Chapitre 2

"-N'as-tu pas encore termine d'arroser les plantes?" hurla la Tante Petunia, passant sa tete par la fenetre du salon, tandis que Harry s'affairait dans le jardin, un arrosoir a la main.

"-Presque!" repondit le jeune garcon en soupirant.

"Mon dieu, pensa-t-il, que ne donnerais-je pas pour etre loin, tres loin d'ici." En effet, depuis qu'il etait revenu passer les vacances au 4, Privet Drive, les Dursleys n'avaient eut de cesse de lui mener la vie dure. Tout comme au bon vieux temps...

Les consignes d'Albus Dumbledore, le directeur de Poudlard, l'ecole de sorcelerie ou Harry avait passe ses quatre dernieres annees scolaires, avaient ete on ne peut plus claires. Pas de magie. Aussi simple que cela! Si Harry continuait a etre entoure de magie, il n'en serait que plus facile pour Voldemort de le retrouver et la...

Le mage noir, il le savait, ne lui laisserait plus aucunes chances. Depuis ce jour fatal qui a vu le deces de ses parents, leurs chemins n'ont eut de cesse de se croiser encore et encore. Harry etait parfaitement conscient que malgre les efforts de Dumbledore pour l'ecarter du monde sorcier et des dangers impliques, Voldemort et lui se retrouveraient de nouveau face a face. De plus, ils avaient desormais le meme sang, et selon le professeur Dumbledore, il pourrait etre aise pour le maitre des tenebres de retrouver sa moitie. Il avait d'ailleurs compare ce phenomene a cet imperceptible lien qui unit une mere et son enfant.

Harry se sentait fatigue, las. Il ne pouvait se faire a l'idee que Cedric Digorry avait perdu la vie en partie par sa faute. Tout comme ses parents, dans leur desir de le proteger. Bien sur, il n'aurait pas pu y prevenir, mais n'etait-ce pas tout simplement parce qu'il existait que tout cela s'etait passe? Ses parents, Cedric, seraient sans doute encore en vie si Harry n'etait jamais venu au monde. Il y a quatorze ans, il avait redonne confiance et joie aux sorciers en contrant malgre lui, le sort que Voldemort lui avait lance et par la meme l'avait reduit a une loque spirituelle. Des lors, Harry etait devenu celebre, bien que l'ignorant jusqu'a son onzieme anniversaire. Maintenant, chacun devait dorenavant savoir que ce fut grace ou a cause de lui qu'Il etait de retour physiquement. Et si dans le passe, Voldemort avait creer de nombreuses catastrophes et seme une terreur sans nom, son retour s'annoncait fracassant. Il se devait de se venger. Et ce fait, Harry ne le savait que trop bien.

"Tu as l'intention de revasser encore longtemps?" la voix de sa tante l'arracha a ses songes.

Toujours en train de crier, celle-la, pensa-t-il avec lassitude.

Les Dursleys avaient retrouve une totale confiance autour de Harry depuis que Dumbledore leur avait fait part de son desir de couper le jeune garcon du monde magique. Harry, etant prive de sa baguette, il ne pourrait pas leur lancer un sort quelconque. De meme que aucun autre sorcier n'aurait le droit de l'approcher ou meme simplement de le contacter, ils n'avaient plus rien a craindre. Dumbledore et les Dursleys avaient en quelques sortes passer un pacte: si ils acceptaient de veiller a la securite de Harry jusqu'a ce que tout danger soit ecarte, il leur avait promis qu'apres tous ces evenements, Harry partirait vivre ailleurs. Cette promesse avait bien entendu rejouit tout le monde, y compris Harry. Enfin, le vieil homme avait confie au jeune sorcier, que sa baguette etait dissimulee quelque part dans la maison, au cas extreme ou il aurait besoin de se defendre. Il lui avait assure qu'il la decouvrirait facilement si besoin etait. Meme Hedwidge, sa chouette, lui avait ete confisquee.

"-Viens-donc m'aider a eplucher les legumes! Vernon ne devrait tarder et le repas a interet a etre pret!"

Harry se mit a la tache, son esprit ne pretant pas attention aux railleries et insultes de sa tante. Son cousin Dudley ne passait pas ses vacances ici. En effet, les parents Dursley avaient un peu craint pour la securite de leur petit garcon et l'avaient envoyer passer quelques semaines chez un camarade. Cela allegeait le sejour de Harry, il n'avait pas a supporter les niaiseries de son cousin et des parents! De plus, les repas etaient un peu plus copieux que d'ordinaire. Il n'avait pas a subir, lui aussi, les inconvenients des regimes imposes a toute la famille dans le seul but de permettre a Dudley de perdre du poids.

"Zut!s'ecria Harry, alors que la pomme de terre qu'il epluchait lui glissa des mains.

_Mais quel imbecile!" S'epoumonna la tante Petunia. D'un geste rageur, elle le poussa vers la porte. "Allez! Fiches le camp dans ta chambre, espece de bon a rien! Meme pas fichu de peler une malheureuse pomme de terre! La vie est moins facile sans baguette magique, hein?"

Harry entendit a peine la derniere phrase. Il referma la porte de sa chambre derriere lui et s'assit sur son lit. Il se sentit soudain vide, seule une profonde tristesse s'empara de lui. Non pas a cause des paroles de sa tante, ca, ca ne le touchait plus du tout. En verite elles lui passaient completement a travers. Non, ce qui le deprimait, c'etait ce fardeau qu'il lui fallait porter constamment. Il avait ete tellement heureux d'apprendre qu'il etait un sorcier. Apres tout n'est-ce pas un monde qui fascine, petits et grands? Mis a part les Dursleys, bien sur! Il aimait ca, la sorcelerie. La metamorphose, les cours de defenses contre le mal et surtout le quidditch. Il ne pourrait pas vivre sans cela. Mais s'il n'y avait pas eut cette menace au dela de ces quatre murs, s'il n'avait pas ete un sorcier, il aurait pu partir d'ici, entrer dans un pensionnat, faire quelques petits boulots. Et surtout vivre une vie plus ou moins normale, sans avoir cette epee de Damocles au dessus de la tete.

Il poussa un profond soupir et passa la piece en revue. Bien qu'etant de taille normale, Harry n'avait pas beaucoup de place pour lui meme. En effet, un amas impressionnant d'objets, de vieux jouets ayant appartenus a son cousin qui refusait de s'en separer et de vieux meubles, occupait a peu pres les deux tiers de la chambre. Le reste comportait un lit et une petite commode. De toutes facons Harry n'avait pas besoin de plus, ne possedant pas grand chose.

La fenetre avait ete habillee de barreaux par Dumbledore, au cas ou l'idee viendrait au jeune sorcier de s'enfuir d'ici. D'ailleurs, des qu'il quittait sa chambre, son oncle ou sa tante faisait en sorte de garder un oeil sur lui. En somme, il n'avait aucun contact du tout avec les mondes exterieurs, moldu ou sorcier.

Il pensa a ses amis, Ron et Hermione. Que pouvaient-ils bien faire de leur vacances? Il aurait tant aime avoir de leurs nouvelles. Il songea que dans quelques jours il allait avoir quinze ans et qu'il n'aurait probablement pas de petits mots comme les annees precedentes. Il etait inutile de compter sur les Dursleys. Ils ne s'en etaient jamais preoccupes.

Harry s'allongea, les yeux rives au plafond, tandis que sa tete s'alourdissait sous les multiples pensees et tourments. Il resta ainsi pendant longtemps. Il entendit vaguement son oncle rentrer de son travail, puis quelques minutes apres la cle tourna dans la serrure de sa porte. " Ca t'empecheras d'etre tente de sortir pendant la nuit" lui avait-on dit. Tout cela etait devenu une routine que les Dursley appreciaient enormement. Ah, la routine! Que chaque jour soit semblable au precedent. Avec eux, au moins, pas de mauvaises surprises, s'etait dit Harry.

Il ne fut pas appele pour diner. Son esprit s'envola un peu et le plafond s'embruma. Il sombra dans le sommeil.