Chapitre 6
"L'alarme! Que quelqu'un eteigne cette maudite alarme, bon sang!" Harry emergea doucement des brumes du sommeil. Sa main tata le dessus du petit meuble pres de son lit, a la recherche de ses lunettes. Ce n'etait pas une alarme qui l'avait reveille, mais simplement la sonnerie persistente du telephone. Il poussa un gros soupir, repoussa ses couvertures et se dirigea vers la porte. Bien sur, elle etait encore fermee a cle. Vernon avait deja du partir a son travail. Harry regarda sa montre. Il n'etait que huit heures du matin. Qui pouvait donc bien appeler avec tant d'insistence a cette heure-ci? Et pourquoi sa tante ne repondait-elle pas? Il colla son oreille sur la porte et percu des bruits d'eclaboussements d'eau. "Elle doit etre dans la salle de bain," se dit-il. Il retourna s'allonger. Son ventre criait famine, boudeur de n'avoir pas ete rassasie la veille.
Il regarda vers la fenetre, ou au travers des barreaux percait le scintillement d'un soleil deja tres en forme! Les oiseaux au-dehors entonnaient leur melodie de bienvenue au jour nouveau, accueillant l'astre de vie en chantant la liberte. Harry eut un sourire triste. Le temps s'annoncait encore extremement beau. Trop beau en tout cas pour rester cloitre dans un environnement aussi hostile. Etait-ce donc cela que Sirius, son parrain avait ressentit pendant toutes ces annees a la prison d'Azkaban? Comme le monde semblait beau et attirant au-dela de ces murs. C'est fou comme l'esprit peut etre joueur! Ce qui n'est pas ou plus a notre portee parait soudainement tellement parfait et ideal.
Et qu'allait-il faire de cette journee qu'il predisait exactement comme les precedentes? Il n'avait pas de livres, les Dursleys ne lisaient pas. Il n'avait pas le droit de regarder la television. Quelques jours auparavant, il etait parvenu a chiper un vieux journal que son oncle avait jete a la poubelle. Pas tres interressant, mais Harry avait lu et relu chaque article maintes et maintes fois. A vrai dire, s'il avait eut un examen sur son contenu, il l'aurait probablement obtenu haut la main! "Temps ideal pour faire un bon match de Quidditch!"pensa t-il.
Il entendit sa tante sortir de la salle de bain. Quelques instants plus tard, la cle tourna dans la serrure. Elle ne prenait meme plus la peine de lui dire de se reveiller. Alors il attendait un peu avant de se ruer hors de la piece. A ses yeux, c'aurait ete une grande marque de faiblesse de s'evader si rapidement de sa cage, tel un animal emprisonne qu'on laisserait enfin sortir pour se ravitailler avant d'etre de nouveau enferme. De plus, elle aurait bien evidemment prit le plaisir de lui en faire la remarque. Il etait tot et Harry ne desirait pas particulierement entendre les reprimandes qu'elle pourrait lui faire.
Lorsqu'il l'entendit s'affairer au-dessous de lui, dans la cuisine, il se decida a sortir. Il descendit doucement les marches de l'escalier. La derniere chose qu'il desirait c'etait bien de l'entendre crier parce qu'il faisait du bruit. Il penetra dans la cuisine. Elle ne se retourna meme pas a son approche. "Tu es deja reveille? Glapit-elle, sur son ton habituel. Tu ne peux vraiment pas me laisser une minute de repit! Maintenant que tu es la, depeches-toi donc de prendre ton petit dejeuner!" Sur ce , elle jeta une tranche de pain sur une petite assiette et la deposa bruyament sur la table en face de lui. "Si tu veux du jus d'orange, tu n'as qu'a te servir toi-meme, tu sais ou il est!" Harry se leva et se dirigea vers le refrigerateur qu'il ouvrit. Il se remplit un verre de jus et s'en revint a la table. Il croqua dans la tartine. Elle avait jadis ete grillee. Desormais, elle etait froide et seche comme un bout de bois. Harry fut loin d'etre rassasie, bien au contraire, ce petit en-cas lui avait vraiment ouvert l'appetit. Pourtant, il ne broncha pas. Durant toutes ces annees, il avait appris que ca ne servait a rien.
"Le telephone a sonne tout a l'heure," dit-il timidement. Petunia se retourna vivement. Son regard perca le sien. Elle se precipita vers lui, le feu aux joues. Mauvais presage, se dit Harry.
"Nous avons recu un coup de telephone et tu ne m'as rien dit? Hurla t-elle.
-J'arrive a l'instant, protesta le jeune sorcier.
-Peut m'importe! Et si c'etait quelque chose d'important? Bien sur, toi tu t'en fiches royalement, n'est-ce pas?" Elle tenta de reprendre son souffle. Son doigt etait tres tres proche du visage de son neveu et celui-ci eut soudain une furieuse envie de le mordre. "Qui a telephone?
-Je n'en sais rien.
-Tu ne pouvais pas m'appeller? Ca devais te plaire tout ca, hein? Que le telephone sonne et qu'il n'y ai personne pour decrocher! Qu'est ce que tu peux etre sournois! Cracha t-elle.
-Meme si j'avais appelle tu ne m'aurais pas entendu! Tu etais sous la douche!" Rencherit Harry furieux de la tournure que prenait un malheureux incident. Il regretta aussitot ce qu'il venait de dire lorsqu'il vit le visage de sa tante virer a l'ecarlate et ses yeux sortir de leur orbites.
-Mon dieu, mais je reve! Tu m'epies maintenant! Attends que Vernon apprenne ca, espece de pervers! Et je t'interdis, tu m'entends, je t'interdis de me parler encore une fois sur ce ton! Ou alors."
Elle quitta la piece telle une furie en marmonant et il l'entendit decrocher le telephone, probablement pour savoir quel etait le dernier appelant. Le jeune garcon leva les yeux au ciel alors qu'il faisait passer sa derniere bouchee de pain a l'aide du jus d'orange. C'etait absolument incroyable comment une replique tout a fait banale pouvait tourner en incident diplomatique dans la bouche de cette femme-la! Comment etait-ce possible qu'il aie un lien de parente avec elle? Il y avait surement eut une erreur quelque part!
"C'est Dudley! Oh mon dieu!" L'entendit-il crier. "Et alors?" murmura t-il, agace.
Apres avoir lave son assiette et son verre, Harry remonta a l'etage, tandis que sa tante parlait avec son cousin. Il s'enferma dans la salle de bains. L'eau chaude de la douche lui fit un bienfait enorme. Elle glissait sur son corps, lui procurant le bien-etre d'un massage. Tandis qu'il se brossait les dents, des coups furent frappes a la porte et la voix de sa tante resonna de nouveau.
" Tu as bientot fini? Ouvres la porte!" Harry fit tel qu'on lui demandait. Une epaisse buee s'echappa, enveloppant Petunia de ses doigts humides. Elle agita la main, eclaicissant sa visiblite. Contrairement a son habitude, elle ne fit aucune remarque sur ce fait, bien que ses yeux en disaient tres long sur son agacement. Le dentifrice coula le long de la brosse a dents et du bras du garcon. Il n'osa cependant pas detourner son attention de son interlocutrice.
"Il faut que j'aille chercher Dudley. Il rentre a la maison! Depeches-toi de descendre!"
Harry termina sa toilette et se rendit dans la salle a manger. Sa tante preparait son sac a main et des qu'elle le vit, se dirigea vers lui. "Je vais etre partie quelques temps. Tu as plutot interet a te tenir tranquille pendant mon absence! Si quand je reviens, il y a le moindre probleme, je te previens." Elle avait le don pour ne jamais completer ses phrases, surtout les menaces. Y etant habitue, Harry n'y pretait plus vraiment attention.
Des qu'elle eut quitte la maison, Harry s'affala sur le fauteuil de son oncle. La paix, la tranquilite.presque le bonheur! Cela faisait des annees qu'il ne s'etait pas retrouve tout seul ici. Il se sentit tout de suite tres bien. Le calme! Il se repeta plusieurs fois ce mot qui sonnait si doux a ses oreilles. Il pouvait se deplacer dans la maison sans crainte d'etre interpelle et rabrouer, sans guetter le moindre bruit, sans inquietude de rencontrer un seul de ces etranges phenomenes qu'etaient les Dursleys. La maison pour lui tout seul. Il allait gouter un peu a la liberte, etendre ses membres engourdis et rallumer son cerveau jusque la mit en veilleuse. Libre, ou presque. Pas d'hysterique Petunia, pas d'ennuyeux Vernon ou de stupide Dudley. Lui, tout seul, emmitouffle dans une solitude au gout sucre et savoureux. S'il avait ete de charactere extroverti, il aurait probablement saute de joie au travers de la piece, monte les escaliers en courant, puis redescendu en poussant des cris de sioux. Il aurait sans doute mit une musique a plein volume et se serait jete sur les canapes du salon en imitant un joueur de guitare rock. Mais, on ne lui avait jamais permit ce genre de debordement joyeux. Alors Harry ne put que sourire a cela, les yeux petillant de malice.
Petunia en avait pour a peu pres une heure et demie, deux heures au maximum, le temps d'aller chercher son charmant garcon a la gare, puis s'arreter lui acheter quelques friandises ou quelques jouets. Harry prefera ne pas songer a ce que le retour de son cousin allait apporter, bien que c'etait plutot etrange qu'il revienne si tot. Apres tout, cela ne faisait que deux semaines qu'il etait partit chez son camarade et il avait ete convenu qu'il y resterait jusqu'a la rentree. Le pauvre petit avait dut s'ennuyer de papa et maman!
Harry alluma la television. Malheureusement, malgre les innombrables chaines disponibles, il ne trouva rien de vraiment interessant a regarder. Des dessins animes idiots ou des emissions montrant des gens venant laver leur linge sale en public. Il eteignit le poste et regarda autour de lui. La piece etait indeniablement propre mais quel gout immonde au niveau de la decoration! Surtout ces petites figurines de platre qui tronaient sur la cheminee et sur le rebord de la fenetre. Tout cela refletait impeccablement le manque d'imagination des Dursleys. Harry eut un sourire. "Bientot je repartirais.Un jour tout cela serait termine, je pourrais me debrouiller seul. On ne se reverra plus." Pourtant comme cela semblait loin.Si seulement Sirius pouvait etre innocente publiquement, alors il pourrait vivre avec lui, tout comme il lui avait promit.
Le jeune sorcier etait enfoui sous ses reveries, la-bas tres loin, dans un monde sans les Dursleys, sans Voldemort, lorsqu'on frappa a la porte. Il hesita. Devait-il ouvrir? Ou tout simplement ignorer? Il s'approcha de la fenetre et souleva le rideau. " Bon sang! Je deviens comme Petunia! Ca devient tres grave!" Il vit le facteur qui attendait, un colis a la main. S'il n'ouvrait pas, celui-ci laisserait une carte pour que quelqu'un vienne le chercher a la poste. Donc, sa tante piquerait de nouveau une crise. S'il ouvrait la porte, elle le traiterait de curieux "qui a bien evidement envie de savoir ce que ca contient!" Cependant, cette derniere solution etait sans doute la mieux. Alors il alla ouvrir.
"Bonjour! Salua l'homme en uniforme. J'ai un colis pour Harry Potter. C'est bien ici?"
Harry resta bouche bee. Pour lui? Il y avait un colis pour lui? Impossible! Les seuls paquets qu'il recevait c'etait par hibou, et non pas par le systeme moldu!
"Harry Potter, c'est bien ici? 4 Privet Drive?" repeta le facteur avec impatience.
Le jeune garcon acquiesca. Il signa le recu et on lui donna ce qui lui etait destine. Apres avoir remercie l'homme, il referma la porte et deposa l'objet sur la table de la cuisine. Il le contempla. Ce n'etait pas tres grand ni tres gros, mais Harry n'avait aucune idee du contenu de la boite. " Pour moi.se repeta t-il. Je n'aie jamais rien recu." Peut-etre que Ron ou Hermione avait decide, malgre les ordres de Dumbledore de lui envoyer un petit quelque chose.Probablement Hermione, se dit-il en souriant, elle sait s'y prendre. En realite il imaginait mal Ron expedier quoi que ce soit par courrier moldu. Il souleva le couvercle de la boite et revela un livre. Ses yeux etincelerent. C'etait un roman racontant l'histoire d'un vampire. La couverture etait tres belle et Harry ne put qu'admirer la qualite du cadeau. Une enveloppe glissa a terre. Il la ramassa. Il put y lire "Pour Harry". Il ne reconnut pas l'ecriture. Elle semblait avoir ete tracee par une main incertaine. Harry sentit son corps palpiter, tandis que ses mains tremblantes decachetait la lettre. Sa tete tourna alors qu'il commencait sa lecture.
Mon cher petit Harry,
Quinze ans deja, mon enfant.Je ne peux y croire. Comme tu vois, une fois de plus, je ne t'aie pas oublie! J'ignore si tu recevras cette lettre ( il me semble que j'ecris cela a chaque fois! C'est l'age, je suppose, je me repete!), mais je garde toujours espoir qu'un jour on se reverra. J'espere que tu te portes bien. Je pense beaucoup a toi.
Harry equarquilla les yeux. "Qu'est-ce que c'est que cette plaisanterie?" Il ne put resister a la tentation de savoir qui lui ecrivait et tourna la page. Ta grand-mere qui t'aime, Lauren Evans. "Quoi?!" C'etait impossible! Sa grand-mere maternelle etait decedee il y avait de cela des annees! D'ailleurs il ne l'avait jamais connue. Elle etait partie deux ou trois ans apres le deces de ses parents. Du moins c'etait ce que lui avait dit sa tante. Plus qu'intrigue, il poursuivit neanmoins sa lecture.
Le libraire m'a vivement conseille ce livre, j'espere que c'est un bon choix. Une histoire de vampire! Et pourquoi pas une histoire de sorcier pendant qu'on y est? Franchement! Desolee, je ne pouvais pas m'en empecher! Tu vas rentrer en cinquieme annee, je crois. Comment cela se passe t-il la-bas? As-tu des amis? Je me souviens que ta mere a passe de tres belles annees a Poudlard. Pour te dire la verite, je l'enviais! J'aurais aime etre une sorciere.Mais le monde moldu me convient tres bien aussi. On s'y fait! Mais j'ecris, j'ecris, je ne suis meme pas certaine que tu me liras.Peu importe. J'essaierais encore! Comme d'habitude, je te laisse mon numero de telephone, au cas ou.N'hesites jamais a m'appeler. Je pense enormement a toi et t'embrasse tres fort,
Ta grand-mere qui t'aime, Lauren Evans.
Harry sentit sa gorge le serrer. Il etouffa un sanglot. "Ce n'est pas possible! Quelqu'un me joue un tour!" Pourtant ces mots parraissaient tellement sinceres.Ma grand-mere n'est plus de ce monde.Mais si tout cela n'etait qu'une mise-en scene, qui aurait pu ce donner la peine de lui envoyer ce livre? Il se laissa tomber sur une chaise, l'esprit confus, les idees se chamboulant dans sa tete en une danse maligne. Il relut la lettre encore une fois, tentant de dechiffrer des non-dits ou de dicerner une faille quelconque. Mais rien de tout cela. Par ailleurs, que signifiaient ces Une fois de plus, J'ecris cela a chaque fois, et ce Comme d'habitude? Il n'avait jamais recu de lettre de cette personne qui pretendait etre la mere de sa mere. Cette personne qui semblait connaitre des elements sur sa vie. Son anniversaire, son age, l'ecole un peu speciale ou il etudiait.Et si c'etait un piege par lequel Voldemort essayait de l'amadouer puis de l'attirer? Non, jamais le mage noir ne s'abaisserait a utiliser des moyens moldus pour lui mettre la main dessus. Jamais, meme pas en cas desespere. Les moldus le degoutaient beaucoup trop pour qu'il aie recours a eux.
Une pensee traversait l'esprit de Harry. Elle n'aurait jamais fait une chose pareille! Elle n'aurait jamais put declare que sa mere etait decedee alors qu'elle etait toujours en vie.Petunia etait certainement une femme mechante et sans scrupules, mais tout de meme.Pourtant, qui devait-il croire? Cette femme qui se pretendait sa tante et qui l'avait pendant toutes ces annees traite comme tout sauf comme le fils unique de sa defunte soeur? Ou cette femme qui se disait etre sa grand-mere et qui ecrivait avec tant de tendresse? C'etait trop beau pour etre vrai.Beaucoup trop beau! Cela n'avait pas de sens. Completement illogique! Il y avait un numero de telephone. Il saurait immediatement ce qu'il en etait.
Ses doigts hesitants se poserent sur les touches de l'appareil. Son corps entier etait tendu a l'extreme, son visage brulait, son dos etait secoue de frissons. La sonnerie qu'il percevait dans l'ecouteur lui confirmait qu'il entrait en communication. Il voulu raccrocher, fuir l'instant imminent de cette conversation avec cette inconnue. Il se rendit compte qu'il avait peur. Oh, bien sur pas la meme peur que celle qui le possedait lorsqu'il se trouvait face a Voldemort. Non, cette peur-la etait peut-etre encore plus cruelle. Malgre la surprise de cette lettre, malgre l'espoir absurde de se decouvrir une parente qui pretendait l'aimer sans meme le connaitre, malgre cette situation quelque peu incroyable, il n'avait pu s'empecher de souhaiter que tout cela soit reel, que cette femme rentre dans sa vie pour ne jamais plus en sortir. C'est pourquoi, il avait peur. Et si c'etait vraiment une plaisanterie? Il esperait tant que cela n'en soit pas une.Et en meme temps il n'osait y croire. Ses demons interieurs se bousculaient dans sa tete, ricanant de sa confusion, lui enfoncant des epingles dans le coeur et serrant son crane dans un etau.
"Allo?" La voix qui repondit tremblotait, mais elle etait douce et accueillante. Elle etait invitante mais Harry n'osa pas accepter l'invitation a parler. Il y eut un silence.
"Allo? Repeta son interlocutrice.
-Euh...Allo, bonjour..Est-ce que je suis bien chez .Lauren Evans?" La voix du jeune garcon trembait autant que celle de la femme. Il se sentit soudain ridicule. Voila, il avait compose le numero, il avait dit bonjour et verifie qu'il etait bien chez la bonne personne. Tres bien Harry. Mais maintenant? Qu'est-ce qu'il fallait dire? "Allo, ici c'est Harry, ton petit- fils. Merci beaucoup pour le cadeau. Au revoir!" Rapide, efficace.et alors? A quoi cela lui aurait servit de telephoner? Qu'es-ce que tout cela allait bien lui apporte?
-Oui, c'est moi. Qui est a l'appareil? Lui demanda t-on.
-C'est Harry,.Harry Potter." Il n'y eut pas de reaction a l'autre bout du fil, seulement un silence douloureux. Il eut de nouveau, une envie pesante de raccrocher, mettre un terme a tout cela, faire comme si rien ne s'etait passe, oublie qu'il avait jamais recu un cadeau de cette personne. Ce mutisme sembla durer de tres longues minutes. C'etait elle qui lui avait dit de l'appeler, c'etait elle qui avait des choses a lui dire, pas lui. Il entendit un reniflement.
"Harry.Enfin!" Il percut encore un sanglot, et cette fois il eut la certitude que cette femme etait vraiment celle qu'elle pretendait etre. Il sentit sa gorge se serrer avec violence. Elle pleurait. Elle pleurait tout en murmurant inlassablement son nom, comme une litanie. Ses larmes et ses paroles s'entrecoupaient, se croisaient, s'enlacaient dans un capharnaum de sons plus ou moins distincts, tandis que le coeur de Harry marquait de son rythme rapide et bref cette chanson melancolique.
"Vous etes bien la mere de Lily et Petunia Evans? Parvint-il a demander.
-Bien sur mon enfant." Elle semblait se reprendre. Ses paroles devenaient plus coherentes. "Je comprends que tu doutes. Cela fait tant d'annees.Tu avais trois ans la derniere fois que je t'ai vu. Un petit garcon si adorable." Le silence s'imposa de nouveau. Harry devinait qu'elle avait probablement enormement de choses a lui dire, a lui demander. Lui-meme avait de nombreuses questions pour elle. Une vague de colere le submergea. Il y avait plus particulierement une question qui lui brulait les levres, mais n'etait-ce pas un peu tot pour lui faire des reproches?
"Tu n'as jamais recu mes lettres, n'est-ce pas?" C'etait plutot une constatation. "Pourtant, je n'aie jamais cesser de t'ecrire. J'ai toujours cru qu'un jour une d'elles te parviendrait.Et voila. Enfin." Harry ne savait quoi repondre. Elle lui avait ecrit pendant toutes ces annees et il n'avait jamais rien recu. Il n'y avait qu'une raison a cela. Les Dursleys. Non seulement, ces gens-la lui avait gache son quotidien, mais ils l'avaient egalement prive d'une relation avec sa grand-mere. Relation qui indeniablement lui aurait procure le plus grand bien.
"Pourquoi n'avez-vous pas voulu de moi apres le deces de mes parents?
-Pas voulu de toi? S'ecria la vieille dame choquee. Mon dieu Harry! Comment peux-tu penser cela? Bien sur que je voulais que tu viennes vivre chez moi! J'ai demande, supplie pour que tu me sois confie, mais aux yeux de tous, il etait preferable que tu grandisses dans un environnement familial. De plus, ton oncle et ta tante avait deja Dudley, ce qui d'apres tous serait meilleur pour ton equilibre, le fait que tu puisses jouer avec un enfant de ton age. J'etais la seule a savoir que ca ne se passerait pas bien. Lily et Petunia ne s'entendaient plus. Lorsque tu es ne, ta tante n'a pas voulu te prendre dans ses bras. Et lorsque tu lui as ete confie, elle repugnait a te nourrir et a te changer. Je le voyais ca! J'essayais de venir te voir le plus souvent possible. Je voulais te donner l'affection dont tu avais besoin.Je suis desolee, Harry. Je t'en prie, ne pleures pas." Sa voix s'etait brisee en entendant les sanglots de son petit-fils. "Ne pleures pas, s'il te plait."
"Pourquoi avez-vous arretez de venir? Je ne me souviens meme pas de vous.Moi aussi, j'aurais voulu que vous soyiez la.
-Ta tante s'est lassee de me voir. Nous nous sommes disputees, elle m'a chassee de chez elle en m'interdisant de revenir. Je n'aie jamais pu remettre les pieds la-bas. C'est pourquoi je t'ecrivais. Malheureusement il semble qu'elle soit toujours parvenu a intercepter ton courrier. Ne t'es-tu jamais pose de questions a mon sujet?
-Non" Harry hesita. "En fait elle m'a toujours dit que vous etiez decedee." Etrangement, la vieille femme ne parut pas surprise. Elle emit meme un petit rire. "J'imagine qu'elle aurait prefere que la situation soit telle. Mais non, je ne suis plus toute jeune, mais je me tiens bien. Je dois meme dire que maintenant, je me porte encore mieux a present."
Harry l'entendit rire, un rire honnete et joyeux et qui lui rechauffa le coeur. Il le sentit naitre a l'interieur, au niveau de son ventre, il etait fort, intense, il se propagea en lui en une vague chaude et remonta a son cerveau. Celui-ci le reconnut aussitot ce sentiment. Il ne l'avait pas rencontre souvent, mais il se souvenait tres bien de son nom et de son visage. "Bonjour, monsieur Bonheur! Bienvenu!" Fut ce qu'il dit, ou quelque chose comme ca.
"Comment ce fait-il que tu aies recu ma lettre cette fois-ci? Reprit sa grand-mere de sa voix douce.
-Dudley etait en vacances chez un ami, mais il a decide de rentrer plus tot. Petunia est partie le chercher a la gare." Harry regarda l'heure. "D'ailleurs, ils ne devraient pas tarder a revenir.
_Oh! Je suppose que tu n'as pas le droit de telephoner. Je ne voudrais pas de causer plus d'ennuis.
-Ce n'est pas grave, ne vous inquietez pas pour moi." Le jeune sorcier eut une hesitation. "Est-ce que je pourrais encore vous contacter?
-Bien sur! A moins que tu es peur d'une vieille folle comme moi." Elle rit de nouveau et Harry se joignit a elle. Que c'etait bon de rire, il se sentait tellement leger maintenant, tellement bien.
-Tu pourras m'envoyer un hibou, poursuivit-elle, ca me rappelera le bon vieux temps, quand ta mere recevait son courrier de cette maniere. J'aurais des biscuits a foison, je te le promets! Elles sont si mignonnes ces petites betes. A propos, comment va Dudley? Ca fait de nombreuses annees que je ne l'aie vu. Vous vous entendez bien tous les deux?
-Euh, je pense qu'il se porte bien. Je ne l'aie pas vu depuis quinze jours.
-Tu as hate de le revoir?
-Pour etre franc, non, pas vraiment, dit Harry comme pour s'excuser.
-J'en suis desolee," murmura la vieille dame.
Harry entendit une voiture au-dehors. Il sentit la panique s'emparer de lui. "Je crois qu'ils arrivent! S'ecria t-il affole. Il faut que je vous laisse. Je vous enverrais un hibou des que je le pourrais.
-Tres bien. Je suis heureuse de t'avoir parle Harry. N'oublies pas de m'ecrire! Je t'embrasse bien fort, mon enfant. Prends soin de toi! Au revoir!
-Au revoir!" termina le jeune garcon. Il raccrocha, saisit sa lettre, la boite et le livre et se precipita en haut de l'escalier. Il fermait la porte de sa chambre tandis que Petunia et Dudley penetraient dans la maison.
****Grand grand merci a toi Mister-Master pour ta fidelite depuis le tout debut! Ca m'encourage a continuer! Merci beaucoup aussi a toi Bouboule26 et toi Mary-evy! Trois reviews! J'ai jamais eut autant apres un chapitre! A bientot!****
"L'alarme! Que quelqu'un eteigne cette maudite alarme, bon sang!" Harry emergea doucement des brumes du sommeil. Sa main tata le dessus du petit meuble pres de son lit, a la recherche de ses lunettes. Ce n'etait pas une alarme qui l'avait reveille, mais simplement la sonnerie persistente du telephone. Il poussa un gros soupir, repoussa ses couvertures et se dirigea vers la porte. Bien sur, elle etait encore fermee a cle. Vernon avait deja du partir a son travail. Harry regarda sa montre. Il n'etait que huit heures du matin. Qui pouvait donc bien appeler avec tant d'insistence a cette heure-ci? Et pourquoi sa tante ne repondait-elle pas? Il colla son oreille sur la porte et percu des bruits d'eclaboussements d'eau. "Elle doit etre dans la salle de bain," se dit-il. Il retourna s'allonger. Son ventre criait famine, boudeur de n'avoir pas ete rassasie la veille.
Il regarda vers la fenetre, ou au travers des barreaux percait le scintillement d'un soleil deja tres en forme! Les oiseaux au-dehors entonnaient leur melodie de bienvenue au jour nouveau, accueillant l'astre de vie en chantant la liberte. Harry eut un sourire triste. Le temps s'annoncait encore extremement beau. Trop beau en tout cas pour rester cloitre dans un environnement aussi hostile. Etait-ce donc cela que Sirius, son parrain avait ressentit pendant toutes ces annees a la prison d'Azkaban? Comme le monde semblait beau et attirant au-dela de ces murs. C'est fou comme l'esprit peut etre joueur! Ce qui n'est pas ou plus a notre portee parait soudainement tellement parfait et ideal.
Et qu'allait-il faire de cette journee qu'il predisait exactement comme les precedentes? Il n'avait pas de livres, les Dursleys ne lisaient pas. Il n'avait pas le droit de regarder la television. Quelques jours auparavant, il etait parvenu a chiper un vieux journal que son oncle avait jete a la poubelle. Pas tres interressant, mais Harry avait lu et relu chaque article maintes et maintes fois. A vrai dire, s'il avait eut un examen sur son contenu, il l'aurait probablement obtenu haut la main! "Temps ideal pour faire un bon match de Quidditch!"pensa t-il.
Il entendit sa tante sortir de la salle de bain. Quelques instants plus tard, la cle tourna dans la serrure. Elle ne prenait meme plus la peine de lui dire de se reveiller. Alors il attendait un peu avant de se ruer hors de la piece. A ses yeux, c'aurait ete une grande marque de faiblesse de s'evader si rapidement de sa cage, tel un animal emprisonne qu'on laisserait enfin sortir pour se ravitailler avant d'etre de nouveau enferme. De plus, elle aurait bien evidemment prit le plaisir de lui en faire la remarque. Il etait tot et Harry ne desirait pas particulierement entendre les reprimandes qu'elle pourrait lui faire.
Lorsqu'il l'entendit s'affairer au-dessous de lui, dans la cuisine, il se decida a sortir. Il descendit doucement les marches de l'escalier. La derniere chose qu'il desirait c'etait bien de l'entendre crier parce qu'il faisait du bruit. Il penetra dans la cuisine. Elle ne se retourna meme pas a son approche. "Tu es deja reveille? Glapit-elle, sur son ton habituel. Tu ne peux vraiment pas me laisser une minute de repit! Maintenant que tu es la, depeches-toi donc de prendre ton petit dejeuner!" Sur ce , elle jeta une tranche de pain sur une petite assiette et la deposa bruyament sur la table en face de lui. "Si tu veux du jus d'orange, tu n'as qu'a te servir toi-meme, tu sais ou il est!" Harry se leva et se dirigea vers le refrigerateur qu'il ouvrit. Il se remplit un verre de jus et s'en revint a la table. Il croqua dans la tartine. Elle avait jadis ete grillee. Desormais, elle etait froide et seche comme un bout de bois. Harry fut loin d'etre rassasie, bien au contraire, ce petit en-cas lui avait vraiment ouvert l'appetit. Pourtant, il ne broncha pas. Durant toutes ces annees, il avait appris que ca ne servait a rien.
"Le telephone a sonne tout a l'heure," dit-il timidement. Petunia se retourna vivement. Son regard perca le sien. Elle se precipita vers lui, le feu aux joues. Mauvais presage, se dit Harry.
"Nous avons recu un coup de telephone et tu ne m'as rien dit? Hurla t-elle.
-J'arrive a l'instant, protesta le jeune sorcier.
-Peut m'importe! Et si c'etait quelque chose d'important? Bien sur, toi tu t'en fiches royalement, n'est-ce pas?" Elle tenta de reprendre son souffle. Son doigt etait tres tres proche du visage de son neveu et celui-ci eut soudain une furieuse envie de le mordre. "Qui a telephone?
-Je n'en sais rien.
-Tu ne pouvais pas m'appeller? Ca devais te plaire tout ca, hein? Que le telephone sonne et qu'il n'y ai personne pour decrocher! Qu'est ce que tu peux etre sournois! Cracha t-elle.
-Meme si j'avais appelle tu ne m'aurais pas entendu! Tu etais sous la douche!" Rencherit Harry furieux de la tournure que prenait un malheureux incident. Il regretta aussitot ce qu'il venait de dire lorsqu'il vit le visage de sa tante virer a l'ecarlate et ses yeux sortir de leur orbites.
-Mon dieu, mais je reve! Tu m'epies maintenant! Attends que Vernon apprenne ca, espece de pervers! Et je t'interdis, tu m'entends, je t'interdis de me parler encore une fois sur ce ton! Ou alors."
Elle quitta la piece telle une furie en marmonant et il l'entendit decrocher le telephone, probablement pour savoir quel etait le dernier appelant. Le jeune garcon leva les yeux au ciel alors qu'il faisait passer sa derniere bouchee de pain a l'aide du jus d'orange. C'etait absolument incroyable comment une replique tout a fait banale pouvait tourner en incident diplomatique dans la bouche de cette femme-la! Comment etait-ce possible qu'il aie un lien de parente avec elle? Il y avait surement eut une erreur quelque part!
"C'est Dudley! Oh mon dieu!" L'entendit-il crier. "Et alors?" murmura t-il, agace.
Apres avoir lave son assiette et son verre, Harry remonta a l'etage, tandis que sa tante parlait avec son cousin. Il s'enferma dans la salle de bains. L'eau chaude de la douche lui fit un bienfait enorme. Elle glissait sur son corps, lui procurant le bien-etre d'un massage. Tandis qu'il se brossait les dents, des coups furent frappes a la porte et la voix de sa tante resonna de nouveau.
" Tu as bientot fini? Ouvres la porte!" Harry fit tel qu'on lui demandait. Une epaisse buee s'echappa, enveloppant Petunia de ses doigts humides. Elle agita la main, eclaicissant sa visiblite. Contrairement a son habitude, elle ne fit aucune remarque sur ce fait, bien que ses yeux en disaient tres long sur son agacement. Le dentifrice coula le long de la brosse a dents et du bras du garcon. Il n'osa cependant pas detourner son attention de son interlocutrice.
"Il faut que j'aille chercher Dudley. Il rentre a la maison! Depeches-toi de descendre!"
Harry termina sa toilette et se rendit dans la salle a manger. Sa tante preparait son sac a main et des qu'elle le vit, se dirigea vers lui. "Je vais etre partie quelques temps. Tu as plutot interet a te tenir tranquille pendant mon absence! Si quand je reviens, il y a le moindre probleme, je te previens." Elle avait le don pour ne jamais completer ses phrases, surtout les menaces. Y etant habitue, Harry n'y pretait plus vraiment attention.
Des qu'elle eut quitte la maison, Harry s'affala sur le fauteuil de son oncle. La paix, la tranquilite.presque le bonheur! Cela faisait des annees qu'il ne s'etait pas retrouve tout seul ici. Il se sentit tout de suite tres bien. Le calme! Il se repeta plusieurs fois ce mot qui sonnait si doux a ses oreilles. Il pouvait se deplacer dans la maison sans crainte d'etre interpelle et rabrouer, sans guetter le moindre bruit, sans inquietude de rencontrer un seul de ces etranges phenomenes qu'etaient les Dursleys. La maison pour lui tout seul. Il allait gouter un peu a la liberte, etendre ses membres engourdis et rallumer son cerveau jusque la mit en veilleuse. Libre, ou presque. Pas d'hysterique Petunia, pas d'ennuyeux Vernon ou de stupide Dudley. Lui, tout seul, emmitouffle dans une solitude au gout sucre et savoureux. S'il avait ete de charactere extroverti, il aurait probablement saute de joie au travers de la piece, monte les escaliers en courant, puis redescendu en poussant des cris de sioux. Il aurait sans doute mit une musique a plein volume et se serait jete sur les canapes du salon en imitant un joueur de guitare rock. Mais, on ne lui avait jamais permit ce genre de debordement joyeux. Alors Harry ne put que sourire a cela, les yeux petillant de malice.
Petunia en avait pour a peu pres une heure et demie, deux heures au maximum, le temps d'aller chercher son charmant garcon a la gare, puis s'arreter lui acheter quelques friandises ou quelques jouets. Harry prefera ne pas songer a ce que le retour de son cousin allait apporter, bien que c'etait plutot etrange qu'il revienne si tot. Apres tout, cela ne faisait que deux semaines qu'il etait partit chez son camarade et il avait ete convenu qu'il y resterait jusqu'a la rentree. Le pauvre petit avait dut s'ennuyer de papa et maman!
Harry alluma la television. Malheureusement, malgre les innombrables chaines disponibles, il ne trouva rien de vraiment interessant a regarder. Des dessins animes idiots ou des emissions montrant des gens venant laver leur linge sale en public. Il eteignit le poste et regarda autour de lui. La piece etait indeniablement propre mais quel gout immonde au niveau de la decoration! Surtout ces petites figurines de platre qui tronaient sur la cheminee et sur le rebord de la fenetre. Tout cela refletait impeccablement le manque d'imagination des Dursleys. Harry eut un sourire. "Bientot je repartirais.Un jour tout cela serait termine, je pourrais me debrouiller seul. On ne se reverra plus." Pourtant comme cela semblait loin.Si seulement Sirius pouvait etre innocente publiquement, alors il pourrait vivre avec lui, tout comme il lui avait promit.
Le jeune sorcier etait enfoui sous ses reveries, la-bas tres loin, dans un monde sans les Dursleys, sans Voldemort, lorsqu'on frappa a la porte. Il hesita. Devait-il ouvrir? Ou tout simplement ignorer? Il s'approcha de la fenetre et souleva le rideau. " Bon sang! Je deviens comme Petunia! Ca devient tres grave!" Il vit le facteur qui attendait, un colis a la main. S'il n'ouvrait pas, celui-ci laisserait une carte pour que quelqu'un vienne le chercher a la poste. Donc, sa tante piquerait de nouveau une crise. S'il ouvrait la porte, elle le traiterait de curieux "qui a bien evidement envie de savoir ce que ca contient!" Cependant, cette derniere solution etait sans doute la mieux. Alors il alla ouvrir.
"Bonjour! Salua l'homme en uniforme. J'ai un colis pour Harry Potter. C'est bien ici?"
Harry resta bouche bee. Pour lui? Il y avait un colis pour lui? Impossible! Les seuls paquets qu'il recevait c'etait par hibou, et non pas par le systeme moldu!
"Harry Potter, c'est bien ici? 4 Privet Drive?" repeta le facteur avec impatience.
Le jeune garcon acquiesca. Il signa le recu et on lui donna ce qui lui etait destine. Apres avoir remercie l'homme, il referma la porte et deposa l'objet sur la table de la cuisine. Il le contempla. Ce n'etait pas tres grand ni tres gros, mais Harry n'avait aucune idee du contenu de la boite. " Pour moi.se repeta t-il. Je n'aie jamais rien recu." Peut-etre que Ron ou Hermione avait decide, malgre les ordres de Dumbledore de lui envoyer un petit quelque chose.Probablement Hermione, se dit-il en souriant, elle sait s'y prendre. En realite il imaginait mal Ron expedier quoi que ce soit par courrier moldu. Il souleva le couvercle de la boite et revela un livre. Ses yeux etincelerent. C'etait un roman racontant l'histoire d'un vampire. La couverture etait tres belle et Harry ne put qu'admirer la qualite du cadeau. Une enveloppe glissa a terre. Il la ramassa. Il put y lire "Pour Harry". Il ne reconnut pas l'ecriture. Elle semblait avoir ete tracee par une main incertaine. Harry sentit son corps palpiter, tandis que ses mains tremblantes decachetait la lettre. Sa tete tourna alors qu'il commencait sa lecture.
Mon cher petit Harry,
Quinze ans deja, mon enfant.Je ne peux y croire. Comme tu vois, une fois de plus, je ne t'aie pas oublie! J'ignore si tu recevras cette lettre ( il me semble que j'ecris cela a chaque fois! C'est l'age, je suppose, je me repete!), mais je garde toujours espoir qu'un jour on se reverra. J'espere que tu te portes bien. Je pense beaucoup a toi.
Harry equarquilla les yeux. "Qu'est-ce que c'est que cette plaisanterie?" Il ne put resister a la tentation de savoir qui lui ecrivait et tourna la page. Ta grand-mere qui t'aime, Lauren Evans. "Quoi?!" C'etait impossible! Sa grand-mere maternelle etait decedee il y avait de cela des annees! D'ailleurs il ne l'avait jamais connue. Elle etait partie deux ou trois ans apres le deces de ses parents. Du moins c'etait ce que lui avait dit sa tante. Plus qu'intrigue, il poursuivit neanmoins sa lecture.
Le libraire m'a vivement conseille ce livre, j'espere que c'est un bon choix. Une histoire de vampire! Et pourquoi pas une histoire de sorcier pendant qu'on y est? Franchement! Desolee, je ne pouvais pas m'en empecher! Tu vas rentrer en cinquieme annee, je crois. Comment cela se passe t-il la-bas? As-tu des amis? Je me souviens que ta mere a passe de tres belles annees a Poudlard. Pour te dire la verite, je l'enviais! J'aurais aime etre une sorciere.Mais le monde moldu me convient tres bien aussi. On s'y fait! Mais j'ecris, j'ecris, je ne suis meme pas certaine que tu me liras.Peu importe. J'essaierais encore! Comme d'habitude, je te laisse mon numero de telephone, au cas ou.N'hesites jamais a m'appeler. Je pense enormement a toi et t'embrasse tres fort,
Ta grand-mere qui t'aime, Lauren Evans.
Harry sentit sa gorge le serrer. Il etouffa un sanglot. "Ce n'est pas possible! Quelqu'un me joue un tour!" Pourtant ces mots parraissaient tellement sinceres.Ma grand-mere n'est plus de ce monde.Mais si tout cela n'etait qu'une mise-en scene, qui aurait pu ce donner la peine de lui envoyer ce livre? Il se laissa tomber sur une chaise, l'esprit confus, les idees se chamboulant dans sa tete en une danse maligne. Il relut la lettre encore une fois, tentant de dechiffrer des non-dits ou de dicerner une faille quelconque. Mais rien de tout cela. Par ailleurs, que signifiaient ces Une fois de plus, J'ecris cela a chaque fois, et ce Comme d'habitude? Il n'avait jamais recu de lettre de cette personne qui pretendait etre la mere de sa mere. Cette personne qui semblait connaitre des elements sur sa vie. Son anniversaire, son age, l'ecole un peu speciale ou il etudiait.Et si c'etait un piege par lequel Voldemort essayait de l'amadouer puis de l'attirer? Non, jamais le mage noir ne s'abaisserait a utiliser des moyens moldus pour lui mettre la main dessus. Jamais, meme pas en cas desespere. Les moldus le degoutaient beaucoup trop pour qu'il aie recours a eux.
Une pensee traversait l'esprit de Harry. Elle n'aurait jamais fait une chose pareille! Elle n'aurait jamais put declare que sa mere etait decedee alors qu'elle etait toujours en vie.Petunia etait certainement une femme mechante et sans scrupules, mais tout de meme.Pourtant, qui devait-il croire? Cette femme qui se pretendait sa tante et qui l'avait pendant toutes ces annees traite comme tout sauf comme le fils unique de sa defunte soeur? Ou cette femme qui se disait etre sa grand-mere et qui ecrivait avec tant de tendresse? C'etait trop beau pour etre vrai.Beaucoup trop beau! Cela n'avait pas de sens. Completement illogique! Il y avait un numero de telephone. Il saurait immediatement ce qu'il en etait.
Ses doigts hesitants se poserent sur les touches de l'appareil. Son corps entier etait tendu a l'extreme, son visage brulait, son dos etait secoue de frissons. La sonnerie qu'il percevait dans l'ecouteur lui confirmait qu'il entrait en communication. Il voulu raccrocher, fuir l'instant imminent de cette conversation avec cette inconnue. Il se rendit compte qu'il avait peur. Oh, bien sur pas la meme peur que celle qui le possedait lorsqu'il se trouvait face a Voldemort. Non, cette peur-la etait peut-etre encore plus cruelle. Malgre la surprise de cette lettre, malgre l'espoir absurde de se decouvrir une parente qui pretendait l'aimer sans meme le connaitre, malgre cette situation quelque peu incroyable, il n'avait pu s'empecher de souhaiter que tout cela soit reel, que cette femme rentre dans sa vie pour ne jamais plus en sortir. C'est pourquoi, il avait peur. Et si c'etait vraiment une plaisanterie? Il esperait tant que cela n'en soit pas une.Et en meme temps il n'osait y croire. Ses demons interieurs se bousculaient dans sa tete, ricanant de sa confusion, lui enfoncant des epingles dans le coeur et serrant son crane dans un etau.
"Allo?" La voix qui repondit tremblotait, mais elle etait douce et accueillante. Elle etait invitante mais Harry n'osa pas accepter l'invitation a parler. Il y eut un silence.
"Allo? Repeta son interlocutrice.
-Euh...Allo, bonjour..Est-ce que je suis bien chez .Lauren Evans?" La voix du jeune garcon trembait autant que celle de la femme. Il se sentit soudain ridicule. Voila, il avait compose le numero, il avait dit bonjour et verifie qu'il etait bien chez la bonne personne. Tres bien Harry. Mais maintenant? Qu'est-ce qu'il fallait dire? "Allo, ici c'est Harry, ton petit- fils. Merci beaucoup pour le cadeau. Au revoir!" Rapide, efficace.et alors? A quoi cela lui aurait servit de telephoner? Qu'es-ce que tout cela allait bien lui apporte?
-Oui, c'est moi. Qui est a l'appareil? Lui demanda t-on.
-C'est Harry,.Harry Potter." Il n'y eut pas de reaction a l'autre bout du fil, seulement un silence douloureux. Il eut de nouveau, une envie pesante de raccrocher, mettre un terme a tout cela, faire comme si rien ne s'etait passe, oublie qu'il avait jamais recu un cadeau de cette personne. Ce mutisme sembla durer de tres longues minutes. C'etait elle qui lui avait dit de l'appeler, c'etait elle qui avait des choses a lui dire, pas lui. Il entendit un reniflement.
"Harry.Enfin!" Il percut encore un sanglot, et cette fois il eut la certitude que cette femme etait vraiment celle qu'elle pretendait etre. Il sentit sa gorge se serrer avec violence. Elle pleurait. Elle pleurait tout en murmurant inlassablement son nom, comme une litanie. Ses larmes et ses paroles s'entrecoupaient, se croisaient, s'enlacaient dans un capharnaum de sons plus ou moins distincts, tandis que le coeur de Harry marquait de son rythme rapide et bref cette chanson melancolique.
"Vous etes bien la mere de Lily et Petunia Evans? Parvint-il a demander.
-Bien sur mon enfant." Elle semblait se reprendre. Ses paroles devenaient plus coherentes. "Je comprends que tu doutes. Cela fait tant d'annees.Tu avais trois ans la derniere fois que je t'ai vu. Un petit garcon si adorable." Le silence s'imposa de nouveau. Harry devinait qu'elle avait probablement enormement de choses a lui dire, a lui demander. Lui-meme avait de nombreuses questions pour elle. Une vague de colere le submergea. Il y avait plus particulierement une question qui lui brulait les levres, mais n'etait-ce pas un peu tot pour lui faire des reproches?
"Tu n'as jamais recu mes lettres, n'est-ce pas?" C'etait plutot une constatation. "Pourtant, je n'aie jamais cesser de t'ecrire. J'ai toujours cru qu'un jour une d'elles te parviendrait.Et voila. Enfin." Harry ne savait quoi repondre. Elle lui avait ecrit pendant toutes ces annees et il n'avait jamais rien recu. Il n'y avait qu'une raison a cela. Les Dursleys. Non seulement, ces gens-la lui avait gache son quotidien, mais ils l'avaient egalement prive d'une relation avec sa grand-mere. Relation qui indeniablement lui aurait procure le plus grand bien.
"Pourquoi n'avez-vous pas voulu de moi apres le deces de mes parents?
-Pas voulu de toi? S'ecria la vieille dame choquee. Mon dieu Harry! Comment peux-tu penser cela? Bien sur que je voulais que tu viennes vivre chez moi! J'ai demande, supplie pour que tu me sois confie, mais aux yeux de tous, il etait preferable que tu grandisses dans un environnement familial. De plus, ton oncle et ta tante avait deja Dudley, ce qui d'apres tous serait meilleur pour ton equilibre, le fait que tu puisses jouer avec un enfant de ton age. J'etais la seule a savoir que ca ne se passerait pas bien. Lily et Petunia ne s'entendaient plus. Lorsque tu es ne, ta tante n'a pas voulu te prendre dans ses bras. Et lorsque tu lui as ete confie, elle repugnait a te nourrir et a te changer. Je le voyais ca! J'essayais de venir te voir le plus souvent possible. Je voulais te donner l'affection dont tu avais besoin.Je suis desolee, Harry. Je t'en prie, ne pleures pas." Sa voix s'etait brisee en entendant les sanglots de son petit-fils. "Ne pleures pas, s'il te plait."
"Pourquoi avez-vous arretez de venir? Je ne me souviens meme pas de vous.Moi aussi, j'aurais voulu que vous soyiez la.
-Ta tante s'est lassee de me voir. Nous nous sommes disputees, elle m'a chassee de chez elle en m'interdisant de revenir. Je n'aie jamais pu remettre les pieds la-bas. C'est pourquoi je t'ecrivais. Malheureusement il semble qu'elle soit toujours parvenu a intercepter ton courrier. Ne t'es-tu jamais pose de questions a mon sujet?
-Non" Harry hesita. "En fait elle m'a toujours dit que vous etiez decedee." Etrangement, la vieille femme ne parut pas surprise. Elle emit meme un petit rire. "J'imagine qu'elle aurait prefere que la situation soit telle. Mais non, je ne suis plus toute jeune, mais je me tiens bien. Je dois meme dire que maintenant, je me porte encore mieux a present."
Harry l'entendit rire, un rire honnete et joyeux et qui lui rechauffa le coeur. Il le sentit naitre a l'interieur, au niveau de son ventre, il etait fort, intense, il se propagea en lui en une vague chaude et remonta a son cerveau. Celui-ci le reconnut aussitot ce sentiment. Il ne l'avait pas rencontre souvent, mais il se souvenait tres bien de son nom et de son visage. "Bonjour, monsieur Bonheur! Bienvenu!" Fut ce qu'il dit, ou quelque chose comme ca.
"Comment ce fait-il que tu aies recu ma lettre cette fois-ci? Reprit sa grand-mere de sa voix douce.
-Dudley etait en vacances chez un ami, mais il a decide de rentrer plus tot. Petunia est partie le chercher a la gare." Harry regarda l'heure. "D'ailleurs, ils ne devraient pas tarder a revenir.
_Oh! Je suppose que tu n'as pas le droit de telephoner. Je ne voudrais pas de causer plus d'ennuis.
-Ce n'est pas grave, ne vous inquietez pas pour moi." Le jeune sorcier eut une hesitation. "Est-ce que je pourrais encore vous contacter?
-Bien sur! A moins que tu es peur d'une vieille folle comme moi." Elle rit de nouveau et Harry se joignit a elle. Que c'etait bon de rire, il se sentait tellement leger maintenant, tellement bien.
-Tu pourras m'envoyer un hibou, poursuivit-elle, ca me rappelera le bon vieux temps, quand ta mere recevait son courrier de cette maniere. J'aurais des biscuits a foison, je te le promets! Elles sont si mignonnes ces petites betes. A propos, comment va Dudley? Ca fait de nombreuses annees que je ne l'aie vu. Vous vous entendez bien tous les deux?
-Euh, je pense qu'il se porte bien. Je ne l'aie pas vu depuis quinze jours.
-Tu as hate de le revoir?
-Pour etre franc, non, pas vraiment, dit Harry comme pour s'excuser.
-J'en suis desolee," murmura la vieille dame.
Harry entendit une voiture au-dehors. Il sentit la panique s'emparer de lui. "Je crois qu'ils arrivent! S'ecria t-il affole. Il faut que je vous laisse. Je vous enverrais un hibou des que je le pourrais.
-Tres bien. Je suis heureuse de t'avoir parle Harry. N'oublies pas de m'ecrire! Je t'embrasse bien fort, mon enfant. Prends soin de toi! Au revoir!
-Au revoir!" termina le jeune garcon. Il raccrocha, saisit sa lettre, la boite et le livre et se precipita en haut de l'escalier. Il fermait la porte de sa chambre tandis que Petunia et Dudley penetraient dans la maison.
****Grand grand merci a toi Mister-Master pour ta fidelite depuis le tout debut! Ca m'encourage a continuer! Merci beaucoup aussi a toi Bouboule26 et toi Mary-evy! Trois reviews! J'ai jamais eut autant apres un chapitre! A bientot!****
