa presque fille de la suivre dans la cuisine où elles parlèrent longuement, Molly pleurant son impuissance et Hermione tenant de son mieux de la réconforter, la rassurer.
Ginny se retrouva de nouveau au Chaudron Baveur où Tom la salua gentiment, l'endroit étant déserté en cette journée de deuil commun. Ginny ne s'attarda pas et sortit du côté du Londres moldu non sans avoir métamorphosé sa cape en gilet chaud, ce qui passerait mieux aux yeux des passants. Une fois de plus, la jeune femme s'étonna de la nonchalance des moldus, une guerre atroce se déroulait pratiquement sous leurs yeux et personne ne voyait rien. Elle marcha telle une automate jusqu'au bureau de Benjamin. Elle fut accueillie par la réceptionniste qui la connaissait bien maintenant et qui lui sourit gentiment avant d'informer son patron de l'arrivée de la jeune rouquine.
« Monsieur Prewett est en rencontre présentement, il demande si vous avec le temps d'attendre, il aimerait bien vous montrer quelque chose m'a-t-il dit ... » déclara la vielle dame.
La jeune femme prit donc place sur une petite chaise dans la salle d'attente du cabinet comptable. Celui qu'elle considérait maintenant comme un ami, sortit bientôt de son bureau, raccompagna ses clients jusqu'à la sortie, les salua et se retourna vers Ginny en lui souriant gentiment.
« J'aimerais bien t'amener à quelque part aujourd'hui pour faire changement. T'es partante ? »
La rouquine arqua un sourcil puis finit par accepter en hochant simplement la tête et en suivant à l'extérieur Benjamin qui avait enfilé son manteau et prit ses clés. Ils marchèrent quelques coins de rues en silence puis il lui ouvrit la portière d'une petite voiture qui était la sienne, l'invitant à prendre place côté passager. Il s'installa derrière le volant et engagea la voiture sur la route. Ils roulèrent en silence un bon moment avant que Benjamin ne stoppe la voiture devant une immense barrière de fer forgé. Ginny reconnut l'entrée d'un cimetière et dévisagea longuement l'homme à ses côtés. Ce dernier descendit de voiture et ouvrit le coffre. Elle le suivit ensuite jusqu'à une rangé de pierres où étaient gravés des noms de personnes décédées. Ils s'arrêtèrent devant l'une d'elles, en marbre gris où Ginny pu lire : Marc Édouard Carter 1952-1996.
Benjamin qui avait sortit des petites cisailles de son coffre, s'agenouilla et entreprit d'entretenir le petit rosier qui avait été planté à la tête de la pierre tombale. La rouquine le regarda faire en silence, ses yeux emplis de larmes qu'elle se refusait à laisser couler. Au bout d'un moment, le regard toujours fixé sur la pierre devant elle, elle sentit que Benjamin était de retour à ses côtés. Il lui parla longuement de Marc, son premier et seul amour. Il lui expliqua que malgré sa mort, Marc restait la plus belle chose dans sa vie, qu'il lui avait tant donné, tant apprit. Il le lui décrivit comme étant un homme bon, aimable, généreux, quelqu'un d'exceptionnel. Benjamin déclara se croire l'homme le plus chanceux de la Terre pour avoir seulement eut le privilège d'être un jour dans la vie d'un homme tel que Marc.
« J'échangerais aucune de mes années de conflit avec ma famille, ou la douleur qui m'habitait puisque tout cela m'a mené finalement à Marc et au bonheur. On construit soi-même son bonheur et le chemin pour y parvenir n'est pas sans maux mais ce qui nous attend au bout est indescriptible. Je n'ai jamais été autant heureux qu'avec Marc et malgré le fait que la maladie me l'a enlevé, je continue à être heureux parce que un jour j'ai aimé et j'ai été aimé en retour. Il n'y a rien de plus merveilleux dans l'existence Ginny... L'amour n'a pas de genre, l'amour est universel, l'amour est plus fort que tout, il vient à bout même les pires démons ... »
La jeune rouquine avait perdu son combat avec ses larmes, elles coulaient maintenant comme des torrents silencieux sur ses joues. Son esprit roulait à une vitesse folle, tout ce qu'elle essayait de refouler et repousser depuis des semaines voulait refaire surface à ce moment précis. C'était un malstrom étourdissant, une tempête qui se déchaînait subitement. Benjamin avait compris son malaise et gardait le silence, laissant la jeune femme jongler avec ses émotions, ses sentiments, ses pensées. Le regard embué par les larmes mais toujours fixé sur les lettres gravés dans le marbre, Ginny commença sa longue lutte contre les démons qui peuplaient son intérieur. Elle aurait pu rester là, immobile pendant des heures si ce n'avait été de Benjamin qui la força à retourner à la voiture et la reconduit chez lui. Il l'installa sur le canapé de son salon, la recouvrant d'une couverture pour tenter de stopper les frissons qui parcouraient son corps. Ginny pleura en silence, de longues minutes, des heures... Il resta là, simplement près d'elle sans rien dire, sans rien vouloir. La jeune femme finit par s'endormir à bout de force.
Benjamin Prewett fit ensuite quelque chose qu'il n'avait plus fait depuis des années. Même s'il avait peur, il devait faire vite, donc il transplana jusqu'au Chaudron Baveur où il emprunta un hibou postal et envoya un message à la famille de sa jeune amie qui devait s'inquiéter de ne pas la voir rentrer. Sa missive était courte et ne faisait que rassurer les Weasley. Jamais il n'aurait osé ou même pensé dévoiler quoi que ce soit à la famille de sa jeune amie. Ce n'était pas son rôle, ce n'était pas à lui de le faire. Ginny lui en voudrait énormément s'il agissait ainsi, donc, il se contenta de simplement rassurer de quelques mots sa cousine. Lorsqu'il retourna chez lui, il trouva Ginny toujours endormie, les joues baignées de larmes. Il se laissa tomber dans son fauteuil, épuisé d'avoir pratiqué un acte magique aussi important que la transplanation, lui qui n'en avait pas fait depuis des années. Il le regretterait plus tard, son corps lui rappellerait qu'il n'était pas si aisé de faire de la magie mais la situation exigeait qu'il donne un peu de lui non ?
Plus tard ce soir-là, alors que Benjamin préparait un petit goûté en prévision du réveil de Ginny, on cogna à sa porte. Il fut à moitié surpris de découvrir une tête rousse derrière la porte. Il n'eut aucun mal à reconnaître Molly Prewett Weasley, sa cousine, accompagnée d'une autre jeune femme aux cheveux en broussaille d'environ le même âge que la rouquine qui dormait toujours sur son canapé. Sans un mot, Molly se jeta dans les bras de son cousin depuis si longtemps « disparu ». Benjamin l'étreignit chaleureusement, la réconfortant par le fait même. Toujours sans une parole, la mère du clan Weasley se dirigea vers la forme endormie de son unique fille et s'agenouilla près d'elle, passant doucement et avec amour sa main dans la chevelure de feu de sa progéniture. Aucune parole n'était nécessaire, Molly Weasley et Hermione Granger n'étaient pas stupides, elles avaient bien sûr cogité sur la probable raison des comportements de Ginny les derniers mois et la réponde leur avait frôlé l'esprit. De voir ainsi la jeune femme endormie si vulnérable sur le canapé de son cousin ne confirma que la vérité à la mère de famille. Elle ne pouvait nier que son instinct de mère lui avait soufflé depuis longtemps que c'était ce qui rongeait sa petite fille. Là où Molly avait le plus mal était de constater que malgré toute sa bonne volonté, elle ne pouvait rien pour sa fille, malgré tout l'amour qu'elle lui avait offert sans condition depuis sa naissance, elle n'était pas parvenue à empêcher la chair de sa chair de souffrir. Une mère préférait souffrir mille maux plutôt que de regarder ses enfants se faire engloutir sans pouvoir intervenir.
Pendant ce temps, Hermione se présenta et expliqua comment elle avait retracé le comptable pseudo moldu. L'homme leur offrit gentiment un thé, expliquant que Ginny pourrait mettre du temps à se réveiller. C'est effectivement ce qui arriva. La jeune femme se réveilla en sursaut dans un environnement inconnu, entourée de sa mère, de sa meilleure amie ainsi que de Benjamin. Tous lui souriaient doucement, lui laissant le temps de reconnecter son esprit à la réalité. Puis les larmes revinrent, coulant tels des flots incontrôlables. Molly se précipita vers sa fille, l'enlaçant, la berçant, lui chuchotant des mots apaisants comme elle le faisait jadis lorsque sa petite fille avait un cauchemar. Hermione et Molly finirent par ramener la jeune femme à leur demeure, remerciant Benjamin pour son hospitalité et tout ce qu'il avait fait.
Les jours qui suivirent, Ginny resta chez elle, Hermione avait averti les autorités de l'Université Magique que la jeune Weasley était souffrante et qu'elle resterait chez elle pour quelques jours. Molly prit soin de sa fille comme elle le faisait autrefois, exaspérant parfois Ginny qui au fond d'elle-même devait avouer qu'elle appréciait toutes les petites attentions de sa mère. D'un commun accord, elles avaient convenu de ne parler de rien à personne. Ginny le ferait elle-même lorsqu'elle se sentirait prête. De plus, on évita carrément le sujet, la jeune femme ne se sentant pas prête à en discuter. Molly respecta sa décision bien qu'elle trouva difficile de ne rien dire à son mari qui se doutait pourtant de quelque chose. Officiellement, et même pour ses frères, Ginny était malade, rien de grave, du surmenage, elle s'était trop donnée à ses études et ne s'était pas suffisamment reposée cet été.
La pseudo maladie de la rouquine offrit une trêve aux incessantes querelles entre Ron et Hermione. Ce dernier, loin d'être aussi stupide qu'il le laissait croire, savait bien que quelque chose ne tournait pas rond mais était loin de se douter de la raison. Cela permit également un rapprochement entre lui et la jeune Granger. Leur cessé le feu les avait forcé à avoir des discussions sérieuses et civilisés. Ron passa de longues soirées au dortoir de son amie, tentant de recoller tous les pots cassés. Parfois le ton montait, parfois l'air était chargé mais chacun y mettait du sien et le tout restait amical.
De son côté, Ginny remerciait tous les mages de ce poids, toujours présent, mais bien moins imposant sur son âme. La douleur aussi était maintenant plus supportable, savoir que d'autres savent et ne jugent pas et un baume sur l'âme écorchée. Benjamin qui vint la visiter une fois chez elle, lui déclara qu'elle avait une grande partie du chemin de fait, qu'il serait maintenant vain de rebrousser chemin, qu'elle devait continuer à persévérer, un jour la route devant elle ne serait plus aussi noire et effrayante, la lumière revenait toujours en ceux qui avait l'espoir et la force de continuer à avancer malgré les embûches.
Quelques jours plus tard, elle était de retour à l'Université Raravis. Toujours pas celle que tous avaient jusqu'alors connue mais loin d'être le fantôme qu'elle avait été depuis le début des classes. À chaque jour suffisait sa peine, que sa mère lui avait dit et Ginny avait résolu de prendre un jour à la fois. Hermione était là pour elle, comme toujours, disponible mais effacée, toujours là sans être constamment près d'elle et la jeune femme lui en était reconnaissante. Les jours où les choses lui semblaient plus pénibles, la rouquine se répétait sans cesse une série de chiffre, 1952-1996, cela lui redonnait un peu de courage. Elle devait s'efforcer de vivre sa vie pleinement de façon à ce que quand la mort viendrait la chercher, elle n'ait que peu de choses à regretter et un lot incroyable de bons souvenirs.
N/A : Le chapitre suivant est déjà composé (l'inspiration est une chose étrange, parfois elle vous quitte pendant des semaines et lorsqu'elle revient elle ne vous lâche plus !) donc si vous désirez la suite rapidement, vous savez ce qu'il vous reste à faire ... Une petite review, ça prend à peine quelques secondes à faire et ça fait tellement plaisir aux auteurs ! Sur ce ...
RAR :
M : Merci d'être passée et d'avoir laissé un petit message, c'est grandement apprécié et ça fait toujours chaud au cœur de constater que ce que l'on fait est apprécié.
Bidule Machin : Merci pour toutes tes reviews, une par chapitre, ça fait augmenter le compteur et c'est tellement bon pour l'ego des écrivains.
Jadou : Merci pour tes bons mots, ça fait chaud au cœur de voir que notre histoire plait à quelques personnes. Utopie tente d'être le plus réaliste possible tout en mettant en scène un contexte magique, c'est pas toujours facile lol ! Merci encore pour ta review, c'est grandement apprécié. En espérant que ce chapitre t'ait plu également.
Minerve : pour la femme au centre des fantasmes de Ginny, je crois qu'elle-même ne le sait pas. Parfois les rêves sont coquins et mettent en scène des inconnus. Plusieurs pensaient qu'il s'agissait de Morrigan Adams mais c'était pas ce qui nous trottait dans l'esprit lorsque nous avons écrit le chapitre précédent. Merci de ton petit mot, c'est toujours autant apprécié !
Hedwige33 : rohh ! que de compliments, merci beaucoup. Tes coups de mains seront toujours appréciés sois-en certaine. Malheureusement on se croise de moins en moins ses jours-ci sur msn, mais bon... Merci beaucoup de l'intérêt que tu portes à cette histoire, et contente que le chapitre précédent t'ait plu. En espérant qu'il en est de même pour celui-ci également, bien que moins érotique et plus émotionnel. Faut ce qu'il faut ...
Alixe : Merci, merci et merci encore de toujours laisser un petit mot à chaque chapitre, c'est grandement apprécié. Salutation à toute la petite famille !
Alinemcb54 : Euh la femme du rêve de Ginny, mademoiselle Morrigan ou non ? Bah honnêtement on sait pas ! Peut-être que oui, peut-être que non. Le chapitre précédent n'a pas été écrit en pensant à quelqu'un en particulier, simplement une femme. Merci pour ta review, c'est toujours très apprécié et ça fait chaud au cœur.
