Chapitre 3 : Une peur non éphémère…
Cela faisait deux jours que Faëlan et son étrange compagnon marchaient sur un sentier de l'autre côté des Monts Brumeux. Pendant leur ascension, la jeune elfe avait remarqué que Maïno n'était pas sujet à la morsure du froid et à la faim ; mais pourtant, ces pieds s'enfonçaient dans l'épaisseur de la neige et laissaient de lourdes traces qui n'étaient pas digne d'un elfe. Elle l'avait testé mainte fois en lui posant des questions, que celui-ci laissaient mystérieuses.
Ils pénétrèrent enfin dans une petite forêt qui menait sans doute à Rivendell. Le soleil commençait à se coucher et Faëlan se devait de faire une petite pose de relaxation pour récupérer son énergie ; malgré le fait que les elfes n'aient pas le besoin de dormir, ils ne sont pas infatigables. Elle repéra un endroit qui lui paraissait chaleureux.
- Maïno, commença-elle ; serait-il possible que je me relaxe quelques minutes ? Hum… cela m'est nécessaire, contrairement à vous…Elle leva un sourcil et jeta un œil à l'homme masqué pour voir sa réaction mais il s'arrêta de marcher et sembla se tourner vers la droite. Elle le détailla des pieds à la tête, troublée de ne pas pouvoir lire en son cœur. Ceux qui ne le connaissaient pas pourraient le prendre pour un nazgûl ; ses grands vêtements noirs et son visage caché terrifiaient. Il portait tout de même un arc et semblait cacher un sabre sous sa grande cape.
Il s'éloigna, laissant là Faëlan, interloquée. Après quelques minutes de réflexion, elle se mit à califourchon à terre et ramena ses mains sur ses genoux. Elle se concentra sur les bruits de la forêt puis ferma les yeux, s'étant assuré qu'il n'y avait aucun danger. Son esprit fut totalement englobé dans d'agréables pensées qui lui inspirèrent un long sommeil…
Deor regarda le magicien qui s'avançait vers lui et reporta son attention sur Aragorn.
Mais, les dragons ne vont jamais plus loin que les Montagnes Grises où ils se cachent ! s'étonna le semi-elfe.
Les dragons noirs ne sont pas de vulgaires dragons de feu ! lança le magicien d'une voix grave.
En effet, ils sont pires… enchaîna Elessar, les yeux baissés ; C'est une espèce qui a habité la Terre du Milieu à la création d'Eä. Il est dit que ce sont les plus puissantes créatures que Melkor ait créé. Redoutables et vils, ils ont décimés des centaines de populations. Ce sont les créatures les plus intelligentes que Melkor ait proliféré.
Deor regarda les deux hommes, inquiet.
Ils se reproduisent beaucoup plus rapidement que les dragons ordinaires et sont gouverné par une personne… En effet, un puissant magicien ayant la possibilité de manipuler la Magie Noire a pu éveiller cette race anciennement éteinte, ajouta le magicien ; ils ont déjà fait des ravages au Nord. Ils sont presque indétectables car volent en très haute altitude donc nous avons des difficultés à les suivre. Le dernier inconvénient est que nous ne connaissons personne qui ait pu, un jour, détruire un dragon noir… Ils sont dit invincibles…
Mais, l'interrompit Deor ; comment se fait-il que la race fut éteinte alors?
Il ne sont pas indestructibles, seulement invincibles en eux-même. Seule la destruction du maître des dragons noirs peut les détruire, souffla Aragorn, un semblant maladif.
Il était pâle comme un linge et se tenait faiblement sur ses jambes ce qui inquiéta le semi-elfe. La douce Arwen se leva de son siège, paraissant aussi faible que son mari. Elle descendit avec prestance les grandes marches de marbre et rejoint son époux.
Tant que la vie persiste sur Eä, il y aura toujours de l'espoir, souffla-elle en posant une main sur l'épaule d'Aragorn.
Il prit sa main et un sourire chaleureux se dessina sur ses lèvres.
Tu as raison, enchaîna-il tout en essayant de reprendre espoir ; nous allons trouver une solution, nous le devons !
Mon voyage a été précipité par un tremblement de terre lorsque je me trouvais déjà prés d'ici. L'avez vous ressenti ? demanda alors Deor, inquiet.
Oui, Belengol nous a annoncé que les profondeurs se déchaînaient et célébraient la venue de nouveaux dragons noirs… En effet, le secret de leur naissance est situé au plus profond d'Eä. Il est dit que leur sang naquit de la fusion entre le feu et la terre…
Belengol sembla s'éveiller d'un étrange sommeil.
Aragorn…, commença-il d'une voix impassible ; la troupe de Rohirrims envoyaient par Eowyn a été attaquée par les dragons noirs…
Deor sentit son souffle se couper et une lourde charge peser sur ses épaules. Il tomba à terre, se retenant de régurgiter le peu qu'il avait mangé. Il suffoqua pendant un moment alors qu'il n'entendait même plus les cris que lançaient Elessar et son épouse. Des images de sa troupe arrivaient dans son esprit. Ils étaient partis et n'étaient plus de ce monde dorénavant. Il ne sentit pas les mains vigoureuses qui tentaient de le relever mais ressentit la grosse larme qui roulait sur sa joue. Il avait tout perdu…
Faëlan sursauta et fut expulsé de ses pensées. Il faisait à présent nuit noire et elle ne s'était pas rendu compte du temps qui défilait. Elle se leva rapidement et scruta les alentours, s'attendant à voir Maïno, debout prés d'elle, toujours immobile et impassible mais elle ne le vit pas. Elle écouta les bruits de la forêt ; les oiseaux s'étaient arrêté de chanter et un long silence inquiétant régnait dorénavant. Elle saisit son arc, angoissée et avança vers le sentier pour tenter de retrouver Maïno. Après quelques minutes, la jeune elfe s'arrêta, tendant l'oreille. Elle avait l'impression que quelque chose la suivait, mais quoi ? Elle n'arrivait pas à le définir. Elle eut alors une pensée : l'homme inquiétant la pourchassant, voulant seulement sa mort pour sa curiosité mal placée. Elle banda rapidement son arc et se tourna vers la présence.
Sortez de là ! hurla-elle rageuse ; qui que vous soyez !
Un grognement sinistre se fit entendre en tant que réponse et la jeune femme aperçut deux yeux luisants dans un fourré. Ses mains se mirent à trembler mais elle réussit à viser la créature dans l'ombre. Le flèche fila rapidement mais rata sa cible ; elle se figea droit dans un tronc. La bête était rapide et esquiva l'attaque alors que la jeune elfe se dirigeait en hâte vers Pelori qui s'affolait déjà. Elle bondit sur celui-ci et décocha une seconde flèche plus rapidement. Elle filait droit jusqu'à ce qu'elle fut saisie au vol par une main familière. Faëlan fut surprise de voir que la main qui avait empêché la flèche d'atteindre sa cible était celle de Maïno. Il laissa tomber la flèche à terre et la bête, que Faëlan reconnaissait comme étant un loup noir, vint se frotter à la main de son maître. Il s'agenouilla et sembla communiquer avec lui par le simple contact de leur corps.
Athorn n'est pas méchant, souffla Maïno d'une voix grave ; vous l'avez effrayé par votre attaque…
Faëlan tenta de respirer calmement puis descendit de Pelori tout en essayant de le calmer.
C'est votre ami ? demanda-elle tout en se rapprochant d'eux.
Maïno sembla tourner son visage vers elle mais aucune réponse ne se fit entendre. Il se releva et se dirigea vers le sentier.
Nous devons continuer notre route… enchaîna l'homme masqué ; nous serons bientôt à Rivendell.
La jeune femme soupira et remonta sur Pelori alors que Maïno montait sur son destrier. Ils suivirent le chemin, dans la pénombre, les sens aux aguets, souhaitant que le jour se lève le plus rapidement possible…
Deor se leva brutalement du lit où il était alité. Son sommeil avait été très agité ; toutes ses dernières pensées lui étaient revenues mainte fois à l'esprit accroissant sa fièvre. Haletant, il jeta un œil rapide autour de lui ; à l'évidence, il était dans une chambre de Minas Tirith. Tous les évènements précédents déboulèrent dans sa mémoire et il ne put s'empêcher de prendre sa tête entre ses mains. Il ne portait qu'un pantalon en lin et son torse avait été bandé là où il avait été blessé. Il se leva difficilement et se dirigea vers le miroir qui se trouvait face à lui. Ses longs cheveux bruns retombaient en cascade sur ses épaules musclées et la balafre qu'il possédait à la paupière gauche était toujours visible malgré les années. Il se remémora le moment où, étant jeune, un orque s'était brutalement jeté sur lui tout en lui tailladant le visage. Il avait failli être borgne mais la présence de sa mère à ce moment là lui évita ce handicap. Il n'avait que 3 ans… et sa mère, avait à ce moment, plus que quelques mois à vivre… Si il l'avait su, il aurait tout fait pour lui éviter sa mort douloureuse. Après avoir vécu cachée, pour éviter les réprimandes du peuple du Rohan, elle s'en était allée à Rivendell, rejoindre une famille qui l'avait délaissé depuis son alliance avec un homme. Malheureusement, sa route fut arrêtée par des marchands qui réussirent à la capturer. Le père de Deor, faisant parti des Rohirrims, lui avait dit qu'il avait tout fait pour la retrouver ; mais, il ne la revit jamais… C'est à l'âge de 11 ans que Deor se montra dans le village. Au début, personne ne posa de question sur son existence et ils ne remarquèrent pas ses oreilles pointues, signe de son sang elfique. C'est à la mort de son père, tué par des Uruk Haïs, que Deor clama aux peuples du Rohan sa véritable identité. Il réussit à se faire une place, même minimale, dans cette société qui haïssait les semi-elfes et qui déshonora sa famille…
Deor sursauta ; une main venait de se poser sur son épaule nue. Un long frisson parcourut son échine et d'étranges visions l'assaillirent ; un grand dragon noir, deux fois plus effrayant que les dragons ordinaires, volait dans les hauteurs nuageuses. Une longue raie rouge zébrait son corps, provenant du sommet de sa tête et se poursuivant jusqu'à la pointe de sa queue. Deor se dégagea rapidement du contact qu'il avait avec cette personne. Quand il ouvrit les yeux, il était collé au mur opposé du lit. La personne face à lui était la belle Arwen, venue voir comment il allait. Des gouttes de sueur perlaient le front du semi-elfe et la belle, étonné par sa réaction, recula quelque peu.
Je ne voulais pas… commença-elle.
Ce n'est rien, enchaîna-il avant qu'elle ne rajoute quelque chose.
Je n'arrive pas à lire dans votre cœur Deor, ajouta-elle d'un douce voix ; que cachez vous en vous ?
Deor se releva et se dirigea en hâte vers la chaise où était posé ses vêtements. Il enfila rapidement sa chemise en toile et enfourna le reste dans son sac.
Que faites-vous ? demanda-elle, d'une voix inquiète ; vous ne pouvez pas vous en aller ainsi. Vous êtes souffrant…
Je vais très bien ! Mes blessures sont totalement cicatrisées, lança sèchement Deor.
Oui, celles de votre corps mais pas celles de votre esprit… souffla-elle en se rapprochant craintivement ; vous devriez attendre ici quelques jours…
Deor se posta face à l'elfe.
Ne croyez-vous pas que j'ai vu dans quel état Elessar et vous étiez pendant notre entretien ? riposta-il ; je m'en excuse mais rien ne va et ce n'est pas en restant ici que nous allons y changer quelque chose. Je suis le seul de mon village qui ait survécu ; je suis la cicatrice du passé et je dois tout faire pour guérir, comprenez-vous ? Remerciez Aragorn pour moi et dites-lui de tenir bon…
Arwen baissa la tête et Deor préféra quitter la pièce. Il descendit rapidement dans les écuries où il trouva Giliath, semblant aussi agité que lui. Il lui caressa le museau en guise de retrouvaille et commença à lui mettre la selle. Quelques minutes plus tard, Deor arrêta sa tâche pour se retourner et faire face à quelqu'un. Le magicien, Belengol, se trouvait quelques mètres plus loin.
Que comptez-vous faire ? demanda le grand homme ; attendez, laissez-moi réfléchir, vous voulez venger les vôtres et trouver l'être maléfique qui est au commande de tous ces évènements…
Faites ce que vous avez à faire de mieux et gardez vos conseils pour vous, jeune novice, riposta alors Deor tout en resserrant les étriers ; ce n'est pas parce que vous êtes classé dans l'ordre des magiciens que vous en avez les compétences…
Deor put deviner l'expression pincée du magicien derrière lui.
Entendez-vous par là que je ne fais pas un bon magicien semi-elfe ? demanda-il d'une voix grave.
Non, enchaîna Deor ; j'entends par là que l'arrogance est un défaut qui nuit gravement à tout ce que l'on entreprend…
Un rire sournois s'échappa de la bouche de Belengol.
En attendant, enchaîna-il ; je suis le seul magicien qui ait souhaité me joindre à la bataille…
C'est bien ça le problème, siffla Deor entre ses dents.
Cet homme ne lui inspirait guère confiance. Ce n'était qu'un arrogant et étrange personnage qu'il souhait éviter plus que tout malgré la puissance qu'il devait avoir.
Deor monta sur Giliath et celui-ci se rua vers la sortie laissant Belengol seul. Sa présence à Minas Tirith n'était pas nécessaire ; le magicien s'occupait à faire le messager entre les royaumes et il n'était donc d'aucune utilité dorénavant. Il devait se rendre à Edoras où il irait rendre honneur à sa terre natale, et prierait pour tous ses habitants et les Rohirrims morts. En chevauchant, il ne put s'empêcher de se questionner. Comment se faisait-il que les dragons n'aient pas encore attaqué Edoras et Minas Tirith ? Pourquoi faire avancer des troupes d'orques alors que les dragons pourraient tout décimés rapidement ? Apparemment, le maître des dragons noirs avaient des projets bien précis en tête et c'était cela qui était le plus inquiétant…
Le soleil pointait déjà à l'horizon quand Faëlan et Maïno arrivèrent à Rivendell. De grandes bâtisses nacrées s'élevaient face à eux et la jeune elfe ne put s'empêcher d'être en émoi. Contrairement à l'admiration de la jeune femme, l'homme masqué ne dit mot. Tel un fantôme, il conduisait son destrier vers les grands jardins. Faëlan avait remarqué l'absence du loup dés qu'ils s'étaient remis en marche. Ils arrivèrent au bas d'un grand escalier de marbre et Maïno descendit prestement de son destrier. La jeune femme vit deux beaux elfes déboucher du grand couloir face à eux. Ils étaient jumeaux et possédaient une beauté étonnante. Un visage à la fois froid mais confiant. Faëlan ne décela en eux aucunes différences et resta immobile quelques instants alors que l'homme masqué baissa la tête.
Elladan et Elrohir… souffla-il d'une voix nullement influencée ; vous avez tout le respect et les salutations de Legolas Greenleaf…
Les deux jumeaux inclinèrent leur tête et l'un pria Maïno de rentrer. Le second, que Faëlan se doutait être Elladan, plongea son regard dans le sien et s'approcha d'elle. Il parut quelques secondes comme intrigué et lui saisit la main tout en ne la quittant pas du regard.
Vous avez sur vous un objet qui trouble… souffla-il, inquiet.
Faëlan porta la main à sa poche, étonnée, devinant les pensées de l'elfe. Elle ne put rien dire ; seul leur regard était si intense que même le plus fort des trolls n'aurait pas pu les séparer.
Vous êtes dorénavant liée à ce qui est en train de se passer Faëlan… ajouta Elladan en lâchant la main froide de la jeune elfe.
Epuisée, elle dut lutter pour ne pas s'écrouler à terre. Sans rien dire et sans comprendre les dires de l'elfe, Faëlan le suivit dans les dédales de Fondcombe où elle put trouver du repos…
Elle ouvrit les yeux ; elle se trouvait dans l'immense chambre qu'on lui avait mis à disposition. Elle se leva rapidement et enfila ses vêtements avant de se rendre dans la salle principale où siégeaient les frère jumeaux. Elle était tellement épuisée à son arrivée qu'elle en avait oublier le plus important ; le message…
Lorsqu'elle aperçut Elladan, son cœur se serra ; elle se rappelait ses paroles intimidantes. Cette pierre qu'elle possédait était source de mal. Elle s'agenouilla à terre, saluant les elfes puis leva un regard déterminé vers eux.
La raison de mon voyage est que je suis porteuse d'un message de la plus haute importance pour vous… souffla-elle subitement d'une voix claire et audible ; Eldis, gardien de la Lothlorien, vous fait parvenir son angoisse à propos de l'étrange calme qui règne dans la forêt… De mauvais présages m'a-il dit…
Les deux elfes échangèrent un regard puis Elrohir prit la parole.
Nous nous doutions de cela… lança-il en se levant de son siège ; nous sont venues des nouvelles des Royaumes voisins… D'étranges évènements ont lieu. Nous l'avions toujours craint !
Craint quoi ? demanda-elle en retenant son souffle.
Les dragons noirs… enchaîna Elladan d'une voix basse et peu rassurante.
A ces mots, Faëlan sentit une chaleur provenant de la pierre se propager. Son corps s'engourdit de plus en plus, endormant ses membres un à un ; Faëlan voulut se retenir mais elle ne put s'empêcher de tomber à terre. Le contact du carrelage froid sur sa joue l'incita à ouvrir ses paupières qui lui paraissaient si lourdes. Au dessus d'elle, Elladan et Elrohir semblaient échanger quelques paroles à son propos. Lorsque Elladan posa sa main sur le front brûlant de la jeune elfe, celle-ci sentit un frisson la parcourir entièrement. Une chose étrange était en train de se passer en elle ; la vague de chaleur véhiculée par la pierre maléfique était confrontée à une source froide et bénéfique naissante qui semblait alimenter par le contact de la peau d'Elladan. Une guerre faisait rage en elle ; la nausée accentuée la plongea dans un sommeil profond où ni lumière, ni lueur bénéfique ne luisait…
NB : Voilà le 3ème chapitre... J'ai eu un petit soucis pour la mise en page alors si quelqu'un pourrait m'aider :'( En effet, les petits tirésn'apparaissent jamais sur le document manager c'est pour cela que d'habitude je les rajoute... Mais là, je n'ai pu qu'en mettre un au début du texte; en effet, à chaque fois que je les mettais et que j'enregistrais, ils disparaissaient comme par magie... Donc si quelqu'un peut m'aider à résoudre ce problème, j'en serais vraiment trés heureuse !Merci pour tous vos coms qui m'encouragent et veuillez excusez le manque de tirés dans les dialogues :s
